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Coke en stock (CCCXVIII) : le Guatemala, encore et toujours…

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Au Guatemala, les arrivages n’ont pas faibli, loin s’en faut : avant la fin d’année 2020 on a franchi le cap des 10 tonnes arrivées par avion durant l’année ! On a eu le droit à tout, du sempiternel Chieftain-Navajo aux gros porteurs à réaction type Gulfstream III et Hawker 700 ou même des appareils plus inattendus comme vous allez le découvrir. Bref, l’année marquée par l’apparition de la pandémie n’a ralenti qu’assez peu le trafic, comme je vous le disais déjà cet été. Un quinzaine d’avions de moins, c’est tout : au final on en compte 39 cette année ! 

Encore une fois, la même société à l’origine…

Le 22 septembre, c’est à Chisec (ex Espíritu Santo), près d’Alta Verapaz, au milieu du pays, que l’on retrouve des débris incinérés, près d’un champ de Milpa : c’est une technique agricole ancienne de rotation de cultures, dite des trois sœurs, ou Milpa, celle des trois principales cultures pratiquées traditionnellement par diverses communautés autochtones d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale : à savoir la courge, le maïs et le haricot grimpant (habituellement le haricot tépari ou le haricot commun). L’avion semble avoir littéralement foncé sur le terrain, en heurtant au passage la levée de terre au bord d’un fleuve. Il est en miettes et dedans on retrouve deux cadavres. Ne reste de vraiment reconnaissable de l’avion qu’un réacteur et un bout d’empennage comme repères, qui suffisent pourtant à l’œil avisé de l’ami Falcon pour affirmer que c’est bien le N914JR qui s’est écrasé là, photo d’origine (ici à droite) à l’appui. L’avion crashé était immatriculé mexicain, en XB-PYZ Cela concorde parfaitement en tout cas avec le bel Hawker 800 n°258018 vu ici en vol :

L’appareil broyé a toute une histoire… récente derrière lui : c’est en réalité un avion volé, ou présenté comme tel en tout cas. Il semble qu’il y ait eu pas mal de défaillances dans sa surveillance.  Selon les autorités aéroportuaires guatémaltèques, et l’armée, en effet,  « un taxi aérien privé qui a été volé à l’aéroport Mariano Matamoros, dans cette ville, s’est écrasé mardi vers minuit dans le nord du Guatemala avec une cargaison de drogues et d’armes, et ses deux occupants sont morts, a rapporté hier Juan Carlos de Paz, porte-parole des forces armées du pays d’Amérique centrale. L’avion est entré au Guatemala sans autorisation et, selon le suivi radar, a décollé de l’aéroport international de l’État de Zulia, au Venezuela, où il est arrivé de la ville mexicaine de Cuernavaca. Le porte-parole a indiqué que l’accident s’est produit dans une zone rurale de la ville indigène de Chisec, à 130 kilomètres au nord de la capitale guatémaltèque. Des images diffusées par les forces armées montrent l’épave de l’avion dans une milpa, certaines incinérées, ainsi que des armes à feu, des téléphones portables et des colis de médicaments analysés par le parquet. L’appareil a été volé mardi matin par trois hommes qui se sont identifiés comme des mécaniciens, a rapporté le secrétaire d’État au gouvernement, Pablo Ojeda Cárdenas. Selon l’inspecteur de l’Agence fédérale de l’aviation (AFAC), les individus qui ont pris l’avion Hawker 800 immatriculé XB-PYZ seraient arrivés de Colombie et seraient entrés dans l’aéroport mexicain à 8h29 mardi. Selon un communiqué de l’autorité de l’Etat, avant d’entrer sur la file, les trois sujets ont été fouillés par des agents de sécurité et la Garde nationale. Mais Marcos Ramírez Espinosa, responsable des opérations de la société International Corporate & Cargo Services, SA de CV (ICCS), avec un numéro de carte d’identité aéroportuaire valide 40871, a traité la procédure d’entrée des trois personnes avec une carte de visiteur avec accompagnateur,  et a signé une lettre conforme conformément à la procédure. ICCS avait l’avion sous sa garde depuis le 10 août. Après un examen et n’ayant trouvé aucun article restreint dans leurs affaires, ils sont montés à bord du véhicule de Ramírez Espinosa, un pick-up Nissan à double cabine, qui les a emmenés au hangar. Ensuite, ils ont passé le filtre V3 à l’aérogare, toujours avec l’aide de Ramírez Espinosa (…) ». A droite l’intérieur de l’appareil avec son placage de cloison en loupe d’orme, vue sous les deux pistolets Glock retrouvés dans les débris ici (au-dessus sur la gauche).

« Vers 10 heures, les sujets ont fait le plein de carburant directement depuis les aéroports et le camion-citerne des services auxiliaires (ASA), en payant ce service avec une carte de crédit. D’après les informations de l’autorité aéronautique, l’avion était sous la protection, depuis le 10 août dernier, de la société International Corporate & Cargo Services, S.A. de C.V. (ICCS), avec lequel cet aéroport entretient une relation contractuelle en cours pour son fonctionnement en tant que base fixe d’opérations dûment autorisée par l’Agence fédérale de l’aviation civile. Plus tard, à 10h30, l’une des trois personnes mentionnées s’est à nouveau présentée au filtre V3 de l’aéroport pour partir, pour lequel ils ont procédé à son examen, arguant que ses autres collègues prendraient l’avion. Il est à noter qu’il appartient à l’autorité aéronautique stationnée à cet aéroport de contrôler strictement les autorisations des personnes qui équipent les aéronefs et d’appliquer les sanctions qui sont mises à jour conformément aux dispositions de la loi sur l’aviation civile dans ses articles 7 Bis, sections VI, VII et XV. En outre, il a été signalé que le personnel de l’entreprise avait fait une déclaration à la Garde nationale et recherchait actuellement le propriétaire de l’aéronef afin de pouvoir déposer une plainte auprès des autorités compétentes ». 

« Les satellites ont confirmé que l’avion était resté stationné à Zulia pendant moins de deux heures et à 18h00, il a reparti en direction des Caraïbes. À 20h00, le Hawker 800 est entré au Guatemala et à 20h30, il s’est écrasé près de la communauté de Santa Marta Salinas. Tout cela s’est passé en neuf heures. Lorsque l’armée guatémaltèque est arrivée sur les lieux, elle a trouvé deux cadavres, des armes et plusieurs colis de drogue éparpillés avec des croix gammées (ici à droite) et les initiales « FFF », ont confirmé les forces armées. De Morelos, le secrétaire du Gouvernement, Pablo Ojeda Cárdenas, a déclaré après que l’enregistrement XB-PYZ du jet était faux, le certificat de navigabilité n’était plus valide et que les personnes entrées avaaint été autorisées par la société International Corporate & Cargo Services, qui avait gardé l’avion pendant un mois, dans son hangar. Les autorités recherchent les propriétaires du jet pour porter plainte mais jusqu’à présent, il n’y a aucune trace de l’entreprise qui a géré les permis d’accès pour les faux mécaniciens ». L’avion serait parti de la piste répertoriée au Mexique de Tetlama, dont on reparlera ici bientôt.

On découvrira plus tard (demain, si vous le voulez bien, que c’était un trafiquant notoire) que l’avion avait deux autres passagers et on remarque surtout que cet appareil a été à nouveau acheté à TWA International Inc. qu’on ne présente plus ici. Sur les papiers de vente en date du 29 octobre 2019 pour l’exportation c’est notre fameux Carlos Rocha Villaurrutia qui a bien signé. C’est la énième fois que son nom est cité ici comme fournisseur d’avions qui finissent tous de la même façon : crashés ou incendiés et découverts tous avec de la drogue à bord. A se demander ce que font les autorités US pour ne pas l’en empêcher, depuis le temps… l’homme semble néanmoins repéré depuis août dernier. Il semble surtout avoir déjà été arrêté en 2001 après avoir été déclaré fugitif, pour une histoire d’argent… à Bexar au Texas.

L’hydravion raté, celui d’une société déjà repérée cet été

Le 2 novembre, on recommence aussi la saga avec un énième gros engin, retrouvé cette fois les quatre fers en l’air, train sorti, en train de surnager dans le parc bien connu du Laguna del Tigre, sur les bord d’une lagune. De se prendre pour un hydravion ne lui a pas réussi il semble et ça a tourné, pour lui et ses occupants, à la tragédie. On a relevé en effet trois cadavres flottant autour de l’épave. Et des paquets de coke éparpillés partout, bien sûr. L’aile s’est séparée du fuselage et surnage, à l’envers, au dessus des eaux. Bizarrement, elle est peinte couleur foncée, une sorte de bleu-gris soutenu. Plutôt inhabituel, on le sait, les jets préférant plutôt le blanc.

Où donc ce lourd enfin aurait-il pu se poser ? En relevant sa position, on constate qu’il s’est écrasé à 40 km de la seule piste qui aurait pu facilement l’accepter : celle du champ pétrolifère de Xam, appartenant  à Perenco, et sa piste de 1 600 mètres (en cours d’allongement). Ce n’est pas la première fois que ces installations sont soupçonnées de participer  au trafic. Perenco avait déjà été cité en 2017, accueillant les avions venant du Honduras, notamment et sa dirigeant vers le parc du Laguna del Tigre au nord-ouest du pays, jouxtant la frontière mexicaine.

L’avion lui-même, on a pu s’en apercevoir, avait son intrados bleu et même plutôt beau foncé. Ce qui permet plus vite de le retrouver, sachant que le 28 octobre précédent un avion du type Grumman lui ressemblant avait échappé aux radars mexicains. C’était le N461AR, un Gulfstream III (N°384) de 1983 dont les derniers mouvements enregistrés ont trahi la présence ailleurs :

L’engin a visité les 19 et 20 octobre précédents l’aéroport Adolfo Lopez Matheos de Toluca dont on n’ignore pas le rôle important dans le trafic. Et l’appareil, extérieurement est justement … gris-bleu intégral, tirant sur le noir. Ce qui semble bien être la teinte observée sur l’intrados de l’avion retourné, en effet.

Intérieurement, l’avion laissait entrevoir également des cloisons classiques de bois vernis (ici à droite), dont on a pu voir les morceaux flotter au-dessus de l’eau, une fois son fuselage éclaté (cf l’image du haut). Encore une fois, ça y ressemble donc bien. Notre oiseau presque noir est bien celui qui s’est crashé le 2 novembre, après s’être envolé de Toluca !

Reste à retrouver son propriétaire, qui lui aussi va en fait nous confirmer que c’est bien l’oiseau recherché. Le Gulfstream III N461AR a en effet changé de mains récemment, pour tomber entre celles de Solo Energy Drink, Inc, qui ne nous est pas inconnue comme société…

Rappelez-vous en effet : en août on avait déjà fait connaissance avec ses deux patronnes, María Elcy Lozano et Sandra Solorzano, installées à Miramar et leur petit Cessna 401, plus tout jeune (le N°401A0082) que l’on avait retrouvé en train de patauger dans une mare (décidément !!!) à Congo Mirador au Venezuela, au sud-ouest du lac Maracaïbo. Piloté par Oswardo Blisick qui avait été a été arrêté l’année précédente par les autorités dominicaines, alors muni de faux papiers  !!! La signataire de l’achat du Gulfstream, le 13 février 2020 s’appelant… María Elcy Lozano  !

C’est donc bien la même équipe !!! Que ce monde est donc petit !!!

Une vieille connaissance : un Sabreliner (bien chargé)

On reste dans la même région avec le 9 novembre un autre jet, plus ancien encore celui-là, dont il reste que des morceaux tombés en pleine jungle, à El Chico exactement, dans le département de Retalhuleu, fort fréquenté lui aussi par les trafiquants. L’engin porte une immatriculation mexicaine fantaisiste ou incomplète : XA-VD.

L’état de l’épave le montre encore une fois : le choc a dû être extrêmement violent car l’aile s’est arrachée d’un seul bloc, gisant dans le sens contraire de celui du fuselage, lui-même la tête en bas, avec son avant broyé et resté dissimulé sous des feuillages, l’empennage en miettes. Il y a un corps resté à bord dans le cockpit, un autre occupant blessé a déjà été évacué par l’armée : ils étaient trois à bord, un trafiquant aurait donc réussi à s’échapper malgré le choc. L’avion est un vieil appareil de 1980, un NA-265-65 Sabreliner 65, dont le numéro de série est le 465-30 qui était repassé il y a quelques années déjà dans un atelier de peinture pour lui redonner un coup de jeunesse. Avant c’était en effet le N465SC. Il est vu ici au dessus à gauche arborant déjà sa nouvelle livrée, celle portée lors du crash,  le 26 mars 2016 à Houston. Les inspecteurs passant la tête dans ce qui reste de la poste d’accès découvrent des paquets blancs maintenus par des cordages dans un avion dont on a enlevé les sièges pour faire place à la drogue, pratique courante, mais sans dénuder les bas-flancs cette fois. Il y a un joli lot de coke à bord. Les autorités du pays annoncent pour 14 millions de dollars. Les paquets sortis de l’avion et numérotés s’alignent en 3 longues files en effet.  Une trentaine en tout. Il y en a un peu plus d’une tonne au total (1 028 kilos).

Sans surprise non plus l’avion, acheté le 18 juillet 2012 par E D Santos & Associates Llc de Wilmington Delaware, a été revendu le 10 juin 2020 à un mexicain…. qui l’a donc transformé en kamizaze à coke 4 mois à peine après…

Un Hawker à 20 millions

Le 11, deux jours plus tard, on reste dans le même secteur avec un nouvel atterrissage, aussi il semble celui-là malgré ce qu’on découvre trop tard : ce sont les vestiges d’un biréacteur aux formes bien reconnaissables; celles d’un Hawker qui a été fort « proprement » incendié et incinéré presque totalement.

C’est toujours à Laguna del Tigre, devenu véritable aéroport de transit du trafic de cocaïne en amérique centrale. On retrouve quelques jours plus tard aux abords de l’épave 52 ballots déposés dans la nature, façon ballots de paille.

Dedans, il y a 1 539 paquets de cocaïne représentent 20 millions de dollars paraît-il.. sans surprise non plus les paquets sont décorés à la gloire du footballeur Ronaldo, surnommé comme chacun sait CR7. Là-bas c’est un éternel recommencement en tout !!

L’avion calciné en grande partie rend son identification difficile. Son aile droite intacte et son empennage nous indiquent cependant qu’il s’agit d’un Hawker 800 et non d’un 700. C’est reconnaissable à la fixation très avancée de sa gouverne horizontale sur le gouvernail sur le second, et là ce n’est pas le cas. Heureusement que l’on a hérité d’un dernier cliché plus probant, car il permet de retrouver après quelques heures de recherche un appareil connu exhibant les mêmes couleur aux mêmes endroits, avec la même épaisseur de filets de couleurs sur les réacteurs : c’est, il semble bien, le N57MM de Jet Net, un ex-mexicain, en XA-ASH, le Hawker 800 N° 258082, que voici au roulage avec plein de gens dans son cockpit :

Car l’appareil n’est déjà plus chez JetNet au moment où on le retrouve calciné : le 9 juin 2020 il est redevenu… mexicain, vendu à Aeroharp SA de CV, créé en 2015 à Ramos Arizpe, état de Cohahuila (c’est lié à l’aéroport Plan de Guadalupe appelé aussi Saltillo). Il y est devenu le XB-RDG, aperçu au décollage de Plan de Guadalupe le 4 juin 2020.

L’entreprise gère aussi le XB-RJT, le Hawker 800A N° 258181, datant de 1990 (ex N861CE et ex C-FIQF) montré ici lors d’un sujet télévisé sur la pandémie et les aéroports., ainsi que les difficultés des entreprises aériennes. Chez Aeroharp, on ne s’est pas beaucoup foulé question déco sur l’appareil : on a simplement fait passer ce qui était rouge vif en bleu sombre… si bien que l’avion vieux de trente ans aujourd’hui a gardé son allure vieillotte :

L’avion du show du Mig 17 acrobatique !!!

On aura décidément tout vu, cette année dans le Peten. Le 3 décembre on y reste en effet, toujours au Guatemala avec l’arrivée d’un petit avion bimoteur à hélices, dont les quadripales nous renseignent tout de suite sur son type, et heureusement, car l’avion a été en grande partie incendié encore une fois, après avoir réussi à se poser : il a visiblement brûlé debout sur son train après avoir laissé de longues trainées dans l’herbe derrière lui. C’est manifestement un Piper Chiefain/Navajo façon Colemill, une version Panther fort appréciée des trafiquants pour sa vitesse, on le sait. Les ruines fumantes montrent des traces de rouge profond et un winglet (ici à droite) qui a échappé à la fournaise, comme l’empennage, qui vont tous deux se montrer plein d’enseignements… et de surprises.

Les filets dorés reconnaissables nous font immédiatement penser à un avion aperçu pendant plusieurs années sur le circuit des shows acrobatiques, arborant deux petit logos significatifs (ici à gauche). Le N99PN, l’avion de soutien du show. Celui d’un… Mig 17, celui, magnifique, du superbe « rouge » sponsorisé par Red Bull et de ses deux réservoirs à fumée (des  Sanders Smoke Generators). Celui de Bill Reesman; L’engin, un appareil  polonais d’origine, a fait la joie de milliers de spectateurs pendant près de 15 ans. C’est le second de Reesman, car le premier (un Shenyang J-5 Fresco chinois) avait pris feu à l’arrière en mars 1994. Il est aujourd’hui à l’Oregon Space Muséum, Reesman l’avait payé 150 000 dollars seulement ! Le pilote avait l’habitude de montrer en vol au millieu de ses acrobaties l’allumage de sa réchauffe (« afterburner », la post-combustion) qui produisait une flamme de six mètres de long… mais ne produisait pas pour autant la poussée significative espérée. L’engin était un peu un veau, question puissance, quoique assez agile, devenu cependant une proie facile au Viet-Nam. L’un d’entre eux descendra pourtant un gros F-105 Thunderchief !! Le show de nuit, devenu à la mode ces dernières années étant fait pour lui avec une telle lampe à souder volante (ici en 2010 c’est à Nellis dans le Nevada, en plein jour) ! Reesman est hélas décédé le 15 avril 2011. Ci-dessous le Panther à ses couleurs, positionné juste devant le fameux Mig, en 2007 sur la base de Nellis AFB :

A signaler que le 20 juin 2014 le Chieftain avait été endommagé de retour des Bahamas à 2 miles à peine de l’Orlando Executive Airport quand un oiseau l’avait heurté en vol, blessant un de ses passagers. L’appareil était toujours enregistré à l’époque chez Mig Magic Inc de Julie Nistico Reesman, la femme de Bill, pilote également, à l’adresse de Lake Oswego (dans l’Oregon), après avoir été enregistré dans le Nevada, elle-même habitant désormais Greater près de Los Angeles. La firme avait cessé toute activité en 2007, pourtant. Le dernier registre US le concernant est pour C&J Holdingd Llc, de Stuart en Floride et on l’indique après comme « exporté ».

Il n’en était pas à son premier vol  du côté du Mexique, en tout cas … comme on peut le voir ci-dessus le 9 février 2020 entre Monterrey et Giadalajara, ce qui donne déjà une bonne indication de sa provenance avant sa fin (et sa vente donc, certainement). Un tel engin je vous l’avoue, ne méritait pas une destinée pareille !!! L’avion retrouvé calciné était en tout cas plein de coke : l’armée guatémaltèque a retrouvé pas loin au moins 750 paquets de cocaïne répartis, dans 25 sacs de toile (ici à gauche), plus un fusil AR-15, des outils artisanaux, deux émetteurs radio portables, une lampe de poche et un téléphone. A ce moment-là de l’année on en est au 33eme avion découvert et 10 036 kilos de cocaïne au total : plus de 10 tonnes, donc, selon Prensa Libre ! Remarquez, en 2019 le score avait été de 54 avions et d’environ 12 tonnes pour 11 652 paquets de cocaïne…

Le 22 décembre on reste au Guatemala dans le département de Retalhuleu à Manchón Guamuchal exactement, région de la côte Pacifique couverte de mangroves, un sanctuaire protégé, avec une autre arrivée nocturne de plus, en plein champ vide de canne à sucre, à 5 kilomètres de la ferme d’El Chico.  Au petit matin, la brume se levant encore, on découvre plus en détail l’engin.

Le pilote de l’avion serait décédé (?) et un mexicain David Peña et duc guatémaltèques Jesús Chiquin et Gerardo Xi ont été arrêtés. A bord de l’avion est trouvé un localisateur GPS, un fusil de chasse, un fusil automatique (type AR-15, ci-dessous, avec 3 chargeurs pleins) et un pistolet; trois radios, cinq téléphones portables et un autre satellitaire : la panoplie complète. L’avion est rare dans le genre : c’est en effet un Cessna 303 Crusader de 1984, plus rarement observé comme transporteur de cocaïne. Le maquillage grossier de son immatriculation nous fait vite redécouvrir l’originale, qui est bien en XB-MSI, mis en vente récemment sur Aircraft.com (N° de série T30300272). C’est l’ex N3241V vu dans le New-Hampshire en 2002. Le 29 mai 2013, on l’avait photographié avec d’autres sur le tarmac de l’aéroport de Tijuana (c’est celui en bas à droite dans le lot de deux). A bord du Crusader, il y avait 342 kilos de cocaïne répartis dans de gros sacs de toile blancs, les paquets siglés d’un logo reconnaissable de deux sortes (ici à droite).

Epilogue de cet atterrissage, le 27 décembre la police arrête 15 personnes d’un coup : tous sont des employés de la sucrerie dont dépend le terrain qui a vu apparaître l’appareil. Le curé du coin, révolté, trouve que ce n’est pas vraiment la bonne solution : « 15 ouvriers d’une sucrerie ont été arrêtés le 22 décembre, quel était leur crime ? Allez voir un avion qui est tombé près d’eux. Curieusement, au moment de l’impact, il y avait déjà des soldats et des policiers sur les lieux. En tant que pasteur des détenus, je demande leur libération. Il est inhumain pour des personnes humbles et travailleuses d’être injustement éloignées de leur famille. La pratique des avions à « Reu » doit faire l’objet d’une enquête, car ce n’est pas la première fois que cela se produit », a déclaré l’utilisateur de Twitter, qui a indiqué qu’il était un religieux local. »

Le 13 décembre c’est un autre habitué des airs chargé de poudre que l’on rencontre en miettes dans le terrain de la ferme Oro Verde, à San José La Máquina : un vieux Rockwell Commander Jetprop 980 dans le département de Suchitepéquez. Un atterrissage pour le moins raté : l’appareil a littéralement été coupé en deux, sous la violence du choc, l’arrière séparé du reste; le fuselage est béant, des bidons (vides) jonchent partout le sol, un gilet de sauvetage est même visible à terre (ici la vidéo tournée autour de l’épave) Une scène dantesque, mais sans corps ni drogue, preuve que d’aucuns sont passés par là avant les officiels tout ramasser, cadavres compris (on imagine mal des survivants à ce cauchemar en effet). La vidéo montrée dans le JT télévisé du lendemain donne une idée de ce terrible fracas, montrant le train arraché laissé à plusieurs mètres de l’impact final, aux abords d’une bananeraie de jeunes plants. En août, le 19, c’était un gros Beechcraft 200 qui lui aussi avait raté son atterrissage dans le secteur en se posant (de nuit) sur le ventre, hélices pliées. C’était là sur le terrain de la ferme Nuevo Bracitos à Mazatenango. Lui avait sélectionné la canne à sucre (ici à droite) pour se vautrer. Là encore tout avait été vidé avant que l’on n’arrive. Par des trafiquants ou les gens du coin, ce que l’on ignore.

Une dernière glissade pour 2020 pour l’avion de l’escroc

Et pour finir en beauté l’année, encore un jet, retrouvé celui-là couché sur le flanc après avoir perdu ses ailes dans un énième atterrissage raté dans le Peten, le 19 décembre, n’amenant pas Père Noël mais un Noël blanc, pour sûr avec son contenu, on s’en doute fait de grands sacs de toile une fois encore (il a été découvert le 23). Le 38e visiteur de l’année, celui du Parque Nacional Sierra de Lacandon (au Guatemala toujours) .

Heureusement aussi l’avion sans ailes a gardé sa décoration avec  filets rouges et dorés forts reconnaissables. Très vite on le retrouve en effet : c’est bien le N326TD, un Hawker 125-800 de 1982, N° de série 257178. Il était censé appartenait au broker connu John D Pappas, de Cave Junction, grand amateur d’avions anciens (il a offert en 2007 son beau DC-3 retapé N101KC c/n11639, « Rose » à un musée) qui l’avait racheté à très bas prix (pour 102 500 dollars), lors d’enchères gouvernementales le 11 septembre 2019 , et qui venait donc aussi tout juste de le revendre. (Il est ci-dessous à droite lors de l’offre de revente sur le parking des « auctions » à venir). Ironie de l’histoire, la société de Pappas s’appelle Dream Flight !

Cet avion détruit (ici à gauche son intérieur dévasté), c’est le retour de volée d’une autre escroquerie en réalité !!!! L’engin avait en effet été saisi le 30 juillet 2013  à Double D Transport Co., de Shreveport LA au nom de David D. Deberardinis; un escroc de haute volée. Il avait escroqué en effet plus de 96 millions de dollars (!!) auprès d’investisseurs et d’institutions financières en montant un schéma de Ponzi bien classique avec l’aide de Todd Muslow, son directeur financier, lui aussi inculpé. Du grand art en fait, DeBerardinis « assumait de fausses identités et l’identité des dirigeants réels de l’entreprise lors de ses communications avec des investisseurs afin de dissimuler que ses prétendus contrats et relations d’affaires avec des tiers existaient », selon l’acte d’accusation. Il avait présenté prétendument créé un faux chèque d’un montant de 80 millions de dollars de First Tennessee Bank, libellé à l’ordre de l’une de ses sociétés. Il a ensuite « prétendu à tort aux investisseurs » que le chèque représentait le produit d’un investissement antérieur, selon l’acte d’accusation. »  Il avait leurré bien des gens : en janvier 2017, des membres de la célèbre famille Gamble de Shreveport (Denny E. Gamble Jr., et Denny E. Gamble III ), avaient intenté une action en justice pour récupérer 7,25 millions de dollars qui, selon eux, avaient été perdus dans des investissements prétendument garantis en partie en mentionnant le succès financier de l’homme d’affaires David De Berardinis. A droite ici le yacht; un voilier de 50 pieds, saisi avec l’avion. Parmi  les plaignants escroqués  figuraient surtout des gens de la « haute » bourgeoisie de Shreveport : Jonathan Gamble, Katherine Gamble, Elizabeth Michaels, Gambest Limited Partnership , GAMCO Properties Limited Partnership et Gammed Investment Co. LLC…. Il était poursuivi par une banque de Dallas et ces trois investisseurs de Shreveport qui avaient garanti un prêt de 29 millions de dollars pour ces opérations basées sur du vent !!! Pour mieux escroquer, De Bernardinis s’était même déguisé parfois en juif orthodoxe…  il avait ainsi dupé un investisseur de Dublin, en Irlande, qui avait investi 2,5 millions de dollars en échange d’une promesse qu’il serait remboursé et recevrait un paiement d’intérêts supplémentaire de 250 000 dollars dans les 60 jours à venir. Durant le procès on avait appris que l’investisseur n’avait rien récupéré lorsqu’il avait intenté une action en justice (à gauche la villa de de l’escroc). Gag ultime de l’affaire : « Trois investisseurs qui disent avoir perdu plus d’un million de dollars en plaçant de l’argent auprès de l’homme d’affaires de Shreveport, David DeBerardinis, étaient des « hommes d’affaires sophistiqués » qui auraient dû faire preuve de diligence raisonnable avant de mettre leur argent, a déclaré un responsable financier d’une des sociétés de DeBerardinis dans sa réponse à un violation du procès en valeurs mobilières contre lui. Todd Muslow dans sa réponse a également déclaré que son rôle se limitait au transfert de l’argent à DeBerardinis. » Voilà qui ne manquait pas de culot, d’accuser ainsi… les spoliés !

L’avion a été revendu le 1er décembre 2020 à TRN Aviation de Lewes (dans le Delaware en fait !!!), dont le dirigeant s’appelle Eugenio Gonzalez. Une société pour le moins floue, qui fait l’essentiel de son activité… au Mexique. Elle disposait aussi en 2018 du Cessna 421 C Golden Eagle (421C0234) immatriculé N3EG et N5487G, ex Cj Aviation Llc de Lewes également aujourd’hui N73HM (depuis le 18 janvier 2020) vu le 23 décembre 2020 sur un trajet Hermosillo-Navojoa au Mexique tous les deux. Pour ne rien arranger, le N73HM est aussi l’immatriculation d’un Cessna Citation III de 1989 de m LLC Hartland. Le même Gonzalez propose à la vente à Monterrey (au Mexique toujours) cet Aerostar 601P/Superstar 680 de 1980 ici à droite, immatriculé XB-DMF.

Le pilote du Hawker, lui, avait indiqué être en difficultés après avoir fait fait une escale à l’aéroport de Ciudad del Carmen avant de se diriger vers Mérida, Yucatán, fief narco comme on le sait, en déclarant à sa tour de contrôler « souffrir d’un problème de dépressurisation » alors qu’il survolait la municipalité de Champotón. « L’avion Raytheon Hawker Siddely 125-700A avait quitté l’aéroport de Carmen à 18h38 à destination de Mérida, au Yucatán, mais avait dû revenir, après avoir subi une dépressurisation. Selon les informations publiées sur les réseaux sociaux, la dépressurisation a été enregistrée sur la communauté de Villa Madero, dans la municipalité de Champotón, lors de l’enregistrement de l’échec de la tentative, le pilote a lancé un appel d’urgence à la tour de contrôle, pour retourner à l’aéroport de Ciudad del Carmen, peu après 21h03. »

A bord de l’avion qui avait été « strippé » avaient été trouvés 342 paquets de coke d’un kilo, marqués pour la plupart « Mexico » (cf ici à gauche) . Le Noël blanc 2020 promis avait désormais un nom, marqué dans la poudre !!!

L’avion du réveillon

Et comme ça ne s’arrête décidément jamais, c’est le soir du réveillon, le 31 décembre qu’un énième appareil apporte 399 paquets de coke dans le Peten, marqués XL, près de San Andres où bien d’autres sont tombés auparavant, pour ne pas changer. La drogue est évaluée à 4,5 millions de dollars. Cette fois c’est un bimoteur à moteurs à pistons immatriculé XB-N, ce qui semble un peu succinct en effet. L’avion a été incendié une fois posé, et son pilote capturé : il s’appelle Rufino Samuel Tobar Flores, il est âgé de 29 ans, c’est un guatémaltèque. L’appareil est manifestement un Cessna 340 resté dans les tons des années 70, marron et orange, restés dans leur jus (et il a aussi gardé ses moteurs d’origine). C’est le 39 eme avion apporteur de drogue cette année, affirme Rubén Tellez, porte-parole de l’armée. Il précise qu’en 2019 ils avaient été 54, contre 12 seulement en 2018 et deux en 2016 !!!

 

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.


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