L’histoire a commencé il y a quelques années déjà, en 2012, année durant laquelle j’avais écrit ailleurs un texte (1) sur les dernières aventures d’un très beau bateau, devenu en 1997 le jouet d’une héritière milliardaire, la « reine du rocher » (de Monaco) qui l’avait littéralement rendu méconnaissable, après avoir été celui d’un autre artiste du paysage audio visuel français, j’ai nommé Bernard Tapie (2). Son concepteur, le marin Alain Colas (3), c’est sûr, doit regarder tout cela de son nuage avec un air attristé. Et encore plus des années après, le bateau étant toujours aujourd’hui aux mains d’un personnage qui prétend en être le propriétaire, alors que l’immense yacht à voiles en possède deux autres en France, voire trois, tant cette histoire est floue. Des véritables propriétaires devenus depuis fort discrets… Accrochez-vous, ça va être une longue histoire… fort représentative des mœurs actuelles axées autour de la jet-set et de la frime avant tout. On va voyager en bateau, mais aussi en avion pendant plusieurs jours… et on ne va pas visiter que le Pacifique !
L’ex voilier de nanard et ses nouveaux propriétaires invisibles
Cela ne vous rappelait rien ? A moi, si : c’est bien sûr l’ancien bateau de notre « nanard » national (4) !! Racheté en 1997 par Mouna Ayoub ; la « reine du rocher » , (à gauche une des rares photos de la dame passablement botoxée, la reine des pertes financières et des fashion weeks, ou des décolletés ratés), épouse de Nasser Al-Rachid, homme d’affaires saoudien (5), qui l’avait fait transformer en Allemagne chez Lurssen, en 1999, pour être revendu ensuite, par Fraser Yachts, en 2010. Revendu alors (25 million
s d’euros) » à un industriel européen dont l’identité n’a pas été révélée » disait-on pudiquement. En fait il arborait depuis le drapeau du grand duché du Luxembourg… voilà qui devenait tout aussi intéressant ! Un bateau mythique sans propriétaire visible ou déclaré, pensez donc !
Surtout que selon les journalistes les mieux informés, c’est depuis 2005 que le méga yacht avait été enregistré au Vanuatu, par Mouna Ayoub, donc, déjà, et non par son nouveau « propriétaire européen« … L’immense voilier, enregistré dans l’atoll du Pacifique, donc, l’année même où il avait ripé sur les rochers en Sardaigne ! Mais après, il est vrai, la crise avait frappé et les milliardaires n’y avaient pas échappé… et Mona l’avait revendu (elle raconte que c’est son fils qui l’a fait), on devine la mort dans l’âme… ou pas, tant elle ne semblait y voir qu’une vitrine à bijoux flottante clinquante. Mais comment avait-elle réussi à rendre ce si beau bateau ainsi ? Alors que Tapie avait racheté une épave véritable, passablement rouillée, à la compagne d’Alain Colas, Teura (ci-contre à droite son arrivée à Marseille, à l’état de ferraille) pour en refaire un pur-sang des mers…
Des propriétaires français, mais bien cachés
A cette époque encore, hélas, pas moyen de connaître le propriétaire qui avait succédé à la libanaise. C’est en fait son capitaine (allemand) qui avait fini par lâcher le morceau: selon lui, ce n’est pas un… mais trois propriétaires français qu’aurait eu le Phocéa après 2010 (voilà qui aurait dû intéresser le fisc français !) : « son capitaine habituel Juergen Mais, regarde la mer et dit : « je pense que personne ne pouvait se douter, en 1976, qu’il serait encore là aujourd’hui, 35 ans plus tard. Il a changé de propriétaire en juin 2010 pour trois propriétaires français qui vont le garder comme un yacht de croisières, ainsi que pour leur propre usage. Avec les nouveaux propriétaires, nous revenons en arrière dans les affaires et dans le cœur et l’esprit des gens. » Qui pouvaient être ces trois petits nouveaux ayant racheté 10 millions d’euros (seulement, selon les mieux informés, auquel cas ils auraient fait chacun une affaire, le prix le plus souvent avancé étant 25 millions), l’emblème de la réussite passée de Bernard Tapie ? On finit par trouver un semblant d’explication : la société qui avait fait radouber en 2011 le Phocea par Sud Marine Shipyard, s’appelait Magellan Management Consulting. Elle était bien luxembourgeoise et s’occupait bien aussi de yachts. Voici une première piste. A sa tête on trouvait deux français, Karine Variot et Arnaud Bezzina, deux personnes qui se présentaient comme « issues du milieu financier luxembourgeois ». Mais en fait, ce ne sont pas eux les propriétaires, représentant qui exactement ? On verra plus loin qui est-ce exactement (6) !).
Des armes, de l’opium mais aussi des dizaines de passeports à bord
En 2012, surprise, le voilier redevenu charter (aux croisières onéreuses (7), parfois aperçu sur la côte Ouest Africaine dans un des ports de Bolloré ou au milieu du Pacifique, se retrouve avec un problème de taille à bord, un problème révélé par la presse de la Nouvelle-Zélande et des îles du Pacifique (curieusement, la presse française passera à côté de l’affaire) : « Munis d’un mandat de perquisition, une vingtaine d’enquêteurs y ont retrouvé des armes à feu, des documents, dont des faux passeports, une importante somme d’argent liquide et une substance suspectée d’être de l’opium, rapporte un site local d’informations. Quatre personnes, dont le capitaine du yacht, ont été arrêtées parmi les 16 membres d’équipage à bord au moment de l’opération. Deux d’entre eux, déjà recherchés depuis le mois de mars pour une autre affaire, ont été mis en examen pour trafic d’armes, faux et usage de faux et infractions aux lois de l’immigration. Le capitaine a été libéré sous caution. »
Le capitaine du moment s’appelait « Johannes » paraît-il (on verra plus loin qui il était exactement). Aujourd’hui, on sait qu’il en a eu d’autres de capitaines : l’un d’entre eux s’appelle Rudolph Kolic (ici à droite) et il est croate (tous les marins et personnels débarqués au Vanuatu étaient soit serbes, soit croates, soit tchèques, ou… philippins !). Et il lui est arrivé une autre histoire que l’on verra un peu plus tard si vous le voulez bien (soyez donc patients). Si l’on avait bien découvert des armes et de l’opium à bord, ce qui semble encore plus intriguant c’est un nombre considérable de passeports du Vanuatu, visiblement destinés à être… revendus. Venait-on d’éventer un véritable trafic (ci-dessous Port Vila, mais ce n’est pas le Phocea qui est visible dans la baie, c’est le Wind Surf de Windstar Cruises ex Club Med 1 )- ici le N°2, son sister ship) ?
Un trafic qui rapportait gros
Le coup des passeports, à vrai dire, ce ne sont ni Pascal Vu Anh Quand Saken, le prétendu nouveau propriétaire, ni le premier ministre du moment du Vanuatu qui l’avaient inventé. En 2007, le journal belge 7sur 7 reprenait en effet une info sidérante venue d’un journal espagnol. En voici l’intitulé : « un Belge qui se faisait passer pour l’attaché culturel de la République de Vanuatu auprès de l’Unesco a été arrêté en Espagne sous l’accusation de vendre de faux passeports diplomatiques sur internet, a indiqué vendredi la police espagnole. L’information a également été relayée dans les journaux flamands De Standaard, Het Nieuwsblad, Het Volk et Het Laatste Nieuws. Cet homme de 54 ans qui utilisait une fausse identité et menait un « grand train de vie » vendait les passeports incriminés entre 50.000 à 120.000 euros chacun, a précisé un communiqué de la police. Il conduisait une Lamborghini avec de vraies plaques diplomatiques belges qui avaient été volées sur l’automobile du consul de Belgique à Barcelone (nord-est). Il possédait également quatre motos Harley Davidson. L’homme se faisait passer pour un consul irlandais à Paris et pour l’ambassadeur à Paris de l’île Vanuatu dans le Pacifique. Selon l’édition de vendredi du quotidien madrilène El Pais, la police a saisi 120 dossiers de clients qui avaient déjà été servis et 20 autres passeports en blanc au domicile de ce faussaire présumé à Altea (côte est). Il fabriquait lui-même les faux passeports d’une vingtaine de pays, précise le journal. Il vendait également des passeports ordinaires à des « prix exorbitants », d’après le communiqué de la police qui fournit seulement les initiales du Belge arrêté: A.W.K. Ce dernier avait déjà été appréhendé en Belgique en 1991 et 1999 pour vol et falsification de documents, selon El Pais. (belga) » .
Le journal El Pais avait en fait révélé le nom, resté dissimulé dans le journal belge : Albert William Kaleta, qui semble s’être installé depuis en Floride. L’homme se faisait aussi appeler Thomas Bowden lorsqu’il se présentait comme irlandais. Or ce nom nous donne une piste intéressante en effet : dès 2012, le gouvernement du Vanuatu avait été alerté sur la création d’un site internet étrange qui demandait aux gens s’ils souhaitent devenir des diplomates pour le Vanuatu ou aider à la collecte de dons pour des projets humanitaires. Selon Radio Australia, interrogeant l’excellent journaliste Marc Neil Jones (ici à gauche), du non moins excellent Daily Post, » dans le site il y a une autre section sur les consuls honoraires et quand vous cliquez sur cela, il demande fondamentalement si vous voulez être un consul honoraire de Vanuatu ? Avez-vous suffisamment de fonds pour être en mesure de maintenir un bureau ? Avez-vous un casier judiciaire propre ? Et avez-vous plus de 30 ans? » Le gouvernement doit donc agir assez rapidement sur ce site Web. Nous l’avons repéré. La personne qui gère le site est basée à Alicante, en Espagne. L’homme s’appelle Thomas Bowden. Maintenant, le ministre m’a dit que le nom lui semblait familier et il a dit que cette personne avait été autorisée à assurer la liaison avec le gouvernement en ce qui concerne la représentation à l’étranger, mais il n’avait pas été autorisé à créer un site Web et le ministre allait agir rapidement pour le fermer. Je crois que le site Web a été mis en service pendant un certain temps et il aurait pu être mis en place sous un ancien ministre avec un soutien ministériel. Cela dit, l’idée même d’amener les gens à postuler en ligne pour un poste de consul honoraire qui offre l’opportunité d’un passeport diplomatique sous le nom de Vanuatu est tout simplement absurde et le gouvernement serait très justement fortement critiqué s’il n’était pas au courant du fait ».
L’Etat en cause
En somme, avant même l’irruption de Pascal Saken et du lot de passeports du Vanuatu à vendre, des ministres du pays avaient déjà été impliqués avec des gens fort peu recommandables !!! Ce genre de sport, hélas, perdure depuis : en 2015, toujours en Espagne, on découvrait encore un faux-consul honoraire de Guinée -Bissau qui délivrait de la même façon de faux passeports. On avait découvert en effet Aldo Dario, un avocat argentin autobombardé consul honoraire de Guniée-Bissau, au casier judiciaire chargé de multiples falsifications et de fraude en Espagne depuis 1995, qui avait en effet délivré un faux passeport à un joueur de basket américain réputé, recruté par le club de basket de Madrid. Selon les accords de Cotonou, censés régulariser les transferts, des joueurs étrangers pouvaient jouer dans des clubs, selon des limites précises, dont celles de présenter un passeport d’entrée dans un pays d’origine africaine. D’où les titres assez peu compréhensibles de la presse espagnole…
Un nouveau propriétaire pour le Phocea ?
Une étrange affaire démarrait donc ce jour-là, le 12 juillet 2012. Car en plus des passeports découverts à bord, un étonnant propriétaire se déclarait. Un français, certes, mais pas un de ceux attendus… (8) Cette présence à bord posait davantage problème encore, en effet, que la présence de drogue ou d’armes : « ….ce qui ressemblait à une simple affaire de trafic frauduleux est en train de tourner à la polémique politique.
Quelques jours avant la perquisition, deux membres du gouvernement de Vanuatu et d’autres personnalités politiques, dont des députés, avaient été aperçus à bord du navire de luxe ». (…) « Juste avant de partir pour le Vanuatu, le Phocea s’est arrêté à Tonga où la plupart des dirigeants de Tonga, dont le premier ministre, sont montés à bord pour rencontrer le propriétaire – le flamboyant thaïlandais Pascal Anh Quan Saken. Anh Quan Saken a fui le Vanuatu juste avant que le navire n’ait été abordé par la police. L’équipage a jusqu’ici simplement été reconnu coupable par la douane d’enfreindre les lois sur l’immigration (cf en raison de son équipage d’Europe centrale : il y a des Serbes, des Philippins, des Tchèques montrés ici se reposant sur l’herbe après avoir été
extraits du bateau) et d’autres accusations pourraient être en attente. Il n’est pas encore clair à 100% pourquoi les fonctionnaires du gouvernement des Tonga ont rencontré le propriétaire du superyacht, mais il est entendu que certains fonctionnaires ont utilisé le bateau comme un lieu de rencontre pour discuter d’une motion de censure au Parlement ». Un Parlement où rien n’allait plus à ce moment là ! Et voilà donc comment l’on découvre que le Phocéa appartiendrait désormais à un riche inconnu, un thaïlandais d’origine vietnamienne (en fait il est… français !)… et non à un « industriel luxembourgeois » comme il avait été dit jusqu’ici! Le dénommé Pascal Saken aurait-il profité de l’impasse diplomatique dans laquelle le navire s’était fourvoyé pour repartir avec, au nez et à la barbe de ses propriétaires… français ? Ceux-là mêmes qui l’auraient mandaté au départ pour remettre à neuf le yacht géant ? Ceux qui ont croisé le Phocéa sur place ont en effet remarqué ces tripatouillages évidents : « l
e plus étonnant dans cette histoire (du moins pour nous qui naviguons depuis un certain temps) c’est que nous avons vu ce bateau sous trois pavillons : nous l’avons photographié sous pavillon du Vanuatu – ici à gauche -, puis après sa mise sous scellé, il a battu pavillon de Malte (ci-dessous il arborera aussi un étrange pavillon « diplomatic vessel » rouge sorti d’on ne sait ou) il était alors sous « diplomatie du Luxembourg »… et en arrivant en Nouvelle Calédonie il aura à nouveau le pavillon du Vanuatu. Incroyable caméléon ! Je vous avoue, pour avoir eu affaire à bon nombre d’autorités douanières de cette planète que ce dernier point me laisse perplexe » écrivent deux navigateurs, Nat & Dom dans leur (très bon) site racontant leur périple en bateau. Le 29 juin 2013, Saken avait exhibé devant les autorités du Vanuatu un certificat signé et tamponné du 17 avril 2005 qui enregistrait le bateau à Port-Vila comme son port de résidence et qui en faisait en même temps son propriétaire. Il y a un faux document manifeste dans cette histoire! Avait-on assisté à un kidnapping de yacht géant ?
L’implication de dignitaires du pays, qui provoque une crise politique
En tout cas, de quoi alimenter bien des questions et pas mal de soupçons sur ce total inconnu possesseur revendiqué du yacht de rêve : « À la fin de juillet, le méga-yacht de 246 pieds a été perquisitionné par la police de Port-Vila, soupçonné de trafic de drogue, d’armes et de l’argent dans le pays. Le capitaine du yacht, Richard Malaise (l’allemand Juergen avait déjà été remplacé), et un modèle américain connu pour être la petite amie du propriétaire, Faviola Brugger Dadis (9) un mannequin, ont été arrêtés pour entrée dans le pays illégalement, dont 13 membres d’équipage qui ont ensuite été détenus dans le cadre de l’affaire. Tous ont payé des amendes relativement peu élevées et ont été libérés » indiquait la presse locale, fort déçue du dénouement : « mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Il semble que deux ministres vanuatais ont illégalement monté à bord du navire avant qu’il n’ait été autorisé à pénétrer dans le pays, et il a été allégué qu’un autre homme politique de grande importance a retardé assez longtemps les mandats de perquisition pour permettre au propriétaire du yacht , Pascal Anh Quan Saken – à qui il arrive aussi d’avoir récemment été nommé consul honoraire du Vanuatu au Vietnam – de quitter le pays avant le raid. Le Premier ministre Sato Kilman nie les allégations de corruption du gouvernement, mais ne donne pas d’explications pour l’un de ces apparents « mystères » entourant l’affaire, y compris le mystère de la raison pour laquelle l’enquêteur de police seul habilité à examiner la question a été suspendu par un politicien. » Bref, au Vanuatu, terre d’accueil, on le sait, de pas mal de banques « offshores » cachant de l’argent sale, on était alors en plein scandale d’Etat !!! Un gouvernement qui protège un homme transportant de l’opium et des armes, qui fait un faux pas, se rétracte et couvre la sortie de celui qu’il protège, visiblement, ça faisait un peu désordre. C’était sans trop de surprise, à vrai dire : le Phocéa, sème la zizanie partout où il passe.
L’interview surréaliste de la fameuse Faviola
Débarquée au Vanuatu, voici donc une jeune mannequin qui intrigue un peu. Il faudra attendre trois années pour en savoir un peu plus sur sa présence à bord, grâce à une interview le 7 octobre 2015 à l’obscur magazine The Montgomery County Sentinel (dans le Maryland) signé du tout aussi obscur Llewellyn Toulmin, prêt à l’évidence à se prendre pour le Stéphane Bern local. Elle nous donnait alors quelques éléments intéressants : par exemple, à la question « comment avez-vous entendu parler du Phocea?« , elle répond en effet « J’ai rencontré Pascal Saken – le propriétaire – lors d’une fête que j’ai aidé à organiser à Phuket, en Thaïlande, pour l’anniversaire d’un ami. Je dirigeais une entreprise de relations publiques à Shanghai et nous avons discuté de stratégie commerciale. Nous avons gardé le contact et un an plus tard, on m’a offert la position de directeur du marketing/ responsable de publicité pour le «Phocea». Je suis montée à bord du yacht aux Tonga. Il était beau… ». Elle présentait donc bien Pascal Saken com
me le propriétaire du navire, ce qu’il ne serait pas selon d’autres déclarations. L’interview continue avec un bel aveu sur ce que souhaitait faire Saken du » Phocea « : « sur Twitter, vous appelez le navire le « meilleur outil de marketing de tous les temps « !» Pourquoi ? » Le « Phocea » est un méga-yacht incroyablement glamour et célèbre. Il est très facile à commercialiser auprès des clients de haut profil et d’en tirer des recettes ». Voilà donc l’arrière-pensée derrière le « coup » du Vanuatu !!! L’interview se poursuit : » Décrivez-donc le propriétaire, Pascal Anh Quan Saken de Thaïlande » … ce à quoi elle répond : « Pascal est un peu excentrique, mais c’est une bonne personne. Il a fait sa fortune dans les mines et les investissements (c’est d’un flou qui permet tout et les « mines » montrées ne permettent pas d’édifier une fortune, à l’évidence). « Il était à bord du yacht à temps partiel. C’est un homme très « famille » et il a toujours été juste envers moi ». « Avez-vous eu des contacts avec lui autre que ceux du « Phocea »? « Oui, je le connaissais depuis environ un an avant de commencer à travailler avec lui ». « Avez-vous déjà été à bord de ses autres yachts? (Par exemple, le Méditation de 130 pieds)? « Oui ». Là ça devient nettement plus intéressant, car à ce moment-là, Saken n’est pas « propriétaire » du Phocea et, dans ce milieu-là, il est impossible d’ignorer le fait que ses propriétaires soient européens : Faviola pouvait difficilement l’ignorer avant de décider de travailler pour lui, car à l’époque aucun papier, faux ou pas, ne prouvait qu’il en était le propriétaire, puisque tout s’est joué après au Vanuatu. « Un magazine déclare que vous êtes selon une rumeur la petite amie du propriétaire. Vrai? « Non, ça a été fabriqué ». Vient le moment du nouveau baptême du navire présenté comme « maudit »: « le Phocea » a eu des problèmes divers – il s’est échoué en Sardaigne » (en 2005, au temps d’Ayoub, avec à bord, le Prince et la Princesse Michael de Kent, trois personnes avaient été grièvement blessées dans l’accident), « son propriétaire original a disparu » (ça c’est nouveau, en revanche : c’est la première fois qu’on parle de « fuite » des véritables propriétaires, ou plutôt de ce qu’on avait pu raconter au modèle ingénu, et qui l’avait cru tel quel !) « et aujourd’hui le récent scandale du Vanuatu ». Vous a-t-on jamais dit qu’il portait la poisse… » (qu’il avait subi un mauvais sort): « oui, beaucoup dans l’équipage le pensaient. Il devait être rebaptisée «Enigma» pour briser le sort, mais il a alors été arrêté » (on rappelle que le nom « Enigma » n’a été apposé qu’à son retour à Phuket, et donc bien après son arrivée au Vanuatu). Vient (enfin) le morceau de bravoure de l’interview avec la question « décrivez votre travail de relations publiques et d’autres tâches » : « à accueillir et gérer les clients intéressés à affréter et réserver le « Phocea », ou l’utiliser pour d’autres entreprises commerciales. « Quelle était la routine typique à bord, aux Tonga ? » Ma vie était très différente de celle de l’équipage. J’ai interagi avec les ambassadeurs et les ministres du gouvernement, tandis que le reste de l’équipage travaillait à bord »… le modèle, plutôt benoîtement, avouant qu’effectivement, aux Tongas, des représentants de l’Etat (et non du Vanuatu, donc) étaient déjà montés à bord… une photo figurant sur l’un des site de Saken en témoignant: on peut y voir attablé à bord du Phocea, le premier ministre d’alors des Tonga, Siale ‘Ataongo Kaho, à gauche, et à droite, Sitiveni Halapua, élu au parlement en 2010 au nom du Democratic Party, puis inscrit ensuite comme indépendant en juillet 2014. Les Tonga, un Etat si peu recommandable à l’époque, avec par exemple la personnalité fantasque du seigneur Tu’ilakepa (autrement dit Malakai Fakatoufifita), !)…
Terrible aveu, expliquant beaucoup de la suite des événements, en fait !!! Sachant ce que certains politiciens locaux ont pu faire sur place, on commence à avoir une petite idée de ce que pouvait emporter effectivement et discrètement jusqu’au Vanuatu le fameux grand voilier… le modèle racontant ensuite son trajet « éprouvant » des Tonga au Vanuatu, avec un temps « très orageux. Il a plu la plupart du temps et les vagues ont fait plus de 10 mètres. Le yacht était penché de 30 à 45 degrés tout le temps, et j’ai été constamment jetée hors de mon lit. Sur le pont, j’ai été presque balayé par-dessus bord par une vague géante et deux autres membres d’équipage ont dû venir me sauver! C’était terrifiant ». L’interview se terminant par l’aveu d’une brève idylle (je vous dis c’est du Stéphane Bern, la prose de Llewellyn Toulmin !) entre elle et « « Petr, qui était le premier ingénieur (…) Je l’ai rencontré à une fête un an avant, en Thaïlande. Il était très beau, mais trop timide pour me parler. Comme le destin le voulait, il travaillait sur le même yacht un an plus tard, à Tonga. Il est très beau, intelligent et attentionné. Les gens l’appellent MacGyver parce qu’il peut réparer quoi que ce soit. Il est très silencieux et timide, donc nous sommes totalement opposés »… Petr, le tchèque né le 5 novembre 1984 (c’est écrit sur le manifeste du Phocea à Vila), à savoir Petr Janecky, également responsable des machines d’un autre yacht rebaptisé, avec son collègue Pavel Novak, comme on va bientôt le voir… un peu plus loin…
Un « propriétaire » présentant un faux certificat manifeste
Un énorme scandale, donc, (il y en avait d‘autres dans le pays !) d’où émerge cet étrange « Mr Pascal », cet habitant de la Thaïlande d’origine vietnamienne, mais déclaré français (il est né en effet à Neuilly !), qui ne figure pourtant pas dans la liste des milliardaires mondiaux, bombardé soudainement « propriétaire » du navire mythique de Colas (et de Tapie !), sans que l’on ait jamais eu trace de documents autre que celui présenté, n’indiquant pas qui avait bien pu lui vendre (quelle « grande fortune européenne » même en difficulté post-crise financière a pu vendre son yacht à un personnage aussi sulfureux ???). Car notre homme est avant tout un faiseur, qui étale son statut de millionnaire sur le net (sur un nombre imposant de pages différentes, celui de ses sociétés), se vantant lui-même d’être « le roi des millionnaires », en visant un marché très précis, celui des nouveaux milliardaires chinois : « Billionaire Yacht Club a été formé par M. Vu Anh Kuan, (alias Pascal Anh Quan Saken), fondateur de Yachts Mangusta Singapour (10) et son yacht « Mon Amour »
(un Mangusta 108), ici en photo avec un mannequin en pose plutôt lascive à la barre, « le fournisseur exclusif et officiel de la marque du club milliardaire de Shanghai, également fondateur de Luxury Cruiseline Co, M. Vu Anh a aussi construit « Méditation », qui est un yacht de luxe de 121 pieds et est également le co-propriétaire du chantier naval « Tango » à Buenos Aires, en Argentine (ici son plus gros modèle, le « 85 »), ainsi que l’ancien propriétaire de l’Elite Modeling Agency de Singapour. Le « Méditation« , rafiot d’acier déguisé en yacht, pâle imitation de Benetti, présentant une image racoleuse, mêlant thérapies naturelles et grosses coupures : le yacht des croisières de « naturopathes », les rois du marketing de vacances organisées à ce moment-là (la Thaïlande surfant aussi sur ce type de tourisme comme on peut le voir ici) ! Ah, les « traitements holistiques » juteux (on va y revenir plus loin) !!!
Une activité industrielle plus que mystérieuse
L’autre activité officiellement déclarée de notre riche inconnu est censée être située au Panama et s’intitule « bornbiotechnology.com« … un site qui ne débouche sur rien de tangible, dont le domaine est enregistré au Canada, chez Action Hostings, et qui semble lui aussi servir à des activités non définies. Le site n’a jamais été effectif et n’est pas fini, arborant toujours des textes en « lorem ipsum » bien connus des metteurs en pages. Peut-on faire fortune avec ça, la réponse est… non. Dommage, car il y aurait eu mieux à faire, le Vanuatu venant juste alors d’être relié à l’Internet par fibre sur un gros « backbone » à 320 Gbit/s desservant l’Europe et l’Australie, celui du Southern Cross Cable entre Sydney et Hawaii, founit par Alcatel sur investissements privés… Mieux vaut au final faire confiance à la « naturothérapie » à bord des yachts ! La médecine douce, ou d’autres sources de revenus… Car on a aussi oublié une chose depuis : le premier communiqué annonçant la descente de police du Vanuatu à bord indiquait ceci : « Vingt officiers de police locaux et des officiers des Douanes et de l’Immigration sont montés à bord du méga yacht à Vila Harbour dimanche après-midi dans ce que le Commissaire de Police Arthur Caulton a décrit comme « une opération majeure ». Ils ont arrêté le capitaine du navire, une femme, et un homme originaire de Tonga et un autre de Samoa. Un camion a également été confisqué ». Un « camion » attendait donc l’arrivée du bateau ? Mais un camion, confisqué, pour débarquer et emporter quoi ?
Un bien étrange personnage
Revenons-en à notre yacht et son prétendu nouveau propriétaire à la drôle d’allure, trimbalant toujours une mallette d’aluminium (ici avec un footballeur croisé à l’aéroport : c’est le spécialiste du genre de sport, à se faire un catalogue de ce type de rencontres). Dans les îles, il n’était pas totalement inconnu : son beau-frère y résidait déjà depuis quelques temps : 2010 pour être exact. Pour s’installer durablement au Vanuatu, notre homme du jour n’y était pas allé par quatre chemins rappelle la presse : il s’était fait en effet… adopter. « M. Pascal Saken, titulaire d’un passeport valide du Vanuatu, est arrivé, on le pense, au Vanuatu il y a plus de deux ou trois ans, et aurait été adopté par la famille de Saken Fanafo à Santo, à qui il avait acheté 200 bovins et deux pick-up et laissé ses actifs à Port Vila. Alors que Saken était absent, 100 têtes de son bétail aurait été vendues à la Caisse Nationale de Prévoyance du Vanuatu pour les maintenir dans leur ferme de Bellevue par un homme d’affaires -non originaire du Vanuatu- qui lui aurait emprunté 30 millions de la monnaie locale. » Etrange disparition! Des rumeurs avaient couru à l’époque sur une autre personne « adoptée » par la famille Fanafo : or il aurait été letton !!! Connaissant le pays et la mafia qui y règne, il y avait en effet de quoi s’en inquiéter ! Toute une faune interlope tournait autour de « Pascal » Anh Quan Saken, introduit dans le pays par son beau-frère, Fabrice Queguineur avec lequel il avait élaboré un vague projet « agricole » appelé pompeusement « Pacific-Amazonia. » Notre objectif est d’amener l’agriculture au Vanuatu et d’exporter nos produits vers la Chine et le Japon. Nos installations agricoles sur nos 5 fermes : Onatou, Coepi, Solway, Bertholetta-Excelsia, et Malanu, qui ont une surface totale de 1200 hectares de terrain cultivable et qui s’étendront d’ici la fin de l’année 2012. » Personne n’a plus depuis entendu parler des fermes et des bovins (nous y reviendrons un peu plus loin) ! L’arrivée du bateau, aussitôt investi par la police du Vanuatu (11) allait de fait démarrer une histoire complexe, mêlée de politique sur fond de blanchiment et de trafics divers qui perdurait. Dans les jours à venir, nous allons en regarder les aspects, si vous le voulez bien. Vous verrez, c’est (hélas) très représentatif de notre période… tourmentée, disons, pour rester poli…
(1) le texte s’intitulait « Coke en Stock (LIX) : le Phocéa de nanard comme transporteur d’opium ! » pour vous donner d’emblée une petite idée de ce qui nous attend dans les prochains épisodes… (les deux premiers épisodes de cette nouvelle version reprennent l’intégralité de ce texte).
(2) « En 2010 Mouna Ayoub revend le yacht environ 10 millions € à un industriel européen dont l’identité n’a pas été révélée ». Lors d’une interview, Tapie avait précisé à la question « Avez-vous envisagé un jour de récupérer le « Phocéa » ? Bernard Tapie : « Non, pour la simple raison que ce bateau n’est plus du tout le Phocéa. À l’origine, ce voilier était un véritable bateau de course et je me suis évertué à ce qu’il le reste. Avec Michel Bigoin, nous avions décidé de lui laisser sa coque en acier mais en revanche, nous avions enlevé tout le reste de la structure pour la remplacer par de l’aluminium, ce qui fait que la masse totale du bateau est passée de 304 tonnes à seulement 330 tonnes malgré l’amélioration du confort à bord en vue d’un programme de croisière. J’ai fait passer la surface de voilure à 4 000m² et j’ai descendu la quille à 8 mètres sous la surface tout en augmentant le poids du lest à 90 tonnes. J’avais également demandé à l’architecte que la timonerie s’intègre harmonieusement aux lignes du navire. Mouna Ayoub, au contraire, a réduit la voilure et a fait remonter la quille à 6,16 m, tout en augmentant considérablement le poids qui est passé à 516 tonnes. Je vous le dis : ce bateau n’a plus de Phocéa que le nom. Il n’en a même plus la couleur…. »
(3) il est disparu en mer le au large des Açores, lors de la première Route du Rhum. Avant de se faire rebaptiser Phocea, son bateau – de course – s’appelait le Club Méditerranée et avant encore « La Vie Claire », une des sociétés rachetées par Tapie. Il avait été lancé le , il y a déjà 40 ans !
(4) Tapie avait confondu plaisir et bureau (et baisse d’impôts) : « Le Phocéa avait été acheté à la veuve d’Alain Colas en 1982, puis exploité sous les couleurs de la Vie claire. A partir de 1988, ACT facture des journées de location à Bernard Tapie. A des tarifs sans cesse décroissants de 100 000 F à un peu plus de 60 000 F. Les pertes d’exploitation sont financées par la maison mère d’ACT, la FIBT. Pour le fisc, l’avantage est double: le train de vie qu’offre ACT à l’ancien ministre n’est pas déclaré; les résultats de la FIBT, ponctionnée, sont diminués. Or le statut de la FIBT permet à Tapie de déduire les déficits qu’elle enregistre de ses revenus imposables. De 1989 à 1991, les redressements notifiés par le fisc à Tapie dépasseront les 45 millions. «Ce fraudeur est aussi législateur. Il est député», s’était indignée le procureur lors de l’audience. Le tribunal rappelle seulement les «fonctions publiques» qu’il a exercées ».
(5) La famille Ayoub n’a vraiment pas la fibre marine comme le révèle ce gag de 2007 : « son épouse précédente, Mouna Ayoub, une femme libanaise, est considérée comme une mondaine française. Ayoub a ensuite écrit un mémoire sur leur mariage, « La Vérité », dans laquelle Al-Rashid est désigné comme « Amir al-Tharik ». Dans le livre, Ayoub a comparé son mariage avec une «cage dorée … là où elle se sentait être injustement traitée et ne pouvait rien faire … On a vu ses robes les plus somptueuses et son énorme collection de bijoux, mais elle ne pouvait que porter une robe arabe noire et un voile. Elle était interdite de parler aux hommes, interdite de voir des amis féminins non approuvés par son mari, interdite de faire du sport, interdit de rire ou de parler fort en public ». Al-Rashid et son fils aîné ont ensuite poursuivi les éditeurs du mémoire devant les tribunaux français pour tenter d’arrêter la publication du mémoire, selon eux une violation de leur vie privée. Actuellement, il est est marié à Safia El Malqui, ils sont ensemble depuis le début de 1998. Peu de chose sont connues publiquement d’al-Rashid, qui, avant de prendre livraison de son yacht, a maintenu un profil bas parmi l’élite relativement riche d’Arabie. Al-Rashid a été l’un des trois hommes d’affaires saoudiens à faire un don de plus de 1 M $ au Centre présidentiel Clinton. Le samedi 19 mai 2007, un de ses yachts, le Lady Moura (108 m de long, 4 étages), s’était échoué presque devant le festival du film de Cannes. Drossé sur la côte, il a subi des dommages a sa coque et a pris l’eau. Il était amarré à Monaco. Le 2 Février 2010 Lady Moura était amarré à Palma, Majorque, mais il est depuis retourné à Monaco ».
(6) la presse avait fuité le nom de Xavier Niel, comme étant l’un des trois propriétaires du navire. Sur un blog spécialisé on pouvait lire ceci : « En 1986, Phocéa bat le record de traversée de l’Atlantique qu’il effectue en 8 jours, soit 4 jours de moins que le précédant record. La présence à bord de son propriétaire y est pour quelque chose. Contre les conseils de son capitaine, Bernard Tapie décide de foncer à travers une tempête. Un des journaliste de TF1 présent à bord en restera paralysé de peur pendant plusieurs jours. En 1996, Bernard Tapie est mis en faillite et le bateau sera liquidé et vendu pour 6 millions d’euros à Mouna Ayoub Ex-épouse du milliardaire Nasser Al-Rachid. Celle-ci transformera en profondeur le bateau, remplaçant les matériaux légers utilisés précédemment par des matériaux plus traditionnels transformant le Phocéa en un bateau de luxe aux performances nettement plus habituelles. L’ajout d’un étage et le raccourcissement des mats n’améliore pas l’affaire. En 2010, le Phocéa est racheté par Xavier Niel et mis en location pour un tarif de 196000 euros par semaine ». A ma connaissance, pas un journaliste n’avait osé poser la question de la propriété Phocéa à Xavier Niel, « Mr Free ». Et en avril 2016 encore moins..
(7) Proposé à la location 196 000 € la semaine pour 12 passagers.
(8) A noter que second financier (Arnaud Bezzina) signalé comme acheteur-écran luxembourgeois de Magellan Management Consulting avait eu quelques difficultés en 2010 avec l’autorité des marchés financiers français et l’affaire d’initiés Clarins, où il avait été condamné à payer 450 000 euros d’amendes… une somme plutôt rondelette : le 26 juin 2008, la cotation du titre Clarins avait été suspendue à la demande de la société sur un dernier cours, « dans l’attente d’un communiqué de presse », annonçant une prochaine OPAS (un projet d’offre publique d’achat simplifiée) ce dont plusieurs avaient profité pour spéculer, dont Bezzina, accusé de délit d’initié pour avoir « utilisé l’information privilégiée relative à la préparation de cette OPAS [et de] l’avoir communiquée à M. Patrice Bourgeois » Ce dernier qui avait investi 1 million dans l’achat de titres Clarins avait réalisé une plus-value de l’ordre de 300 000 euros (et avait écopé au final de 650 000 d’amende !).
(9) Faviola Brugger Dadis avait dû régler 70 000 Vt (621 euros) pour « obstruction à la justice ».. « L’avocat de Dadis a parlé d’elle comme d’une étudiante qui venait de prendre une semaine de vacances d’été de ses études américaines pour rejoindre le méga-yacht aux Tonga en tant que responsable du marketing et des relations publiques pour Pascal Anh Quan Saken, qui prétend être le propriétaire de Phocea . Il s’est enfui du navire dès que son équipage a été embarqué, en s’envolant à l’étranger ».
(10) « Mangusta Singapur » existe bien, mais son patron en 2015 s’appellait Henry Goulding. Mangusta portait la marque des chantiers Rodriguez, qui ont fait une faillite retentissante en 2014 (elle a terminé avec un endettement net de 96,5 millions d’euros). Le nom Mangusta d’Overmarine était commercialisé exclusivement jusqu’alors par Rodriguez. En 2016, une plainte pour escroquerie a été déposé par le parquet contre Rodriguez, suivant l’avis du racheteur hollandais, Industrial and Marine Diesels, qui s’était fait avoir lors du rachat. Le fils Rodriguez, Alexandre (ici à droite), avait été pris dans un tourbillon mafieux (il était proche de Bernard Barresi, en cavale depuis 1990, qu’un de ses yachts hébergeait (!), ainsi que Gérard Campanella, deux truands notoires).
(11) En voici le compte rendu selon la presse locale : « Le Commissaire a refusé de donner beaucoup d’informations à la presse, se contentant de dire que l’opération était liée à des leaders politiques locaux, parmi lesquels se trouvent un membre du gouvernement et un membre du Parlement. Le service de communication de la police a par ailleurs confirmé qu’il s’agissait bien du Phocea et que le navire était soupçonné d’avoir participé à un trafic d’armes, de blanchiment d’argent et d’avoir enfreint des lois relatives aux frontières maritimes. D’après la déclaration de la police, le bateau voyageait du Panama à Tonga via l’Italie (???). Il se trouvait à Vila Harbour depuis le samedi d’avant et sa destination suivante était la Papouasie Nouvelle Guinée. La police a également indiqué que le bateau avait déjà été arrêté en Thaïlande plus tôt cette année pour trafic d’armes illégal. I l se rendait alors au Vietnam. La police a trouvé à bord une vingtaine d’armes à feu, des papiers incluant des faux passeports, de l’argent et de la drogue ».
Documents :
sur le Phocea période Ayoub : ou comment rendre moche un beau bateau.
http://www.lesprotocolesdesion.com/main.aspx?page=text&id=71&cat=marine
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