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MH370 (3) : le navire chercheur d’or

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C’est la seconde grosse surprise de cette nouvelle enquête sur la disparition du MH370. Après les morceaux de drone rejetés sur des plages des Maldives au milieu des débris de l’appareil, voici un autre pan inattendu de cette histoire invraisemblable.  C’est l’actualité récente qui nous a fait remonter toute un suite d’événements, comme je vais vous l’expliquer aujourd’hui.  Et vous dire clairement aussi que la seconde campagne de recherches de débris du Boeing disparu n’avait pas pour but de les trouver… ce qui est pour le moins étonnant.  Non, car le navire recruté est avant tout un chercheur d’or, ou plus exactement d’épaves en contenant.  Encore une fois, avec lui, on a donc trompé les gens !

On l’avait bien remarqué en effet, durant cette seconde campagne de recherches effectuées depuis février dernier (2018), ce drôle de navire portant son pad d’hélicoptère comme une verrue sur son nez.  Celui d’Ocean Infinity. Une seconde campagne qui aurait été déterminée, paraît-il, tout d’abord, par l’envoi par la France de quatre clichés classés jusqu’ici « top secret » paraît-il toujours, car pris par un satellite d’observation à grande définition français de 980 kg de type Pléiades (qui sont en fait deux, l’un le Pléiades 1A opérant en accord sur la même orbite que Pléiades 1B, mais situé à à 180° du premier).  Les deux engins offrant une résolution de moins d’un mètre sur une cinquantaine de km2, on le rappelle (résultat: ils auraient du voir les deux flaperons flotter, ce qui ne semble pas avoir été le cas), on pouvait s’attendre en effet à être efficaces en cas de recherches de morceaux d’avions, même petits.  Ironie du sort, dans la publicité pour vanter la définition des satellites, on avait choisi … l’île de Malé, une des îles des Maldives, à croire que le coin intéressait pas mal de gens déjà  !!!  Cette annonce de clichés « top secret » jalousement gardés pendant trois ans a de quoi surprendre.  Le texte qui l’évoque tout autant : « début 2017, l’Australie, la Malaisie et la Chine mettaient un terme aux recherches sous-marines au sud de l’océan Indien pour retrouver le vol MH370, un avion disparu le 8 mai 2014 avec 239 personnes à bord.  Mais un élément nouveau a permis de délimiter une nouvelle zone de recherche, située au nord de la zone de recherche initiale. Ce nouvel élément  ? Quatre photos satellites prises par la France… mais dévoilées trois ans après leur prise de vue. Ces clichés, dont les orignaux et le niveau de résolution n’ont jamais été rendus publics par le ministère français de la Défense, ont permis aux enquêteurs australiens de délimiter une nouvelle zone de recherche, celle que sillonne aujourd’hui Ocean Infinity, l’entreprise privée américaine qui a débuté de nouvelles recherches le 11 février 2018«  Or comme on vient de le préciser, ces clichés avaient déjà été diffusés, dans le monde entier (cf ici par exemple à droite). Ils n’avaient rien de nouveau : alors pourquoi les présenter ainsi ?  Qui donc se le permettait ?  N’était-on pas en face d’une énième manipulation ?

Des photos anciennes présentées comme neuves

Le 20 mars 2014, déjà, BFM TV montrait par exemples deux clichés sur lesquels on pouvait voir un « morceau de 24 mètres de long », ainsi qu’un nombre important de « spots » ici pointés en vert, indiquant de possibles débris flottants.  Le 23 c’était la TV indienne Times Now qui montrait les morceaux dérivant « près de l’Antarctique » (donc très, très au sud !).  Le 26 mars 2014, par exemple encore, le Daily Mail en avait fait grand cas.  A l’époque on avait déjà parlé de 122 objets répertoriés, et le ministre de la défense et des transports de Malaisie en personne, Hishammuddin Hussein (ici à gauche) était même venu montrer une de ces images satellite lors d’une de ses conférences destinées à rassurer les familles de disparus. Bref, les photos annoncées comme « neuves et inédites » ne l’étaient en rien. Tout le monde avait déjà pu les voir il y a trois ans !!! Pourquoi donc les ressortir ? Pour légitimer, à l’évidence la seconde campagne de recherches, pardi !

La découverte d’un Illiouchine chinois, au départ

Mieux encore, car si les français avaient pointé leurs satellites Pleiades à cet endroit précis, c’est qu’un avion particulier passé au-dessus du même endroit leur avait indiqué de le faire pour vérifier ce qu’il avait trop brièvement aperçu.  Or cet avion était… chinois, c’était un gros quadriréacteur Ill-76 qui était rentré à Perth (en Australie (cf les deux photos ici présentées de son retour de la zone de recherche), après avoir « photographié un petit objet flottant qui semble être une sorte de panneau mince, bien à l’est des objets précédents ». Au moment où l’avion de recherche chinois avait atteint les zones de recherche, de nouvelles images satellites ont indiqué que le champ de débris s’était déplacé vers le SSW, hors du champ de recherche de l’avion » note ici le site d’information MH370debris. Le site ajoutant que parmi les débris vus du satellite  » deux objets étaient beaucoup plus grands que n’importe quel conteneur d’expédition ». Des objets de grande taille qui n’ont donc pas été repêchés depuis. Où sont-ils donc passés, mystère ! S’ils flottaient parfaitement  à cette époque, on aurait dû les retrouver avec les autres ! Un mystère de plus !  « L’équipage de l’Iliouchine a transmis ces nouveaux éléments aux autorités australiennes, qui coordonnent les opérations dans cette région, ainsi qu’au brise-glace chinois, le Xuelong, également envoyé dans la zone par Pékin, a indiqué Chine nouvelle. » Mieux encore avec cette surprenante révélation tardive signée ABC News en date du 1 juin 2018 : « au début d ‘avril 2014, un navire de la marine chinoise, l’Haixun 01 (leur plus grand garde-côtes), à 25 degrés Sud et 101 degrés Est, a capté deux signaux distincts ayant la même fréquence de 37,5 kilohertz que ceux provenant d’une boîte noire d’ avion. On les a observés à la surface de l’océan à environ 90 kilomètres du Haixun 01. Les autorités australiennes ont alors déclaré qu’il n’y avait aucune confirmation que les signaux ou objets blancs étaient ceux de l’avion manquant ». Ci-dessous les deux Il-76 chinois dépêchés et stationnés à Bullsbrook, à 35 km de Perth :

Pourquoi donc la Chine, qui a orienté les recherches vers le sud avec sa « détection » d’échos sous-marins, n’a-t-elle pas à ce moment-là proposé cet engin  (ici à droite), aperçu fin septembre 2017 lors de manœuvres conjointes avec les russes ?  Un mini sous-marin de sauvetage, porté par une corvette de  Classe Dalao (Type 926) et appelée Changdao.  En fait un sous-marin d’origine anglaise:  le LR7, fabriqué par Perry Slingsby Systems et entré en service dès 2010.  Vous allez me dire certes, mais il est inadapté, c’est pour sauver des hommes restés coincés dans un sous-marin.  Mais on peut supposer qu’il est lui-même toujours précédé de rovers… chinois.  Des engins copiés, sur celui-ci, par exemple, rendu aux américains qui l’avaient perdu en face de Subic Bay dans les Philippines !  Nul doute qu’il ait été décortiqué avant !!  Les américains ayant clamé auparavant que c’était un canot sorti le 15 décembre 2016, d’une frégate ASR-510, de type Dalang III qui l’avait subtilisé !!!  Une frégate… de sauvetage (1).  La Chine, dont beaucoup de ressortissants figurent parmi les victimes, a-t-elle pleinement joué le jeu des recherches, ou non ? Mais alors pourquoi avoir laissé cette impression de manque d’allant, elle aussi ?

De vieux bateaux, un vieux tonneau et une ancre… maigre bilan !

Selon les officiels, ce sont ces fameux « hot spots » qui avaient servi à « réorienter les recherches parties au départ vers le Golfe de Thaïlande (sur la trajectoire de départ de l’avion) vers le sud de l’Océan Indien, à l’Ouest de l’Australie… Ces premières recherches, effectuées par les deux navires jumeaux Fugro Equator et Fugro Discovery, notamment, aidés ensuite par le Fugro Supporter et l’Havila Harmony en renfort (ici à gauche, avec la même « verte que son confrère rouge).  Parmi leurs découvertes, lors de cette première campagne, les navires chercheurs, bien équipés en robots sous-marins dotés de caméras, avaient montré un bateau de pêche en métal (ici à droite, deux en bois, un vieux tonneau d’essence et des vestiges d’épaves comme cette superbe ancre de bateau (ci-dessous plus loin à droite). Tout est dans le rapport de recherches final.  Leur bilan est bien maigre !  On a ratissé des milliers de km2 pour ne trouver que cela ?

Une première recherche orientée par de faux signaux sous-marins

Ce reportage de Sky News insiste sur ce qui avait déclenché la ruée des navires, des avions (et même des sous-marins militaires) vers le sud : un signal sous-marin émis et détecté sur la fréquence des boîtes noires (on indique 37,5 khz).  Celui donc perçu en premier par les chinois…  Avant d’envoyer les bateaux déjà cités, d’autres avaient été dépêchés sur la zone, tels l’HMS Echo de la Royal Navy, ou l’énorme navire de 105 mètres de long et 8500 tonnes de déplacement dépêché par les australiens, l’Ocean Shield, (ici sous ses anciennes couleurs) celui qui aurait à nouveau « pingé » les signaux du fond de l’océan grâce à ses équipements spéciaux.  « Un signal compatible avec les transmissions de l’enregistreur de vol à boîte noire et de l’enregistreur de voix du vol de Malaysian Airlines manquant a été capté pendant plus de deux heures dans l’océan Indien, selon le responsable du centre de coordination des agences australiennes.  Angus Houston, le chef du centre de coordination de l’agence australienne, a annoncé lundi que le navire de défense australien avait détecté deux signaux distincts dans le partie nord de la zone de recherche ».  Le 6 avril, la détection avait provoqué un énorme espoir, le 8 il était vite douché :  on ne recevait plus rien, déjà.  Mais tout le monde avait été attiré vers cet endroit !  Etait-ce bien les boîtes noires, ou… un sous-marin militaire discret venu jouer les trouble-fête pour éloigner les recherches loin de l’endroit où l’avion avait disparu ?  Ne s’était-on pas trop vite précipité ???

« La première détection a duré deux heures et 20 minutes et la seconde 13 minutes.  Le navire continue à surveiller la zone pour déplacer le signal.  « Aujourd’hui, je peux rapporter des informations très encourageantes qui se sont déroulées au cours des 24 dernières heures. Le localisateur de pings remorqués est déployé à partir du navire australien Ocean Shield qui a détecté des signaux « , avait déclaré Angus Houston.  Les deux engins utilisés étant le petit « Phoenix » l’hydrophone hyper-sensible tracté, « Pinger Locator ») pouvant descendre à 6000 m, et le Blue Fin 21, un radar à balayage latéral, porté par une sorte de torpille autonome jaune avec l’arrière bleu (d’où son nom).  Deux engins de l’armée américaine, en fait.  Avec l’annonce des sons émis, tout le dispositif de recherche parti au départ bien au sud allait remonter sensiblement :

On bougeait alors tout l’armada : neuf avions militaires, trois civils et quatorze bateaux, qui se voyaient priés d’aller fouiner ailleurs !  Celui qui avait baptisé la détection comme crédible, c’est Chris McLaughlin, de la compagnie de satellite Inmarsat, venu devant les caméras expliquer que les « pings » avaient « coïncidé  avec la dernière transmission de l’avion effectuée à 0h19 GMT « ...  des « pings » différents de ceux envoyés automatiquement par les réacteurs Rolls-Royce, société qui ne veut toujours pas communiquer comment elle les a reçus !  Pour appuyer sur le champignon, l’ineffable ministre de la défense malaisienne Hishammuddin Hussein, avait alors affirmé avec candeur ou irresponsabilité la plus totale que « j’ai toujours dit aux familles que les miracles pouvaient arriver »….

Round Two en 2018

Etonnamment, donc, quand on claironne une fois la fin des premiers recherches avérées négatives que l’on va remettre ça… au même endroit, ou pas très loin, en tout cas vers ce qui a déjà orienté des recherches qui ont échoué !  Très vite aussi on fait courir le bruit que les recherches dirigées par une entreprise privée américaine, appelée Ocean Infinity, dotée d’un « fantastical ship », le Seabed Constructor, ne se rémunéreront pour ce contrat précis que si l’avion disparu est découvert.  Etrange deal appelé « no cure, no fie” en anglos-saxon. « L’accord conclu entre Ocean Infinty et la Malaisie est des plus atypiques.  La société américaine ne sera payée qu’en cas de succès des opérations » nous dit le site MSN France. « C’est-à-dire seulement si la carcasse de l’avion est retrouvée ».  Un bateau de ce genre coûtant 100 000 dollars par jour pour le déplacer, selon son propre armateur, on se dit que quelque chose cloche, ou que l’on n’a pas bien tout compris dans cet étrange contrat effectivement signé avec les autorités malaisiennes (il a été signé le 10 janvier 2018).  Bien entendu, pour donner du poids à cette initiative du gouvernement malaisien, on vient saluer la recrue sélectionnée  : « c‘est une organisation très impressionnante. Ils ont un équipement formidable», a ainsi commenté David Griffin, un scientifique qui a dirigé un projet de modélisation de dérive pour le bureau de recherche australien ».« Les huit sous-marins regorgent de hautes technologies. Ils embarquent des caméras haute définition, différents écho-sondeurs qui permettent de générer des images 3D des fonds sous-marins, des magnétomètres qui détectent des objets métalliques et de nombreux sonars. Les batteries de ces sous-marins peuvent les maintenir dans l’eau pendant près de deux jours et demi ». C’est le même Griffin qui n’avait pas arrêté de dire de retourner... faire des recherches, en indiquant même où aller chercher à nouveau !!!  Il s’était même avancé à prédire de façon bien présomptueuse l’endroit exact où trouver l’épave, situé très au sud, selon lui, au 35,6 S et 92,8 E, c’est à dire à 1500 km de la latitude des terres australes françaises !  Vers le sud toute, cette fois !!!

Au final, quand s’arrête la deuxième campagne de recherche, l’impression qui prédomine, après son échec patent (mais attendu) est que le fringuant bateau rouge a été convoqué pour faire des ronds dans l’eau, déployer ses merveilles de technologie  (le plus loin possible), avant tout pour faire taire les familles éplorées, en sachant dès le départ qu’il ne trouverait rien (ce qu’on lui avait très certainement annoncé avant même qu’il ne débute !).  Comment comprendre alors son contrat de rémunération lié à la seule découverte de l’épave du B-777 tant recherchée ?  Par un paiement en sous-main, sans doute, par exemple celle d’un premier ministre aux abois dans l’opinion, qui reposait lui-même sur un matelas d’or.  Avec 4,5 milliards de détournés, le paiement des chercheurs d’or ne représente qu’un petit pourboire pour sa fortune personnelle !  Si en prime ils avaient découvert un vieux galion plein de pièces d’or, au passage, c’eût été une prime, la cerise sur le gâteau pour l’armateur du Seabed Constructor, avant tout chercheur d’or et accessoirement d’épaves !!!

Arrivé les mains pleines ?

Le contrat signé, le Seabed Constructor, très affairé jusqu’ici, s’était rendu en effet disponible et gratuitement, même, semble-t-il, selon ce qui a été abondamment dit et disséminé partout. Le premier ministre malaisien, corrompu jusqu’à la moelle comme on l’a vu (la somme qu’il a détournée avoisinerait les 4,5 milliards de dollars !!!), se devait en effet de faire quelque chose après l’abandon des premières recherches et la fureur déclenchée chez les proches des victimes, ou sous la pression de Pékin qui comptait beaucoup de ressortissants parmi ces mêmes victimes (lui-même pourtant ne semblant pas y mis toute l’énergie qu’on aurait pu lui supposer).  En annonçant de coûteuses nouvelles investigations, il se serait mis à dos une partie de son propre électorat mais également la Chine, qui avait déjà participé aux frais de la première campagne et avec qui tout est toujours délicat à négocier, disons.  D’où l’annonce de ces recherches qui ne seraient réglées « qu’en cas de succès » ce qui avait étonné tout le monde, à vrai dire.  Un monde qui avait déjà oublié d’où il venait pour recommencer à ce tarif imbattable pour le client demandeur, et chercher une nouvelle fois l’épave du MH370 toujours introuvable après une première et longue campagne d’observation des fonds marins.  Car le « bateau fantastique » serait en fait entré déjà millionnaire dans l’Ocaén Indien, de l’argent  plein les poches, ou plutôt remplies de lingots d’or, et pas n’importe lesquels, et cela il faut que je vous l’explique en effet.  On ne s’en était pas aperçu tout de suite de ce qu’il faisait ou de ce qu’il était allé faire là-bas, dans l’Atlantique Nord juste avant son expédition dans des eaux plus chaudes.  Pas un journaliste n’a fait le lien lors de son arrivée dans l’Océan Indien, et il y a de quoi aujourd’hui s’en étonner en effet.  Pourtant, en début d’année, la justice islandaise (on est loin de l’Océan Indien) avait en effet rappelé son commandant pour qu’il explique la présence de son bateau a un endroit précis de la côte islandaise.  Le bateau avait en effet été poursuivi et arrêté par le Coast Guard islandais Þór, (vu ici à droite en train de le suivre, une belle bête lui aussi, « navire amiral de la Garde-côtes d’Islande depuis son armement le ). « Selon Iceland Monitor, l’équipage a donné des «explications vagues et différentes» lorsque les garde-côtes lui ont demandé pourquoi ils étaient là. Georg Lárusson, directeur de la Garde côtière islandaise, a déclaré au site qu’il n’avait pas de permis de recherche dans les eaux islandaises.  Il a déclaré: «Les premières réponses que nous avons eues étaient qu’elles regardaient une« cible intéressante » de la Seconde Guerre mondiale, mais qu’elles ne pouvaient pas en expliquer davantage.»  A ce moment-là, le Seabed Constructor s’était déclaré comme travaillant pour la firme anglaise Advanced Marine Services.

L’or d’Hitler qui fait tant fantasmer

C’est l’autre surprise de cette seconde enquête en effet.  Le 23 juillet 2014, en effet, le Daily Mail révèle que les marins et les plongeurs brièvement arrêtés d’Advanced Marine Services étaient en effet sur les côtes islandaises pour un travail très précis :  plonger au-dessus de l’épave du SS Minden (en photo ici à droite c’est le SS Porta, son sistership), que le Seabed Constuctor avait retrouvé.  Un bateau bien ordinaire, que ce Minden, construit en 1921 et faisant 109 mètres de long, appartenant à Norddeutscher Lloyd, et qui était au fond de l’eau depuis le le 24 septembre 1939, car il avait été coulé délibérément par les allemands à l’approche de deux navires de la Royal Navy, l’HMS Calypso et le HMS Dunedin, qui avaient ensuite participé au sauvetage des marins ennemis. L’engin avait été découvert récemment par 2 240 mètres sur les fonds marins, à 120 milles au sud-est de l’Islande.  Et Advanced Marine Services Limited (AMS) avait commencé à plonger en avril dernier, en louant dès le 9 avril, le Seabed Constructor pour le faire. Ses plongeurs étaient sur le point de percer la coque du navire, contenant surtout du caoutchouc  (de l’« industrial resin » pour la presse), pour en extraire un coffre, mais sans avoir demandé l’autorisation officielle aux autorités islandaises.  Percer ou éventrer carrément le navire, peut avoir des conséquences, comme on va s’en apercevoir des mois après :  c’est l’autre surprise étonnante (décidément, c’est plein de rebondissements).  Selon la presse à gros titres anglais, le navire, s’il avait été prestement envoyé par le fond dès l’arrivée des navires anglais, c’est qu’il contenait un trésor, des lingots d’or destinés à l’Allemagne hitlérienne.  Ce que l’on a pas davantage prouvé à ce jour, mais il est vrai que le navire visitait aussi l’Argentine, où il y avait déjà une forte communauté allemande, comportant de riches industriels, notamment à Bariloche, bien avant le début de la guerre, aurait pu fournir ce trésor de guerre véritable.  Le Seabed Constuctor avait-il remonté le gros lot ? Aujourd’hui encore on est dans le flou le plus complet.  En fait, la presse à scandale avait d’autant plus sauté sur l’occasion qu’un mois à peine auparavant avait été découvert à Beccar, dans un faubourg de Buenos Aires, toute une collection d’objets nazis.  En Argentine, le führer a toujours eu ses admirateurs, et des nazis y ont longtemps vécu sans être inquiétés, on le sait, tel l’ancien SS Priebke; responsable du massacre des Fosses ardéatines et mort (libre !) le à Rome.

Le Minden, lorsqu’il a été coulé, revenait en fait du Brésil, qu’il avait quitté le 6 septembre 1939, affrété par Banco Germanico, un comptoir de sa société mère, la Dresdner Bank.  Ce n’est pas le seul a avoir été coulé à proximité de l’Islande, comme on peut le voir ci-dessus, mais son cas est plus  intriguant. Son affrètement en lui-même, laissant augurer d’un chargement bien particulier. Les nazis étant bel et bien fascinés par l’or, on le sait.  En fait, ce sont des passagers particuliers qui avaient attiré l’attention des historiens au sujet du navire coulé : selon l’auteur de « La guerre des plages », Þór Whitehead (ici à droite), le 6 septembre 1939 l’ambassade d’Allemagne à Rio avait reçu l’ordre de faire partir au plus vite le navire,  en « l’approvisionnant de 1 052 tonnes de réserves de charbon et de 50 tonnes de carburant diesel.  Peu avant le départ, deux hommes venant de chez Stolze and Co. et un employé de Banco Germanico étaient montés à bord, souhaitant naviguer sur le cargo en tant que simples passagers pour rejoindre l’Allemagne. » Fait particulier :  tout l’équipage à bord était chinois (autrement dit ne pouvait pas comprendre ce qui se disait à bord) !

La Gutta-Percha qui se répand pendant un siècle

Les autorités islandaises avaient suspendu l’autorisation d’AMS d’entrer dans la coque du Minden pour une raison bien établie :  « L’attention est attirée sur le fait que l’autorisation d’exploitation de l’Agence pour l’environnement concerne des facteurs de contamination potentiels, mais pas la valeur que l’on peut trouver dans l’épave.  La licence est demandée pour s’inscrire, et doit préciser ce qui provient du naufrage (quantité et type) et donner les informations à l’organisation », explique le site Web de l’Agence pour l’environnement. « Lorsque le navire de recherche Seabed Constructor a reçu la notification de la Garde côtière que le navire devrait retourner immédiatement au port le dimanche était que l’équipage avait commencé à se déplacer près de l’épave Minden sur le fond de l’océan et était prêt à couper l’épave avec des équipements spéciaux » a-t-on pu lire.  « A l’évidence, le Seabed Constructor cherchait de l’or et de l’argent, qui seraient cachés dans le Minden et son histoire ».  La licence avait été redonnée peu de temps après : « la licence d’exploitation est accordée en vertu de la loi no. 7/1998, sur la prévention sanitaire et la pollution, cf. et règlement no. 785/1999 et valable jusqu’au 1er mai 2018 ».  Que craignaient donc les islandais ?  Un phénomène étrange qui en fait perdure depuis des années sur les côtes françaises, espagnoles, anglaises ou hollandaises :  leurs plages reçoivent en effet régulièrement d’étranges plaques carrés aux bords arrondis faits d’une matière qui a durci depuis, mais qui reste souple.  Elles sont toutes marquées « Tjipetir ».  Voilà qui nous envoie directement un petit village de l’ouest de l’île de Java, spécialisé au début du siècle dernier dans la fabrication de plaques de gutta-percha, un latex d’origine naturelle (on me l’avait enseigné ce nom au collège, et il m’était resté dans la tête par son exotisme, ce produit jouissant d’une imperméabilité absolue, on l’a énormément utilisé pour enrober les câbles sous-marins; mais aussi des balles de golf !).  Depuis des années, on pense qu’elles pouvaient provenir … du Titanic, qui en était rempli, paraît-il.  D’autres arrivées sur les rivages portaient la marque  «  Senawang », qui existait aussi au début du 20 ième siècle dans les plantations de caoutchouc en Asie.

Cette fois, l’éventration du Minden aurait pu provoquer la même chose, avec sa « résine » indéfinie et les autorités islandaises, fort suspicieuses question environnement, n’avaient pas apprécié cette entrée non déclarée dans l’épave, en dehors de l’or qui aurait pu s’y cacher.  D’où l’inquiétude, l’arrestation et… un certain black-out de la presse, à part les infos « sensationnelles » données par ces « Sunday Papers » comme les décrivait si bien Joe Jackon.  Fox News avait abondamment relayé l’affaire en effet.  Les chasses au trésor, ça fait toujours rêver.  L’or des nazis encore plus y semble… surtout le public de Fox News !  Même si là il aurait s’agit plutôt cette fois de gomme de Ficus Elastica, un caoutchouc naturel prisé des allemands et que l’on trouve au Brésil !

Le chien en arrêt (et la proie envolée ?)

Voici donc le Seabed Constuctor entrant en début d’année en vainqueur dans l’Ocean Indien avec une solide réputation de chercheur d’or, ou d’épaves contenant de l’or, et non pas de débris sans valeur marchande mais devenus des enjeux politiques fort convoités.  Il venait de partir de Durban en Afrique du Sud, la semaine précédente, ayant déjà quitté l’Islande. C’est ce comportement qui va nous rappeler que sa fonction nouvelle de chercheur de débris semblait en dissimuler une fondamentale chez lui.  Les chiens de chasse, quand ils trouvent une cible potentielle, se mettent en arrêt pour l’indiquer, quand ils ont été bien dressés, on le sait.  Aussi tout le monde va t-il tiquer en remarquant le « fantastic ship » faire la même chose … puisqu’il arrête soudainement ses recherches, le 31 janvier, en coupant son géolocalisateur (l’AIS Transmitter) par la même occasion, et ce, pendant trois jours d’affilée (80 heures), et ce, sans donner aucune explication.  La presse (ici deux exemples) s’en étonne.  Découverte ou pas en cours, c’était en tout cas une grave erreur… diplomatique, au regard de la demande de transparence des proches de victimes, en plus d’être un manque de tact envers eux : « bien entendu, la (soudaine) disparition du navire avait bouleversé la famille des victimes.  Ceux qui s’apparentent aux passagers à bord du vol manquant ont appelé le gouvernement malaisien et Ocean Infitiy pour expliquer la panne.  Parmi eux, KS Narendran a demandé aux entités une plus grande transparence sur la disparition temporaire du navire. «J’ai trouvé le développement assez étrange et inquiétant», a-t-il déclaré. «Si ce silence et le fait de se rendre invisible étaient intentionnels, pour éviter les soupçons, une explication satisfaisante est due.  Si c’était pour d’autres raisons, dans l’intérêt de la transparence, nous devrions savoir ce qui en est la cause.  «Il n’y aurait pas de journalistes et pas de membres de la famille à bord du navire de recherche.  J’espère qu’il y en avait… Nous surveillons de bonne foi.  J’espère que la divulgation officielle en cours est d’une telle importance qu’il y a peu de place à la spéculation, à la controverse ou à un soupçon de complot ».  Pour la énième fois, le gouvernement malaisien se mettait en défaut, à croire soit qu’il était masochiste, soit qu’il vivait l’affaire dans l’improvisation la plus totale depuis le début (ça sent l’amateurisme partout depuis le début de l’affaire !). Et prolonger ainsi la plus grande confusion, entretenue et sans véritable fin n’est pas pour améliorer la situation.  Pour ajouter aux critiques, l’intervention plus que maladroite du ministre des transports Datuk Seri Liow Tiong Lai (ici à gauche) ajoutait en effet du feu aux braises en venant dire devant les caméras que le capitaine du navire avait bien selon lui le « droit de couper son transpondeur », selon le journal The Star... Une déclaration étrange provenant de celui qui est alors aussi le président de la Malaysian Chinese Association (MCA), nommé justement après la catastrophe !!!  Le même ayant déclaré auparavant qu’il y avait 85% de chances de le retrouver lors de cette deuxième campagne !  Sa déclaration fort maladroite avait été automatiquement reçue comme un droit à dissimuler certaines choses !!!  Quel deal avait-il été conclu entre les autorités et l’entreprise chercheuse autorisant ce genre d’écart à la conduite acceptée au départ ?  Un arrêt intempestif du navire qui ravivait l’idée d’un navire fureteur de trésors, qui serait allé faire un petit détour au-dessus de l’épave de ce que l’on croit être le S.V. Inca, un très beau schooner (à voiles donc, construit en bois) construit au Pérou qui avait disparu en 1911, en route vers Sydney. Confirmant aussi par la même occasion que son trajet était très proche de la précédent recherche, puisque l’épave avait déjà été repérée par Le Havila Harmony, gisant à une profondeur de 3,7 kilomètres (12 100 pieds), une découverte de janvier 2016.  L’autre navire trouvé déjà en 2015 étant le West Ridge, en fer celui-là, malgré ses trois mâts, qui avait disparu avec les 28 membres d’équipage alors qu’il était parti d’Angleterre vers l’Inde.  Faisant entre 1 000 et 1 500 tonnes, il a été retrouvé presque intact, en position verticale, au fond de la mer, à environ 4 km de profondeur.  Sa photo présentée en couleurs dorées avait ravivé les spéculations de trésor potentiel (encore de la manipulation, visuelle cette fois).  Un autre navire, découvert le 19 mai 2015, aurait pu être le W Gordon ou bien le Magdala, le premier ayant disparu en 1877 avec 10 personnes à bord, le Magdala en 1882, parti du Pays de Galles, pays du charbon, pour l’Indonésie.  Celui-là, pas de trésor à bord, c’est sûr : les robots avaient prélevé justement un bout de charbon de l’épave qui provenait de là-bas.  Selon les observateurs, c’est l’explosion de sa chaudière… à charbon qui l’avait envoyé au fond de l’eau :  un accident fréquent à l’époque !  Au final, le Seabed Constuctor fait chou blanc, et la seconde campagne s’arrête donc le 29 mai dernier (2018), avec toujours pas de carcasse d’avion de découverte. Voici notre « super-bateau » au chômage, donc.  Et pas payé, du moins officiellement !  Ou payé pour faire croire pendant des mois que c’était bien de ce côté-là qu’il fallait chercher, le temps qu’on fasse autre chose ailleurs ???

Pendant ce temps, le Fugro ….

Les chercheurs d’épaves ne tombent pas sur des lingots d’or à chaque fois.  Mais les budgets des musées ou les dons de férus d’histoires, permettent parfois à ses engins coûteux en fonctionnement de trouver de quoi fonctionner. Après la vaine recherche du Boeing 777, le Fugro Equator ne reste pas à ne rien faire.  C’est lui qui va participer à une découverte importante pour l’archéologie marine… mais dans un secteur bien particulier, celui de la première guerre mondiale.  Epoque où déjà les sous-marins ont joué un rôle important.  C’est ainsi que le 14 septembre 1914, le sous-marin australien AE1 (construit en Angleterre), un engin de 55 m de long, le premier jamais  possédé par la Navy australienne (ici à droite), et le destroyer HMAS Parramatta (D55) quittent ensemble la base de Blanche Bay près de Rabaul, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pour une patrouille ordinaire au large de Cape Gazelle, à la pointe est d’East New Britain, en Nouvelle-Zélande.  Leur objectif:  les allemands installés en Nouvelle-Guinée.

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Le second, qui a perdu de vue dans un brouillard dense l’AE1, va en fait rentrer seul au port :  le sous-marin ne réapparaîtra jamais.  Parmi les 35 victimes alors supposées figure le néo-zélandais John Reardon, qui est le premier habitant du pays à mourir pendant la guerre : d’où l’importance de la disparition aux yeux des néo-zélandais. Une première campagne de recherche de son épave n’aura lieu qu’en 2003.  D’autres suivront, toutes infructueuses, malgré un espoir de détection en 2007  (par le sonar de l’HMAS Benalla (???)) et une confusion en 2011 avec un mini sous-marin japonais de la WWII.  En septembre 2017 une équipe d’archéologues marins et d’historiens navals de l’organisation  « Find AE1 Limited« , financée par le gouvernement australien et la Fondation Silentworld, soutenue par l’Institut sous-marin d’Australie et le Musée maritime national australien, ont réuni assez de fonds pour tenter une nouvelle expédition, la treizième, et ils repartent en campagne à bord du très équipé MV Fugro Equator. Trois mois plus tard ils sondent à nouveau le secteur des îles du duc de York. Le sonar à balayage latéral du drone largable et autonome (le Hugin 3000 AUV du Fugro, ici à gauche), amené à 40 mètres au dessus des fonds,  finit par découvrir l’épave tant recherchée le 21 décembre 2017 (et intacte, ici à droite) gisant à 300 m de profondeur au large des îles du Duc d’York.  Il aurait été victime d’un accident de plongée et non d’un combat.  Tombé lourdement au fond par l’avant, avec une telle force que son kiosque s’était séparé.  Il aura fallu 103 ans pour le retrouver !!!  En somme, en trois mois de recherches, un engin faisant 50 mètres de long et dépourvu par définition d’une envergure de Boeing, si reconnaissable, a été découvert par un seul drone radar, déjà utilisé dans la première campagne de la recherche de l’avion…

De sérieux doutes sur la seconde campagne d’Ocean Infinity

Pendant cette seconde campagne inutile, des doutes sont apparus comme exprimés ici par LePoint le 14 mars 2018 : «  nul doute qu’Ocean Infinity progresse rapidement. Cependant, si bon nombre de personnes ont repris espoir depuis le début de l’opération, certains doutent de son honnêteté.  Selon plusieurs observateurs, Ocean Infinity ne chercherait pas uniquement le Boeing. D’après le Time et Sky News, le principal actionnaire de la société, un riche homme d’affaires dénommé Anthony Clake, « a investi dans plusieurs sociétés de récupération d’épaves et en a déjà trouvé onze et un butin de pièces d’argent ». Autre information, Ocean Infinity est associée avec l’entreprise spécialisée en récupération de trésors Deep Ocean Search (DOS). En 2016, DOS s’était fait remarquer en repêchant 100 tonnes de pièces d’argent dans le City of Cairo (ici à gauche), un bateau à vapeur britannique coulé en 1942 par une torpille allemande et enfoui à 5 150 mètres de profondeur. Le butin était estimé à 47 millions d’euros. » Torpillé par un sous-marin allemand le 6 novembre 1942, le «City of Cairo» et les 236 personnes à son bord avaient sombré dans l’océan, avec 7422 tonnes de marchandises qu’il transportait depuis l’Inde vers l’Angleterre ». Deep Ocean Search avait alors utilisé le SV John Lethbridge, pour une remontée d’or devenant recordman du monde avec plus de 5000 mètres. « Parmi ces marchandises : 2182 coffres remplis de 100 tonnes de pièces d’argent. Autant dire que les chasseurs de trésors de tout poil se sont cassé les dents de nombreuses années pour mettre la main sur l’épave du navire, propriété de la couronne britannique.  Mais c’est finalement en septembre 2013, après deux ans de recherche, qu’une équipe de Français de la Deep Ocean Search (DOS), société spécialisée dans ce type d’exploration, a décroché le gros lot.  «Ces recherches ont été difficiles avec des profondeurs excédant 5 000 mètres, le temps agité, les vagues et les courants très forts dans cette zone», explique aujourd’hui la DOS.  L’épave a été retrouvée à 5 150 mètres de profondeur exactement, ce qui constitue en soi un défi.  Puis il a fallu remonter l’argent à la surface… »  Deep Ocean Search s’était aussi illustré auparavant en effectuant les recherches sur le crash du vol MS804, en remontant les boîtes noires de l’avion de la compagnie EgyptAir, le Cockpit Voice Recorder (CVR) le 6 juin 2016 et le Flight Data Recorder le lendemain alors, fait surprenant, qu’elle n’avait pas été autorisée à le faire !!!  Un accident resté polémique, partagé entre la théorie d’un incident dans l’armoire technique puis un envahissement de fumées du cockpit, et celle de traces de TNT découvertes sur les corps de passagers selon les égyptiens seuls. Les enquêteurs français avaient démenti cette seconde thèse.  12 français sont morts dans la catastrophe.  Lors de l’enquête, avait été rappelé le cas du très violent incendie survenu dans le cockpit du Boeing Boeing 777-266ER, immatriculé SU-GBP d’EgyptAir (vol MS667), heureusement alors au sol, parqué sur l’aéroport du Caire dans la zone F7 du Terminal 3, le 29 juillet 2011.  Sa bouteille d’oxygène qui alimente le masque du co-pilote, située côté droit, mal reliée électriquement  à l’avion, avait alimenté le feu, provoquant un incendie catastrophique en moins de trois minutes qui avait totalement détruit le tableau de bord et la console centrale de l’appareil. Cette piste a pourtant été évoquée dans le cas du vol M370 (1).

Autre recherche… dans un autre océan

Il ne va pas rester longtemps ainsi et vite se retrouver une autre mission appelée à la rescousse… en Argentine.  Décidément. L’annonce a eu lieu cet été, le 17 août, par l’agence de presse AP qui a fait dans le sobre, allez donc savoir pourquoi.  Le Mirror, en Angleterre, un de ces fameux « Sunday Papers »  (allez on réécoute !) ayant suggéré l’usage d’un autre type de recherche… ridicule (et les russes ayant sauté sur l’occasion pour bien se faire voir, les américains ayant montré leur Poseidon et envoyé un chambre de sauvetage, au cas où (ici à droite, elle sert en ce cas à déposer les plongeurs au fond).  Sur place on avait noté le déploiement du Skandi Patagoniaengin de 83,4 m de long, déplaçant 3722 tonnes, présenté comme le porteur de la chambre de sauvetage apportée par les américains, un « off-shore supply ship »  norvégien (son port attache est Bergen !), sur le modèle de notre « fantastic ship » . En fait de recherche « gratuite », le gouvernement argentin, aussi aux abois que le malaisien, avec ses sous-marins vieillissants et mal entrevus, avait offert dès le 15 février 4 millions de dollars (98 millions de pesos) si on pouvait apporter des indications sur l’ARA San Juan.  Cette fois, c’est 7,5 millions d’offert si l’épave était retrouvée , mais par contrat :  les argentins étant aussi incohérents que les malaisiens !!!  Il faut attendre le 16 août pour qu’on sache à qui a été faite l’offre :  à Ocean Infinity bien entendu ! Et pourquoi donc encore elle ?  Car derrière, il y a là un autre trésor à trouver, peut-être bien (le premier pactole étant joué d’avance, puisque la zone de recherche a déjà été délimitée précisément  par les sons émis par l’implosion) !  Noter qu’un étonnant tableau découvert par un internaute curieux a exposé les offres de recherches faites par les compagnies spécialisées au gouvernement argentin. Elles s’échelonnent entre 2,25 millions pour la plus basse (celle de Falcon High Tech, USA) à 21,38 millions pour les argentins de Cia, Sud Americana de Dragados, SA, l’offre américaine sélectionnée étant médiane.  L’auteur du texte d’un forum belge avait ajouté ceci : « quatre entreprises semblent intéressées pour se lancer dans la recherche du sous-marin perdu, ce sont : SEA-Sistemas Electrónicos Acuáticos (la firme du vénézuélien), Odyssey Marine Exploration (USA), Nauticos Corp (USA) et Phoenix International (USA).  Il y avait une cinquième société intéressée, Ocean Infinity. Cependant, ils ont commenté que bien qu’il y ait eu des sondages avec la Défense argentine, ils ont abandonné le projet parce qu’ils ont décidé de se concentrer uniquement sur la recherche de l’avion de la Malaysia Airlines qui a disparu dans l’Océan Indien avec 227 passagers à bord. Voilà, ‘Ocean Infinity’ est engagé depuis le 22 janvier dans la recherche du vol MH370 de la Malaysia Airlines dans l’Océan Indien. Le problème c’est que ça fait plus de 3 mois qu’il cherchent, ils ont scanné plus de 80 000 km² de fond marin mais ils n’ont toujours rien trouvé !  Alors, on peu quand même se poser des questions, comment cette entreprise (dont le but principal est de gagner de l’argent, et beaucoup si possible) peut-elle continuer de chercher l’avion dans l’Océan Indien alors qu’en un peu plus de 3 mois de recherche ils ont probablement déjà dépensé plusieurs dizaines de millions de dollars (pour l’utilisation de 8 drones sous-marin, de 6 drones de surface, d’un bateau-mer de 120m + l’équipage et les équipes d’experts qui se relèvent par rotation) et que comme ils n’ont toujours rien trouvé, ils ne recevront pas un copec en retour !! »…

Un sous marin à trouver, ou un autre trésor ?
Le 7 septembre dernier voici donc notre chercheur de trésors retenu déjà sur place, quittant le port de Comodoro Rivadavia pour rejoindre sa zone de recherche .  Le sous marin, parti de Patagonie (d’Ushuaia) a éclaté sur le rebord du plateau continental argentin, vers le golfe de Puerto Madryn, au fond du Golfo Nuevo, à une profondeur respectable (on n’est pas dans le cas de fosses marines de plus de 4000 m).  Enfin, pas dans les abysses, mais à 1 000 mètres quand même environ : c’est comme on l’a dit son implosion qui a été détectée à distance et qui a permis de le localiser par triangulation d’axes d’émissions (un peu comme la géolocalisation téléphonique). Graphiquement, cela se situe dans le rectangle rouge situé vers le 59,30 Ouest et le 45-46’30 Sud (ici à droite).  Un bloggeur suit sur Twitter ses déplacements au jour le jour, nous donne sa position exacte, grâce à sa fameuse balise transmettrice.  Au 10 septembre, Ocean Infinity avait déjà mis à l’eau trois de ses petits sous-marins chercheurs sur huit.  Logiquement, la découverte ne devrait plus tarder.  D’ailleurs, le 12 le navire de recherche signalait avoir déjà détecté « quelque chose » ‘remarquez, nous sommes aujourd’hui début novembre et ça n’a pas l’air d’avoir été probant…

Mais ce nouveau challenge du « fantastic ship » pourrait très bien dissimuler une toute autre recherche. Celle d’un événement dont je vous avais parlé en… 2009.  Celui d’un mystère… en Patagonie.

Un remorqueur de lingots ?

 

Un petit remorqueur, le Polar Mist, tombé en panne le 24 septembre 2009 au large de l’Argentine sud et pris en remorque par un navire chilien venu à son secours avait fini par couler par un mer démontée.  La nouvelle avait fait la une des journaux, car la petite taille du bateau dissimulait une valeur bien plus grande à l’intérieur :  il était rempli de lingots d’or et la mise en remorque par des chiliens ressemblait presqu’à un kidnapping ! Ce qui avait aussitôt attiré du monde : était aussitôt apparu dans la mise en scène pour retrouver le petit remorqueur, l’inévitable Skandi Patagonia, encore lui en effet, mais après une valse hésitation, dont celle d’Odyssey qui avait été vu en train de pointer son museau, c’est le C-Sailor, un bateau « Offshore Supply Ship » encore un de 2 705 tonnes et 70 mètres de long, battant pavillon brésilien, qui avait réussi à remonter les lingots. Il avait découvert le remorqueur le 23 juin précédent. La remontée avait fait l’objet de tout un pataquès, les premiers plongeurs arrivés amenés par le Skandi Patagonia, sous la direction des travaux de sauvetage des anglais de British Ince & Co ayant menacé de ne pas remonter l’or s’ils n’étaient pas augmentés immédiatement, ce que la Lloyd’s, à qui appartenait le navire et qui en assurait le chargement, avait hésité à faire… en un premier temps, pour se tourner juste après vers la firme hollandaise Mammoet, celle qui avait relevé le Koursk (en le découpant), qui avait alors sélectionné le C-Sailor pour effectuer le travail.  En réalité on avait assisté à un bel imbroglio, le chargement d’or appartenant à plusieurs propriétaires:  deux d’entre  eux, les sociétés minières Cerro Vanguardia et Tritton, avaient trouvé les tarifs des premiers plongeurs contactés trop élevés.  Car sur les 9,5 tonnes, 6,9 appartenaient à Cerro Vanguardia, une mine détenue par Anglo Gold Afrique du Sud (à 92,5 pour cent) et à la chilienne Fomicruz (pour 7,5 pour cent), tandis que le reste appartenait à la société minière Triton Argentina, une filiale de Canadian Pan American Silver. Bref, une belle cacophonie en perspective.  La Lloyds étant l’assureur de  Cerro Vanguardia, avec ces 7 tonnes protégées par un contrat de 16,4 millions de dollars en cas de perte, on comprenait son désir de retrouver les sacs d’or rapidement.  D’où son engagement … et ses tergiversations compréhensibles pour remonter l’or perdu.  Le trajet du navire avait été lui-même fort étrange :  parti le 14 janvier de Punta Quilla, en Argentine, le Polar Mist devait s’arrêter à Punta Arenas, un port situé à l’extrémité sud du Chili.  Puis de là il devait se rendre vers le nord et vers Santiago du Chili, les lingots devant ensuite rejoindre… la Suisse, mais par avion !  C’est ainsi que l’on a appris que c’était la pratique habituelle des société minières !  Selon la petite histoire, les plongeurs de la nouvelle équipe arrivée avec le C-Sailor avaient réussi à remonter tous les lingots, sauf un (sur 475 au total), qui était retombé au fond lors de la  remontée.  D’autres transports du même type, méconnus, ont-ils eu lieu depuis ?  Notre chercheur de trésor va-t-il se diriger sur cette zone après avoir découvert (rapidement)  les restes de l’infortuné sous-marin argentin ?

Lors de ce second volet de notre enquête est apparu le cas d’un violent incendie à bord d’un appareil qui s’est écrasé ensuite.  Ce qui nous a remémoré immédiatement celui d’un autre cas similaire, ayant touché un autre gros porteur bien particulier, il y a déjà plusieurs décennies. Demain, nous verrons de quel engin il s’agît, et constaterons également que son cas est véritablement emblématique.  Au point de pouvoir être comparé à celui qui n’a toujours pas trouvé sa solution à cette heure…

(1) lire ici la passionnante analyse de l’événement.  Sa conclusion est sans appel et fait appel à la notion de « navire océanographique », terme qui permet pas mal de choses puisque la célèbre Calypso de Cousteau a mené aussi des opérations militaires discrètes, on s’en doute… Cousteau étant un ancien du contre espionnage ! « Sur le plan du renseignement technologique, la pêche de l’Ocean glider ne devrait pas rapporter grand-chose aux Chinois  puisque, selon la marine américaine, c’est un matériel qui peut être acquis sur étagère, non couvert par une quelconque clause de confidentialité. En outre, les Chinois ne devraient pas avoir de problème pour accéder aux informations collectées sur les eaux explorées par le drone puisque de telles données ne sont pas classifiées (…) Ce n’est pas la première fois que les Chinois tentent de faire obstruction aux missions de relevés hydrographiques de l’USNS Bowditch (ici à droite). Ils savent très bien combien il est important pour la navigation, sous-marine en particulier, de pouvoir collecter des informations sur tous les paramètres des eaux locales et de leurs variabilités : température, salinité, conditions de propagation des ondes, courants sous-marins, etc… »

(2) Sur l’incident du B777 d’Egypt Air :

http://avherald.com/h?article=44078aa7/0000

Extrait du Daily Kos :

« Mise à jour (de Edy): voir ce commentaire par un capitaine B777 (pilote) qui soutient la théorie d’un feu de cockpit et offre plus de détails, et aussi le lien I fournit plus d’information sur le feu de cockpit. OK, maintenant pour une petite conjecture:  Si le feu a eu lieu à 35 000 pieds, sur un avion allant à 524 mph (471 noeuds), il est plausible de supposer que ce serait catastrophique. (Pour le contexte, les plus forts ouragans de catégorie 5  jamais enregistrés ont eu des vents soutenus de ADH « seulement » 215 mph, assez fort pour détruire de nombreux bâtiments qui ne sont pas en béton armé.)

Si un tel feu rapide et dévastateur est survenu à bord cockpit MH370, cela pourrait être en partie cohérent avec les faits connus:
* les communications sont coupées brusquement (les pilotes luttent pour l’éteindre, la vitesse du feu, l’électronique est détruite)
* pas de signaux mayday envoyés (pas de temps avant que le cockpit soit inhabitable à cause de la fumée et du feu, et / ou des instruments détruits),
* le transpondeur qui tombe en panne,
* aucun appel de passagers (trop élevé pour le contact avec un téléphone portable, pas de temps, panique)
* peut-être le « bruit de fond » quand un autre pilote émet un message radio
* le rapport d’un travailleur de la plate-forme pétrolière de voir un objet brûlant haut dans le ciel, qui a brûlé pendant 10-15 secondes,
* Peut-être un changement de cap et / ou de l’altitude (si l’avion a continué à voler pendant un certain temps, même avec l’électronique de cockpit en raison d’un incendie qui a détruit de plus en plus)
* Peut-être l’avion a disparu quand soudain le feu atteint un point critique (par exemple enflammant des réservoirs de carburant, eut-être des réservoirs de cabine ou d’oxygène, ou le nez cône / pare-brise avec et une entrée catastrophique de l’air déchirant l’avion, etc.), et
* Peut-être (quoique moins probable) le feu a-t-il pu atteindre des températures supérieures à 2000F, endommageant ainsi l’enregistreur de données de vol ( « boîte noire »).

Ce pourrait être une coïncidence si cela s’est produit peu après avoir traversé la frontière aérienne entre la Malaisie et le Vietnam.  Si oui, cela pourrait expliquer la confusion, avec les contrôleurs de la circulation aérienne malaisienne, si l’on suppose qu’il était alors en toute sécurité entre les mains des contrôleurs aériens vietnamiens, et les Vietnamiens en supposant qu’il avait tourné le dos à KL alors était encore entre les mains des contrôleurs de Malaisie . C’est juste une conjecture.  Encore une fois, il n’y a aucune preuve de cela, c’est juste une des nombreuses possibilités ».

Le tour photographique sur les fragments découverts. Sauf l’extincteur, bien entendu, qui n’a jamais été cité:

https://www.dailymail.co.uk/news/article-4297982/How-three-year-hunt-yielded-fragments-MH370.html

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

MH370 (2) : le drone de trop


MH370 (4) : l’emblématique vol 295

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L’histoire est là pour nous enseigner plein de choses, on le sait.  Et la constatation est toujours de mise quand on se penche un peu sur une catastrophe aérienne survenue le 28 novembre 1987, il y a donc plus de 30 ans, car pas mal de détails de cet événement sonnent bizarrement quand on les compare à la catastrophe du vol MH370.  Place donc au vol SAA 295… et à son crash véritablement emblématique, en la matière !

L’époque était différente, certes.  La preuve est que l’avion dont je vais parler aujourd’hui était d’un modèle « combi », un type d’avion qui ne se fait pratiquement plus aujourd’hui, présentant une partie passager à l’avant et une partie cargo moins importante, à l’arrière (à gauche le 747 combi de Kim, le PH-BFR de 1994).  La firme en avait acheté 7 entre 1975 et 1981.  « L’approche «combi» (cargaison combinée), comme on l’appelait » nous dit Popular Mechanics ,  » a gagné en popularité entre les compagnies aériennes au cours des années 1960 et 1970, période pendant laquelle les avions s’adaptaient eux-mêmes aux besoins du secteur des transports maritimes.  Un obscur fabricant d’aéronefs nommé Boeing a profité de ce changement pour définir les paramètres de l’avion de ligne à réaction commercial, qui a rapidement eu des répercussions sur le secteur du transport maritime dans son ensemble.  Le Boeing 747 jumbo, par exemple, était particulièrement attrayant en raison de sa taille: il était parfait pour l’expédition de tout un tas de palettes de taille standard (…).  D’après le livre de 2014 « Boeing 747 : A History—Delivering the Dream« , le format combi était devenu si populaire que 40 appareils 747 ont été modifiés pour ajouter une porte de chargement, permettant l’expédition de 12 palettes comme cargaison, en 1977.  Les compagnies aériennes qui utilisaient des avions à réaction combinés ont pu tirer le meilleur des deux mondes des appareils, générant ainsi des revenus provenant de sources multiples en un seul vol ». Ci-dessous, une publicité vantant les deux modes « cargo » d’un 747 chez Boeing :

 

Le plongeon dans la fumée

C’est donc un de ces modèles hybrides, immatriculé ZS-SAS et baptisé Helderberg (il est en effet sud-africain), qui décolle le 27 novembre 1987 de l’aéroport de Taipei Chiang Kai Shek International Airport (à Taïwan donc), direction Johannesburg, via un crochet par l’île Maurice pour un dernier ravitaillement.  Un crochet obligatoire, depuis que l’Afrique du Sud est l’objet de sanctions en raison de sa politique d’Apartheid, des pays (africains) ne voulant pas être survolés (tout comme l’Australie d’ailleurs).  L’avion est bien chargé, mais sans plus. Il a embarqué 140 passagers, 19 personnes d’équipage et emporte dans ses soutes 47 tonnes supplémentaires de chargement, dont 6 palettes pleines en zone cargo (la moitié de sa capacité), « principalement des appareils électroniques comme des ordinateurs » note MP.  A droite ici les PC de l’époque, bien reconnaissables, qui seront remontés à la surface, passablement brûlés. Mais en plein vol, alors que l’avion se dirigeait vers l’île Maurice, en phase déjà de descente pour y atterrir, un terrible incendie se déclare dans la fameuse zone cargo, (dans la palette proche de la cloison passager) et les pilotes n’ont pas le temps de suivre la procédure qui était alors recommandée, faute d’extincteurs efficaces à l’époque :  voler bas, dépressuriser l’avion et ouvrir carrément une ou deux portes pour évacuer la fumée qui envahit la zone passagers, après avoir ralenti à vitesse réduite à 250 nœuds.  Car dans le combi de l’époque, c’est aberrant comme conception, mais les passagers et le fret partagent le même circuit d’air (car le fond était une simple cloison déplaçable) !!!  Le film de la série « Mayday danger dans le ciel – Vol South African Airways 295 » fort didactique, montre très fidèlement  ce qui a dû se passer (d’après ce qu’on a su après).  Alors que la tentative de descente pour ouvrir les portes semblait avoir réussi, c’est le cockpit qui s’était retrouvé rempli de fumée et l’avion s’était écrasé peu de temps après dans l’Océan Indien (la chaleur a monté à 600°C  au moins à l’arrière de l’avion; on le découvrira grâce à une raquette de tennis en carbone retrouvée fondue!), plongeant alors à 4 400 mètres de profondeur au fond de l’océan.  Au-dessus, à la surface, c’est la désolation, des morceaux jonchent la surface et certains corps sont repêchés, dont l’autopsie indique une intoxication phénoménale à l’oxyde de carbone ou encore des poumons remplis de suie. Retrouver les vestiges de l’avion sera difficile.  Il s’est étalé sur plus de 90 km au fond de l’eau.  Les télévisions montrent le lendemain ce qui a été repêché dans la nuit, sur les conseils des avions d’observation Orion P-3 (venus de Diego Garcia !) qui ont sillonné la zone :  c’est de la charpie que l’on aperçoit et rien d’autre.  L’avion est un gigantesque puzzle (ici à gauche la tentative de reconstitution de l’appareil à partir des morceaux retrouvés au fond de l’eau; en-dessous le type de sonar qui permettra la découverte de l’épave, située au 19°10′5″ S et 59°36′57″ E, à 4 400 m de profondeur).  Le bateau porteur du Gemini était le Stena Workhorse, un « offshore supply », toujours la même sorte d’engin, (notez qu’à l’époque le porte-hélicoptère était derrière la cabine, alors qu’aujourd’hui il est placé devant). Le 16 mars 1986, ce navire qui participait aux recherches sur l’explosion de la navette Challenger avait retrouvé ce jour-là une partie de booster, dont le joint défectueux s’avérera crucial pour l’enquête.  Le Stena (repeint ensuite en noir) est alors affrété par la firme américaine Steadfast Oceaneering Inc de Falls Church, et Fort Lauderdale, aux USA.  Outre Challenger, elle a travaillé à la recherche du Boeing du vol KAL 007, de sinistre mémoire lui aussi, abattu le 1er septembre 1983 et sur le Vol 182 Air India, explosé en vol le 23 juin 1985.  Le Swift Rescue, navire indonésien (ci-dessous) qui a participé aux recherches du MH370, lui ressemble beaucoup.  Il a retrouvé lui les débris du vol 8501 d’Indonesia AirAsia, crashé le 8 décembre 2014 suite à une malfonction de l’Airbus A320-216 PK-AXC et une erreur de pilotage (on remontera 106 corps,  56 ne seront pas retrouvés.  La série Mayday, l’expose dans son épisode « Deadly Solution » (1)).

Les découvertes étonnantes de l’enquête sur le crash du 747

La rapidité de la disparition de l’avion, trois minutes après le dernier appel de l’équipage, était jugée d’emblée fort suspecte.  Mais pour en trouver l’origine, il fallait en premier découvrir les débris, et, pourquoi pas, ou à fortiori, les boîtes noires, ce à quoi s’acharnent avec constance les sud-africains, plutôt démunis de moyens de recherche appropriés, dans le domaine, jusqu’au jour où un « sonar sophistiqué » trouve la trace du corps principal de l’appareil (un engin américain, non déterminé).  L’envoi d’un robot appelé Gemini, doté de caméras attaché, à un câble optique de 6 km de long (qu’il a fallu fabriquer, car il n’existait pas à l’époque !) va pouvoir éclaircir enfin les raisons de la catastrophe, pense-t-on.  Le 23 septembre 1988, l’engin plonge pour la première fois et révèle les premières images des débris le 27, un an, jour pour jour, après la catastrophe.  L’avion est en plusieurs morceaux, car il s’est brisé en l’air avant de tomber dans l’océan.

 

L’enregistreur de vol des conversations de cockpit est ensuite retrouvé (celui des paramètres de vol non) et il est remonté (à gauche la pince de Gemini en train de la saisir), mais le responsable sud-africain de l’enquête, Rennie Van Zyl, décide étrangement de l’emporter, dès qu’il est en sa possession, aux US vers le NTSB (il est ici à droite, sa bande enlevée pour l’examen) pour écouter la bande enregistrée qui sera décrite comme presqu’« inaudible ».

Inaudible, ou rendue inaudible, pour qu’on n’entende pas le pilote se plaindre de la nature de son chargement, puisqu’à l’époque c’était monnaie courante en Afrique du Sud ? La question demeure, plus de trente ans après !!  Lors de l’enquête, les enquêteurs sud-africains constateront surtout que chez Boeing on avait été très léger dans les tests incendie pour obtenir la certification, en brûlant une simple botte de tabac (pour fabriquer de la fumée) en zone cargo, au milieu de la soute.  L’avion était mal protégé contre les incendies en soute cargo, tout simplement.  Les pilotes en prime, en respectant à la lettre la check-list de Boeing, n’avaient en fait qu’attisé davantage cet incendie !  Après la catastrophe, tout le système sera revu par Boeing et de nouvelles normes de sécurité édictées.  La catastrophe aura servi au moins à ça.  Mais ce sera aussi le début de la défiance pour les avions de type « combi », à partir de cette date.

 

La piste de l’expert que l’on ne veut toujours pas écouter

L’origine de la catastrophe est donc clairement le grave incendie à l’arrière, en zone cargo.  Un incendie d’une violence inouïe, selon les constatations (à gauche ici une partie de la cloison de fuselage de la section cargo, sur laquelle on peut voir les ravages de l’incendie).  Pour David Klatzow, expert en criminalité, celui du 747, par sa violence, ne pouvait qu’avoir comme origine des armes, ou des composants d’armes.  L’un d’entre eux, surtout, l’a vite intrigué.  Dans sa guerre contre l’Angola, l’Afrique du Sud, c’était connu de beaucoup, faisait transporter « discrètement », via sa compagnie nationale, notamment des munitions au perchlorate d’ammonium, le seul produit capable selon lui de porter à 300°C la « peau » extérieure en métal de l’appareil (pourtant à température  largement négative en altitude :  il fait -50C à 10 000 m).  Les passagers civils qui prenaient l’avion en Afrique du Sud participaient sans le savoir à l’effort de guerre du pays, au détriment de leur propre sécurité !  Le perchlorate servait en effet de propergol composite dans les roquettes produites par l’armurier national Armscor. La société avait montré, avait-il remarqué, une certaine fébrilité après la catastrophe. « D’ailleurs, le matin même du crash, le premier avion à quitter Johannesburg était un vol Safair pour l’Ile Maurice bourré de militaires et de responsables de Armscor, la société d’armement Sud Africaine qui avait ses habitudes a la SAA.  Interrogée des années plus tard, la veuve du commandant de bord Dawie Uys (le pilote du vol 295, ici à droite) rapporte que celui-ci avait souvent peur de réaliser certains vols parce qu’on le forçait à transporter des armes qui pouvaient prendre feu ou exploser à tout moment » écrit le blog  Securite Aerienne.

L’incident révélateur
Au début 1987, un incident révélateur s’était à ce propos produit en Israël, sur l’aéroport Ben Gourion, raconte ici Matt Black  :  « l’avion de South African Airways volait de Johannesburg à Taiwan et continuait ensuite en Israël.  L’avion a effectué le même trajet en sens inverse pour rentrer chez lui.  En arrivant à l’aéroport Ben Gourion, l’avion déchargeait ses passagers et son fret dans un coin tranquille de l’installation avant de retourner à la porte quelques heures plus tard.  À Ben Gourion, il n’y avait pas de tunnels de passagers entre le terminal et l’avion.  Les passagers montaient: direction par les escaliers du tarmac.  À côté de l’avion SAA se trouvait un avion de British Airways qui déchargeait ses passagers. A la pleine vue des regards des passagers de la BA, un bagagiste de SAA a ouvert la porte cargo et la cargaison déjà chargée est tombée.  Sur le tarmac d’un aéroport international, des roquettes propulsées par fusée ont roulé sur le tarmac, à la vue d’un autre Etat souverain et des passagers porteurs de drapeau national.  Grâce à la magie des relations publiques et à l’absence de caméras de téléphone portable, l’incident est resté silencieux.  Jan avait appris l’incident du capitaine de la SAA (ici à droite) qui avait été témoin de l’incident. Tous ces incidents ouvrent beaucoup plus de questions que de réponses.  Pourquoi le gouvernement de l’apartheid transporte-t-il des fournitures militaires dans les avions civils?  Pourquoi cela n’a jamais été communiqué à la fin du rapport et pourquoi ne l’ont-ils pas confessé à la Commission vérité et réconciliation?  Le résultat est que 27 ans après l’incident, les familles des passagers à bord du Hederberg ont dû accepter qu’ils ne sauront jamais ce qui s’est vraiment (mal) passé sur l’Océan Indien… »

Le missile clé

Avec la société Denel, Armscor était devenue la spécialiste des roquettes type BM-21 Grad, montées sur des engins porteurs appelé « Vakiri » ou « Bateleur ».  Le propergol de ses missiles au perchlorate est courant.  Il date de 1936 et a été inventé par le Dr. Theodore von Karman et son associé chez Caltech. Or Deftech, la société malaisienne nationale d’armement, produit par exemple aujourd’hui le DefTech AV8 Gempita, équipé de missiles ZT3 Ingwe anti-tanks sud-africains fabriqués par…. Denel !!!  La petite histoire industrielle veut que ce missile n’est rien d’autre qu’un vol pur et simple de technologie, les sud-africains ayant carrément copié le missile américain TOW, ou plutôt une version expérimentale et inachevée du TOW, pour faire le leur :  la résultante d’un espionnage évident, pour les spécialistes.

L’engin est en service depuis 1987, et l’armée malaisienne en détiendrait 216 exemplaires.  Le monde est plus petit qu’on ne pense parfois !!!  Pour les parents de victimes, le pouvoir en place et même celui qui l’a remplacé dissimule depuis toujours cette triste réalité: en Afrique du Sud, on n’a toujours pas expliqué si oui ou non le 747 en flammes transportait ou non des armes, alors que tout porte à le croire.  Un pays où l’on n’a toujours pas voulu reconnaître, comme origine à un catastrophe d’une telle ampleur, une magouille d’origine militaire.  Alors comment expliquer la Chine, en ce cas précis, comme destination, si nos malaisiens auraient été tentés et auraient été  pris au même jeu dangereux ? Les rapprochements récents entre la Malaisie et Chine (le premier a acheté 4 navires littoraux au second) pourraient expliquer cette forme de transfert de « troisième main » de technologie, les malaisiens ayant ainsi apporté par cette voie des Zingwe sud-africains aux Chinois. Des chinois ayant hérité sous le régime précédent d’un marché malaisien de 22 milliards de dollars, aujourd’hui remis en cause par le successeur de Najib Razak (et ses 4 milliards de détournement à lui tout seul, ce qui pouvait bien valoir un missile en cadeau, en retour (2)).  Des chinois en retard dans le domaine, qui avaient péniblement essayé de copier le TOW américain dans les années 80.  La résultante de ces tripatouillages pouvant être le Red Arrow 9 de Norinco (modèle Hong Jian-9B, le type A datant de 2005), guidé par laser comme le MAPATS (israélien, d’Israel Military Industries) et le ZT3, développement ultime du modèle plutôt raté des années 90.  Un missile ressemblant terriblement au final au… missile Zingwe sud-africain !!! Mais ce ne sont pas les seuls « copieurs » comme on va le voir demain :  d’autres sont entrés dans le jeu, entre-temps.  Et ceux-là sont tous aussi… suspects !!!

La Malaisie aurait-elle été tentée par ces mêmes transports illicites et dangereux ? La Chine y serait-elle impliquée ?  Qui aurait pu être au courant ?  Et comment aurait-on pu, ou voulu, l’en empêcher ?  Le commandant Zaharie aurait-il appris la nature de ces vols illicites ?  Le vol 295 transportait officiellement des ordinateurs de bureau, et certainement aussi des propergols solides de missiles … le vol MH370 transportait officiellement des batteries de téléphone portables et…???

Le mystère demeure à son sujet, comme on vient de le voir dans ces quatre épisodes consécutifs !  Mais cela nous a donné l’idée d’aller fouiner dans les transports d’armes par avions civils, cargos ou non, et ce que l’on a trouvé est plutôt inquiétant. Très inquiétant, même, comme vous allez le voir :  la disparition du MH370 a ouvert en fait une boîte de Pandore immense.  Je vous propose de la décrire dans les prochains épisodes.  Accrochez-vous, ça va durer une paire de semaines, tant il y a, chaque jour, des vols de ce type.  Jusqu’au-dessus de vos têtes, comme vous allez le constater…

 

PS ; au sujet du transport d’armes par des avions civils, il y aurait beaucoup à dire. Ne serait-ce qu’en lisant ici la page d’accueil de la société Tarom, de Chisinau, ancien fief de Viktor Bout et moult fois citée dans ce genre de transport dangereux.  On peut en effet y lire ces recommandations  :

« Conditions de transport pour des armes et des munitions sur les vols TAROM effectues avec propres aeronefs.

Suite aux exigences de l’Union Européenne dans le domaine de la sûreté de l’aviation civile, le transport d’armes et des munitions n’est pas accepté dans la cabine des passagers d’aéronefs RO. Ils ne peuvent être réalisés qu’en bagages en soute ou cargo, dans les conditions suivantes:

  • l’arme est déchargée ;
  • les munitions seront transportées séparément de l’arme, dans une boîte sécurisée ;
  • les armes à feu et les munitions doivent être transportées dans des caisses ou boîtes de fibre de verre, plastique, bois ou emballage dur autorisée, étiquetés en conséquence et verrouillé afin d’être protégé contre les chocs et les mouvements brusques

Catégories d’armes et des munitions autorisées pour le transport:

  • armes et munitions dans un but sportif comme: la chasse, le tir à l’arc, la chasse concurrentielle (tous les types des fusils de chasse, dont des carabines pour safari et fusils sniper);
  • pistolets, armes à billes, fusils à air comprimé et fusils à billes de peinture;
  • reproductions des armes et des armes antiques, comme: pistolets à poudre, mousquets, fusils anciens de plus de 75 ans.

Procédures d’acceptation, conditions de réservation et de transport pour les passagers qui transporte des armes et des munitions:

  • Il est OBLIGATOIRE que les passagers déclarent l’intention de transporter des armes ou des munitions sur les vols effectués par TAROM;
  • Il est OBLIGATOIRE d’introduire dans la section PNR, la mention «transport des armes et/ou des munitions » (le nombre des armes, les nombre des boîtes de munitions) par l’agent émetteur;
  • le montant maximal de munitions qui peuvent être transportés est de 5 kg, n’importe le nombre d’armes détenue par le passager;
  • les armes et les munitions peuvent être transportées que dans des récipients spéciaux, comme bagage indépendant (ils ne doivent pas être placés à l’intérieur d’un autre bagage en soute);
  • Il est OBLIGATOIRE que les passagers qui transportent des bagages avec des armes et/ou des munitions se présentent à l’aéroport pour des formalités au moins 1,5 heure avant l’heure fixée pour le décollage dans le billet.
  • au moment des formalités de l’enregistrement à l’aéroport, pour permettre le transport des armes et/ou des munitions, le passager a l’obligation de présenter la licence ou l’autorisation de port d’arme au personnel de TAROM, dans le cas de vols internationaux et il a l’obligation de prouver l’accomplissement de toutes les formalités légales concernant la sortie du pays et l’entrée dans le pays.

J’ai déjà écrit à propos de ces transports « discrets » , et je vais donc en reparler en reprenant le même article, 8 ans après sa rédaction, car il est toujours d’actualité il semble bien…

(1) à noter que l’avion a disparu entre Djakarta et Bornéo.  Il était parti de Surabaya, à Java; le MH370 de Kuala Lumpur sur une route plus au nord.

(2) une partie de l’argent a servi à des soins de réfection du visage de Rosamh Najak, la femme du premier ministre Najib Razak. Ils ne semblaient pas vraiment avoir fait d’effet. On peut trouver la dame un tantinet dépensière (chez elle on a retrouvé 72 sacs de luxe, Hermès ou Vuitton, bourrés de billets). Le 10 juillet dernier encore, un célèbre bijoutier du Liban a révélé une demande pour récupérer les 14,79 millions de dollars de Rosmah, pour sa livraison de 44 bijoux qui lui avaient été envoyés en février avant d’être saisis par la police en mai.  Plus loin, nous parlerons de leurs amis, à elle et son mari, dont un certain Low Taek Jho, qui a lui-même plein d’amis (et d’amies).  L’argent fait les amis, dans le show-biz, c’est bien connu…

Sources :

Le (superbe) texte de référence : « Vol South African Airways 295 : Maldonne à Pretoria« 

un autre excellente source :

http://g-alyp.blogspot.com/2014/01/south-african-airways-flight-295.html

autre source détaillée

https://en.wikisource.org/wiki/Report_of_the_Board_of_Inquiry_into_the_Helderberg_air_disaster/Part_1

https://ieeexplore.ieee.org/document/794984/

un très non résumé vidéo des recherches

http://g-alyp.blogspot.com/2014/01/south-african-airways-flight-295.html

un très bon document réclalmant une autre enquête

http://www.politicsweb.co.za/news-and-analysis/the-helderberg-disaster-was-this-the-cause-of-the-

Le site de référence :

http://mh370.bookofresearch.com/index.htm

une vidéo intéressante signée Discovery HD :

Sur la catastrophe de Challenger :

https://www.governmentattic.org/docs/NAVSEA-RptSalvageChallenger.pdf

Le reportage de 60 minutes qui a fait tant jaser :

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

MH370 (3) : le navire chercheur d’or

MH370 (5) : livrer discrètement des armes, tout un art… israélien

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Il y a huit ans déjà, j’avais découvert ces transports illicites d’armes bien précises.  C’était lors d’une énorme enquête sur Viktor Bout, incarcéré après une arrestation rocambolesque à Bangkok, piégé paraît-il par des gens du FBI venus se proposer déguisés en acheteur de missiles (anti-tanks ?) destinés aux Farc colombien (1).  Là aussi une histoire invraisemblable, qui a vu la fin d’un transporteur d’armes qui a servi tout le monde, y compris l’ONU, ses avions repeints en blanc servant parfois au retour de transports  humanitaires.  Tout le monde se doutait pourtant de ce qu’il faisait à partir de son fief de Chisinau… en Moldavie (2) !  Lors de cette enquête, j’étais tombé sur une filière bien particulière, menant au final à un missile bien particulier lui aussi…

Le rôle de la famille Diveroli-Botach (3) avait été révélé et l’histoire tellement étonnante (le Pentagone avait signé un contrat d’armement de 300 millions de dollars avec un gamin de 19 ans !) que la question s’est vite posée d’une possible filière israélienne de ventes d’armes illégales, tant le pays en regorge et tant il en produit.  Vérification faite, il s’avère qu’elle existe bien et est même largement encouragée par le gouvernement du pays, qui utilise visiblement des moyens détournés pour vendre ses surplus, en prenant comme VIPs des anciens des services secrets, rompus aux déguisements les plus divers.  Résultat, fin septembre 2010, on dénombrait pas moins de sept agents israéliens en prison pour tentative de vente d’armes illicites.  Etat des lieux des preneurs d’ordre pour les avions de Viktor Bout… (4)

L’armement, tout le monde s’y intéresse, et davantage les pays qui consacrent une grande partie de leur budget à en fabriquer.  Les excédents créés ont tendance chez eux à se retrouver sur des marchés parallèles.  Et, paradoxalement aussi, ceux qui en produisent le plus sont aussi ceux qui en achètent le plus… voyez de qui je veux parler, là, à savoir, par exemple d’Israël, qui n’a pas raté le coche dans ses transferts douteux, ou cette circulation illicite.  Je vous en avait déjà parlé lors du conflit irako-iranien, où Israël et les Etats-Unis se sont entendus pour fournir le plus discrètement possible le grand ennemi du jour, à savoir l’Iran:  Les Etats-Unis en pensant recevoir de l’argent « discret » pour alimenter un autre conflit, en pensant aussi nuire à Saddam Hussein et à se placer comme fournisseurs en armement de l’Iran, ce qu’ils vont aussi s’empresser de faire en fournissant à l’Iran leur grande spécialité, la roquette Grad.  Celle des katiouchas russes que les israéliens ont constamment améliorés depuis 1967, date de leur usage intensif pendant la guerre des six jours (des deux côtés comme ici avec ce modèle russo-égyptien et ici en Syrie).  Ici, photographié à gauche à Bakou lors d’un défilé, un de ces engins. Ces boîtes de bois contenant ces longues roquettes, nous les avions retrouvées lors de l’affaire du Francop, manifestement un montage éhonté des israéliens réalisé avec leurs propres stocks, notamment ces fameuses roquettes destinées à l’Iran et non livrées après 1985.  Les numéros des containers, masqués avec précaution (ici sur le rebord droit de la porte du container) ou les feuilles d’envoi collées au nom d’un ministère n’existant plus (comme ici) révélaient la supercherie :  nous y reviendrons également plus en détail un jour où l’autre, tant les faits étaient probants (5).  Les services secrets israéliens, en masquant informatiquement les numéros des containers, avaient révélé leur traficotage… et leurs manipulations.
Lors du conflit iranien, les israéliens ont fourni leur stock de missiles Hughes Aircraft BGM-81 Tow et Raytheon MIM-23 Hawk, à la demande des USA, et ce sont les avions de Viktor Bout qui ont été affrétés pour ce faire, avec de faux papiers parlant de « chariots élévateurs » dans les caisses.  Les personnes concernées par cet affaire iran-contras furent Michael Ledeen côté USA, l’envoyé de Robert Mac Farlane, et le marchand d’armes iranien Manucher Ghorbanifar côté iranien, avec entre deux Yitzhak Rabin, alors ministre de la défense israélien, l’argent iranien servant à alimenter la lutte anti-guerilla au Nicaragua, via Olivier North et sa base de la Mena dont nous avons déjà parlé et dont nous reparlerons bientôt ailleurs (ce sera ici), alimentant le premier la pompe à versement. Un total de 2008 missiles Tow furent vendus aux iraniens, ainsi que 235 kits de mises à jour pour missiles Hawk. Le saoudien Adnan Khashoggi (longtemps résident de Marbella: il est décédé le 7 juin 2017, un peu avant son 82 eme anniversaire, richissime, c’est son yacht qui avait servi dans le film de James Bond en 1983 Never Say Never Again.  Ses frasques sont rappelées ici . A noter aussi qu’il était l’oncle d’un certain….  Jamal Khashoggi !!! A noter aussi qu’Adnan Khashoggi, en plus d’être l’oncle de Jamal, était aussi le cousin de Dodi Al-Fayed.
Comme appareil, c’est le Boeing 707-351C, numéro de série 18689, de Santa Lucia Airways enregistré J6-SLF (ancien G-WIND de Tradewinds, et ancien American Airlines N7555A), qui avait servi pour ces transferts discrets (6).  Des négociations, on retrouvera ces documents étonnants signés Oliver North : « Comme discuté avec vous hier, j’ai demandé à la CIA, au Département de la Défense et au Département de l’Etat de proposer une assistance pratique que les Israéliens pourraient offrir au Guatemala et au Salvador. » Un autre document de la même année, un fax adressé par Frederic Chapin, ambassadeur US au Guatemala, à Washington, explique qu’à un moment où les USA ne veulent pas apparaître comme fournissant une assistance directe au Guatemala, « nous avons des raisons de penser que nos bons amis les Israéliens s’apprêtent à offrir, ou ont déjà offert, des quantités substantielles d’équipement militaire au gouvernement du Guatemala à des conditions de crédit sur 20 ans ».  Ah, les fameux ambassadeurs US, et leurs liens avec les services secrets…
Dès les années 80, Israël concurrence donc déjà les USA, pourtant, où s’arrange pour dévorer avec lui une part du gigantesque gâteau. « En 1981, Yaacov Meridor, membre du gouvernement israélien chargé de la coordination économique, s’exprima de la façon suivante : « Nous allons dire aux Américains : “Ne nous faites pas concurrence en Afrique du Sud, ne nous faites pas concurrence dans les Caraïbes ou dans tout autre pays où vous ne pouvez pas opérer ouvertement.” Laissez-nous faire. J’utilise même l’expression : “Vous vendez les munitions et les équipements par procuration. Israël sera votre mandataire.” Et cela serait concrétisé sous forme d’un certain arrangement avec les USA où nous aurions certains marchés … qui seraient laissés pour nous. » Et le directeur du marketing de la société de Yair Klein (cf. Colombie) explique : « Les Américains ont le problème de l’opinion publique, de l’image internationale. Nous n’avons pas ce problème. »  En Amérique du Sud, le lobbying israélien d’armements se fera sentir en Colombie notamment avec la livraison de fusils Galils, qu’on retrouvera autant chez les forces de l’ordre que chez les narcos-trafiquants. Un général israélien résumera la situation ainsi : le général Peled Mattityahu déclarera en effet qu’« en Amérique centrale, Israël fait le« sale boulot » d’entrepreneur pour l’administration américaine. Israël agit en tant que complice et bras droit des États-Unis. « 
Il exporteront leurs Galils avant de les produire sur place  : « En Colombie on peut voir les fusils d’assaut noirs partout. Tant l’armée, appuyée par les Etats-Unis, que la police nationale, les utilisent. Ce ne sont pas, comme on pourrait se l’imaginer, des fusils M16 mais bien les fameux fusils d’assaut israéliens Galil, une imitation des séries russes Kalashnikov, mais commercialisées en Amérique latine avec un calibre plus petit et plus rapide (et destructeur) .223, le même que celui du M16. Le Galil est fabriqué par les usines militaires israéliennes depuis 1972 et est considéré comme un succès. Cependant, les israéliens n’utilisent pas beaucoup le Galil lors de leurs opérations internes (et externes) car ils obtiennent des M16 gratuitement des Etats-Unis. En Colombie cependant, les industries israéliennes n’installèrent pas une usine de munitions, mais bien une usine complète de fabrication des fusils d’assaut Galil à Bogota. Dans la version colombienne de l’arme, seul le canon est importé d’Israël. Qui paie cela ? La Colombie ? Cela mérite réflexion. Les fusils d’assaut sont payés par l’aide militaire américaine tant à Israël qu’à la Colombie. Ainsi, c’est une fois de plus l’inconscient contribuable américain qui assure le bain de sang en Colombie ».
 
Les israéliens, pour écouler leurs stocks d’invendus du conflit iranien, ont eux aussi leurs mafieux de service :  quand l’Iran ne représente plus un marché mais un ennemi, ils scrutent les marchés possibles et tombent comme tout le monde sur le Soudan, un conflit terrible dénoncé par tous, mais où tous se sont précipités en douce pour fournir les belligérants.  Les faux papiers d’envoi, l’âme même de tout bon transfert illicite d’armes, le sésame nécessaire pour tromper les douanes ou la police des frontières, doivent être fabriqués et ils le seront par un… israélien sans scrupules. En décembre 2004, la Jordanie arrête deux israéliens soupçonnés de trafic d’armes aux rebelles soudanais :  Amos Golan (directeur de « Corner Shot Holdings, LLC« ) et d’une société de sécurité, « Silver Shadow » souvent vue en Ouganda, et Shimon Naor, qui sortait juste de prison de Roumanie après avoir été incarcéré pour vente d’armes illicites au Dr. Jonas Savimbi, le chef nationaliste angolais anticommuniste, le leader de l’UNITA de sinistre mémoire.  Les faits remontant à 1999.  Les avions qui ont servi plus tard (en 2007) étaient siglés Goliaf Air ou Dallex Trade, notamment l’Antonov-28 S9-PSV (ex ER-AKO). « Le Sunday Times, au vu des rapports de renseignements occidentaux, a conclu que la société Dallex Trade enregistrée à São Tomé et son partenaire Goliaf Air sont en relation avec le marchand d’armes Victor Anatolievitch Bout. » Goliaf Air, ou Valan International Cargo Charter, Aeronord Group (souvents vus à Ostende), Grixona, Jet Line International, Jet Stream, Pecotox Air, Aeroportul International Marculesti, et Tiramavia serviront aux transferts vers l’Ouganda.  Toutes liées à Viktor Bout.  Goliaf Air faisant voler un Il-76 en Irak, immatriculé S9-DAE sous le logo de Skylink.  L’avion a été récemment (en 2010 !) scrappé à Fujairah.
Les deux individus arrêtés sont liés étroitement au Mossad ou à l’armée israélienne : Golan est un ancien de l’école de lutte urbaine de l’Israel Defense Forces et un ancien membre du groupe « fantôme » d’élite de Duvdevan, alors placé sous la direction de de Meir Dagan, l’actuel dirigeant du Mossad.   Naor (de son vrai nom Shimon Naor-Hershkovitz), alias Simen Herscovici, est un ancien amiral, qui est relié au Mossad par un troisième larron arrêté en même temps :  le fils de Danny Yatom, général et député à la Knesset, surnommé « le Prussien » (pour sa rigidité), mais aussi un ancien responsable du Mossad (pendant 21 mois seulement : Yatom avait quitté le Mossad après toute une série d’opérations fiascos qui lui avaient valu la réputation d’homme de « fashlas » (bourdes)). Le fils est devenu dirigeant d’une entreprise de sécurité israélienne.  Or son père avait choisi une voie bien particulière pour arrondir sa retraite d’espion :  il s’était associé à Lev Levaev (né Lév Avnerovich Leviev), un milliardaire juif originaire de Tachkent (en Ouzbékistan), qui a beaucoup collaboré avec le KGB/ FSB, pour s’occuper tous deux de diamants, ceux des mines de l’Angola.  (Levaev, un homme réputé pour son extrémisme de droite, devenu en 2003 propriétaire de la Minerais Corporation (Namco) namibienne, autre entreprise de diamants).  Depuis, Yatom continue à crier tous les jours à la Knesset au bombardement de l’Iran...
Quant aux autres anciens du Mossad, il est vrai aussi que leur recyclage tourne souvent à de bien étranges comportements, très souvent en relations avec les milieux de la drogue : l’ancien du Mossad, Mike Harari, deviendra le bras droit du général Noriega, à qui il facilitera la prise de pouvoir au Panama, Yaacov Ramon, au Mossad de 1978 à 1984, sera arrêté à Caracas en 1992 avec 74 kilos de cocaïne cachés dans la valise diplomatique israélienne… et Yaïr Klein, ancien des commandos spéciaux Harub, est allé entraîner les mercenaires pro-Uribe à à Tolemaïda, au nord de Bogota…
Un Klein noyé jusqu’au coup dans l’affaire des Contras, lui aussi ! Sans oublier : Israel Ziv, l’homme qui avait manigancé la libération de Bétancourt avec une équipe de la CIA et les équipements US mis à sa disposition. On peut ajouter à la liste Shmuel Avivi, de Telon, entreprise de Tel Aviv, Israel en liaison avec l’US SOCOM, via Taos, une société installée à Madison, Alabama, et son bureau de Belgrade.  Le « sionisme comme prestataire de services guerriers » note fort justement le site « histmove« . Exactement.
C’est en effet un phénomène historique indéniable : « Vers la fin des années 1970, l’industrie militaire israélienne satisfaisait 40 % des besoins militaires du pays (7). Cependant, dans le but d’élargir les débouchés, le gouvernement initia une campagne de promotion au niveau international. Le chiffre d’affaires s’accrût considérablement en passant de quelques 50 millions de dollars en 1972 à environ 1 milliard en 1980. A partir de 1982, Israël se trouve parmi les dix plus grands producteurs d’armes du monde. La part de l’armement dans les exportations du secteur industriel passa de 14 % en 1967 à 31 % en 1975 et se situait par la suite entre 30 et 40 %. Selon des chiffres concernant 1984, en Israël 14 % des salariés de l’industrie travaillaient dans le domaine militaire. Israël se situait alors au cinquième rang dans la liste des plus gros exportateurs d’armes du monde (septième en 1980). Il était à cette époque le principal fournisseur pour l’Afrique sub-saharienne et l’Amérique latine. En 2000, les exportations dans le secteur militaire s’élevaient à 2,5 milliards de dollars ; en 2001, selon le ministère israélien de la Défense, Israël fournissait 10 % des exportations militaires mondiales, en exportant 75 % de la production totale d’armement du pays »…
Il existe donc bien depuis une filière israélienne de vendeurs illicites d’armes dans le monde.  Au Guatemala, ce sont trois israéliens, Uri Zoller, Uzi Kislevitz-Shapira vivant au Guatemala, (et son associé Uzi Kisslevich, de la société « Grupo de Representaciones Internacionales Sociedad Anónima » -GIR S.A.-) et Shimon Yelnick, habitant au Panama, qui ont été arrêtés en 2003.  Tous trois vendeurs d’armes, pris dans un scénario très proche de celui de Efraïm Diveroli. Des centaines de Kalachnikovs pour une valeur totale de 5 millions de dollars devaient transiter du Nicaragua pour atterrir dans la police… mais elles avaient atterri dans les mains d’une faction d’extrême droite, en Colombie ! Or Zoller et Kislevitz-Shapira étaient aussi des représentants officiels de l’Israel Military Industries (IMI)… Tous disposaient de permis du Sibat, le papier estampillé du Foreign Defense Assistance and Defense Export Organization qui autorise les ventes d’armes à l’étranger.  Je reviendrai dans cette étude sur le  cas de Zoller, et ses activités plus récentes. En Israël, le service du Malmab (les relations extérieures des ventes d’armement) sera dirigé en 2004 par le Major General Amos Gilad, qui deviendra plus tard « Mr Sécurité » d’Israël…  Zoller, lui aussi, avait été introduit en haut lieu… et était proche des banquiers.  « Par la suite, Zoller et Yelinek s’accusèrent mutuellement.  On peut relever que le rapport mentionné, de l’OEA, publié début 2003, relève le fait que Zoller est un ami personnel du général Calderón.  Zoller est en outre gendre du propriétaire de la Banco Granai & Townson, la banque la plus importante du Guatemala.  Il fut ex-membre des forces spéciales de l’armée israélienne et du Mossad. L’avocat de Yelinek affirma qu’après que l’affaire fut connue, Zoller continuait à séjourner fréquemment au Panama, en étant reçu chaque fois à l’aéroport par Arthur Ventura, le délégué du service anti-drogue US pour l’Amérique centrale et le Panama. » 
En 2002, Israël découvrait encore qu’Avichai Weinstein de Netanya, le directeur de la société PIAD, avait vendu à l’Iran des chenilles pour bulldozers et des pneus pour transporteurs blindés, retrouvés en Allemagne et censés avoir été vendus à la Thaïlande et à la Malaisie. Les chenilles étaient à bord du cargo Zim Antwerp, et devaient partir pour Bandar e Abbas.  Dans la famille Weinstein, ce n’était pas la première tentative :  le beau-frère de Weinstein, Eli Cohen, en 1999 avait vendu des armes via la Belgique à l’Iran.  Enfin, en 1989, en pleine guerre Iran-Irak, Charles Caplan, un autre vendeur d’armes israélien associé à un Sud-Coréen, Juwhan Yun, avait essayé de vendre du gaz sarin aux iraniens et avait été arrêté juste avant la livraison.  Yun avait proposé aux agents fédéraux déguisés des missiles TOW missiles, des Stingers, de la technologie sur les missiles et les radars..  Yun avait également proposé de livrer 500 bombes de 250 kgs remplies de gaz sarin pour la somme de 50 000 dollars seulement comme dépôt de garantie…  Ici même, nous avons évoqué le rôle de la famille Diveroli et de son oncle Bar Kochba Botach, le fondateur d’une véritable dynastie de vendeurs d’armes juifs américains (voir le site Botach Tactical, qui vend des chargeurs transparents très « tendance » pour M-16 ou H&K 416 !). Le propriétaire de Botach Tactical et de KleyZion comme entreprises de ventes d’armes.  Toute la famille s’y est mis. « En Mars 2006, l’État d’Israël a accusé le frère de Botach et partenaire d’affaires à Los Angeles, Shlomo Botach, de « se faire aider par des blanchisseurs professionnels « pour transférer 860 000 dollars des États-Unis via la Suisse et les banques uruguayennes sur un compte en Israël, au nom de code « Ezra 26 ».  Le procès (en divorce du patriarche avec sa femme une maquilleuse d’Hollywood), se montant à des transferts totalisant 331 000 dollars ».  Le père d’Efraïm dirigeant lui Worldwide Tactical, LLC.  Les munitions de Diveroli ont volé grâce aux avions de Viktor Bout.
L’Afrique est particulièrement visée par les vendeurs d’armes.  « En 1985, en Sierra Leone, lorsque le général Joseph Saidu Momoh assuma la présidence, un certain Shabtai Kalmanovitch avait ouvert à Freetown une branche de sa société LIAT Finance and Construction.  Né en Russie, Kalmanovitch avait émigré en Israël et il est considéré comme avoir été au service autant du Mossad que du KGB. La société LIAT s’était enrichie auparavant sur la base de contrats de construction au Bophuthatswana et Kalmanovitch joua le rôle de conseiller auprès du président du Bantoustan, Kgosi Lucas Manyane Mangope. Il devint un partenaire finançant Joseph Saidu Momoh et obtint des concessions portant sur la majorité des régions de mines de diamant. En échange, LIAT s’engagea à évincer les négociants illicites et à instaurer un monopole privé lié directement au président ».  On le voit, le commerce des armes est toujours lié à des bakchichs, et JSM a été président de 1985 à 1992… avant d’être renversé par Valentine Strasser, qui se liera avec les mercenaires d’Afrique du Sud d’Executive Outcomes….  En Afrique du Sud, où Israël à négocié d’autres contrats d’armement dont nous avons parlé ici et ici.
Et il y en a encore d’autres encore :  Gidon Sarig, par exemple, condamné à sept ans de prison en Angleterre pour vente d’armes illégales au Vénézuela, au Pérou, au Senegal, au Nigeria, au Gabon et surtout au Sri Lanka.  Sarig avait promis 1 000 bombes venant d’Ukraine à l’armée Sri Lankaise en 2005 et avait livré 3 900 obus de 30 mm provenant des stocks de Serbie et du Montenegro entre février 2005 et mai 2006, toujours au Sri Lanka.  Les armes étaient au nom de MIA Trading et de l’associé anglais de Sarig, Freckleton, dirigeant Lyon Brandfield.  1 000 pistolets semi-automatiques devaient aussi être transférés de Turquie au Venezuela.
 
En Afrique toujours, le commerce des armes fait fonction de géopolitique, et le secteur des mines est particulièrement prisé. « Au Zaïre, en 1997 le président Mobutu Sese Seko fut renversé par l’Alliance des Forces Démocratiques de Libération (AFDL) coordonnée par Laurent Désiré Kabila (8) ; le pays se nomme depuis République démocratique du Congo.  L’AFDL avait été créée en 1996 dans la région du Sud Kivu (située à l’Est du pays, face au Rwanda).  Sur ce territoire est installée la société minière Russell Resources Group, à laquelle ont été attribuées des concessions de mines d’or qu’elle exploite en association avec le général Salim Saleh (demi-frère du président ougandais Museveni). Russell Resources Group, constitué en 1997, est dirigé par David Agmon, général israélien à la retraite, qui était intervenu dans le pays à la fin des années 1980 au titre de la coopération militaire israélienne à Kinshasa et avait été plus tard directeur de cabinet du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (novembre 1996-janvier 1997) ».  Cela sert, d’avoir été dans un cabinet ministériel pour vendre des armes (ce n’est pas Jean-Charles Marchiani qui me contredira).
Ou encore Ofer Pazaf, président d’une compagnie de Kfar Saba (en Israël), arrêté aux Etats-Unis, à Las Vegas, avec deux autres israéliens, et Yohanan Cohen de San Francisco, ou Haim Gary, de Miami, arrêtés en même temps que Pazaf.  Ou encore Hanoch Miller, ingénieur en aéronautique israélien, et sa firme Radom Aviation qui avait magouillé avec un retraité de l’Air Force, Joseph O’Toole, pour vendre 2 000 Kalashnikovs à des militants somaliens:  des armes qui auraient dû être envoyées par avion via le Panama et la Bosnie.  Pour vendre ses Kalachnikovs, Miller avait produit des faux documents indiquant que les armes étaient destinées au Tchad.  Des avions loués en Bosnie devaient servir à l’acheminement.  Sans nul doute, ceux de la sphère de Viktor Bout.  En 2001, ce sont ces avions qui avaient fait le trajet de Maribor en Slovénie vers le Soudan.   Farah et Brown notent que qu’un rapport des services secrets bosniaques affirmait queVictor Bout, en collaboration avec Hasan Cengic, transportait des armes vers la Tchétchénie » via une firme écran de Viktor Bout.  En 1989 déjà, Joseph O’Toole, un collègue américain, Richard St. Francis et un ex-agent du Mossad, Ari Ben-Menashe, avaient tenté d’envoyer plusieurs C-130 au gouvernement Iranien.  On retrouvera Menashe en 2008 en espion avec sa firme Dickens and Madson chez Mugabe au Zimbabwe, qu’il projetait d’assassiner au profit de Morgan Tsvangirai (9) !
Or, le fameux Cengic en a à raconter, selon Wikipedia : c’est « l’ancien vice-premier ministre et ministre de la Défense de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Un musulman.  Il a été condamné ainsi que le futur président Alija Izetbegovic par le régime communiste de Yougoslavie en 1983 et a fait 5 ans d’une peine de 10 années de prison. Il est membre d’un puissant clan dirigé par son père, Halid Čengić, expert en logistique dans l’armée bosniaque et un haut fonctionnaire, ses fils faisant partie de l’agence de renseignement (Agencija za Informacije je Dokumentaciju (AID)-. Hasan Čengić a voyagé fréquemment à Téhéran depuis 1983 et a été profondément impliqué dans les expéditions d’armes iraniennes vers la Bosnie.  Pendant la guerre de Bosnie, il a vécu entre Téhéran et Istanbul.  Selon la police autrichienne, Čengić était au conseil de surveillance de Third World Relief Agency (TWRA) une, une fausse organisation humanitaire basée au Soudan et une organisation liée à Oussama ben Laden et au réseau terroriste d’à Al-Qaïda.  La participation de Čengić a été confirmée par le directeur de TWRA, Elfatih Hassanein ».  Là encore, je reviendra un peu plus loin sur ce cas, qui demeure fondamental dans la naissance d’Al Qaida et pour les fournitures d’armes à Ben Laden..
Sans oublier l’odyssée du cargo Faina rançonné et ses chars, « attendu sur le quai à Mombasa le 12 février 2009.  Côte à côte, par Vadim Alperin, alias Vadim Oltrena, un ukraino-israélien représentant la société Tomax Team Inc et le chef des services secrets ukrainiens Mykola Malomuzh.  A bord du petit cargo de 13 870 tonnes « on dénombrait en effet également dans des containers 150 lance-roquettes RPG-7, des batteries anti-aériennes, des lance-roquettes multiples et 14 000 munitions de calibres divers. En tout pour 2 320 tonnes de matériel de guerre, dont près de 1400 tonnes rien que pour les chars ! S’ ajoutent à cela 6 ZPU, des canons anti-aériens sur roues et 6 camions « BM-21 sur camion Ural « , à savoir de redoutables lanceurs de roquettes dévastatrices » avais-je écrit en juillet 2009.  Des blogueurs malins, Lauren Gelfand et Allison Puccioni, de JDW Middle East et de Jane, avaient retrouvé les chars transportés, sagement rangés après avoir été débarqués…. au sud-soudan !  Une image de DigitalGlobe de mars 2009 montrait les 33 tanks rangés près de la caserne de Kahawa Barracks au nord de Nairobi !  Je reviendrai bientôt sur l’histoire du Faina, car elle dissimule une autre affaire encore plus tordue, comme vous allez bientôt l’apprendre, avec un peu de patience…
Au total, ce sont donc sept agents israéliens qui étaient sous les verrous en septembre 2010, tous liés à l’industrie nationale… ce qui questionne quand même certains : « Même si il est impossible que ceux en prison connaissent les autres, ils ont beaucoup en commun. Tous sont des hommes dans la cinquantaine ou la soixantaine. Tous l’ont fait après avoir fait la plupart de leur carrière dans les ventes d’armes internationales, ou à l’exportation de services de sécurité et d’équipements en provenance d’Israël. Ils ont servi dans le Forces de défense israéliennes et ont atteint les rangs de niveau intermédiaire (de capitaine à lieutenant-colonel), et quand ils ont été arrêtés, ils ont nié les accusations. Les amis qui leur sont venus en aide les ont décrits, naturellement, comme « le sel de la terre. Tous les sept sont des visages familiers dans les couloirs des établissements de défense, et en même temps ont reçu des permis d’exportation d’armes du ministère de la Défense. Tous ont cherché à « accélérer les procédures » en violation des locaux ou lois internationales », et l’ont fait par pure cupidité.  En raison de cette convoitise, ils sont également tombés dans des pièges et peuvent s’attendre à faire face à de nombreuses années en prison ».
 
Il n’empêche, grâce notamment à ces amitiés gouvernementales, que Shimon Naor a pu agir longtemps en toute impunité et a bénéficié d’une certaine chance à vrai dire et d’un excellent avocat. « Naor a bénéficié à plusieurs reprises de protections haut placées : « eh bien, en 1999, Naor a été arrêté et condamné à sept ans de prison par les tribunaux roumains pour son rôle dans le commerce illégal des armes. Le vice-ministre israélien de la défense de l’époque, Ephraïm Sneh, a bien essayé d’aider Naor, mais les roumains ont refusé de le libérer. En fin de compte, Naor a réussi à obtenir une libération sous caution et a alors fui en Israël.  En Roumanie il a été condamné à sept ans de prison par contumace et est toujours considéré comme un fugitif par la justice. Et devinez quoi ?  Naor est encore considéré comme étant dans la vente d’armes. »  Naor, condamné en fait à 11 ans de prison (plus un rajout de 6 ans en 2008 pour d’autres faits délictueux) et ayant réussi à s’échapper grâce à un artifice juridique découvert par sa défense… s’est fait à nouveau arrêter le 9 mai 2010, mais en France, à Paris, cette fois, et assez récemment donc.  Depuis, impossible de trouver des infos sur son extradition supposée vers la Roumanie, réclamée depuis par les autorités roumaines.  En novembre 2004, la France avait exprimé son vif désaccord avec les ventes d’armes d’Israël à la Côte d’Ivoire, qui mettaient en danger les troupes françaises là-bas.  De Naor, on a aucune trace à ce jour dans la presse française… et personne n’avait relevé une chose à son sujet :  en décembre 2004, Naor avait été arrêté en Jordanie, avait-on dit, pour trafic d’armes :  que faisait-il donc libre, en France, en 2010 ?
Voilà donc ce qui avait été écrit il y a huit ans déjà, à l’exception de quelques lignes que je vous propose de découvrir dans le prochain texte.  Nous ferons alors un tour chez le grand ennemi d’Israël, à savoir l’Iran, qui n’est pas resté les bras croisés depuis, on s’en doute, et qui est d’ailleurs, on va le verra, une des solutions possible à notre problème toujours pas résolu.  On l’a vu depuis plusieurs épisodes, la disparition de l’appareil est une affaire complexe mêlant plusieurs pays, dont ceux qui ont participé aux recherches, avec plus ou moins d’allant comme on a pu le voir, ou plus ou moins de dissimulation, comme on a déjà pu le montrer.  Car on cache quelque chose, et ce quelque chose ressemble de plus en plus à un trafic d’armes dissimulé, qui aurait mal tourné donc.  Ghyslain Wattrelos a raison de le clamer: derrière la disparition de 239 victimes, se profile une affaire mêlant des militaires… qui se sont passé le mot pour taire ce qu’ils savaient eux-mêmes de l’affaire.  Ce n’est déjà plus un secret d’état : c’est un secret partagé visiblement par plusieurs Etats, ce qui explique aussi son caractère inextricable.  Et la difficulté à la démêler. Il nous faudra une bonne paire d’épisodes pour démêler tout ça, et découvrir avec un certain effroi la circulation actuelle des armes dans le monde.  Un dossier… effrayant !
(1) Les missiles promis par Bout étaient des engins sol sol 9K111 et 9K111-B appelés  Fagot ou Spigot, à guidage  optique et thermique, par l’Otan. Une version portable (manda) existe, sous forme de long bazooka.  Bout aurait promis des missiles Igla sol-air bien plus redoutés.
(2) selon le journaliste Vincent Pauvret, ce sont « des hauts gradés du KGB ou du GRU qui, à la chute de l’URSS, auraient décidé de vendre pour leur propre compte une partie de l’arsenal de l’armée soviétique et qui, pour ce faire, auraient choisi Bout comme intermédiaire « …  Selon lui toujours « Le rapporteur onusien écrit qu’à l’époque Bout était le gendre d’un certain « Zuiguin » qui a « occupé une position élevée au KGB, peut-être même celle de directeur adjoint », et que cette alliance expliquerait sa fulgurante ascension. » « Le think tank américain Stratfor suggère que ce puissant protecteur ne serait autre que le bras droit de Poutine, celui qui partageait son bureau à la mairie de Saint-Pétersbourg au début des années 1990, un homme dont le « leader national » a fait son vice-Premier ministre et auquel il a confié la gestion de toute l’industrie du pétrole et une partie du commerce légal des armes : Igor Setchine, le mystérieux chef du clan des « siloviki » (les hommes à épaulettes) ».  Setchine étant aussi le directeur de la firme Rosneft.
(3) c’est une aurez longue histoire, qui avait eu comme point de départ l’explosion phénoménale du dépôt de munitions post-soviétique de Gerdec:  deux lascars s’y étaient approvisionné sans vergogne pour répondre à une offre du Pentagone pour fournir des millions de balles aux Kalachnikovs de l’armée afghane alors en cours de formation.  L’histoire, ahurissante, m’avait occupé une bonne paire d’épisodes. Au final c’est devenu un film hilarant, beaucoup plus proche de la réalité qu’on le pense :  Dog Wars, de Todd Phillips, sorti en 2016.  Efraim Diveroli est joué par un très convainquant Jonah Hill.
sur Diveroli et Gerdec on peut relire ceci :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cargos-de-nuit-vague-no-8-44660

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56392

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/viktor-bout-et-les-usa-ou-mickey-82917

(4) je pensais à l’époque que le Pentagone avait été vacciné par cette histoire rocambolesque… la suite va nous montrer que non, hélas !
(5) l’article est paru le 6 novembre 2009.
(5) son Yacht aux cheminées bien distinctes, appelé Nabila, est devenu la propriété de… Donald Trump après avoir été celle du Sultan de Brunei. Acheté 100 millions le yacht était parti à 29 millions seulement en 1987 pour devenir le Trump Princess. Il le revendra en 1991 20 millions au Prince al-Waleed bin Talal, après avoir dépensé 10 millions pour le redécorer. Il s’appelle désormais le  Kingdom 5KR. Lire ici le dossier sur ce fameux yacht.
(6 et 8) on retrouve à la manœuvre à Ostende pour Kabila le transporteur d’armes David Tokoph dont je serai amené à reparler très bientôt ici-même : « en mai 1996, le conseil d’administration d’Aero Zambia a décidé d’ouvrir une succursale à l’aéroport d’Ostende, mais a déménagé en août 2003 de l’aéroport au centre de transport d’Ostende où le marchand d’armes russe Victor Bout a commencé en 1995 affaires (voir plus loin). Officiellement, les activités de la section d’Ostende devaient rester confinées à la représentation de la société en vertu de la loi zambienne en Belgique et en Europe. C’est l’agence d’Ostende qui, fin mai 2000, avait reçu l’ordre de la firme bruxelloise Demavia d’organiser le transfert par avion des quatre hélicoptères à destination de Laurent Kabila ». David Tokoph, fervent partisan de George Bush Jr et actuel propriétaire du F-100 Super Saber Fighter, basé à El Paso, est toujours très actif dans le secteur aérien, puisqu’il a repris en août 1997 le siège de Johannesburg. société basée, Interair South Africa, avec son frère Gary installé en tant que vice-président de la société ».  Le Boeing de Santa Lucia avait comme assistant celui de Seagreen, société appartenant aussi à Tokoph.
(7) à gauche sur la photo c’est le développement d’un invention américaine, la roquette de type SLUFAE, qui deviendra plus tard l’arme reine en Syrie sous le nom de Volcano. Son histoire figure ici :
http://www.centpapiers.com/texte-paru-2014-a-lorigine-attaques-gaz-syrie-guerre-iran-irak-a/
http://www.centpapiers.com/texte-paru-2014-a-lorigine-attaques-gaz-syrie-guerre-iran-irak-b/
http://www.centpapiers.com/texte-paru-2014-a-lorigine-attaques-gaz-syrie-guerre-iran-irak-c/
voir ici les photos des attaques par Volcano
https://imgur.com/a/1nziC#IBMoG0v
(9) La firme, on l’a retrouvée depuis en Libye !!!  Faisant du lobbying pro-américain !   « La société de conseil basée à Montréal, Dickens & Madson, a divulgué auprès du ministère américain de la Justice de figurer sur la liste du gouvernement de Tobrouk-Libye en qualité de client.  Le document de la « Foreign Agents Registration Act -Loi sur l’enregistrement des agents étrangers » (FARA), récemment déposé, stipule qu’à la fin de 2015, la société a accepté un contrat de 6 millions de dollars pour agir au nom de la Chambre des représentants, du président Agilah Saleh Issa, d’Abdulrazek al-Nadhouri, de Khalifa Haftar, et de Murad AM Elshrif. Les services à fournir incluent les services de médias et de relations publiques, faisant pression sur le gouvernement américain. Elle a également reçu une aide de 500 millions de dollars en matériel de sécurité et en appui technique de la part de la Fédération de Russie. Dickens & Madson est la propriété de Ari Ben Menashe, d’origine iranienne, un ancien membre du renseignement militaire israélien. L’adresse de la société est répertoriée chez Traeger Resources and Logistics, une autre société contrôlée par Ben Menashe.  En 2014, Dickens & Madson a remporté un contrat 2 millions d’une compagnie « supervisée par le gouvernement de la Libye à Tripoli (GNC) » pour faire du lobbying en faveur des Etats-Unis et d’autres gouvernements pour soutenir le gouvernement libyen au dehors du GNC ».
sur les mercenaires, lire ceci
Supplément sur Naor :
Shimon Naor était un contre-amiral de la marine israélienne. « Il était lieutenant-colonel dans la flotte militaire israélienne et commandait 14 navires de guerre pendant 24 ans » note Wikipedia. Voici ce que j’en ai dit ailleurs : « La Roumanie donne également à Viktor Bout l’occasion d’ouvrir d’autres portes. Parmi les russes expatriés, beaucoup deviennent citoyens israéliens. Dans ces nébuleuses, les membres des mafias de l’ex-URSS, devenus ressortissants israéliens, sont de plus en plus nombreux. Shimon Naor est ainsi suspecté par la Roumanie, son pays d’origine, d’avoir frauduleusement alimenté en armes le Burkina Faso et le Togo entre 1996 et 1999” note Fanny Pigeaud de RFI. Israël, fort demandeur en armes de toutes sortes, a en effet déjà un pied dans la place : Un exemple en est l’activité de la société israélienne Romania Emtam, qui a tenté d’exporter en Israël plus de 3 000 lance-flammes adaptables sur armes automatiques qui avait été illégalement fabriqués en Roumanie. Afin d’obtenir la licence d’exportation, les lance-flammes avait été étiquetés comme pièces de tour industriel”.  Viktor Bout est évidemment à l’affût.  Son partenaire israélien en Roumanie, l’amiral Shimon Naor, un ami de l’ex-président roumain Emil Constantinescu, le fait entrer dans l’arsenal de Romtehnica, et les entreprises roumaines de Defense. Les cigarettes embarquées selon les papiers à bord de l’avion d’Air Sofia, seront en fait, des fusils et des munitions chargés à Bucarest-Otopeni pour une destination sous embargo en 1998 (la Sierra Leone). Qui est Naor Shimon ? Ou plutôt, qui est le lieutenant-colonel Shimon-Hershkovitz ? C’est Ha’aretz qui l’explique, dans le contexte des scandales de corruption au ministère de la Défense israeilien (…)… Après sa sortie des Forces de défense israéliennes, Naor Shimon est devenu un marchand d’armes pour plusieurs entreprises israéliennes. Il sera arrêté en Roumanie au mois d’août 1999 sur la suspicion de vendre des armes roumaines, au moyen de faux documents (ceux des certificats de l’utilisateur final, qui indiquent que les armes étaient à destination au Togo à la guérilla de Jonas Savimbi), violant ainsi les sanctions de l’ONU sur les ventes d’armes à l’Angola”. Naor, arrêté en Jordanie en 2004 et condamné en 2006 à 11 ans de prison recevra six années de plus pour activités criminelles. Mais il avait réussi à s’enfuir, grâce à l’imbroglio de la justice roumaine. Fuyard, la France l’a retrouvé en mai dernier : Bucarest a demandé samedi aux autorités françaises le transfert d’un ressortissant roumano-israélien condamné à onze ans de prison pour trafic d’armes et arrêté en France.  Selon les autorités roumaines, Shimon Naor, âgé de 60 ans et recherché depuis 2006, a falsifié plusieurs documents de transport” obtenant une licence d’exportation d’armement et de munitions dans des pays soumis à un embargo”.  Selon l’agence de presse Mediafax, les armes auraient été transportées au Nigeria et en Érythrée. M. Naor qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen, avait été arrêté en août 1999 et libéré pour des raisons procédurales. Il avait aussitôt fui la Roumanie mais a été jugé par contumace (ROMÂNIA LIBERĂ)” nous apprend l’ambassade de France en Roumanie”.  Dans la presse, rien sur le personnage.  En mars 2007, Air Sofia avait été interdite de vol et s’était aussitôt mue en United International Airlines, une compagnie…serbe, disposant de 5 vieux Antonov 12 (YU-UIA. YU-UIB, YU-UIC, YU-UID, YU-UIE).  Le commentaire de la tout première photo est  « Un avion-cargo Antonov 12 décolle d’une piste en Afrique centrale. Ce type d’avion a souvent été utilisé pour livrer des armes à des zones de conflit faisant l’objet d’un embargo dans de nombreux endroits du monde. » (photo Guy Tillim).
et cela
référence :
https://www.amnesty.org/download/Documents/36000/act300152010fra.pdf
Dedans il y a une enquête menée contre la France et le transport d’armes via les avions d’Air France  (les passagers d’Air France ont aussi été pris en otage dans ce type de transport dangereux !): « D’après les documents de transport, la cargaison a été transportée à bord d’un vol passager régulier assuré par Air France (numéro de vol : AF2687), au départ de Sofia et à destination de l’aéroport Charles de Gaulle, à Paris. Elle a ensuite été acheminée jusqu’à Nairobi à bord du vol KQ 8002, le 24 septembre 2008. La destination finale indiquée sur les documents de transport était Kigali. La lettre de transport aérien mentionnait aussi comme responsable de la gestion de la cargaison une société sud-africaine. (Ci-contre la lettre de transport aérien Air France n° 057-10679933, en date du 19 septembre 2008, où apparaît le transport d’armes depuis Sofia vers Paris, la destination finale étant Kigali). Les informations dont on dispose tendent à prouver que les sociétés française, bulgare et sud- africaine ont agi dans le respect de la loi. Toutefois, les gouvernements bulgare, français et kenyan, qui ont autorisé l’exportation et le transit de cette cargaison via leur territoire se sont montrés incapables d’empêcher un transfert manifestement irresponsable d’armes. En ce qui concerne la France, les mécanismes institutionnels appropriés ne sont pas en place. La France, tout comme la Belgique, a joué un rôle de premier plan dans les efforts multilatéraux visant à incorporer les transporteurs dans les mécanismes d’octroi de licences pour les transferts d’armes. Sur l’initiative des autorités françaises et belges, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Arrangement de Wassenaar, régime de contrôle des transferts d’armes auquel la France est partie, ont adopté en 2007 et en 2008 les « meilleures pratiques pour prévenir les transferts déstabilisants d’armes légères et de petit calibre par la voie du transport aérien »
On peut aussi se plonger dans ce rapport :
https://www.researchgate.net/profile/Sergio_Finardi/publication/260518753_The_Arms_Flyers_Commercial_Aviation_Human_Rights_and_the_Business_of_War_and_Arms/links/0c960531817c9defe6000000/The-Arms-Flyers-Commercial-Aviation-Human-Rights-and-the-Business-of-War-and-Arms.pdf

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH370 (4) : l’emblématique vol 295

MH370 (6) : le Syrian Express

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Hier, j’ai évoqué le cas de la livraison des armes à Bachar el-Assad en indiquant déjà sa provenance iranienne et non pas seulement russe.  Des iraniens passés maîtres dans l’art de copier des missiles, sur le modèle des nord-coréens, de les fabriquer à un prix défiant toute concurrence et aussi de les livrer, via une noria de cargos aériens qui sillonnent le ciel (comme on a pu le constater durant le conflit syrien, où ils ont été vus à plusieurs reprises… certains trop voyants faisant l’objet d’une attaque de représailles israélienne, après des tirs de roquettes par le Hezbollah, lequel se fournit au même endroit).  Une intense activité que des logiciels permettent aujourd’hui de suivre, la circulation aérienne nécessitant d’être réglementée.  Oh, bien sûr, tous les vols ne sont pas indiqués ni déclarés, mais on retrouve avec un peu de patience les plus significatifs… et on arrive même à les comptabiliser.  Le résultat est plus qu’inquiétant…

La partie que j’ai enlevé à dessein de l’article de 2010 est celle-ci : « chez les iraniens, ces engins ont été depuis abondamment copiés et sont proposés aujourd’hui comme modèles natifs, exportables, notamment pour la copie du TOW sous le nom de Toophan (typhon), construits par AIOI (« Aerospace Industries Organization of Iran »). Le missile a évolué depuis en Toofan 5 et en Quaem, qui disposent du même lanceur simple et facilement déplorable« .  J’avais mis à l’époque déjà un poster publicitaire de ce matériel iranien:  le voici à nouveau tel quel à droite. Les iraniens aussi en ont produit en masse.  De là à trouver une filière pour les écouler… il faut se tourner vers des pays que ne desservent pas déjà les israéliens…. (cf notre épisode précédent)… ou aller livrer directement les meilleurs amis… on songe bien sûr à la Syrie…

Syrian Air mis à contribution

Les premiers avions aperçus effectuant des rotations, notamment à Lattaquié, par exemple, et susceptibles de transporter ces armes sont bien connus : ils arborent en effet les couleurs de Syrian Air, comme ici le YK-ATB.  Malgré son appellation civile, il appartient au 595eme Escadron de Transport, de la 29 ième Air Brigade de Damas, comme ces trois autres collègues, dont deux autres seulement fonctionnent :  les YK-ATA et YK-ATC.  Absents pendant des mois des cieux syriens, ils étaient tous trois revenus de refurbishing de Moscou, fraîchement repeints, les trois de la même façon (ici à droite).  Ils seront surpris par le satellite alimentant Google Earth, qui nous donnera la photo des appareils sagement rangés sur leur rampe d’accès à la piste principale de l’aéroport de la capitale (ici à gauche).  Avant de revenir de Moscou, en décembre, le YK-ATB avait testé ses réacteurs, il semble bien, en effectuant un circuit fermé ovale à plusieurs reprises autour dans la région :

Pour ce qui est de leur alimentation en armes, leurs trajets semblent assez évocateurs tel ce trajet de l’YK-ATB ayant décollé… de Téhéran :

Moscou étant aussi une destination courante, comme ici le YK-ATA, pour le trajet Damas- Moscou Ramenskoye, et retour, effectué encore tardivement, le 22 avril 2018. Il avait déjà été surpris à faire le même trajet le 28 août 2015. Mais les lourds Ill-76 de Syrian Air n’ont pas suffit, face aux offensives des rebelles, et Moscou a dû dépêcher plus gros encore pour venir en aide à Bachar el-Assad, dont on ne donnait plus cher de la survie en 2015, en regardant la progression de ses adversaires…  à savoir l’envoi de deux gros Antonov 124 Ruslan arrivés à Lattaquié le 7 septembre 2015:  le premier RFF8058 (82040) venu de Krymsk (Krasnodar) et le second RFF8056 (82039) de Mozdok, en  république d’Ossétie-du-Nord-Alanie (Poutine aime mettre à contribution ces satellites !).

D’autres encore, tel l’Illyushin Ill-76 de l’EMERCOM (pour « Russian Ministry for Emergency Situations ») immatriculé RA-76429: venu en contournant l’Ukraine et la Turquie, dans un vol peu rectiligne en effet :

 

Les compagnies iraniennes civiles pour livrer des armes à Bachar el Assad

L’Iran fournit effrontément le régime de Bachar el Assad en armes, je ne vous apprends donc rien.  Ce qu’il convient de savoir et de vérifier plutôt, c’est comment elle le fait.  On commence par une découverte fortuite en 2011 : «Une inspection turque en mars 2011 d’un vol de Yas Air à destination de la Syrie, qui répertoriait les« pièces détachées automobiles » sur son manifeste de cargaison, a trouvé des armes, dont des fusils d’assaut Kalachnikov AK-47, des mitrailleuses, près de 8 000 munitions un assortiment d’obus de mortier », déclare un communiqué du Trésor US.  « En conséquence, le Trésor a ajouté 117 avions exploités par Iran Air, Mahan Air et Yas Air à la liste des ressortissants de pays spécialement désignés (SDN) par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC). »  En 2012, une photo de surveillance satellite révélait un long 747 amarré quai d’embarquement de l’aéroport de Damas, soute arrière ouverte. On distinguait parfaitement, son logo : Mahan Air.  C’était un 747-300 :  elle en possède deux, le EP-MND (ex EK-74713) et le EK-74780 (ex F-GETB, un ancien appareil d’Air France).
Au Washington Institute, on n’a pas raté l’occasion bien entendu :  c’est un Think Tank créé par des proches de l’AIPAC, ce puissant lobby pro-israélien aux États-Unis, qui a fait quelques recherches à propos de l’entreprise.  Et elles se montrent très fructueuses :  » Mahan Air, la deuxième plus grande compagnie aérienne iranienne, a été fondée en 1992 par la Mol-Al-Movaheddin Holding Co. de Kerman, en tant que petite entreprise exploitant quelques avions de fabrication russe. Après une période d’instabilité, la compagnie aérienne a confié à Hamid Arabnejad, ex-officier des CGR, la gestion des opérations en 1998.  Pendant la guerre Iran-Irak, Arabnejad avait servi comme commandant adjoint de l’une des unités de combat les plus actives du CRI, le 41ème Tharallah, Division opérationnelle, dirigée par le commandant actuel de la Force Qods, Qasem Soleimani.  Arabnejad a ensuite dirigé le bureau de reconstruction de l’Iran en Bosnie-Herzégovine, une position probablement associée aux opérations de la force Qods dans les Balkans. »  Les premiers vols de ce type de Mahan Air, entre l’Iran et Damas, ont été observés pour la première fois en 2011, à peu près à l’époque du déclenchement du conflit en Syrie, et ceux-ci sont devenus de plus en plus fréquents au cours des dernières années, vols auxquels ont été ajoutés ensuite ceux vers le Yémen. « Ensemble, la flotte actuelle de Mahan comprend plus de trente-sept appareils.  Ils assurent des liaisons nationales et internationales, y compris en Asie et en Europe.  En fait, 15% des vols internationaux de l’Iran sont effectués par Mahan, soit près du double de la part d’Iran Air (8,5%).  Les avions long-courriers iraniens ont été immobilisés ou éliminés avant la levée des sanctions nucléaires.  En octobre 2011, Mahan Air, qui fournissait un soutien financier, matériel et technologique à la Qods Force, a trouvé différents moyens de maintenir une flotte viable en service » ajoute l’Institut.  Mahan possède aussi pas moins de 7 Airbus A340-600, capables de très longues distances (des achats de 2015, réalisés par l’entremise de la société El Naser), l’une de ses destinations étant… Kuala Lumpur !  L’Arabie Saoudite n’avait pas davantage apprécié que les USA imposent une interdiction commerciale totale avec l’entreprise en avril 2016.  Derrière les transferts d’armes se dissimule la Behnam Shahriyari Trading Company, chargée de fabriquer les faux manifestes d’embarquement.  A l’autre bout, c’était l’entreprise syrienne Ajnihat al-Sham qui les recevait:  une société appartenant à Rami Makhlouf, le cousin (du côté de sa mère) du président Assad !   Il est à la tête de Syriatel, la plus grande compagnie de téléphones du pays et il détient la concession Mercedes exclusive dans le pays.  Un autre lobby en fait !
The Merced’ man

On estime sa fortune à 6 milliards de dollars, en grande partie stockée à la Qatar National Bank–Syria, et sur les champs de bataille syriens (les terribles « Volcanos » envoyant des charges de gaz chimiques sont souvent montés sur des camions Mercedes, comme ceux de l’armée !!! … comme l’est le système de missiles de type MRLS, le HM-20 Hadid 122mm basé sur un camion Mercedes-Benz 2628 (vu ici à droite vanté par RT)). Rami Makhlouf détient aussi Syrian Pearl Airlines, une compagnie intérieure dotée de 2 BAe 146-300, qui servent aussi à véhiculer les soldats de ville en ville, ce qui lui assure des revenus sans fin..  Toutes ses compagnies ont en effet été repérées par les Panama Papers chez Mossack Fonseca.  Elles sont localisées aux Seychelles et dans les Iles Vierges britanniques et on le trouve aussi cité personnellement dans les Swissleaks… Faire la guerre lui rapporte et l’enrichit tous les jours un peu plus.  Voilà un profiteur de guerre dans toute sa splendeur :  c’est lui, en prime, qui fournit le kérosène des hélicoptères de l’armée, lanceurs de fûts remplis de poudre et de boulons !!!

Teheran-Beyrouth, avec halte à Damas, pour Qeshm
Pour fournir des armes aux troupes syriennes, l’Iran y est allé plus directement encore. Récemment, début septembre, Fox News révélait deux vols « directs » de Téhéran vers Beyrouth, pour livrer des armes au Hezbollah. L’un des vols suspect a eu lieu le 9 juillet dernier, et il a fait une halte à Damas, en Syrie.  Un second, le 4 août, a eu lieu via une route bien plus au nord, survolant la Turquie, toujours pour joindre Téhéran à Beyrouth :
Les deux vols étaient ceux de gros porteurs, des 747 de Qeshm Fars Air.  Qeshm avait déjà été cité pour le transport d’armes à bord de ces Ill-76 (ici le Qeshm Air IL76 EP-TQJ vu à Sharjah en 2000)  Le 747 était de retour le 16 à Téhéran, provenant d’Almaty (en faisant donc un crochet par le Kazakhstan !). Le 22 novembre, on avait pu suivre le vol d’un Ill-76 syrien de chez Syrian Air venant lui aussi de Téhéran, direction Damas, par le vol SYR8882. Ici le YK-ATA, photographié en train de se poser sur l’aéroport Mehrabad Intl de Teheran, le 17 avril 2016. L’avion, il y a cinq mois, avait effectué le trajet de l’aéroport international de Damas à Alep. Le Fars Air Qeshm Boeing 747-200 avait déjà été suivi en vol de Damas à Téhéran sur Flight Radar le 22 avril 2018:
En avril, selon I24, et « selon le site de suivi de vol Flightradar24, le même avion  a effectué 11 vols aller-retour entre Téhéran et Damas depuis le 30 janvier, dont trois depuis qu’il a frappé la base aérienne T4 en Syrie. Le jet dessert occasionnellement Istanbul et la capitale kirghize Bishkek. Syrian Arab Airlines, communément appelé Syrian Air, est également hyperactif sur la route, sillonnant le ciel entre l’Iran et la Syrie 12 fois depuis la fin janvier. Les derniers jours ont été particulièrement pénibles pour son Ilyushin. Un avion cargo IL-76T, capable de transporter plus de 40 tonnes. Lundi, l’appareil de fabrication russe a décollé de Damas vers Téhéran, puis est retourné en Syrie et a été vu pour la dernière fois près des bases de la ville de Hama, y compris certaines utilisées par la Russie. »  Le fameux 747  EP-FAB a effectué le trajet Téhéran-Damas 37 fois en 2017.  A pleine charge, ce type de cargo fait 356 000 kilos !!!  Ici il était encore en train de le faire le 18 septembre 2018 :  on peut constater que sa route directe, ou presque, lui fait survoler une grande partie de l’Irak… allié des USA.  Au total, depuis 2016 la seule Iran Air a effectué 140 vols vers Damas, et Mahan en a réalisé… 400 !!  Derrière Mahan Air se profile le Major-Général Qassem Soleimani, celui qui dirige aussi les forces d’al-Quds.
Le 4 septembre, on relevait qu’une des expéditions de chasseurs israéliens avait été en cause dans la destruction d’un des avions de transport syriens.  Selon des spécialistes d’ ImageSat International, c’est bien un des fameux 747 qui aurait été visé par les chasseurs israéliens (en plus d’un dépôt et de l’immeuble « Glasshouse » du QG syrien) :
Dans cette guerre des nerfs, les USA ont mis en orbite de vol un Poseidon anti-sous-marins au large de Tartous le 4 septembre dernier et envoyé au dessus de la mer, là où le Il-20M « Coot-A » russe aurait été abattu, un autre avion, le Lockheed U-2S « Dragon Lady » 80-1076, parti d’Italie, signe qu’ils prennent l’affaire au sérieux, ou signe aussi qu’ils souhaitent jeter un œil sur les progrès des russes en matière de renflouage de débris…  Tout le monde s’accorde à reconnaître que c’est bien un tir de S-200 de la défense syrienne un peu à cran qu’il l’a descendu…. au moment où les israéliens entraient pour bombarder Lattaquié (Latakia).  Ce serait le seul « Coot »   déployé sur place par les russes.
Les avions du Syrian Express
Ce système de livraison façon noria des avions du blocus de Berlin, très vite surnommé Syrian Express, voit régulièrement de nouvelles sociétés apparaître, étant donné l’interdiction de vol de certaines, ou en voit d’autres grossir à leur place.  « La principale compagnie aérienne exploitée par l’IRGC et sa compagnie Pars Aviation est Pouya Air. Ses prédécesseurs, Pars Air et Yas Air, ont été désignés comme entités terroristes en 2012 par les États-Unis, qui les ont accusés de transporter des armes au régime syrien ».  Et par un beau tour de passe-passe, Yas Air, l’interdite, est donc devenu Pourya Air, l’autorisée, en 2012 !!!  « Aujourd’hui, Pouya Air exploite six avions de transport de fabrication russe, prêtés par l’IRGC Aerospace Force.  Le CGR a également acheté récemment deux jets régionaux Embraer ERJ-145ER de fabrication brésilienne (numéros d’immatriculation EP-RAA et EP-RAD), d’une portée d’environ 3 000 kilomètres et pouvant transporter jusqu’à cinquante passagers.  Le premier de ces avions a été enregistré en Afrique du Sud par Hossein Hafez Amini, un homme d’affaires iranien basé à Istanbul, et livré à Pouya Air le 31 mars.  Les deux avions ont ensuite été aperçus à l’aéroport Mehrabad de Téhéran. livrée. Le CGR a des liens étroits avec cette dernière compagnie aérienne, apparemment une société anonyme avec un faux site Web créé il ya moins de deux ans. Les documents disponibles montrent que Rey a été incorporé en Afrique du Sud, mais son site Web montre une adresse à Istanbul. En plus des revenus générés par les vols de passagers, le CGRI peut également économiser de l’argent en utilisant ses appareils pour transporter du personnel et leurs familles. Plus important encore, le fait d’avoir sa propre flotte de fret et de passagers lui permet de transporter des agents ou des marchandises clandestines avec un minimum d’observation de la part des autorités de l’aviation civile. Qeshm Fars Air, une autre société contrôlée par l’IRGC, a récemment pris livraison d’un avion Boeing 747-200F en provenance de la compagnie afghane Kam Air à l’aide d’un intermédiaire arménien. On ne sait pas si les responsables afghans savaient où finiraient les avions. Le premier de ces avions, l’EP-FAA, a immédiatement participé à des vols quotidiens entre Téhéran et Damas (numéros de route QFZ9950 et QFZ9951). Le deuxième avion est en cours de maintenance au centre de réparation et de révision de maintenance de Farsco à Téhéran. Pour le moment, les Boeing nouvellement acquis seraient exploités par Mahan Air. » C’est l’ex Nippon Cargo Airlines, en 1990, Air Bridge CargoKam Air (en 2012) et South Airlines Armenia (en 2015).  C’est le 24576 LN:818, type 747-281FSCD. « SCD » signifiant « font and side cargo door » pour un avion cargo (son nez se lève, donc !).  Selon Ops Lens, « pour des transferts d’armes particulièrement sensibles, l’Iran utilise Pouya Air, une compagnie d’aviation sanctionnée par le Département du Trésor américain pour avoir été en partie détenue par le Corps des gardiens de la révolution d’Iran.  En avril 2017, Israël aurait bombardé une cargaison d’armes avancées destinées au Hezbollah dans un entrepôt près de l’aéroport international de Damas. Peu de temps après l’attaque, un officier de renseignement anonyme, présumé israélien, a déclaré à Reuters que les armes avaient été transportées dans un Pouya Air Il-76 qui avait atterri une demi-heure avant la frappe aérienne. »
Le pont aérien entre l’Iran et la Syrie a été particulièrement chargé récemment, avec des avions de plusieurs opérateurs civils et militaires effectuant le voyage: Mahan Air (Airbus A300 et A310), Iran Air (Airbus A300 et A320) Air (Boeing 747F et C-130), IRGC / Qeshm Fars Air / Pouya Air (Boeing 747 et Il-76), Syrian Air (Il-76) et Cham Wings (A320) (à droite la petite fête du lancement de Cham Wings entre Damas et Muscat en septembre 2015, les vols prévus étant vers Baghdad, Najaf, Beyrouth, Malmö et Istanbul). Cette dernière compagnie – une compagnie aérienne syrienne privée avec des vols réguliers entre Téhéran et Damas – a été ciblée par les sanctions américaines en 2016. La plupart des vols « Syrian Express » effectués par ces opérateurs sont programmés la nuit pour empêcher la surveillance par satellite.  Outre la route très fréquentée entre Téhéran et Damas, trois compagnies aériennes (Mahan, Iran Air et Syrian Air) visitent également l’aéroport d’Abadan par intermittence. Là-bas, des milices chiites irakiennes sont transportées par avion de Najaf et de Bassorah pour se rendre par avion à Damas ».  Quant à savoir à quoi peut aussi servir Cham Wings, c’est encore une fois Ops Lens qui nous le dit : «  l’exposé (nota : de l’agence Reuters) décrivait comment la Russie exploitait un pont aérien militaire secret qui envoyait des dizaines de milliers de mercenaires, de forces spéciales et d’armes en Syrie par le biais de Boeing 747 achetés et envoyés en Russie à travers un groupe de propriétaires de sociétés holding.  Les vols décollent de la ville russe de Rostov et sont exploités par Cham Wings, une compagnie aérienne syrienne qui avait été sanctionnée par les États-Unis en 2016 pour trafic d’armes au régime d’Al-Assad.  Les vols partent toujours la nuit et utilisent des numéros de vol pour éviter la détection.  À la différence de l’Iran, qui utilise des compagnies aériennes civiles principalement pour éviter les interférences d’Israël, on pense que la Russie utilise des systèmes de transport non militaires pour éviter de se faire prendre en Russie.  Le fait de déguiser ses cargaisons d’armes et de renforcer ses forces en Syrie, où le citoyen moyen ne comprend pas la raison de la présence militaire de la Russie, est essentiel à la poursuite de l’effort de guerre ».  A droite ici c’est le trajet d’un Ill-76 MD de l’armée russe du 223rd Flight Unit, parti de Moscou-Chkalovsky direction la base de Humaymim à Latakia, avec un arrêt à Mozdok, en république d’Ossétie-du-Nord-Alanie, une république autonome de Russie, si chère à Poutine, en traversant tout l’espace aérien turc.  A gauche ici le RA-78830 un Ill-76MD du régiment cité, pris en photo sur sa base de départ en août 2011 (photo Alexandr Sizov).  Cham a très probablement transporté dans ce cas les fameux mercenaires du groupe Wagner, si décriés.  Issam Shammout, le responsable de Cham Air, détient aussi Sky Blue Bird Aviation, qui prêtait régulièrement ses appareils à Mahan Air pour contourner les sanctions US :  résultat Sky Blue Bird y a eu droit aussi en 2015.  Cette année-là, avait aussi été sanctionnés Bahar Safwa General Trading, société derrière les avions irakiens d’Al-Naser Airlines (installé à Baghdad) et l’un de ses propriétaires, Ali Abdullah Al Hay, qui venait d’acheter deux Airbus (A320). pour Mahan Air. Neuf avions étaient alors passés discrètement de chez Al-Naser Airlines à Mahan Air… Même Sputnik en avait fait casen signalant qu’Al Naser est une des rares entreprises à faire voler l’A380 Cargo, apparu en 2011, c’est à noter.  « La portée de l’A380-800F est de 10 410 km, ce qui permet aux avions de voler sans escale de l’Europe vers l’Asie ou la côte ouest des États-Unis. L’avion transporte 150 tonnes de charge utile, comprenant 71 grandes palettes ou conteneurs de fret sur trois ponts. Airbus affirme que la capacité de charge utile est supérieure de 30% à celle du concurrent le plus proche ».  A peine si on avait remarqué  que l’Ali Abdullah Al Hay For Trading & Construction a son siège à Safwa City… en Arabie Saoudite !!!  Il faut bien du pétrole pour faire voler l’engin handicapé par ses deux ponts à charger :  chaque vol d’A-380 cargo sur  6 000 miles dévore 323 546 litres de kérosène, contre seulement 181 000 litres sur un maximum de 5,600 miles pour un B-777 …
Les faits :  187 vols répertoriés, côté Syrien !

Le bilan, impressionnant, est à faire de cette noria : « une attaque israélienne signalée a également frappé l’aéroport samedi soir et une image satellite fournie à i24NEWS par une société d’imagerie aérienne, Planet Labs, montre un avion correspondant au profil d’un 747 avec des marques de souffle apparentes sur la pister . Selon PlanetLabs, il est stationné dans une zone de l’aéroport utilisée par l’armée de l’air syrienne. Le même avion a effectué au moins 18 vols de Téhéran à Damas au cours de l’année dernière, selon l’analyse de Gerjon. Les données peuvent ne pas révéler la véritable étendue du transport aérien, car certains aéronefs ne peuvent pas être suivis pour des raisons techniques. Il n’inclut pas non plus les vols de passagers opérés par Mahan Air, accusés par le Trésor américain d’aider les combattants iraniens et téhéraniens à transporter des armes et des combattants en Syrie. Certains vols de fret atterrissent également dans des aéroports ou des bases aériennes syriennes non couverts par des sites Web accessibles au public. Bien que les vols soient étroitement surveillés aux États-Unis et en Israël, la guerre civile et les sanctions ont également gravement handicapé la capacité commerciale de la Syrie.  Certains vols peuvent donc également transporter des marchandises civiles, de l’aéroport Mehrabad de Téhéran, qui est également l’aérodrome militaire et IRGC de la ville. Les avions les plus actifs sur la route sont deux Ilyushin-76T de l’aviation syrienne, bien que peints aux couleurs de la compagnie aérienne syrienne Syrian Air. Capables de transporter 40 tonnes, ils volent également d’Abadan, une ville à majorité arabe du sud de l’Iran. Les avions appartenant à la compagnie aérienne iranienne Fars Air Qeshm sont également hyperactifs sur la route, effectuant 63 vols de Téhéran à Damas. Ses deux jumbos 747-200 sont capables de transporter des cargaisons équivalentes à 56 Cadillac.  Outre les avions cargo, quatre compagnies aériennes, principalement des passagers, circulent régulièrement entre l’Iran et Damas: Iran Air, Cham Wings Air, Mahan Air et Syrian Air. »

Mais il n’y a pas que cette noria aérienne, il y a aussi le transport maritime, via de petits cargos. Ce que nous allons commencer à défricher demain, si vous le voulez bien. Et ça, c’est aussi une grosse partie de l’iceberg immergé…

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

MH370 (5) : livrer discrètement des armes, tout un art… israélien

 

MH370 (7): la loi de Darwin appliquée au commerce des armes

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L’endroit où le trafic organisé par les iraniens est le plus visible est manifestement sur les côtes somaliennes et yéménites, pour des armes légères destinées aux rebelles Houthis.  Des navires américains, australiens, mais aussi français ont intercepté des centaines d’armes de ce genre, sinon des milliers.  Les pirates somaliens étaient équipés des mêmes armes, avec parfois de belles surprises question munitions.  Mais des avions aussi ont participé à cette arrivée massive d’armes, et un en particulier, retrouvé abandonné à Berbera, a attiré notre attention, pour nous mener à un autre trafiquant, qui lui-même va révéler un lien inattendu avec un colonel américain à la retraite… qui a longtemps travaillé pour la CIA !  Une découverte qui nous amènera au Tchad, au passage…
L’évolution du commerce des armes selon… Darwin

Cette implication des iraniens dans la dissémination directe des armes notamment au Yemen, en direction des rebelles Houthis, combattus par… l’Arabie Saoudite aidée par les USA, on la trouve plus effective encore par mer.

C’est un document implacable qui le démontre sans ambages. Il s’intitule « Dispatch From The Field, Martime Interdictions of Weapons To Somalia and Yemen ».  Il est accablant pour l’Iran en effet, car on peut y voir ce qui  a été découvert en mars 2016 par le navire australien HMAS :  une frégate lance-missile de la classe Adelaide lors de l’arraisonnement d’un petit boutre, appelé le Al Mansoor, à 170 miles nautiques de la côte d’Oman.  Il n’est pas le seul navire de guerre à avoir fait la découverte : des soldats de l’UAE avaient découvert, dans une cache des rebelles Houthis dans la province de Taiz en novembre 2015, des missiles russes caractéristiques Kornet, des missiles anti-tank qui étaient le frère siamois de ceux que découvrira la frégate française FS Provence en mars 2016,  avec des numéros de série qui continuaient même les précédents !  A bord du petit bateau de bois
« Il y avait également 2 000 nouveaux fusils d’assaut AKM (nota : des Kalachnikov) avec des numéros de série séquentiels, « ce qui suggère que les fusils proviennent d’un stock national, plutôt que de sources non étatiques disparates. » Il y avait aussi des copies de Dragunov, le fusil de calibre .50 des tireurs d’élites, fabriqués aussi en Iran, avec des originaux russes à côté… (ici photo à droite):  …ont trouvé que le même numéro de série se séquençait, « ce qui suggère que le matériel provient du même envoi », ajoute le rapport. L’Australien HMAS Darwin a saisi plus de 2 000 armes, dont des fusils d’assaut et 100 lance-roquettes de fabrication iranienne (ici à gauche). La saisie française comprenait plus de 2 000 fusils d’assaut, 64 nouveaux fusils de précision de fabrication iranienne Hoshdar-M et neuf missiles antichars de fabrication russe. »  Bien qu’il n’y ait pas de lien direct entre le constructeur de navires et le CGR, Jonah Leff, directeur des opérations chez CAR, a déclaré: « Nous avons trouvé quelques anciens employés d’Al Mansoor et ils ont donné quelques informations, qui ont en quelque sorte gelé et disparu. « A noter que parmi les fusils d’assaut saisis figuraient des engins fabriqués aussi en Chine, estampillés de l’étoile caractéristique (ici à droite). Des armes légères venues de Chine, de Roumanie, de Bulgarie et de Corée du Nord ont également été récupérées dans certains des boutres, en effet.

Certains engins étaient très récents :  à gauche ici des tubes de Dehllavieh ATGW, un missile fabriqué en 2015 selon ses inscriptions.  Un missile dont les iraniens sont très fiers :  ils en ont même fait en 2012 une vidéo de propagande, avec dans le rôle principal l’ineffable ministre de la défense, le Brigadier General Ahmad Vahidi.  C’est celui qui s’était rendu célèbre en présentant le chasseur invisible en carton qui avait fait rire toute la planète…  Le Dehllavieh est en fait la copie iranienne du missile russe 9M133 Kornet !  « Le « pipeline d’armes » décrit dans le rapport circule depuis l’Iran vers un petit port de transbordement dans la région semi-autonome de la côte somalienne, à la pointe de la corne de l’Afrique. La région côtière est en grande partie non gouvernée par les autorités somaliennes, et un ancien ministre des Ports de Puntland a déclaré à Reuters que l’année dernière, 160 bateaux iraniens ont été déclarés illégalement dans les eaux somaliennes. M. Leff a déclaré que dans les ports somaliens, il a été rapporté que les armes venaient d’Iran qui arrivent à quai ou sont ancrées au large de la côte où de plus petits navires les amènent vers des ports somaliens. Les armes entrent alors dans le commerce de la région ou se rendent au Yémen, camouflées dans le lourd trafic maritime qui sillonne la région ».

Ci-dessous la carte des arrivées des boutres dessinée par CAR : on voit que les bateaux arrivent d’abord en Somalie (des porte-containers iraniens), et que leur chargement est ensuite dispatché par les fameux boutres vers le Yemen:


« Le port le plus visités étant
celui d’Ash Shihr au Yémen, à l’est de Mukalla, selon un enquêteur en Somalie de CAR (le « Conflict Armament Research », d’origine anglaise qui faisait un excellent travail).  Un autre navire, américain celui-là, le Sirocco, découvrira 1 500 Kalashnikov, 200 lance-roquettes RPG, et 21 fusils de calibre .50 à bord d’un second boutre. L’image des Kalachnikovs empilées dans une cale du Sirocco était en effet très impressionnante.  Ci-dessous, la saisie toute aussi impressionnante des RPG découvertes le 28 mars 2016 par le petit « coastal patrol ship », l’USS Sirocco  lancé en 1992 (PC 6), et transférées au destroyer USS Gravely (DDG 107).  Un autre cliché montre les Kalachnikovs étalées à bord de la frégate Provence (ci-dessous). Les français aussi ont pu constater de visu l’implication iranienne dans le conflit au Yemen !

Et comme ça ne semble jamais avoir de fin, on peut ajouter la découverte le 30 août dernier de «  plus de 1000 Kalachnikovs », selon les premières informations apparues, une saisie d’armées effectuée, dans le Golfe d’Aden, dissimulées encore une fois dans un petit bateau à voiles, appelé là-bas un « dhow », encore un boutre en fait. La prise a été faite lorsque les marins du destroyer à missiles guidés USS Jason Dunham (du nom d’un jeune Marines qui s’est sacrifié en Irak en 2004 en se jetant sur une grenade pour sauver ses camarades) ont observé au loin, à la jumelle, le boutre se délester discrètement de colis dans un skiff plus petit, à moteur.  Un hélicoptère était allé filmer la scène (ici à gauche, on peut la voir ici en action).  Après recomptage, les marins du Dunham ont comptabilisé  2521 armes… dissimulées dans des sachets plastiques verts (ici à droite).  Il en serait resté 500 dans l’esquif qui commençait à couler, et a donc été mitraillé.  Il semble que les modèles trouvés soient des AKMS, à crosse rabattable, en 7,62x39mm. Sortie en 1959, à boîtier de culasse embouti et fabriqués également en Hongrie (la disposition des rivets visible ici faisant pencher pour une type 56 chinoise (de Norinco avec une type 56-1, celle avec une crosse métallique se pliant sous l’arme comme on peut le voir ici). En tout cas, des armes provenant d’un lot ancien du temps de l’ère soviétique !!!  On distingue très bien le sélecteur de tir en tôle emboutie, qui permet le fonctionnement en automatique.  Selon NBCNews, les armes « provenaient d’Iran« . Dans l’article on précise bien qu’en même temps, dans le même secteur, le trafic de drogue a explosé : 32 300 livres d’héroïne (14,6 tonnes !) et 175 917 de haschich (79 tonnes) avaient été saisi(e) s depuis 2012, mais début 2018 ce sont 6 600 livres d’héroïne (près de 3 tonnes) et 66 000 de marijuana (30 tonnes) qui l’ont déjà été !  Ci -dessous les Kalachnikovs empilées extraites de leurs sachets :

Des pirates aussi armés par un loup ?

Ce n’était pas la première  fois pourtant : on s’était aperçu déjà de ces arrivés d’armes, mais d’une autre manière.  Ça tenait en une seule photo.  Celle d’un bête sac plastique montré par les marins de l’USS Kid, et saisi à des pirates somaliens qu’ils avaient arrêté dans le golfe d’Oman.  Dedans, des chargeurs de Kalachnikovs, mais aussi et surtout des balles séparées, encore pour certaines dans leurs boîtes d’origine… Et là surprise : en photo, en grand (ici à droite) , une marque de visible : Wolf.  Un distributeur de munitions américain très connu sur le marché, la marque commerciale grand public de Sporting Supplies International (SSI), dont les balles proviennent pour la plupart de… la Tula Cartridge Plant installée à…  Tula, dans le District du même nom, c’est à dire en… Russie !!! (la société produit aussi à l’Ulyanovsk Machinery Plant).

Pas vraiment une inconnue, qui nous ramène à toute une série d’articles sur la circulation des armes découvertes en Afghanistan, dans lesquels Wolf avait déjà été cité : ses balles avaient été découvertes côté taliban après un accrochage avec l’armée américaine.  Le New-York Times avait fait un très bon article à ce sujet.  Son enquête aboutira plus tard à la découverte du jeune fournisseur de Floride appelé Ephraïm Diveroli.  Les mêmes étaient de retour, donc … car en prime, lors de l’inspection du bateau des assaillants, une autre découverte étrange avait eu lieu : celle d’un SAR-80 démuni de sa crosse comme pistolet-mitrailleur, à la place des fameuses Kalachnikovs, dont une chinoise similaire à celles retrouvées à Marhah, en Afghanistan, et des yougoslaves, une arme datant des années 80 et produite à Singapour…

Une histoire étouffée, maquillée, et rapidement oubliée…
En Somalie, on vient de le voir, c’est la côte nord qui reçoit les arrivages.  L’aéroport qui pourrait aussi servir à ces transferts, pour doubler celui des porte-containers iraniens, pourrait donc bien être celui de Bosaso, également connu sous le nom du Bender Qassim International Airport, localisé en effet au 11 ° 16’32 « N 49 ° 9’0 » E et situé à la périphérie de la ville de Bosaso, qui est la capitale commerciale du Puntland, le pays des… trafiquants et des pirates, comme chacun sait.  Mais sa piste de 800 mètres en 2010 n’en fait pas un bon client pour de gros porteurs.  Là-bas même un LET a fini par rendre l’âme et on peut y voir un Dash 8 ou un Twin Otter plutôt.  Non, c’est plus à l’Ouest que se niche l’aéroport de Berbera qui dispose lui d’une piste e 4,140 m (13,582 ft), en fait une des plus longues pistes en Afrique.  Celle-ci fait plus que parfaitement l’affaire en effet !  Construite par l’Union Soviétique dans les années 70,  elle a été un temps louée par la NASA 40 millions de dollars par an pour servir de piste de secours de la Navette Spatiale, de 1980 à 1991, avant que ne tombe le gouvernement de Siad Barre.  Sur le bord de la piste géante, dans le sable gît une épave d’avion :
Vu comme ça, c’est davantage un gigantesque planeur… sans aucun moteur.  Des avions pour suppléer les bateaux, on s’en doute en effet.  Or un très étrange cas concernant un trafic d’armes très particulier semble avoir échappé à tout le monde depuis… huit ans.  L’événement (un procès aux USA) n’a fait que des entrefilets à l’époque dans la presse, et a été vite tassé.  L’affaire était en effet plus qu’étrange, car, comme l’a noté  d’Haaretz dans un excellent article paru le 1er juin 2010, et que je recommande de lire, il avait été cité comme lieu d’atterrissage d’avions chargés d’armes un endroit… qui n’existait pas : «  Banderal », avait-on écrit en effet.  Nageait-on en pleine féérie ?  Ou désirait-on plutôt cacher quelque chose de très, très embarrassant, plutôt ?  Voici ce qu’en avait dit Melman : « des sources européennes – le personnel de sécurité et d’assurance travaillant en Somalie, qui connaît bien la région – ont déclaré à Haaretz que les autorités peuvent dissimuler une autre histoire. Par exemple, l’acte d’accusation indiquait que les armes avaient été envoyées dans une ville appelée Banderal, dans le nord de la Somalie.  Mais un coup d’œil sur une carte de la Somalie révèle que ce nom est fictif:  aucun endroit de ce type n’existe en Somalie.  En outre, les documents d’expédition indiquaient que la cargaison était destinée au « Ministère de la défense de la République somalienne ». Mais le Somaliland ne se désigne pas comme la « République somalienne ».  Depuis le coup d’État militaire de 1969, le nom officiel est la République démocratique de Somalie.  Et surtout, il y a la question de pourquoi le gouvernement somalien, aurait eu recours à Hanoch Miller, un armurier israélien, alors que cela pourrait être fait à partir des États-Unis ou de l’Éthiopie, qui tous les deux le soutiennent. Il y a plusieurs réponses possibles… »  Mais on en en définitive, vous allez le voir, n’en trouver qu’une seule de plausible à la fin…
On nous cachait manifestement des choses
L’annonce signée Laura Rozen était parue ainsi dans Harper’s et dans Politico :  « Un grand jury fédéral à Miami, en Floride, a inculpé un consultant en défense israélien et un citoyen américain, lesquels ont conspiré pour transférer des centaines d’AK-47 dans le nord de la Somalie. (C) Hanoch Miller, un ingénieur aéronautique israélien (ici à droite) qui a déjà été cadre avec la société d’aviation Radom en Israël, a été mis en examen le 17 juin, 2010 sur sept chefs d’accusation de complot en vue d’exporter du matériel de défense à une nation frappée d’embargo, la Somalie, de blanchiment d’argent, en fournissant de faux certificats d’utilisateur final, et des charges connexes ». Une précision semblait manquer :  « le nom de son coaccusé est expurgé dans l’acte d’accusation mais est décrit comme un citoyen américain ».  Tout laissait croire que l’on avait affaire à un gros poisson américain, donc derrière !!! « à partir d’avril, selon l’acte d’accusation, « Miller a conspiré avec son coaccusé américain pour trouver un service de fret aérien pour faire voler des centaines de fusils AK-47 de la Bosnie (retenons l’endroit !) à la ville Somalienne du nord de Banderal, en utilisant de faux certificats d’utilisateur final du Tchad, en violation des lois US sur le contrôle des exportations d’armes. La Somalie est sous embargo des Nations Unies sur les armes. Mais la source des services de transport contactée s’est avérée être un informateur pour les États-Unis de l’Agence des douanes et de l’immigration (ICE), décrit l’acte d’accusation ». L’article est plus précis encore : « Le 15 Avril 2010, [le nom expurgé du co-défendeur] a envoyé un courriel à un informateur de l’Immigrations et des douanes et a demandé si un Antonov 12 ou d’un type similaire [d’avions] était disponible pour deux vols charters de Bosnie pour se rendre en Afrique pour soulever 12 tonnes par vol pendant deux vols aller-retour en atterrissant en Afrique « pour décharger des équipements militaires » et retourner en Bosnie pour un second voyage « , lit-on dans l’acte d’accusation. « Le 21 Avril 2010, [censuré] envoyé un courriel à l’accusé et a informé que la cargaison serait:  des boîtes d’AK-47s de 6 à 7,6 tonnes et qu’il pourrait choisir d’utiliser un AN26 ou un AN12 de Tuzla en Bosnie à Banderal, au nord de la Somalie et que le paiement serait en espèces, avant le départ. « « Le 21 avril 2010, [le nom est noirci] a envoyé à l’accusé qu’il avait suffisamment de fret pour 100 vols si le premier vol était réussi. » « Le 28 avril 2010, [nom effacé] a envoyé un e-mail au à Chanoch Miller et l’a informé qui était l’acheteur en Israël et qui signerait le contrat et qu’il avait accepté le prix au moins verbalement, mais qu’il espérait faire le premier vol fait plus tôt. «  Miller, par le biais du même informateur confidentiel, a acheté 700 AK-47, 200 aux États-Unis. et 500 au Panama, et les envoyer au Somaliland plus tôt ce mois-ci. Le 15 juin 2010, dans les documents d’accusation, Miller a câblés 116 000 dollars d’une banque israélienne à une branche du comté de Broward, en Florid , chez Wells Fargo de payer pour les services, y compris une commission de 2 000 dollars pour son coaccusé, dit l’acte d’accusation ». L’affaire contre Miller a été portée aux États-Unis par le district sud de Floride. Miller a été arrêté le 18 juin, montrent des documents judiciaires et devait être traduit en justice aujourd’hui. L’acte d’accusation de son coaccusé est scellé jusqu’à son jugement ou le 9 août 2010, selon la première éventualité ».  Tout y est donc, à part ce que le secret défense US et La CIA ont noirci sur les documents. L’avion était bien un Antonov 12, et il avait chargé ses armes en Bosnie ! Il  y a même la banque Wells Fargo (celle où Viktor Bout avait déposé deux grosses sommes pour racheter deux DC-8 !) en cause…
Quel était le nom sous les gros aplats de feutre noir ?
Evidemment, on cherche qui est celui dont le nom a été si consciencieusement noirci dans tous les documents de ce procès.  Et on finit par le trouver :  c’est Joseph Fitsanakis d’IntelNews.org qui le révèle le 6 juillet 2010 : « un colonel à la retraite US Air Force, qui a été accusé d‘armes de contrebande lors du scandale Iran-Contra dans les années 1980, a été mis en accusation à nouveau, cette fois pour essayer de faire de la contrebande d’armes automatiques en Somalie.  Les autorités fédérales américaines accusent Joseph O’Toole, maintenant âgé de 79 ans, d‘avoir comploté avec le citoyen israélien (C)hanoch Miller, ancien ingénieur aéronautique de la société de défense israélienne Radom Aviation, pour transporter près de 2000 AK-47s de la Bosnie à Banderal, en Somalie.  L’opération de contrebande, a employé de faux certificats d’utilisateur finaux émis au Tchad, violant ainsi les  réglementations américaines de contrôle des exportations (…) .  C’est la deuxième fois que O’Toole est accusé de conspirer pour faire passer des armes.  En 1989, il a été accusé d’avoir travaillé avec son compatriote américain, Richard Saint-François et l’israélien présumé ancien agent du Mossad, Ben-Ari Menashe (ici à droite), pour vendre plusieurs avions cargo C-130 au gouvernement iranien.  Fait remarquable, le gouvernement des États-Unis a abandonné toutes les accusations contre O’Toole en 1991 ».  L’article oublie une chose :  dans l’accusation, O’Toole avait aussi été nommé comme ayant tenté de vendre 712 missiles Stinger « à un inconnu ».  Or cette histoire de missiles Stinger, on la connait parfaitement :  ce sont ceux que les américains ont offert aux Talibans pour lutter contre les soviétiques et qu’ils ont ensuite rachetés à prix dorés une fois ces derniers partis, trop effrayés de voir les nouveaux vainqueurs afghans en retourner plus tard contre eux, ce qu’ils ne seront pas priés de faire (combien d’hélicoptères US abattus déclarés ayant eu un problème technique, on ne les compte plus.) Oublié aussi de dire à qui appartenaient les C-130 : « Ben-Menashe, O’Toole et St. Francis avaient été accusés de conspirer en 1989 pour vendre trois C-130 pour 12 millions de dollars chacun à l’Iran sans autorisation préalable.  Les avions cargos qui ont été des chevaux de trait pour les les militaires des États-Unis pendant des décennies, étaient la propriété du gouvernement israélien ».
Un colonel, un vendeur d’armes israélien… et la CIA !

« Mais le colonel de l’US Air Force semble avoir échoué à tirer des leçons de cette expérience.  Cette fois, la source que lui et Miller ont essayé d’enrôler pour transporter les AK-47s en Somalie était en fait un informateur de l’agence des douanes et de l’immigration, qui a dénoncé les deux.  Laura Rozen a contacté la femme d’O’Toole, qui a refusé de commenter l’acte d’accusation de son mari.  Mais l’affaire a incité Yossi Melman, correspondant de la presse israélienne pour le journal israélien Haaretz, à se demander pourquoi tant d’Israéliens sont arrêtés au sujet des transactions d’armes illégales dans le monde »… Selon Haaretz, « Miller était impliqué dans un contrat de 10 millions de dollars et Radom avec la République du Tchad, qui consistait à remettre en service les hélicoptères soviétiques Mi-17, ainsi que les avions suisses Pilatus, fabriqués pour la formation et combattre les rebelles de ce pays ».  Miller, après voir quitté Radom, a fondé ensuite Yehud, en Israël, une autre société indépendante spécialisée dans la guerre électronique et les équipements de vision nocturne, avait ajouté le journal.  Pour le Tchad, le travail qui l’attendait a pris une autre tournure le 15 août 2017, avec une très violente tornade qui avait détruit le hangar du Pilatus et des hélicoptères.  Trois des six AS350/AS550C Fennec avaient été très gravement endommagés  (voir ici le désastre) ainsi que deux Sukkhoi Su-25 et le Pilatus PC-12.  Le Tchad avait été abondamment fourni par l’Ukraine, auparavant :  « bien que le Tchad n’a pas été l’un des principaux bénéficiaires d’armes de l’Ukraine dans la période 2005-2009, l’Ukraine semble avoir été le principal fournisseur d’armes du Tchad au cours de cette période.  Selon les rapports annuels du Service d’Etat sur le contrôle des exportations, le Tchad a reçu une série d’articles militaires pendant cette période, y compris 119 véhicules  de combats d’infanterieBMP, 12 véhicules de combat d’infanterie BTR-3U, au moins 4 avions d’attaque au sol Su-25 (dont 1 Su-25UB), 6 hélicoptères de combat Mi-24, 31 000 fusils et carabines, 350 mitrailleuses légères, 500 lance-grenades portables, 1000 canons antichars portables et une quantité de munitions inconnue.  Il a été suggéré que l’unité d’exploitation tchadienne des Su-25 et Mi-24 et les Mi-17 hélicoptères a été mise sous le contrôle de l’Ukraine sous forme de personnels sous contrat. Il a également été dit que les pilotes Ukrainiens ont été impliqués dans une attaque impliquant des avions de combat Su-25  et un Mi-24, hélicoptère de combat, contre des insurgés tchadiens à la frontière entre le Tchad et la région du Darfour au Soudan en mai à 2009.  Et enfin qu’un Su-25 a également été utilisé lors d’une attaque en décembre 2009 contre des insurgés qui avaient attaqué une unité de l’armée tchadienne. » note le SIPRI.  D’autres Pilatus PC-9 tchadiens semblent plutôt ceux dont devait s’occuper O’Toole.  Les avions avaient été apportés par Habib Boukharouba , un franco-algérien, de chez Griffon Aerospace.  J’avais expliqué cette armée type « Système D » ici.  Et là également.  Et là pour conclure.  Trois épisodes pour trouver au milieu le dénommé Abakar Manany, retrouvé par le Canard Enchaîné :  « Manany faisait partie, avec Guéant et J.D. Levitte de la délégation française qui a pris langue avec Bachir Saleh, en 2007 à Syrte.  Sans doute pour parler des vertus du palmier-dattier.  Depuis des années, le gentil coursier a multiplié les allers-retours en jet privé entre le Bourget et Tripoli »… Aujourd’hui,  Boukharouba  vole sur le magnifique Magister F-AZXV/479/2-HB.  Ici au RIATT 201.  L’avion appartient à Sandrine Zandotti la liquidatrice de Griffon !  On la retrouve chez n Hawker Hunter T.68 biplace immatriculé en Afrique du Sud !!).  Lorsque Joseph O’Toole décède, le 4 septembre 2017,  le Washington Post titre à son propos sans hésiter « Joseph P. O’Toole, Air Force colonel and CIA employee »… Ah et bien voilà c’est dit, ils auront mis le temps !  Le colonel travaillait bien pour la CIA… main dans la main avec un ancien du mossad israélien !!!  Il décède le 13 octobre 2017 à 86 ans.  On ne trouve pas de photos de son procès, à part une très floue. :  il voulait, on le suppose, garder ses habitudes de discrétion.  Mais on a néanmoins pu le voir s’activer en 2013 dans une manifestation anti-immigrants, comme responsable républicain local (du » Mt. View Republican Club« , ou sur une page Facebook dédiée par ce club lors de sa disparition).  Dans son faire part de décès, aucune allusion à ce qu’il a réellement fait pendant des années.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

MH370 (6) : le Syrian Express

 

MH370 (8) : « Anatolii » , l’autre marchand d’armes et « les missiles nucléaires »

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L’épave de Berbera nous a en effet intrigué.  Son analyse va nous mener à un autre pays dont nous allons beaucoup parler dans les épisodes à venir:  un pays lié à une histoire incroyable en 2001, celle du transfert d’armes à capacité nucléaire, des missiles russes fort particuliers, devenus la bête noire du Pentagone pendant plusieurs années.  Des missiles revendus par des généraux véreux désireux de se faire de l’argent avant tout, en dehors de toute considération politique.  L’histoire avait été révélée officiellement par le magazine Jane’s, très reconnu et qui fait autorité dans le domaine de l’armement.  On a ainsi disséminé en 2005 des armes nucléaires par simple goût du lucre (1) !!!  Ce pays c’était l’Ukraine, qui est en effet se retrouve au centre de toute cette longue enquête comme vous allez vous en rendre compte bientôt.  Aujourd’hui, elle va même nous faire passer par Strasbourg…

Comme candidats « serbes » au transport d’armes dans la région (cf notre épisode précédent), on a une piste.  C’est celle d’une épave d’Antonov, qui gît toujours près de la piste de Berbera…  Selon Google Earth, elle n’a pas bougé depuis… au moins 2009:
En réalité, c’est l’épave d’un Antonov 12, démuni de ses précieux moteurs quelques heures à peine après que son train d’atterrissage droit se soit affaissé à l’atterrissage.  Encore un qui était trop chargé, sans doute.  L’avion est facile à retrouver :  un photographe russe plutôt doué et adroit à réussi à pénétrer à l’intérieur pour prendre la photo d’un bout de papier laissé sur place sur lequel figure un numéro : 00347102, celui de l’Antonov 12BK S9-DBQ, crashé en août 2007, ou un peu plus tard en 2008, on ne connaît pas la date exacte.
Un avion qui avait tenté de se poser à…. Bosaso (2), mais qui n’avait pas réussi à le faire, ayant tenté une piste plus sûre, celle en bitume de Berbera.  Un chargement excessif étant très certainement la cause de sa fin.  Dès le 10 janvier 2010, l’avion avait été photographié sans ses moteurs.  Nous verrons un peu plus loin comment il les a perdus..
Des armes pour l’Afrique
Le modèle est très reconnaissable : le 12 BK, version apparue en 1966, est celle d’un transport d’assaut qui dispose d’un train renforcé pour utilisation sur surfaces non préparées (là, il n’avait pas résisté, preuve qu’il devait être ultra-chargé !), mais il a gardé le carénage du poste de mitrailleur arrière, bien reconnaissable ici.  On constate que c’est bien en effet le 4L-IRA, parfois répertorié 4L-AIR de Air Victory, comme l’annonce ci-dessus l’inscription de fuselage près du cockpit.  Il était revenu chez Styron Trading Inc en 2005 après avoir été Global Georgian, c’est un ancien Aeroflot.  La firme possédait aussi d’autres An-12, dont le S9-PSM, qui a été acheté sur internet en août 2008.  Il est photographié ici à droite à Ouagadougou, au Burkina Faso, en septembre 2007.  L’avion sera aperçu à Kinsangani déclaré comme appartenant « Anatolii Liovin », un « entrepreneur ukrainien ».  On découvrira son nom en Irlande chez East / West Alliance, une société «basée à Dublin» sans aucun bureau existant à l’adresse de Ranelagh à laquelle elle est enregistrée !  Sa fille de 24 ans, Ganna, était l’unique actionnaire de la société, selon son rapport annuel de 2010 !  Son compte bancaire menait à un compte offshore à la Parex Bank à Riga, en Lettonie :  bref la totale pour dissimuler au maximum les activités réelles de ses avions.  Liovin louait alors ses avions à à la République démocratique des forces armées du Congo (FARDC) entre 2008 et 2009, qui entretenait le groupe rebelle rwandais du FLDR dans l’est du pays.  Styron avait aussi acheté l’Antonov 4L-12008 de Global Georgian Airways.  Le 9T-TCH qui lui appartient est l’appareil concerné.  On le retrouve à Sharjah en juin 2005 sous le nom d’Aero Freight Partner, en fait une société congolaise installée à Pointe Noire. Styron Trading Inc étant en fait elle-même une société déclarée aux Emirats, et installée à Fujairah. Outre le S9-PSM (5343006, 11 fois enregistré depuis 1965) et le S9-GAW 5343103), la société possédait aussi un Ill-76T, le S9-DBR (0063471147), ancien UR-CIV de l’armée ukrainienne, (ici en train de changer de moteur) et un Antonov 26, le S9-SVB (un ancien de l’armée de l’air de l’Ouzbékistan) … bref, elle correspond exactement à l’offre de transport qui avait été faite pour transporter les armes en Somalie !!!.
Les racines ukrainiennes de Styron Trading
Styron Trading Inc, on ne trouve pas grand chose à son sujet, à croire que la société avait elle-même choisi la discrétion..  C’est donc un blog fort intéressant appelé « Les criminels d’Ukraine » qui nous donne une piste sérieuse sur le mystérieux Styron Trading Inc, en date du 15 janvier 2003. « Ce que Kuchma (Leonid Kuchma, président de l’Ukraine de juin 1994 à janvier 2005) a appris c’est que le 5 juin 2001 le sous-ministre de la Défense pour l’armement – chef des armements des forces armées de l’Ukraine, le colonel-général Stetsenko, avait signé avec JSC un contrat « Motor Sich » №127 / 12-c, pour le remboursement de la dette au ministère de la Défense.  « Motor Sichyu » dans laquelle étaient inclus depuis l’année dernière 4 avions militaires de transport IL-76 MD.  Les fonctionnaires du ministère de la Défense avaient estimé l’avion à 9 590 456 UAH (d’hryvnias, la monnaie de l’Ukraine).  Le lendemain, « Motor Sich » a vendu ces avions à « Kiev LLC Beta » pour 7 580 580 UAH. Ainsi, en une journée seulement, les avions avaient baissé de plus de 2 000 000 d’UAH. Les experts de l’évaluation du Centre des Entreprises, à l’Institut ukrainien de recherche de technologie de l’aviation,  sont venus à la conclusion que le coût de quatre Il-76 MD avait été sous-estimé par les responsables du ministère de la Défense de 701 062 dollars des États-Unis.  Deux semaines plus tard, « Kiev LLC Beta », conformément à l’accord № 326-01, vendait ses 4 IL-76 à l’entreprise américaine « Styron Trading Inc  » (enregistrée dans l’État du Wyoming: 770 West Collins Drive Suite 104, Casper, Wyoming 82601 ). « Les informations d’Omelchenko au Président ont souligné que le propriétaire « Styron Trading Inc » – était un citoyen Ukrainien, un homme d’État qui a des comptes en devises à l’étranger où sont des dizaines de millions de dollars (…)  Il est temps d’appeler l’agent d’État sans scrupules qui et le propriétaire de « Styron Trading Inc ».  Anatolii Ivanovich Levin, Membre du SDPU en 2002, il a été élu en Ukraine en prenant le poste de vice-président du Comité Verkhovna Rada de la construction, les transports et les communications. Spécialité: ingénieur pilote.  De 1995 à 1997, Levin (ou Lovin ou Lovin Anatolii Ivanovich) était directeur général et président de la compagnie aérienne « ATI », en 1997-2002 (ici à droite l’ATI UR-76777 IL-76MD à Ostende le 25 juin 2001) – et président de la société « Titan ».  De la bouche d’Omelchenko, nous apprenons que M. Levin est étroitement lié aux relations d’affaires, non seulement avec les généraux militaires.  Au final, le nom « Ukrgasbank » et la société « Faht European Ltd » apparaissent (Faht signifiant « Financial Assets Held for Trading »).  D’après le contenu des documents de Leonid Koutchma, obtenus le 11 décembre l’année dernière, « Ukrgasbank » et « Faht européenne Ltd » ont pompé un grand nombre de millions au-delà des frontières de la patrie, puis les ont lavés.  Mais il se trouve que le monde est petit.  Et voici le nom de la mystérieuse entreprise qui revient. 
Selon le député, Omelchenko, parmi les vols « Ukrgasbank » 42 373 089 dollars ont été transférés du compte de la société №3204030680 « Fahr Ltd européenne » au compte bancaire №260093300810 / 840 du groupe Titan (SJSC « Titan »).  La STA a soigneusement vérifié tout le groupe des entreprises appartenant à Levin et a ouvert une procédure pénale.  Les autorités fiscales ont établi que Levin avait blanchi plusieurs dizaines de millions de dollars à l’étranger, des taxes qui, bien entendu, n’étaient pas payées.  En particulier, parmi les arnaques, il existe un contrat avec Ukrspetsexport, selon lequel la compagnie aérienne « ATI » transportait des « équipements spéciaux ». 

Il faut savoir que la spécialité d’Ukrspetsexport est la liquidation des dépôts d’armes hérités des forces armées soviétiques, en plus d’en produire elle-même.  « Les recettes – 120 000 dollars – ont été dissimulés au service des impôts.  Pour comprendre l’ampleur des actions des élus, nous dirons seulement que pour 1999-2001, Levin a retiré près de deux millions de dollars sur ses cartes Visa ». Grigory Omelchenko soutient que l’enquête a recueilli suffisamment de preuves sur les activités criminelles de Levin »... On finit par retrouver un des Ill-76 de Lovin : c’est l’ER-IBB (0063471147).  L’ex CCCP-76703 transféré des forces armées russes (Melitopol) à Aeroflot pour devenir en 2001 ER-IBB chez Azal Air Cargo (ah tiens voici  déjà L’Azebaïdjan). … et là on découvre le pot aux roses, puisqu’en 2003 il devient le 4K-AZ28 chez Silk Way, puis il est siglé « Sarit Airlines » sur le fuselage … (futur Badr Airlines), et en 2005, il devient le S9-DBR chez Styron Trading Inc, vu ici le 12 juillet 2006 en train de se poser sur l’aéroport de Johannesburg O.R. Tambo Int’l en Afrique du Sud.  Il finit Royal Airlines Cargo sous l’immatriculation 4L-ZIL, qui les loue alors à Global Georgian Airways.
Et quand je dis fini, c’est fini :  il s’est écrasé à moins de 30km de Kaboul, le 11 novembre 2005, tuant ses 8 occupants.  Il était alors  » affrété pour transporter des équipements de communication pour les forces de la coalition de Bahreïn à Kaboul et aux États-Unis, sur la base aérienne militaire à Bagram.  Dans sa descente, l’avion avait heurté  une montagne à 2120 m d’altitude, à 28,6 km de Kaboul ».
Directement lié à UkrSpetsExport
 Le 18 mars 2017, on annonçait à Londres l’arrestation de Sergei Bondarchuk, ancien directeur d’UkrSpetsExport, sous Viktor Yushchenko (président du pays de janvier 2005 à 2010), accusé d’avoir détourné pas moins de 7,5 millions de dollars… au moment donc où Styron était détenteur de l’Ill-76 !!!  Pour rappel des « éléments spéciaux » ou plutôt sensibles que pouvaient transporter ces avions, il faut savoir que le 15 avrilCenter for Public Integrity avait révélé que la firme ukrainienne avait bel et bien vendu des radars sophistiqués à Saddam Hussein : « il avait obtenu une cassette audio d’une conversation entre Kuchma et Valeri Malev, alors directeur de la société d’exportation d’armes publique Ukrspetseksport. Dans cette conversation, Kuchma avait approuvé l’exportation du système radar, connu sous le nom de Kolchuga, et la manière dont il était expédié: en le cachant dans des caisses utilisées pour exporter des camions ukrainiens.  Kuchma a également accepté d’envoyer des experts en Irak avec des passeports falsifiés pour déployer le système.  L’opération devait être menée par Leonid Vasilievich Derkach, alors chef du service de sécurité ukrainien, le SBU.  Le Kolchuga, nommé d’après l’ancien gilet pare-balles russe, est fabriqué par la société ukrainienne Topaz.  Le système peut identifier, détecter et verrouiller des missiles anti-aériens sur des cibles aériennes situées à une distance de près de 500 miles et peut neutraliser la technologie «furtive».  Il est capable de détecter des cibles au sol à 370 miles ».  Dans la grande tradition de la guerre froide, on avait assisté juste après à une subite disparition : « le directeur général de Ukrspetseksport, Valery Malev, s’était tué dans un accident de la route en mars 2002, juste avant l’annonce par une commission parlementaire d’éléments suggérant des ventes illicites d’armes en Irak » avait remarqué la BBC.  Un témoin gênant de moins ! Et hop !
L’incroyable histoire des missiles « nucléaires » revendus

La mort de Malev n’était pas liée aux radars, mais à une autre affaire.  En 2001, éclate une affaire d’espionnage assez croquignolesque.  C’est Peter Dale Scott qui s’en est fait le héraut dans « American War Machine: Deep Politics, the CIA Global Drug Connection, and the Road To Afghanistan ».  L’un de ses derniers livres, l’Etat Profond Américain, reprend à la lettre l’excellent ouvrage de David Wise et Thomas B. Ross «  « The Invisible Government ».  La théorie, imaginée brillamment dans les années 60 par ses deux auteurs, tient toujours en effet, selon moi. D’après plusieurs des informateurs de Dale Scott, des missiles nucléaires russes de 200 kilotonnes capables d’une portée de 3000 km seraient passés discrètement chez les chinois et les iraniens, et pas officiellement, plutôt sous forme de contrebande, le côté argent ayant primé chez les passeurs à la place d’un quelconque sentiment patriotique.  En fait un document russe de 1995 avait déjà laissé entendre qu’une usine de production complète de missile plus ancien Kh-15, d’à peine 300 km de portée, était prévue et devait être construite à Shanghai, mais très vite des observateurs avaient pensé que le missile russe passé en Chine aurait déjà pu être un missile plus évolué tel que le Kh-55, très proche du missile américain BGM-109 Tomahawk Le 18 mars 2005, Jane’s Intelligence Digest, à la surprise générale, parle plutôt lui d’une « vente » et met en cause des responsables ukrainiens, en faisant remarquer « qu’il ne fait aucun doute que « la vente des missiles à l’Iran et à la Chine n’a pu avoir lieu qu’avec la connaissance et la coopération de hauts responsables et fonctionnaires ukrainiens » et « qu’il y a des preuves croissantes suggérant que la vente de missiles à l’Iran a été entreprise avec l’aide des services de sécurité russes ».  C’est alors que Gregory Omelchenko, ancien colonel du renseignement auprès du président ukrainien Viktor Iouchtchenko, donne des détails supplémentaires inattendus sur ce prétendu marché d’armes fort particulières, celle d’une douzaine de missiles Kh-55 (il y aurait eu 18 paraît-il) qui auraient ainsi été transmis sous le manteau par un groupe obscur de membres des services secrets russes et ukrainiens et des officiers militaires dans le dos de leur hiérarchie, ce qui semble incroyable en effet, et ce, comme on l’a dit, uniquement pour l’appât du gain.  Dans des lettres très précises, il y affirmait par exemple que Sarfraz Haider, 53 ans, alias « Sarfzaz, »était soupçonné de faire partie de ce trafic d’armes d’un genre très dangereux.  Le propre fils de Haider avait été lui-même contacté par Ruslan Saidov, qui prétendait être un ami et un associé de « « Sarfraz ».  Ce dernier, sous le nom de code de « Dex », aurait vendu des centaines de milliers de dollars d’armes diverses.  Saidov aurait tout raconté au fils de Sarfraz (qui était australien mais d’origine Afghane-Iranienne).  Pour les missiles volés, c’est sa compagnie maritime SH Heritage Holdings, société chypriote, qui les auraient transférés de la Mer Noire à Chypre (la séquence rappelle de beaucoup celle d’un cargo qui devait contenir autre chose et qui a longtemps erré en mer, l’Artic Sea, en 2009). Toute l’histoire est dans le livre Third Barbarossa d’Anton Baumagarten et dans les textes de Vadim Stolz (VS), président du Comité Editorial International de burtsev.ru – groupe de journalistes d’investigation affilié à l’hebdomadaire internet LEFT RUSSIA (www.left.ru). Le  18 mars 2005, NBCnews révélait l’affaire,  citant un procureur américain chargé de l’affaire : « des trafiquants d’armes ukrainiens ont passé en fraude 18 missiles de croisière à capacité nucléaire en Iran et en Chine sous le gouvernement de l’ancien Président Leonid Koutchma, ont annoncé vendredi les procureurs. Les engins ont un rayon pour atteindre les États-Unis. Un responsable senior a déclaré à NBC News que selon les services de renseignement des États-Unis, l’Ukraine a vendu des missiles de croisière à longue distance à l’Iran et à la Chine au cours des quatre dernières années, comme l’a rapporté le procureur général ukrainien. « Le contenu de ce rapport est exact. Nous pourrions peut-être discuter avec ce chiffre, mais nous ne vous écarterions pas de cette évaluation … ni des destinations », a déclaré le responsable. Les missiles de croisière Kh55 ont été passés clandestinement en Ukraine il y a quatre ans, a annoncé le Bureau du Procureur général dans un communiqué vendredi. Les procureurs ont déclaré que les missiles, d’une portée de 1 860 kilomètres, avaient été vendus illégalement et n’étaient pas exportés par les entreprises ukrainiennes. Cependant, selon le responsable, les services de renseignement des États-Unis estiment que les autorités ukrainiennes, opérant au plus haut niveau, ont facilité la vente de dizaines de missiles de croisière AS-15, dont six à la Chine et à l’Iran. L’AS-15 est un missile de croisière à grande vitesse d’une portée de 3 000 kilomètres. Ils sont lancés à l’air, ce qui signifie qu’ils peuvent être tirés d’avions ».

Drôle de Far-West !

L’intermédiaire avait été la société Far West (3) qui avait arrosé pour les obtenir 3 millions de dollars en pots-de-vin à l’agence publique ukrainienne Ukrspetseksport. La firme en avait fabriqué 1612 exemplaires avant la chute de l’URSS, et il lui en restait 575 qu’elle aurait dû remettre à la Russie, les autres devant être détruits selon un programme de désarmement financé par les États-Unis. Les missiles devaient en fait être détruits, selon les accords SALT, et ils ne l’avaient pas été mais… volés !  « Selon la lettre d’Omelchenko, en 2000, le ressortissant russe Oleg Orlov et un partenaire ukrainien identifié comme E.V. Shilenko « ont exporté 20 missiles de croisière Kh-55 à travers un faux contrat et un certificat d’utilisateur final » avec un marchand d’armes russe et avec une société appelée Progress, une filiale de Ukrspetseksport, une agence d’exportation ukrainienne ». Une enquête ultérieure du gouvernement ukrainien (en 2005) aurait bien confirmé que des missiles avaient effectivement été vendus illégalement, mais elle avait nié que des fonctionnaires aient été impliqués.  A droite c’est la variante Raduga Kh-55SM « Kent », munie de réservoirs supplémentaires sur les côtés.  En outre, l’enquête avait prétendu que les missiles étaient effectivement inopérables, car ils étaient âgés de plus de dix ans après la fin de leur durée de vie et n’étaient pas du tout en état de fonctionnement.  Selon lui, deux autres co-fondateurs de Far West Ltd (1), Anton Surikov et Alexei Likhvintsev, auraient même rencontré des représentants de l’administration Bush à propos de l’opération.  Le responsable de Far West Ltd n’était autre que le prince saoudien Rasheed ar Rasheed, des services secrets et un proche du Prince Turki al-Faisal (un proche de G.W.Bush, ici en photo lors du conférence sur la sécurité à Munich, avec John McCain).  Selon les russes, avec cette rencontre, c’était bien l’aveu que la contrebande de Kh-55 avait été initiée par les néoconservateurs américains, dont Cheney et Rumsfeld, afin de créer un casus belli contre l’Iran. On peut penser à une désinformation, ou à une théorie complotiste, mais quatre hommes étaient morts bien étrangement après le vol prétendu :  l’ancien directeur du cabinet d’experts Far West Ltd Mikhail Vunsh a explosé dans sa voiture en Afrique du Sud avec son chauffeur, Valery Malev, le directeur d’Ukrspetseksportest est mort en s’endormant au volant sur une route de Poltava. Haider s’est tué en quad en heurtant un mur à basse vitesse à Chypre en janvier 2004.  Le quatrième, Oleg Orlov, arrêté en Tchéquie avait été extradé en Ukraine en 2005 mais on l’avait retrouvé la gorge tranchée dans sa cellule (c’est rappelé ici) : or c’était aussi un associé de Viktor Bout !  Un cinquième larron, Vladimir Filin, ex-général né Litovchenko aurait échappé aux meurtres en se rendant introuvable.  A noter que Borys Marusych, le directeur d’Ukrinmash, lui aussi impliqué dans le trafic d’armes, avait été tué en 2000 dans un accident de circulation….  Selon le chercheur Joël van der Reijden, la liste des personnes tuées liées plus ou moins à Far West est bien plus longue (on notera le nom d’Alexander Lebed, qui a été candidat à l’élection présidentielle en Russie et qui s’était refusé à suivre les putschistes de 1991 : lui aussi avait parlé de fuites d’éléments nucléaires dans le pays).

  • Sangak Safarov – March 1993 – shot by Faizullah Saidov during an argument 
  • Faizullah Saidov – March 1993 – shot by Sangak Safarov during an argument
  • Abdulamon Ayombekov aka « Lyosha the Hunchback » – 1994 – Blown up
  • Ruslan Labazanov – 1996 – Shot by his guard
  • Usman Imaev – 1996 – Disappeared
  • Valery Malev – March 2002 – Car accident
  • Alexander Lebed Apr. 28, 2002 – Helicopter crash
  • Mikhail Vunsh – Dec. 2, 2002 – Car bomb
  • Sarfraz Haider – Jan. 2004 – Hit wall on quad bike (slit aorta)
  • Sergei Petrov – Jan. 24, 2004 – Car bomb
  • Roman Tsepov – Sep. 24, 2004 – Radioactive poisoning
  • Paul Klebnikov – July 9, 2004 – Drive-by shooting (van der Reijden gives his birthdate)
  • Armen Sargsyan – Jul. 27, 2005 – Drowned while drunk
  • Andrei Kozlov – Sep. 14, 2006 – Shot to death
  • Oleg Orlov – Jun. 2007 – Strangled in prison
  • Anton Surikov – Nov. 2009 – Unknown

A noter aussi qu’il aura fallu 2015 pour que l’Iran révèle une copie présentable du KH-55, appelée « Soumar »  (ici à droite).  Il avait été annoncé en 2012 sous le nom de Meshkat. Une copie parfaite… réalisée donc en 14 ans : les missiles d’origine étaient dépourvus de tête nucléaire, et le plus difficile dans le domaine est la miniaturisation de la charge.

(4). A noter aussi qu’ici on cite également Lebed « présidentiable russe » en rappelant une de ses casquettes gênantes :  « les responsables d’Air Bas ont nié toute connexion avec Bout, mais Les responsables du Royaume-Uni et des États-Unis ont déclaré que l’entreprise avait des liens avec l’entrepreneur. Victor Lebedev, directeur général d’Air Bas, a été identifié par les les fonctionnaires  des États-Unis comme un opérateur de Bout. Il a confirmé dans une interview que l’avion de son entreprise s’était rendu à Balad quatre fois en octobre, transportant des fournitures pour KBR, la filiale d’Halliburton ». A gauche le 3C-KKJ d’Air Bas photographié à Sharjah.

Ce si bon Anatolii…
La personnalité mise en cause ici (Anatolii Levin) est fondamentale en effet, et c’est sa propre biographie exposée sur le net qui nous en donne la preuve : ‘« de 1982 à 1992, il a occupé des postes de direction dans l’armée soviétique dans des postes de commandement dans la région de la Baltique, en Russie centrale, en Ukraine et en Afghanistan. Il a effectué des tâches dans le 224 e détachement de l’aviation d’État (Moscou).  Anatolii Levin a servi dans de nombreuses zones d’action militaire à la fois en URSS et à l’étranger.  Son grade militaire est colonel, 1 er classe de pilote militaire, 1 er pilote-instructeur d’aviation civile.  En 2006, il est devenu fonctionnaire du 1 er rang (1ère catégorie).  En 1993-1994, il a été chef adjoint du Département de la formation au pilotage du Ministère de la construction de machines, puis de la compagnie aérienne « Aviaobshemash » (Moscou).  De 1994 à 2002, il a occupé des postes de direction dans des compagnies aériennes, des compagnies d’aviation (Air Ukraine) et président de la société « Titan ». Un système autonome d’exploitation, de service et de réparation de l’équipement aéronautique a été mis en place, avec un nombre total de plus de 1 000 employés (ici à droite l’UR-76716 « AT.I » vu à Ostende le 4 juillet 1999 et à gauche le nez du Ill-76MD ATI immatriculé UR-76584 visible en 1996). La compagnie aérienne a été créée par lui en 1995.  Cette compagnie était le plus grand transporteur aérien de fret d’Ukraine et d’Asie-Afrique jusqu’en 2001, date à laquelle elle a été délibérément détruite par les forces ukrainiennes à la demande des concurrents.  Plus tard, les concurrents ont saccagé les biens appartenant à la société et à Anatolii Levin ». Ah tiens, il livrait déjà l’Asie et l’Afrique ?
Evincé par…  Silkway !
Mais il y a mieux encore :  « Il a également été privé de contrôle sur une autre compagnie aérienne « Silk-Way » (Azerbaïdjan), qui est actuellement la plus grande compagnie aérienne de fret de ce pays, en raison d’actions délibérées menées par les mêmes organes « répressifs » ukrainiens.  Jusqu’en 2001, l’Ukraine contrôlait près de 100% du marché du transport aérien de marchandises en Azerbaïdjan par l’intermédiaire des organisations d’Anatolii Levin.  Étant donné le carburant relativement bon marché et la bonne situation géographique du pays, il était possible de contrôler presque tout le transport aérien de fret dans la région ».  Ah tiens encore, on l’aurait donc évincé, lui et ses avions, au profit de… Silk Way ?  Ah mais voilà qui devient passionnant !!!  Il va falloir que l’on jette un œil là-dessus, ce que l’on va faire en détail prochainement, rassurez-vous !!!!  Et où trouvait-on au fait les avions d’UTI en 2001 ?  A Ostende, pardi, comme ici à gauche pour le IL-76MD immatriculé UR-76777… ci-dessous le N°0073474211, en fait l’UR-76716 vu à Ostende, réintégré dans les forces aériennes ukrainiennes en train de dépérir en 2013 (on le voit ici en 1999 en train d’avaler un container jaune à Luton, en Angleterre) :
Anatolii, ses avions confisqués et ses moteurs volés
Il n’y a pas que Silk Way qui lui a causé du tort, à notre Anatolii.  Le gouvernement ukrainien lui aurait aussi « piqué » pas moins de 14 appareils lui appartenant en mars 2001, selon lui :  8 Antonov 28 (ici à droite celui des parachutistes de l’aéroclub de Magdebourg), des avions très prisés par les parachutistes, les trafiquants ou les commandos des forces spéciales, restés sur la base aérienne d’Uzyn dans la région de Kiev et le 8 Let 410, bimoteurs réputés pour leurs qualités de décollage et atterrissage courts (STOL), qui étaient parqués au Cherkasy airport.  On les a tous laissés dépérir, les laissant se faire vandaliser, certains des An-28 étant vendus avant la fin de la procédure judiciaire en cours, un étant parti en Moldavie un autre vendu à une compagnie non nommée dans le rapport (à gauche les Let décrits sur l’aéroport de Tcherkasy en 2005 et en 2017. les deux avions aux ailes rouges restants sont les Let d’Air Ukrainian visibles les modèles UR-67479 et UR-67481, des Let L-410UVP, voir ici à droite). Les 8 An-28 valant à l’achat 48 millions de dollars, les 8 Let 44 millions, Anatolii réclamant en plus une perte d’exploitation chiffrée à 60 464 552 dollars. Entre autres compensations, il souhaitait par exemple le remboursement de 63 groupes auxiliaires de puissance (moteurs ) APU TA-6A, au nom de « Aviacompaniya ATI » et de la société irlandaise « East / West Alliance Limited » (possédant 100% des parts de ATI, les textes sont ici) : « Le préjudice matériel causé au requérant est de 20 430 712 USD (coût de 63 APU). En outre, les dommages ont été causés sous la forme de pertes de bénéfices dues à la non-location, qui se sont élevées à 12 704 729,70 USD. » L’APU cité (ici à gauche) est un moteur auxiliaire d »l’Il-76, de Tu-154, Tu-22M d’An-32.  Un jugement de la Cour Européenne de Strasbourg de 2014, précise que les avions n’étaient en fait pas les siens (son contrat du 30 juillet 1999, modifié le 28 décembre 1999, spécifiait que les avions n’étaient pas neufs car ils affichaient entre 455 et 2 821 heures de vol et qu’ils étaient loués à ATI pour dix ans). Et il était stipulé aussi dans le contrat que l’avion resterait la propriété de la société d’origine pendant toute cette période.  La propriété pourrait alors être transférée à ATI, à condition qu’il ait réglé tous les paiements de crédit-bail.  Celle-ci obtiendra 5 millions de dollars de dédommagement au final, mais pas ATI… Mais ce n’est rien encore au regard d’une autre affaire, apparue en 2008 dans une autre court de justice… en Ouganda.  Une bien étrange affaire: celle d’un avion immobilisé par la police ougandaise alors qu’il était en train de se faire réparer.

L’avion était l’Antonov 12BK, immatriculé 4L-ELE, (N°5342802, ici à droite, à l’origine armée russe CCCP-11905).  Il appartenait à Varty Pacific Inc., une étrange société enregistrée dans les Iles Vierges, alors que son bureau était installé à Sharjah (on la retrouve logiquement dans les Offshore Leaks, qui cite à sa tête Roman Gilmanov, aussi responsable de Global Service Solution installée aussi à Sharjah, appartenant à Radhakrishnan Gunasekaran, qui est associé à Delta World Charter… et qui dirige aussi une société de voitures de luxe à Dubaï! !)  Apparaît aussi Stream Aviation Ltd, qui comme son nom ne l’indique pas est une société… française mais qui œuvre alors sur le marché de l’aviation civile en Ouganda.  Elle possède à ce moment-là un bureau à l’aéroport d’Entebbe et un contrat en cours pour le transport de marchandises pour l’UPDF :  c’est elle en réalité qui loue l’avion à Varty Pacific Inc, son propriétaire. On la retrouvera avec son responsable Haroun Eisa Sami à réclamer 2 870 000 de livres au gouvernement ougandais pour avoir effectué des vols pour le ministère de la défense (chaque vol étant facturé 75 000 livres).  Les vols avaient été ceux de l’Operation Lightning Thunder, l’opération tentant de capturer Joseph Kony.  Or la plainte provient d’Anatolii Levin, notre fameux responsable de Styron Trading Inc, inscrit dans les Emirats Arabes Unis !!!  Selon lui, le 4L-ELE était alors en train de recevoir des moteurs d’aviation qui avaient été volés sur son avion immatriculé S9-DBQ (et donc enregistré dans la République démocratique du Sau Tome) qui était alors bloqué sur l’aérodrome de Berbera en Somalie, après la casse de son train comme on a pu le voir.  Il sera débouté de ses espoirs de compensations financières, au final.

 

(1) à nous y faire beaucoup repenser lors de l’affaire de l’Artic Sea…

(2) nous reviendrons dans quelques semaines à cet endroit avec l’étude de documents très instructifs du Conseil de Sécurité de l’ONU…

 (3) Far West Ltd n’est pas non plus n’importe quoi , comme j’ai déjà pu l’écrire ailleurs: « Far West, émanation de la CIA pour déstabiliser Poutine sur son propre territoire, représentait un allié rêvé pour lui en effet. « Far West est une organisation importante de la mafia russe qui fourni du conseil en sécurité et des services de transport. Elle transporte aussi également des armes et de la drogue.  De 1991 à 2003, Far West dit avoir transféré 300 tonnes d’héroïne en Europe occidentale. Vladimir Filin, le chef de l’organisation Far West, a déclaré à un intervieweur Russe que son entreprise a été co-fondée par une importante société américaine.  Il a ajouté que Far West indirectement coopère avec le gouvernement des États-Unis ».  La drogue, volet oublié de la chasse au Viktor Bout, revient frapper à la porte avec force. Il faut bien écouler l’héroïne afghane, en effet, et il faudrait ne pas l’oublier, tant sa production est devenue colossale !  Pour cela rien de tel qu’un contact russe branché directement sur des société américaines.  « Nous coopérons avec la partie américaine dans le domaine de transport commercial non sur la base de contrats commerciaux directs entre notre agence [Far West, Ltd] et le gouvernement des États-Unis, mais par l’intermédiaire de sociétés co-fondées par l’agence et une entreprise privée des États-Unis, qui à son tour interagit également avec le gouvernement des États-Unis ».  Pour cela il faut des hommes, et ceux que l’on cite du côté US sont Peter Goss et Kyle Foggo  :  les pires individus ayant sévi à la CIA !  Kyle Foggo, ancien troisième de la hiérarchie de l’organisation et aujourd’hui en prison pour détournements de fonds publics ! L’un des pires profiteurs de guerre ayant existé !« 

(4) cette histoire de missile volé, ça a recommencé en …. Ukraine, cette fois encore, avec des… iraniens et un découverte fin mars 2018 dans le coffre d’une voiture… selon un site israélien plutôt sarcastique en commentaire :« les «activités pacifiques» iraniennes se déroulent également en Ukraine. Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont réussi à mettre en œuvre les deux principaux produits iraniens qui se référaient à un nouveau missile de type KH-31 de fabrication russe, d’autres composants en Ukraine ainsi que des documents techniques. Les objets ont été découverts dans le véhicule des deux citoyens iraniens, après une filature qui a duré plusieurs mois. L’un des deux Iraniens en question, Abdi Biyan, était autrefois un ancien attaché militaire de l’Iran à Kiev! L’information a été transmise par Vasyl Hrytsak, directeur des Renseignements intérieurs ukrainiens aux responsables américains lors d’une visite récente à Washington. Le missile KH-31 (en russe X-31) est un missile de croisière air-sol et anti-navires. Il est capable d’atteindre une vitesse de 3,5 et plus et est le premier missile supersonique au monde. Si cette partie de missile avait pu être acheminée jusqu’en Iran pour y être étudiée et reproduire, cela aurait pu augmenter significativement les capacités de ce pays pour renforcer son emprise dans le golfe persique, lieu d’un intense trafic fluvial où l’Iran fait également face à l’Arabie saoudite et aux émirats ».  Au départ c’est le Daily Beast qui a révélé l’affaire.  Selon la presse US, les deux hommes auraient été des diplomates iraniens. L’un des deux (visible ici à droite) serait Abdi Biyan, l’attaché militaire à l’ambassade d’Iran à Kiev.

sur les KH-55 on peut s’informer ici

http://www.ausairpower.net/APA-Rus-Cruise-Missiles.html

Le texte sur le litige amené devant la juridiction de Strasbourg :

Le 23 novembre 2013, la Cour européenne des droits de l’homme a publié sa décision sur l’affaire « East / West Alliance Limited Ukraine » sur son site web officiel.  Le texte a été repris ici : « La société, la requérante, une société irlandaise ayant un bureau de représentation en Ukraine, ainsi que d’autres sociétés du secteur de l’aviation, faisait partie du consortium Titan.  En 1999, la société a acquis des appareils An-28 d’occasion.  Par la suite, des aéronefs ont été loués à l’une des sociétés du consortium aéronautique pour une période de 10 ans.  La propriété de ces objets en vertu du contrat de location passé au locataire si celui-ci remplit toutes les conditions du contrat et effectuera tous les paiements dans les délais fixés dans le contrat.  En 2001, le locataire avait des retards de paiement dans le contrat, le contrat a été résilié et une partie de l’aéronef a été vendue par le propriétaire. En août 2001, la société requérante a signé un contrat de location pour le dernier aéronef lui appartenant avec une autre société, mais le contrat de location n’est jamais entré en vigueur.  Au cours de cette période, une affaire pénale a été ouverte pour non-paiement d’impôts.  Dans l’affaire pénale du bureau du consortium, dans les locaux de la société requérante, notamment, bien que cette société n’ait pas comparu dans l’affaire, ils ont fouillé et saisi les originaux des contrats, ce qui confirmait la propriété de l’aéronef. Le dossier ne contenait aucun dossier confirmant le retrait de ces contrats. Dans la suite, un autre corpus delicti a été ajouté à l’enquête: la falsification des documents. L’enquête a été menée – l’inspection du lieu de l’incident – le lieu où l’avion de la société requérante a été gardé. Les avions ont été inspectés, selon le protocole: le propriétaire n’est pas installé, les gardes n’étant pas en mesure de fournir des documents aux forces de l’ordre. Plus tard, l’avion a été reconnu comme preuve matérielle.  Une partie des avions a ensuite été déclarée propriété banalisée et vendue à des tiers, alors même que le procès n’était pas achevé et que l’arrestation n’était appliquée que par mesure de sécurité. La Cour européenne des droits de l’homme a constaté une violation de l’article 1 du Premier protocole à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (droit de posséder pacifiquement leurs biens). La Cour européenne, en particulier, a indiqué que même la saisie de documents appartenant au requérant avait déjà porté atteinte à son droit de possession pacifique de ses biens. La Cour de justice des Communautés européennes a également conclu à la violation de l’article 13 de la Convention (droit à un recours effectif).

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH370 (7): la loi de Darwin appliquée au commerce des armes

MH 370 (9): le dossier compromettant

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Nous avons abordé hier le rôle de l’Ukraine dans la dissémination des armes légères dans le monde.  Un rapport sidérant décrit l’arsenal dont avait hérité le pays après la chute de l’URSS.  Près des 2/7 de ces stocks ont atterri selon lui en Afrique !
L’une des sociétés de transport aérien parmi les plus concernées était Aerocom, qui nous ramène aujourd’hui à une très étrange histoire de mercenaire américain (un « contractor ») retrouvé criblé de balles dans son SUV au sortir d’une réunion avec David Petraeus…  Rappel des faits et découverte d’un autre pays fournisseur :  la Bulgarie. 
Un retour en arrière édifiant : on savait déjà tout depuis 2004 !
Aerocom ? mais voilà qui nous rappelle plein de choses ! L’incroyable histoire de faux talibans à gros bras (et bronzage apparent, ici à gauche) venus faire une conférence vidéo pour annoncer la mort d’un mercenaire américain qu’ils auraient assassiné car il faisait de la contrebande d’armes… (voir ici laquelle).  J’ai raconté cette histoire sinistre ici, c’est celle de Dale Stoffel, qui s’était fait souffler un mirobolant contrat de chars, juste après avoir été reçu par l’ineffable général Petraeus, celui qui a été incapable de comptabiliser les armes saisies à Saddam Hussein et qui les a laissées partir dans la nature !!!  Nous sommes alors en pleine guerre afghane, et les américains en proie aux attaques de Talibans très bien armés.  Le site le Yorshire Yanter découvre alors une chose incroyable (les mêmes avions servant au transport de la cocaïne et aux armes !), je le laisse ici le raconter : « les États-Unis ont acheté des forces de sécurité irakiennes des stocks de guerre bosniaques restants.  Des agents du BiH ont quitté le pays par Aerocom en quatre voyages avec l’Ilyushin 76 ER-IBV, no. 3423699.  Mais où ils ont été livrés reste un mystère, et il est à craindre que les armes sont effectivement allées aux insurgés.  Tout cela a eu lieu en août 2004, immédiatement après que la compagnie Aerocom soit interdite de vol et son Antonov-24 ER-AFH moldave ait été saisi au Belize pour le trafic de cocaïne (ici à droite, il était resté embourbé en fait en se posant sur un chemin trop étroit, à droite il est déjà en train de dépérir en 2009 !!!). « Maintenant, plusieurs personnes m’ont suggéré que des armes pourraient atteindre les insurgés irakiens directement par l’aéroport de Bagdad. Carlos pour l’un, et « Minnesota » dans les commentaires.  J’étais sceptique à ce sujet – ça ne pouvait pas être ça »…   « Vous ne pouvez compter voir apparaître cet Antonov 24 à Bagdad, il est vrai (à gauche l’An-24 resté bloqué en 2006).  L’appel du deal a été mis en place par toute une ménagerie bizarre de hustlers, de marchands, de courtiers, d’intermédiaires et de parasites généraux, y compris des miliciens kurdes, des marchands d’armes israéliens, des marchands d’armes suisses et une société britannique d’un business douteux (à gauche le An-24 ER-AWR d’Aerocom photographié à Bagdad le 6 mai 2005) Alternativement, ils ont eu une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser, dans la phrase classique.  Ce qui est arrivé à Dale Stoffel, qui bizarrement était toujours en contrat avec le ministère irakien de la Défense lorsqu’il a été assassiné près de Taji, au nord de Bagdad, après avoir enquêté sur le détournement des fonds à un intermédiaire libanais.  Son propre contrat a été signé trois jours avant le début des vols Aerocom.  Le 8 décembre 2005, Stoffel s’est rendu à la base militaire de Taji, à l’extérieur de Bagdad, pour examiner les stocks d’armes et d’équipements iraquiens.  Taji aurait été l’un des sites où l’équipement nouvellement arrivé fourni par des entrepreneurs américains était également entreposé ».  Lors de son retour de la base vers Bagdad, Stoffel avait été pris en embuscade par un groupe inconnu auparavant se décrivant comme les « Brigades du Jihad islamique ».  À la suite de son assassinat, Wye Oak Technologies a perdu son contrat avec le ministère irakien de la Défense et le droit de vendre les surplus militaires irakiens. Ce qui est arrivé au surplus de l’Irak, et si l’un d’entre eux a été détourné ou vendu à l’étranger, est inconnu.  Les données des douanes des Nations Unies indiquent qu’une quantité de véhicules blindés d’une valeur de 752 854 dollars a été exportée d’Irak en Ouganda en 2004, à un moment où les autorités politiques et militaires (rapports des Nations Unies) critiquaient les ougandais d’aider les groupes armés dans le district de l’Ituri de la RDC. Vous vous rappelez peut-être qu’en janvier 2005, j’ai signalé ceci : et, plus loin, il est rapporté que mystérieux Antonov 12 visite l’aérodrome d’Entebbe au Congo oriental de l’Ouganda en route vers Dubaï.  Cet aérodrome est actuellement utilisé par les forces armées ougandaises et l’ONU.  Apparemment, les vols n’étaient pas autorisés, mais l’officier de liaison de l’armée (le capitaine Kazungu) à l’aéroport avait obtenu 300 dollars pour chaque mouvement non signalé à la CAA ougandaise. L’armée ougandaise a tout nié. Les événements sont apparus après la chute d’un Antonov 12, tuant six pilotes russes. La liste des noms fait une lecture intéressante – Air Service et Service Air sont là, comme Volga-Atlantic et Showa. Dans le passé, de tels vols à destination ou en provenance de l’armée ougandaise au Congo ont été acheminés par Kigali pour fournir un déni plausible. Il y a quelque chose d’incroyable dans une zone de guerre qui exporte réellement des armes à feu. Et curieusement, il y avait aussi des vols, opérés par Aerocom / JLI avec des appareils Ilyushin-76, qui ont quitté Tuzla pour le Rwanda… »
Tout était déjà là en 2004…
Tout était déjà en place en 2004 : Tuzla comme origine des armes, et des vieux Antonov pour les amener… en Afrique !!!  Les américains pouvaient-ils ignorer que les avions d’Aerocom appartenaient à Viktor Bout, cela semble… impossible :  ils n’avaient même pas le droit de voler. « En 2004, Aerocom n’avait pas de licence d’exploitant aérien valide après avoir été impliqué dans un accord particulièrement complexe il y a un an seulement auparavant. En 2003, l’ONU a signalé qu’Aerocom avait fourni à Charles Taylor des tonnes d’armes légères et de munitions.  Selon le rapport, l’entreprise avait été engagée par Temex Industries pour la livraison d’armes de Serbie à Monrovia en violation de l’embargo de l’ONU sur les armes toujours en vigueur dans le pays.  Aerocom était également liée à Viktor Bout. Les enregistrements ont montré que Aerocom et Jet Line – une partie de l’empire de livraison de Viktor Bout – avaient souvent loué des avions ou utilisé les licences des uns et des autres pour effectuer des livraisons » note Andrew Feinstein dans son livre The Shadow World, Inside The Globo Arms Trade ».
Trafic d’armes direct Transnitrie-Al Quaida ?
Un trafic d’armes gigantesque existe donc, avais-je écrit, et on en découvre des bribes à l’occasion d’événements inopinés. Le 9 janvier 2007, un bon vieil Antonov 26B moldave, immatriculé ER-26068 s’écrase sur la base de Balad, en Irak. L’avion venait d’Adana en Turquie, et était affrété par une compagnie, AerianTur-M, basée à Chisinau. L’avion est en miettes.  Les débris sont tellement éparpillés que l’on évoque une explosion en l’air plutôt qu’au moment de l’atterrissage.  Un témoin raconte sa version :  Mais j’ai d’autres informations sur le crash!  J’étais à Balad AB quelques semaines après l’accident et j’ai parlé avec beaucoup de gens qui ont vu l’accident de leurs propres yeux!  Il y avait beaucoup de témoins.  Ils m’ont dit, à moi et aux autres responsables turcs, que l’avion se trouvait au-dessus de l’hôpital de la base aérienne de Balad, où est installé le système de défense aérienne.  L’avion a survolé l’hôpital en-dessous de l’altitude admissible ».  Bourde, erreur, bavure, on ne sait.  Le pilote, habitué des arrivées… »discrètes » a-t-il volé effectivement trop bas ? Résultat, 34 morts, les travailleurs étrangers venus construire un nouvel hangar sur la base. La scène du crash sera nettoyée en quatre jours, par l’armée, pendant lesquels personne n’aura le droit d’être présent.  Mais une autre inquiétude à propos du crash provient de Turquie, qui n’est pas autorisée à se rendre sur les lieux de l’accident malgré ses victimes… « malgré le fait d’avoir perdu le plus de victimes dans l’incident, des experts turcs n’ont pas eu le droit de rejoindre le groupe des professionnels américains, irakiens et moldaves décryptant les enregistreurs de vol. Or, ils ont bien été retrouvés, ces enregistreurs.  Mais on ne les a pas rendu publics.
Pour le ministère turc, il n’y a pas d’autre version possible : c’était un des avions qui transportait aussi des armes, provenant de Transnitrie, et destinées… à Al-Quaida. . « Cinq années de pipeline aérien  » ? Des avions qui se posent tout ce qu’il y a de plus officiellement sur les bases américaines pour aboutir chez Al-Qaida ? Impossible ? Et pourtant, l’étau se resserre, selon le même journal :  « Une déclaration précédente de l’aéroport de Balad : Abdulkadir Akyüz, le seul passager à avoir survécu à l’accident d’avion et hospitalisé à Ankara, a été retrouvé, M. Yıldırım a ajouté qu’il se rendrait bientôt à Akyüz. « On dit que les troupes américaines expriment le plus grand doute au sujet du flux constant d’avions cargo moldaves vers l’Irak, transportant un flot continu d’armes.  Selon le Tiraspol Times, il n’y a aucun doute: « Un véritable pipeline d’armes en provenance de Bosnie et de Moldavie a afflué régulièrement pour alimenter le Jihad en Irak et 26 avions cargo au centre du réseau de trafiquants «  ».  Selon lui, les 200 000 armes manquantes étaient déjà dans les mains des insurgés : « Le Guardian, dans un reportage d’enquête publié le 12 mai 2006, a montré comment ces armes » avaient disparu « en Irak. Deux analystes du renseignement canadiens estiment que derrière l’accord d’armement se trouvaient de puissants intérêts islamiques liés à la Bosnie et au gouvernement moldave et que les 200 000 fusils d’assaut Kalachnikov avaient toujours été destinés aux insurgés d’Irak. « Cinq ans que ça dure, donc, pendant lesquels les avions de Victor Bout, ceux d’Aerocom ou de JetLine (ici à gauche leur ER-AZF) ont été vus tous les jours ou presque à Balad Air Base ?  Mais de qui se moque-t-on ?  Sur Balad Air Base, avec ses hamburgers, son self, (Hallliburton), sa piscine, ses Antonov 124,..ses concerts, et son large trafic ?
Plongeon révélateur d’un Iliouchine dans le grand lac
Le 23 mars 2005 on avait déjà pu se faire une idée de ce qui se passait véritablement avec un crash, celui de l’Ill-76 en plein lac Victoria en Afrique. « Quatre jours après un B-707 de Johnsons Air (Cargo Plus), 9G-IRL, un avion s’est écrasé sur le lac Victoria le 23 mars (1). Les 8 membres de l’équipage n’ont pas survécu à l’accident. L’Ilyushin-76, ER-IBR, avait décollé à l’aéroport de Mwanza avec 50 tonnes de poisson pour la Croatie (il est vu ici en janvier 2005 faisant dans l’humanitaire à Cologne). L’avion était exploité par Moldavian Airline Transport, fondée en 2001. Airline Transport ne se distingue pas beaucoup en termes de fiabilité, mais beaucoup plus en cas d’incidents. Le 30 décembre 2004 l’un de ses Iljushins-76, ER-IBM s’est posé trop « hard », de sorte que son train d’atterrissage s’est replié, l’avion a été radié car déclaré comme irrécouvrable pour Douchanbé (capitale du Tadjikistan).  Un peu avant cela, le 11 décembre, une porte s’est soudainement ouverte depuis l’Iljushin-76, ER-IBW.  Un membre de l’équipage a été aspiré hors de l’avion.  Les ER-IBM et ER-IBW ont tous deux visité Ostende en 2004 et ont été remarqués pour avoir facturé des «cargaisons hors normes».  Ici à droite, effectivement, le 24 septembre 2004 l’ER-IBM est photographié -de nuit- à Ostende.  Airline Transport sur l’aéroport d’Ostende est plus connu parce que son Antonov-12 en 2004, ER-AXZ  a émis un bail-location chez Air Charter Service, et il est devenu maintenant l’An-12, ER-AXY loué à l’Aerocom moldave (ici à gauche à.. Ostende, le 18 décembre 2004, arborant sur son fuselage le nom de « www.asterias.com.ua »).  Cette dernière société a été privée de sa licence en août 2004, alors que la société était déjà trop présente dans les nouvelles avec des livraisons d’armes à des pays sous embargo de l’ONU.  Aerocom, par exemple, a participé à des livraisons illicites d’armes au Libéria en 2002, en collaboration avec Ducal World Airlines de Duane Egli, connue à Ostende.  Aerocom a depuis été transféré à la société grecque Asterias Commercial basée en Ukraine ».  Ici un bon résumé du personnage : « ce ressortissant américain dont les activités sont basées aux Pays-Bas, a été placé sur la liste des Nations Unies des personnes interdites de visa du 4 octobre 2004 pour avoir illégalement livré des armes au Libéria en août 2002, en association avec des hommes d’affaires serbes et russes.  Plus récemment, la compagnie de transport aérien que possède Egli aurait été impliquée dans des ventes d’armes à la République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi. »  Ici encore, l’adresse belge de Duane Egli :  il habitait près de Tournai, à Esplechin (adresse aussi repérée par le forum PPrune, qui avait indiqué que si on lui téléphonait, une dame répondait que « Mr. Egli est parti à l’étranger ») !!!  Il était indiqué à son propos sur son CV « flight instuctor, must wear corrective classes », comme quoi on peut être marchand d’armes et myope…
En relation aussi avec Moscou
Autre point à noter, les liens avec… Moscou selon notre vedette Valentin :  « Times Online mentionne un lien entre Bout et le gouvernement roumain dans la période allant de 1996 à 1999 en la personne du colonel Gigel Bratiloveanu.  Ce colonel travaille actuellement comme conseiller économique pour l’Ambassade de Roumanie à Moscou, de sorte que le gouvernement roumain ne doit pas être très loin de ses activités.  Après tout, l’ambassade se trouve à Moscou, pas en Sibérie. » L’homme cité aurait eu un rôle dans les événements qui ont conduit Bout en prison : « Maintenant, M. Bratiloveanu est chargé en tant que représentant commercial de l’ambassade de Roumanie à Moscou.  C’est lui qui a donné la clé USB à Viktor Bout avec dedans le prix roumain des systèmes de missiles sol-air pour la guérilla des FARC »... Ouch… ça mène loin.  A l’arrestation de Bout, à Bangkok, en effet.
L’Antonov caméléon d’Air Sofia

Tous ces avions avaient l’art de changer de look ou d’opérateurs :  or souvent c’étaient les mêmes, qui ne cessaient de créer des sociétés différentes, à chaque fois, surtout dès que l’une d’entre elles entrait dans le collimateur de la justice.  Le LZ-SFA, ex YU-AIC de la Yugoslavie Air Force, par exemple, est présent ici à droite sous 6 décorations différentes. D’Air Sofia en 1992 il deviendra Mandala Airlines, puis Air Mark (Turquie)Dynami Aviation, tout en gardant son immatriculation pour devenir YU-UIA chez United International Airlines en 2007, UP-AN201 chez Miras et finir UP-AN201 chez Mach Air Cargo en 2009.  Air Sofia avait à nouveau été en ligne de mire en 2008. « En 2008, suite à une mission par les fonctionnaires de l’UE pour évaluer la conformité de la Serbie avec les normes de l’AESA sur la sécurité aérienne, les autorités serbes de l’aviation civile ont retiré le titre AOCS de deux autres entreprises, United Airlines International (UIA) et Kosmas Air. UIA détenait des appareils en Serbie, suite à la fermeture d’Air Sofia, une compagnie de fret aérien enregistrée en Bulgarie qui avait perdu son autorisation bulgare AOC à la suite d’une mission de l’UE d’inspection technique à Sofia. Air Sofia a alors transféré ses avions en Serbie où la société a été inscrite comme UIA (son LZ-SFA est ainsi devenu YU-UIA, cf ici à droite, tout en bas).  Air Sofia a été citée en de nombreuses occasions dans des vols d’armes illicites.  Kosmas Air a été nommé dans un rapport du Comité des sanctions de l’ONU qui alléguait que leur avion avait été « évoqué dans le contexte de transfert illicite d’armes au Libéria », ainsi que « la fourniture d’armes au Rwanda ».  L’opération porte le nom d’Operation Oyster« .

L’avion de Kosmas Air utilisé était l’Ilyushin Il-76TD unique immatriculé YU-AMI en juillet 2004.  On le verra charger à Tel-Aviv en juin 2005.  Kosmas Air fermera en 2008. Air Sofia sera aussi retrouvé mêlé à d’autres trafics.  On retrouvera en effet Air Sofia en 2008 dans un rapport d’Amnesty : « Air Sofia, certains cas l’indiquent et, le rapport d’Amnesty le met en lumière, a été décrite comme ayant transporté des bombes à fragmentation chargées sur des navires immatriculés au Royaume-Uni et l’Allemagne et livrées à l’armée pakistanaise via la Corée du Sud entre mars 2008 et février 2010.  Les livraisons ont eu lieu malgré les engagements pris par la Grande-Bretagne et l’Allemagne de l’interdiction complète sur le transfert et l’utilisation de munitions de type cluster, a déclaré Amnesty ». Il voyageait beaucoup, le LZ-SFS d’Air Sofia : on l’a photographié décollant de London – Stansted, le 25 mars 1995.  On l’a vu aussi à Maastricht, et en France, à Marseille (ici à droite le 7 août 2007)… mais aussi au Sri-Lanka, à Bahrain, à Porto (arborant le logo « Dynami »), et bien entendu à Ostende !  Et quand on connaît le nombre de bombes de type cluster déversées par Israël en 2006 au Liban, on est en droit de se poser la question de la visite de juin 2005 du YU-AMI à Tel Aviv (pris en photo ci-dessus).

Chez la voisine, la Bulgarie, fournisseuse également
On passe à la Bulgarie voisine.  Là-bas, c’est le charmant village historique de d’Iganovo en plein centre du pays qui nous permet de faire du tourisme industriel et de très vite retomber sur l’usine VMZ Sopot, dont on peut voit ici des employées vérifiant les munitions pour les lance-roquettes antichar RPG-7 (puis un peu plus loin). Vestige de l’économie soviétique axée sur l’armement, la Bulgarie a en effet aussi gardé pas mal d’usines de ce genre.  Fort heureusement, en Bulgarie, les citoyens ont aussi leur Michael Moore, il paraît.  Il s’appelle Tosho Toshev et il dirigeait il y a quelque temps encore le journal Trud, qu’il avait fondé, tombé depuis aux mains de ses adversaires médiatiques :  la Bulgarie est divisée en effet depuis en deux groupes majors de presse, Presa (celui de Toshev) et Waz, avec à sa tête deux « tycoons  »,  Lyubomir Pavlov et Ognyan Donev, à la tête notamment de « 24 Chassa » (24 Heures).  Toshev, grand secoueur de cocotier provocateur, a formé toute un génération de fouineurs véritables, prêts à sortir des informations même si elles ne sont pas très agréables à entendre.  Mais il a aussi fabriqué des provocateurs, comme il a pu l’être lui-même par le passé.  Parmi ses journalistes restés à Trud, figure Dilyana Gaytandzhieva, qui, le 2 juillet 2017, publie une vraie bombe en attaquant de front le clan de la famille Aliyev, en Azerbaïdjan, accusant le pays d’avoir fourni des armes aux rebelles syriens. S’attirant immédiatement les foudres de la Sécurité Nationale Bulgare, et clamant aussitôt s’être fait renvoyer de son journal sans explication (selon elle sous la pression de l’Azerbaïdjan, bien entendu, or le rédacteur en chef avait nié l’avoir virée !).  Des divulgations faites par ce qui semble être devenue un véritable pasionaria du régime de Bachar el Assad, pro-Poutine à souhaits… et donc pas vraiment une journaliste impartiale !  Chez VMZ Sopot, en tout cas, on n’hésite pas à faire un… clip pour vanter la production de l’entreprise.  Surprise, quant on découvre au milieu des images choisies un lancement de missile de type Grad, ceux qui servent aux syriens pour fabriquer des missiles comme celui vanté ici par le site pro-Poutine et Pro-Bachar de l’ami de Serge Ayoub (et de David Duke, ancien chef du KKK, et même d’Alex Jones, j’ai nommé… l’ineffable Alexandre Dugin :
Un Dugin qui vient candidement nous dire que les Volcanos copiés sur les iraniens sont bien ceux de l’armée syrienne régulière, et fabriqués à partir de roquettes GRAD « de 107 ou 122 mm« … « en Syrie, trois itérations du Volcan seraient actuellement produites, divisées en plusieurs sous-variantes. Variantes à base de 107 mm et 122 mm, bien qu’il existe également une variante à base de 220 mm. Les fusées sont extrêmement courantes en Syrie et les fusées de 220 mm sont très répandues en Syrie même ».  Un bel aveu pour une fois !

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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http://www.centpapiers.com/mh370-8-anatolii-lautre-marchand-darmes-et-les-missiles-nucleaires/

MH370 (10) : séquence rétro, une célèbre Chambre de Commerce

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Le texte que vous allez lire à été rédigé il y a plusieurs années déjà, ailleurs qu’ici. Vous trouverez vous-même pourquoi ce texte a été retiré à sa sortie de l’endroit où il était resté en ligne plusieurs semaines avant être mis aux oubliettes, sans me demander mon avis bien sûr.  A une époque où on évoquait à demi-mot les frasques de l’épouse de Ilham Aliyev, « la Kim Kardashian du Caucase », ou sa vie parisienne (1), il ne devait pas être de bon ton de révéler au grand jour les mics-macs dans lesquels baignait son mari (2).

En fait, sans le savoir, dès l’épisode 6 de ma saga sur Viktor Bout, j’avais mis le doigt sur ce qui faisait mal.  A savoir qu’un organisme, appelé pompeusement Chambre de Commerce d’Azebaïdjan, n’était  qu’un vaste paravent, celui des envois d’armes discrets à des islamistes par ailleurs combattus par l’armée américaine.

Cela paraissait incroyable et sidérant.  Retour en arrière pour voir comment on faisait voler les armes autour des années 2000… en passant obligatoirement par l’Azerbaïdjan, pays clé depuis… plus de 15 ans maintenant !

S’il fallait retenir un lieu, dans l’étrange parcours d’un Viktor Bout (3), on ne retiendrait non pas son fief de Sharjah, qui a remplacé celui d’Ostende, un Sharjah où aucune loi et aucune taxe ne semble être en vigueur, ce qui permet toutes les manigances, non, ce serait plutôt celui-ci. C’est la Chambre de Commerce de l’Azebaïdjan… située aux Etats-Unis, sur les fonts baptismaux de laquelle on trouve penché tout un gratin neo-con américain.  C’est grâce à elle qu’est apparue notamment l’une des plus intrigantes firmes d’aviation, elle aussi sise à Sharjah, et dont les avions (ghanéens !) sont directement liés aux activités de la CIA.  Des avions régulièrement vus en train de fournir Charles Taylor en armes, sans que leur nom pourtant n’apparaissent à son procès. Des avions remplis d’armes en provenance de Bulgarie :  bref, c’est bien cette fort étrange Chambre de Commerce qui est le nœud principal du problème… (ici à droite l’ Ill-76TTL-ACU de British Golf, autre nom de société créé par Viktot Bout et photographié ici à Sharjah, le 15 mars 2005).  Il est à moins de 25 km de celui abandonné !

Les DC-8 de la Chambre 

Cette fameuse « Chambre de Commerce de l’Azerbaïdjan » américaine (il en existe aussi une française et elle est ici) est assez particulière : créée en 1995, elle a aussitôt créé une société appelée Johnsons Air, une société d’aviation.. ghanéenne !  Sa base étant Kotoka International Airport à Accra (capitale du Ghana).  Plutôt étonnant !  Dans la liste des membres honoraires de son conseil d’administration, il y avait du beau monde… tout le gratin de ceux derrière les « Contras » !  Figure bien sûr Farhad Azima, l’expatrié iranien (partisan du Shah, personnage important comme on va le voir ici-même), aux côtés de Zbigniew Brzezinski, ou de James Baker III et même d’Henry Kissinger !  Dans les anciens, il y avait aussi Richard Perle, Richard Armitage et Dick Cheney !  Joli panier de crabes !  Ils y sont tous, tous ceux mouillés de près ou de loin aux opérations des Contras !  Johnsons Air et ses trois Douglas DC-8-63CF (en 2007 encore, dont un photographié cette année-là à… Ostende) sont à la tête en réalité des transports lourds de la CIA.  Les avions de Johnsons font quoi, exactement, se demande en décembre 2006 Wayne Madsen ? Eh bien toujours la même chose onze années après :  du transport d’armes, un travail à risques : « Johnsons Air dispose d’un certain nombre d’ avions à Sharjah International Airport, l’endroit même où Viktor Bout a basé ses différentes compagnies aériennes pour leurs opérations. Le 22 novembre 2005, le DC-8 (9G-PEL) (ici à Port Arcourt et là Ostende) de Johnsons Air, à Sharjah, a été repéré avec ses fenêtres du poste de pilotage soufflées et couverts de collecte des fuites d’huile moteur. Les deux sont des signes que l’avion a essuyé des tirs dans une zone de guerre..  » Une supposition pense-t-on ? pas vraiment… (retenons la déco du) DC-8 pour l’instant, celle avec les bandes bleues…

Vu à Mogadiscio

Le 17 novembre 2006« un site Web a indiqué la présence d’un aéronef lié au réseau international de contrebande d’armes de Viktor Bout à l’aéroport de Mogadiscio.  Il y est indiqué que le « Boeing-707, enregistré au Ghana, avec le numéro de registre 9Q-CTA (ancien « African International« ), marqué « Sacha » sur le fuselage, a atterri à Mogadiscio à 07h00 GMT le 13 Novembre 2006.  L’avion aurait fait des escales précédentes avec des armes et des munitions à Mogadiscio » (à gauche la soute du DC-8 de Johnsons aux « bandes blanches »). L’avion était bien de chez Johnsons, mais ce n’était pas un Boeing mais un DC-8  (ici en train de charger en Afrique du Sud, terre de livraison des armes) :  ces deux quadriréacteurs sont régulièrement confondus par des journalistes non spécialisés, à vrai dire.  Trois ans avant, déjà, donc, le fameux Azima avait déjà fait la même chose… au Liberia, note un autre site, flamand celui-là, qui surveille toujours les allées et venues à Ostende, où atterrissaient de vieux DC-8 blancs à la queue et aux réacteurs jaunes, et même parfois un vieux Boeing 707 bien connu.

Le livreur en chef de Charles Taylor  

« Le 7 août, 2003 a vu une nouvelle fois Azima tenter sa chance de contourner une interdiction avec une livraison illégale d’armes. Atterrissait ce jour-là pour la troisième fois le B707, 9G-LAD Johnsons Air, à l’aéroport de Robertsfield, au Libéria, sous le régime du dictateur Charles Taylor, en pleine guerre civile. L’avion était chargé de lance-roquettes, d’armes automatiques et de munitions. WILOO avait déjà été signalé ces vols illégaux d’armes. L’incident avait une histoire pénible pour une autre société ghanéenne dont le siège est à l’aéroport, Race Cargo Airlines. En vertu du soupçon de complicité, son permis de séjour a été suspendu pour un temps par l’autorité civile du Ghana, et sa succursale de fret d’Ostende (dont le nom était d’une coïncidence étonnante avec le nom de Race Cargo Airlines d’Azima), a été récemment remplacée par une nouvelle société, Rainbow Air Cargo. (…) Le 9G-LAD (ancien Varig PP-VLP ), néanmoins, se souvient de son propre passé à Ostende. A partir de 1993, il a visité régulièrement l’unité Ostende avec l’inscription 5N-MXX.  Son propriétaire était alors le commerçant nigérien Rainbow Air CargoLorsque Express Aviation a été dissous en 1998, son avion a été vendu à Johnsons Air » … Le 5N-MMX, vu aussi sous le nom de Merchant Express.  Bref, des avions repeints, mais qui racontent toujours la même histoire.  La liste des entreprises défuntes depuis 1982, au Ghana, est un vrai catalogue des avions de Viktor Bout :  Southern Aviation, Sobel Air, Race Cargo Airlines, Phoenix Aviation, Muk Air Ghana, Imperial Cargo Airlines, Golden Airways, Ghana International Airlines, Ghana Airways, General Mediterranean Airlines, Continental Cargo Airlines, Cargoplus Aviation, Analinda Airlines, Al Waha Aviation, Air Link 2000 et Air Ghana, pas une n’y échappe.  Restent aujourd’hui dans le pays :  Meridian Airways, Johnsons Air ,CTK – CiTylinKAntrak Air, Airlift International of Ghana, Air Charter Express, Aerogem Aviation.. toutes autant liées aux même individu !  Air Charter Express ou ACE… Antrak et CTK se chargeant des livraisons de brousse avec leurs petits LET.

Nouveaux logos, nouveaux noms

« Cargo Airlines Race a sa société mère basée au Ghana, mais a également eu des affaires en Angleterre.  Les administrateurs anglais qui ont démarré en 1992 ont également été les fondateurs de la Belgium BVBA. Cette année-là, ils ont volé à Ostende pour Cargo Race avec un B707 ancien, loué à Phoenix Aviation, la société du pilote gangster Barret-Jolley.  En août 2003, Race Cargo tombe dans le discrédit, quand le gouvernement ghanéen a suspendu sa licence, car avec un avion de Johnsons Air, la société s’était engagée dans des vols illégaux d’armes au Libéria.  Johnsons Air a ensuite maintenu un bureau loué à l’aéroport au nom d’ Heavy Lift, une filiale de la britannique Air Foyle ».

Air Charter Service a démarré en 1997. « La même année, Air Charter Service (ACS) a mis en place une nouvelle compagnie à l’aéroport d’Ostende.  Son bureau principal de l’AEC est établi à Moscou et son directeur général est Sergey Vekhov.  En Angleterre, son organisation a un rôle important comme centre névralgique de l’Europe occidentale,sous la direction d’un Britannique, Christopher Leach Denis.  Cet homme a commencé sa nouvelle société, Air Charter Service Belgique, en collaboration avec son compagnon néerlandais, Cornelis Schonk, qui était jusqu’en 1996 l’un des membres du conseil d’administration de Westland Aviation. La gestion de la compagnie d’Ostende a été placée dans les mains de Nicolas Leach. L’un des avions exploités par Air Charter Service d’Ostende en Belgique Aéroport, était un Boeing 707 vieillissant, immatriculé au Libéria sous le numéro EL-ACP, qui, conformément à la réglementation européenne, a été autorisé à décoller jusque mars 2000 ».  L’avion est alors…. intégralement blanc. Il deviendra Air Cargo Plus après… avec sur la queue le logo ACS, ce qui ne manque pas de sel !

Passé par l’Europe

Le EL-ACP ; comme les autres, transporte des armes : « un jour, dans une interview, le pilote britannique Brian Martin a laissé entendre qu’il avait ces dernières années régulièrement transporté des fusils d’assaut AK-47 de l’Afrique centrale ainsi que les soins médicaux et des fournitures pour l’UNICEF.  Brian Martin est connu comme le co-propriétaire des compagnies aériennes Occidental.  Alerté par cette interview, un groupe de pression britannique a lancé une enquête et identifié le Boeing EL-ACP, (ici à Ostende) utilisé par la compagnie d’Ostende Air Charter Service pour le transport illicite d’armes sur les commandes d’un groupe de courtiers néerlandais ».  Le Boeing sera filmé en février 1999 à Maastricht, en plein chargement, direction le Koweit, sous le registre 9K-ACN (un ancien numéro de Koweit Airways  !). « Un vol du Kosovo » note le bloggeur…

La filière bulgare

L’avion utilise la filière Bulgare et vole aussi au Zimbawe, mais il n’est pas le seul, car sur place, d’autres le relaient :  son chargement y est transféré. « Les documents de vol montrent que le 3 novembre 1999, l’avion a quitté Ostende, à vide, pour Bourgas (Burgas) en Bulgarie (… c’est au bord de la Mer Noire).  Il est arrivé le lendemain dans la capitale zimbabwéenne Harare.  Le matériel militaire, probablement un système de missiles surface-air bulgare a été transféré vers un cargo Ilyushin qui a atterrit à Kinshasa.  Pour son vol à partir d’Ostende en mars 2000, l’appareil EL-ACP a de nouveau été planifié pour une livraison d’armes à Harare, destinées au soutien des troupes de Laurent Kabila contre les forces rebelles soutenues par le Rwanda et l’Ouganda. Le 15 mars, à 13.52, l’avion a décollé sous le numéro de vol ACH007 de Bratislava en Slovaquie, où il avait atterri et chargé pour sa livraison au Zimbabwe ». Retenons les villes de départ : Bratilslava et Bourgas,car on va en reparler, je pense, bientôt…

Il n’est pas le seul en effet : « un vieux Boeing 707 (9G-CFB) ghanéen a fait environ dix vols avec des armes à bord, de Plovdiv en Bulgarie au Yémen du Sud, au moment où le pays était soumis à un embargo international sur les armes. L’avion était exploité par la compagnie basée au GhanaImperial Cargo Airlines, et a été vu avec cette inscription à l’aéroport d’Ostende. En 1997, le même avion, immatriculé 9G-SGF, (c’est l’ancien 9G-EBK,) a fait 40 vols à partir de l’aéroport d’Ostende et a ensuite été exploité par la firme nigérienne Sky Power Express et loué à Al-Waha Aviation du Ghana, propriétaire de ce seul exemplaire.  Avec le numéro d’immatriculation Thaïlandaise, HS-TFS déjà vu sur un autre avion pourtant, l’avion est reparu à l’aéroport d’Ostende en septembre 1999 avec d’autres titres de société d’exploitation (ici à SouthEnd en Angleterre), Flying Services, une société thaïlandaise. Il a décollé d’Ostende pour Sharjah, qui serait devenu son nouveau port d’attache. Ensuite, l’appareil a présenté un nouvel enregistrement (9G-JET, ici à droite) et a été vendu à Johnsons Air qui utilisait Accra et Sharjah comme bases d’exploitation et était étroitement associé à une société belge, First International Airlines ». On le voit, le masquage ne prend pas de gants : entre les versions, on masque la moitié de la déco ou on repeint tout en blanc… on repeint, mais, franchement, à la louche, plutôt !

First, pas le dernier à faire dans la contrebande d’armes

« Johnsons Air travaille en connivence avec la société belge, First International Airlines. La société, d’abord basée près de la ville de Tournai, est ensuite basée à Bruxelles. Elle utilise le bureau, la boîte postale de l’aéroport d’Ostende et le certificat  transport aérien de Johnsons Air au Ghana.  L’homme chargé de la First International est un iranien, Javad Niknafs. C’était un pilote qui, plus tôt dans sa carrière, avait volé pour Seagreen de David Tokoph. Il n’est pas clairement établi si son entreprise fonctionne encore comme sous-traitant pour Tokoph. Les rumeurs selon lesquelles des  First International Airlines fait voler des armes entre l’Azerbaïdjan et la Chine n’ont pas été confirmées. Un autre Boeing 707 de Johnsons Air (P4-000), exploité par First International et qui avait été vu à l’aéroport d’Ostende, s’est écrasé le 16 janvier 1997 sur l’aéroport de Kananga dans l’ex-Zaïre ». Le train principal gauche s’est affaissé à l’atterrissage, l’avion est sorti sur le côté de la piste et a pris feu… » le crash avait même été filmé…

Boeing ou sous-marin ?

On ne sait si c’est dû à l’origine de la carrière de Viktor Bout, mais ses sociétés sont de véritables poupées russes, toutes imbriquées les unes dans les autres. « First International est également liée à une obscure compagnie aérienne, Cargo Plus Aviation, enregistrée en Guinée équatoriale avec des bases à Dubaï et Sharjah. Le bureau de First International à l’aéroport porte la plaque signalétique avec le logo correspondant de Cargo Plus, et les deux compagnies partagent leurs produits.  En attendant, ils ont quitté leur bureau à l’aéroport pour un autre bureau dans la ville d’Ostende ».  De First Internional on passe à Cargo Plus Aviation, via Johnsons qui chapeaute le tout, visiblement. Le 19 mars 2005, un vieux Boeing 707-3K1C de Cargo Plus (passablement abîmé !) immatriculé 9G-IRL faisant la liaison Addis Abada entre et Lome (Togo), tente de se poser à Entebbe (pour y faire le plein) : gêné par la météo, il se pose trop court… dans le lac Victoria !  L’avion est en miettes, et l’équipage de 5 personnes s’en sort par miracle !  L’avion avait été affrété par Ethiopian Airlines.  Le 23 décembre 2003, on le photographiait encore à Recife Guararapes, au Brésil sous le nom de Johnsons Air... les poupées russes, je vous dit !

Le cas Azima

Tous ces vols et ses masquages d’appareils ne peuvent s’expliquer sans des soutiens en haut lieu. « Selon Valentin Vasilescu, Farhad Azima aurait fait don de un million de dollars pour la campagne présidentielle de Bill Clinton (en 2000). »  Celle de Gore, très certainement, Clinton ne pouvant se représenter une troisième fois.  On comprend beaucoup mieux les de choses là, soudainement.  A noter que les avions sont déjà comme des bateaux sous pavillons de complaisance : le Boeing de Santa Lucia est enregistré non pas aux Barbades, mais au Libéria ! A noter aussi que Farhad Azima est toujours à la tête d’une flotte de cargos volants, les Heavy Lift.… « certifiée » en 2005 aux Emirats.  Il possède toujours aujourd’hui 4 appareils  : deux 737 et deux DC-8 (ces derniers construits en 1969 et 1970) basés à… Sharjah !  Le 8 avril 2009, un bloggeur note : « Le DC8-63 A6-HLA était souvent au Koweit récemment, pour des vols vers l’Afghanistan pour les militaires US. »  Le 20 novembre 2002, le président Heydar Aliyev – le père de l’actuel président Ilham Aliyev, – signait un accord de coopération avec les USA pour utiliser ces quatre bases aériennes (Gjandza, Kurdamir, Kala et Khadji-Kabul) comme relais : il entérinait un état de fait avec la circulation des avions de Victor Bout !  Restait aux USA à négocier le survol de l’Arménie et de la Turquie pour ravitailler l’Irak, et le tour (du Pentagone) était joué !

La CIA derrière Santa Lucia Airways… et David Tokoph

Santa Lucia Airways, officiellement appartenant à Dietrich Reinhardt et Peter Turkelson, et officieusement à deux membres de la CIA, les mêmes individus.  Leur société bidon est en effet un paravent complet aux opérations douteuses ayant comme façade présentable une agence de charter sur petits avions Islander, dans les Barbades.  La société travaille étroitement avec Victor Bout, resté lui à Ostende, qui se charge de faire transiter les avions par Ostende, Zaventem ou même…. Lille. Oui, la capitale nordiste a eu l’insigne honneur de voir passer des avions de Viktor Bout : « En mai 1987 (déjà ?), une commission d’enquête parlementaire belge a confirmé, que Santa Lucia Airways était en effet en activité en Belgique en tant que sous-traitant de la compagnie aérienne belge Sabena nationale, connectée à des vols illégaux d’armes vers l’Iran et pour l’UNITA en Angola, via la base militaire de Kamina au Congo. Santa Lucia avait jusqu’au mois de mai 1987 un bureau à l’aéroport d’Ostende, où son avion était également périodiquement disposé à des fins d’entretien.  Des détails, connus de l’activité du Boeing 707 de Santa Lucia, enregistré J6-SLF montrent qu’il était lié à un transfert illicite d’armes à Israël à destination de l’Iran.  Cet avion, immatriculé comme EL-JNS, a plus tard été exploité par Sky Air et a volé en 1996 avec à bord un certain nombre de boîtes de kalachnikovs de la Bulgarie au Rwanda ».

« En mai 1996, le conseil d’administration d’Aéro Zambie a décidé d’ouvrir une succursale à l’aéroport d’Ostende, mais a déménagé son siège en août 2003 à partir de l’aéroport à l’Ostende Jet Center, où les armes russes du concessionnaire Victor Bout a commencé en 1995, son sombre trafic. »  Les deux ont toujours travaillé ensemble, mais ce n’est qu’en 1995 que Bout s’est affranchi de la première.

Le champion de la CIA : Frank Moss

Comme le monde des trafiquants est petit, on retrouvera Reinhardt en Floride associé à Frank Moss.  Moss, qui est un ancien pilote de la période des Contras à la Mena, accusé de trafic de drogue, ayant reçu en cadeau un DC-4 pour bons et loyaux services à la CIA (?). « Pour un trafiquant de drogue, Moss (ici aux commandes d’un DC-3 refait à neuf à Opa-Locka) avait des connexions étranges.  Avec Oliver North, par exemple.  Il s’avère que le Flying Ark de l’aéroport du comté de Charlotte, n’est pas le premier avion de M. Moss donné par le gouvernement des États-Unis. Cet honneur revient à un DC-4 repéré au large de la côte ouest de Floride par des agents des douanes des États-Unis, après quoi l’avion a commencé son immersion dans le golfe, les autorités répressives faisant ironiquement remarquer, que c’était « dû à une charge trop importante de drogue.  » Il y a peut-être juste quelque chose dans l’air à l’aéroport du comté de Charlotte. Frank Moss n’est pas le seul devenu célèbre dans le scandale de la cocaïne. Un autre pirate et flibustier habitant une maison près de Charlotte County Airport est Dietrich Reinhardt, lié à Barry Seal de la Mena, et les vols de cocaïne dans l’Arkansas découverts lors des audiences des Contras ».  Reinhardt, Seal, et la Mena de Clinton et du père Bush : on y revient à nouveau !  Ici à droite le DC-7B N836D de Frank Moss refait à Opa-Locka en janvier 2008.  Pour l’intérieur il y a avait encore un peu d’huile de coude de demandé… question cockpit ça pouvait lui suffire.  A gauche c’est son DC-4-54D-10-DC Skymaster ancien 42-72723 USAAF n°10828 et immatriculé N90201.  Un des avions attribués à la CIA.

Viktor et le conflit Iran-Irak

Pour l’Iran, en pleine guerre contre l’Irak, Bout va en effet proposer intensivement sa toute jeune flotte de très gros porteurs Il-76 aux côtés de ses Antonov-12.  Les vieux 707 sont vite dépassés par la capacité d’emport phénoménale des Ill-76 !  La guerre démentielle que se livrent les deux pays réclame des moyens considérables d’approvisionnement en munitions : on a justement comparé ce conflit à celui de 1914-1918.  On se canarde mutuellement et on s’enterre dans des tranchées, et chaque offensive de chaque côté se solde par une boucherie effroyable dont l’occident se foutra dans les grandes largeurs.  « L’accord commercial entre la Roumanie et l’Iran assurait la fourniture de l’équipement pour 2 régiments de missiles sol-air, à un coût estimé entre 8-9 millions de dollars.  Chaque régiment composé de trois batteries de lancement (LB) et d’un batterie techniques (T.B.).  Chaque L.B. était composé de 4 rampes de lancement mobiles (LR) sur des camions et d’un système de repérage radar mobile (EMCD) et d’antennes de fréquence inclus. I l y a eu au moins 80-90 missiles, 24 LR, 6 EMCD, deux TB complètes avec des composants mobiles … Pour le déploiement par voie aérienne des 2 régiments des missiles, était planifié au moins 20 vols de gros-porteurs aéronefs (IL-76 ou de type B-707) de Viktor Bout et 6 vols avec des avions de transport moyen (AN-12).  En 1996, il y a eu seulement 11 vols. « 

En 1996, l’aide à L’Iran ne va pas se limiter à ça, et les avions de Topokh-Azima-Bout avaient encore beaucoup à faire… mais cela nous le verrons une autre fois si vous le voulez bien. On reviendra bientôt sur le cas de David Tokoph en effet… une fois celui-ci décédé, des pistes se sont ouvertes, des langues se sont déliées, sur ses réelles activités de ce vendeur d’armes. Tout était déjà en place en tout cas :  des entreprises bulgares ou tchèques qui produisent des armes comme elles en produisaient à profusion à l’ère soviétique, de gros avions porteurs pour les acheminer, via le hub de l’Azerbaïdjan, notamment, et le Pentagone pour gérer tout ça le plus discrètement possible, aidé par la CIA, jamais avare d’inventer des micros sociétés dans le Delaware…

Un arsenal à fournir ? Viktor est là

Viktor Bout avait la réputation de pouvoir répondre en quelques minutes à la demande de transport la plus extravagante, quelqu’en soit la taille, le poids ou la distance à franchir.  C’était sa réputation qui était en jeu !  Durant la guerre Iran-Irak, il avait fait merveille comme on l’a vu.  On trouvera également ses avions à faire la noria de ce qui était extrait discrètement du dépôt de Gerdec alors que celui-ci devait être démantelé, sous la surveillance… des USA.  Des centaines de tonnes d’armes légères seront ainsi « déménagées », emmenées vers les conflits africains qui ne manquaient pas à l’appel. En réalité, Bout et son coéquipier indien avait été approchés il y a plusieurs années déjà auparavant, recrutés pour une mission que lui seul pouvait réaliser, ou les gros avions transports de l’armée US; mais ceux-ci ne pouvaient apparaître, et on va vite comprendre pourquoi.  Transporter par air un vrai amoncellement de matériels de guerre, ou une armada complète, on l’a en effet déjà fait historiquement.  Ou tenté de le faire.  Ce sont Stephen Braun, Douglas Farah, qui dans leur livre « Merchant of Death: Money, Guns, Planes, and the Man Who Makes War Possible », relatant avec brio la vie de Viktor Bout, qui le racontent en détail. La demande secrète émise auprès de Sanjivah Ruprah, l’adjoint de Bout, concernait le possible armement des troupes de Massoud, le leader tajik renommé que les américains laisseront tomber au dernier moment en choisissant ses adversaires politiques, tel le chef de guerre pachtoune Gulbuddin Hekmatyar, soutenu par un dénommé Ben Laden, qui haïssait Massoud, on le sait.  Là-dessus était venu interférer le sanguinaire général Abdul Rashid Dostum, ancien communiste et soutenu lui par l’Uzbekistan.  Lui faisait déjà voler des avions avec sur les sièges passagers des caisses de Kalachnikovs (il avait recruté un pilote qui soignait l’équilibrage de son vieux biréacteur anglais BAC 111, ici à gauche en alignant soigneusement les caisses d’armes à l’emplacement des passagers !). Dès 1998, l’analyste de la Défense Intelligence Agency, Julie Sirrs avait tiré la sonnette d’alarme à propos de Massoud, annonçant que, sans un soutien efficient de l’étranger, il ne résisterait pas à la coalition de chefs de guerre talibans contre lui.  Bref Massoud avait besoin d’armes, de beaucoup d’armes. Tout ce dont il avait besoin avait été listé, ne restait plus qu’à lui faire parvenir : « Selon M. Ruprah, une entreprise nécessiterait un nombre important d’armes et d’autres besoins logistiques. Ruprah ne perdit pas de temps à présenter une liste de courses ambitieuse de plusieurs millions de dollars que lui-même et Bout seraient impatients de fournir – et Ruprah indiqua qu’il avait déjà été élaboré en consultation avec les dirigeants de l’Alliance du Nord. La liste comprenait:
– 80-100 camions type 6X6,
– 6 000 AK47 + 5 millions de munitions
– 1 000 PKM + 2 millions de munitions
– 3 000 RPG7 + 1 000 PG7 / OG7;
– 100 lanceurs de roquettes 122 mm + 8 000 roquettes;
– 50 lanceurs antichars Konkurs  (9M113) :  ici à droite un exemplaire en action contre les troupes de Bachar à Alep, atterri chez le Front Islamique en mars 2014)
– 40 lanceurs antiaériens Igla + 160 missiles;
–  4-6 Mi-24 V (hélicoptères de combat) entièrement équipés et avec équipage;
– 8-10 Mi-17 [hélicoptères de combat] équipés et équipés;
– 3 An-24/26 cargo / avion personnel avec équipage;
– 120 ensembles de communications
-40 Porta-Clinics (des hôpitaux de campagne)

« C’était un arsenal impressionnant pour la première grande bataille dans la guerre contre le terrorisme » ajoute avec ironie Farah (à gauche un des Antonov 12 d’Ariana récupéré par Ben Laden). « Les préparatifs étaient allés bon train, une négociation ayant été entamée avec un représentant du FBI, Brad Waters : « la communication avec le FBI n’était pas une voie à sens unique.  Brad avait laissé entendre qu’un accord était en préparation.  Le 14 novembre 2001, l’agent du FBI a répondu de manière cryptée à une missive de Ruprah: «J’ai reçu un message. Pris en considération. Rendez-vous vendredi pour discuter. Business devrait-il être bon pour vous dans les circonstances actuelles. Ne vous attendez pas à recevoir une réponse avant la semaine prochaine concernant votre proposition. »  L’agent américain a également déclaré:« Nous sommes toujours intéressés par des associés spécifiques que vous pourriez avoir dans ce pays… si vous êtes familier avec les pratiques commerciales avec « le sans-fil » (sic).  Dans un tel cas, nous pourrions être intéressés à travailler avec VOUS indépendamment des autres associés. Intéressé? Cordialement, Waters ».  La suite on la connait :  les faucons arrivés au pouvoir aux USA laisseront tomber Massoud et fourniront ce qui avait été prévu à ses adversaires, principalement à Gulbuddin Hekmatyar, qui plus tard renégociera la remise des Stinger contre des centaines de milliers de dollars…
(1) sa description officielle est assez sidérante, et moquée ici : « Fille d’un couple d’érudits (?), Mehriban Aliyeva, femme à la plastique avantageuse (à gauche à ses débuts comme modèle), passe beaucoup de son temps à Paris où elle est de tous les vernissages d’expositions et autres défilés de mode. Quand elle ne reçoit pas la légion d’honneur des mains de Nicolas Sarkozy, alors président, ou n’est pas reçue par les députés et sénateurs membres des Amis de l’Azerbaïdjan. La première dame est également ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco, une agence onusienne basée à Paris. »  À l’instar de sa mère, Leyla Aliyeva a le droit au tapis rouge dans toutes les boutiques de luxe et autres palaces de la capitale française. Officiellement journaliste-rédactrice en chef d’un magazine consacré à l’art, Baku (du nom de la capitale de son pays, Bakou), elle est aussi femme d’affaires à la tête de plusieurs entreprises familiales et vice-présidente de la Fondation Heydar Aliyev, qui investit généreusement dans des projets caritatifs… Pour peu qu’on soit ami avec l’Azerbaïdjan.  En couple avec Emin Agalarov, un artiste connu en Azerbaïdjan et en Russie – selon sa page Wikipédia -, Leyla Aliyeva sillonne les rendez-vous people du monde entier. (…) Pour finir, notons également que dans des messages confidentiels américains, dévoilés par Wikileaks en 2010, des diplomates se moquaient de l’utilisation excessive de Botox et de chirurgie esthétique dans la famille Aliyev.  Les photos visibles sur les réseaux sociaux parlent d’elles-mêmes ».  Et effectivement

(2) lire ici la variante récente du problème :

« Pour asseoir son pouvoir dans le pays, le président Aliev s’appuie sur deux figures essentielles.  Atout n°1 : son épouse, Mehriban Alieva, qu’il qualifie de « plus belle femme d’Azerbaïdjan ».  Plus populaire que son mari, elle est pressentie pour lui succéder.  Foreign Policy (en anglais) la décrit plutôt comme « la Kim Kardashian du Caucase ».  Dans un message diplomatique dévoilé par Wikileaks en 2010, l’ambassade américaine raconte cette anecdote gênante pour Lynne Cheney, femme de Dick, alors vice-président des Etats-Unis.  Moment de panique dans la délégation américaine quand trois femmes s’avancent sur le perron pour accueillir la Second Lady : « Laquelle est la mère ? s’interroge un agent du secret service.  Botoxée au point de « ne plus pouvoir avoir d’expression faciale » (le commentaire est de l’ambassade américaine !), Mehriban Alieva, la cinquantaine, peut facilement passer pour une de ses filles. L’incident diplomatique est évité de justesse quand Lynne Cheney parie que la mère, qu’il faut saluer en premier, est probablement celle du milieu. » (…) Il faut bien cela pour un pays qui ne compte que deux amis : Vladimir Poutine... et Rachida Dati.  L’actuelle maire du 7e arrondissement de Paris a vanté sur le site News.az les vertus du régime Aliev, laïque dans un pays à 94% chiite :  « L’Azerbaïdjan est un exemple pour l’ensemble du monde musulman ».  Une pensée signée Rachida Dati, qui a aussi participé aux luxueuses soirées organisées par Mehriban Aliev dans la capitale française, autour des activités de sa fondation de mécénat (…) Les manières des dignitaires du régime pour attirer de nouveaux fans ne sont pas toujours aussi raffinées. Le fils du ministre des Transports, Anar Mammadov, aurait ainsi proposé quatre millions de dollars à Rihanna pour qu’elle accepte de sortir avec lui. La chanteuse américaine, en pleine répétition, a crié « non ! » dans le micro. L’autre fait d’armes d’Anar Mammadov ? Après une partie de chasse, il a exigé d’un restaurateur qu’il lui serve un barbecue d’ours, raconte le quotidien indépendant Azidliq (qui a écopé d’un procès pour cet article).  Et pour cela, il a signé un chèque d’un million d’euros. Ni plus, ni moins ». Pour mémoire, c’est ce même Mammadov, à la tête de Garant Holding, qui voulait racheter le RC Lens en 2014… Dati n’est pas la seule : le député de l’Yonne André Villiers, Jean-Marie Bockel, Thierry Mariani font aussi partie de l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan. « Le but de cette association est de compenser le lobbying arménien en France, connue pour être une terre d’accueil pour sa diaspora » selon Atlantico.

 

(3) résumons-le en un avion, celui abandonné ici (25°34’48″N 55°39’10″E) à Umm Al Quwain  devant le Palma Beach Hotel (c’est à une vingtaine de km à peine à l’ouest de Sharjah, l’aéroport préféré du marchand d’armes : « apparemment, selon les câbles confidentiels journal The Guardian Approuvée dans le rapport , l’avion soviétique Ilyushin Il-76 TD (série numéro 053403072), enregistré pour la première fois en tant que CCCP-86715et changé en RA-86715, jusqu’en 1990, quand il a été vendu à Air Cess basé à Sharjah et ré-enregistré EL-RDT. Air Cess, à son tour, a vendu l’avion à AirPass au Swaziland et l’avion a été réinscrit RT-A3D et 3D-RTT (encore visibles sur les fiches de moteur) jusqu’à ce qu’à leur tour, ils vendent l’avion à des compagnies aériennes africaines en République centrafricaine qui a réenregistré l’avion pour la dernière fois;  avec TL-ACN. Et c’est là que ça devient intéressant. Air Cess a déjà appartenu à Viktor Anatolyevich Bout. Un homme d’affaires né en Russie avec un amour indéfectible pour l’aviation et une volonté éternelle de réussir. Viktor Bout, ancien traducteur militaire soviétique, entrepreneur russe à succès, parlant couramment cinq langues. Parmi le russe, l’anglais, le portugais et l’espéranto, il peut lire quinze ou seize langues, aller au marché avec neuf ou dix. Mais M. Bout est peut-être mieux connu sous le marchand de mort -Le titre du film avec Nicolas Cage, inspiré par le livre de Douglas Farah basé prétendument sur la carrière de Victor Bout.  Il a été accusé par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud de fournir des armes à l’Unita, le mouvement rebelle angolais, malgré un embargo de l’ONU.  Unita a acheté des armes avec le produit de la vente illicite de diamants. C’était une  grande entreprise du fournisseur d’armes dont les canons, les avions et l’argent ont alimenté les combats intérieurs en Afrique et aidé les fanatiques islamistes en Afghanistan et l’armée américaine en Irak. »

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH 370 (9): le dossier compromettant

 


MH370 (11) : l’explosion de Gerdec, révélatrice de tout un système

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Le 15 mars 2008, voici plus de dix ans déjà, les habitants de la ville de Gerdec, en Albanie, à peine à 14 km de la capitale Tirana, après quelques unes la précédant, entendent une énorme explosion.  Certains, sortis sur leur terrasse pour filmer un énorme champignon de fumée qui vient de se former, sont projetés par le souffle à l’intérieur de chez eux.  Le nuage, noir, prend la forme d’un champignon de forme…. atomique :  ce sont près de 400 tonnes de poudre noire et de carburants divers de missiles qui viennent d’exploser. L’événement a été d’une telle ampleur qu’il a été entendu jusque Skopje, qui est située à 170 km de là pourtant. Il y a aura 26 morts et plus de 300 blessés. Un bilan plutôt étonnant, à voir l’ampleur faramineuse de l’explosion (1) !!!  Le site (et toute la région) est complètement ravagé, mais c’est ce qu’on va découvrir après qui va être encore plus surprenant.  C’est-à-dire que derrière cette explosion se dissimulait un trafic d’armes d’une ampleur sans précédent.  Une noria de gros Illusyhin appartenant à Viktor Bout y était venue en effet régulièrement s’y approvisionner !

Ça commence tout d’abord par un cadeau royal de l’Otan à l’Albanie (qui n’en fait pas alors partie !) en 2003, de 10 millions de dollars, dont 500 000 offerts par les Etats-Unis pour nettoyer les dépôts d’armement et de munitions énormes laissés un peu partout par un régime pro-maoïste complètement paranoïaque.  Cela survient la même année où un accord est passé avec la Géorgie pour nettoyer les anciennes bases soviétiques de Ponichala et Chaladidi et celle de Vaziani.  On sait ce qu’il en adviendra également.  Une fois regroupés, notamment à Gerdec, on y recense la bagatelle de 104 millions de cartouches de 7,62, le calibre des fameuses Kalachnikovs. Soit assez peu, remarquez, au regard des 839 millions de cartouches volées au même endroit par les Albanais, révoltés en 1997 par l’effondrement du rachat de leur patrimoine espéré !  Le pays d’Enver Hoxha le paranoïaque regorgeait littéralement d’armements en tout genre, à la manière de la Corée du Nord de Kim Jong II.  De toute provenance et toute nature, ou presque, mais principalement de Tchécoslovaquie (de l’époque) et de Chine.
Toutes doivent être aujourd’hui impérativement détruites, car dangereuses, beaucoup étant trop vieilles et ayant plus de 40 ans, voire 50 pour certaines. « Elles avaient été montrées pour la dernière fois en public lors de la parade militaire qu’Enver Hoxha avait organisée pour le 35e anniversaire de la libération de l’Albanie, en novembre 1979« . Dans leurs boîtes de bois (ici à droite), les cartouches sont passées du rouge cuivre au vert de gris, preuve d’une oxydation manifeste et d’un danger potentiel d’éclatement avec la poudre encore contenue dedans.  A gauche, les cartons de balles comme ils avaient été déballés à leur arrivée : en vrac, n’importe comment !  Diveroli s’était moqué du monde !

Un ex-président mis en cause

L’Etat albanais, en la personne de son Premier ministre (et ancien président !), Sali Berisha, s’engage donc officiellement, en 2004, devant la communauté internationale et l’Otan, à détruire ces montagnes de munitions, grâce à l’aide financière et logistique de l’Otan, et les cartouches visées sont donc stockées sous les ordres de Ylli Pinari, le directeur de la Meico (Military Export Import Company), la société publique chargée des exportations et des importations d’armes dans le pays.  Si l’on comptait au départ sur le slogan électoral anti-corruption de Berisha, « avec des mains propres », on aurait pu s’attendre à une opération sans accrocs.  Il n’en sera rien.  Le travail sur place était exécuté par Alba Demil, une société dirigée par Mihal Delijorgji (ici à droite).  Dans des conditions parfois ahurissantes, les employés payés à la pièce n’hésitant pas à mettre chez eux toute la famille au travail pour dessertir les balles de leur enveloppe pour ne récupérer que le cuivre, devenu denrée négociable avec la hausse des prix mondiaux des matières premières.  Les cuisines personnelles des maisons avoisinantes deviennent des mini-usines d’armement déguisées.  Alba Demil est la société albanaise sous-traitante de Southern Ammunitions Company (SAC), société américaine, qui vend partout au plus offrant y compris sur internet… des cartouches de 7,62 ou par exemple seulement les balles… récupérées une à une par des tâcherons albanais, leur enveloppe étant trop avariée.  Au tarif actuel de 76 dollars le millier.  On peut être intrigué de voir ces balles vendues ainsi… Il n’y a pas lieu : elles proviennent toutes des dépôts albanais… car l’aide de l’Otan spécifiait de neutraliser les munitions… mais pas pour autant de détruire les balles !  En fait, tout le dépôt principal de Gerdec ayant sauté en mars 2008, comme on a pu vous le conter avec ces visions d’apocalypse, des balles complètes il y en a beaucoup moins depuis quelque temps chez SAC.  Tout cela, vous allez me dire, n’explique pas comment elles sont arrivées là, aux Etats-Unis, que ce soit sous formes de balles ou de cartouches complètes.  A droite, l’ambassadeur US John L. Withers II  mis en place l’année avant l’explosion par Georges W.Bush, et mêlé jusqu’au cou au trafic (2).  Le 18 mars 2009, il avait été blanchi par son administration après avoir été pointé du doigt par un attaché, le Maj.  Larry D. Harrison II est formellement accusé par le NYT.  Les caisses d’armes douteuses avaient en effet été déménagées sous le nez du journaliste, sur ordre de l’ambassadeur !!!  Le 30 août 2011, un câble de Wikileaks révélait que le même ambassadeur ne se faisait aucune illusion sur le degré de corruption du pays, touchant les hommes politiques de tous bords et surtout les proches de la présidence.  En somme il savait, et il y a activement participé !!!

Les avions de Viktor pour déménager Gerdec 

Retour sur le cas des deux jeunes auto-promus vendeurs d’armes, David Pakouz et Ephraïm Diverolis, devenus, on l’a vu, héros de film hollywoodien (voir les épisodes précédents).  Ce sont bien les avions de Bout qui vont être réquisitionnés par le jeune entrepreneur sponsorisé par son père et son oncle.  Les deux vendeurs d’armes, certainement « grillés » dans des contrats précédents qui s’étaient mal passés (l’oncle ayant une fort mauvaise réputation dans la vente) se sont servis du fils et du neveu comme prête-nom.  La première livraison du contrat de 300 millions de dollars signé avec le Pentagone a eu lieue le 16 mars 2007, effectuée par un avion cargo de Victor Bout parti de Bourgas, en Bulgarie.  Avec à bord 110 000 grenades.  « L’après-midi du 16 mai 2007, un avion cargo Ilyouchine Il-76 grondait sur le tarmac de l’aéroport de Burgas (ou Bourgas) en Bulgarie orientale, sa soute pleine de 110 000 grenades emballées à destination de Kaboul, en Afghanistan.  L’ avion a décollé, a grimpé au-dessus des vallons de l’ouest et la mer Noire à l’est, et s’est dirigé vers la guerre « … A 10H30, le jeune Diverol avertit par fax le Pentagone du départ de l’avion. L’avion était parti directement direction Kaboul : « ce ne fut que vers minuit que l’Iliouchine a débarqué et un membre important de l’armée américaine à Kaboul a signé le certificat de conformité du chargement ». Avec ça, allez tenter de faire croire comme au début de cet article que les USA ignoraient avec qui ils travaillaient…. est de l’ordre du mensonge éhonté.  A droite, l’Ilyushin IL-76TD  EW-76734  de Trans Avia Export  (Viktor Bout) au-dessus de Francfort.  Un des familiers de l’aéroport de Tirana (Albanie) ou de Bourgas (en Bulgarie).

L’aérodrome de Bourgas et Bout sont deux vieilles connaissances, comme on a déjà pu le voir : à la fin des années 90, c’était son point de départ favori vers l’Afrique : « des enquêteurs de l’ONU ont découvert une petite tranche de ses activités en Angola. De juillet 1997 à octobre 1998, les avions de Bout ont effectué 37 vols à partir de Burgas, en Bulgarie jusque, à Lomé, au Togo, avec des armes destinées aux rebelles de l’UNITA en Angola. Le fret comprenait notamment 20 000 obus de mortier de 82 mm , 6300 roquettes antichars , 790 AK-47, 1 000 lance-roquettes, et 15 millions de balles comme munitions. La valeur totale des envois était estimé à 14 millions de dollars. » Avec une telle somme, il est évident que le tarif requis par Bout pour le transport a dû être également astronomique. Vendre des armes c’est comme vendre de la drogue : ça rend riche. « Un seul contrat avec l’Unità en Angola valait plus de 15 millions de dollars : pour ce prix l’Unità reçut de l’artillerie anti-aérienne, de l’artillerie de terre, des missiles anti-chars, des systèmes de missiles, des projectiles de mortiers, et 20 000 mines. On connaît au moins 38 transactions où Bout a violé des sanctions de l’ONU «  nous dit Marco D’Eramo dans l’éditorial du mardi 9 septembre 2003, d’Il Manifesto.

Les américains ne pouvaient ignorer les avions de Viktor Bout

Tout a donc été supervisé par l’armée américaine, signataire du contrat de Diveroli, dans ce transfert : impossible d’ignorer le rôle de Victor Bout, et notre responsable « découvrant » en 2010 seulement les vols de Viktor Bout est soit un farceur, soit un fieffé menteur…  Lee Scott Wolosky, l’ancien membre du contre-terrorisme sous Clinton a la mémoire bien trop courte (il est ici à droite en discussion avec le ministre des affaires étrangères saoudiens Adel al Jubier , lui-même ici en photo en bonne compagnie…) ! Moins d’une semaine plus tard après sa première livraison réussie, en effet, l’équipe de Diveroli va à nouveau sabrer le champagne : « 5 jours plus tard AEY (la société aux initiales des trois fils Diveroli), a décollé de Rinas, en Albanie (l’aéroport de Tirana), pour son nouvel envoi de cartouches de 7,62 mm pour AK-47 et de nouveau le champagne coulait à flots « . A Gerdec, en effet, il y en avait du stock : on y recensait la bagatelle de 104 millions de cartouches de 7,62 mm un des calibres parmi les plus employés, car aussi celui de la Kalachnikov d’origine.

A Gerdec, il y avait aussi des responsables. Il n’étaient pas qu’Albanais : le dépôt avait été cédé à une firme locale liée à sa société mère… américaine.  « Le 28 décembre 2006, Mihal Delijorgji – un jeune, homme d’affaires talentueux et efficace, enregistre son entreprise, « Albdemil », dont l’objectif principal est le « Démantèlement et l’exportation de toutes sortes de munitions ». Le siège de la société est déclaré à Gerdec. Patrick Henry Cornelius III, un représentant de la société américaine SAC (Southern Company Ammunition Inc, « Société des Munitions du Sud« ), est un co-partenaire de la société Albdemil.  Jusqu’à cette époque, « il n’y avait pas de législation en Albanie qui aurait permis à une entreprise privée de faire une entreprise de commerce ou des munitions » note un document sur la corruption du pays.  Le dépôt de Gerdec est géré par une firme américaine privée !  Et ce sont les avions de Viktor Bout qui vont le déménager !  Un document de Wikileaks signé par la procureur Ina Rama en date du 19 mars 2008 affirmera le rôle de Southern Ammunition Company et de Patrick Henry Cornelius III ainsi que de Taylor Rodney Spencer, et de leurs contacts directs avec Meicon, l’entreprise nationale albanaise d’armements.

Les Illiouchine de Viktor

Les appareils de Viktor Bout, je les avais déjà retrouvés en juin 2009 : « le premier avion était l’EW-76734 de Transavia Export, (ici en photo, devenu entièrement blanc, parqué à Minsk en avril 2018, mais il semble toujours en état de vol) encore un prête-nom pour Victor Bout, un avion Biélorusse qui sera retiré du service le 31 mai 2009, vu à Burgas et à GellenKirchen en Allemagne, à Kaboul bien entendu, au Congo, à Kindu, à Larnaka, à Chypre, mais aussi à Vatry (à Châlons) à proximité d’un Boeing de Kalitta Air… dont les appareils sont aussi impliqués dans le même trafic (et ont tendance aussi à se crasher facilement comme on va aussi le voir bientôt).  Ici en photo à gauche il était de passage à Châteauroux le 25 août 2007; 3A Kaboul, l’auteur de la photo de l’llyushin 76 de Bout note en 2006 un avion « Apportant de la nourriture et autres fournitures dans le camp de la FIAS à Kaboul sur une base hebdomadaire »… un vol hebdomadaire ???… Bout fournissait bien régulièrement l’armée US à Kaboul même ! En deux ans à peine, Efraïm est devenu riche avec près de 150 contrats signés : « D’ici la fin de l’année 2006, AEY avait gagné 149 contrats d’une valeur estimée à 10,5 millions de dollars. Diveroli louait un Audi A6 noire et avait trouvé un bel appartement, mais autrement, il vivait plutôt chichement. Il préférait un bar local à la scène somptueuse du South Beach club ». Il n’y a pas, l’éducation orthodoxe ça laisse quelques traces… » Issu d’une famille juive pratiquante, le jeune Efraïm Diveroli avait gardé ce mode de vie, malgré des frasques liées à l’alcool qui l’avaient déjà amené au poste de police à 17 ans « . A noter qu’à Vatry, les 25 et 26 juin 2013, il y avait du beau monde ce jour-là (photo Ludovic Bechter) .  A gauche le EW-78843 de Transavia, puis vers la droite trois Antonov 12 dont le UR-CAH d’Ukraine Air Alliance, et  le UR-CKL un AN-12BK de Cavok Air, le plus coloré , qui fume toujours autant, et à sa droite l’UR-CJN, lui aussi de Charter Ukraine, pas encore Cavok Air, ex Aerovis et pas encore repeint non plus et toujours très actif en 2018, et à l’extrême droite le RA-78835 – ou le 78835, voire le 78831, tous les trois étant présents sur l’aérodrome).  A la même époque à Châlons-Vatry on croisera l’Ill-76 EZ-F427 venu du Turkmenistanou le Malabo-Express  Ceiba Cargo RA-76384; ex Sayakhat. Il est inscrit en effet en… guinée Equatoriale !  On y verra aussi le RA-76446 de Gazpromavia (ici à Budapest), habitué de Tel Aviv et des bases américaines afghanes.  Lui aussi deviendra Ceiba Cargo.

A noter qu’un Antonov 12 de chez  Cavok Air, le modèle immatriculé UR-KDM (vu ici Vatry) a connu des déboires à…Gao, au Mali, train avant brisé semble-t-il en mars 2018. L’avion, vert pomme et blanc, fort visible, avait été réquisitionné par l’Economat des Armées et bloquait sur la piste toute l’opération Barkhane alors en cours, avec ses 13 tonnes de chargement toujours à bord. Soulevé par deux véhicules de levage Valmet, posé sur une remorque de porte-char, il avait été déplacé en dehors la piste. Trois mois après, il était toujours où on l’avait placé tant bien que mal. Kavok ne semble pas pressé de le récupérer… l’équipage aurait été nourri sur place par les français (gag).

Ignorer le rôle de Bout, alors que ses avions ont été vus sur toutes les bases de l’Otan en train de croiser leurs avions, comme ce Boeing 707 de 1969 de transport de VIPs ou de soldats, devient en effet impossible. Ignorer ce Boeing, un avion cargo lui aussi ancien de la Sabena et de Jet Charter Services, relève du mensonge.  Ou, comme on l’a vu, croisant des avions de Kalitta Airways, paravent connu de la CIA ou à Sharjah, derrière des réacteurs de 707 démontés.  Personne n’ignore, à ce moment comme maintenant, que Transavia appartient bien à Viktor Bout.  Et tout le monde y fait allusion : « Son influence en Afrique était telle que par le biais de l’une de ces compagnies, la TransAvia Export Cargo Cie, il a permis l’acheminement sur le terrain d’humanitaires et d’agents de l’ONU en Somalie en 1993 ou encore de soldats français au Rwanda en 1994.  Selon le journaliste Jean-Michel Vernochet, Viktor Bout a encore acheminé les négociateurs aux Philippines pour la libération des otages du groupe Abou Sayyaf en 2000 et participé aux transports de l’aide humanitaire au Sri Lanka après le Tsunami » note le 5 octobre dernier Yannick Vely dans Paris-Match.

Ignorer Bout via Transavia est donc impossible, car Diveroli appuyait ses commandes à partir du site de Gerdec, via un contrat signé par le Pentagone.  Ici une photo extraite du site même de Transavia le 17 juin 2013, affichant un représentant « dAirborne Global Solutions (de Wilmington, USA) en la personne de son « Senior Director, Business Development » Roy Linkner; en compagnie du Directeur de Transavia, Melnik Vadim Grigorievich, parlant au nom de JSC “Transaviaexport Airlines”.  L’homme est l’ancien responsable de l’aviation du département des transports de Biélorussie, à Minsk.  Linkner est de Southern Air Holdings, et de Southern Air tout court, à savoir deux paravents connus de la CIA. Une fameuse histoire en fait, que ce contrat :  ce dépôt avait touché 10 millions de dollars de la communauté internationale, dont 500 000 offerts par les Etats-Unis pour être nettoyé de ses munitions : la poudre devait y être récupérée séparément du cuivre des douilles.  Au lieu de le faire, les albanais vont revendre les cartouches telles quelles…. à savoir des munitions parfois âgées de plus de 50 ans, aux douilles verdâtres, en mauvais état parfois, provenant surtout de Chine, revendues aux américains, dans un montage ahurissant ou tout le monde va se servir au passage.  L’ancien premier ministre Sali Berisha, en premier, mais aussi Ylli Pinari, le directeur de la Meico (pour Military Export Import Company), la société chargée de superviser le démantèlement, effectué sur place par Alba Demil, une société dirigée par Mihal Delijorgji. Difficile à l’administration américaine d’ignorer ce qui se passait à Gerdec pour une deuxième raison : Alba Demil n’est autre que la société albanaise sous-traitante de Southern Ammunitions Company (SAC), une société… américaine véritable maîtresse d’œuvre de l’opération ! A noter que Transavia a bénéficié d’un coup de pouce en « récupérant » en 2015 des Ill-76 restés à l’abandon sur l’aéroport de Minsk; marqués EW-7671, EW-76712, EW-76734, EW-76735, EW-78769, EW-78792 (ici en photo à gauche en 2006 et en 2015).

Corruption à tous les niveaux

La corruption, dans le dossier d’attribution de la gestion du dépôt de Gerdec est évidente : le contrat est un de ces « no bid contract », c’est à dire sans concurrence. « La société américaine SAC, a été choisie (on ne sait pas s’il y avait d’autres sociétés) dans la salle d’attente du Secrétaire Général du Ministère de la Défense, sur la base d’une présentation fournie avec un ordinateur portable présenté par le Colonel Ndreu ».  Mais qu’est ce que le SAC ? Southern Ammunition Compagny a été créé en 1975 et son activité principale est de vendre des bicyclettes et des équipements pour les armes sportives, et accessoirement, des munitions.  La société est connue pour avoir eu beaucoup de problèmes avec les impôts aux États-Unis et a été 9 fois poursuivie par les autorités fiscales pour ne pas se conformer aux règles. Les journaux albanais prétendent qu’Ammunition Compagny et Patrick Henry III C, est juste une société fantôme qui a vendu son nom américain afin de bénéficier d’armes et du trafic de munitions en Albanie.  Baze Mero, un commentateur bien connu de la politique de droite et des partis, fait valoir qu’il existe de bonnes raisons de croire qu’il s’agit d’une pure histoire de corruption venue de haut. » Une société qui vendait des vélos et des pistolets à air comprimé (et de vrais également) est choisie pour démanteler l’un des plus gros dépôts de munition existants au monde : on croit rêver !  En fait de démantèlement, ce sera du trafic et de la revente, via la famille Diveroli-Botach.  Et ses « spécialités ».  Et ses fournisseurs attitrés comme « Grace-Ammo ».

Un non démantèlement payé par l’Europe…

J’ai expliqué ici la méthode : c’est pourtant simple : la plupart de celles annoncées comme neutralisées ou détruites ne l’ont jamais été… L’Etat albanais, corrompu au dernier degré, sinon au plus haut, a empoché l’aide de l’Otan, et s’est empressé de revendre les cartouches sur les marchés parallèles.  Via sa mafia locale, une des plus violentes et des plus sordides de l’Europe.  L’Etat albanais a lâché les cartouches de Kalachnikov pour 22 dollars les 1 000, tarif que se sont empressés de multiplier les intermédiaires, en n’oubliant pas d’arroser en retour ceux qui leur avaient offert un si juteux marché.  Et donc en priorité Ylli Pinari, étroitement lié à un tout jeune surveillant de transaction : le propre fils du Premier ministre albanais, Shkelzen Berisha (3).  Un garçon parfois comparé à d’autres peu recommandables.  Les deux sous la responsabilité de Fatmir Mediu, le ministre de la Défense lui-même.  Un Mediu qui déclare pourtant (4), le 12 décembre 2007, vouloir « donner » ces munitions à la coalition pour donner le change à la communauté internationale : « Le gouvernement albanais serait prêt à donner l’excès de munitions pour qu’il puisse être utilisé efficacement dans des pays comme l’ Irak et l’Afghanistan pour essayer de construire leurs forces armées pour la paix et la stabilité ».  Donner ce qui a déjà été payé, la belle idée généreuse !  On n’entendra plus jamais cette proposition, faite pour appuyer la demande pressante d’intégration à l’Otan… Bref, une vente sordide, qui n’a pu avoir lieu qu’avec toute une série d’échelons corrompus. A droite ci-dessus les boîtes de fer contenant les cartouches chinoises ouvertes par Diveroli, pour voir leur contenu balancé dans des cartons.  A gauche leur contenu  et à droite l’ouverture des boîtes de fer dans les caisses de bois, avec les balles périmées.  En marge de Diveroli, ci-dessous cette incroyable offre du portail Gun For Sale, pour des enchères portant sur un lot de caisses d’armes… albanaises, offre faite le 16 juin 2005.  Selon la publicité «  cette enchère concerne des caisses en bois de surplus militaire albanais 7.62x54R. Chaque caisse contient deux boîtes de 440 cartouches scellées pour un total de 880 cartouches de munitions. Ces munitions sont de fabrication récente. Les poinçons sont marqués 1987 et la carte à l’intérieur de chaque boîte scellée a la date à laquelle elle a été emballée en 1988. Chaque caisse est également livrée avec un ouvre-boîte robuste. La balle de balle Full Metal 149 grains Light Ball est sertie dans une douille en laiton, une douille en amorce berdan. La vitesse initiale est d’environ 2800 FPS. À seulement 10 cents par exemplaire, comment pouvez-vous vous tromper ? »… ils ont vendu des balles de Kalachnikov 10 cents pièce !!!

Recours à des intermédiaires intrigants

Pour arriver à vendre ses cartouches albanaises (ex chinoises !), le jeune marchand d’armes de Floride qui manque visiblement d’expérience va en effet contacter Henri Thomet, un trafiquant suisse réputé qui dirige une société chypriote de vente d’armes (ici à droite), Evdin Limited, puis un deuxième individu qui lui sert d’intermédiaire sur place.  Thomet possède deux sociétés de vente d’armes : Brugger & Thomet AG et BT International Ltd.  Chypre, on le sait, par son statut spécial de pays n’existant pas aux yeux des autres nations, héberge un bon nombre de personnes douteuses.  Le chapelet de contacts du jeune vendeur est en fait le même que celui de Viktor Bout. Et cela, le département d’Etat US le sait pertinemment : en 2005, quand les américains décideront de tout bloquer avec lui, ils éditent une très longue liste d’adresses le concernant : on y trouve Air Zori ou Air Zori LTD, qui possède deux adresses de sièges : l’une en Bulgarie, 54 G.M. Dimitrov Blvd, Sofia BG-1125, l’autre à Chypre : 6 Zenas Kanther Str, Nicosia 1065, Cyprus… Heinrich Thomet (ici à droite) travaille lui avec Shmuel Avivi, de Talon (« an arms-brokering company “based in Tel Aviv, Israel”), qui livre régulièrement « l’US Socom business”. Via Taos, une société installée à Madison, Alabama, mais qui est aussi présente à Belgrade, pour fournir le Socom (à droite un extrait du livre « L’Affaire Petraeus »,  de Wayne Madsen, qui précise ce qu’est Taos (et affirme que Petraeus a bien trahi Obama).. Autrement dit le célèbre U.S. Army Special Operations Command, les petits malins de Fort Bragg ! Créé en 1989, et dont le but est d’effectuer la logistique des Special Operations Forces.  Bref, l’opération Diveroli de fournitures de vieilles munitions avariées est une « black op« , à savoir une opération liée au secret des opérations à part, cachées au Congrès.  Le Pentagone achète ses propres munitions à des trafiquants reconnus, quand il s’agît de ne pas laisser de traces officielles !  Achète, mais ne gère pas précisément le stock : c’est ainsi qu’en 2007 on va constater la disparition d’une centaine de tonnes d’armes, deux ans après les faits.  « De grandes quantités de petites armes légères de la Bosnie-Herzégovine, des stocks de guerre et des dizaines de millions de munitions ont été exportées et soi-disant envoyés en Irak par une chaîne de courtiers privés, et leurs entrepreneurs de transport, sous l’égide des États-Unis et le Department of Defense (DoD) entre le 31 juillet 2004 et le 31 juin 2005, selon des sources au sein de l’UE dirigée par les forces de paix (EUFOR) l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et le Bureau du Haut Représentant (OHR). Cependant, de savoir si une série d’expéditions de fusils d’assaut AK47 documentés comme pesant 99 tonnes au total on atteint ou non l’Irak est impossible à déterniner » dit un excellent rapport implacable d’Amnesty International.  Cent tonnes d’armement, dont on a perdu toute trace… Viktor Bout aurait-il joué avec le feu en 2005 en détournant ces 100 tonnes, soit au bas mot le contenu de deux Il-76 ?  Force est de constater que les poursuites contre lui coïncident pile avec cette étrange disparition… Mais comment donc peut-on égarer 100 tonnes d’armes ?  Cent tonnes !!  Cela défie l’entendement ! 110 000 Kalachnikov et 80 000 pistolets disséminées dans la nature (plus , 80 000 gilets  pare-balles et 25 000 casques !!!  Selon David Isenberg d’Asia Timesle cas des armes perdues, c’est celui d’Alice au Pays des Merveilles  !

« Le renard qui garde le poulailler »

Selon Isenberg en effet, les USA ne pouvaient avoir ignoré le rôle de Viktor Bout dans l’affaire : « et, dans un geste qui ne peut être assimilé qu’au renard gardant le poulailler (5), il s’est avéré, comme le rapportait le Los Angeles Times du 13 août, qu’il y avait peut-être eu un autre facteur à l’œuvre, à savoir l’utilisation de Viktor Bout par le gouvernement américain. Bout, un transporteur aérien russe qui se trouve être également le marchand d’armes le plus notoire au monde. Lorsque le gouvernement américain a dû faire voler quatre avions saisis d’armes de Bosnie aux forces de sécurité irakiennes à Bagdad en août 2004, il a utilisé Aerocom » (ici à droite le ER-IBE de la firme, c’est l’ex cubain CU-C1258 dont Bout n’a enlevé que la couleur bleue comme on peut le constater : tout est fait à l’économie, même la peinture !)..  « Mais Aerocom est liée à l’empire de l’aviation de Bout. Le problème est que les avions ne sont apparemment jamais arrivés. Les responsables américains ont reconnu qu’ils n’avaient aucune trace de vols d’atterrissage à Bagdad. Pourquoi le gouvernement américain aurait-il eu recours à Aerocom, une entreprise contrôlée par Bout – qui avait déjà été liée à la fourniture d’armes au Libéria quand il était dirigé par Charles Taylor et des trafiquants de drogue au Belize – est un mystère en soi, étant donné qu’en 2004, Bout était très bien connu du gouvernement des États-Unis en tant que livreur d’armes à feu qu’ils voulaient mettre hors service. Les derniers développements ont eu lieu cette semaine lorsqu’il a été rapporté que les enquêteurs italiens anti-mafia avaient découvert un envoi présumé de 105 000 fusils que le commandement militaire américain en Irak ignorait. L’équipe italienne, dans le cadre d’une enquête intitulée Operation Parabellum, a mis fin à la vente de 40 millions de dollars et procédé à quatre arrestations. L’envoi semble avoir été commandé par le ministère irakien de l’Intérieur. Le haut commandement américain à Bagdad a avoué ne pas avoir connaissance d’un tel ordre, bien que le ministère soit censé en informer les États-Unis avant d’acheter des armes. Un responsable du ministère irakien de l’Intérieur a affirmé que les armes étaient principalement destinées à la police irakienne dans la province d’al-Anbar. Toutefois, étant donné les relations étroites entre le gouvernement dirigé par les chiites et les milices chiites et le caractère irrégulier de l’ordre armé, la divulgation a incité à penser que les milices ou les unités de police proches de ces miliciens auraient pu être leur destination. Mais aussi, pourquoi la police d’Anbar aurait besoin de plus d’armes soulève plus de questions. Le Pentagone a envoyé 169 280 AK-47, 167 789 pistolets et 16 398 mitrailleuses aux 161 000 policiers irakiens et 28 000 aux policiers des frontières. » Et il y a une responsabilité à cette gabegie comme l’évoquait The Gardian : « Les États-Unis ont dépensé 19,2 milliards de dollars (9,4 milliards de livres sterling) pour essayer de développer les forces de sécurité irakiennes depuis 2003, dont au moins 2,8 milliards de dollars pour l’achat et la livraison d’équipements, selon le GAO. Cependant, selon le scrutateur, la distribution des armes a été précipitée et n’a pas suivi les procédures établies, en particulier en 2004 et 2005. Pendant cette période, la formation à la sécurité était dirigée par le général David Petraeus, aujourd’hui le plus haut commandant américain en Irak ».  On aurait voulu le faire exprès qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Ou alors, Petraeus a été d’une incompétence rare.  Il ne semblait pas pourtant à l’époque occupé à contre fleurette à sa biographe… Paula Broadwell (ici à droite)…

Deux renards pris dans la nasse, en Suisse

A noter que l’affaire Avivi, en 2012, avait été d’avoir détourné à son seul profit ceux destinés au pays qu’il représentait… une condamnation présentée ici par Israel Défense :  « le Col Avivi, avocat de la FDI en Suisse de 2002 à 2005, a été accusé d’avoir tiré parti de son poste d’attaché en promouvant ses affaires personnelles – un grave conflit d’intérêts et une violation de la confiance. L’affaire est l’une des pires dans lesquelles un officier supérieur des FDI a été accusé. Conformément à la négociation de plaidoyer, Avivi, représentée par son avocat Talia Gridish du cabinet d’avocats Shashi Gaz, effectuera trois mois de travaux collectifs au pensionnat de Kfar Yarok et s’acquittera d’une amende de 70 000 NIS. Heinrich Thomet, le marchand d’armes suisse, a déclaré qu’il avait été accusé de violation de confiance, au lieu de la première accusation plus grave de corruption, qui consistait à entretenir des liens. L’objectif initial d’Avivi était de promouvoir les industries de défense israéliennes par le biais de Thomet. Cependant, Avivi a rapidement commencé à placer les marchands d’armes suisses devant la défense israélienne. De plus, tout en restant attaché militaire, Avivi a aidé Thomet et un autre partenaire suisse dans la création de Talon Security Consulting and Trade Ltd. en Israël. Le but de ces sociétés était de faire le commerce d’armes en dehors d’Israël. Selon l’acte d’accusation, Avivi a pris une part active à la gestion des sociétés, détenant un téléphone portable en leur nom, et a même recruté Gad Peterson et le commandant de la police à la retraite, Alik Ron, pour promouvoir les affaires de la société. Au cours de la même période, il dirigeait Thomet et les sociétés établies en Israël depuis les bureaux de l’attaché suisse et la maison que lui louaient les FDI à l’étranger. Il a également promu les contrats et pris en charge les contrats de vente, les propositions de prix, les factures commerciales et les formulaires de transfert de devises. Il avait même participé à des négociations au nom des sociétés avant de terminer son travail en tant qu’agent des FDI. L’accusation a affirmé qu’en échange de ses activités de promotion et de développement des entreprises de Thomet, le colonel Avivi a perçu des avantages pour lui-même et son épouse, dont le Land Cruiser à 326 191 NIS et un salaire de 101,000 NIS offert à sa femme – une employée de Talon. » Le profit personnel avant tout : on est loin d’une quelconque implication politique ou idéologique, très loin même !  Le Temps avait parfaitement résumé l’affaire ici, avec ce rappel important : « Amnesty International s’est intéressée à ses activités dans un rapport daté de 2006 et dans un autre daté de 2009, qui présentait l’homme d’affaires helvétique comme un vendeur d’armes transférant du matériel de l’ex-Yougoslavie en Irak ». On retrouvera pourtant Thomet comme actionnaire principal de Tara Aerospace, situé au Montenegro et impliqué dans la fourniture de munitions au gouvernement américain en 2017 par l’intermédiaire de l’un de ses principaux sous-traitants, le géant britannique de la défense Chemring.  En 2009, Talon avait répondu à une demande de fourniture de Gilbert Teodoro, le secrétaire de la Défense des Philippines pour des obus de mortier, pour 500 millions de pesos philippins (un peu plus de 800 000 dollars), mais il avait falsifié ses papiers… Teodoro venait de découvrir que ce qu’il avait commandé comme neuf était en fait de vieux obus de mortiers de l’ère soviétique !!!  Toujours la même source, on ne change pas de procédé !

L’entrée en lice d’Aerocom

Les armes délivrées par Taos ont été transportées, elles, par Aerocom (ici à droite le ER-IBV en photo à Chisinau, son fief moldave, et à gauche à Budapest et plus bas à droite à Bratislava , en Slovaquie), l’une des deux sociétés Moldaves de… Victor Bout, et ont bien été commanditées par le Department of Defense américain nous dit également Amnesty, qui dénonce la gabegie et le manque de sérieux des opérations : « Le DoD américain et son sous-traitant principal des États-Unis, Taos, ne semblent pas avoir un système efficace pour veiller à ce que leurs sous-traitants et sous-traitants n’utilisent pas les entreprises qui violent les embargos des Nations Unies, ni également de ne pas utiliser les entreprises de fret aérien pour les livraisons d’armes qui n’ont pas de certificat valable d’opérer, malgré les clauses relatives à la conduite illégale, par les entrepreneurs et sous-traitant dans les accords d’approvisionnement du DoD, dans la fourniture à l’Irak.« Je trouve choquant qu’elle (une entreprise de courtage bulgares) ait utilisé une entreprise (une compagnie sans licence moldave de fret aérien, Aerocom, qui avait violé un embargo sur les armes) impliquée dans la contrebande  » note un militaire US, rapporté par Amnesty.  En résumé, les avions utilisés étaient illégaux et le département d’Etat US avait fermé les yeux !

En 2007 encore, les avions de Viktor Bout achemineront à l’armée US d’autres ventes d’Efraïm Diveroli, dont des gilets pare-balles, des lampes à forte intensité et des viseurs à amplification de lumière (à gauche le ER-IBV à…Ostende, le 13  mai 2001!). « En février 2007, le département d’Etat a signé un ordre d’achat de 70 330 $ pour la fourniture par AEY de gilets pare-balle. Également en février 2007, le Département d’Etat a signé un ordre d’achat de 166 357 $ pour AEY pour 340 systèmes d’armes Halographic et 400 RICO Alpha 9 Systèmes. En juin 2007, le Département d’Etat a signé un ordre d’achat 34 878 $ pour davantage de gilets pare-balles. » ( à gauche le TL-ACU de Ilyushin Il-76·  Centrafrican Airlines (CET) appartenant à Viktor Bout), à droite le même à Ras Al Khaimah International aux Emirats Arabes Unis en 2001).  Des ventes toutes droit sorties du catalogue de son oncle Botach !!  Catalogue dans lequel elles sont présentées comme des « BlackWater I-O Hard Armor Plate Carrier Vests » ou des « BlackHawk », vendues de 25 à 120 dollars pièce.  Le contrat de l’armée est clairement défini.  Le 19 mars 2007, l’armée US le publie officiellement : « AEY Inc, Miami Beach, en Floride, a reçu le 13 mars 2007, un montant de 48 717 553 dollars, dans le cadre d’un contrat total de 298 004 398 dollars pour des munitions diverses destinées aux Forces de sécurité en Afghanistan. Le travail sera effectué à Miami, en Floride, et devrait être achevé d’ici le 30 décembre 2008. Les versements des fonds du contrat n’expireront pas à la fin de l’année fiscale. Un nombre important d’appels d’offres avaient été lancés par l’intermédiaire du World Wide Web le 28 Juillet 2007, et dix offres avaient été reçues. L’US Army Sustainment Command, Rock Island, Illinois, est chargé de la réalisation du contrat (N° W52P1J-07-D-0004). «  Or cette année là, c’est le plus gros contrat de l’armée américaine, et de loin. Le second est remis à General Dynamics, et il est de 114 millions « seulement » pour développer un « Expeditionary Fighting Vehicle » amphibie... une énième « danseuse » au Pentagone. L’engin était en effet toujours en développement en 2011… sur le contrat de Diveroli, nulle indication du transporteur recommandé ou à utiliser…  Ce sera Viktor Bout.

Toujours retenu malgré un CV déplorable 

Et ce n’est pas fini encore, comme je l’avais déjà précisé : « Efraïm vend toujours en 2007 et 2008, alors que dès 2006 déjà, des gens, au sein de l’armée s’étaient posés de sérieuses questions à son encontre, révèle l’enquête du Congrès. « AEY et son président, Efraim Diveroli, étaient sur la liste d’alerte dès avril 2006 sous la surveillance de l’ US Immigration and Customs Enforcement (ICE) qui avait ouvert une enquête de la société en 2005 pour « de nombreuses violations de la Loi sur les exportations d’armes et des contrats frauduleux », selon le Comité de Surveillance de la Chambre « . Néanmoins, l’état fédéral lui passe encore commande pour plus de 100 000 dollars d’armes : « pourtant, selon un site Web du gouvernement qui suit les activités relatives aux marchés du gouvernement fédéral, le Département d’Etat au 1 décembre 2006, a signé un ordre d’achat de 113 967 dollars avec AEY pour fournir un lot de mitrailleuses légères K3″.  Le 12 décembre 2006, pourtant, une enquête du Département d’Etat avait conclu à de nombreuses inquiétudes (« suspicions ») à l’encontre d’AEY : « Il semble y avoir plusieurs caractéristiques suspectes chez cette société, y compris le fait que Diveroli est seulement âgé de 21 ans et a négocié ou a concouru pour plusieurs millions de dollars impliquant des fusils d’assaut semi-automatiques. Les futures demandes de licence impliquant Diveroli et / ou son entreprise doivent être soigneusement examinées. « .. . note le vérificateur. Et pourtant rien de tout cela ne va se faire.  Ce qui ne peut s’expliquer que par des protections en haut lieu… en échange sans doute de part de gâteau (des responsables militaires américains ?).  Ceci jusqu’en mars 2008, où sa licence de vente lui sera enfin retirée. Durant toute la période, vendeur comme transporteur ont agi en toute impunité, pour des montants de contrats assez faramineux.  A droite,  Mitchell Howell de la Defense Contract Management Agency; le Brigadier Général William N. Phillips; et Jeffrey P. Parsons de l’Army Contracting Command lors de leur audition, venus pur dire qu’ils ignoraient tout du passé de petite frappe de Diveroli : un must, dans le genre langue de bois… on peut regarder ici les débats.  L’homme qui parle est le républicain Stephen F.Lynch, bien énervé à rappeler l’âge du « contractor »… « une honte », dit-il, martèle-t-il plutôt ! Aujourd’hui il vient de s’apercevoir que Poutine a fait élire Trump.  Comme quoi tout arrive !

Un dépôt qui saute au bon moment

La licence de vente est jetée au panier alors que le mois précédent Gerdec a sauté, emmenant tous ses secrets dans une explosion qui sera ressentie par les sismographes européens (ou même l’émission de TV Big Brother locale.  A-t-on décidé de s’en séparer ?  Le dossier de Diveroli n’était-il pas une patate chaude que personne ne voulait plus assumer ?  Etrange, fort étrange coïncidence comme enchaînement.  Gerdec saute le 15 mars 2008, les contrats de Diveroli sont rompus à la même date… Quelqu’un a-t-il cherché à volatiliser la manne de Diveroli ? Le gouvernement albanais a-t-il cherché à supprimer ce qui pouvait être un scandale énorme ? Un concurrent évincé de la SAC s’est-il vengé ? Toutes les options sont possibles ! Huit jours auparavant, le 6 mars 2008, vingt jours avant la parution de l’article du NYT sur les découvertes des munitions de Gerdec chez les… talibans, Victor Bout, dont les avions remplis de munitions faisaient encore des rotations à Rinas…, était arrêté et emprisonné en Thaïlande.  Les américains venaient de retrouver une partie des 99 tonnes de munitions disparues ? Ou plutôt : le New-York Times avait trouvé ce qu’il n’aurait jamais dû trouver… ???

15 fois les besoins de l’armée anglaise !

Les américains avaient acheté en effet en une seule année près de 80 millions de cartouches et 100 000 roquettes pour bazookas RPG-7, soit, comme le dit le journal anglais Daily Telegraph : 15 fois les besoins de l’armée anglaise !!! L’armée afghane avait-elle besoin de 100 000 roquettes ? Les talibans ne disposent en face d’aucun char ! A qui d’autre pouvait être destiné cette incroyable commande ? Là est bien la question : Bout aurait-il servi à l’impensable ?  Questionné, le gouvernement de G.W.Bush avait eu cette incroyable répartie : « l’administration Bush a dit vouloir la traiter en raison des inquiétudes que le prochain président pourrait être un démocrate, éventuellement Hillary Clinton, qui pourrait abandonner l’Afghanistan « .  C’était grotesque comme réponse, et renforçait surtout l’idée d’un armement… d’en face, pour faire durer la guerre plutôt que de chercher à l’arrêter faute de munitions ! « Abandonner l’Afghanistan », ou y faire perdurer une guerre rémunératrice pour certains ? Viktor Bout n’aurait été qu’un maillon, certes, mais qui savait à qui était destiné véritablement ces millions de balles transportées : il savait d’où elle venaient (de Gerdec) et à qui elles étaient destinées… (en définitive… aux Talibans !) !

Un intermédiaire gênant « out » …

Que ce soit avec Aerocom ou Transavia Export, le Pentagone a donc bien signé des contrats de transport avec des sociétés dont les américains ne pouvaient ignorer le propriétaire : en 2005 quand on commence enfin à s’attaquer à Viktor Bout, dans la liste des société désormais interdites, les deux figurent en bonne place. Or le contrat de 300 millions de dollars du jeune broker en armement a commencé à être effectif le 16 mars 2007 alors qu’un mandat belge vise Viktor Bout depuis 2002 ! Pire encore : placé en difficulté par un sous-traitant local, Kosta Trebicka, et sa société Xhoi Ltd, Efraïm Diveroli fera appel à l’aide de… l’ambassadeur américain en Albanie, John L. Withers II, qui allait l’aider à se dépêtrer à la fois des paperasseries et des pressions du fils de l’ancien président, Shkelzen Berisha.  Pour ce qui est de son intermédiaire sur place, Kosta Trebicka, on le retrouvera raide mort, éjecté de son 4×4 à plus de 45 mètres de sa voiture en pleine rase campagne, sur une piste où il n’y avait aucun obstacle.  La police locale conclura à une faute de pilotage… dans le milieu des vendeurs d’armes, on a le volant difficile, sans doute.  Surtout quand on envoie à la presse une cassette dénonçant le fils du premier ministre albanais comme responsable d’un gigantesque trafic d’armes !

Un second ?

Il y en a eu une autre de victime dans ce jeu infernal :  Sokol Olldashi, du parti démocrate au Parlement albanais, devenu en 2009 le ministre des Travaux publics et des Transports au sein du gouvernement albanais.  Sa voiture, une Mercedes Benz S550Matic est sortie de la route Elbasan-Tirana le 20 novembre 2013, au niveau du monument de Krraba, alors qu’il voyageait avec sa voiture immatriculée AA003HN et « alors qu’il roulait paraît-il à vive allure » selon les premières constatations.  Or une enquête menée par des journalistes montrait que sa voiture devait rouler à moins de 53 km/h dans le virage où il est tombé et que, le lendemain, l’endroit où elle avait versé avait été entièrement brûlé, alors qu’aucun incendie ne s’était déclaré lors de l’accident ou après.  Mais cette fois pas question d’armes ou de ventes d’armes :  la mort d’Olldashi intéressa l’un des deux principaux politiciens du pays: Lulzim Basha ou Edi Rama. Selon des journalistes  Olldashi était en train de créer une faction au sein du parti au pouvoir, avec le soutien d’un petit nombre de députés au sein du groupe parlementaire.  Ennuyeux pour Lulzim Basha, le maire de Tirana (soutenant Sali Berisha) ou Edi Rama (son ancien adversaire socialiste), selon eux.

PS : en 2010, alors qu’on le pensait réfugié en Israël depuis 2008 car placé sous la menace d’un mandat d’arrêt du FBI, sur plainte du Pentagone pour fournitures de munitions défectueuses (des balles de mauvaise qualité avaient explosé ou fait long feu dans les Kalachnokovs !), Efraïm Diveroli a resurgi (passablement grossi)….tranquillement, en Floride !  Logiquement, il aurait dû recevoir la sentence de son jugement, ici, en novembre 2010 (6).  Il s’est fait arrêter une deuxième fois le 25 août… en train de tenter de vendre… devinez quoi ?  « De larges quantités de munitions » (des lots de chargeurs de 100 balles pour Kalachnikovs en fait) à des agents déguisés du FBI !  Il n’avait rien trouvé de mieux que de leur raconter qu’il importait des munitions de Corée du Sud, maintenant.  Plus surprenant encore : l’homme, qui attendait son jugement, avait recommencé avec le même nom de société qu’en 2007, AmmoWorks (ici à droite sa publicité :  tout le bon goût de la personne dans une seule présentation)  !  Mais avait aussi créé depuis Advanced Munitions Distribution (qui dispose d’un site Web), Inc et Pinnacle Minerals Corporation (cette dernière société ayant curieusement son site dispo en arabe !).  Parmi ses nouveaux associés, un dénommé Dejan Djuric, 29 ans, possédant une société appelée Balkan Export LLC (5).  On croit rêver, mais non.  Il vendait des armes sur le net avec le même nom de société avec laquelle il était recherché depuis deux années…  Et le FBI l’ignorait ? Impossible à penser ! Et deux ans auparavant, le croirez-vous, le nom de Djuric était déjà apparu…. lors de l’explosion du dépôt de Gerdec !  Rideau là !  Il faudra attendre 2016 pour que l’oncle, BarKochba Botach de Botach Tactical Inc, soit inculpé de vente illégale d’armes à des civils… dont un utilisé lors d’un homicide. Le Our Weekly de Los Angeles (ici à gauche) avait parlé de l’affaire en affichant une couverture provocante… pour les riverains de l’oncle vendeur.  Botach Tactical vend toujours.  Sur la famille Botach, lire ceci.

(1) Le 13 mars 2012, les familles dépitées des 26 victimes et des 300 blessés apprenaient  que la justice albanaise condamnait Dritan Minxholi, le manager du site, à 18 ans de prison pour négligence mortelle, ainsi que le responsable de la société d’exportation, Ylli Pinari, pour 18 aussi pendant que Mihal Delijorgji, le propriétaire d’Alba-Demil, écopait de dix ans. L’ancien responsable militaire albanais Luan Hoxha, avait hérité de 6 ans de prison. Aucun américain de condamné, et aucun allusion au fils de l’ex- président dans le verdict.

(2) les liens entre l’ambassadeur et Ephraïm Diveroli, un jeune juif, s’expliquent par ce lien surprenant décrit ici… (ici le document d’origine et là un plus long texte).  Des liens d’amitié vers la communauté juive car l’avion du père de l’ambassadeur a été déterminant pour deux d’entre eux pendant la guerre. Diveroli, physiquement, a pas mal changé depuis ; il ressemble de plus en plus à l’acteur qui a joué son rôle dans le fils War Dogs !

(3) C’est en effet le fils du président, Shkelzen Bersiha vers qui tous se tournaient : « Par exemple, une fuite de téléphone révèle que quelques heures seulement après l’explosion de Gerdec, le 15 mars 2008, le ministre de la Défense, Medius, avait téléphoné à quatre reprises au fils de Berisha. En outre, Mihal Delijorgji, propriétaire de Albademil (la société opérant à Gerdec) a téléphoné à Shkëlzenin 30 minutes seulement après l’explosion. Les journaux ont également noté que de janvier à l’épidémie, Delijorgji avait appelé Shkelzen 56 fois. En outre, des secrétaires du ministère de la Défense ont confisqué des notes qui montrent qu’en 2007 et 2008, l’ancien ministre Mediu a eu de fréquentes réunions avec Shkelzen. Lors d’une réunion, Shkëlzeni a affirmé que Mediu augmenterait le rythme d’approvisionnement en munitions de Gërdec Au cours d’un témoignage, le secrétaire de la justice, Albo Bumçi, a montré au moins deux réunions entre Bumci et Shkëlzen en 2007. Et interrogée sur une lettre que Bumci avait envoyée à Mediu pour approuver le projet de loi qui ouvrirait la voie au démantèlement à Gerdec, elle a confirmé que Bumci avait inscrit sur le capuchon « Pour Shkelzen Berisha ». »

(4) Dans un fort étonnant texte signé Penn Bullock, journaliste freelance mordant paru New-York Times, celle-ci relie l’affaire à un obscur groupe hyper-catholique, appelé  « “The Fellowship » , comprenant par exemple Mark Sanford et John Ensign (plutôt en perte de vitesse) et qui, sévissant dans les couloirs de Washington, s’appellent entre eux « la mafia chrétienne », avait reçu Fatmir Mediu après la catastrophe.  Selon elle « dans des conversations au téléphone enregistrées secrètement sur le téléphone portable, le jeune Diveroli a laissé entendre qu’il avait soudoyé et cajolé une « mafia » albanaise monolithique qui a été transmise au « Premier ministre du pays » et à son fils. Le Times a également relayé les allégations d’un dénonciateur albanais qui a déclaré que le ministre de la défense Fatmir Mediu avait bénéficié des 300 millions de dollars alloués aux pots de vin. Mediu l’a nié. Mais, corroborant cette accusation, un major de l’armée a déclaré à une enquête du Congrès qu’il avait assisté à une réunion nocturne entre Mediu et l’ambassadeur américain en Albanie, John Withers – lors de laquelle Mediu s’était inquiété de l’enquête serrée du Times et a insisté en exigeant que les « États-Unis » lui devaient quelque chose. « Selon le récit du major de l’armée, Mediu et l’Ambassadeur les États-Unis ont accepté de dissimuler le plan de munition chinoises. L’enquête du Congrès a porté sur l’obscurcissement du département d’Etat, qui a ensuite ouvert une enquête sur l’ambassadeur. » La journaliste concluant que « sans l’appui du petit-déjeuner de prière quasi officiel, il est peu probable que Mediu ait rencontré le vice-président, le président de la Chambre et de puissants sénateurs et membres du Congrès – le tout en une semaine et sous le coup d’une accusation imminente et d’allégations selon lesquelles il aurait conspiré contre les États-Unis »...

(5) l’illustration est celle du dessin animé « Le Grand Méchant Renard et autres contes » de Benjamin Renner, Patrick Imbert, dont je salue ici le travail… désopilant.

(6) Parmi les exclusions de vente fédérales pour infractions annoncées en ligne par l’état US faite par le United States General Services Administration (GSA), on trouve en bonne place :

« Advanced Munitions Distribution, Inc. », « 2228 Park Avenue », « Unit 2 », « Miami Beach », , FL, , « 33139 », « (Also AEY, Inc. (Primary Record) ; Balkan Export, Inc. ; Diveroli, Efraim ; Djuric, Dejan, Mr. ; LOW, LLC ; Monahan, Aaron L., Mr. ; Pinnacle Minerals Corporation ; Shprecher, Jacob Franklin, Mr. ; aka Shprecher, Jake, Mr.) », « B », « ARMY », « 28-Sep-2010 », « Indef.

« Balkan Export, Inc. », « 2228 Park Avenue », , « Unit 2 », , FL, , « 33139 », « (Also AEY, Inc. (Primary Record) ; Advanced Munitions Distribution, Inc. ; Diveroli, Efraim ; Djuric, Dejan, Mr. ; LOW, LLC ; Monahan, Aaron L., Mr. ; Pinnacle Minerals Corporation ; Shprecher, Jacob Franklin, Mr. ; aka Shprecher, Jake, Mr.) », « B », « ARMY », « 28-Sep-2010 », « Indef. »

« Djuric, Dejan, Mr. », , « Miami Beach », , FL, , « 33139 », « (Also AEY, Inc. (Primary Record) ; Advanced Munitions Distribution, Inc. ; Balkan Export, Inc. ; Diveroli, Efraim ; LOW, LLC ; Monahan, Aaron L., Mr. ; Pinnacle Minerals Corporation ; Shprecher, Jacob Franklin, Mr. ; aka Shprecher, Jake, Mr.) », « B », « ARMY », « 28-Sep-2010 », « Indef. »

Le gag de la liste étant Jacob Franklin Shprecher, lié à la firme JBI, une firme privée de recouvrement d’emprunts fédéraux…. !!!

 

Le document de base de cet article est « How corruption and lack of accountability can set a country on fire : The tragic tale of ammunition trade in Albania », visible ici :
http://bjoerna.net/balkan-dokumenter/ALB-the-tragic-tale.pdf

 

un document sur l’affaire de Gerdec :

http://bjoerna.net/balkan-dokumenter/ALB-the-tragic-tale.pdf

sur Diveroli on peut lire les nombreux dossiers où j’ai abordé son rôle notamment :

dans la série des « Cargos » :

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/cargos-de-nuit-vague-no-5-39844

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/cargos-de-nuit-vague-no-6-40204

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cargos-de-nuit-vagues-no-7-ou-a-44659

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cargos-de-nuit-vague-no-8-44660

http://www.rasrinitiative.org/pdfs/workshop-9/RASR-Workshop-9-PPT-Albania.pdf

https://www.occrp.org/en/wardogmillionaire/made-in-china-how-czech-companies-bought-tens-of-millions-of-rounds-of-old-ammunition

A note qu’en 2017, 50 personnes ont été blessées lors d’une explosion dans un camp militaire près du village de Primorsko en Abkhazie. Là encore un dépôt d’armes qui a explosé. En Abkhazie, des munitions jonchent partout les sols. L’explosion du jour en aurait répandu 100 000 ! Un autre Gerdec n’est certes plus possible, mais combien de dépôts mal sécurisés existent encore dans les ex pays soviétiques, le problème subsiste…

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

MH370 (10) : séquence rétro, une célèbre Chambre de Commerce

MH370 (12) : Le retour de l’épisode Diveroli ?

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Bachar el Assad s’est fait fournir en masse, on le sait et on l’a vu.  Mais de l’autre côté aussi les rebelles syriens ont reçu des armes à profusion.  Obama a longtemps nié l’avoir décidé.  Son ambassadeur en Syrie, Robert Ford, avait plaidé en vain leur envoi à plusieurs reprises et de plus en plus expressément dès 2012, ce que la CIA avait fait discrètement alors.  Mais en juin 2014, la décision avait été prise, face à la noria russe, d’établir un pendant de l’autre côté du front (1).  Par bateaux, par cargos, par avions gros porteurs, les armes ont alors afflué.  Et on a à nouveau vu, quel hasard, de vieux stocks des ex-pays de l’Est atterrir entre les mains des factions islamiques, les américains ayant recommencé un type de distribution comme celui aperçu en Afghanistan et censé armer l’armée régulière, à savoir sans trop de discernement, sans compter véritablement, dans une sorte d’improvisation urgente massive.  Une partie, à ce jeu là, s’est évidemment retrouvée aux mains de Daech, qui n’en demandait pas tant…

Je reviendrai un peu plus loin sur l’origine de la bombe médiatique tombée dans les rédactions en août dernier.  C’est une journaliste bulgare, employée par Trud Newspaper, journal bulgare, qui fait la une alors, avec l’exposition de caisses d’armes, estampillées de façon fort visible, révélées par les forces syriennes pro-bachar et destinées selon eux aux rebelles.  Si l’ostentation est de mise, avec des vidéos de déballage de caisses en présence de militaire syriens gradés, le dossier qu’elle montre va beaucoup plus loin en faisant le détail de vols réguliers de de gros porteurs vers l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et la Turquie, exposant ainsi tout un circuit attribué à la CIA de fournitures d’armes aux rebelles ou plutôt aux nombreuses factions de rebelles qui parfois s’écharpent entre elles avec ces armes. Mais tout de suite, la présence de militaires pro-Assad pour l’entourer et lui fournir les exemples probants laisse planer un doute tenace sur la véracité  de sa découverte.  Les étiquettes trop propres des boîtes, leur descriptive collée à l’intérieur pour faciliter la description au micro devant les caméras, les caisses poussiéreuses, mais les étiquettes immaculées, tout sent la mise en scène.  Mais les fiches de vols, ayant paraît-il apporté ces caisses,  qu’elle a obtenues d’une autre source dont elle ne veut pas rendre compte, sont plus intéressantes. Des vols au partir de l’Azerbaïdjan pour la plupart, décrits dans des mémos ayant fuité semble-t-il d’officiers bulgares, ou d’officines opposées à ces transferts d’armes ayant une taupe au sein du gouvernement.  Une sorte de Snowden bulgare, pour simplifier. Bref, autant le déballage paraît fabriqué, autant le reste représente une vraie mine à exploiter…
Un coup monté par les syriens  ou un masquage façon CIA  ?
… un coup monté par les syriens, c’est ce que l’on pense en effet, en raison des craintes sur la journaliste, que l’on retrouvera plus tard embarquée dans d’autres affirmations plus que douteuses portant sur l’usage de la chimie chez les syriens ou encore plus sidérant le fait, selon elle, que les deux anglais empoisonnés par le GRU l’auraient été par le labo anglais de Porton Down.… Bref, une personne absolument pas vraiment fiable !!!  Que disait donc cette pro-Bachar apparente Dilyana Gaytandzhieva ? Qu’elle aurait « obtenu d’une source indéterminée du Ministère bulgare des affaires étrangères et de l’ambassade d’Azerbaïdjan en Bulgarie des documents », toute une masse de photocopies accablantes, détaillant l’achat et le transport de tonnes d’armes à destination et en provenance des pays d’Europe et du Moyen-Orient. Toutes transportées par la compagnie aérienne azerbaïjanaise Silk Way Airlines, comme on va le voir plus en détail un peu plus loin, « des transports faits sous couverture diplomatique » afin d’éviter l’inspection.  Comme exemple, elle cite 14 vols en décembre 2015 de Silk Way avec 40 tonnes d’armes à bord de chaque avion, partis de la base aérienne de Nasosnaya en Azerbaïdjan pour se rendre à Ostrava en République tchèque et effectuer le retour à Nasosnaya (à gauche le Ill-76 4K-78129 photographié en 2012 à Nasosnaya : l’avion, depuis est entré dans l’armée indienne – KW-3553 un avion radar « Mainstay » ).  Fait notable, sur le chemin du retour de la République tchèque, tous les avions avaient atterri sur la base militaire d’Ovda, dans le sud d’Israël et y étaient restés pendant plusieurs heures avant de retourner en Azerbaïdjan…  Elle précise aussi qu’il y a  eu également cinq vols de Serbie vers l’Azerbaïdjan via Israël (l’accusation contre Israël laissant évidemment supposer une manipulation des syriens !).  Plus précisément encore, chaque vol transportait 44 tonnes d’armes, y compris, et c’est fort surprenant, de vieux systèmes de lance-roquettes RM-70/85 de fabrication tchécoslovaque (ici à droite) datant des années 1970.  Le vendeur était MSM Martin en Serbie et l’acheteur était Elbit Systems, en Israël. Chaque système pèse environ 33 tonnes et rempli à lui seul la soute d’un Ill-76. L’étonnant étant ce chargement aujourd’hui complètement dépassé :  c’est en effet un lourd engin basé sur l’ancien BM-21 Grad, un « multiple rocket launcher »; c’est-à-dire un Katioucha bien classique, fort peu éloigné des « orgues de Staline » qui avaient joué un drôle d’air à Hitler, en leur temps. Or le  problème de cet accaparement de documents par quelqu’un choisi très certainement pour les discréditer est que par recoupements, ils s’avéreront… vrais, pour la majeure partie, disons.  Aurait-on eu affaire à un drôle de coup tordu, genre billard à deux bandes :  mis au courant de faits gênants, ou qui sortiraient de façon inéluctable (une version Anonymous est vite sortie en effet comme on l’a dit) un organisme d’état manipulateur comme peut-être une agence de renseignements aurait très bien pu en effet choisir les laisser fuite via cette journaliste peu fiable, pour les discréditer par la même occasion… On songe bien sûr à la CIA, qui aurait eu beaucoup plus de mal à assumer si les documents avaient été révélés via une procédure de demande d’information citoyenne, qui lui aurait causé un tort immense !!!  Une journaliste jouant après les martyrs du journalisme « libre » pourrait se répandre bien plus encore que dans le seul Trud.  Car le fond demeure en gros exact, et ce n’est en plus qu’une partie de l’iceberg qui a émergé :  pour les chargements les plus lourds, le Socom a aussi eu recours à la voie océanique et à des porte-containers, tel le MV Norfolk, chargé ici (à gauche) au port de Burgas en Bulgarie, le 22 septembre 2016, avant de partir vers la Jordanie (arrivé via la Mer Rouge et l’Arabie Saoudite) et ensuite la Syrie.  Non, vraiment, l’impression qui reste, au final c’est qu’on a ostensiblement placé dans les mains d’une personne peu recommandable un dossier trop brûlant pour apparaître dans des conditions irréfutables… car ce dossier est gênant, très gênant, pour les anti-Bachar !!!  Il ruine des années de communication contre lui, il lui offre un tapis rouge incommensurable, ce qu’il ne pouvait plus espérer (lui et son allié Poutine, ou plutôt l’inverse) !!!  Bref, la révélation de ce dossier est avant tout un énorme fiasco… pour la CIA !  Un de plus (à moins qu’ils ne soit aussi une fuite initiée par la CIA, ce qui reste plausible : cernée par les inévitables révélations, elle aurait très bien pu choisir de prendre les devants en effet, car à partir de novembre 2016, en particulier, et comme on va devoir plus loin, elle ne peut plus dissimuler sa présence en Syrie).
Un cargo récidiviste des envois d’armes 
Pour ce qui est des bateaux, le dossier que je résume indique comme exemple parlant: celui du cargo Marianne Danica, un navire de 2200 tonnes et 71,5 mètres de long, battant pavillon danois, parti de Bourgas le 28 mars 2017 chargé de tonnes d’armes livrées à Djeddah, et le navire retourne ensuite à Bourgas.
Les traces laissées par le Marianne Danica figurent sur Marinetraffic.com, indique la journaliste.  Il a quitté le 7 mars Burgad, chargé d’armes bulgares et est arrivé à Djedda le 17 mars.  Après un séjour de 12 heures pour le déchargement, il est retourné à Burgas le 28 mars à 9 heures.  Il a alors été rechargé une nouvelle fois et est reparti neuf heures plus tard. Il a donc fait deux allers-retours entre la Bulgarie et l’Arabie saoudite, transportant des armes bulgares ».  « Le propriétaire du navire, H. Folmer & Co., a également refusé de commenter. Notre enquête s’est révélée être la première fois que le navire avait été utilisé pour transporter des armes dans des régions à problèmes.  Amnesty International a en effet accusé le Marianne Danica d’avoir fourni des gaz lacrymogènes à l’Égypte pour le régime de Hosni Moubarak, le 26 novembre 2011, pendant le printemps arabe, lorsque des centaines de manifestants ont été tués sur la place Tahrir au Caire« . Et là aussi, l’info s’avère exacte :  c’est la société Combined Systems, basée à Jamestown, en Pennsylvanie, qui a fourni aux forces de l’ordre égyptiennes du gaz lacrymogène. « Amnesty a déclaré que nombre des cartouches et des grenades ramassées par les manifestants sur la place Tahrir au Caire – qui est devenue le cœur des manifestations – portaient la marque de l’entreprise » (son catalogue parle pour lui-même).  A gauche une de ces cartouches de gaz lacrymogène ramassée à Bethlehem en Palestine lors d’une manifestation le 29 novembre 2013, tirée par la police israélienne.  « Pendant ce temps, une cargaison est arrivée le mois dernier à bord du navire danois Marianne Danica, organisée par la société de logistique de défense Nico Shipping, transportant également des informations de transport suivies par le groupe de défense des droits ». 
Des véhicules blindés fournis aussi
Le Marianne Danica a été doublé par un autre navire de Danish H.Folmer & Co, c’est le Hanne Danica, son sister ship, suivi ici par Eurasia Daily. Le navire a a été pris en photo par deux bloggers turcs, Turkish bloggers Yörük Işık et Alper Beler, qui ont réussi à montrer son chargement bien spécial monté sur son pont.  A bord également des « grenades antichars et les lance-roquettes Grad. Les djihadistes de «l’opposition modérée», les groupes syriens Al-Qaïda et «État islamique» (organisations interdites en Russie) ont été repérés à maintes reprises avec des munitions VMZ ».  La nouveauté étant en effet ce véhicule blindé sur le pont qui laisse aussi en entrevoir d’autres à fond de cale, tels les lanceurs GRAD.  « Les photos ne laissent aucun doute sur ce que les navires danois embarquent. Auparavant, les cargaisons étaient expédiées uniquement dans des conteneurs et leur contenu ne pouvait être appris que dans la description de la catégorie de cargaison spéciale «Danger A», ce qui signifie que des cargaisons très explosives, telles que des lance-roquettes multiples Grad, sont à bord.  Par ailleurs, le Marianne Danica avait déjà été impliqué dans des incidents scandaleux, tels que des livraisons d’armes au Moyen-Orient, par exemple, en Égypte.  Le client était le même – Chemring, aux États-Unis.  C’est maintenant le fournisseur officiel d’armes non standard (non-OTAN) fournies à des alliés américains au Moyen-Orient, plus précisément au Yémen et en Syrie, dans le cadre de programmes d’État. En Bulgarie, Chemring est l’un des principaux clients de Vazovski Machine Building Factory (VMZ), fabricant d’une vaste gamme de produits allant des pistolets et balles d’armes jusqu’aux lance-roquettes Grad.  Le blogueur Alper Beler dit que l’un des véhicules blindés s’appelle l’OT-64 SKOT. La République tchèque et la Pologne ont lancé la production de ces véhicules blindés lourds dans les années 1960. Les utilisateurs de Twitter laissent des commentaires sous les photos indiquant que le matériel militaire est fourni par la Roumanie.  Cependant, nous n’avons trouvé aucun modèle OT-64 sur les sites Web des producteurs roumains. Dans le même temps, Tatra Defence Industrial Ltd., de la République tchèque, produit de tels véhicules. Le véhicule de transport de troupes blindé OT-64 SKOT 8х8, pesant 12 tonnes, a une vitesse maximale de 95 km / h (9 km / h dans l’eau). Il est équipé de mitrailleuses de gros calibre, dispose d’un équipage de deux personnes et peut accueillir 18 soldats entièrement équipés ».  Sur place en Syrie on retrouvera les missiles GRAD et leur camion, dans une vidéo citée par un groupe d’observateur des transferts d’armes.  Et on verra aussi le transporteur blindé fraîchement débarqué circulant sur une route, dans un secteur contrôlé par le Jaysh Khalid ibn al-Waleed à Daraa (ici à droite).  Ci-dessous le trajet par le Bosphore du Hanne Danica :
Drôle de « pelle colorée » : c’est du Diveroli bis qui recommence !
Car ils en contiennent effectivement des informations, ces piles de photocopies de contrats ou ces manifestes de chargement. Des indications qui ont pu être confirmées facilement. Une minuscule firme US apparaît par exemple dedans, appelée de façon surprenante Purple Shovel LLC (« La pelle pourpre« ), qui, n’ayant pas vraiment su répondre au départ à la commande du Pentagone, a fini par acheter les modèles des années 1980 de RPGs fabriquées en Bulgarie. Pas toujours de très bonne qualité, donc… comme l’étaient les munitions fournies par Diveroli ! On l’avait appris lors du décès d’un des formateurs de Purple Shovel, tué lors de l’explosion d’une roquette dans un champ de tir en Bulgarie le 6 juin 2015; lors d’un test (comme celui figurant ici à droite où l’on aperçoit la victime, Francis Norwillo.  Sa veuve se bat depuis pour qu’on lui reconnaisse un statut autre que celui de mercenaire sans aucune garantie : il a signé une décharge en cas de problèmes durant son activité (2) !).  Une firme aussi petite, contractante d’armes en nombre important, cela évoque bien sûr les aventures d’Ephraim Diveroli.  Les contrats sont passés avec des sociétés qui ne fabriquent rien elles-mêmes, mais qui promettent de trouver le matériel à un prix défiant toute concu
rrence :  à elles de se débrouiller, le Pentagone s’en lavant les mains, son nom n’apparaissant que le moins possible dans les négociations d’achat !!!  Purple Shovel est une société récente, déposée au nom de « Ben Worrell ».  Elle a été créée en 2010 seulement …. dans le Delaware on s’en serait douté.  Une boite postale comme aime tant en créer… la CIA.  Elle est décrite de façon surprenante comme étant une « SDVOSB – Service Disabled Veteran-Owned Small Business », qui aurait donc réussi à décrocher en 2014 ces deux contrats du SOCOM pour 50 millions de dollars !  Plus étrangement encore, on retrouve la même firme à se vanter d’être la seule autorisée à vendre… la « Kalachnikov AK-47 made in USA », fabriquée par cet émigrant allemand appelé Ulrich Wiegand, qui est aussi le second patron de Purple Shovel. Il en produirait 2500 par mois, selon lui (à droite c’est une roumaine).  Selon l’article, c’est le Special Operations Command, de la MacDill Air Force Base à Tampa qui aurait passé commande des armes envoyées en Syrie !!!  Nous ne sommes pas loin d’un nid de tripatouilleurs déjà rencontrés derrière l’ineffable général Petraeus, celui qui avait « subtilisé » un contrat de livraison de chars des pays de l’Est à un mercenaire retrouvé en dentelles après le mitraillage de son SUV, juste après sa rencontre avec lui !!!  Et que trouve-ton comme personnes intéressées à la fin de l’article ? C’est simple à deviner : « Wiegand a récemment assisté à la conférence IDEX sur l’industrie de la défense mondiale aux Émirats arabes unis, l’un des événements les plus importants du calendrier des contrats de défense. La conférence s’est avérée être une excellente vitrine pour les AK-47 d’Inter-Ordonance, a-t-il ajouté. « Ils ont regardé nos armes et les ont vraiment aimées », a déclaré Wiegand. « Nous avons vu un besoin énorme de produits américains dans le monde arabe. Ils ont regardé la qualité de ce que nous faisions et nous avons été époustouflés par le fait que nous ayons fabriqué l’AK aux Etats-Unis (cf ici à gauche). » Wiegand a déclaré que les Saoudiens, les Jordaniens, les Egyptiens, les Koweïtiens et les Emirats étaient parmi ceux qui manifestaient un vif intérêt pour son arme ».  En réalité, il n’est pas non plus tombé de la dernière pluie, le patron de Purple Shovel : Benjamin David Worrell a été membre de l’US Army Counter Intelligence pendant 8 ans, de 1993 à 2001.  Il n’a jamais été envoyé à l’extérieur en revanche.  Purple Shovel, pas trop doué pour fournir des bazookas RPG, avait en revanche réussi à trouver et fournir, façon Diveroli, 700 missiles Konkurs (alias AT-5 Spandrel pour l’Otan) conçus autrefois (dans les années 75 !!!) par les Russes et destinés aux rebelles syriens.  Des roquettes antichars guidées par fil dégotées en… Biélorussie, un fidèle allié de la Russie, normalement placé sur une liste d’interdiction du Département d’Etat américain concernant le trafic international d’armes.  Le Pentagone achetant à un pays avec lequel les USA interdisent de commercer, avouez que c’est… grotesque !!!  Nous sommes à nouveau retombés dans l’épisode Diveroli (nous reviendrons je pense sur les deux frères Wiegand un peu plus loin, tant ils méritent le détour avec ce passé… tumultueux) !
Ce type de lance-missile avait été photographié chez les kurdes de YPG  pendant la bataille d’Afrin, par exemple (ici à gauche).  Mais on avait aussi pu en voir dans des vidéos de propagande de Daech en Irak, comme ici à gauche.. on avait retrouvé un lot de lance-missiles hétéroclite mêlant Konkurs, Fagot, et même du MILAN français dans une cache du groupe Jaish Islam, membre du Front islamique depuis le à Douma en mai  dernier.  Le groupe, salafiste, on le sait, « à reçu plusieurs millions de dollars de financement en armement et entraînement militaire par l’Arabie Saoudite », selon Wikipedia.  Particularité, le groupe « est hostile à l’Iran, mais aussi à l’État islamique », et il est aussi en conflit avec le groupe al-Nosra !!!  Divisons pour régner, donnons leur des armes pour qu’il s’entre-tuent ? Chez Purple Shovel, c’est surtout le symptôme Diveroli qui est réapparu, avec les mêmes déboires de livraisons : « la SOCOM a refusé les grenades fabriquées en Bulgarie après avoir appris qu’elles avaient été fabriquées en 1984, ce qui les rend dangereuses et peu fiables » explique ici Business Insider.  Les balles chinoises fournies par Diveroli, qui dataient des années 60 pour certaines, avaient fait exploser les kalachnikovs des policiers afghans qui avaient tenté de les essayer !  C’est donc bien le même grotesque cirque reproduit une fois encore !!!  On croit encore rêver en regardant leur site, vantant les mérites de leurs talents logistiques…. énorme faute d’orthographe à l’appui, en bandeau de présentation !!! « Purple Shovel », et les frères Wiegand, c’est le retour de Jonah Hill dans Ward Dogs !!!  On croît rêver !!! (lire cette excellente comparaison ente les faits et le scénario du film, un excellent travail).
Les saoudiens comme envoyeurs
 
Le témoignage recueilli par Georges Malbrunot, apparu dès le 28 juin 2012 dans Le Figaro, est en ce sens affligeant : « Depuis des mois, Nasser le répétait à ses amis occidentaux ou arabes. Mi-mai, cet opposant en exil affichait donc le sourire lorsqu’une quarantaine de dirigeants des conseils militaires de la révolution se sont discrètement rendus en Turquie pour recevoir un précieux arsenal. «Nous avons surtout récupéré des roquettes RPG 9 puisées sur les stocks de l’armée saoudienne», confiait-il lors d’un récent passage à Paris. «Elles ont été acheminées par avion, jusqu’à l’aéroport d’Adana, où la sécurité turque a surveillé les déchargements avant de savoir à qui ces roquettes allaient être destinées.» Pour rassurer ses hôtes, Nasser garantit que leur utilisation allait être supervisée par «des leaders traditionnels proches des insurgés, histoire d’éviter les dérives mafieuses».  Les roquettes ont été convoyées à Duma et Harasta, dans la banlieue de Damas, al-Zabadany sur la route du Liban, Deraa au sud, et dans la région d’Idlib, frontalière de la Turquie.  Nasser n’en parle pas, mais, en coulisses, les agents de la CIA veillent à ce que ces nouvelles armes qui parviennent en plus grand nombre aux activistes ne tombent entre les mains de djihadistes, infiltrés en Syrie.  Le New York Times va même jusqu’à affirmer que les localisations des dépôts et leurs destinataires sont déterminés en coordination avec les espions américains.  Pour les Occidentaux, qui ont beaucoup hésité avant d’accepter l’armement des insurgés, l’organisation de ces filières est une priorité: «Nous discutons même avec les Turcs de cibles à frapper, poursuit Nasser.  Et nous comptons maintenant hors de Syrie des représentants des conseils militaires qui ont chacun un relais dans une ville de l’intérieur.»  Les hommes à la tête de la manœuvre (les financiers de l’opération) étant les saoudiens, avec une idée derrière la tête : « ces rivaux islamistes liés aux Frères musulmans disposent eux aussi de leurs propres canaux d’approvisionnements. Et eux militent pour que ces armes aillent à leurs seuls partisans, afin d’être les grands vainqueurs de l’après-el-Assad. Pour les monarchies du Golfe, principaux fournisseurs en armes des rebelles, ces livraisons doivent rééquilibrer le rapport de forces sur le terrain, pour forcer el-Assad à accepter un compromis sur le modèle yéménite. «Les diplomates saoudiens nous répètent que tant que Bachar gardera une nette supériorité militaire sur ses ennemis, il n’aura aucun intérêt à négocier son départ», confie un diplomate français, qui rappelle que l’ex-président «Saleh, au Yémen, a discuté de sa sortie uniquement parce que l’opposition et ses partisans faisaient à peu près jeu égal».  L’intervention opportune de Poutine ayant tout fait échouer comme on le sait…
L’implication de la Turquie
A Adana, en Turquie, ont été vus en effet des avions transporteurs d’armes : ceux de Silkway notamment. Or, on trouve dans un dépliant turc de la société Ram Foreign Trade une image surprenante.  Ram Trade, derrière laquelle se dissimule le poids lourd de l’économie turque, à savoir Koç Holding, fondée en 1963 par le tycoon turc Vehbi Koç (mort le , au départ lancé dans le le négoce des matériaux de construction et des engins de chantier puis la production de lampes électriques avec la General Electric Company, puis l’industrie automobile avec des tracteurs tout d’abord et la Türk Traktör d’Arçelik, puis avec l’Anadol, la première voiture turque et en 1971, réalisée  avec l’aide de Ford Motor Company avec qui il créera (Ford) Otosan et avec ensuite Tofaş et la première « Murat » (grâce à Fiat), avant de faire dans la production de tomate en tube (sous la marque Tat)… ou l’industrie de l’acier plat, fondamentale en automobile (aujourd’hui le groupe touche à tout ou presque : agro-alimentaire, grande distribution, finance, énergie, automobile, tourisme et bien sûr nouvelles technologies).  Ce que l’on trouve, tout simplement, c’est l’image d’un 747 de dernière génération, celui de SilkWay, avec ce commentaire : « en 2016, Ram Foreign Trade a rempli avec succès sa mission d’assistance aux sociétés du Groupe sur les marchés émergents. Ram a poursuivi le processus central d’approvisionnement pour les produits en acier plat. Environ 319 000 tonnes de fournitures ont été achetées avec des avantages considérables pour le Groupe et ses filiales. La société a continué de représenter Boeing dans le secteur de l’aviation et a livré deux installations de transport de 787 cargos à Uzbek Airlines, un avion de transport de fret 747 à Azerbaijan Airlines et un centre de transport de 737 cargos à Turkmenistan Airlines ». Silkway, alias Azerbaijan Airlines (AZAL), devant ses premiers 747-400F a un arrangement avec Cargolux, on le rappelle ici. Ici l’arrivée de son N5016R un 747-8 dernier cri, et pas encore peint à Portland, ici vu en 2016 près de Seattle au Paine Field (aussi connu comme le Snohomish County Airport).  C’est en effet le Cargolux LX-VCN (38076).  Le 17 août 2015, arrivait à Bakou le 3eme 747-8 de Silkway, trois engins ayant été acquis dans un contrat à 1,1 milliard de dollars signé avec Boeing.  Il avait fait le trajet Portland-Seattle, Komatsu, au Japon, puis Singapour pour arriver à Bakou. Deux autres étaient attendus pour 2016.  Elle en possède aujourd’hui cinq : les VQ-BVBVQ-BVCVQ-BWYVQ-BBH et VQ-BBM. Le N5016R, immatriculation provisoire de transfert étant le VQ-BBH. Le deux premiers (VQ-BVB et VQ-BVC) sont loués à Cargolux, le troisième arrivé est bien le VQ-BWY.  A noter l’existence de SW Italia, filiale de Silkway avec deux cargos 747-400F, les I-SWIA et I-SWIB. La société est aux mains de Francesco Rebaudo (ici avec son fils Lorenzo), elle se divise en Cargo Invest Ltd  pour 57% et 43% pour Silkway Azerbaijan.  Le patron et fondateur est en fait le sicilien Ignazio Coraci, d’ASC Cargo Limited (marié à Jamila Askarova).  On le retrouve invité ici à une soirée organisée par Leyla Aliyeva (l’aînée du premier ministre Ilham Aliyev). Le premier vol vers Hong-Kong de son 747 à partir de Brescia-Montichiar… via Bakou a eu lieu le 22 mars 2017, en fait un accord passé avec STO Express, grand distributeur express chinois.  Le premier aéroport européen pressenti avait été Prague, mais les chinois ont préféré Brescia. Rebaudo est un vieux loup du milieu, ayant été comptable chez Leali, qui avait repris les routes cargo abandonnées par Alitalia, il s’était heurté en 2015 à… Cargolux Italia, qui bénéficiait d’aides importantes du Luxembourg (et de Jean Claude Juncker).. Silway s’était cru obligée récemment de nier toute implication dans la fourniture illicite d’armes en Syrie, expliquant sur son site que tous ses vols avaient été légaux. Le I-SWIB de SW Italia est en fait l’ancien…Silkway 4K-SW888 et ancien… Cargolux LX-NCV (cf ici à droite) !!!  Quant à savoir pourquoi avoir plutôt choisi Brescia que Prague…
 
Le hub de Bakou à pleins tubes, les profiteurs de guerre à l’affût
Une autre firme US, « Orbital ATK », a également transféré des armes en Afghanistan sur les vols diplomatiques en juillet et août 2015 note le dossier.  Les vols passant par l’Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine et l’Afghanistan. Dans les contrats lisibles ayant fuités, Orbital ATK était le «vendeur» des armes bosniaques et la «police afghane était l’acheteur». Lorsque les avions Silk Way n’étaient pas disponibles, des avions de la Force Aérienne Azéri gouvernementale ont été utilisés. Par exemple, le 12 mai 2015, un avion azéri a transporté 18 tonnes de RPG de Bulgarie en Azerbaïdjan.  Le «vendeur» officiel des armes était encore une fois le petit entrepreneur américain Purple Shovel. L’acheteur officiel des armes était le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan.  En Bulgarie c’était l’usine militaire VMZ qui les produisait. Deux autres sociétés apparaissent dans le dossier.  L’US Department of Defense a en effet commissionné  ″Culmen International LLC″ basée à Alexandria, et ″Chemring Military Products″ basée elle à Perry, en Floride. A la tête anglaise de Chemrig, on l’a vu dans l’épisode précédent, on trouve Eric Thomet, cité dans le fiasco de Gerdec.  C’est bien la même histoire qui recommence !  A droite, Dan Berkon l’ambitieux PDG de Culmen International, fondé en 2004. Le 24 septembre 2018, Culmen a hérité d’un contrat de 150 millions de dollars du gouvernement Trump., au nom du  » Cooperative Threat Reduction Program : un comble !!!  Sans surprise, Berkon est aussi en cheville avec le slovaque Bohuslav  Lipovsky, qui entre deux équipements de démolition, fournit  « un système clé en main complet » de déminage télécommandé, à drôle d’allure (ici  à gauche), testé en Jordanie.  Un détournement de mini-bulldozer de chantier en fait (de marque Bozena).
 
La filière serbe et l’implication jordanienne
Si la journaliste elle-même ne semble pas sûre (elle s’est vite répandue sur un peu tout et rien et elle est surtout vite devenue l’égérie de RT Russia, et, puisqu’elle accuse ouvertement les USA, elle trouve facilement des oreilles toutes prêtes à l’écouter), son dossier est… ahurissant, et ses documents authentiques, semble-t-il bien.  Or tout cela part, étrangement, d’une phrase que j’avais déjà citée il y a 8 ans celle des « 350 vols diplomatiques ayant servi de couverture à des transports d’armes ». Si ce n’était qu’elle, on aurait pu encore en douter, mais un autre site, bien plus sérieux, Balkan Arms Trade, lui emboîte le pas de Belgrade pour dire la même chose, photos aussi à l’appui, des éléments qui ne font que continuer ce que j’avais déjà soupçonné en 2010.  C’est un circuit ancien qui avait été réactivé, en fait. L’article débute ainsi : « Alors que Belgrade dormait dans la nuit du 28 novembre 2015, les turboréacteurs géants d’un avion cargo biélorusse Ruby Star Ilyushin II-76 ont pris vie, sa coque étant chargée d’armes destinées à des conflits de grande envergure. S’élevant du tarmac de l’aéroport Nikola Tesla, l’avion a percé la brume serbe pour se rendre à Jeddah, en Arabie saoudite. C’est l’un des 68 vols au moins qui, en seulement 13 mois, ont transporté des armes et des munitions vers les pays du Moyen-Orient et la Turquie, entraînant des guerres civiles brutales en Syrie et au Yémen,  ce qu’a révélé le BIRN et la Organized Crime and Corruption Reporting Project, OCCRP,  Les vols ne représentent qu’une petite partie des 1,2 milliard d’euros de ventes d’armes entre les pays depuis 2012, lorsque certaines parties du printemps arabe ont dégénéré en conflit armé ».
La Biélorussie de retour dans le grand cirque
L’avion était l’Ill-76 EW-395TH de chez Ruby Star, compagnie biélorusse installée à Minsk, (MSN: 0093499986), photographié ici le 23 Novembre 2015 en train de se poser à Belgrade. Il était reparti le 28 effectivement.  Ici l’ahurissante liste de vols de 2016 entre Belgrade et Jeddah en Arabie Saoudite… en photo le cliché « discret » pris à l’aéroport Nikola Tesla à Belgrade, dans la nuit du 28 Novembre, 2015, où l’on voit l’ Ilyushin II-76 de Ruby Star en plein chargement de nuit des armes pour Jeddah, en Arabie Saoudite.  L’un des 68 vols sur moins de 13 mois qui transportait des armes et des munitions pour les États du Moyen-Orient et la Turquie, qui à leur tour les ont acheminées vers la Syrie et le Yémen !!!  Sur les 68 vols identifiés, 50 ont officiellement confirmé avoir transporté des armes et des munitions:  « La Direction  de l’Aviation civile de la Serbie a confirmé que 49 vols en partance ou en passant par la Serbie ont transportédes armes et des munitions à partir du 1er juin 2015 au 4 juillet 2016.  La confirmation arrive après des semaines de refus de commenter des raisons de confidentialité et après BIRN et OCCRP présenté STI y compris des photographies montrant des caisses militaires chargées dans des avions à l’aéroport Nikola Tesla de Belgrade à quatre occasions différentes. Un responsable de l’Agence nationale des douanes bulgare a confirmé un vol, exploité par le transporteur cargo bélarusse Ruby Star Airways transportait des armes de l’aéroport bulgare de Gorna Oryahovitsa à distance à l’aéroport de Brno, en République tchèque, et à Aqaba, en Jordanie. Dix-huit autres vols ont été identifiés (ici un atterrissage filmé et présenté ici en photo à gauche) comme très susceptibles d’avoir transporté des armes et des munitions selon l’une des trois variables suivantes: l’historique des livraisons d’armes par la compagnie de fret aérien; liaisons avec des vols d’armes antérieurs; ou une destination d’un aéroport militaire:  ces vols ont été effectués vers la base aérienne de Prince Sultan à Al Kharj (Arabie saoudite) et la base aérienne d’Al Dhafra à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), indiquant la présence probable d’armes ou de munitions. En outre, 14 vols à destination des bases aériennes de Prince Sultan et d’Al Dhafra ont été confirmés comme ayant transporté des armes pendant la même période par la Direction de l’aviation civile de Serbie. Il y a eu sept vols à partir de la Slovaquie et de la Bulgarie exploités par Jordan International Air Cargo, une partie de la Royal Jordanian Air Force, qui ont révélé avoir des armes transportées et des munitions de la Croatie en Jordanie à l’hiver 2012. »  Je reviendrai dans quelques épisodes sur cette implication jordanienne…

Le revenant Biélorusse, ancien appareil de … Viktor Bout !
« Le colonel bulgare à la retraite et expert à l’OMS de la lutte contre le terrorisme Slavcho Velkov, qui entretient des rapports étroits avec les militaires, a déclaré au BIRN et à l’OCCRP que les vols Sofia-Amman transportaient des armes à l’Arabie saoudite, la plupart du temps pour le conflit syrien. « de plus, un autre vol opéré par cette compagnie est confirmé comme ayant accompli des transports d’armes pendant la même période par la Direction de l’aviation civile de Serbie. Un vol a été opéré par un transporteur biélorusse, TransAVIAexport Airlines, qui transporte des armes depuis longtemps (ah tiens, un revenant : Transavia la biélorusse, qui a acheté le 22 juin 2015, les affaires aidant, un B747-200(F), EW-445TQ (N°24399), ancien Arménien Veteran Avia -VTF, Yerevan- sous le numéro EK-74799 ici à droite aux couleurs des Saudi Arabian Airlines (il finira Air Georgia 4L-GNK, totalement blanc. C’est son seul Boeing parmi ses treize Il-76, dont onze IL-76TD et ses deux IL-76MD !) « En 2014, la compagnie aérienne a été embauchée par un marchand d’armes serbe, Slobodan Tesic, pour transporter des armes et des munitions serbes et biélorusses à des bases aériennes en Libye contrôlées par divers groupes militants.  Selon un rapport de 2015 des Nations Unies, le Comité des Nations Unies, des Nations Unies et le Comité des sanctions ont enquêté sur les violations potentielles des sanctions de l’ONU.  En outre, il a été confirmé que cinq vols exploités par cette compagnie aérienne avaient transporté des armes pendant la même période par la Direction de l’aviation civile de Serbie ». 
L’implication inquiétante de la Biélorussie
C’est tout un système qui a été ainsi révélé en Biélorussie, restée proche des vœux géopolitiques de Poutine, comme le précise ici cet excellent article de Belsat TV : »Belvneshpromservice a été créé peu de temps après l’arrivée au pouvoir de Loukachenko.  Il a pris les ventes d’armes sous son contrôle strict.  Selon l’analyste militaire Alyaksandr Alesin, les exportations militaires officielles du Belarus dépassent 800 millions de dollars par an.  « Tout d’abord, il s’agit de la guerre électronique, des radars, des systèmes de communication sécurisés, des dispositifs d’aéronefs sans pilote, des systèmes de commande et de contrôle automatisés et des systèmes opto-électroniques », a déclaré Alesin.  Mais avec la centralisation des exportations militaires.  En 1996, des inspecteurs de l’ONU ont trouvé des armes à feu d’artillerie biélorusses en Irak.  En 2004, les pilotes biélorusses des avions Su-25 achetés en Biélorussie ont bombardé l’opposition en Côte d’Ivoire « (je reviendrai dans une autre série sur l’événement, car elle implique le broker US David Tokoph, lié à la CIA lui aussi). « À présent, le groupe d’experts de l’ONU soupçonne les compagnies aériennes biélorusses « Rubystar » et « Transaviaexport » de fournir des armes légères à divers groupes militants en Libye.  Selon l’ex-député Syarhei Antonchyk, elle exécute parfois les instructions géopolitiques de la Russie, lorsque celle-ci ne souhaite pas intervenir directement. « Quand il dit qu’il est un pays neutre, il ment. Nous sommes complètement dans le contexte géopolitique de la Russie « , a déclaré Syarhei Antonchyk, député du Conseil suprême de Biélorussie (1990-1995). La Biélorussie est un concurrent de la Russie dans la course aux armements. Selon l’ex-député, le blanchiment d’argent constitue une autre motivation probable de ces transactions. Par exemple, l’auteur du célèbre rapport anti-corruption écrit que les intermédiaires dans l’exportation d’armes de Biélorussie sont souvent des sociétés privées, telles que « Beltechexport », contrôlée par l’homme d’affaires Uladzimir Peftsiyeu (Vladimir Peftiev ici à droite), proche de Loukachenko. En général, résume Atonchyk, les exportations d’armes grises et le transfert d’armes à des régimes illégaux enrichissent le cercle étroit des représentants du gouvernement biélorusse et des hommes d’affaires qui leur sont proches »… Le rapport du Balkans Arms Trade montrait l’arrière d’un appareil en train d’être chargé de caisses d’armes, le 10 janvier 2016 sur l’aéroport de Belgrade (ci-dessus à droite). L’historique des appareils de Ruby Star nous donne lequel avait effectué un des 68 vols pendant une période de 13 mois entre la Turquie et le Moyen-Orient. La plupart des appareils étant des Ilyushin II-76 – « qui peuvent emporter 50 tonnes de chargement ce qui représente 16 000 AK-47 Kalashnikov ou 3 millions de balles ».  L’avion surpris était en fait l’EW-448TH, l’Ilyushin Il 76TD de Ruby Star, qui est effectivement intégralement blanc… il est vu ici à Lanseria en Afrique du Sud le 6 février 2016, certainement pas venu pour faire du tourisme ou un safari…
A gauche les vestiges d’un des avions de TransAvia abattu en 2007 en Somalie: en fait il avait réussi à atterrir mais touché par des tirs il avait pris feu, avec les 2 véhicules blindés BMP offerts par l’Algérie, qui étaient encore plein de munitions mais qui n’avaient pas explosé.  Une fois sortis et l‘avion réparé, c’est en redécollant qu’il a été de nouveau atteint par un missile qui avait séparé l’une de ses ailes, l’avion s’écrasant aussitôt, faisant 11 morts. Dans ces deux enquêtes, les  journalistes ont mis en cause les autorités responsables de nombreux pays (la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, Israël, la Pologne, la Roumanie, la Serbie, la Slovaquie, la Turquie, ainsi que les militaires de l’Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, les forces militaires de l’Allemagne et du Danemark en Afghanistan et de la Suède en Irak, sans oublier l’US Special Operations Command (USSOCOM) qui selon eux « ont fermé les yeux et ont permis vols diplomatiques pour le transport de tonnes d’armes, effectués par des avions civils, pour les besoins militaires » ). On peut y ajouter le rôle de hub tenu par l’Azebaïdjan ! « Beaucoup de ces vols ont fait un arrêt supplémentaire en Europe centrale et orientale, ce qui signifie qu’ils ont probablement ramassé plus d’armes et de munitions avant de se rendre à leur destination finale. Les statistiques de vol de l’UE fournissent des preuves supplémentaires de l’ampleur des opérations. Ils révèlent que les avions venant de Bulgarie et de Slovaquie ont livré 2 268 tonnes de fret – soit 44 vols avec les avions les plus utilisés – des Ilyushin II-76 – de l’été 2014 aux mêmes bases militaires en Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis identifiées par le BIRN et l’OCCRP ». Plus de 2000 tonnes d’armes !!!  A gauche, une image qui en dit long : à Talinn, le 1er octobre 2016, le Ruby Star EW-383TH devant le 747 Cargo de Transavia Export… Chez Ruby Star, on a pu assister à quelques manipulations étranges, comme celle qui a touché son Antonov 12 EW-338TI. Enregistré chez Jet Air, à Londres.  Le voici venu de Adolfo Suárez Madrid-Barajas, où il était en juillet, blanc avec un filet bleu foncé, qui débarque le 18 octobre 2012 à Dunford arborant un bien étrange numéro de l’USAF, en 06-987, code RS, en y mêlant des logos Ruby Star sur la queue !!!  Il est repeint le 02 juin 2013, en bleu sombre et gris acier puis en juillet après avoir été poussé contre le B737 EW-283PA de Belavia par une tempête, et le voici parqué sur l’aéroport de Minsk pour servir de pièces détachées . Il sera aperçu entre le 21 juillet et le 17 septembre 2017 stocké sur place, des moteurs manquants.  Fin de partie pour lui.  A Newcastle, on l’avait pris en photo le 4 juillet 2015 avec trois de ses collègues (l’UR-CKC, l’Antonov An-74TK-100 de Kavoc Air, qui s’est écrasé depuis à Sao Tomé en voulant se rendre à Stavenger, en Norvège, le 29 juillet 2017, en ayant heurté des oiseaux, l’UR-CGW d’Ukraine Air Alliance, pilier des transports aériens, et l’UR-CJN lui aussi de Kavoc Air). Les « Kavoc » servaient à quelque chose, mais on ignorait encore à quoi exactement à ce moment-là)… Rassurez-vous, on va appendre dès demain ce à quoi elles servaient, ces vieilles machines fumantes de Kavoc Air…

(1) sur la valse hésitation d’Obama, la timeline d’à partir juin 2014 répercutée ici par l’excellent Foreign Policy est pleine d’enseignements. Plus tard on prouvera que les frappes aériennes décidées n’avaient eu aucun effet probant… de l’esbroufe, celle qui passe si bien aux journaux télévisés avec les vues de destruction par bombardement aérien filmé en vidéo… parmi les exemples, celui-ci :  « un deuxième groupe est envoyé le 20 septembre 2015 et, deux jours plus tard à peine, il remet 25% de ses armes fournies par les États-Unis au Front al-Nusra, une organisation terroriste étrangère désignée par les États-Unis, pour qu’il puisse circuler en toute sécurité tout en déplaçant son siège. dans une ville du nord de la Syrie. »

 

(2) sur le travail du contractant décédé on peut lire ceci extrait saisissant de l’enquête de BuzzFeed :  « Dougherty (cf le second contractant  blessé lors de l’accident sur le pas de tir) était à la maison dans le Tennessee à partir de la mi-mai 2015 avec SkyBridge.  Il travaillait sur un contrat gouvernemental. Était-il disponible immédiatement pour un contrat de courte durée, environ 78 jours?  On lui a dit que le salaire était de plus de 600 dollars par jour.  Lorsque Skybridge a appelé Parker, le béret vert à la retraite, il venait de rentrer d’un groupe du 3e groupe des forces spéciales, et avait une nouvelle fille nommée Rebel Rose. Toute sa retraite de 1 800 dollars par mois ne devait pas pouvoir payer les factures, se souvint-il.  « Il a dit à ma femme, c’est nul, mais voici un travail ».  Norwillo (ici à gauche testant une arme indéterminée) a également récemment quitté un poste de contractant civil en Afghanistan. L’argent que SkyBridge offrait était très bon, il était donc excité à ce sujet. Malgré tout, elle a dit qu’elle était nerveuse à propos de la mission. Elle pensait qu’il ne reviendrait pas. « J’ai eu un sentiment étrange », a-t-elle dit. Lui sur le chemin de l’aéroport, je lui ai dit, « Que se passera-t-il si tu ne reviens pas? » Selon Dougherty et Parker, les hommes ont été dérangés par le fait qu’ils ne s’étaient pas habitués à travailler dans un champ de tir militaire américain.  Ma principale préoccupation était la protection, a déclaré Parker: «La protection corporelle et le casque étaient des accessoires».  Alors elle a dit qu’il avait poussé SkyBridge à se procurer une protection corporelle et un équipement de protection. «Ils ont dit non. Il l’a rappelé plusieurs fois.  SkyBridge n’a pas répondu au commentaire et l’avocat de la société a refusé de commenter.  Une semaine après leur appel, ils ont pris l’avion pour Sofia, en Bulgarie. Tout a été pressé, chose que Parker a dite. “Un super endroit où séjourner avait-il dit”.  Ils ont en fait tout précipité, dit Dougherty.  Il a dit qu’ils n’avaient pas reçu de soins médicaux. En Bulgarie, ils ont rapidement rencontré Alexander Dimitrov.  Sa société, Alguns, leur fournirait une gamme complète d’armes, qui auraient servi à une immense compagnie d’armes bulgare, propriété de l’État.  Il conduisait une Maserati noire ainsi qu’une Land Rover noire. Dimitrov n’a pas répondu aux commentaires, mais il avait déjà indiqué à BuzzFeed News qu’il n’avait pas fourni les roquettes. Dimitrov entretient des liens depuis la Bulgarie avec des personnalités importantes, tel Boyan Petrakiev Borisov, surnommé le baron, dont le casier judiciaire remonte au moins à 1977, d’après les autorités répressives bulgares. Dimitrov est proche de la mafia depuis des années. Mais Dougherty et les deux autres Américains ne savaient rien à ce sujet.  Du moins pas au début. Dougherty a déclaré que des employés d’hôtel sympathiques lui avaient dit que Dimitrov avait la réputation d’être proche du crime organisé. « Les gens à l’hôtel », a déclaré Dougherty, « on fait référence à la mafia russe ».

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

MH370 (11) : l’explosion de Gerdec, révélatrice de tout un système

 

MH370 (13) : les avions qui enfument la Suisse

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Cette fois, c’est en Suisse que nous allons nous déplacer pour notre enquête.  Avec une simple question posée par une députée, à propos du survol de sa maison et de celles de ses administrés par de gros avions faisant beaucoup de bruit et de fumée : de vieux Antonov 12, âgés de plus de 50 ans pour la plupart. Des avions à la livrée bien reconnaissable et faisant régulièrement le même trajet. C’est le début de la découverte de livraisons d’armes, documents à l’appui, ces avions ayant été aussi aperçus à plusieurs reprises aux USA, à savoir qu’ils avaient aussi l’habitude des trajets transatlantiques !!!
Les étranges vols de Kavoc Air qui ont mis la puce à l’oreille
Des vols qui intriguent, en effet. Et notamment en Europe, où le bruit et la fumée des gros porteurs à hélices d’un autre âge inquiètent certains. Une député suisse, Barbara Keller-Inheleder du Groupe de l’Union Démocratique du Centre a ainsi posé le 15 mars 2018 cette question saugrenue au parlement : « depuis octobre 2016, des citoyens inquiets s’adressent à moi, en ma qualité de membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil National, pour me poser des questions sur les lourds appareils à hélices très bruyants (c’est l’UR-KDM) qui survolent à présent régulièrement notre pays tard le soir ou au milieu de la nuit en faisant vibrer maisons et balustrades. On peut suivre ces appareils sur Flightradar24: il s’agit d’avions de transport du type Antonov 12B/12BK/12BP de Cavok Air, la compagnie aérienne cargo ukrainienne. Les Antonov décollent par exemple de Leipzig ou Paris pour atterrir régulièrement au Sahara, à Ghardaïa en Algérie – ou ils disparaissent brusquement du radar. Il y a lieu de se demander ce qu’on peut bien transporter régulièrement et si souvent de Leipzig au Sahara, et du Sahara à Leipzig, Tanger, Marseille ou Paris ».
Le 6 novembre dernier, l’UR-CKL était toujours à effectuer des vols vers Ghardaïa, ici en direction de… Marseille. Le 4, il avait un aller-retour Leipzig-Ghardaïa.  Son collègue l’UR-CNN faisant le même jour Brno-Sofia, après avoir fait le 31 octobre Ghardaia-Bucarest…
1. Ces survols nocturnes nécessitent-ils une autorisation?

2. Combien de ces survols nocturnes ont-ils eu lieu depuis octobre 2016?

3. Des autorisations ont-elles été accordées depuis octobre 2016 pour ces survols nocturnes? Dans l’affirmative, combien?

4. Qu’est-ce qui a été transporté?

5. Des marchandises dangereuses ou des biens militaires, voire les deux, ont-ils été transportés? Dans l’affirmative, lesquels?

6. Des réfugiés ou des requérants d’asile ont-ils été transportés?

7. Comment procède l’OFAC s’il a connaissance de mouvements aériens illégaux?

8. Comment se passe en l’occurrence la collaboration avec le DDPS?

9. Pourquoi de tels transports – avec ou sans autorisation – sont-ils effectués de nuit? »

On lui avait répondu « qu’entre octobre 2016 et février 2018, Skyguide a recensé 602 passages d’avions de type Antonov An-12 sur la Suisse, dont 412 étaient le fait de Cavok Air. Cavok Air est une compagnie aérienne cargo ukrainienne dont la flotte est exclusivement composée d’appareils de type Antonov An-12 » et que « Les Antonov An-12 de Cavok Air effectuent en général des liaisons entre Leipzig ou Cologne et Milan ou Bergame et volent à 23 000 pieds (environ 7000 mètres d’altitude). Suivant les conditions météorologiques, le vrombissement sourd de leurs hélices est bien audible, et enfin que « tous les avions qui volent en Suisse selon les règles de vol aux instruments (IFR) sont suivis par Skyguide (prestataire suisse de services de navigation aérienne). Skyguide contrôle le respect des règles de l’air et alerte immédiatement les Forces aériennes en cas de violation présumée de l’espace aérien suisse ou d’infraction grave aux règles de l’air ». Bref du vent : on parlait de Ghardaïa (un foyer d’extrêmisme aux rudes affrontements réguliers), on a répondu « Bergame »… et rien sur le contenu des avions.  Mais que transportent donc de si mystérieux les avions de Cavok Air ???  L’Algérie fournirait-elle la Libye ?  Ou se fournirait-elles en armes brésiliennes anti-émeutes au cas où ?  La proximité libyenne, expliquée ici dans le rapport de Jalel Harchaoui, du Small Ars Survey, n’est pas rassurante :  la frontière, en plein désert est une vraie passoire.  L’Algérie n’a pas cherché à empêcher les États du Golfe d’envoyer des armes à la rébellion anti-Kadhafi de 2011 et le phénomène pourrait donc se poursuivre.  Mais l’Algérie avait craint aussi l’effondrement de la Libye, davantage que les européens, selon Harchaoui.  Là encore, il y avait eu prolifération :  « des responsables libyens anti-Kadhafi ont observé qu’entre avril et septembre 2011, le Qatar avait expédié en Libye 20 000 tonnes de fusils d’assaut, de lance-grenades, de munitions, d’uniformes militaires et de véhicules (Dagher, Levinson et Coker, 2011). Le fait qu’aucune ventilation détaillée des cargaisons du Qatar n’ait été rendue publique, l’importance de cette assistance est illustrée par le fait que si la moitié du tonnage allégué était constitué d’armes légères, il s’agirait de 178 000 fusils de type Kalachnikov et de 3 000 cartouches par arme. Plusieurs autres États membres de la coalition euro-arabe, dont la France et les Émirats arabes unis, ont également envoyé une aide meurtrière, bien que dans une moindre mesure que le Qatar. Les forces militaires égyptiennes et soudanaises ont aidé l’opposition (Levinson et Rosenberg, 2011; ElHag, 2012).  Après 2011, le flux d’armes en provenance des puissances du Moyen-Orient (telles que les Émirats arabes unis) vers la Libye s’est poursuivi (CSNU, 2016, par. 140 à 43). La Turquie a rapidement commencé à expédier des armes illicites en Libye également, en violation du droit international (CSNU, 2016, par. 151 à 59) ».  En septembre 2015, la marine grecque interceptait le petit cargo de 1400 tonnes Haddad 1, qui allait en direction de Misrata (battant pavillon Bolivien !).  A son bord, plus de 5000 fusils et des munitions.  Il était parti du port de d’Iskenderun, à 50km à peine de la frontière Syrienne.  Des photos et des vidéos montraient des paquets de cartouches neuves, estampillées Yavex USA, compagnie de Floride, à Fort Myers et travaillant pour Yavascalar AS en Turquie.  L’extrême-droite avait aussitôt transformé l’envoi en armement destinés aux immigrés en Europe !!!  Au pays des fakes-news, ça ose tout !

Les documents fort compromettants

On allait le découvrir sans trop d’étonnement, à vrai dire, ce que contenaient ces avions ukrainiens.  Le 13 janvier 2018 un des appareils Antonov AN-12B de Cavok Air (UR-CEZ) est surpris « en train de procéder au chargement de cargaisons dangereuses au terminal d’exportation de RIO Galeo, (Rio de Janeiro-Galeão baptisé Antônio-Carlos-Jobim  au Brésil) à la suite d’un voyage directement venu du Honduras.  La curiosité de cette opération concernait précisément la catégorie de la cargaison, qui portait sur les matières explosives, exigeant de la part de toutes les personnes concernées une attention et un soin maximum. La cargaison totalisait 21 palettes et 10,4 tonnes qui étaient correctement emballées dans l’avion pour que le vol puisse se dérouler en toute sécurité à l’intérieur du cargo ». Le Brésil est réputé pour la fabrication de ses grenades anti-émeutes, ou ses obus et ses roquettes de type Grad, on le sait.  Le 6 novembre, l’avion faisait à nouveau un trajet Leipzig- Ghardaïa… Plus étrange encore, concernant les avions de Kavoc, l’autorisation de vol découverte via une demande officielle aux autorités officielles américaines, en date du 28 août 2018 (et valable jusqu’au 31 décembre 2018), demande faite à la très sérieuse et officielle « Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration » dans laquelle Kavoc Air (à son adresse Kavok Eir, TOV, Obolonska naberezhna 3  04210 Kyiv, Kiev – Ukraine) est représentée par son agent américain, The Wicks Group PLLC de Washington, DC.  La demande porte en effet sur des « Projectiles with bursting charge » et des « Rockets with inert head ».  On ne peut pas être plus clair ! Pour un vol bien particulier.  L’avion (de type indéterminé) devrait en effet partir du Lanseria International Airport, en Afrique du Sud, haut lieu de trafics divers dont celui des armes (dont l’Afrique du Sud est productrice, et de la cocaïne) direction Phoenix, Arizona, mais en passant auparavant par… Luanda (en Angola) et Accra (au Ghana), avant de s’orienter vers le Capt Vert (et Sao), de traverser l’Atlantique vers le Grantley Adams International Airport (à la Barbade), puis par un saut de puce se poser à Nassau… pour arriver enfin à Phoenix.  Le candidat de Cavok Air à la traversée ayant pu être le vieil Antonov Antonov An-12BK immatriculé UR-CBG (6343705), photographié à Lanseria par le spotter Timothy Brandt, justement, le 19 août 2018, soit 8 jours avant la date requise pour s’envoler plein d’armes vers Phoenix… le temps de préparer les papiers !  L’ex Aerovis, aperçu à Kaboul le 3 septembre 2006, décoré de la même façon… et encore plus sale !  Il a démarré sa carrière dans l’armée soviétique, en …1966, soit il y  plus de 50 ans !  Bref, un avion amorti depuis des lustres, et qui ne coûte plus que le kérosène et les (maigres) salaires de son équipage !!!  Le 5 août 2018, il avait déjà été filmé en train d’atterrir à Nassau, aux Bahamas... son redécollage se faisant de façon… fort charbonneuse (quelle fumée, et quel boucan) !!!  Il est vu ici à Châlons-Vatry le 4 janvier 2012.  Ukraine Air est aussi une habitué des traversées Atlantique : ici son Antonov UR-CNT bleu-violet brillant décollant de Saint-Martin en décembre 2017.

Et ce n’était pas la première fois, en fait, pour Kavoc Air : le 11 juillet 2017, une autre demande au même organisme demandait  « To authorize the  transportation in commerce of certain explosives which are forbidden for transport by cargo only aircraft »…  la même autorisation étant octroyée par le même document à Kalitta Air !!!  Kalitta Air obtenant une autorisation supplémentaire le même jour, «  to authorize the  transportation commerce of anhydrous ammonia »  (de l’ammoniac anhydre, composant essentiel de la fabrication des explosifs !) «  by cargo aircraft, which is forbidden in the regulation » ; le troisième larron étant autorisé à transporter aussi des explosifs.  Son nom : Ukraine Air Alliance !!!  Ici à droite l’Antonov An-12BK Kavoc UR-CNN (7345004) aperçu de nuit au Houston George Bush Intercontinental le 4 février 2017, en partance pour Lima, venu de La Aurora International Airport de Guatemala City !!!
A droite, c’est l’Ukraine Alliance UR-CAH (ex ER-AXX, 8345604) qui se pose au même endroit le 29 octobre dernier… ses deux documents prouvent que les Etats-Unis entretiennent des vols douteux par cargos aériens, tels que Kalitta, dont on va bien sûr étudier ici les vols en détail, mais aussi carrément avec des avions ukrainiens, autorisés à se poser aux USA bourrés d’explosifs (1).
Ramstein aussi mis en cause comme plaque tournante

Dans ce circuit l’Europe aussi a été mise à contribution (à gauche les looks différents des modèles Kavoc Air).  Ostende, Francfort, Vatry, Aviano, Stansted, Luton, ont largement servi à ces transferts, pistés par des  activistes et des spotters qui ont permis d’en tracer le tableau et de corroborer les dires de l’affligeant rapport.  La plupart du temps, les transports massifs d’armes ont été effectués en dehors des lois du pays concerné. « L »armée étatsunienne aurait livré des armes et des munitions d’Europe de l’Est aux rebelles syriens via sa base de Ramstein, en Rhénanie-Palatinat. Comme le gouvernement allemand n’avait pas les autorisations nécessaires, les Etats-Unis ont peut-être enfreint la loi allemande (à droite le C-130 vieil habitué des coups tordus vu à Ramstein le 12 septembre 2012 : le Lynden Air N402LC, avion de la CIA !). C’est le résultat de plusieurs mois de recherches menées par la Süddeutsche Zeitung et les réseaux de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et Balkan Investigative Reporting Network (BIRN). Le gouvernement allemand affirme qu’il ne sait rien des livraisons d’armes à la Syrie via le territoire allemand, bien que des signes indiquent depuis un certain temps que les Etatsuniens se livrent à cette activité douteuse. Le gouvernement étatsunien a soutenu les rebelles syriens en leur fournissant de la formation et des armes dans le cadre de plusieurs programmes différents. L’Armée syrienne libre (ASL) et d’autres groupes, auparavant considérés comme politiquement inoffensifs, ont été entraînés et armés pour la lutte contre le président Bachar al-Assad par un programme du service de renseignement étranger de la CIA sous le nom de code Timber Sycamore. Le président Barack Obama a approuvé le programme en 2013 après de longues discussions au sein du gouvernement, réagissant au déploiement d’armes chimiques dans la région de la Ghouta engendrant des centaines de morts que le gouvernement étatsunien a considéré comme de la responsabilité du régime syrien. Le successeur d’Obama, Donald Trump, a mis fin à ce programme début juillet sur recommandation de la CIA ».  Autrement dit, la CIA a arrêté ce qu’elle avait elle-même initié : voilà un président bien crétin et bien manipulé sans qu’il ne se s’en rende compte, lui si prompt à critiquer Brennan, l’ancien responsable de la CIA, qui tombait à pic, pour elle :  c’est bien Ross et Wise qui avaient raison (2) : aux Etats-Unis, le président quel qu’il soit n’est que sa marionnette !  A gauche, le fameux Antonov 12 de Kavoc décollant le 19 juillet 2018 de Phoenix, Arizona, direction Montréal avant de s’apprêter à retraverser l’Atlantique (photo Dave Turpie)…

Achat d’armes par des prestataires de services militaires privés

Au final, deux organismes inspecteurs indépendants, le BIRN (le Balkan Initiative Reporting Networ et l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project), concluent « qu’un programme du Département de la Défense des Etats-Unis est cependant toujours en cours pour former et équiper les rebelles à la lutte contre la milice terroriste de l’Etat islamique (EI). Les djihadistes avaient conquis de vastes zones en Syrie et dans l’Irak voisin à l’été 2014. Au printemps 2015, le Pentagone a d’abord tenté de mettre sur pied une unité rebelle en Jordanie. Après cet échec lamentable, le Pentagone a commencé à soutenir les groupes existants. Dans le nord de la Syrie, il s’agit des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de milices kurdes du YPG et de forces arabo-sunnites et assyriennes qui combattent actuellement pour la capitale de l’EI, Raqqqa. Dans le sud-est, les groupes islamiques laïcs et modérés censés lutter contre l’EI dans la vallée de l’Euphrate en bénéficieront. Les fournisseurs privés de services militaires étatsuniens ont acheté pour des centaines de millions de dollars d’armes et de munitions fabriquées par la Russie pour les programmes en Europe de l’Est et dans les Balkans, ce qui facilite le refus de l’aide de la CIA en matière d’armement. De plus, les rebelles sont rompus au maniement de la Kalachnikov ». (à droite le cockpit de l’Antonov UR-CGW d’Ukraine Air Alliance : pas vraiment un avion neuf…., il venait de faire Burgas-Chateauroux le 6 novembre dernier, au moment même où je rédigeais ce texte. Le lendemain, après avoir relié Liège, il s’envolait vers Santa-Maria dans les Açores : la traversée devrait suivre…).

« Les journalistes du BIRN et de l’OCCRP, qui bénéficient du soutien financier du Département d’État et du développement des États-Unis et de Google, entre autres, ont maintenant réussi à suivre l’itinéraire du trajet des armes. Cet itinéraire mène des usines en Serbie, en Bosnie, en République tchèque et au Kazakhstan à la Turquie et à la Jordanie, où les États-Unis et leurs alliés ont chacun un centre de commandement, où les officiers et les officiers du renseignement ont coordonné l’appui. Cette région a reçu les armes par des cargaisons qui ont transité par les ports roumains et bulgares – ou par l’aérodrome militaire étatsunien de 1400 hectares à Ramstein, en Allemagne. »  A droite, en haut des chapitre, c’est l’UR-CBG décollant de Luton en Angleterre, photographié par Burmarrad (Mark) Camenzuli le 24 octobre 2015. On l’a souvent comparé à une vieille locomotive anglaise…

Bilan : la même opération que pour l’Afghanistan, et la même gabegie !

Au final, ces envois massifs se sont avérés… catastrophiques.  On avait vu que lors de l’affaire de Gerdec, de larges quantités d’armes achetées à des brokers sans scrupules dans les dépôts sans fond de l’ex-Empire soviétique étaient arrivées par « mégarde » entre les malins des talibans.  Je mets par mégarde entre parenthèses, car des scènes pendables dont celle d’un avion de Viktor Bout commençant à décharger un Ill-76 plein de Kalachnikovs alors que l’avion n’y était pas attendu avaient laissé entendre que les saoudiens, trésoriers-payeurs des opération discrètes de la CIA, en la circonstance (on apprendra bientôt que  tout cela a commencé bien avant, dès les années 60 en réalité !), avaient « diverti » comme disent les anglo-saxons des lots entiers pour soutenir les islamistes.  On croyait donc les Etats-Unis vaccinés, et décidés notamment à tenir un meilleur registre de leurs stocks d’armes que le général Petraeus n’avait pu le faire en Afghanistan.  Peine perdue : Newsweek, le 14 décembre 2017, c’est à dire bien tardivement, hélas, dénonçait la même gabegie… organisée.  Ou le même coulage, si vous préférez : disséminer les armes partout et entretenir le conflit, plutôt que de vouloir véritablement le faire cesser…. le schéma de distribution des armes était la copie parfaite de ce qui a été fait en Afghanistan, avec fort peu de contrôles finaux sur les réceptionnistes véritables (à droite le dépôt de munitions d’Ayyash tombé aux mains de Daesh à Deir ez-Zor.  Beaucoup de caisses d’obus 85mm UBR-365P AP de l’ère soviétique, comme pour le second cliché ici à gauche. Pas des livraisons, donc, attention à ne pas confondre, mais la saisie de stocks – d’origine Tchèque – pour la plupart appartenant au départ à l’armée syrienne !  Des camions encore pleins avaient été aussi découverts – image à droite ci-dessous, et à gauche d’autres caisses encore. Bachar el Assad avait aussi un stock faramineux de munitions) . Du Petraeus, mais en pire, avec Daesh au bout ! En ce sens, le texte de Newseek est sans appel et c’est une condamnation pure et simple d’une pratique illégale :  Obama rejoignant Reagan, voilà qui la fiche mal pour celui qui avait obtenu le prix Nobel de la Paix, ce qui en avait surpris beaucoup . « On a découvert que 90% des armes et des munitions d’ISIS provenaient de Russie, de Chine et d’États d’Europe de l’Est. Les jihadistes ont pu obtenir une grande partie de cet arsenal grâce au soutien de l’ancien président Barack Obama aux rebelles en Syrie, a rapporté le site britannique Conflict Armament Research après avoir analysé 40 000 objets récupérés par ses enquêteurs le long des lignes de front de l’Etat islamique entre juillet 2014 et novembre 2017.  En achetant un « grand nombre » d’armes et de munitions européennes et en les détournant vers des acteurs non étatiques en Syrie sans en avertir les vendeurs, les Etats-Unis auraient « violé les conditions de vente et d’exportation convenues entre les exportateurs et les destinataires d’armes ».  «Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont fourni l’essentiel de ce matériel sans autorisation, apparemment aux forces de l’opposition syrienne.  Ce matériel détourné, récupéré des forces de l’Is, comprend exclusivement des armes et des munitions de calibre Pacte de Varsovie, achetées par les États-Unis et l’Arabie saoudite auprès des États membres de l’Union européenne (UE) d’Europe de l’Est « , indique le rapport, en utilisant un autre acronyme pour ISIS. . «La fourniture de matériel dans le conflit syrien par des parties étrangères, notamment les États-Unis et l’Arabie saoudite, a indirectement permis à l’EI d’obtenir des quantités substantielles de munitions anti-blindés», a-t-il ajouté. »  On aurait voulu le faire exprès qu’on ne s’y serait pas pris autrement en effet. Exactement comme Petraeus s’y était pris en Afghanistan !  Les leçons du passé ne servent à rien, côté américain :  c’est une volonté délibérée d’entretenir et de faire perdurer une guerre, car c’est vital pour l’économie du pays, qui ne repose, au final, que sur cela.  La production, la dissémination d’armes à tous les niveaux…

Les photos des armements proviennent du blog Oryx, datées de mars 2017. A côté des stocks de l’armée syrienne, des parachutages ratés de l’Us Air Force (et même des russes), tombés en secteur détenu par Daesh au lieu de fournir les populations locales, ici en essence (ci-dessus).

 

(1) des avions aussi anciens bourrés d’explosifs provoqueront un jour ou l’autre une catastrophe sur un aéroport civil. Le 9 août 2013, un des vieux Antonov d’Ukraine Air, l’UR-CAG venu de Leipzig direction Mineralny Vody en Russie, (un ex Silk Road Airlines et Meridian, ancien CCCP-13341 de l’armée russe et Komsomolsk on Amur Air Enterprise) chargé cette fois de 49 000 poulets vivants. Ils ont fini plus vite que prévu à la rôtisserie.  L’avion a pris feu et a entièrement été détruit.  C’est son APU qui avait été à l’origine de l’incendie. L’équipage avait juste eu le temps de fuir.  On découvrira après que la vérification du moteur auxiliaire, qui aurait dû être menée en 2007, n’avait même pas été faite ! Ici l’UR-CGV d’Ukraine Air Alliance se posant à Deauville en juillet dernier. L’avion est très actif : le 7 novembre il effectuait un Paris-Tripoli après un Ljubljana (Slovénie)-Paris le 5 novembre…

(2) David Wise est décédé à 88 ans le 9 octobre dernier. Il mérite amplement d’être relu.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH370 (12) : Le retour de l’épisode Diveroli ?

Comment Trump à détourné un meurtre pour dissimuler sa collusion avec les russes

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Le dernier « mémo » de Mueller, sur l’avancée de son enquête, révélé ce 8 décembre, le dit noir sur blanc : des étroits contacts de l’équipe de Donald Trump avec les russes ont eu lieu dès l’année 2015, c’est-à-dire avant l’élection présidentielle américaine, au point d’en arriver à appeler cela une « synergie » entre les deux partis en cause.  Au milieu de ces contacts, l’ineffable Julien Assange, et son bien étrange ami russe (celui aperçu ici (1)), mais aussi le détournement médiatique d’une sordide histoire de meurtre, afin de faire porter le chapeau au parti démocrate, alors que les pilleurs du serveur du mouvement d’Hillary Clinton n’ont eu que comme seule intrusion celle des hackers russes, regroupés tout près de Moscou dans un bâtiment placé sous la férule d’un très proche de Vladimir Poutine (Yevgeny Prigozhin).  Retour sur des faits qui doivent logiquement conduire à une procédure d’impeachment de Donald Trump, pour… haute trahison.  Ses jours s’assombrissent de plsu en plus…

Le jour d’après le pizzagate 

Une meute, mordant tous les jours les médias, c’est l’image la plus évidente qui ressort de cette étude. La meute, ce sont les soutiens d’extrême droite de Donald Trump, qui vont ne pas cesser d’harceler la presse, en juillet 2016, car ils viennent de se trouver un os à ronger, un os apparu de façon fort inattendue.  Un événement inattendu sur lequel ils vont tous se précipiter et se relayer sur les plateaux télé, notamment ceux de FoxNews, car ils ont vite compris qu’ils tenaient là un moyen idéal pour détourner l’attention des médias sur leurs propres agissements durant la campagne électorale. Alors que l’étau se resserrait déjà sur une collusion flagrante entre l’équipe Trump et le GRU russe, cet événement tombait à pic pour eux, en effet.  En bons agitateurs, ils avaient vite évalué ce qu’ils pouvaient en effet tirer de l’annonce de la mort de Seth Rich, qui travaillait pour l’équipe d’Hillary Clinton au sein du parti démocrate, comme on va le voir.

En fait, ce sont les mêmes qui avaient tablé sur une improbable histoire dite du « pizzagate » à savoir une élucubration d’internautes complètement givrés du site 4chan (reprise à la volée par l’extrême-droitiste Mike Cernovich, qui avait déclaré sur Internet qu’Hillary Clinon était atteinte de la maladie de Parkison et le même, profondément machiste,  avait clamé que « le viol n’existait pas » !) ) ayant cru voir dans des mails interceptés de l’équipe démocrate des messages… pédophiles.  Des électeurs potentiels de Trump s’étaient jetés avec avidité sur le sujet, qui avait fait tache d’huile à la stupeur de tous, tant cela ne reposait sur rien de tangible.  On peut même penser aujourd’hui avec le recul, que la deuxième cabale montée autour de la mort de Rich a été d’emblée étalée en long et en large pour masquer celle du pizzagate, devenue complètement ridicule au fil du temps, à en lasser tout le monde, même ceux que Trump aurait pu tenter.  Mais chez ses électeurs, qui sont manifestement aussi intelligents que lui, ce délire avait néanmoins eu un impact certain, au point que le , un dénommé Edgar Maddison Welch  (ici à gauche dans toute sa splendeur d’intellectuel) était même entré dans la pizzeria « Comet » muni d’un fusil d’assaut AR-15, et avait tiré au jugé en clamant qu’il était venu de Caroline du Nord pour « enquêter lui-même » et sauver des « enfants esclaves sexuels » qui se trouvaient selon lui cachés dans l’établissement !!!  L’homme des bois, au petit pois à la place du cerveau, a été finalement condamné le 22 juin 2017 à quatre années de prison (alors qu’il en risquait 20) !!!  Pas un seul des extrémistes qui l’avaient poussé sur Internet à commettre son agression n’avait bien sûr bougé ou n’était venu tenter de le disculper :  chez ces gens-là, on jette une allumette et après on se sauve… Les partisans de Trump sont en effet ainsi :  ils croient tout, sans jamais le vérifier, à l’image de leur mentor, incapable de lire un dossier comme l’a révélé dernièrement Rex Tillerson, le dernier viré de ses compagnons du début de magistrature (2).

Des compagnons parmi lesquels on a aussi trouvé des personnes croyant aussi dur comme fer au délire du pizzagate, tel… Michael T. Flynn, qui au rendement de l’attaque de la pizzeria avait tweeté que « jusqu’à ce que le pizzagate soit prouvé faux, ça reste une info.  La gauche semble oublier les mails de Podesta et les nombreuses « coïncidences » qui s’y trouvent »… C’est dire aussi la qualité du raisonnement au sein même de l’équipe entourant Donald Trump… ou de Flynn lui-même, celui qui avait dîné, rappelez-vous, avec Poutine et toute une délégation américaine… dont la représentante écolo Jill Stein... et le cinéaste serbe Emir Kusturica, qui n’a jamais renié son soutien à Slobodan Milosevic, rappelons-le.  Plus tard, Stein ne regrettera rien de son support à Poutine, ni de l’aide ainsi apportée à l’élection de Donald Trump, qui une fois élu, prendra les pires décisions jamais prises au niveau de l’écologie, ce dont elle devait pourtant se douter, le climato-septicisme de Donald Trump étant affiché et revendique depuis plusieurs années déjà.  En juin 2018, le Daily Beast déplorait toujours l’osbsurité des finances de son parti et les sommes allouées en salaires à des dirigeants chargés d’organiser sa candidature, 19 mois après les élections. Une profiteuse du système de plus, manifestement.  L’écologie aux USA est en piteux état avec une telle représentation.  Trump a la vie grandement facilitée, avec ça…

L’événement tragique 

Pour comprendre tout cela, et voir comment une fine équipe autour de Trump a réussi à lui sauver la mise et inverser la tendance d’alors, qui annonçant sa défaite alors annoncée comme probable, il faut revenir quelques temps en arrière. Voici tout d’abord  comment Charlie Mole, de la BBC avait (sobrement) rappelé ce qui s’était passé à Washington même, quatre mois à peine avant l’élection de l’olibrius qui occupe depuis la Maison Blanche en se la jouant solo partout où il passe : « Aux premières heures du 10 juillet 2016, Seth Rich rentrait chez lui après une soirée à Washington DC.  Âgé de 27 ans, militant pour le numérique au sein du parti démocrate, il vivait dans le quartier de Bloomingdale, où résident de nombreux jeunes politiciens qui espéraient réussir dans la capitale.  Seth discutait (en tchat) avec sa petite amie alors qu’il rentrait chez lui à quelques kilomètres de son bar préféré. À 4h19, il lui dit qu’il était presque à la porte et qu’il devait partir. Une seconde plus tard, des coups de feu ont retenti (à gauche la police relevant les marques sur le sol autour du corps).  Seth a été retrouvé étendu sur le sol à un pâté de maison de son appartement. Il avait deux balles dans le dos et sa montre, son portefeuille et son téléphone ont tous été retrouvés sur lui.  Il y avait des signes d’une lutte. Les mains et le visage de Seth présentaient des ecchymoses. Il est mort peu de temps après. La police de Washington a déclaré que le meurtre de Seth était un vol de rue qui avait mal tourné. L’affaire reste non résolue ». C’est la position de la victime au sein du parti démocrate que les vautours entourant Trump vont exploiter à fond (à droite l’emplacement du meurtre, au coin d’une rue, immortalisé par une fleur déposée sur place).  Au parti, il n’était qu’un petit rouage anonyme affichant fièrement ses convictions en s’habillant parfois des couleurs symboliques du pays.  Dans le quartier où il vivait, plusieurs tentatives de vol à l’arraché avaient eu lieu, dont certains avaient mal tourné.  Lui-même s’en était plaint. Toutes les agressions montraient le même scénario : un petit groupe limité à 3 personnes maximum approchait une victime dans la rue, l’une d’entre elles brandissant subitement un pistolet, puis elles forçaient la victime à désactiver son téléphone portable (la conversation en tchat avec sa fiancée avait été interrompue) et l’enjoignait de leur remettre son portefeuille sous la menace.  Elles s’enfuyaient ensuite à pied ou dans un véhicule.  Les vols avaient lieu à n’importe quelle heure, de jour comme de nuit.  A l’évidence, c’est ce qui était arrivé à Seth, conclurent plusieurs enquêtes, pour qui le militant se serait défendu, d’où les coups observés sur son corps.  A noter que les policiers étaient arrivés très vite sur le lieux, car la rue était équipée de « détecteurs de tirs », qui les avaient avertis :  preuve que dans le quartier c’était fréquent. La police arrêtera le 28 juillet trois jeunes, Paul Tyrone Dorn, 19 ans, Demetrius Brandon, 20 ans et  Stanley Marquis Williams âge de 22 ans ayant tenté d’agresser une personne dans le le quartier vers 19 heures, tous trois portant une arme de point particulière un pistolet 9 mm Hi-Point, un Ruger et un Taurus.  La police patrouillait régulièrement dans le quartier devenu sensible, même avant le meurtre de Seth, comme on peut le voir ici reporté par un internaute.

Son exploitation par la meute autour de Trump

Auparavant, avec la photo du repas de Flynn à Moscou, prise en décembre 2015 déjà, les suspicions sur une possible collusion entre l’équipe de Trump et les russes faisait déjà son chemin. Flynn avait en effet réclamé et obtenu 45 000 dollars pour effectuer un speech ce soir-là.  Revenu aux Etats-Unis, il avait clamé n’avoir rien reçu personnellement :  il s’était arrangé pour faire verser l’argent versé par la chaîne russe RT à sa firme de lobbying.  Une dissimulation par trop évidente : Flynn avait été mis en confiance depuis des mois et alimentait ainsi sa cagnotte personnelle d’ancien de l’armée faisant des conférences sécuritaires.  A l’époque, Flynn était, on le rappelle, le responsable de la sécurité de l’équipe Trump, et son attitude avait choqué (même ceux qui n’avait pas été mis au courant de la transaction financière).  Il avait même été filmé se levant pour applaudir le discours que venait de faire Poutine sur la scène, ce soir-là :  un hommage plus qu’appuyé au leader russe !  Pendant ce temps, le groupe de hackers appelé Fancy Bear, recruté par un proche de Poutine et travaillant sous les ordres du GRU, avait commencé son travail de sape, et avait déjà atteint en mars les serveurs des démocrates, celui du Democratic National Committee (DNC) qui ne s’est aperçu de rien (Windows n’ayant pas réagi, merci Bill Gates).  Ceux aussi du Democratic Congressional Campaign Committee (3) avaient été visités et hackés.  Douze d’entre eux, retrouvés depuis, avaient déjà extrait une vraie mine de renseignements :  les mails d’Hillary Clinton, dont ils avaient constaté à leur grande surprise qu’ils avaient été émis de son adresse personnelle, ce qui constituait à l’évidence une erreur grave de sa part, en tant alors que membre du gouvernement. Ils étaient tombés sur une faille du système Clinton qui pouvait provoquer sa perte, et ils le savaient : à condition de bien savoir l’exploiter, c’est-à-dire d’en faire le maximum de publicité au plus vite.  Pour y arriver si facilement, les hackers y étaient allé avec méthodes en créant en juin un site fantôme appelé DCLeaks, pour regrouper des dizaines, voire des centaines d’interceptions d’adresses de membres du comité de soutien démocrate.  Du travail d’orfèvre, communiqué aussitôt à Julien Assange, en cheville on l’a vu depuis longtemps avec l’antisémite Israël Shamir (de son vrai nom Adam Ermash, alias « Robert David », alias « Jöran Jermas ») : Shamir, proche de l’extrémiste Alexander Prokhanov, est en effet le diffuseur de Wikileaks en Russie (et son fils, Johannes Wahlström, était le représentant de Wikileaks en Suède).  Assange, à la tête de Wikileaks, était en effet celui rêvé pour disséminer l’information.

Des serveurs Microsoft détournés, Roger Stone comme intermédiaire 

« Le complot comprenait une opération à la mi-2016 consistant à injecter des logiciels malveillants sur « au moins dix ordinateurs DCCC », qui se cachaient ensuite sur le réseau DCCC, dérobant les mots de passe des employés, ce qui a entraîné la fuite de l’acte d’accusation. Cela a permis aux hackers de regarder les frappes au clavier du personnel démocrate et de filtrer les fichiers DCCC vers un serveur loué par les Russes en Arizona.  Les hackers sont ensuite entrés dans les ordinateurs du DNC et ont transféré plusieurs gigaoctets de données vers un serveur loué dans l’Illinois. Les pirates ont également violé le service de messagerie hébergé par la DNC chez Microsoft et volé « des milliers de courriels » aux membres du comité, selon l’acte d’accusation ».  Quand j’entends aujourd’hui des gens parler de Microsoft Exchange comme courriel étant plus sûr que d’autres, je souris en effet, car ça fait depuis longtemps que ça dure.  Ah, si Hilary avait connu Kolab…  Mais il ne fallait pas nécessairement Microsoft Exchange pour qu’ils réussissent : leur façon de faire aurait marché avec n’importe quel autre mailer, puisque les pirates informatiques avaient tout simplement envoyé de faux courriers électroniques alertant de l’expiration du mot de passe Microsoft Exchange en leur demandant d’en taper un nouveau. (4).  Le système traditionnel désormais des hackers nigérians tels que les « Yahoo boys », œuvrant dans une boutique d’ordinateurs en location – les fameux cybercafés !!!  Les hackers étaient en contact entre eux bien sûr, mais avec un dénommé Gruccifer 2.0, celui qui coordonnait les attaques.  Le 23 mars 2018, on pouvait affirmer avec certitude que  Gruccifer 2.0 était un membre du GRU se cachant derrière un VPN, selon ThreatConnect, une société de cyber-sécurité ayant traqué l’animal à la culotte.  Et lui-même en liaison avec un des piliers de l’équipe Trump, l’ineffable Roger Stone, qui l’a d’ailleurs avoué le 25 septembre 2017 de façon candide, affirmant que c’était pour lui de toute façon « sans importance » Dans l’interview il avait avoué aussi avoir été « en contact avec lui du 14 août au 9  septembre 2016. »  On savait l’individu jusqu’ici plus ou moins fantasque, mais on a affaire en fait à un parfait imbécile.  Car notre fameux Roger, conseiller depuis des lustres de Donald (cf la photo ici à gauche) avait révélé le même jour qu’il savait à l’avance que Wikileaks allait sortir les mails d’Hillary Clinton, adressé à John Podesta  : « Croyez-moi, le Podesta sera bientôt dans le tonneau. #CrookedHillary », avait-il tweeté avec une grande inconscience le 21 août 2016.  Et il a même récidivé en écrivant le  1er octobre 2016 que « Mercredi @ HillaryClinton sera finie ».  Et deux jours plus tard que « je suis totalement confiant que @wikileaks et mon héros Julian Assange informeront bientôt le peuple américain #LockHerUp »…(cf « jetez-là en prison », le slogan de Donald Trump, à propos d’Hillary Clinton et de ses mails, alors que sa propre fille a fait exactement la même chose !!!).  Le hic étant que Trump, toujours aussi provocateur, avait en quelque sorte « demandé » aux russes le contenu des mails le 27 juillet 2016 « s’ils étaient en leur possession ».  Or la veille, son beau fils Jared Kushner et son homme de confiance, Paul Manafort étaient à Moscou… Jared avait reçu comme mail d’invitation pour  Moscou « la part de l’aide de la Russie et de son gouvernement pour Mr Trump »… Stone savait, Manafort savait, Kushner savait, Assange savait, Poutine savait…. et Trump aussi, et il l’avait même plus ou moins déjà avoué le 27 juillet, en fanfaron incontrôlable qu’il est !!!

Une célébration ostentatoire et honteuse 

Le lendemain de la victoire de son poulain, on retrouvait Roger Stone invité comme par hasard dans le studio d’Infowars, du conspirationniste extrémiste de droite Alex Jones, venu fêter sa victoire en buvant du champagne devant la caméra :  la honte absolue (il est ici le jour de l’intronisation de Trump).  Jones, depuis, a été banni du net pour avoir attisé la haine extrémiste un peu partout.  « Alex Jones a affirmé avoir reçu un coup de fil de remerciements de Donald Trump » a-t-on pu lire ici pour compléter le déplorable et pitoyable tableau des supporters présidentiels.  Bref, avant même l’élection, la piste de l’intervention directe du GRU russe dans l’élection pointait le bout du nez, et les sbires de Trump s’échinaient à lancer un contre-feu aux enquêtes journalistiques qui avançaient sur le sujet.  D’où l’idée du pizzagate, qui aurait très bien pu aussi émaner du cerveau bien atteint d’un Roger Stone… tant elle était ridicule, mais c’est autre chose qui va se mettre en place avec une expansion ultra-rapide sur les réseaux sociaux devenus vecteurs privilégiés de propagande :  le détournement de l’événement déjà cité, celui de la mort de l’assistant du parti démocrate.  Un meurtre banal qui va devenir tout autre chose entre leurs mains, puisqu’on va lui attribuer en effet un tout autre rôle que celui qu’il effectuait au sein du Democratic National Committee.  La mort d’un obscur employé de la campagne d’Hillary tombait à pic, en fait pour eux.

Un bien étrange détective privé

Un mois après, le meurtre du militant démocrate demeurant non élucidé, malgré une récompense de 25 000 dollars proposée pour tout renseignement susceptible de faire avancer l’enquête, sa famille s’impatiente un peu et tente d’obtenir des témoignages en participant par exemple en septembre à un réseau de chaînes de TV dans l’émission connue Crime Watch Daily. Puis, dépitée, elle fait confiance à un lobbyste, appelé Jack Burkman, qui répand l’idée que les russes pourraient être impliqués, ce qui déplaît aussitôt à la famille, restée sur ses gardes.  Echaudés, les parents de Seth se font néanmoins approcher par Ed Butowsky (un ami de Steve Bannon et un habitué de Fox News) qui leur propose d’avoir recours à Rod Wheeler (ici à gauche), un détective privé qui est aussi présentateur d’un émission d’enquêtes sur Fox News.  Selon la famille, elle n’aurait pas donné son accord pour qu’il poursuive en quoi ce soit cette enquête.  Ce qu’il fera néanmoins en captant ce qui était pour lui un sujet en or.  Et en effet, puisque le 15 mai 2017, le même Wheeler affirme de façon péremptoire sur le plateau de Fox News qu’il l’a poursuivie, que Rich était bien en lien avec Julien Assange et Wikileaks, et que c’est bien lui qui a transmis le dossier compromettant pour Clinton !!!  La famille est alors abasourdie car selon elle leur fils était bien incapable de hacker lui-même le site (il n’avait aucun accès au serveur concerné et savait à peine utiliser Twitter )et cette affirmation faite par quelqu’un payé également par Fox News (le conflit d’intérêt étant flagrant, car il était à la fois le détective sur l’affaire et un présentateur chez FoxNews comme on peut le le voir ici à gauche) n’étant que la résultante d’une incroyable campagne d’intox effectuée par toute l’extrême droite US, qui avait trouvé-là la solution idéale pour ne pas avoir à avouer qu’elle était en cheville directe avec le GRU !!!

 

L’attaque de la meute de loups

C’est en effet toute une chaîne de fascisants manipulateurs qui s’est mis en branle pour faire de l’infortuné Rich qui ne peut plus se défendre un bouc-émissaire idéal. Un autre présentateur de droite, Sean Hannity (ici surpris entre deux reportages) avait abondamment relayé la supposition, aussitôt reprise par Newt Gingrich, le sénateur leader républicain mis à l’écart de son propre parti pour son extrémisme, (c’est une sorte de vieille baderne politique inclassable), et Geraldo Rivera un autre présentateur à grand spectacle (un fameux menteur à propos d’une opération qu’il n’avait pas effectuée durant la guerre d’Afghanistan, un homme de goût à le voir se prendre en selfie….). Ils avaient tous trois alimenté à grandes pelletées la théorie du complot interne chez les démocrates, celui d’un « whistleblower » interne (un lanceur d’alerte) qui selon eux aurait été justement Seth Rich (qui n’avait aucun accès personnel aux serveurs et ne connaissait que peu de choses en informatique !).  Sean Hannity, (celui qui met en cause l’intégrité même du FBI dans l’enquête sur Trump) étant même allé jusqu’à dire que Kim Dotcom, le fondateur néo-zélandais d’un site de téléchargement illégal de musique (Megaupload) alors en procès, avait été en contact avec lui avant sa mort !!!  Rien de vrai dans cela, bien sûr.  Des élucubrations, présentées comme certitudes, l’info journalière chez Fox, on le sait, hélas !  Le mort n’est pas là pour contredire ces insanités !  La presse conservatrice ne vérifiant pas davantage les sources biaisées de Sean Hannity reprendra à l’envie la thèse sans aucun fondement sérieux : on comptera dans ses rangs de grands noms, tels le Weekly Standard, le National Review et le Red State ainsi que leurs contributeurs de droite,  Jennifer Rubin, cette réactionnaire invétérée persuadée que les USA doivent être les « leaders du monde libre » (elle avait affirmé sans sourciller que les morts d’Utoya étaient le fait d’islamistes et non d’Anders Behring Breivik, et depuis, étrangement, elle est devenue une opposante à Trump !) mais aussi Michael Gerson, du Washington Post, qui a rédigé les discours de G.W.Bush de 2001 à 2006 (l’inventeur de l’expression « smoking gun » pour les armes soi-disant dissimulées de Saddam Hussein), ou l’impayable John Podhoretz, du New York Post, qui lui a écrit les discours de Reagan et de H.W.Bush récemment disparu, les deux derniers étant des ardents supporters de Donald Trump.  A droite ici en photo l’apparition de Sean Hannity à un meeting de Trump : on ne peut concrétiser davantage son soutien inconditionnel au lunatique noctambule de la Maison Blanche. Tous avaient relayé la fake news véhiculée par Rod Wheeler sans jamais la remettre en cause.  Tous avaient pris le train de la campagne contre Hillary Clinton, quitte à l’alimenter de fake news à répétition !!!
Pour aboutir au bout  à l’élection d’un pantin qui passe depuis son temps à dénoncer des fakes news qui s’avèrent être des vérités allant à son encontre !  Sidérant !

Mais il ne manquait plus qu’un élément, à cette sordide récupération, et c’est Julien Assange  qui l’avait apportée, en ne répondant pas clairement à la question posée le 9 août 2016 par une une chaîne néerlandaise,  sur l’origine véritable des courriers détournés d’Hillary Clinton, alors qu’’il savait très bien que c’étaient les russes et non Seth Rich seul, les auteurs du détournement. Assange avait poussé le bouchon plus loin encore, en offrant 20 000 dollars à qui pouvait fournir une information, révélant un cynisme que ses admirateurs les plus aveugles semblent toujours vouloir ignorer : il travaille pour les russes depuis le début, et il serait temps de s’en rendre compte ! Et, surprise encore, l’un de ceux qui aujourd’hui partage aussi cette opinion s’appelle Mike Pompeo, nommé directeur de la CIA par Donald Trump !

Plus loin encore 

C’est allé très loin, en effet, car la meute a même réussi à piéger un Pulitzer, à savoir Seymour Hersh en personne (cf celui qui a révélé le massacre de My Lai et décrit la maison Blanche sous les Kennedy comme un vrai claque où les prostituées allaient et venaient), nous dit ici le Rational Wiki :  « dans un enregistrement audio, le journaliste d’investigation Seymour HershWikipedia, lauréat du prix Pulitzer, affirme qu’il existe un rapport du FBI selon lequel Seth Rich aurait pris contact avec WikiLeaks ». Or voici ce qu’en dit l’analyse de l’annonce : « L’enregistrement vocal avait été secrètement enregistré par Ed Butowsky lors d’un appel téléphonique avec Hersh. Selon Joe Lauria de Consortium News, Hersh a confirmé qu’il s’agissait de sa voix sur la bande et a déclaré qu’il avait été enregistré sans autorisation. La première chose à noter, et ce que les théoriciens du complot ignorent souvent à propos, c’est que Hersh a convenu que Rich avait été tué dans un vol qualifié raté. Il est en effet vrai que Hersh a également déclaré que Rich avait pris contact avec WikiLeaks. La source des commentaires de Hersh était un initié non identifié du FBI, décrit par Hersh comme un « homme de très haut niveau », « incroyablement précis et prudent ».  Expliquant ses propos, Hersh a expliqué « J’entends des commérages » et a suggéré à Butowsky « d’en prendre deux, et deux et ils en ont fait 45 ». Le son publié ne représente qu’une partie d’un appel téléphonique plus long et a laissé de côté plusieurs clarifications importantes.  Hersh a déclaré avoir dit à Butowsky que le rapport du FBI pouvait être incorrect ou inexistant.  Selon une plainte de Rod Wheeler, « Hersh a averti Butowsky que l’information n’était pas nécessairement vraie et que, même si elle était vraie, elle n’excluait pas la possibilité que les Russes aient également piraté la DNC » (…)  Hersh lui-même a déclaré à W.svg au journaliste David Folkenflik que Butowsky avait tenté de le faire chanter. Les déclarations de Hersh ont également été quelque peu contradictoires. Par exemple, Hersh a déclaré à NPR qu’il n’en avait parlé à personne au FBI, mais avait également admis avoir entendu parler du rapport du FBI, mais ne pas l’avoir vu personnellement. De plus, malgré ses commentaires enregistrés, Hersh a déclaré qu’il n’avait jamais prétendu avoir une source au FBI dans l’affaire Rich.  Cela montre qu’il a menti pendant ou après l’appel téléphonique enregistré secrètement.  Enfin, bien que Hersh ait remporté un prix Pulitzer, cela ne le rend pas infaillible (par exemple, W.svg de Judith MillerWikipedia [89]). En fait, Hersh avait récemment été critiqué pour avoir défendu des théories du complot discréditées concernant l’attaque chimique de Khan Shaykhun en avril 2017. La source de Hersh pour son article sur la Syrie l’avait délibérément induit en erreur ou avait reçu de faux renseignements qu’il avait partagés avec Hersh.  Cela pourrait très bien être le cas à nouveau avec sa source théorique du FBI concernant Seth Rich.  Hersh est également apparu sur InfoWars où il a été interviewé  (nota par téléphone comme on peut le voir ici à droite) par le théoricien du complot Alex Jones.  Hersh a dit à Jones qu’ « il y a des types comme vous et toutes sortes d’autres personnes dans le monde qui prêtent plus d’attention que les principaux journaux ici. »  Se discréditant encore plus, Hersh a affirmé qu’il « n’existe pas de telle bombe au chlore « et » le chlore est juste un gaz, ce n’est pas une arme de guerre chimique »… Pour ajouter a sa descente de piédestal, Hersh ici affirme que le cas du Novitchok en Angleterre a davantage à voir avec la mafia qu’avec Poutine, ce que les faits ont pourtant largement démenti…   Dans le même interview, datant du 31 juillet dernier, il affirme cependant que Mohammed Bin Salman (MBS) est selon lui bien pire que Prince Bandar bin Sultan…  Là, il faut avouer qu’il avait vu clair.  Comme quoi nul n’est parfait !

La demande de visa via l’ami Shamir

Bref, c’est bien une cabale montée sur le dos d’un mort qui a été répandue, par des extrémistes de droite US, avec comme disséminateur principal Julien Assange, informé directement par le GRU et par des visites régulières d’informateurs russes tel qu’Adam Waldman, l’envoyé d’Oleg Deripaska, chez qui Manafort travaillait aussi.  Un avocat rémunéré la bagatelle de 562 000 en 2017, l’année de ses visites à répétition :  si Paris vaut une messe, les mails de Clinton valaient bien un demi-million de dollars de salaires… Waldman étant en même temps le conseiller de Sergei Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, inamovible depuis 2004 » À l’été 2016, alors qu’il était chef de campagne de Trump, Manafort a offert à Deripaska un briefing confidentiel. Les courriers électroniques ont été remis au Congrès et pour l’enquête de Mueller. Le briefing n’a jamais eu lieu, dit Manafort. Deripaska a été filmé peu après sur son yacht de luxe (cf la photo ici à droite), discutant des prochaines élections américaines avec le vice-premier ministre russe, Sergei Prikhodko » a écrit The Gardian le 8 juin 2018.

Un Assange qui candidement a écrit le 17 septembre 2018 ceci au consulat russe à Londres : « Hello, je suis Julian Assange, veuillez donner à mon ami, Israel Shamir, le plein pouvoir d’autoriser le retrait et la récupération de mon passeport afin d’obtenir un visa » … pour la Russie. Laissant ainsi tomber son masque de manipulateur ayant grandement favorisé l’élection de Donald Trump, au profit de Vladimir Poutine, chez qui il cherche depuis refuge désespérément…

 

PS : le travail des hackers russes ne se limite pas aux USA… Poutine veut le chaos partoutailleurs que chez lui.  Et il y en a plein pour l’entretenir, même chez les « People »… sans parler de l’ex-responsable de boite de nuit gay en Belgique, venu empapaouter un des leaders bretons à casquette du moment dans un grand moment de débilité…  surréaliste !!!

(1) retrouvé de passage en France auprès d’un autre personnage fort peu recommandable… On le retrouve ici chez l’autre peu recommandable avec Maria Poumier, négationniste notoire.

(2) « Rex Tillerson est sorti de sa réserve habituelle jeudi soir, interviewé par le journaliste Bob Schieffer à l’occasion d’un gala caritatif. « C’était compliqué pour moi, venant d’une entreprise très structurée comme Exxon Mobil, où l’on suit un process, de travailler pour un homme indiscipliné, qui n’aime pas lire, ne lit pas ses briefings, ne va pas souvent au fond des choses, mais qui préfère juste dire :  »C’est ce que je crois’’ ». A noter qu’effectivement Tillerson connaissait l’équipe de Poutine, et ce dernier, car en 1999 il l’avait rencontré sur l’île de Sakhaline pour conclure un contrat pétrolier avec Exxon.  Flynn a rencontré des officiers du  GRU dès 2013 selon le New-Yorker (et Nicolas Schmidle, celui qui a rédigé plusieurs versions de la mort de Ben Laden).  Le but étant de revenir sur les sanctions contre la Russie, avec comme interlocuteur  Sergey Kislyak, l’ambassadeur de Russie à Washington, un contact… illégal.

(3) constant en Viktor Borisovich Netyksho, Boris Alekseyevich Antonov, Dmitriy Sergeyevich Badin, Ivan Sergeyevich Yermakov, Aleksey Viktorovich Lukashev, Sergey Aleksandrovich Morgachev, Nikolay Yuryevich Kozachek, Pavel Vyacheslavovich Yershov, Artem Andreyevich Malyshev, Aleksandr Vladimirovich Osadchuk, Aleksey Aleksandrovich Potemkin, et Anatoliy Sergeyevich Kovalev.

(4) la même technique avait piégé l’anti-poutine déclaré le congressiste Hans Keirstead, agrémenté de 130 000 attaques de son serveur, mais également Claire McCaskill.  Hans Keirstead participait à une élection où figurait aussi, quel hasard, Dana Rohrabacher, pro-russe et pro-Trump… lui aussi en liaison, quel hasard encore avec Alexander Torshin (le grand copain russe de Trump Junior), Michael Flynn, et… Julian Assange. Avec Torshin, on revenait il est vrai aussi à cette fameuse tombe du cimetière de Moscou.  Et on retombait aussi sur le cas du procureur intraitable Preet Bharara, viré par Jeff Sessions alors qu’il s’approchait d’un élément très, très, compromettant pour Donald Trump, et situé en plein New-York…

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

MH-370 (14) : c’est en Bosnie que ça a commencé

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Bosnie, Hassan Cengic, Visoko, Aerocom, Tuzla, munitions Wolf… c’est fou comme ces noms sonnent comme un article que j’avais rédigé en décembre 2014, à propos d’un personnage particulier appelé Abu Zubeidah, qui avait été pendant des années présenté abusivement comme pratiquemment l’adjoint d’un Ben Laden jouant les filles de l’air.  Car tous ces noms réapparus récemment dans les dossiers d’envois d’armes au islamistes anti-Bachar, je les avais tous déjà cités. En expliquant comment la CIA avait choyé une enclave serbe particulière, pour en faire son relais auprès des extrémistes musulmans. Tout y était, comme vous pouvez le lire ci-dessous.  Les matériels emportés, les avions utilisés, les destinations : tout, absolument tout avait été décrit en effet… quatre ans avant que d’autres ne le redécouvrent.

L’homme important s’appelle Ahmed Said Khadr : c’est à partir de lui, cet égyptien avant vécu un temps au Canada, et de son organisme charitable afghan né après l’invasion soviétique, que vont prospérer les bases de ce qui va devenie Al-Qaida, qui va reprendre le principe de la collecte des dons pour entretenir son mouvement.  Le sien, installé au Pakistan à Peshawar, étant l’extension  de la Lajnat al Dawa, un mouvement humanitaire Koweitien.  C’est là qu’il aurait rencontré Ayman al-Zawahiri et c’est là qu’il fonde son mouvement Human Concern International Society, qui soutirera de l’aide au World Food Program.  Revenu un temps au Canada après avoir été blessé par une explosion (une mine ?), il part se réinstaller à Hayatabad, au Pakistan, en 1993.  L’année suivante, on le croisera en visite au camp de Khalden, le fief de Ben Laden géré par le fameux Zubeidah. Devenu plus radical, il est alors plus engagé désormais dans les combats que dans l’humanitaire, fournissant notamment les attaquants de l’ambassade égyptienne au Pakistan (survenue le 19 novembre 1995).  Ses deux fils seront capturés lors de l’invasion et envoyés à Guantanamo, et lui meurt en 2003 lors d’un échange de tirs avec des gardes frontière pakistanais.

Même les avions de l’ONU participeront au trafic

Kadhr et son association caritative qui fait écran :  en 1998, on verra Ahmed Said Khadr poser devant un avion affrété par l’ONU pour apporter de l’aide humanitaire au Pakistan, à Faizabad (entre Islamabad et Rawapindi), le fief taliban ravagé par un terrible tremblement de terre survenu le 30 mai 1998 et ayant fait 5 000 morts dans le nord-est du pays (juste après un premier au même endroit en le 4 février ayant déjà fait 2000 victimes).  L’appareil (sur la photo à gauche) devant lequel Ahmed Said Khadr pose est très intéressant : siglé 4K-66759, c’est un Antonov 32.  L’appareil cité date de 1989, c’est l’ancien CCCP-66759 devenu propriété de l’ONU de 1991 jusqu’en 1993, date de son rachat par Avia Trend, société enregistrée en Azerbaijan.  Aviatrend, appartenant à Valery Cherny un courtier en armement russe, qui avait négocié l’achat d’armes pour la Côte-d’Ivoire et était alors un partenaire de Leonid Efimovich Minin de nationalité israélienne.  Un mafieux !  L’avion lui sera détruit le 14 septembre 1998, à Lokichoggio au Kenya, après qu’un incendie se soit déclaré dans un de ses moteurs après l’ingestion d’oiseaux juste après le décollage.

Le financier Kadhr…

Tout est réuni au Pakistan, déjà, pour fomenter des actions terroristes bien au chaud au fond des villas cossues des trafiquants d’opium talibans.  « Bref, au seuil de l’année 2000, aux alentours de Peshawar réside la crème du mouvement taliban, qui a alors repris Kaboul, en 1996, que dirige sur place le Mollah Omar. L’ancien président communiste Mohammed Nadjibullah est froidement assassiné et les seuls à s’opposer à eux sont les afghans de l’Alliance du Nord, avec leur chef charismatique Ahmad Shah Massoud, qui leur fait grand ombrage. Mais les Etats-Unis ont décidé de ne pas l’aider, lui préférant ouvertement… les Talibans, jugés beaucoup plus malléables que Massoud, qui a le tort d’avoir des soutiens en Europe, et notamment en France  » On connait la suite pour Massoud, éliminé par quelqu’un dont l’organisation remonte en Belgique et en Allemagne… dans la cellule d’Hambourg de Mohammed Atta, qui n’en est pas encore à prendre des leçons de pilotage en Floride »…Ahmed Saïd Khadr sera tué le 2 octobre 2003 des suites d’une longue bataille qui opposera l’armée pakistanaise à un groupe de terroristes réputés être liés paraît-il au réseau al-Quaïda.  A rappeler que huit ans auparavant, en 1995, les autorités pakistanaises avaient déjà arrêté ce même Ahmed Saïd Khadr, pour avoir financé l’attaque à la bombe de l’ambassade égyptienne à Islamabad.  Il avait cependant été libéré suite à une intervention du Premier ministre canadien de l’époque, Jean Chrétien (Kadk était canadien de nationalité !) !  Dans la famille Kadhr, l’un des fils Abdurahman, détenu pendant près d’un an à Guantanamo sous le titre de « combattant ennemi », a été relâché sans procès aucun et vit depuis 2004 à Toronto.  Il avait été capturé à 19 ans en 2001par l’Alliance du Nord. Or ce fils a raconté de bien étranges accord passés avec la CIA, à Guantanamo même.

…et son fils, devenu informateur de la CIA

 Abdurahman Kadr affirmera en effet, une fois relâché, qu’il était devenu un espion de la CIA, dès 2002.  « Khadr dit qu’on lui a donné plus tard un faux passeport et qu’il est monté à bord d’un jet Gulfstream appartenant au directeur de la CIA George Tenet (ici le N379P qui deviendra le N8068V eh photo ici à Genève, avant de devenir le N126CH). Il dit qu’après une escale au Portugal, il a atterri en Bosnie, où on lui a demandé de procéder à une opération d’espionnage dans les mosquées de Sarajevo.  Il téléphoné à sa grand-mère Fatmah el-Samnah de Sarajevo et lui a demandé d’aller dans les médias canadiens et leur dire qu’il avait été forcé et qu’on lui refusait l’entrée de retour au Canada.  Il a fini par solliciter l’admission à l’ambassade du Canada en Bosnie et a été rapatrié au Canada le 30 novembre 2003″. Encore une fois, la manipulation, cette fois de détenus de Guantanamo était évidente.  Qui était-il aller espionner en Bosnie, on pouvait s’en douter depuis les années 2000 en fait…

Le nid terroriste bosniaque, particulièrement choyé

Car plus étrange encore, cette autre incroyable découverte… au fin fond de la Bosnie (on y revient !).  Celle d’un petit village devenu une planque idéale…pour jihadistes. « Dans le sillage de la recherche de cellules liées au projet échoué du millénaire, des enquêteurs américains que vont découvrir un certain nombre de suspects dans ces cellules ont des connexions avec un obscur village en Bosnie nommé Bocinja Donja (ici décrit par un patrouilleur de l’Otan). À la fin de la guerre de Bosnie, à la fin de 1995, le président bosniaque Alija Izetbegovic avait chassé les Serbes vivant dans ce petite village situé à 60 miles au nord de la capitale de Sarajevo et donné leur maisons à environ une centaine de moudjahidines qui avaient combattu en Bosnie. La plupart d’entre eux avaient épousé des femmes de la région, leur permettant de rester en dépit d’un traité obligeant tous les combattants étrangers de quitter la Bosnie. Contrairement au reste de la Bosnie, le village était régi par une stricte loi islamique » écrit, un peu sidéré, le Washington Post, le 11 février 2000.  Et qui retrouve-t-on au milieu de la centaine de moudjahidines sur les 600 habitants du village ?  Khalil Deek, justement !  Il travaillait alors sur place pour l’organisation IARA, qui fournissait armes et combattants en Bosnie (on verra un peu plus loin où ça mènera).  On trouve aussi au même endroit Hamid Aich, qui lui est lié à Ahmed Ressam, qui lui, on le sait, avait des liens avec les membres du gang de Roubaix !

Une protection évidente de la part de l’Otan

Pour le moins, la réponse des autorités américaines sur cette véritable enclave terroriste, ou ce nid de comploteurs, avait été plus que vague :  « nous sommes préoccupés par cette communauté depuis des années », a déclaré un haut responsable américain à Washington, entretenu par téléphone et demandant à ne pas être nommé.  Nous avons débusqué beaucoup d’entre eux (après la fin de la guerre).  La Bosnie ne doit pas devenir le carrefour de terroristes.  Nous trouvons que l’ensemble du groupe est une menace, et nous voulons les faire déguerpir de là. « Atmani, par exemple, a obtenu son premier passeport bosniaque en 1995, en utilisant une fausse adresse à Sarajevo (à gauche, un soldat de la SFOR à Bocinga).  Après avoir été expulsé par le Canada en octobre 1998 et escorté à Sarajevo, il a été autorisé à rester sans un passeport valide. Il a obtenu un nouveau passeport en juin dernier à Zenica (ici à droite), à 35 miles au nord-ouest de Sarajevo (où on retrouvera Lionel Dumont notamment).  Il est allé à Istanbul, puis est retourné à Sarajevo à la fin de décembre avant de tomber hors de vue de notre surveillance ».  Un « responsable » de Washington qui avouait alors deux choses : en premier qu’il savait la dangerosité des personnes présentes… et qu’en second elle lui était connue depuis longtemps… une bien étrange enclave, donc.  Le journaliste du Washington Post désireux d’interviewer un dénommé Abu Hamza, un des leaders sur place, se verra demander 60 000 dolllars pour en faire l’interview !!!  Voilà des islamistes bien américanisés semblait-il !

Les autorités bosniaques et Ben Laden

Car, comme je vous l’ai déjà dit ici-même, il y a un autre volet à la carrière du leader d’Al-Qaida :  un volet « Balkans ».  « Ben Laden a lui-même personnellement visité le président bosniaque Alija Izetbegovic (ici à gauche), qui lui donna un passeport bosniaque (certains journalistes étrangers qui étaient des témoins oculaires de ces visites en ont témoigné au cours du procès Milosevic). Ben Laden a offert au président Izetbegovic de grandes quantités d’argent pour acheter des armes à travers ses organismes de bienfaisance, en particulier la Third World Relief Agency, et a fourni à la Bosnie musulmane des combattants moudjahidines venus du monde entier. Les avions appartenaient à l’une des sociétés de Victor Bout.  À la fin de 1994, les États-Unis, avec Hasan Cengic (ici à droite) et son père Halid Cengic, termineront le travail sur une piste à Visoko, en Bosnie, où les livraisons d’armes ont été transportées par des Casques bleus canadiens qui ont affirmé qu’ils croyaient que les vols étaient ceux de C-130 américains, a dit l’Observer.  En janvier 1993, des navires pakistanais ont été capturés dans les bras de l’Adriatique, des transports maritimes de la Croatie pour la contrebande en Bosnie. Le Prof. Wiebes Cees a dit au début de 1994, que le président Clinton et (ensuite) Tony Head de NSC avait donné leur accord tacite soigneusement voilé pour permettre à l’Iran d’expédier des armes vers la Croatie pour la contrebande en Bosnie.  Quatre mois plus tard, l’Ecossais a indiqué que le secrétaire adjoint d’Etat pour les Affaires européennes et canadiennes, Richard Holbrooke, avait convaincu le Département d’Etat pour engager l’entrepreneur privé militaire MPRI pour former l’armée croate et aider à planifier des opérations.  En mi-1995, des armes ont été transportés par avion à Tuzla ».  Nota : le Département de la Défense US en fera lui-même la publicité à l’époque en montrant la photo ci-dessous accompagnée de ce commentaire : « un C-130 Hercules de l’armée de l’air américaine passe devant les médias après avoir atterri à la base aérienne de Tuzla, en Bosnie-Herzégovine, le 22 décembre 1995. L’Hercules livre des cargaisons et des passagers à l’opération Joint Endeavour.  La cargaison et les soldats font partie de la Force de mise en œuvre de l’OTAN (IFOR) en Bosnie-Herzégovine. DoD photo par le sergent d’état-major. Michael J. Boquette, US Air Force » …  Aujourd’hui, le DoD peut s’en mordre les doigts d’avoir diffusé ce cliché rarissime :

Le Dod qui récidivera l’année suivant en affichant un autre cliché compromettant :  celle du C-130H 74-2069 prise le 27 décembre 1996 prêt à partir vers Tuzla, en Bosnie-Herzégovine, à partir de Ramstein où il neige déjà à l’époque.  Le même avion sera encore une fois photographié une fois arrivé   » to deliver supplies » note la base US qui l’envoie, en insistant sur la « rapidité de l’intervention au sol pour le décharger, malgré les températures négatives ».  La camionnette Ford Transit visible à gauche sur le cliché date des années 90, il n’y a aucun doute :

 

 

« Wiebes a affirmé qu’un officiel des Nations Unies a été « menacé physiquement » par 3 officiers américains afin de ne pas parler. Tim Ripley a allégué que les vols ont été menés par les « guerriers secrets »du NSC [National Security Council] et du Département d’Etat ».  En Janvier 1996, Richard Perle racontera au Turkish Daily News que l’armement et la formation des Musulmans de Bosnie est d’« intérêt vital » pour les États-Unis et suggérera que « parmi les alliés de l’OTAN, la Turquie est [le] numéro un candidat pour le poste. »  A Visoko, les données de l’Awacs surveillant la région évoqueront deux vols seulement, alors que tous les jours des C-130 US y atterrissaient… avec des équipages américains exclusivement, et non de l’Otan, noteront certains observateurs.

Le trafic d’armes en Bosnie

On retrouvera les organisateurs du trafic d’armes  : « Les pilotes ont dû remettre la documentation complète sur les vols qui transportaient des armes illégales, à Ahmed Music, le plus proche collaborateur de Hasan Cengic qui est aussi un suspect, dit l’un des ex-travailleurs de la compagnie d’aviation « Air Bosnia » dans une déclaration donnée aux enquêteurs du ministère de l’Intérieur de la Bosnie, dont le journal, « l’Independent » a également une copie.  La police fédérale a ouvert une enquête à propos de la contrebande d’armes international dans lequel le Étaient suspects : haut fonctionnaire du SDA et sous-ministre ex de la défense de la fédération de Bosnie, Hasan Cengic, un homme d’affaires turc, Nedim Suljak, et celui la tête de l’organisation humanitaire TWRA, Fatih El Hasanein. Ils sont soupçonnés d’achat d’armes de pays de l’ex-URSS et de les vendre en Afrique et dans d’autres zones de guerre. « Dans les avions, des armes, des sacs d’argent et parfois des drogues ont été transportés.  Tous ces gens qui ont travaillé à cette époque, ou liés à ces vols, ont été affichés par Hasan Cengic de détruire toute documentation, ou la remettre à Ahmed Music « , dit dans la déclaration un témoin. Un autre témoin, dont la déclaration est possédée par le parti MUP de la fédération de Bosnie, affirme que dans des avions appartenant à BIO-AIR ( le T9-CAC ici à droite ex Phoenix Airlines !) les entreprises du consortium BIO, dont le fondateur est Hasan Cengic, ont transporté des missiles vers Visoko. « Le sort de ces roquettes doit être connu par Kenan Jusufbasic, directeur de l’aéroport qui a été construit à Visoko, qui a montré un film sur le vol avec lequel les roquettes sont arrivées à Visoko.  Au salon d’« Air Bosnie » en avril 2000, il a montré des photos de lui et Baralic posant devant des roquettes « , a-t-il dit dans la déclaration faite à la police fédérale » (1).  L’un des pilotes cités étant Amir Baralic (en photo un Antonov 12 ER-AXA de Air Bridge Group, portant encore le logo Aerocom sur la queue, et à droite la photo de A.Baralic, aujourd’hui pilote instructeur sur Airbus 320 et ATR 42, en photo plus récente à gauche en uniforme de la BH Airlines de Bonsnie- Herégovine).  Jusufbasic, devenu ensuite maire de Visoko, est mort avec le cameraman Nihad Fetic, de la Nezavisna televizija IC de Kakanj non loin d’Olovo, le 26 juin 2008. Leur avion, un petit Vivat, un rare monotrace, propriété de l’aéroclub « Izet Kurtalić » s’étant écrasé.

Des dizaines de tonnes envolées, disparues ?

En 2006, on finira par constater d’étranges disparitions, notamment celle de près de 100 tonnes d’armes d’un dépôt US… en Bosnie. « Quelques 200 000 fusils américains envoyés aux orces de sécurité irakiennes pourraient avoir été clandestinement transmises aux terroristes, comme on le craignait hier.  Le contenu du dépôt de 99 tonnes d’AK47 devait secrètement décoller à partir d’une base américaine en Bosnie. Mais les quatre avions chargés des armes ont disparu. Les commandes de l’accord pour faire l’opération ont été données par le Département américain de la Défense. Mais le travail a été contracté via un réseau complexe de marchands d’armes privés ».  Disparus ???  « les contrôleurs de la circulation de l’air à Bagdad n’ont aucun dossier des vols, qui soi-disant ont décollé entre juillet 2004 et juillet 2005.  Un porte-parole des forces de la coalition a confirmé qu’ils n’avaient pas reçu « d’armes de Bosnie » et a ajouté qu’ils n’étaient « pas au courant de tous les achats pour pour l’Irak « .  Des responsables de l’OTAN et des États-Unis ont déjà exprimé des craintes que les armes de Bosnie – vendues par États-Unis, les entreprises britanniques et suisses – soient passées aux insurgés.  Un porte-parole de l’OTAN a déclaré : « Il n’y a aucun mécanisme de suivi pour s’assurer qu’elles ne tombent pas dans de mauvaises mains. On craint que certaines peuvent avoir été détournées. ». Cette année, selon un journal, deux entreprises britanniques ont été impliquées dans une affaire dans laquelle des milliers de fusils pour les forces irakiennes ont été ré-acheminés vers al-Qaïda ». Des armes acheminées par… une société d’aviation bien connue pourtant : « pendant ce temps, Aerocom, la firme d’air moldave au centre des 200 000 AK47 manquantes, a été dépouillée de sa licence par les autorités nationales un jour avant la première expédition ».  Aerocom, la société d’un certain Viktor Bout !

99 tonnes d’armes de « disparues » !

Selon The Guardian du 12 mai 2006, c’était bien cela en effet : « la compagnie aérienne moldave qui transportait une cargaison depuis une base aérienne américaine à Tuzla, dans le nord-est de la Bosnie, volait sans permis.  L’entreprise, Aerocom, nommée dans une enquête de l’ONU de 2003 (des diamants pour le commerce des armes d’épaule commerce au Libéria et en Sierra Leone), est maintenant défunte, mais ses actifs et les avions sont enregistrés auprès d’une autre entreprise moldave, Jet Line International.  Certaines des firmes utilisées dans les accords commandités par le Pentagone se livraient également à des livraisons illégales d’armes de Serbie et de Bosnie au Libéria et à Saddam Hussein il y a quatre ans. « La vente, l’achat, le transport et le stockage des [Bosnie] armes ont été entièrement gérés par un réseau complexe de courtiers d’armes privés, des transitaires et des compagnies de fret aérien opérant parfois illégalement et soumis à peu ou pas de réglementation gouvernementale, » dit le rapport.  Le rapport d’Amnesty de 120 pages, en mettant l’accent sur les risques de la privatisation des trafiquants d’armes, dit que les ventes d’armes dans le monde entier parrainées par l’État, se sont adaptées rapidement à la mondialisation, leurs prouesses aidées par les gouvernements et les institutions de défense des contrats agricoles.  Les livraisons aux États-Unis ont fait plus d’un an, à partir de Juillet 2004 après la base Eagle de Tuzla, et le port croate de Ploce par la frontière bosniaque.  Aerocom aurait porté 99 tonnes d’armes de Bosnie, presque entièrement des Kalachnikov AK-47 fusils d’assaut, et quatre vols de la base d’Eagle en Août 2004 même si, sous la pression de l’UE, l’entreprise venait d’être dépouillée de sa licence de fonctionnement par le gouvernement moldave, en raison de « préoccupations de sécurité et de sûreté ».  Amnesty a déclaré qu’il n’existait aucun enregistrement indiquant que les armes à feu avaient atteint leur destination (3). »  L’appareil décrit était le l’Ilyushin 76 ER-IBV. On le voit deux fois ici à… Ostende, la seconde fois préférant visiblement charger de nuit.  Il s’en passait donc de belles sur la base de Tuzla en 1996.  Même une visite tranquille d’Hillary Clinton (les photos prises ce jour-là en font foi), et que cette dernière décrira comme ayant été faite sous la menace de snipers… inexistants.

Entrée en scène de Viktor

Des transferts supervisés par des marchands d’armes eux aussi bien connus, dont un qui perdra la vie en tentant de s’immiscer dans le trafic d’armes géré par l’US Army, ceux dénoncés dans un rapport européen : « les 3/4 des noms cités dans le rapport européen étaient en fait des noms d’emprunts de compagnies moldaves, signés Victor Bout.  Parmi eux, l’Illyushin 76 ER-IBV (serial 3423699) d’Aerocom, vu aussi souvent à Ostende, responsable du transfert de 99 tonnes de munitions (en plusieurs voyages) à Bagdad, par un contrat sous la responsabilité d’un homme connu : le mercenaire Stoffel, de la Wye Oak Technologies. C’est au retour de sa visite au dépôt de Taji, et en sortant du bureau de Petraeus qu’il périra dans une embuscade :  un de plus dans le placard. »  Le 8 Décembre 2005, Stoffel est allé à la base militaire irakienne en dehors de Bagdad, à Taji, examiner le stockage des armes et de l’équipement. Taji est soupçonné d’avoir été l’un des sites où les équipements fournis par des entrepreneurs américains nouvellement arrivés étaient également enregistrés. Lors de son voyage de retour de la base à Bagdad, il a été pris en embuscade par un groupe inconnu auparavant, se décrivant comme « les Brigades du Jihad Islamique. »  Après son assassinat, Wye Oak Technologies a perdu leur contrat avec le ministère irakien de la Défense et avec elle le droit de vendre les surplus militaires irakiens »….

Sociétés écrans et vols sous la porté des radars

Selon Amnesty International, dans son rapport du 05 juillet 2005, « le 11 décembre 2004, un cargo Ilyushin 76 exploité par Vega Airlines, de Bulgarie, aurait décollé de l’aéroport de Tuzla, le point d’exportation prévu pour les armes et munitions, avec un plan de vol déposé pour Benghazi en Libye, selon le trafic aérien européen d’observations de contrôle. Benghazi est un point de ravitaillement en carburant pour les aéronefs à destination de l’Afrique subsaharienne. Lorsqu’un avion se dirige vers le sud depuis Benghazi, il évite la couverture radar pendant la majeure partie du reste du vol. Vega Airlines est l’une des quatre compagnies de fret aérien bulgares autorisées à transporter des armes sur la liste du Conseil interministériel bulgare. Selon les bases de données du trafic aérien et des bases de données du secteur en Europe, l’Ilyushin 76, exploité par Vega pour le vol au départ de Tuzla, a été immatriculé par une compagnie de fret aérien, Reem Air, établie au Kirghizistan en 2004 avec une flotte de trois de ces appareils (trois Ilyushin-76 :EX-039, EX-049, et EX-054- ex Airstars et East Line Airlines). En tant qu’opérateur officiel de l’Il-76 de Reem Air, il était très probablement lié au fait que Vega était titulaire d’une licence de transport d’armes. Le contrôle du trafic aérien européen a déclaré à l’ONU qu’il n’avait aucune trace de son arrivée à Tuzla, seulement de son départ. Les responsables de l’ONU et de l’aviation ont donc suspecté l’aéronef d’être arrivé à Tuzla en utilisant des méthodes de «vol à vue».  La société britannique Baseops (un prestataire de services d’appui au vol bien connu), qui a soumis le plan de vol de Vega, a déclaré que l’avion officiel de départ avait un numéro d’immatriculation d’avion du Kirghizistan, EX-043.  Les recherches indiquent que le 2 novembre 2004, Reem Air a enregistré l’Ilyushin-76TD au Kirghizistan sous le nom EX-043 pour Reem Air et qu’il l’a annulé le 11 mai 2005, puis a reçu après l’autorisation de l’autorité libyenne de l’aviation civile ».

Tuzla, haut-lieu du trafic, sous le regard bienveillant de la SFOR

De quoi rappeler de vieux démons car la CIA avait dès 1995 parachuté des armes : « Après avoir atterri à Tuzla, les armes ont été expédiées par voie terrestre ou aérienne en Bosnie, destinées à l’armée des Musulmans de Bosnie, qui comprenait deux régiments de moudjahidines officiels et des irréguliers avec de nombreux liens avec al-Qaïda. Les envois inclus « armes, des munitions, des uniformes, des casques, de nouvelles armes anti-chars et les Stingers », selon l’enquête de renseignement néerlandaise. « Soit la mission a été effectuée par des puissances capables de neutraliser la surveillance radar ou elle a été faite avec le consentement et l’appui des autorités commandant les militaires dans la région à l’époque », écrit le lieutenant-Colonel Le Christopher Hardy dans le rapport du renseignement britannique le 15 février 1995.  Les « vols noirs » ont eu lieu pendant une période où seuls les avions américains surveillaient la région de Tuzla. Le Hardy a été contraint de changer son rapport après les responsables américains aient protesté. Plusieurs observateurs européens de l’ONU pensent que l’opération a été soit menée ou soit tolérée par l’appareil de renseignement militaire US, alors commandé par Michael Hayden. « c’étaient les livraisons d’armes américaines », a déclaré un général britannique avec accès aux secrets de la région de Tuzla. « Pas de doute à ce sujet. »  Le pire, c’est que la SFOR avait pourtant visité les locaux des sociétés fournissant les armes, comme le décrit ici cette incroyable page toujours visible sur le net. Celle de la deuxième visite de  l’usine « Rudi Cajavec », située à Banja Luka, classée «  Entreprise étatique d’armement ».  Lors de la première visite, qui avait aussi eu lieu chez l’usine ORAO à Bijeljina, en République serbe de Bosnie  (« Republika Srpska ») le 11 Oct. 2002, nous dit le site, «une analyse des informations recueillies a révélé un certain nombre d’irrégularités qui auraient été commises par les dirigeants d’ORAO.  En particulier, les inspecteurs ont acquis la preuve que des équipements militaires avait été vendus en violation d’un embargo décidé par les Nations-Unies. La communauté internationale a demandé au gouvernement de la RS d’ouvrir une enquête pour établir les diverses responsabilités et d’en rendre publics les résultats.  Ce document a été reçu au début de l’année par l’Office du Haut-représentant (OHR) », l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et la SFOR. Il est actuellement en cours d’analyse par des experts ». A la manœuvre on pouvait admirer le commandant Erwin Kauer, photographié (ici à gauche) tenant en main un obus de mortier. On ne pouvait pas dire qu’on ne savait pas !!  Dès 2002 !!! Incroyable !!!

Le rapport d’Amnesty de 2006

Dans l’impitoyable et glaçant rapport d’Amnesty International de mai 2006 intitulé « Dead on Time – arms transportation, brokering and the threat to human rights », on trouve la descriptive parfaite du procédé :  « les nouveaux documents rassemblés pour cette recherche concernent un cas de transfert d’armes et de munitions approuvé par les autorités de Bosnie-Herzégovine et américaines de Tuzla au Rwanda en décembre 2004 malgré les informations des Nations Unies impliquant les autorités rwandaises dans les groupes armés de la République du Congo (RDC).  En photo à gauche, le Reem Air EX-054 photographié à Bratislava le 6 juin 2005.  La société qui est enregistrée au Kyrgyzstan (à Bishkek) a son siège à Sharjah aux Emirats Arabes Unis.  On ne possède quasiment aucun document sur elle, pas plus que de noms de dirigeants visibles quelque part. Elle sera bannie des cieux européens en mars 2006 et cessera ses activités en 2007. « La livraison effective que le gouvernement de la Bosnie-Herzégovine aurait annulée ou reportée au dernier moment le 10 décembre.  Ces documents indiquent que, le 18 novembre 2004, la SFOR a approuvé une notification des autorités de Bosnie-Herzégovine visant à exporter une grande quantité d’armes légères au Rwanda, en utilisant les services d’un courtier croate et d’une société faisant partie de la société d’armement Unis Promex, appartenant au gouvernement bosniaque ». L’avion était en fait enregistré au Kyrgyzstan sous le numéro EX-043, de chez Reem Air (qui a été créé en 2004), inscrit au registre le 11 mai 2005 seulement et bénéficiant d’une licence d’exploitation Libyenne, accordée par la Libyan Civil Aviation Authority…  L’accord passé et retrouvé sur le transfert d’armes était énorme (entre 105 et 130 tonnes d’armes !), et portait sur au moins trois voyages minimum.  A gauche, un Reem Air au matricule indéterminé vu le 23 juillet 2005 au Maribor Airport, en Slovénie« L’EUFOR a ensuite approuvé le transport de quatre envois d’armes et de munitions le 8 décembre de l’aéroport de Tuzla le soir suivant. Le 9 décembre, la SFOR a approuvé le transport d’un envoi de près de 47 tonnes d’armes et de munitions de l’aéroport de Tuzla au Rwanda, alors que le même jour, le gouvernement de Bosnie-Herzégovine annonçait publiquement que les transferts d’armes et de munitions vers le Rwanda ne se poursuivraient pas. Il convient de noter que la SFOR a cessé son autorité de contrôle en Bosnie-Herzégovine le 2 décembre 2004, dès la mise en œuvre militaire de l’Accord de Dayton ».  Ci-dessous le Reem-Air EX-039, photographié de retour dans son fief moldave de Chisinau, le 7 juin 2007:

« La question de savoir si un ou plusieurs de ces envois ont été livrés au Rwanda est restée incertaine et aurait pu être liée à un ou plusieurs des vols à l’étranger des avions cargos Ilyushin 76 observés à Tuzla entre le 10 et le 22 décembre. Les autorités du BiH authorities et la SFO ont précédemment autorisé l’exportation de grandes quantités d’armes légères et de munitions en Ouganda entre la fin de 2001 et le milieu de 2003, à une époque où les forces armées ougandaises aidaient des groupes armés à commettre des violations des droits humains dans l’est de la RDC; et en Guinée en 2003 avec un courtier au Royaume-Uni ».  A noter que Reem Air possède aussi alors un Antonov 12, ancien PT Air, un ancien de la Navy russe RA-12121 et ancien soviétique CCCP-12121. Il passera chez Gomelavia en 2007 (EW-252TI) pour finir Avial NV (RA-11372). Plus inquiétant, Reem Air possède aussi deux DC-10 de grande capacité, dont le A8-AAB (193N-1093) qui a fini TT-DWE, abandonné dans le désert à Sharjah.  Le 9 décembre 2004, le chef de la SFOR, Erwin Kauer, sous les ordres du Lt. Colonel Costeira, chef du Current Affairs and Compliance a approuvé un envoi de 46 palettes (!!!) pour un total de 2760 caisses de munitions de 12,7 mm, pour 46,7 tonnes, soit la capacité maximale d’emport d’un Ill-76… Le chargement devait quitter Tuzla le 12 décembre.

Dans « The Arms Flyers Commercial Aviation Human Rights and the Business of War and Arms » de Sergio Finardi et Peter Danssaert, on trouve le contenu d’une expédition et le nom d’un des avions de la compagnie l’ayant effectué :  selon eux, des enregistrements ont révélé la compagnie Reem Air derrière ces envois, avec son EX-039, notamment de Kigali à Burgas le 9 décembre 2004 et un mois avant, le 9 novembre, un Ill 76 est parti de Burgas:  il était destiné au ministre de la défense du Rwanda.  Mélangeant ouvertement les genres, l’avion de Reem sera aperçu à Zurich en 2005 emportant 40 tonnes d’équipements humanitaires pour les sinistrés du tremblement de terre pakistanais !!!

Vol « sinueux » et aide d’un Learjet « spécial »

Selon le rapport d’Amnesty, toujours, « le transport aérien d’une quantité aussi importante de matériel militaire nécessiterait entre trois et quatre vols Ilyushin IL76, en fonction du poids réel de l’emballage choisi, voire davantage, une fois prise en compte du caractère dangereux de la plupart des marchandises nécessitant un emballage spécial. Les autorités du BiH et des États-Unis ont nié que ces armes aient été exportées au Rwanda et ont affirmé que le vol en partance pour Reem Air, affrété par Vega Airlines le 11 décembre, n’avait pas eu lieu.  Selon un responsable de l’ONU, les nouveaux soupçons découleraient de trois vols supplémentaires de Tuzla par les appareils Ilyushin les 14, 15 et 27 décembre 2004.  Bien que la destination de ces trois vols vers aurait été organisée par un courtier » (…) « La négation du vol du 11 décembre n’est pas totalement convaincante. Outre le document indiquant le départ du vol dans la «période observée», le plan de vol soumis par Baseops au nom de Vega pour le vol du 11 décembre est étrange.  Cela indiquait que l’avion de Reem Air éviterait les espaces aériens de la Serbie, du Monténégro et de l’Albanie au profit d’un itinéraire plus sinueux traversant les espaces aériens de la Croatie et de l’Italie, malgré ses 172 km environ et plus d’une demi-heure de vol plus longs que le premier itinéraire, totalisant deux heures et demie de vol au total.  La vitesse moyenne indiquée dans le plan de vol était bien inférieure à la vitesse de croisière d’un Ilyushin-76TD (la version Il-76 probablement utilisée) et convenait mieux à un tel avion voyageant avec une charge utile complète ».  « Au cours de la même « période d’observation », le 11 décembre, Eurocontrol a également noté le départ d’un plus petit Learjet 35 de l’aéroport de Tuzla, dont la destination était la base aérienne américaine d’Aviano en Italie, qui n’a enregistré qu’un vol 59 minutes (14 : 04) après le départ enregistré de l’Ilyushin du Reem Air.  Le numéro indiqué par Eurocontrol pour le vol du Learjet 35 (JGO80) identifiait l’exploitant de l’aéronef comme une compagnie low-cost passager canadienne peu connue qui à fait faillite le 11 mars 2005 (le Learjet était exploité par le ministère de la Défense sous l’enregistrement 99999E.  A peine atterri à Aviano, le Learjet 99999E se transformait en 40112E par la magie de l’atelier à peinture :  c’était un des avions de «  Rendition »   !!!).  « Selon des bases de données et des rapports, la société canadienne n’a jamais exploité d’appareils Learjet, de n’importe quel type, dans sa flotte.  Une explication possible pourrait être que les autorités de sécurité américaines se sont livrées à une opération secrète pour acheminer des armes au Rwanda en dépit de l’opposition politique du gouvernement de l’Union européenne.  Par coïncidence, en septembre 2004, un avion cargo Antonov 12 immatriculé en Bulgarie, également exploité par Vega Airlines et transportant du matériel militaire américain destiné au Népal, venu de Baltimore (États-Unis, Maryland) a été bloqué à Ahmedabad.  Comme pour le Rwanda, le gouvernement américain a fourni des programmes d’assistance policière anti-insurrectionnels au Népal, malgré les critiques selon lesquelles une telle assistance contribuerait en des violations des droits de l’homme.  D’autres grands avions cargo opérant en RDC et sur les Grands Lacs sont apparus en Irak.  Reem Air a récemment fait de la publicité pour les vols cargo des Emirats Arabes Unis à Mwanza via Khartoum. Les plus gros destinataires des exportations de munitions bosniaques au cours des derniers mois semblent être le Canada et l’Afrique du Sud, suivis de Chypre, de la Serbie-Monténégro et de la Chine ».

(1) au Tribunal Pénal de l’ex Yougolavie, en 2006 on pourra entendre cet échange révélateur :

« R. Il y avait des gens qui faisaient la contrebande de ces armes et les armes étaient assez chères. Les prix étaient assez raides.

M. LE JUGE ORIE: [interprétation] Permettez-moi de vous poser une question sur le nombre de fusils que vous avez obtenus de cette façon pour armer la population locale.

R. Je ne peux pas vous donner une évaluation parce que je n’étais pas impliqué du tout.

M. LE JUGE ORIE: [interprétation] Vous avez peut-être une impression, même si pas impliqué. J’ai des impressions sur beaucoup de choses, je n’étais pas impliqué

R. J’ai une estimation. Dans la région de Svrake et Semizovac, Il y avait environ 200 fusils.

12 M. LE JUGE ORIE: [interprétation] Quel était l’armement le plus difficile pour vous à obtenir?

 R. Les fusils. Nous n’avions que des fusils et des grenades à main.

SOUDAN ORIE: Cela signifie pas de mortier?

 R. Au départ, bien sûr. Et après nous avons pu en obtenir, et nous avons réussi à en prendre.

16 M. LE JUGE ORIE: [interprétation] Oui. Si vous dites « après », quels sont les délais ? Vous parlez de?

R. Sauf que je m’excuse. Quand je dis « plus tard », ce que je veux dire vers fin avril. Une partie de ce type d’armement nous a été envoyée depuis le municipalité voisine de Visoko. Donc, nous avions peut-être deux mortiers et je ne peux savoir combien de milliers de balles, et c’est tout. Et pour autant que c’était préoccupant car au 2 mai, la municipalité de Vogosca n’était toujours pas incluse dans ces combats ou ces guerres »

(2) Dans l’enquête du « LIFE-CYCLE MANAGEMENT OF AMMUNITION (LCMA) »,  « Lessons from Bosnia and Herzegovina » de Jovana Carapic et Paul Holtom sorti en avril 2018, on confirme l’origine « étrangère » des armes trouvées après le conflit :   « La FV (Army of the Federation of BiH ou fédération de Bosnie-et-Herzégovine ) et la VRS (Army of the Republika Srpska, l’armée de la république serbe de Bosnie) avaient des approches différentes en matière d’achat de munitions au début de la période post-conflit, créant différents ensemble des défis pour la gestion des munitions en Bosnie-Herzégovine. De 1995 à 1997, le « train and equip programme«  dirigé par les États-Unis a amené un large éventail d’armes et de munitions excédentaires en provenance des États-Unis et d’Europe centrale et orientale, ainsi que de Brunei, de l’Égypte, du Koweït, de Malaisie,du  Qatar et d’Arabie Arabie, de Turquie et des Émirats arabes unis (Lamb, Arkin et Scudder, 2014, p. 23, 26, 30-3). Le programme visait à assurer la défense de la FV et à dissuader toute attaque potentielle de la part de la VRS (Lamb, Arkin et Scudder, 2014, p. 14). En conséquence, dans l’immédiat post-conflit, la FV a dû gérer une quantité importante de différents types de munitions sans connaître ses antécédents de stockage ».

(3)  Des vols exploités par des sociétés associées à Bout auraient atterri à Bagdad à au moins à 195 occasions sur des contrats militaires américains. En octobre 2003, la CIA a averti que les entreprises de fret aérien de Bout avaient bénéficié de la reconstruction en Irak, même s’il est difficile de savoir si les services de renseignement ont été partagés avec la Grande-Bretagne. Jet Line International, une société utilisée par DfID en Irak (le Department for International Development un organisme anglais)  est un transporteur aérien ayant des bureaux en Ukraine. Les dossiers de l’Autorité de l’aviation civile montrent que Jet Line a transporté par avion des véhicules blindés à destination de Bagdad pour le DfID. L’expédition a quitté l’aérodrome de Manston, dans le Kent, en mars, sur un avion cargo Ilyushin ne portant aucune marque aérienne. La compagnie aérienne aurait été identifiée comme une entreprise de Bout dans une lettre d’alerte diffusée aux postes diplomatiques par le Département d’Etat américain en juin de cette année. La nature des liens présumés n’est pas claire et Jet Line a refusé ce week-end d’être associé à Bout. Trois semaines avant le vol de Bagdad, le 27 février dernier, le DfID a embauché une deuxième entreprise, Aerocom, pour envoyer des tentes au Maroc après un séisme. Aerocom, également basée dans l’ancienne république soviétique de Moldavie, a également quitté Manston. La société, qui est également connue pour travailler avec plusieurs opérateurs, y compris Jet Line, a été nommée dans un rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies en Avril 2003 comme étant impliqué dans la contrebande illégale ou tentative de contrebande de lanceurs de missiles, des grenades et des fusils automatiques de la Serbie au Libéria. Les deux entreprises ont été embauchées par DfID par l’intermédiaire d’Air Charter Service (ACS), basé à Kingston, dans le Surrey. Comme DfID, ACS a déclaré ce week-end qu’elle avait cessé de faire affaire avec les compagnies aériennes alors qu’elle était informée qu’elles auraient des liens avec Bout. Aerocom, qui était accusé dans le rapport de l’ONU des mines débarquées illégalement en Afrique, était utilisé par le Halo Trust, une organisation caritative britannique qui nettoie les mines. L’association a utilisé Aerocom pour transporter des équipements de déminage de Prestwick, près de Glasgow, vers l’Angola en février 2003 dans le cadre d’une opération financée par DfID. Le 28 avril 2004, Oxfam a de nouveau utilisé la compagnie aérienne pour acheminer par avion des secours de Manston au Soudan. Valentin Podarilov, directeur général d’Aerocom, a déclaré: «des foutaises : nous n’avons rien à voir avec Victor Bout. » Rien ne prouve que les organismes de bienfaisance, DfID ou ACS aient eu connaissance de liens entre les compagnies aériennes et Bout au moment des vols. Oxfam a depuis renforcé ses processus de surveillance. Un porte-parole du DfID a déclaré: « Ni notre société ni notre courtier n’avaient connaissance d’allégations de faute contre les (sociétés), que nous avons évidemment utilisées de bonne foi ».

Dans le pensum « The-Arms-Flyers-Commercial-Aviation-Human-Rights » de P Danssaert on trouve la référence de la compagnie de l’avion de 2003 :  c’est un « AIA », pour African International Airways. « African International Airways » : « En 2002 et 2003, les avions AIA ont été affrétés par le ministère de la Défense britannique. À la fin de 2002, l’AIA a également fourni 250 tonnes de munitions de l’Albanie au Rwanda pour les exporter vers des groupes d’opposition armés dans l’est de la RDC. Ces envois comprenaient plusieurs millions de cartouches et au moins une cargaison contenant des grenades et des lance-roquettes ». Les appareils impliqués à nouveau en 2006 et 2007 étant les ZS-OZV1 et ZS-OSI. La compagnie était celle de Duane A. Egli, américain vivant en Belgique près de Tournai !!!  Son autre société, Silverback Cargo sera prise en flagrant délit de transport d’armes au Rwanda en 2004 avec le 9XR-SC (ici abandonné à Kigali), mais il recommencera au Tchad en 2007 avec « AMW Tchad », également connue sous le nom « d’Aircraft Machinery Works », avec deux gros porteurs DC-10 Lockheed A8-AAA et A8-AAB, le premier montré abandonné ici aux Emirats.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

MH370 (13) : les avions qui enfument la Suisse

 

MH-370 (15) : de la Bosnie aux cartels mexicains, en passant par… Roubaix

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C’est un document implacable paru il y a vingt ans ou un peu plus (le 16 janvier 1997) qui le dit :  il est signé de Larry E.Craig (1) et Jade West, du Republican Police Committee et il en dit bien davantage sur le rôle trouble de Bill Clinton que ce qu’on aura retenu de ce président qui semblait davantage s’intéresser aux secrétaires ou aux saxophone qu’à la politique.  Le document, précis, démontre les sources mêmes d’un islamisme extrémiste que les Etats-Unis vont armer à profusion, sans se soucier des conséquents historiques que cela impliquera dans les décennies suivantes.  Dans ce domaine, l’irresponsabilité de Bill Clinton est totale, et les faucons qui le suivront n’auront plus qu’à développer l’idée en se servant ensuite de leur ancien allié Ben Laden comme parfait repoussoir.  Car le monstre qu’ils ont ainsi créé va se retourner contre eux, comme on a pu le voir.  Les américains, dit clairement le rapport, on en fait facilité l’installation des iraniens en Bosnie.  Les USA ont nourri les «  moudjahidines »,  comme ils les appellent alors, c’est un fait, désormais indéniable, avec ce document qui décrit en détail ce qui a été fait en Bosnie.

Nota : à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic. La série a débuté ici

Le réseau Ben Laden déjà cité en 1996

D’emblée les deux rapporteurs avaient mis le doigt sur un point essentiel : des liens entre des personnages-clés qui connaîtront plus tard (en 2001) la lumière des médias :  « pour comprendre comment le feu vert Clinton conduirait à ce degré d’influence iranienne, il est nécessaire de rappeler que la politique a été adoptée dans le contexte d’une activité islamique radicale étendue et croissante en Bosnie. C’est-à-dire que les Iraniens et d’autres musulmans étaient actifs depuis longtemps en Bosnie; le feu vert des États-Unis était un signal politique important adressé à Sarajevo et aux militants lui faisant savoir que les États-Unis étaient incapables ou peu disposés à présenter un obstacle à ces activités – et souhaitaient, dans une certaine mesure, coopérer avec eux ». A gauche, pour illustrer cette aide, un des C-130 en route vers Tuzla, avec à gauche le copilote; le capitaine  John Wood en train de vérifier la descente (une photo prise par le Ssgt John E. Lasky du 1st Combat Camera Charleston AFB SC).  D’autres clichés sont visibles ici sur le site de l’Otan.  A gauche sur la photo ici, c’est le pilote, le capitaine Brian Greer du  50th Airlift Squadron. « En bref, la politique de l’administration Clinton visant à faciliter la livraison d’armes aux musulmans de Bosnie en a fait la de facto partenaire d’un réseau international permanent de gouvernements et d’organisations poursuivant leur propre agenda en Bosnie:  la promotion de la révolution islamique en Europe.  Ce réseau concerne non seulement l’Iran, mais aussi le Brunei, la Malaisie, le Pakistan, l’Arabie saoudite, le Soudan (un allié clé de l’Iran) et la Turquie, ainsi que des groupes de front censés mener des activités humanitaires et culturelles.  Par exemple, un groupe de ce type sur lequel des détails ont été révélés est celui du Third World Relief Agency (TWRA), une organisation humanitaire fictive basée au Soudan qui a un lien important dans le pipeline d’armes en Bosnie ».  A droite le chargement de palettes à bord d’un C-130 du 50eme Airlift Squadron à Ramstein, en Allemagne, à destination de Tuzla.

(comme sources, voir « How Bosnia’s Muslims Dodged Arms Embargo: Relief Agency Brokered Aid From Nations, Radical Groups, » Washington Post 9/22/96  (2) ; voir aussi « Saudis Funded Weapons For Bosnia, Official Says: $300 Million Program Had U.S. ‘Stealth Cooperation’ (3), » Washington Post  2/2/96) On pense que TWRA est lié à des événements du réseau terroriste islamique tels que Cheik Omar Abdel Rahman (le cerveau reconnu coupable de l’attentat du World Trade Center en 1993) et Osama Bin Laden, un émigré saoudien fortuné, qui aurait financé de nombreux groupes militants. (WP, 9/22/96] (Cheik Rahman, originaire d’Égypte, est actuellement en prison aux États-Unis.  Des lettres piégées adressées à des cibles à Washington et à Londres, apparemment d’Alexandrie, en Egypte, seraient liés à son cas.  Ben Laden résidait à Khartoum, Soudan, jusqu’à l’année dernière; il est maintenant soupçonné d’être en Afghanistan, où il a publié des déclarations appelant à des attaques contre les forces américaines dans le golfe Persique. « [WP, 22/09/96].  En résumé, deux membres républicains, ayant fait un bon travail de recherches avant, ont démontré par l’exemple que les Etats-Unis avaient favorisé les débuts de Ben Laden en armant ses troupes bosniaques !  Cinq ans avant le World Trade Center !!!  A droite, la visite de Clinton à Tuzla et le discours prononcé devant le C-17 avec  lequel il était arrivé.  L’appareil est le C-17A AMC 80266 437AW basé à Charleston.

Des vols secrets embarrassants

Les vols étaient gardés secrets, ce qui ne manquait pas de poser quelques problèmes aux alliés sur place, parfois.  Dans le livre Unholy Terror, son auteur,  John R. Schindler, décrit la scène étonnante suivante : « que fait donc un C-130 ici ?  Telle était la question qui préoccupait le capitaine Ivan Moldestad, un pilote d’hélicoptère norvégien affecté aux forces de l’ONU à la base aérienne de Tuzla, dans le nord-est de la Bosnie. Tard dans l’après-midi du 17 février 1995, plusieurs soldats de la paix de l’ONU ont été témoins d’un spectacle inattendu.  Un grand avion – Moldestad et d’autres Norvégiens à Tuzla l’ont immédiatement identifié comme un C-130 Hercules, le cheval de bataille de longue date du transport aérien militaire occidental – est arrivé à la base aérienne escortée de deux chasseurs.  Comme il faisait déjà nuit, Moldestad ne pouvait pas distinguer l’insigne de l’avion cargo ni des chasseurs.  Suivant la procédure, Molestad a signalé ce vol mystérieux au Centre d’opérations aériennes combinées de l’OTAN à Vicenza (Italie), chargé de coordonner les activités aériennes occidentales visant à faire respecter la zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie. Mais le capitaine norvégien a été informé qu’il n’y avait pas de vol près de Tuzla cette nuit-là et s’est fait dire qu’il devait se tromper.  Lorsque Moldestad a persisté, le CAOC a raccroché.  Des soldats des forces de maintien de la paix de l’ONU ont souvent repéré des vols mystérieux dans des zones de Bosnie contrôlées par les Musulmans. Les rumeurs abondaient sur le fait que les C-130 étaient américains et que Washington armait secrètement les musulmans.  De tels récits ont été murmurés parmi les troupes de l’ONU, en particulier chez le personnel des services de renseignement et des opérations spéciales, avec une fréquence de plus en plus grande, et les soupçons sur ce que les Américains préparaient n’étaient pas encouragés, du fait que les responsables américains avaient voulu maintenir les « blacks  flights» sous le manteau.  Le capitaine Moldestad a découvert à quel point Washington s’intéressait à la question lorsqu’il a rencontré trois officiers américains lors d’une visite à Zagreb. Contrarié par le reportage de Molestad sur les C-130 de Tuzla, les autres officiers de l’OTAN ont emmené le Norvégien sur le balcon d’une chambre d’hôtel au cinquième étage et lui ont dit de manière menaçante que s’il restait fidèle à son récit, «les choses pourraient devenir désordonnées».  Ivan Moldestad n’était pas le seul responsable de l’ONU à avoir des ennuis avec Washington parce qu’il avait remarqué des choses en Bosnie qu’il n’était pas censé avoir vues. »

Jouer avec le feu… en Europe

Le rapport ne parle pas uniquement des Etats-Unis, mais aussi d’autres pays, dont certains déjà confrontés au terrorisme islamique, tel que la France qui vient alors de subir une série d’attentats horribles en 1995.  « Les cibles visées du réseau moudjahidine en Bosnie ne sont pas limités à ce pays mais s’étendent à l’Europe occidentale. Par exemple, en août 1995, selon le quotidien conservateur parisien Le Figaro, les services de sécurité français estiment que « les fondamentalistes islamiques algériens ont mis en place un réseau de sécurité à travers l’Europe avec des combattants formés dans les camps de la guerrilla Afghane et dans le sud de la France, tandis que certains ont été testés en Bosnie. » [(London) Daily Telegraph, 8/17/95] En avril 1996 également, la sécurité belge a arrêté un certain nombre de militants islamistes, dont deux Bosniaques originaires du pays, pour trafic d’armes (Paris, 5/9/96 (No. 287). Et aussi en avril 1996, un meeting avec des radicaux alignés sur le Hezbollah ( Intelligence Newsletter).  Le (« Parti de Dieu »), un groupe pro-iranien basé au Liban, a défini des plans pour intensifier les attaques contre les avoirs américains sur tous les continents. Parmi les participants, il y avait un Egyptien, Ayman al-Zawahiri, qui « dirige les opérations terroristes islamistes en Bosnie-Herzégovine depuis un quartier général spécial à Sofia, en Bulgarie.  Ses forces sont déjà déployées dans toute la Bosnie, prêtes à attaquer les Etats-Unis et d’autres États. [ » State-Sponsored Terrorism and The Riseof the HizbAllah International, » Defense and Foreign Affairs and Strategic Policy, London, 8/31/96] .  Enfin, en décembre 1996, les forces de sécurité françaises et belges ont arrêté plusieurs terroristes présumés formés dans des camps en Bosnie gérés par des iraniens. (« Terrorisme: la filière bosniaque Par Chabrun Laurent, publié le 26/12/1996).

Et en effet, car cet article proposé en exemple par les sénateurs US décrit un lien flagrant entre les auteurs des attentats, dont ceux du gang de Roubaix avec la Bosnie : « L’affaire débute avec l’interpellation à Tourcoing, le 1er août dernier, d’un certain Hocine Bendaoui. Les enquêteurs ont retrouvé sa trace en épluchant les carnets d’adresses codées découverts sur les «islamo-braqueurs» tués à Roubaix (quatre morts et deux policiers du Raid blessés). Interrogé, Bendaoui déclare qu’il a convoyé vers la Belgique une partie des fonds récoltés lors des braquages du commando roubaisien.  Ce butin aurait ensuite pris le chemin de la Yougoslavie. Bendaoui raconte ensuite aux policiers comment l’un des membres de ce réseau roubaisien, Lionel Dumont, un Français converti, a réussi à échapper aux filets lancés par la police. Dumont se serait tout d’abord réfugié à Nice, puis aurait gagné Paris, où il serait entré en possession de faux papiers que lui aurait procurés un certain «Salah».  Il aurait ainsi pu filer en Turquie, puis en Bosnie ».  C’est au cours d’une réunion de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) que les policiers ont pu identifier ce «Salah».  Il s’agit en fait de Salah Achour, hébergé par un complice à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), déjà placé sous étroite surveillance par les Renseignements généraux de la préfecture de police. Agissant sur commission rogatoire du juge Jean-Louis Bruguière, les hommes de la 6e division de la Direction centrale de la police judiciaire ont donc interpellé, le 19 décembre, dix personnes, dont Salah Achour, mais aussi Fabrice Farid Pinson, un Français converti.  Les enquêteurs ont également arrêté Rachid Mezzou, de nationalité française, qui a combattu en Bosnie.  Blessé durant ce conflit, Mezzou a été soigné par Christophe Caze, étudiant en médecine, l’un des Français convertis à l’islam, tué en Belgique alors qu’il prenait la fuite à la suite de la fusillade de Roubaix.  Ce coup de chalut ramène aussi un certain Abdelaziz Mohamed, dont le passeport avait été retrouvé sur un ressortissant marocain interpellé le 29 juillet 1995 à la frontière entre l’Italie et la Yougoslavie.  Ce dernier, qui venait de Zagreb, était alors en possession de disquettes informatiques édifiantes: elles indiquaient la procédure à suivre pour fabriquer des engins explosifs et contenaient des «recettes» pour empoisonner les aliments ou les réserves d’eau… « J’ai expliqué ici ces liens avec les terroristes roubaisiens et tracé le portrait de  « Lionel Dumont, autre tête brûlée, ancien militaire du 4e Rima de Fréjus, lui, échappera à la capture à Roubaix.  On le retrouvera en Bosnie, à Zenica, où il sera pris le 9 mars 1997 pour s’échapper de la prison de Sarajevo deux ans plus tard.  Après avoir changé de nom, il atterrira à Francfort, en Allemagne, où il sera arrêté et extradé en 2004.  En décembre 2005, la cour d’assises de Douai le condamnera à 30 ans de prison.  Une peine ramenée en appel à 25 ans en 2007 ».  En fait, dès 1997, on a déjà cerné tous ceux que l’on retrouvera en 2001 :  les allemands de Hambourg, la cellule fort active de Bruxelles, les liens avec la Serbie et la préfiguration d’Al Qaida, tout y est.  La France sera à nouveau victime de l’armement des islamistes, comme on va le voir… hélas !

Et c’était loin d’être terminé…

Ces liens ne se sont pas taris du jours au lendemain.  Le 14 décembre 2009, une alerte Wikileaks informe de la fourniture d’armes à nouveau provenant de Serbie au gouvernement du Yemen.  « Une société écran pour un trafiquant d’armes serbe Slobodan Tesic (alt. Tezic), Moon Storm Enterprises Ltd., a signé un contrat d’armement de 78 millions de dollars avec le gouvernement yéménite et son Ministère de la Défense début octobre 2009, à fournir au plus tard le début janvier 2010, selon l’ambassade de Bulgarie à Sana’a.  Le contrat de 34 pages, dont une copie présumée a été fournie à EconOff par le conseiller commercial bulgare le 7 décembre,  puis transmis à l’État NEA / ARP et aux analystes de Washington, détaille un paquet d’armes légères, des munitions, munitions d’artillerie lourde, des fusils de tireur d’élite, du matériel de démolition, des canons antiaériens et des obusiers.  L’ambassade de Bulgarie affirme que Moon Storm Enterprises et son directeur exécutif, Goran Andric, tous deux nommés dans le contrat, sont liés à Slobodan Tesic (ici à droite), un ressortissant serbe figurant sur la liste du l’annexe sur l’interdiction de voyager à la résolution 1521 du CSNU (dirigeant de Bosniaspecexport et de Melvale et Moon Storm , enregistrées aux Seychelles et à Chypre).  Rappelons-nous plus tôt que le nom de Slobodan Tešić a été mentionné pour la première fois dans les médias américains en 2002, lorsque le Washington Post a annoncé que sa société Temex était impliquée dans la création de missiles de croisière pour l’Irak, afin de découvrir par la suite la vente de fusils automatiques, de grenades à main et de mines au Libéria.  Afin d’éviter des contrôles internationaux stricts et de dissimuler une véritable identité, Tešić a temporairement supprimé Temex en 2005 et a fondé une nouvelle société offshore, Melvale, basée à Belgrade et aux Seychelles en 2005.  Cependant, à en juger par les documents confidentiels du département d’Etat publiés sur Wikileaks début décembre, les services de sécurité américains ont rapidement retracé leurs tentatives de vente d’armes et de munitions de Tešić au gouvernement yéménite pour un montant de 78 millions de dollars. « Tesic a fait de fréquents voyages au Yémen au cours de la dernière année en lien avec ce contrat, selon l’ambassade de Bulgarie. (Remarque: Les rapports sensibles USG corroborent l’affirmation selon laquelle Moon Storm Enterprises est une société écran de Tesic. Note de fin.). Le conseiller commercial bulgare a déclaré à EconOff qu’il transmettait les informations sur le prochain transfert d’armes, obtenues grâce à uns source yéménite au ministère de la Défense de ROYG, dans l’espoir que le gouvernement américain arrête la vente et fournisse ainsi des opportunités pour les fabricants d’armes bulgares en équipement similaire à la ROYG.  L’adresse enregistrée de Chypre pour Moon Storm Enterprises figurant sur le contrat est de 210 Makarios Avenue, 3030 Limassol, P.O. Box 54279 Chypre ».  C’est l’adresse actuelle d’un cabinet d’avocats appelé Neocleous & Co LLC.  Les armes roumaines provenaient du plus grand fabricant du pays, ancien membre du groupe industriel Malaxa en 1938. « La société nationale Romarm SA, le plus grand fabricant d’armements roumain (extrait de son catalogue actuel ici à droite), détenue à 100% par l’État roumain et subordonnée au ministère de l’Économie, a conclu au moins un contrat avec une société offshore chypriote contrôlée par un célèbre marchand d’armes international, un citoyen serbe mis sous embargo de l’ambassade de l’ONU, Slobodan Tesic.  Entre Romarm et la société offshore Moonstorm Enterprises Ltd., enregistrée à Chypre, il existe au moins un contrat. Avec ce contrat et avec d’autres, Romarm a aidé en 2011 un prêt de BRD. Les informations sont contenues dans un document officiel de l’État roumain, qui se trouve dans les archives électroniques de Real Securities Guarantees. Le lien entre le citoyen serbe Slobodan Tesic, embarqué dans une ambassade de l’ONU sur le trafic d’armes de 2004 à 2013, et Moonstorm Enterprises Ltd. est confirmé par un télégramme secret de la diplomatie américaine, document révélé par Wikileaks ».  La spécialité de Roarm, c’est aussi la roquette de 122, les obus éclairants ou classiques de 122 mm.  Elle fabrique aussi une munition de 152mm « dual-purpose improved conventional munition (DPICM) », les  CG-540 et CG-540ER, en fait une bombe cluster interdite partout contenant des sous-munitions GAA-001 d’Aeroteh SA, fabriqués en joint venture avec.. Israel Military Industries.  Ci-dessous, toute une série de fusils d’assauts Romarm saisis dans une cache appartenant à l’Etat Islamique… on reconnaît très bien le modèle « Light Machine Gun » calibre 5,45 mm, figurant au catalogue de l’entreprise.  (On notera aussi que chaque fusil était fourni avec une dose d’amphétamine pour doper leurs utilisateurs)  :

En moins de deux mois, des armes vendues aux USA se sont retrouvées en Irak chez l’adversaire 

Car la porosité des lignes de front en Syrie ont rendu le jeu des fournitures à un camp plutôt qu’à un autre très aléatoire :  des armes envoyées à ceux décidés à renverser Bachar el Assad se sont retrouvées en très peu de temps dans les mains de l’Etat Islamique.  « Dans un cas, des roquettes PG-9 de 73 mm, vendues par les fabricants d’armes roumains à l’armée  américaine en 2013 et 2014 se sont retrouvées éparpillés sur les deux champs de bataille » note ici le Seattle Times. «  :  Des conteneurs avec des numéros de lots correspondants ont été trouvés dans l’est de la Syrie et récupérés d’un convoi de l’Etat islamique à Falloujah, indique le rapport. Les roquettes, adaptées par le groupe pour être utilisées dans leurs lanceurs, donnaient aux combattants une arme puissante contre les chars et les blindés Humvees fournis par les États-Unis. Les documents obtenus par CAR auprès de responsables roumains comprennent des accords indiquant que les États-Unis ne réexporteraient pas ces armes et d’autres, dans le cadre d’un effort visant à réduire le trafic d’armes.  L’Arabie saoudite est une autre source de transferts d’armes non autorisés vers la Syrie, indique le rapport.  Le rapport de la RCA dit les États-Unis le gouvernement n’a pas répondu aux demandes de traçage de cette arme et des autres armes documentées par ses chercheurs.  Il n’a fallu que quelques semaines à ISIS (Daesh) pour mettre la main sur les missiles antichars des États-Unis.  Le 12 décembre 2015, la Bulgarie a exporté des tubes lance-missiles antichars aux États-Unis à l’Armée de terre par l’intermédiaire d’une société basée dans l’Indiana appelée Kiesler Police Supply.  Cinquante-neuf jours plus tard, la police fédérale irakienne a capturé les restes d’une de ces armes après une bataille à Ramadi, en Irak, indique le rapport.  Dans un autre cas, un groupe rebelle soutenu par les États-Unis en Syrie a été photographié à l’aide d’un tube de lanceur portant le même numéro, indiquant qu’il provenait probablement du même lot, indique le rapport ».  Encore une fois, les Etats-Unis ont acheté et distribué, violant les propres lois qu’ils avaient mises en place pour limiter la circulation des armes légères dans le monde.  Les USA, c’est évident, la favorisent plutôt (je reviendrai plus loin sur ces armes tombées aux mains de Daesh) !!!

Pour aboutir aujourd’hui aux cartels mexicains…

Romarm produit la PM md. 63/65n un succèdanné de l’AKM, la et PM md. 90, version raccourcie.  Des engins modifiés pour accepter les chargeurs de munitions US sont les plus prisés actuellement… des trafiquants de drogue au Mexique !  Comme le montre cette photo d’armes saisies à Sinaloa au cartel de Beltran-Leyva le 26 mai 2008.  L’engin décrit par la photo de détail étant une ROMARM/CUGIR modèle GP WASR 10/63  de calibre 7.62 serial number SBH-4629-85 — une arme achetée par Camron Galloway le 30 janvier précédent pour sa petite société de Phoenix X Caliber qui a été arrêté pour vente d’armes non déclarées.

« Mais l’AK roumain se démarque, à la fois par la popularité des cartels et par la route empruntée par les États-Unis pour aller de la Roumanie au Mexique – un voyage effectué légalement même si, depuis des années, il était illégal d’importer des armes semi-automatiques motorisées qui n’ont pas une «vocation sportive» aux États-Unis. Les lois américaines sur les armes à feu ont été interprétées par les régulateurs fédéraux de manière à permettre aux importateurs de contourner l’interdiction. Les armes étrangères telles que les AK roumaines sont expédiées aux États-Unis dépouillées de leurs caractéristiques militaires pour pouvoir être traitées comme des armes à feu sportives.

Les armes sont ensuite modifiées par un importateur avec quelques pièces fabriquées aux États-Unis, déclarées de fabrication américaine et expédiées par des grossistes aux armuriers locaux pour être vendues avec des chargeurs grande capacité, des baïonnettes et les autres accessoires d’une arme d’attaque. Les AK roumaines – vendues par la société WASR-10, basée en Floride, sous le nom de WASR-10 – sont devenues les armes les plus courantes achetées aux États-Unis depuis 2006 et attribuées à des crimes au Mexique, selon une étude du Center for Public Integrity, InSight, l’atelier de compte rendu d’investigation organisé par l’American University School of Communication, Frontline de PBS et le Centre roumain pour le journalisme d’enquête ».  Le vrai nom de la société étant Wassenaar Arrangement Semi-automatic Rifles qui n’hésite pas à vanter ses modèles avec des poses sexy de mannequin comme ici à gauche.  Les armes de Wasr-10 proviennent de la société roumaine  de la Cugir Arms Factory.

« Des rapports du Bureau de la justice, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) du ministère de la Justice montrent qu’au cours des quatre dernières années, plus de 500 WASR-10 importés aux États-Unis par Century ont été récupérés au Mexique après avoir été achetés au Mexique. États Unis.

C’est le plus grand nombre de carabines ou pistolets achetés, récupérés et retrouvés au cours de cette période de quatre ans, représentant plus de 17% du total des armes récupérées, selon les rapports. Alors que Century vend une version non modifiée de la WASR-10 aux États-Unis, la plupart de ses armes à feu apparaissant dans les affaires de contrebande ont été améliorées pour inclure des magazines de grande capacité et d’autres éléments militaires, selon des responsables de l’application de la loi, des documents d’enquête et des tribunaux. enregistrements.

La même arme a été vue au main de « contractors » en Irak, en train de s’exercer au tir, sur une photo (ici à gauche ) balancée sur Facebook  par un dénommé Nathaniel Myers, un fana des armes appelé FalGrunt sur le net.  Mieux que cela car c’est aussi un broker, sous le nom de Myers Arms LLC, installé à Medina dans l’Ohio.  Dans l’une de ses publicités, effectivement, Atlantic Fire Arms montre une image de soldat irakien en train d’apprendre à tirer au Camp Habbaniyah avec un « RPK light machine gun » lors de l’Iraqi Small Arms Weapons Instructor Course » enseignée par les Marines du 2nd Marine Division Training Center » :

Marché noir à Nashville

D’ou proviennent ces armes ?  Parfois de reventes sauvages de matériels détournés.  Le 30 août 2017, c’est le site Stars and Stripes qui découvre effaré à Nashville un gigantesque marché noir des armes de l’armée revendues sur e-Bay.  Le trafic était devenu tellement important que pas moins de cinq magasins autour de la base vendaient désormais du matériel militaire détourné !!!   « Plus d’un million de dollars d’armes et de matériel militaire sensible ont été volés à Fort Campbell, dans le Kentucky, et vendus sur un vaste marché noir, en partie à des acheteurs étrangers par le biais d’eBay, selon un témoignage lors d’un procès fédéral cette semaine.  L’équipement – dont une partie a été revendue à des acheteurs en Russie, en Chine, au Mexique, à Hong Kong, au Kazakhstan et en Ukraine – comprenait des pièces de mitraillette et de fusils, des gilets pare-balles, des casques, des viseurs, des générateurs, du matériel médical et plus encore. John Roberts, de Clarksville, dans le Tennessee, fait actuellement l’objet d’un procès à Nashville pour fraude et complot en vue de voler et de vendre des biens appartenant au gouvernement et pour violation de la Loi sur le contrôle des exportations d’armes.  Six soldats et leur associé civil ont passé des accords de plaidoyer en échange de leurs témoignages ».  En photo le genre d’équipement revendu.  Selon le site, c’est une affaire classique de détournement qui se serait emballée :  « Michael Barlow et l’ancien sergent du peloton du Fort Campbell qui ont plaidé coupables de vol de biens appartenant au gouvernement et de conspiration, ont déclaré qu’ils avaient commencé modestement, mais qu’ils avaient finalement dégénéré en camions de matériel militaire.  Il a ajouté que Roberts lui avait même donné une « liste de Noël » d’articles qu’il souhaitait que les soldats volent en Afghanistan et rapportent aux États-Unis.  « Ils en voulaient de plus en plus, principalement des pièces d’armes », a déclaré Barlow. Barlow a déclaré que sa société rentrait chez elle avec cinq grands conteneurs de fret remplis d’équipement des troupes militaires et des bases fermées en Afghanistan.  Barlow a déclaré que lui et d’autres soldats recevaient parfois entre 1 000 et 2 000 dollars par camion ».  On finit par trouver aussi quel est le motif des soldats qui faisaient ça :  « Les soldats étaient souvent jeunes et avaient besoin d’argent pour acheter de la drogue, a déclaré Wilson, alors « il y avait beaucoup d’objets à faire et beaucoup d’argent à faire »… Pour améliorer son cas, en janvier 2016, Kyle Thomas Heade, un des six à détourner d’armes, a été accusé de tentative d’homicide sur un parking d’un quartier de Clarksville.  Fuyard depuis, il avait été arrété dans l’Oregon.

Ça a duré, en effet…

Et cela a duré, sinon dure encore.  En 2010, on trouvera encore au même endroit… un naturalisé américain, Edis Bosnic, dont on retrouve la trace jusqu’à l’Islamic Center of Northeast Florida, à Jacksonville, en 2004 (ici à gauche). L’homme, selon la télévision bosniaque, était en relation avec Adis Medunjanin, l’homme du Queens arrêté aux États-Unis sur des soupçons de prendre part à un attentat à la bombe dans le métro de New-York dirigé par un ressortissant afghan, Najibullah Zazi, qui avait été arrêté en 2009…  En somme, les américains choyaient toujours un foyer de fabricants d’attentats, plus de 10 ans après…. dans l’acte d’accusation de Zazi, pas un mot sur… Bocinja Donja.  Au moment de sa « découverte » on clamera quelle aurait été facilitée par PRISM, le programme de surveillance de la NSA. « Un programme de renseignement américain secret pour recueillir des emails qui est au cœur d’un scandale sur la surveillance du gouvernement a aidé à débusquer le complot d’un militant islamiste pour bombarder le système de métro de New York en 2009, ont déclaré des sources du gouvernement américain ce vendredi.  Selon les sources, a déclaré le représentant Mike Rogers, le président House of Representatives Intelligence Committee parlait alors d’un complot ourdi par Najibullah Zazi, un résident américain né afghan.  C’est cette surveillance qui a contribué à déjouer des complots terroristes au cours des dernières années significatives ».  Que ne ferait-on pas pour vendre un matériel de surveillance… ou dissimuler un foyer de manipulation évidente….  En 2014 encore, on retombe toujours sur le même creuset  : le 14 octobre 2014, encore, la presse indique en effet « qu’une semaine après que les frappes aériennes dirigées par les Américains à l’intérieur de la Syrie aient commencé, il a été signalé que deux femmes en provenance des Balkans, Dora Bilic (ici à droite) et Fatima Mahmutovic, avaient été touchées en ar-Raqqa, et que Mme Mahmutović avait été tuée.  Mlle. Bilic, né en Irlande, convertie à l’islam il y a deux ans avait déménagé à Gornja Maoca (Bocinja Donja.) au nord-ouest de la Bosnie, qui est en fait une commune wahhabite, où elle a rencontré son mari, avec qui elle se est rendue en Syrie pour le djihad.  Mlle Mahmutović provient d’un village de Bosnie non loin de l’infâme Srebrenica, d’où elle s’était elle-même déplacée avec son jeune fils jusqu’en Syrie à la fin de l’année dernière.  Comme ce est souvent le cas, il semble que les services de renseignement français étaient au courant pour Mme Bilic, mais avait fait peu de cas à ce sujet.  Moins surprenant était le rapport de suivi comme quoi Mme Bilic avait été radicalisée à Londres »… 

Les mêmes qui reviennent

Et c’était loin d’être terminé :  au procès de Mevlida Jasarevic, accusé d’une attaque terroriste contre l’ambassade américaine à Sarajevo le 28 Octobre 2011, le nom d’Edis Bosnic était à nouveau réapparu, sur un compte Skype avec lequel conversait Jasarevic.  Ce dernier (ici à droite) avait carrément attaqué au fusil automatique durant 50 minutes en tirant 105 balles dans le bâtiment de l’ambassade !  A cette occasion, il avait blessé l’un des membres de la direction de la coordination de la police Mirsad Velic qui travaillait à la protection extérieure de l’ambassade américaine à Sarajevo.  Quatorze ans après l’article du « Post » décrivant un véritable nid d’islamistes dangereux, le foyer existe toujours et continue à fournir en chair à kamikazes alors que des responsables de Washington avaient affirmé voici une décennie et demie « qu’ils s’en occupaient » ??? 

Des preuves flagrantes, pourtant

On s’est aperçu à plusieurs reprises, pourtant, de l’étendue du trafic d’armes issu des dépôts soviétiques et ré-injectés dans le circuit des guerres récentes par la CIA.  Une première fois en Irak même, en août 2007, avec la disparition de plus de 110 000 Kalachnikovs et 80 000 pistolets Glock, placés sous la surveillance d’une société privée :  American Logistics Services, devenu depuis Lee Dynamics International, qui avait touché un contrat de 11 millions de dollars pour construire 5 entrepôts d’armement en Irak, en béton, et les gérer. « Plein de camions sortaient sans aucune autorisation », avait noté un responsable local de l’approvisionnement de la police irakienne.  On y rencontrait pourtant dès 8 heures chaque matin le colonel Levonda Joey Selph, de l’armée américaine, adjoint direct du général Petraeus qui sera ciblé par une enquête de l’armée sur ces activités délictueuses.  Selph plaidera coupable à son procès tenu en 2008.  Dégradée, elle fait depuis le tour de conférences en criant à l’injustice… (ici dans une conférence pour le Tea Party) en vendant son livre de mémoires « Caught in Crossfire« .  Selon elle, elle avait été « jetée sous le bus » à la place d’autres :  à savoir ses supérieurs, dont David Petraeus.  Puis le le 15 mars 2008, avec l’affaire Diveroli, et la terrible explosion de Gerdec, alors géré par Southern Ammunition Company Inc. (SAC) de Loris, dans la Caroline du Sud:  Une terrible explosion tombée à pic qui avait surtout permis d’effacer les traces visibles du trafic ‘voir ici notre épisode N°11). Une troisième fois encore, plus tardivement en 2009, avec la découverte de munitions américaines de marque Wolf tirées par des talibans sur des soldats américains.  La société Wolf est certes russe d’origine:  elle fabrique ses cartouches à Tula, mais elle possède une antenne aux USA, à Placentia ( c’est en Californie).  Une firme qui fournit en priorité Tactical Response, une société fondée en 1996 et dirigée par James Yeager, qui était aussi à Bagdad le responsable des huit commissaires américains chargés de surveiller les élections !  Un mercenaire, dans toute sa splendeur.  En 2006, le calibre 7.62×39, celui de la Kalachnikov, étant devenu rarissime aux USA, les prix des cartouches avaient doublé et Wolf USA s’était retrouvé au bord de la faillite.  Mais les Etats-Unis avaient sauvé l’entreprise en commandant pour 298 millions de dollars de cartouches pour la police afghane, incluant des balles Wolf.  Celles qui avaient tué des soldats américains (on trouvera aussi des cartouches d’Alliant Techsystems ou ATK, firme du Missouri, chez les talibans, comme ci-dessous) !

Défaut de livraison des avions, ou revente des policiers afghans aux Talibans ?  Car ce sont bien les avions de Viktor Bout qui effectuaient la navette régulière Rinas (l’aéroport de Tirana)- Bagdad, chargés des munitions du dépôt de Gerdec.  En 2004, on relève sur place 142 remplissage de kérosène pour un montant total de 534 383 dollars pour ses appareils Air Cargo, Air Bas ou San Air General Trading, Jetline ou Aerocom, Bout multipliant à plaisir le nom de ses compagnies, au gré de ses… interdictions de vol.  Pour le paiement du kérosène, au Defence Energy Support Centre de la Base de Balad, on ne s’embarrassait pas trop ; à croire qu’il en avait à revendre.  Voici ce qu’avait entendu sur place Igor Zhuravylov un responsable du BGIA : « en décembre 2003, dit-il, il a surpris une conversation avec un des camionneurs de kérosène sur la base de Balad.  Zhuravylov raconte que le soldat lui a donné une feuille à remplir, vide, en lui conseillant de la remplir et de l’envoyer aux responsables militaires officiels ». On lui demande de remplir un papier et le renvoyer. Et un peu plus tard : « en avril, à ma grande surprise, j’ai reçu une carte de crédit en plastique pour chaque avion devant être ravitaillé par les militaires, dit Zhuravylov.  Le business du Golfe allait bondir. »  Mais mieux encore, rien de ce qu’il avait rempli n’avait été vérifié ou inspecté :  “c’était vraiment bien fait” ajoute Zhuravylov. “Tout par mail.  Pas d’inspecteurs, rien de ça. Juste écrire une lettre, envoyer le formulaire, et obtenir la carte” On se croirait dans « Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? », avec la scène du paiement de kérosène par carte bleue directement dans le cockpit !

Ben Laden vivait de cette rente, comme l’armée américaine et la CIA.  Le conflit d’intérêt devenu trop flagrant, il fallait se décider à faire quelque chose.  Mais le temps de prendre la décision et le principal intéressé disparaissait, dans les conditions que l’on a vues.  Ou plutôt pas vues, tant sa fin est restée dans le flou le plus total…

(1) Craig, sénateur de l’Idaho sera éjecté de son poste après un scandale retentissant survenu le 11 juin  2007 après son arrestation pour « conduite indécente » dans un hôtel du Minneapolis–St. Paul International Airport, où il avait invité deux jeunes hommes pour une relation sexuelle gay.  Jusqu’ici c’était un des plus fervents opposants à l’homosexualité, ayant fait voter des lois répressives à ce sujet.  Le parti républicain, avec à sa tête John McCain, avait insisté pour qu’il démissionne.  A l’époque, l’ American Civil Liberties Union (ACLU) avait déclaré que le raid dans l’hôtel de la police n’avait pas être « correctement conduit.  On y ajoutant quelques charges de détournement de fonds de campagne, sa carrière aurait dû être enterrée :  il faudra attendre pourtant le 4 mars 2016, pour qu’en appel il perde à nouveau et se retrouve forcé de régler 242 533 dollars au United States Treasury Department.  Or il est pourtant resté en poste, arguant qu’il n’aurait pas dû signer un document le déclarant coupable.  Pour Minneapolis, l’arrestation rocambolesque de Craig ressemblait fort à un piégeage en règle, ou à un règlement de comptes politique  : on possédait un dossier sur lui depuis 1982 mêlant cocaïne et homosexualité.  Il était surtout un de ceux qui avaient le plus condamné le comportement de Clinton durant l’affaire Lewinsky. Il n’avait en fait pas démissionné de son mandat après son arrestation, malgré les pressions de toute part.  Etrangeté de l’affaire, l’endroit où il avait donné rendez-vous pour sa relation, un « salle de repos » a été depuis détruit.  Jade West, sénatrice très active, s’attaquera a démantibuler le « health care » promu par Hillary Clinton.

(2)  « Un haut diplomate occidental de la région a déclaré que l’administration Clinton était au courant de l’existence de la Third World Relief Agency et de ses activités à partir de 1993. Les États-Unis n’ont toutefois pris aucune mesure pour mettre un terme à leurs collectes de fonds ou leurs achats d’armes, en grande partie à cause de la sympathie de l’administration. pour le gouvernement musulman et l’ambivalence sur le maintien de l’embargo sur les armes. « Washington nous a dit de les regarder mais de ne pas intervenir », a déclaré le diplomate. « La Bosnie essayait de se procurer des armes de qui que ce soit, et nous ne l’aidions pas beaucoup. Le moins que nous puissions faire est de reculer. Nous avons donc reculé. » Il a reconnu que le gouvernement Clinton, maintenant qu’il tente de rétablir la paix en Bosnie, est troublé par l’influence acquise par les extrémistes musulmans de Bosnie dans le cadre de leur collaboration avec l’agence. « C’est un inconvénient majeur », a-t-il déclaré ».

(3)  « Les envois d’armes, qui s’ajoutaient aux 500 millions de dollars d’aide humanitaire saoudienne, violaient directement l’embargo sur les armes imposé par les Nations Unies à l’ex-Yougoslavie et que Washington s’était engagé à appliquer. Le programme bosniaque a été inspiré à certains égards de l’expérience de l’Afghanistan dans les années 1980, lorsque l’Arabie saoudite avait contribué à financer l’armement clandestin de combattants musulmans anti-soviétiques dans le cadre d’une opération soutenue par une équipe similaire d’anciens membres du personnel et des services de renseignement américains. Un responsable saoudien, qui a parlé à la condition qu’il demeure inconnu. La différence essentielle réside dans le fait que les États-Unis n’ont pas fourni de fonds de contrepartie pour l’effort de contrebande d’armes de la Bosnie, contrairement à l’opération afghane. Le responsable saoudien a également déclaré que son pays était prêt à contribuer au financement d’un effort dirigé par les États-Unis visant à amener l’armée du gouvernement bosniaque au niveau de son ennemi serbe de Bosnie à la suite de la levée de l’embargo sur les armes imposé aux États-Unis à la suite de l’accord de paix dans les Balkans. Il a ajouté que les négociations sur le financement du programme se poursuivaient mais que l’Arabie saoudite était prête à donner « jusqu’à 50 millions de dollars », soit entre 15 et 25% du coût total. Le responsable saoudien a minimisé le rôle de l’Iran en Bosnie, affirmant que Téhéran avait « la bouche la plus forte » mais n’avait pas contribué à peu près autant d’argent à la cause musulmane à Riyad. Selon des responsables occidentaux, la contribution iranienne était importante et comprenait des centaines de volontaires, des armes légères, des grenades propulsées par fusée et du matériel de secours humanitaire. Des responsables américains et des diplomates occidentaux ont repéré au moins un avion cargo Boeing 747 iranien rempli d’armes garé à l’aéroport de Zagreb en 1994 ». Les iraniens disposant d’un drôle de 747 cargo, en fait le seul appareil au monde de ce type transformé en avion ravitailleur !!!  » Le responsable saoudien a déclaré que la plus grande partie de l’aide saoudienne aux musulmans de Bosnie avait été acheminée par la Croatie, qui contrôle l’accès de la Bosnie à la mer et à l’Europe occidentale, et a procédé à une réduction de 50% de toutes les livraisons d’armes. Certaines livraisons d’urgence ont été effectuées sous forme de vols nocturnes secrets à destination de Tuzla et d’autres aéroports sous le contrôle des autorités bosniaques ».  Des vols dont avaient eu vent les militaire français :  « Les responsables du ministère français de la Défense ont insisté à plusieurs reprises sur le fait que les États-Unis avaient facilité une série de vols mystérieux à destination de Tuzla pendant la guerre, à bord d’avions de transport américains C-130, qui avaient été témoins des observateurs américains. Les autorités américaines ont nié toute implication dans l’organisation des vols et ont laissé entendre que la Turquie pouvait en être responsable ».

 

Pour ce qui est des armes fournies par les Russes aux pro-Assad, on peut relie ceci

Les mensonges de Poutine (3) ses mercenaires et leurs cargos à légumes

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

MH-370 (14) : c’est en Bosnie que ça a commencé

MH370 (16) : roumanie et bulgarie

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La Malaisie ayant choisi comme hub Bakou, pour faire circuler des armes, et le pays n’était pas le seul à le faire.  Les avions de Silk Way y étaient très présents (nous reviendrons sur eux très bientôt) mais aussi d’autres, qui vont nous emmener en Bulgarie maintenant : ce pays est un approvisionneur connu en armes légères, en qualité de producteur d’armement, un système florissant qu’il a hérité de l’ère soviétique.  Un commerce se faisant aujourd’hui sous le manteau et que l’on a découvert il y a quelque années grâce à des gens tels que Constantin Vasilescu.  Et un autre trafic florissant…
Nota : à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic. La série a débuté ici
Direction la Roumanie, tout d’abord !

Commençons par un détour historique par la Roumanie, tout d’abord (à droite un Antonov bulgare et non roumain, celui d’Air Sofia, le LZ-SFA). Valentin Vasilescu nous a raconté un peu partout qu’en 1998, déjà, les autorités roumaines avaient inventé une affaire de contrebande de cigarettes contre lui.  Arrêté à l’âge de 37 ans et emprisonné trois mois, il avait ensuite perdu son poste de commandant adjoint de l’aéroport international d’Otopeni.  Il avait auparavant été pilote de chasse et instructeur sur MIG 21 à Bacau (cf ici à droite).  Plus tard, un juge l’avait innocenté, la CPIJ admis son erreur judiciaire, et a même ordonné à l’État de payer des dommages et intérêts de 358 000 lei, mais il n’a jamais reçu cet argent. Après cela, il est entré en politique… côté droite, très droite même, à Alba, dans le Parti de la Grande Roumanie, un parti nationaliste, dans lequel il est devenu député de 2000 à 2004. En 2007 ce parti s’était joint au Front National lors de l’accession de la Roumanie à L’Europe… Le Parti avait été créé par Tudor Vianu, celui qui passait pour le « poète » à la cour des Ceaucescu, impressionné lui même par Eugen Barbu, et lui même un nostalgique de Ion Antonescu ! Un parti d’extrême droite à part, car en 2003 Tudor se déclarait philo-sémite, une exception dans la région…  Revenons à l’avion, un An-12 (et non pas un Ill-76 comme on avait pu le lire à une époque) : en fait, il n’y avait pas de cigarettes à bord:  l’appareil appartenait à Viktor Bout, opérant sous le nom d’Air Sofia, qui avait été chargé en pleine nuit à l’aéroport de Bucarest-Otopeni.  Ci-contre, l’avion tel qu’il devait se présenter à l’époque, mais c’est ici le LZ-SFA, photographié au Luxembourg le 27 août 1993 par Tony Decker.  Officiellement, Air Sofia appartenait à Georgi Ivanov et Lilian Todorov.  Pas de cigarettes, en effet, mais… des armes.  Vasilescu n’aurait jamais dû voir cet avion passer…  Ici à droite le LZ-SFR d’Air Sofia en train de décoller de Maastricht-Aachen en 2005. Et là l’UR-11765 ,ex LZ-SFM ayant plié son train à Kiev le 5 septembre 2004.  L’avion sera scrappé.  Au bout du trafic, il y avait en effet Shimon Naor (Shimon Naor-Hershkovitz), déjà décrit ici, l’ami de l’ex président roumain Emil Constantinescu. Selon Valentin, l’intelligence militaire roumaine était au courant et protégeait ce trafic, qui n’était pas seulement qu’un trafic de cigarettes, donc.  Un trafic qui avait lieu sur l’aéroport de Bucarest et en même temps dans la zone de libre-échange d’Agigea, dans le port de Constanta (ici à gauche). Un trafic dont les revenus servaient aussi à soutenir selon lui des organisations islamistes.  A la tête du réseau on trouvait George Dumitrescu, un des officiers de haut rang de la brigade anti-terroriste du SRI (Service de renseignement intérieure roumaine), « qui coordonnait les activités de citoyens arabes et de leurs frères musulmans en Roumanie » selon Valentin.  A noter qu’ici en janvier 2005 le bulgare LZ-SFR servira de support aérien au Paris-Dakar : il est photographié à Ostende, portant le logo de l’épreuve et celui de Elf (ici à droite)… les avions de Viktor Bout, impliqués dans le trafic, venant non seulement de Roumanie mais aussi de la République de Moldavie voisine. Tel l’Antonov 12 LZ-SFK d’Air Sofia qui deviendra un temps Air Afrique (pour 8 mois en 1994) avant de retourner chez Air Sofia (1). Il passera ensuite au Sri Lanka, ira chez DHL Air puis deviendra United International Airlines (YU-UIC, en 2007) pour finir en 2008 stocké par S Group Aviation sous l’immatriculation EX-153.  S Group, société aérienne bannie de l’entrée en Europe pour manquements à la sécurité…  A noter qu’Air Sofia faisait aussi dans les grandes largeurs, car elle possédait un Antonov 22, immatriculé LZ-SFD (en fait il  était loué à l’Antonov Bureau auquel il reviendra en 1993. Il est aujourd’hui au musée Speyer en Allemagne) :

Des vols suivis par la CIA !
J’ai décrit tout ça… il y a huit ans déjà en précisant qu’ils étaient l’objet d’une certaine attention : « tous ces vols sont suivis de près par… la CIA.« Un journaliste de la télévision polonaise, M. Witold Gadowski, a rapporté dans son article, publié en mars 2008, que de juillet 1997 à octobre 1998 seulement , des officiers de la CIA ont répertorié 37 vols d’avions de Victor Bout de la Mer Noire, à l’aérodrome de Bourgas vers les pays africains. Seulement pour l’Angola, les compagnies aériennes de Victor Bout ont livré pour 15 millions de dollars de dollars d’obus d’artillerie, 20 mille obus de mortier ainsi que 20 lanceurs de missiles et 6 300 missiles. En Afrique, Bout a coopéré avec un autre fameux marchand d’armes, Ranjivan Ruprah, du Kenya ».  Ensemble ils dirigeaient en effet West Africa Air Services (ici son Boeing 727 YU-AKK, emprunté en 2003 en leasing à JAT Yugoslav Airlines qui lui reviendra en 2004) qui s’associera avec la société Renan basée à Moldova, qui effectuait des transports d’armes vers les pays à embargo sous d’autres noms.  Burgas était le nœud central du trafic de cigarettes organisé au profit de Milosevic, auquel a aussi amplement participé Victor Bout (à droite  l’Antonov 12 ER-ADD de Renan en train d’être retapé à Chisinau, en 2010 :  il y était depuis 2007. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas de première jeunesse !).  La Roumanie n’a pas arrêté d’en vendre depuis, des armes, loin de là.  Au 1er septembre 2010, un rapport indiquait que la Roumanie avait accordé 432 permis en 2009 pour des ventes d’armes, dont 294 « d’importation et de transfert » pour une liste de clients dont la tête était tenue par l’Algérie, l’Afghanistan, les USA et l’Iraq, pour 145 millions de dollars au total. Les importations représentant 72 millions de dollars, notamment de la France (!), des USA et d’Iraq (?).
Le 19 juin 2010, Amnesty dénonçait ce trafic en termes très nets.  « Le rapport cite en tant que vendeur bulgare provenant de Sofia les armes livrées par Armico Ltd, qui avait l’autorisation du gouvernement bulgare de les exporter au Rwanda. La Bulgarie, les gouvernements français et kenyans qui ont permis l’exportation et le transit de la cargaison d’armes à travers leurs territoires ont omis d’arrêter ces transferts, selon le rapport ».  Aujourd’hui encore, la page d’accueil de l’adresse du site d’Armico annonce clairement la couleur (ici à droite).  On retrouve aujourd’hui en Syrie, le pays faisant partie de la pléthore de pays fournisseurs d’armes dont la BBC avait dressé une très bonne liste le 14 juin 2013, déjà.  Arsenal, firme également bulgare, est aussi fort présente sur place, avec notamment son fort reconnaissable lanceur de grenades MSGL retrouvé partout, comme ici à gauche  chez les islamistes anti-Assad, et présenté avec ce commentaire : « on ne sait toujours pas comment ces armes ont pénétré en Syrie et en Irak. Des positions en Irak, par les Etats-Unis et soutenues par les forces de la FSA en Irak, puis transportées vers l’EI. Des cartouches tirées à 40 x 46 s Arsenal – marquées pour indiquer la production en 2014 – ont été documentées par ARES en février 2016, ce qui pourrait indiquer que les lance-grenades MSGL observés en Irak sont originaires de Syrie ».
Les circuits habituels et le rôle déterminant de l’Ukraine
Bucarest-Otopeni a été visité par d’autres avions.  Dans le rapport indispensable « The arms flyers. commercial aviation, human rights, and the business of war and arms » de  et  sorti en juin 2011 il est écrit que « l’avion AN-12 (numéro d’immatriculation UR-CAK, fabriqué en 1966) avait quitté Zagreb, en Croatie le 15 juin (comme vol MEM4060), et en théorie aurait pu voler directement à Malabo« . « Avec une cargaison de 10/15 tonnes, cependant, l’aéroport de Kano était juste à la limite de sa capacité de vol ».  Le rapport suit la découverte, le 17 juin 2009 au Malam Aminu Kano International Airport, de l’avion bourré d’armes destinées à la Guinée Equatoriale, venu se poser en express pour ravitailler. « Dans les mois qui ont précédé Zagreb, l’avion a fréquemment circulé entre plusieurs aéroports, dont Ljubljana (14 juin); Le Caire (13 et 6 juin); Tel Aviv (6 juin); Maastricht-Benghazi (3 juin); Francfort (29 mai); Larnaca (28 mai); Glasgow-Prestwick (25 mai); Luxembourg (5 mai); Varsovie (5 mai, 28 et 29 avril), Bucarest-Otopeni (24 avril); Izmir (23 avril); Malte-Luga (4,5 avril et 6) et Nice (le 3 avril). Depuis juin 2007, l’avion appartenait à une société appelée «Meridian Aviation Enterprise of Special Purpose», basée à Poltava, dans le nord-ouest de l’Ukraine. Meridian a été fondée en 1999 sous le nom de Poltava Universal Avia (OACI: POV alias Air Poltavia que l’on trouve dans cette longue liste ukrainienne.  Poltavia hébergeant une base militaire) mais son nom a été changé en Meridian en 2007 et était la propriété de l’ Ukrainian State Property Fund. Selon la station de radio nationale ukrainienne NCRU, la société devait être vendue à des particuliers. Le 18 juin 2009, le gouvernement ukrainien et Ukrspetsexport, l’entreprise en charge des exportations d’armes ukrainiennes, a nié que l’Ukraine avait un lien avec l’expédition d’armes, et que l’opération avait été gérée par une société basée à Chypre appelé Infora Ltdsco (son domicile à Nicosie). Velimin Chavdarov, directeur d’Infora, et Nikolay Minyajlo, directeur du Meridian, ont tous deux déclaré qu’il était responsable des autorités nigérianes. Des recherches plus approfondies effectuées par Amnesty montrent que Infora Ltd avait été enregistrée à Chypre par un avocat spécialisé dans la fourniture de services de constitution en société, dont l’adresse est à « Stasinou 1, Mitsi bâtiment 1, 1er étage, plat / Offtce 4, Plateia Eleftheria, PO Box 21294 , PC 1505, Nicosie, « où de nombreuses autres entreprises sont » domiciliées «. Cependant, Infora (un courtier spécialisé dans l’équipement militaire et des fournitures) présente une autre adresse à » 24 Turovskaya St., bâtiment 4, PO Box 112, 04080 « à Kiev, Ukraine.  Les tentatives visant à atteindre les propriétaires ont échoué. Le SIPRI dans son Background Paper de Février 2011 avait également cité l’exemple, accusant alors l’Ukraine d’inonder d’armes l’Afrique sub-saharienne.  Meridian (Aero Charter Ukraine) se rebaptisera (Ukraine Air Alliance), l’un de ses appareils, l’UR-DWF, un Antonov An-12BK sera aperçu ainsi de passage à Châteauroux comme ici le 13 juillet 2013 (photo Zaninger Jonathan).  On filme ici en juin 2017  l’Antonov An-12 UR-CAJ passant au dessus de Vatry où « 49vols  d’Ukraine Air Alliance/Meridian ont été aperçus de puis 2007 » (ici le même au décollage à Eindhoven, faisant toujous autant de fumée, l’une des caractéristiques de l’An 12)…  Devenu Air Scorpio, il s’écrasera le 30 août 2014trois minutes après son décollage de Tamanrasset en Algérie (ici à droite).  L’appareil venait de Glasgow-Prestwick Airport le 29 août par le vol UKL4012, amenant de « l’équipement pétrolier »  à Malabo en Guinée Equatoriale.  Selon les constatations, il volait largement surchargé.  Un vol Ukraine Air Alliance a récemment transité par Malte, en février 2018 auparavant, en traversant toute la France en travers. Direction très certainement… la Libye.  En 2016, un autre Ukraine Air Alliance fort reconnaissable (l’UR-CGV, ici à Copenhague) avait été filmé au départ de Belgrade. Ex Meridian et ex Ruby Star, (et aussi Vega Air) deux sociétés marquées par des vols remplis d’armes. Et donc certainement pas chargés de timbres-poste…

 

L’histoire édifiante de l’Antonov destiné à… Teodoro Objang

Sergio Finardi, Peter Danssaert, spécialistes de la traque du commerce des armes, racontent ici en détail l’histoire de l’Antonov au service de….Teodoro Objang : « le 16 juin, à deux heures du matin, un Antonov 12, un avion cargo transportant environ 20 tonnes de matériel, effectue un arrêt d’urgence pour des problèmes techniques à l’aéroport international « Mallam Aminu Kano », dans le nord du Nigéria. utilisé pour le ravitaillement des avions en provenance d’Europe et se dirigeant vers l’Afrique centrale. Quelque chose ne va pas dans la relation entre l’équipage de l’avion et les autorités aéroportuaires, ou peut-être que les services de sécurité nigérians (SSS) sont alertés par certaines informations et procèdent à l’inspection de la cargaison. À bord, 18 caisses contiennent des quantités importantes de munitions, en particulier de 60 à 80 millimètres par mortier, ainsi que des mitraillettes et des lance-roquettes. La cargaison et l’avion sont saisis et les enquêtes commencent. Les médias nigérians rapportent que les armes viendraient d’Ukraine et seraient destinées aux « rebelles » du « Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger ». Une photographie montre que l’Antonov 12 était à Zagreb, en Croatie, le 14, la veille de son départ pour Malabo, sur l’île de Bioko, où se trouve la capitale de la Guinée équatoriale, à 250 km au nord-ouest du territoire continental (voici la photo décrite ici à gauche).  L’appareil, portant le numéro d’immatriculation Ur-Cak (« Ur«  signifie Ukraine), appartient à la compagnie aérienne « Meridian Aviation Enterprise of Special Purpose », basée à Poltava, dans le nord-est de l’Ukraine. Le 18, le gouvernement ukrainien et Ukrspetsexport, la société qui contrôle les exportations d’armes ukrainiennes, nient avoir à faire face à cette charge (selon Izvestia et Kommersant).  L’enquête entre-temps passe aux services de renseignements militaires nigérians (Mdi) et à Kommersant que le MDI aurait établi des armes (le ministère croate de la Défense) et la destination (le ministère de la Défense de la Guinée équatoriale) ». Ici à droite le cockpit de l’Ukraine Air Alliance An-12BK UR-CZZ  (photo SjPhotoworld.  A noter le GPS installé façon voiture par ventouse sur la planche de bord et les ventilateurs « domestiques » :  on n’est pas dans le récent matériel en effet.. !!! ) « Les armes ont effectivement été chargées à Zagreb et une entreprise de Nicosie (Chypre), Infora Limited, organisait le marché.  Selon le directeur d’Infora, Velimin Chavdarov, et le directeur du méridien, Nikolay Minyajlo, tous les documents seraient en règle et la saisie de l’avion ne serait pas justifiée. Donc tout est régulier ? Cela dépend du type de régularité auquel on se réfère, en commençant par le destinataire et le fournisseur. (…) Si l’information est correcte, la Croatie aurait, semble-t-il, autorisé l’exportation de 10/15 tonnes d’armes à l’une des pires dictatures de facto, si ce n’est du nom, du continent africain. Et on dit que ces tonnes étaient les seules, car il n’y a toujours pas de données sur les exportations d’armes pour 2009.  La Croatie devrait devenir membre à part entière de l’Union européenne depuis 2010 (…) L’avion et le transporteur: L’appareil – le numéro d’usine 6343707, entré en service dans l’aviation militaire ukrainienne en 1966 – passe à l’Ukrainien Meridian en juin 2007 (qui change son immatriculation d’Er-Aci, Moldova, à Ur-Cak, Ukraine), après avoir été sous différents opérateurs (l’Ukrainien Icar, les Moldovans Jet Line International, le Groupe Aero-Nord et Aerocom, ce dernier étant impliqué dans le trafic d’armes pour la Sierra Leone et, en 2004, dans les envois « couverts » de armes de l’aéroport musulman-bosniaque de Tuzla). Très actif dans certains aéroports européens (Ostende, Maastricht, Budapest, Varsovie, Glasgow-Prestwick, Luga-Malte) et en Afghanistan, le 28 mai dernier, il se trouve à Larnaca, à Chypre et à Francfort, avant de prendre l’avion pour Zagreb ».  Avant d’être Meridain, l’Antonov était Aerocom et Jet Line International , toutes deux accusées de trafics d’armes (cf UNODOC « The Globalization of Crime : A Transnational Organized …2010).  Surprise, l’appareil est devenu depuis Ukraine Air Alliance (UAA), il vole toujours, la preuve ici en photo à l’aéroport de Munich le 6 août 2018.  Les vieux An-12 fument toujours autant… que faisait-il là Honolulu le 20 septembre dernier, c’est une autre histoire encore je suppose.  Ici on peut l’admirer en janvier dernier en train de se battre contre des vents cisaillants à l’atterrissage (difficile) au Portugal sur le Manises Valencia Airport (VLC) piste 30.  Il est bon pour un changement de pneus !
Un exemple type 
Dans le livre The Washing Machine, de Nick Kochan, spécialiste incontesté du blanchiment d’argent, qui dénonce le peu d’empressement des Etats à arrêter les trafics d’armes, on peut lire un exemple probant des méthodes de livraison des armes ukrainiennes.  Selon The Guardian, ces monnayeurs sont aussi liés à la mafia, et à la drogue, et l’ensemble génère une violence inouïe, et fabriquent ce que le journal appelle des « gouvernements fantômes » (encore du Ross et Wise !) :  « Les mafieux qui ont eu accès aux industries d’État nouvellement privatisées dans les pays en mutation politique sont poursuivis par l’Occident. La manipulation financière peut être institutionnalisée, comme en témoigne la rapidité et l’efficacité avec lesquelles l’Occident a absorbé le capital libéré de la faillite de l’ex-Union soviétique. Les banques établies de l’Ouest ont collaboré avec des opérateurs douteux en Russie sous le nez de politiciens à la fois en Russie et aux États-Unis. Les agences de renseignement, telles que la CIA, qui manipulent et distribuent de l’argent noir aux gouvernements, ont une influence sur les régimes instables. Ces groupes fantômes sont sans doute parmi les plus actifs de tous les blanchisseurs d’argent. Les ressources financières possédées par Oliver North, l’architecte de l’affaire Iran-Contra dans les années 1980, l’ont placé au premier rang des blanchisseurs d’argent. Les produits du commerce de la drogue ou d’autres produits de contrebande financent des groupes criminels organisés. Les groupes les plus établis de gangs criminels organisés cherchent à investir dans l’économie «légitime» en achetant des entreprises ou de l’immobilier. Les parties moins établies sont susceptibles de faire le commerce d’armes illégales pour lesquelles les commissions et les profits sont énormes. L’économie monétaire est toujours le rempart du criminel. Parler de « dématérialisation » c’est-à-dire transformer de l’argent en chiffres et en octets, n’a pas empêché le mouvement des billets d’un dollar à travers les frontières du monde entier. Les messagers opérant pour des trafiquants de drogue ou des terroristes sont régulièrement pris avec des billets en dollars ou des billets de grande valeur libellés en euros attachés autour de leur torse ».  La similitude avec le trafic de drogue est flagrante en effet : « Les blanchisseurs ont pris exemple sur le livre des trafiquants de drogue en concevant des systèmes de transfert d’argent. Les groupes qui se livrent à des actes de violence politique sont les principaux clients des trafiquants d’armes. Les signaux d’argent des malfaiteurs diffèrent de ceux signalés par des terroristes, car le premier montre l’exploitation du système financier à des fins d’acquisition. La majeure partie de l’argent des terroristes, par contre, est dépensée sur le marché noir pour acheter des armes.
Des armes par milliers 
Et il y a de quoi s’inquiéter en effet. Selon le Sipri, l’Ukraine en avait en effet à revendre des armes.  A profusion : « après l’effondrement de l’Union soviétique, l’Ukraine a hérité d’environ 18 000 pièces d’artillerie, 11 000 véhicules blindés, 9 000 chars, 4 000 avions de combat et de transport, des millions d’armes légères et de petit calibre et des tonnes de munitions. estime la valeur des avoirs et des excédents ukrainiens à environ 90-100 milliards de dollars. Le SIPRI estime à 72% du volume les exportations ukrainiennes des principales armes conventionnelles vers l’Afrique subsaharienne. L’Afrique au cours de la période 2005-2009 est venue de l’excédent. Pendant la période 2005-2009 l’Ukraine a fourni des avions de combat d’occasion et des hélicoptères au Tchad, la République du Congo, à la Guinée Equatoriale et à l’Ouganda. Ses véhicules blindés et son artillerie excédentaires ont été fournis au Tchad, à la RDC, au Kenya et à l’Ouganda. » (…) « En 2002, le gouvernement ukrainien a demandé une aide internationale pour disposer de 1,5 millions d’unités de petit calibre et des armes légères (ALPC) et 133 000 tonnes de munitions classiques de plus de 12 ans. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), avec les États-Unis comme chef de file, a accepté de soutenir quatre phases d’ALPC et la destruction des munitions en Ukraine (en photo les trois types d’appareils utilisées  par Renan : l’Antonov 12, l’Illiouchine 18 et l’Antonov 32).  Un accord a été conclu en Novembre 2005 avec la première phase de destruction de 400 000 unités ALPC , 15 000 tonnes de munitions conventionnelles et 1000 systèmes de défense aérienne portable (MANPADS) en janvier 2006 – décembre 2008.  En raison d’un certain nombre de politiques et des problèmes techniques, la première phase est en cours d’exécution en retard avec moins de la moitié des unités d’ALPC et un peu plus de la moitié des munitions détruites en avril 2010. La première phase est maintenant devrait être achevé en avril 2011.  Des discussions sont en cours sur la seconde phase du projet, une proposition visant à détruire 366 000 unités d’ALPC, 76 000 tonnes de munitions conventionnelles et environ 3 millions de mines antipersonnel PFM-1. Cependant, il est probable que l’Ukraine devra inclure les MANPAD dans les plans de destruction afin d’obtenir des fonds des États-Unis. Comme l’Ukraine a signalé l’exportation de plusieurs centaines de milliers d’unités d’ALPC excédentaires au cours des dernières années, les retards dans la mise en œuvre de la première phase sont probablement liés au fait que l’Ukraine pourrait générer des revenus par l’exportation des ALPC excédentaires et de leurs munitions. L’Ukraine, à l’instar d’autres États d’Europe centrale et orientale, a répondu positivement aux discussions engagées par les États-Unis et d’autres États membres de l’OTAN sur la destruction des ALPC et des munitions excédentaires.  Cependant, les demandes ultérieures des États-Unis visant à fournir des ALPC et des munitions excédentaires aux forces de sécurité afghanes et irakiennes ont été compromises par la destruction. Tant que des revenus peuvent être gagnés de la vente d’ALPC et de munitions excédentaires, il sera difficile de persuader  l’Ukraine et d’autres pays d’Europe centrale et orientale de mettre à disposition leurs excédents pour leur destruction ».  C’est le serpent qui se mord la queue en fait :  les Etats-Unis paient pour que l’arsenal des anciens pays de l’Est.. mais s’ils éprouvent la tentation d’en racheter.  Cela met à mal le système car de les vendre rapporte bien plus en effet !

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

MH-370 (15) : de la Bosnie aux cartels mexicains, en passant par… Roubaix


MH370 (17) : la piste canadienne

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Ce que vous allez lire maintenant durant trois épisodes est une découverte historique. En me plongeant dans cet effrayant dossier sur la circulation des armes, cet immense iceberg, j’ai plongé en effet plus profond que prévu, pour aboutir au final dans les années soixante, en commençant par des textes écrits une vingtaine d’années plus tard, et portant sur une petite entreprise canadienne fort particulière comme vous allez le voir. On trouvait chez elle déjà, tous les ingrédients actuels du trafic dénoncé (celui de l’affaire des Contras à l’époque) : des armes de l’ex-empire soviétique, un financier arabe (d’Arabie Saoudite) dont le nom a évoqué autre chose fort récemment, des sociétés écrans panaméennes, et une entreprise américaine dont l’étude va se révéler fort surprenante, car elle sévit toujours, cinquante ans plus tard, comme vous allez le voir…

Nota : à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic. La série a débuté ici

 

C’est encore un article saisissant qui nous fait le détail des opérations jusqu’ici restées obscures. Il s’intitule « The Canadian Connection » et il a été écrit par Dan Burke en août 1987.  On le trouve dans le fond d’archives (proposé en ligne gratuitement) de la revue hebdomadaire MacLean’s, qui a été fondée en 1905.  C’est un peu la pierre de Rosette des transferts massifs d’armes via le Canada, et surtout l’exposition en détail du rôle d’Emmanuel Weigensberg et de sa société… familiale, incluant Sucher, son propre beau-frère.  Dès les premiers lignes, on est en effet vite baigné dans l’affaire et la forte implication de la famille Sucher : « le sénateur Daniel Inouye, le démocrate hawaïen qui préside le Comité mixte du Congrès sur l’affaire Iran-Countras, a manifestement eu une attitude nostalgique. Il a déclaré aux journalistes la semaine dernière que les audiences télévisées pourraient bien finir par laisser de nombreuses questions sans réponse. Inouye a déclaré: « Le puzzle ne sera pas complet. » Mais de nouveaux documents – publiés par le panel et obtenus par Maclean’s – ont ajouté des pièces manquantes à deux parties du puzzle mettant en cause les principales connexions canadiennes du scandale. Un document révèle qu’un marchand d’armes fantôme montréalais nommé Emmanuel (« Manny ») Weigensberg – dont Trans World Arms Inc. a négocié les premières livraisons secrètes d’armes aux contre-rebelles nicaraguayens à la fin de 1984 et au début de 1985 – était plus engagé que prévu dans les transferts d’armes clandestins.  Les autres documents jettent un nouvel éclairage sur la manière dont les investisseurs mécontents des États-Unis menacent les investisseurs secrets américains. Les livraisons d’armes à l’Iran ont contribué au démantèlement de l’opération internationale secrète de l’automne dernier. »

Une petite entreprise bien familiale
Et en effet, pour être plus « engagé », le dénommé Weigensberg l’était. Le fameux « Manny » n’était, on l’a vu, que le beau-frère de William Sucher de Century International Arms !!!  TWA c’est en effet TransWorld Arms, qui est à l’origine du tout premier envoi d’armes, fin 1984, organisé par le général Secord, les armes ayant été négociées par l’entreprise d’armement portugaise connue sous le nom de Defex, qui avait alors récupéré des armes provenant de… la République populaire de Chine !!!  Ici à gauche Masha Lloyd, devenue une grande fan d’Internet, nous montrant une photo du stand de Defex à un salon de l’armement de 1982 alors qu’elle n’avait que 25 ans.  Derrière elle les obus et les mitrailleuses produits par la firme.

Un contrat à 2,3 millions de dollars pour le Pentagone (cela ferait aujourd’hui 7 038 055 dollars), sur les 8,5 de dépenses affiliées à l’affaire des Contras, dégageant un profit de 720 400 dollars, dont Weigensberg recevra environ le 1/3 (240 133 dollars ce qui ferait aujourd’hui 734 405 dollars), le personnage arrosé au passage étant l’avocat Thomas Green, qui avait introduit Secord auprès de TWA, Secord touchant lui-même avec Hakim 120 066 dollars (367 202 dollars de 2018). Pour les voyages suivants, Secord ne s’embarrassera pas de Weigensberg et traitera directement avec Defex, espérer ainsi des profits personnels plus élevés : leur priorité était avant tout de s’enrichir personnellement au passage, l’éthique politique ou un quelconque esprit de patriotisme étant le cadet de leur soucis.  En janvier 85 une deuxième phase de transferts débute avec Defex, mais cette fois ce sera par avion.  Secord contacte Richard Gadd, ancien comme lui de l’Air Force qui recommande alors SAT (Southern Air Transport).  Les autres compagnies qui seront appelées seront Eagle Aviation Service and Technology de Richard Gadd, à la tête aussi de EAST et AirMach), et aussi Arrow Air et F. A. Conner Air.  On retrouvera chez Conner, alias « Gus », un certain Gary Hemming, tireur d’élite souvent cité dans l’affaire  Kennedy à Dallas.  Toute son histoire est lisible ici.  A gauche, son DC-6 immatriculé N28CA, photographié en juillet 1987 à Willow Run, à Detroit, là où est installé aujourd’hui Kalitta, qui est son digne successeur en fait… (on peut le voir ici se poser puis ensuite se parquer sur 2 moteurs; il était alors chez Wood Air Fuel Inc, et faisait un bruit… infernal.  On peut constater que l’un de ses moteurs pisse de l’huile sur le tarmac).  A droite, un peu plus haut, l’enregistrement du vol 1466SJ de la SAT.  Et sans oublier St. Lucia Airways où l’on va trouver Dietrich Reinhardt, et David Tokoph, autre marchand d’armes étroitement lié à la CIA (nous reviendrons aussi sur le personnage, très bientôt, et en détail à l’occasion d’un procès qui va se tenir… en France).  Des avions qui arroseront aussi l’Afrique :  le 28 janvier, 21 mars, 5 avril et 18 avril 1986, deux avions bourrés d’armes ont décollé de Saint Lucia, partis de Kelly AFB vers le Cap Vert, après un point d’essence pour rejoindre le Congo DR, vers la base de Kamina : un B-707 et un L-100.  Les deux sont visibles ici :

 

 Des bénéfices à partager… ou non


« En raison des retards dans la livraison du chargement d’armes de la phase I et afin d’éliminer Weigensberg et Green des bénéfices partagés, Secord a recruté deux anciens collègues, Clines et Rafael Quintero, pour organiser un second achat d’armes. La connaissance de Clines avec le propriétaire de Defex (Portugal) a permis à Secord de travailler directement avec cette société. Tous les profits de cette vente et des ventes d’armes ultérieures ont été alloués à Secord, Hakim et Clines. Quintero a reçu un salaire mensuel ainsi que des primes pour la réussite de ses livraisons d’armes.
« Les livres de CSF montrent que les contras ont payé 1,235 million de dollars pour les armes contenues dans ces deux envois. Les bénéfices totaux étaient de 310 840 dollars. Secord et Hakim ont chacun reçu 40% des bénéfices (soit 124 336 dollars chacun) et Clines 20% (62 168 dollars). » Les armes avaient été livrées par Trans World Arms à Energy Resources International, une société Panaménne créée de toutes pièces par Secord pour alimenter les contras. A droite l’avion transporteur, le Boeing 707-369C N523SJ de Southern Air Transport photographié à Miami le 6 juin 1985. Quintero (ici à gauche) est lui aussi, quel hasard, lié à l’assassinat de Dallas en tant que membre des cubains d’Artime, cité par Fabian Escalante (CIA Covert Operations: 1959-62), un des participants à l’Operation 40, des cubains anti-castro bien aidés par Frank Sturgis et là Central Intelligence Agency.  On le retrouvera avec  Carl E. Jenkins, David Sanchez Morales, Rafael Villaverde, Felix I. Rodriguez et Edwin Wilson dans des opérations douteuses de la CIA au Laos.  Selon Spartacus, « dans une interview avec William Law et Mark Sobel en 2005, Gene Wheaton a affirmé que Rafael Quintero et Carl Jenkins étaient tous deux impliqués dans l’assassinat de John F. Kennedy« .

Des gens toujours en place, des lampistes en prison

« Weigensberg semble avoir eu un lien de longue date avec l’un des homes les plus controversés du scandale, retiré par les États-Unis. Le major général de l’armée de l’air Richard Secord, ancien conseiller du Conseil de sécurité nationale, Oliver North, a été recruté pour mettre en place ce complexe, une opération secrète d’armes au printemps 1984. Secord, de son côté, entretient des liens étroits avec Energy Resources, qui présente une adresse à Vienne, en Virginie. et la banlieue de Washington que le général a également fréquemment utilisée. Selon les enquêteurs du Congrès, Weigensberg et Secord se sont rencontrés par l’intermédiaire de leur avocat commun, Thomas Green, 46 ans (ici à gauche en 2017), et ont pris note de l’avocat pénal de Washington. En fait, les enquêteurs affirment que Energy Resources a versé à Green et à des «frais de recherche» de 45 000 dollars (également répertoriés dans le registre de Hakim) pour avoir mis Secord en contact avec Weigensberg. Les dossiers des douanes montrent que Green a été représenté Weigensberg dans des litiges douaniers avec les autorités américaines au cours de la dernière décennie. En 1976, les agents des douanes ont enquêté sur Weigensberg pour ne pas avoir obtenu de licences d’exportation pour des munitions, mais aucune accusation n’a été imposée. D’autres affaires concernaient le grand entrepôt et exportateur d’armes de Weigensberg, Century Arms Ltd., à Saint-Pétersbourg. Albans,Vt., Juste de l’autre côté de la frontière québécoise. Green était également l’avocat de Secord depuis 1982. Cette année-là, le général faisait l’objet d’une enquête pour liens avec l’ancien agent de la CIA, Edwin Wilson (ici à droite), qui purgeait actuellement une peine de 32 ans de prison aux États-Unis pour avoir exporté illégalement des armes en Libye ».

Le trésorier de l’opération : l’Arabie Saoudite (déja)  !

Mieux encore, quand on apprend qui a payé ces transferts : ce qui rappelle étrangement à la situation actuelle, à vrai dire, puisqu’il s’agit de l’Arabie Saoudite !  « Secord a témoigné qu’en juillet 1984, alors que le Congrès s’apprêtait à supprimer l’aide financière aux contras et que l’Arabie saoudite avait effectué le premier d’une série de dépôts mensuels d’un million de dollars sur le compte bancaire des îles Caïmans – North il lui a fourni une liste d’achats d’armes pour les rebelles. Secord a pris la liste directement à Weigensberg ».  On apprend aussi pourquoi le choix d’un canadien : « Secord a témoigné qu’il avait choisi une société non-US. société au cas où l’opération deviendrait publique. Mais les enquêteurs disent que Secord et Weigensberg avaient déjà discuté de la possibilité de faire affaire ensemble. Et les responsables canadiens soulignent que Weigensberg – qui a au moins six sociétés enregistrées au Québec ou au Vermont – est l’un des plus importants des 50 courtiers en armes du pays. »Ils achètent et vendent dans le monde entier. Ils ont toujours été en marge des choses. «  Le duo Weigensber-Sucher était effectivement au cœur des transactions ses Contras !!! « Depuis ses bureaux bien sécurisés situés au deuxième étage du 5340, rue Ferrier dans l’ouest de Montréal, Weigensberg fournit des antiquaires, des armes de sport et des armes militaires aux marchands d’armes depuis 1971, à l’origine sous le nom de Century Arms Ltd. Ses associés de longue date sont des membres de la famille Sucher de Montréal. Michael Sucher a succédé à Weigensberg à la présidence de Century Arms, qui partage une adresse avec Trans World, une société créée en 1980, mais Weigensberg en reste le président ».  Et mieux, ou pire encore, quand on apprend depuis combien de temps le manège durait : « au cours de ses 36 années de commerce d’armes, les enquêteurs du Dr Weigensberg ont affirmé qu’il avait également acquis une réputation dans ce qu’ils appellent communément « le marché gris », consistant à vendre des armes à des points chauds dans le monde. Un enquêteur du comité a déclaré: « Nous savons qu’il a beaucoup voyagé dans les pays du rideau de fer où les transactions en devises fortes de ce type sont très importantes ». Oui, on a bien lu 36 ans, en 1987 : ils avaient débuté en… 1951 dans le « gray market »  !!!

Transportées par Arrow !

Un commerce qui incluait déjà la Chine comme source d’approvisionnement :  « Adolfo Calero a affirmé dans son témoignage que son « principal intérêt » au milieu de 1984 était d’acquérir des roquettes SA-7 de construction soviétique et des lance-missiles portables disponibles en Chine et dans les pays du bloc de l’est pour contrer les Hind des Sandinistas de fabrication soviétique. – des hélicoptères ».  Ici, un excellent document sur l’armement des Sandinistes intrant les lance-roquettes Grad et les hélicoptères Mi-8,Mi-17 et Mi-25 Wind. « Un responsable chinois à Ottawa a déclaré que Weigensberg avait commencé à téléphoner à l’ambassade il y a environ cinq ans, cherchant des contacts avec des armes. Deux ans et demi plus tard, l’ambassade l’avait mis en contact avec la société d’État North China Industries Corp. (Norinco) et un consortium de défense qui ont contribué à faire de la Chine le cinquième exportateur d’armes au monde l’an dernier. Peu de temps après avoir reçu la liste des armes de Secord, Weigensberg s’est rendu en Chine.  Mais, selon un document  partiellement déclassifié, le  4 septembre 1984, un mémo de North  à son ancien président, Robert McFarlane, l’ancien conseiller à la sécurité nationale, le gouvernement chinois hésitait à envoyer le navire ».  Calero a témoigné que l’expédition de Trans World avait été tellement retardée que les contras l’appelaient « le bateau lent en provenance de Chine ».  Ses plaintes ont incité Secord à demander à Trans World un transport aérien d’urgence par avion.  Toujours avec des certificats de destination indiquant comme étant le Guatemala, Trans World a négocié une charge d’avion de 90 000 lb (40 tonnes) d’obus de mortier et de munitions de 7,62 x 39 mm, adaptées aux fusils d’assaut AK-47 de fabrication soviétique ».  Et sans surprise, on tombe sur une ligne aérienne bien connue : « le vol Arrow Air au départ de Lisbonne a été organisé par Southern Air Transport Inc., une ancienne compagnie aérienne de la CIA basée à Miami – également utilisée dans d’autres pays (…) Secord a témoigné que le prix des armes comprenait une marge bénéficiaire de 20 à 30%. Lui et Hakim ont reçu un tiers des bénéfices, tandis que Trans World a reçu les deux tiers. Secord affirme que le retard dans l’expédition de Trans World l’a amené à mettre de côté ses projets d’utilisation de cette société exclusivement. Au lieu de cela, il a écarté Weigensberg en faveur de l’ancien agent de la CIA, Thomas Clines, un ami de longue date, dont les arrangements pour les livraisons d’armes restantes donnaient à Secord une plus grande part des bénéfices. »  On remarquera que les chinois n’auront aucun scrupule à vendre des armes qui finiront dans les mains des adversaires de leurs amis et soutiens d’Amérique Centrale.  Car on peut difficilement imaginer que les chinois ne connaissaient pas les « end users » (les destinataires finaux) de ce qu’ils vendaient….

Pas que des armes, du C4 également !

« Mais cela n’a pas pris fin avec la relation de Secord avec Weigensberg. Les enquêteurs ont découvert que l’été dernier encore – lorsque Secord et Hakim ont soudainement pris la main et un mystérieux chargement de 2,8 millions de dollars d’armes soviétiques de fabrication soviétique, le général a de nouveau discuté d’un accord visant à les fournir à la CIA via Weigensberg. Mais cette fois-ci, après une réunion à Montréal, le marchand d’armes canadien perdit son offre au profit d’un autre courtier. Les enquêteurs doivent encore savoir si les envois de Clines ou de Trans World contenaient des cas d’explosif mortel et hautement contrôlé, la Composition C-4, ce que North avait inclus dans une liste d’armes à McFarlane du 9 avril. Le produit chimique, favorisé par les terroristes, n’est fabriqué que dans deux endroits: une usine de munitions au Tennessee et une usine commerciale appartenant à Produits Chimiques Inc. à Valleyfield, au Québec.  Selon Peter Maas, l’auteur de Manhunt, l’histoire de la manière dont Edwin Wilson a introduit clandestinement le c-4 en Libye, la substance est « l’explosif le plus puissant au monde – pas loin d’une réaction nucléaire ».  En fait, Maas en rappelant le cas de Wilson  » pour ce qui est de savoir pourquoi Secord et la société ont choisi de travailler au Canada, il avait déclaré: « je suppose que cela semblait être plus facile. » L’usine citée est celle de Produits Chimiques Expro, Inc, située rue Masson ST Timothée, à l’extrémité de l’île de Salaberry, qui fabrique des poudres propulsives pour fusées, et de la nitroglycérine.  Les poudres propulsives sont fabriquées à partir d’un mélange de nitrocellulose, de nitroglycérine, de nitroguanidine et d’additifs.  En 1991, la compagnie a cessé définitivement de produire de la nitrocellulose (le 27 juillet) et elle avait suspendu un temps la production de cyclonite (ou RDX).  En 2001 elle a été rachetée par SNC Technologies puis devenir aujourd’hui « General Dynamics Produits de défense et Systèmes tactiques-Canada« .  L’usine qui produit toujours des munitions diverses a été secouée par de longs conflits sociaux et des accidents dans les années 80.  L’ouvrage fondamental de Joseph J. Trento décrit les usages du C4 au sein de la CIA.  On retombe avec lui sur le cas de John Arthur Paisley et sa mystérieuse disparition,, décrite ici.  Un autre homme-clé de la brillante carrière de Lee Harvey Oswald !

Les « canadiens » avaient eu bon dos

Dans un encart du même article, le même magazine explique pourquoi le Canada était devenu si important pour les américains :  tout simplement parce c’est de là que pouvait venir la menace de révéler l’intégralité de l’affaire iranienne bien avant l’heure, ou plutôt que les américains désiraient garder secrète (il faudra attendre octobre 1986 et  la chute du C-123 de John K. Singlaub piloté par Eugene Hasenfus au Nicaragua, ici à gauche, pour que la presse s’en empare  véritablement et découvre au passage un dénommé Barry Seal).  Tout provenait des fiches d’un comptable installé à Monaco appelé Donald Fraser.  Le comptable avait lui-même été  alerté par un canadien de Toronto faisant dans l’immobilier, Walter Ernest (Ernie) Miller, embarqué lui aussi dans l’affaire comme on va le voir.  Etaient cités comme organisateurs des transferts d’armes, Manucher Ghorbanifar, agissant comme intermédiaire iranien, au nom du milliardaire saoudien Adam Khashoggi (l’oncle de celui qui vient d’être découpé en morceaux !).  Selon le texte, Khashoggi (ici à droite en train de faire la fête à Marbella) aurait tanné des « investisseurs canadiens », pour 13 millions de dollars pour permettre l’envoi rapide de pièces de missiles Hawks à l’Iran, le contrat portant sur 19,5 millions au total. On avait eu besoin d’argent dans un temps très bref, ce qui explique le taux faramineux avec lequel il avait été collecté : c’était en effet un prêt à intérêt de 20%, à rembourser en 30 jours qui avait été utilisé  !!! Khashoggi (2) avait immédiatement répondu oui, avec un tel rendement…royal !  Les soupçons porteront aussi un temps sur John Gamble, ancien membre (d’extrême-droite, anti-communiste notoire) du Parlement canadien et avocat à Toronto.  On s’apercevra après coup que Gamble était inscrit à la « World Anti-Communist League », une organisation créée à Taiwan, représentée au Canada par la « Canadian Freedom Foundation », et dirigée jusque septembre 1986 par… John K. Singlaub !!!  Gamble figure en bonne place dans l’ouvrage « Old Nazis, the New Right, and the Republican Party: Domestic fascist networks and their effect on U.S. cold war politics »  de Russ Bellant, qui explique beaucoup de choses sur la montée au pouvoir, 30 ans plus tard, d’un individu comme Donald Trump !  Un ouvrage pourtant paru en 1991 et qui éclaire beaucoup la politique récente américaine !

Alerté le 7 octobre par Fraser, un autre homme d’affaires, le fort discret new-yorkais Roy Furmark (ici à gauche)…  s’était empressé de prévenir le gouvernement américain, craignant que les investisseurs qui ne voyaient pas revenir leur argent aussi vite que promis menacent de tout divulguer aux sénateurs démocrates, citant parmi eux Alan Cranston de Californie, Patrick Leahy du Vermont, l’influent Edward Kennedy du Massachusetts ou encore Daniel Patrick Moynihan, de l’État de New York.  Cela aurait été désastreux pour Reagan, qui contournait alors le Sénat qui lui était hostile !  Selon Furmark, la divulgation possible de l’affaire avait mis William Casey, le directeur de la CIA du moment, en furie.  Preuve que c’était bien la CIA qui était à la manœuvre (bel aveu en effet) !!!  Une panique qui avait envahi tour le service, le texte citant un autre  fonctionnaire de la CIA, Charles Allen, qui avait alors écrit  noir sur blanc à Casey que «nous pourrions bientôt avoir un désordre incroyable sur le dos. «  Casey n’était pas le seul à s’inquiéter. Les documents décrivent une administration qui se démenait pour dissimuler la vente d’armes à la mi-octobre encore. « Une entrée dans les carnets de notes de North le 13 octobre montre qu’il s’inquiétait de l’exposition. Une semaine plus tard, il a rapporté qu’Allen était allé à New York pour rencontrer Furmark. Les mémos d’Allen indiquent que Furmark, au lieu d’être un intermédiaire, a été un acteur clé de l’initiative iranienne depuis sa création en janvier 1985″.  Pour ce qui est des « investisseurs canadiens » ça restait flou (trop flou dira-t-on plutôt !) : « Furmark a déclaré à Allen que Ghorbanifar et Khashoggi avaient remboursé 6,5 millions de dollars à un investisseur arabe, mais que les Canadiens n’avaient eu que de 1,4 million de dollars. »  Sur la personnalité même des « canadiens » prêteurs , on n’en a jamais su davantage :  selon Allen, Furmark avait décrit ces fameux canadiens comme des «entrepreneurs investissant dans le pétrole, l’or, les mines et l’immobilier».  En fait, explique le texte, «  Fraser et Miller – avec Khashoggi – avaient acheté d’importants blocs d’actions plus tôt cette année-là dans deux sociétés de ressources minières obscures de Vancouver, incitant leurs stocks à monter en flèche.  Allen a déclaré que Furmark avait qualifié les Canadiens de «personnes agressives et résolues», et que, à moins que quelque chose soit fait, il était «absolument certain» de «parler».  Selon Allen, Furmark a averti: «Nous ne devrions pas sous-estimer la détermination des Canadiens. «  Le trio de roublards avait-il lui-même avancé l’argent c’est fort probable, donc, en utilisant des prête-noms… canadiens !  Tout était histoire de bluff, l’exigence d’argent rapide de la CIA ayant déroulé le tapis à des margoulins appâtés par ces remboursements promis à un taux  faramineux !  Le Canada ayant beau dos dans l’affaire !!!  Et la CIA avait été roulée dans la farine par … l’inénarrable Adnan Khashoggi  (lire ici son portrait… à charge) !  Pour le Who’sWho des Contras, c’est ici.

Un autre distributeur bien « classique »

Dans la description des acteurs de l’affaire Iran-Contras, un autre nom que Weigensberg et Sucher est apparu : c’est celui du porte-parole de Century Arms, qui s’appelait Theo Prokos.  Or en étudiant des kalachnikovs russes de plus près, un spécialiste des armes a fait une autre belle découverte.  Celle d’une autre entreprise encore, appelée Classic Distributors, Inc, dont l’adresse est à Swanton, dans le Vermont.  La société a été constituée le 26 décembre 1989 et ne s’est dissoute qu’après le dépôt de l’exercice 2002.  L’auteur fait remarquer que c’est « un bon timing pour l’importation de SKS 45 russes de 1992 à 1996 » (c’est le fusil soviétique semi-automatique de calibre 7,62 mm M43, conçu en 1945 par Sergueï Simonov et mis en concurrence avec la Kalachnikov).  A droite la photo d’un soldat US en Irak en train de viser avec un SKS -de son nom complet Samozaryadnyi Karabin sistemi Simonova- prise aux insurgés talibans et munie d’une lunette de visée).  Un auteur qui fit aussi remarque que Swanton « est situé dans le comté de Franklin, dans le Vermont, à seulement 9 miles au nord de St. Albans. Nous savons tous qui a opéré à St. Albans dans les années 80 et 90.  Ces importateurs russes sont aussi incestueux que ceux de Chine ! » conclut-il.  L’auteur du post a décortiqué toute une série de SKS importées par « CAI » c’est à dire la Century International Arms, que l’on retrouve donc sur des imports récents.  L’auteur a trouvé un lot datant en effet de 2013, qui semble bien avoir été ré-estampillé par Century : «  Importés avec un lot de SKS chinois au premier trimestre 2013, ces pistolets portent la mention « Chine », alors que ce sont clairement des SKS45 russes.  Ces armes auront généralement une forme assez médiocre, une bonne partie d’entre elles se trouvant dans un stock incorrect ou ayant un couvercle de récepteur mal assorti » dit-il.  Aujourd’hui, la SKS, comme la Kalachnikov, se retrouve aux mains des cartels de la drogue au Mexique…  En France, une armurerie d’Auxerre la propose à 435 euros… (et bien plus cher ici).  L’entreprise américaine avait comme président, directeur et trésorier… Theo Prokos, et comme secrétaire un dénommé Jesse D.Bugbee.  Or celui-ci est un avocat, travaillant aujourd’hui chez Kissane Associates.  Prokos dirige aujourd’hui ProFam Holdings Inc et Gestion ProFam Inc, ex Les Uniformes Bel Air Inc.

Des ventes aidées par le cinéma et soutenues par d’étranges supporters

Tranworld n’a a pas eu que Theo Prokos pour la porter sur les fonts baptismaux. En 1989, une petite entreprise était apparue, appelée K.B.I. Inc., qui importait des pistolets israéliens Jericho ou des Armscor Philippins de 1911 ou ceux produits à Twin Pines’ Rock Island, et des armes légères russes ou hongroises, elles aussi. Parmi ses imports, des pistolets comme ceux signés ici à gauche, des FÉG modèle GKK-92C provenant de la FegArmy Kft, de Budapest.  Ses importations étaient re-signées « GKK »selon les initiales de la propre fille de l’importateur.  D’autres portes carrément un marquage « importé par Kassnar, Harisburg, PA », comme ici à droite.  Les israéliens était ceux produits par Israel Weapon Industries (IWI) dont KBI était le représentant aux USA.  Associé plus tard à Charles Daly et son fameux « Auto Ordnance 1911 », qu’il a racheté en fait, la société avait en effet pour responsable Michael Kassnar, qui faisait aussi dans la Kalashnikov avec par exemple ici à gauche un détail de ses SA 85 M, d’origine hongroise celle-là.  C’est en réalité la AK-63 (AMM en Hongrie) une variante « directe » de l’AKM (Kalashnikov AK-47, que Kassnar a été le premier à importer aux USA en 1985).  En 1989, la AK-63 a été interdite d’import, alors qu’il en avait déjà vend près de 7000 exemplaires.  Kassnar annonçait fièrement en 2016 sur You Tube  la mise en vente de ses fusils Galil ACE  Rifle chambrés en munition de 7.62 de l’Otan, mais c’est avec un autre engin qu’il a acquis une notoriété :  le Tavor, (qui doit son nom au référence au mont Thabor) un « bulbup » importé pour la première fois en 2012 aux USA. C’est un « long-stroke piston system » classique, tirant la 5.56×45 mm Otan, mais dont le chargeur est reporté à l’arrière, près de la crosse qui est courte. Pour mieux le fourguer au grand public, Kassnar a eu recours à l’aide d’acteurs de séries B, voire Z, tel Joe Mantegna, qui joue l’agent Special David Rossi dans la série TV “Criminal Minds” ou qui a interprété Joey Zasa in “The Godfather Part III”.  Mantegna a aussi prêté sa voix au personnage de  Gros Tony dans la série Les Simpson (et il a aussi été un temps bassiste dans le groupe Chicago !).  Lorsqu’il a présenté le Tavor, Mantegna était décrit comme « Friends of the IDF », mouvement promis par un groupe de supporters juifs appelés « Bullets & Bagels », d’Orange County, en Californie.  Le soutien avait diversement été accueilli…  Kassnar, sans surprise, fait également partie du groupe de la NRA qui a soutenu la candidature de Donald Trump… ce dernier et son fils ont une drôle de façon de voir les choses et le danger des armes.  Quand on a fait remarquer un jour à Trump Jr que les silencieux que la NRA voulait promouvoir étaient hyper-dangereux, il avait répondu que « c’est à propos de la sécurité et de la protection de l’audition »..

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(1) ici on a relevé quatre compagnies d’aviation ayant transporté des armes pour la CIA :

1) Eagle Aviation Service et Technologie (EAST). Cette société était dirigée par Gadd, qui possédait une grande expérience des contrats gouvernementaux impliquant une activité secrète. EAST a reçu 550 007 USD de la part de l’Entreprise pour ses dépenses annexes, notamment les travaux de construction d’une piste d’atterrissage secrète au Costa Rica, les paiements destinés aux spécialistes des communications, les démolitions d’experts, certains pilotes et les équipages. East, il faut le savoir, était aussi un sous-traitant de DynCorp Aerospace Technology.  Son directeur était un ancien de l’Air Force le colonel Thomas Fabyanic.
2. Amalgamated Commercial Enterprises. (ACE). La société panaméenne a été créée par Southern Air Transport à la demande de Gadd pour servir de couche financière ou de couche de dissimulation supplémentaire aux vrais propriétaires de l’opération de contre-réapprovisionnement à des fins de facturation. Après sa création à la fin de 1985, ACE a reçu et déboursé 1 540 956 dollars en fonds d’entreprise pour le fonctionnement. Cela comprend les paiements pour deux avions C-7 et un avion C-123, pour des services fournis par Corporate Air Services; et pour Southern Air Transport, les coûts ne sont pas directement remboursés par les comptes de Swiss Enterprise.
3. Southern Air Transport (SAT). Cette entreprise d’affrètement d’aéronefs à Miami a été utilisée par Enterprise à la fois pour les opérations en Iran et pour le compte de l’opérateur. En 1985 et 1986, il a reçu 1 935 596 dollars pour des services liés au contre-projet, notamment l’achat d’un avion cargo C-123, la réparation et la maintenance d’appareils, la vente de pièces de rechange et la fourniture d’avances en espèces aux opérations de réapprovisionnement en Amérique centrale. En outre, l’Enterprise a payé 200 000 SAT un avion Jetstar utilisé par Secord et d’autres entités pour des voyages pour les Contras. A son sujet, on peut noter que David Tokoph, marchand d’armes également, en possédait un, le N16AZ (le Lochkeed 1329-23E N°5156), acheté le 2 mars 1987, mais racheté à Sindicato Petrolero Mexicano S. A (et ex XB-DBT, ex Kuwait Airways.
4. Corporate Air Services  (CAS). Gadd a employé cette société de Pennsylvanie appartenant à Edward T. de Garay en tant que responsable sur site de l’opération de réapprovisionnement. CAS a reçu des comptes Enterprise Swiss et d’ACE 457 769 dollars pour les salaires et autres dépenses. 
(2) il faut savoir que c’est Rudolf Giuliani, alors procureur général de New-York, qui avait inculpé, le 21 octobre 1988, le milliardaire saoudien Adnan Khashoggi pour avoir servi d’intermédiaire à l’ancien dictateur philippin Ferdinand Marcos et à son épouse Imelda dans l’achat de plusieurs propriétés à Manhattan… Le Monde Diplomatique écrivait alors que « M. Adnan Khashoggi est l’incarnation de « ces inégalités qui sapent la démocratie » ; il possède indiscutablement la fortune la plus ostentatoire : Boeing privé transformé en palais volant ; un véritable paquebot de 82 mètres – le , Nabila – en guise de yacht personnel ; et des propriétés de rêve à travers le monde… son domaine de Marbella (en Espagne), par exemple, s’étend sur 1 900 hectares, avec cinq lacs artificiels, une réserve de chasse peuplée de mille deux cents cerfs et soixante-dix mille faisans, un héliport, des dizaines de chevaux, soixante-dix jardiniers.. Sa colossale fortune, il l’a bâtie sur une activité discrète ; le trafic d’armes. Dès le début des années 70, il contrôlait environ 80 % de tous les achats d’armes et d’aéronautique de son pays, l’Arabie saoudite. Représentant les firmes Northrop, Boeing. Lockheed, etc., il intervient dans la négociation des grands contrats, prélevant au passage de substantielles commissions. Sa devise (« L’argent est roi » ), constitue aussi son unique morale et l’époustouflant décor dont il s’entoure sert surtout à impressionner ses partenaires en affaires, avec l’aide – au besoin – de fort séduisantes hôtesses recrutées à prix d’or… Arguments convaincants mais parfois compromettants : son secrétaire, Abdo Khawagi, a été condamné à Nice pour complicité de proxénétisme aggravé… Lui-même sera impliqué dans le scandale Lockheed et dans celui de Northrop accusé d’avoir versé des pots-de-vin. En 1981, on l’accusera également d’avoir fourni les armes aux mercenaires qui tentent un coup d’Etat aux Seychelles. Plus récemment, dans l’affaire de l’Irangate, il aurait servi d’intermédiaire dans la vente illégale d’armes américaines à l’Iran ».

Le rapport du Committee

https://archive.org/stream/reportofcongress87unit#page/n0

Document Newsweek 9 mars 1987 :

https://www.cia.gov/library/readingroom/docs/CIA-RDP90-00965R000504760002-1.pdf

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH370 (16) : roumanie et bulgarie

MH370 (18) : Century Arms, plusieurs rendez-vous avec l’histoire, ici le premier

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Le hasard des recherches fait parfois tomber sur de très beaux textes.  Ou des textes-clés, ceux qui « relient les points » (« connecting the dots » ) comme disent si bien les américains.  Celui signé  et intitulé « Gun under glass », paru le 13 mars 2018 dans le magazine Oxford American (pour son numéro 100), est un de ceux-là, c’est pourquoi j’ai choisi de vous en montrer le maximum, car ce qu’il décrit est une affaire historique, qui n’a été résolue que trente ans plus tard.  Mais c’est aussi un texte qui va vous révéler un étonnant détail, qui prend aujourd’hui une toute autre dimension.  Celui du nom d’un entreprise très spéciale, qui a eu plusieurs rendez-vous importants avec l’histoire comme on va le voir…  Le titre du texte peut paraître obscur au premier chef.  Ce « fusil sous verre », c’est en effet l’arme d’un crime, désormais exposée dans un musée de la lutte pour l’émancipation des noirs.

Nota :  à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic.  La série a débuté ici

C’est d’abord une belle statue élevée sur l’Evers Boulevard Library de Jackson.  Celle dédiée à la mémoire d’un noir américain, défenseur des droits de l’homme et membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), mort assassiné à 37 ans le le 12 juin 1963.  Il militait activement pour les droits des noirs, au grand dam d’un KKK tout puissant à cette époque à Jackson, dans l’État du Mississippi de sinistre mémoire, où il était bien entendu devenu la cible des suprémacistes blancs.  C’était aussi un ancien soldat, qui a participé à la bataille de Normandie en juin 1944 (Medgar Evers était dans le 325th Port Company, un escadron de l’Army mais dotée de planeurs que l’on verra en action lors de l’Operation Market Garden et lors de la terrible Battle of the Bulge).  Son passé militaire lui a valu d’être enterré au cimetière national d’Arlington.  Il a été froidement assassiné, tué dans le dos, par Byron De La Beckwith, qui est membre des Citizens’ Councils, un groupe raciste formé en 1954 pour s’opposer à l’intégration raciale dans l’éducation (à droite une manifestation de noirs associant un soldat).  A Jackson, le racisme était chose commune et une bonne partie des policiers blancs, était ouvertement pro KKK.  Mais ce n’est que trente ans après, en 1994, que De La Beckwith a été reconnu coupable, et ce grâce à un élément clé de « nouvelles preuves » apparues tardivement.  Cet élément fondamental, c’est justement le fusil avec lequel De La Beckwith, un vendeur d’engrais, avait tiré sur Evers.  Ce dernier avait été atteint (dans le dos !) par une balle tirée d’un bosquet par un vieux fusil Enfield datant de 1917.  L’auteur des coups de feu qui était le propriétaire de l’arme, visiblement pas trop doué, avait même été blessé par le recul de cette dernière lors du tir. Il l’avait équipé récemment d’une lunette de visée sur laquelle on retrouvera même ses empreintes !!!  Le fusil, abandonné sur place sera une pièce fondamentale du procès de 1994, alors qu’on l’avait ignoré pendant des années.  Ou plutôt que l’on avait tout fait pour l’oublier.  Au départ, il avait été acheté par correspondance en 1959 par un dénommé Thorn McIntyre III, qui s’en était fort peu servi et l’avait revendu assez vite à De La Beckwith.  C’est ce premier acheteur qui sert d’appui à la précieuse enquête d’Alan Huffman.  L’engin, d’origine anglaise comme on le sait, avait été produit en masse dans l’arsenal d’Eddystone, dans la banlieue de Philadelphie, et amené en Europe par les soldats américains, lors de l’offensive sur l’Argonne notamment.  Une fois démobilisés, ces armes avaient été achetées en masse par des brokers, et notamment par une firme canadienne, dirigée par un dénommé William Sucher, qui en aurait acheté selon lui des « milliers », avec d’autres lots après guerre, dont des carabines italiennes ou grecques, telle ce Mannlicher-Schnönauer retrouvé  ici dans son catalogue de 1961 paru dans  la revue « Guns » de juillet 1961 (en couverture ici à gauche). La firme de Sucher, installée au Canada, portait alors comme nom « Empire Wholesale Sporting Goods LTD« , sise à Montréal mais elle se faisait aussi appeler « Century International Firearms », le nom figurant sur la facture de McIntyre, pour les achats faits aux USA, avec une adresse dans le Vermont, à St Albans, au 52 Lake Street (c’est tout près du Canada).  La société avait été créée au Canada en 1961, avec le beau-frère de Sucher appelé Manny Weigensberg. La femme de Sucher, née Phyllis était canadienne. Mais un document trouvé ici évoque une création plus ancienne, celle d’un magasin International Firearms qui aurait « ouvert ses portes à Bleury en 1952 ».  Selon ce témoignage, le magasin était régulièrement dévalisé  » y compris par des membres du FLQ » (les indépendantistes extrémistes), et était suivi alors de « délits criminels peu de temps après ».  Selon l’intervenant, Sucher avait aussi refusé de montrer ses papiers à des fonctionnaires canadiens lors d’une vérification.  Tous deux avaient débuté petitement, par la vente de matériel de bureau d’occasion.  Au début des années 1960, un client ne pouvant le régler lui avait proposé d’échanger de vieilles carabines contre ses machines de bureau.  Vu les profits inattendus réalisés lors de la revente de ses armes, il avait décidé de ne plus faire que cela et de se lancer dans le commerce des armes.  Les entrepôts d’Europe et d’Asie regorgeant d’armes excédentaires issues d’anciens conflits, dont la seconde guerre mondiale, qui avait inondé la planète d’armes en tout genre, il avait vite démarré un commerce fort lucratif en rentrant de la guerre du Pacifique où il avait été lieutenant.  En 1964, il déclarera aux autorités gouvernementales avoir acheté «des centaines de milliers de fusils» au gouvernement italien, par exemple.  Vous pensez peut-être comme moi, déjà, à un autre fusil… nous étudierons cela un peu plus tard, rassurez-vous.  Mais Sucher meurt en 1976, comme on l’a déjà précisé, et c’est son beau-frère qui déménagera donc l’affaire Century Arms à Boca Raton en Floride dans un premier temps.  « L’un des employés du magasin s’appelait Alfred Pinisch », nous rappelle le même texte.  A l’époque, le concurrent de Sucher s’appelle Sam Cummings, avec sa société Interarmco. installé à Alexandrie, en Virginie.

Le fusil de Thorn
Thorn McIntyre III avait contacté la police dès l’annonce du meurtre, après avoir vu la petite annonce répandue par la police pour retrouver le propriétaire du fusil, en pensant que c’était effectivement le sien qui avait servi:  « la fois où McIntyre a entendu parler du fusil, c’était en juin 1963 dans le Jackson Daily News. La police de Jackson faisait circuler une photo du fusil retrouvé sur les lieux du meurtre d’Evers dans l’espoir que quelqu’un fournirait des informations sur son propriétaire.  McIntyre a remarqué qu’il portait l’empreinte indiquant sa fabrication à Eddystone et qu’il croyait qu’il s’agissait de son ancien fusil.  Il a donc appelé la police et l’a confié au détective Ralph Hargrove.  McIntyre et Hargrove se sont opposés à la tolérance blanche stéréotypée à l’égard des crimes liés aux droits civils perpétrés au Mississippi. McIntyre a pris un risque évident en signalant ce qu’il soupçonnait au sujet de l’arme, et Hargrove a poursuivi le dossier de manière agressive à une époque où les agences gouvernementales locales et gouvernementales étaient connues pour leur manque de détermination dans de telles enquêtes et dans certains cas pour être directement impliquées dans les crimes.  McIntyre se souvient avoir eu pour la première fois une conversation avec Hargrove: «Je lui ai dit que je possédais un fusil similaire à celui qui était dans le journal et je lui ai demandé de vérifier certains numéros, le lieu de fabrication et la date, qui était septembre 1917 ou 1918.  Je pensais que c’était très probablement le même fusil.  La question suivante était de savoir ce qu’on avait fait avec et c’est ce que j’ai dit. »  Dans une photo en noir et blanc prise par Hargrove, datée du 13 juin 1963, le lendemain du meurtre, un inspecteur de police utilisait un bâton pour pêcher l’Enfield d’une ronce de vignes de chèvrefeuille en face de la maison d’Evers. Beckwith, dont l’identité n’était pas encore connue, s’était caché dans les broussailles et avait tiré dans le dos d’Evers à son retour d’une réunion de défense des droits civils tard dans la nuit; il a ensuite laissé le fusil derrière lui quand il s’est enfui ». L’annonce de la police était fort précise, insistant sur les particularismes de l’arme, qui ne pouvait être confondue avec aucune autre, le nouvel acheteur ayant effectué sur elle des modifications fort particulières. L’annonce de la police débutait par une invitation : « Reconnaissez-vous ce fusil? » indiquait-elle, avec une description précise : « La police de Jackson demande aujourd’hui de l’aide. Le propriétaire de la carabine trouvée dans le domicile de Medgar Ever, leader de l’intégration tué, il y a une semaine. numéro porte le N° 1063682. Une lunette de tir japonaise a été montée récemment  sur l’arme. Selon les officiers de police, plusieurs modifications» ont été apportées au fusil. Y compris raccourcissement du bois sous le canon, l’enlèvement de la pièce de bois du dessus du canon et l’enlèvement de deux bandes de métal qui maintenaient le mors en bois au canon. Le chef des inspecteurs, M. Pierce, a demandé à toute personne qui aurait vu l’arme d’entrer en contact avec la police. »

Les circonstances du drame

Ce lâche meurtre avait provoqué une onde de choc jusqu’à Washington, et il préfigurait des lendemains houleux à Jackson même.  Il annonçait aussi, hélas, celui de Martin Luther King (qui sera abattu le 4 avril 1968 à Memphis). « La femme d’Evers, Myrlie et leurs enfants avaient entendu le coup de feu alors qu’ils regardaient la télévision, appuyés sur des oreillers sur le lit du couple. Ils avaient déjà regardé l’allocution présidentielle de Kennedy au sujet de la montée des tensions raciales dans le sud du pays, et les enfants avaient été autorisés à rester éveillés tard pour accueillir leur père à son retour.  La balle avait traversé le torse d’Evers, une fenêtre et un mur intérieur de la maison, puis avait abouti dans la cuisine où elle a ricoché du réfrigérateur et s’est immobilisée sur la table de cuisine.  Il est décédé alors qu’il était transporté dans un hôpital par des voisins, sur un matelas à l’arrière d’un break.  La nouvelle de l’assassinat – le premier d’un leader des droits civiques aux États-Unis – a retenti à travers le pays et a provoqué une marche dans le centre-ville de Jackson qui a impliqué environ cinq mille personnes en deuil et manifestants, y compris le docteur Martin Luther King Jr. La police de Jackson, avec les chiens et les matraques ont tenté de disperser la foule, qui a alors lancé des briques, des bouteilles et des pierres  » « (cf photo ici à droite).  Une violence plus grave a été évitée seulement après qu’un avocat du ministère américain de la Justice, John Doar, ait convaincu les manifestants de reculer.  De nombreux historiens ont indiqué que le meurtre d’Evers a servi d’inspiration au président Kennedy pour demander au Congrès un projet de loi sur les droits civils, qui serait adopté par le président Lyndon Johnson l’année suivante, après l’assassinat de Kennedy lui-même. Evers, un ancien combattant qui avait servi en France pendant la Seconde Guerre mondiale, a été enterré au cimetière national d’Arlington.  Onze jours après le meurtre, armée de la facture de McIntyre et d’une boîte d’empreintes digitales tirée du dossier militaire de Beckwith, la police a arrêté Beckwith, qui s’était alors coupé à un œil lors du coup de fusil, une blessure épousant la forme exacte de sa lunette de visée.  Il portera la cicatrice pour le restant de ses jours et en sera fier, alors qu’il regrettait surtout d’avoir laissé le fusil derrière lui.  Il prétendra plus tard que le fusil lui avait été volé ».  Avec de telles preuves contre lui, on pense l’affaire réglée.  Mais on est dans le Mississippi, et c’est oublier que les blancs font alors la loi comme bon leur semble. Celle de leur seule couleur de peau.  A gauche, la petite maison de Medgar et Myrlie Evers devenue musée du Tougalou College.

Le fusil devenu fantôme

Le jugement et même son appel en effet seront confondants, pour nous ici en Europe, mais pas là-bas dans le Mississippi.  Mais il va se passer autre chose de tout aussi grave :  on va s’arranger pour que le fameux fusil, toujours porteur des empreintes de l’assassin, disparaisse de la vue de tous.  Une manœuvre ostensible pour qu’il ne puisse pas y avoir de nouvelle enquête, au cas où.  « Le procureur de district, Bill Waller (élu gouverneur du Mississippi en 1971) a diligemment poursuivi l’affaire en 1964, avec McIntyre à la barre.  Deux jurys composés exclusivement de Blancs n’ont pas abouti à un verdict en raison de la difficulté, dans le Mississippi, de condamner un Blanc pour le meurtre d’un Noir. Après les procès en référé, le juge qui présidait a emmené l’Enfield à la maison comme souvenir et l’a ensuite remis à un autre juge, Russel Moore, qui l’a présenté dans son bureau et à la maison comme un trophée.  À ce stade, il a disparu de la vue du public » (à droite le fusil examiné par Ralph Hargrove).  « Dans le troisième numéro de ce magazine, publié à l’hiver 1993, j’ai rédigé un essai sur Beckwith, Myrlie Evers et sur ma propre expérience à Jackson, dans les années soixante et soixante-dix. Parmi les détails nouveaux de l’affaire à l’époque, il y avait la manière dont, comme je l’écrivais alors, «le fusil Enfield manquant, qui était essentiel pour l’accusation, avait été retrouvé dans une salle de stockage appartenant au beau-père de l’adjoint du comté de Hinds. Le procureur Bobby DeLaughter. »  Bien que Beckwith ait démenti le meurtre d’Evers, les éléments de preuve montraient d’une manière prépondérante qu’il était coupable. Outre des témoignages  accablants de ses précédents procès, il avait écrit une lettre à la National Rifle Association cinq mois avant le meurtre, dans laquelle il avait prédit: «dans les 15 prochaines années, nous allons devoir faire beaucoup de tirs pour protéger nos épouses et nos enfants des mauvais nègres. »  Des témoins de la nuit des coups de feu ont déclaré l’avoir vu ainsi que sa voiture, un Plymouth Valiant, près de la maison d’Evers, et un informateur du Ku Klux Klan a affirmé que Beckwith (ici à gauche) s’était vanté du meurtre. En 1973, Beckwith avait été accusé d’avoir une bombe à retardement dans sa voiture à la Nouvelle-Orléans, qu’il aurait eu l’intention d’utiliser pour faire exploser la maison d’un homme juif (il a par la suite été acquitté de ce crime).  Au moment de la publication de l’essai j’attendais le troisième procès de Beckwith pour le meurtre d’Evers, incertain quant à savoir si cela rendrait justice au Mississippi où s’il ne susciterait plus d’ambiguïté et de gêne. J’avais écrit:  «Depuis plus de trois décennies, l’histoire épouvantable du meurtre d’Evers et la question de la culpabilité ou de l’innocence de Beckwith ont été répétées à maintes reprises, des voix contradictoires et des contextes variés, sans conclusion.  Les faits ont été réorganisés, supprimés, ajoutés, interprétés différemment. Pourtant, un fait demeure indiscutable: l’homme responsable de l’un des meurtres les plus notoires de l’ère des droits civiques reste libre ».  A droite ici des manifestants placides dénonçant la totale hypocrisie de la politique américaine, qui engageait à la pelles des noirs pour aller se battre au Viet-Nam ou se rendre sur les bases US en Europe sans leur donner sur place les mêmes droits que les blancs.

Une preuve dissimulée à dessein

L’arme avait en effet disparu des radars de la justice pendant trois décennies !!!  C’est cela le plus étonnant de cette affaire, à se demander exactement pourquoi : voulait-on ainsi protéger l’assassin… ou celui qui avait vendu l’arme ?  Car cela avait été fait exprès bien sûr.  « Il y avait à la fois un soutien et une opposition à la réouverture du dossier, et le procureur de district Ed Peters s’est opposé à toute action, invoquant notamment l’arme de meurtre présumée manquante.  Il est difficile de savoir quand DeLaughter, le procureur adjoint du comté – dont l’épouse était la belle-fille du juge Russel Moore – a appris où se trouvait Enfield et combien de temps il avait pu garder le secret.  Son récit de comment et quand il a trouvé l’arme diffère de celui de Michael Rejebian, un journaliste du journal le Clarion-Ledger qui enquêtait sur l’affaire avec son collègue Jerry Mitchell. (En 2012, j’ai coécrit un livre avec Rejebian sur un sujet sans rapport). Rejebian a déclaré que Matthew Moore, le fils du défunt juge Moore, lui avait raconté que, lorsqu’il était garçon, il avait posé la question suivante:  «Est-ce l’arme qui a tué Medgar Evers ?  Rejebian avait déclaré que Matthew Moore lui avait également dit que DeLaughter savait où se trouvait l’arme. Lorsque mon essai sur Beckwith a été publié, la réponse officielle a été que DeLaughter avait découvert le fusil dans la réserve de la maison de sa belle-mère, où il avait été conservé depuis la mort de son mari, le juge Moore.  Mais, selon le récit de Rejebian, DeLaughter a transféré l’arme à feu de son domicile à la salle des preuves du tribunal du comté.  DeLaughter a donné une version différente des événements dans son mémoire de 2001, « Never Too Late ».  Il a cité la réponse d’Ed Peters à Myrlie Evers lorsqu’elle avait demandé la réouverture du dossier: «Mme Evers, il n’existe pas de raison à le faire.  Nous n’avons aucune preuve matérielle des procès de 1964: pas d’arme à feu, pas de balle, pas de photo. Les seigneur seul sait où les témoins se sont dispersés, ou s’ils sont toujours en vie. »  DeLaughter a écrit qu’il avait cherché des transcriptions des premiers procès ainsi que des témoins survivants, et que ceux-ci ont commencé à faire surface et que l’arme du meurtre manquante a absorbé ses pensées. « N’avais-je pas vu des armes semblables à celles des photos? » Je savais au fond de moi que je l’avais vue, mais où ? Beaucoup de membres de la famille et d’amis avaient des armes à feu, mais je ne pouvais penser à personne de façon désinvolte qui n’ait rien de si vieux.  Personne d’autre que Russel. »  Puis il avait écrit:« Un souvenir oublié depuis longtemps s’est lentement infiltré de mon subconscient [sic].  J’avais déjà vu un fusil dans la salle de bain de Russel. Il s’en était servi comme d’un accessoire pour maintenir la porte fermée sur le placard à serviettes.  DeLaughter a écrit qu’il se rappelait avoir une fois interrogé le juge Moore à propos du fusil. «Qu’est-ce qu’il avait dit ? C’était dans une vieille affaire de droits civils. C’est tout ce qu’il avait dit. Dans la version de DeLaughter, il a appelé son beau-frère, Matthew Moore, qui lui dit ne rien savoir du fusil. Il s’est alors rendu chez sa belle-mère, le numéro de série de l’arme du crime à la main, et a constaté que le fusil dans son magasin était l’Enfield perdu. Il a pris le fusil chez lui ce soir-là, mais au lieu de l’apporter au département de police de Jackson le lendemain, il l’a gardé. Il a écrit qu’il se rendait compte que Beckwith «claquait» s’il savait que le bureau du procureur avait l’arme, et il a décidé:  «Cela resterait caché dans ma maison et si nous n’avions plus de preuves ni de témoins, personne d’autre n’apprendrait sur le fusil et les circonstances de sa découverte. Je rendrais l’arme à Carolyn [sa belle-mère] pour qu’elle agisse à sa guise, sans que personne ne soit embarrassé. »  Peters a écrit qu’il approuvait ce plan et ils ont convenu de ne pas informer Myrlie Evers, parce qu’ils s’attendaient qu’elle le dirait à Jerry Mitchell, avec qui elle était en communication étroite. Une fois que le bureau du procureur disposait des éléments de preuve disponibles, y compris de la facture originale de McIntyre émanant d’International Firearms et de la transcription du procès précédent ainsi que de la localisation des témoins survivants, il a été annoncé avec une grand fracas que l’affaire serait à nouveau examinée. »

Pendant trente ans personne ne s’était inquiété de ne plus voir le fusil

« Le fait que le procureur possédait personnellement l’arme du meurtre apparemment manquante était manifestement inhabituel, mais peu de personnes l’ont mis en doute.  Cela a été remplacé par la plus grande histoire, celle de l’affaire de meurtre du partisan des droits civiques depuis longtemps dormante, qui serait réouverte.  Les médias ont applaudi les efforts de DeLaughter, et l’Enfield est passé d’une décoration potentiel à un autre type de trophée.  En 1994, DeLaughter a poursuivi Beckwith de manière agressive.  Au cours du procès, le fusil a été utilisé comme preuve devant le tribunal pour la troisième fois.  McIntyre a de nouveau témoigné, de même que plusieurs autres témoins des procès initiaux.  La salle d’audience était bondée chaque jour, avec un important contingent de médias locaux, nationaux et internationaux.  Certains des anciens témoins étaient décédés et la plupart de ceux qui ont témoigné, y compris le détective Ralph Hargrove, étaient âgés. Comme lors des procès précédents, l’Enfield a de nouveau été distribué au jury, ce qui a suscité des réactions mitigées de la part des jurés, la plupart du temps des regards perplexes.  Beckwith arborait une épingle à drapeau confédérée et restait provocant.  Le dernier jour, tout le monde se pressait dans les salles du palais de justice, attendant avec impatience le verdict.  Il semblait probable que si le jury ne condamnait pas cette fois-ci, l’affaire ne serait plus jamais poursuivie. Ensuite, le jury est rentré dans la salle d’audience et a rendu son verdict:  coupable.  Beckwith a été condamné à la prison à vie, où il est décédé en 2001.  L’Enfield est devenu un symbole de la justice accomplie et fait partie depuis du département des archives et de l’histoire de l’état comme un artefact historique.  Malgré ses tournants surprenants, l’affaire, souvent décrite comme le plus long procès pour meurtre de l’histoire des États-Unis, a finalement eu une note positive.  Le jury a transformé un meurtre odieux en une leçon tardive d’honneur et de justice, et l’affaire est devenue une aubaine pour le Mississippi, grâce à la réapparition de l’Enfield ».  Un fusil qui trône désormais dans une vitrine de verre, d’où l’explication du titre un peu étrange du texte.  (C’est également devenu la base du film « Ghosts of Mississippi » de 1996, de Rob Reiner, dans lequel Alec Baldwin joue un DeLaughter présenté un peu trop comme un héros.  A noter que dans le fil joue aussi Brock Peters, qui a joué le rôle de Tom Robinson, qui relie à un autre film clé du mouvement de défense des droits des noirs : « To Kill a Mockingbird, » (« Du silence et des ombres « ) de Robert Mulligan, tourné en 1960).  Le regretté chanteur engagé Phil Ochs chantera en 1964 une ode au martyr d’Evers, intitulée «  The Ballad of Medgar Evers (Too Many Martyrs).  Dylan aussi avait évoqué le meutre d’Evers dans « Only a Pawn in Their Game » parue en 1964 dans son troisième album, The Times They Are a-Changin’.  On peut l’entendre ici, encore très jeune (il n’a que 22 ans), la chanter lors de la grande marche de Washington, le 28 août 1963…

Ceci, c’était en fait la première apparition dans l’histoire d’une firme vendeuse d’armes appelée Century International Firearms, comme vous avez pu vous en apercevoir.  Devenue déjà Century Arms après avoie déménagé.  Son second rendez-vous sera tout aussi étonnant, sinon bien plus inquiétant.  Le pion dans un terrible jeu, pour paraphraser Dylan, comme nous allons le voir.  Dylan avait eu une intuition géniale en évoquant des forces obscures dissimulées derrière l’événement. Celles d’un enjeu énorme, en effet…

 

« Oxford American est un magazine littéraire trimestriel à but non lucratif qui se consacre à présenter le meilleur de l’écriture sudiste tout en documentant la complexité et la vitalité du sud des États-Unis.  Le magazine a été fondé en 1992 à Oxford, dans le Mississippi, par Marc Smirnoff et est connu pour ses œuvres originales de personnalités littéraires telles que ZZ Packer, Charles Portis, Kiese Laymon, Rebecca Wells, Nikky Finney, Allan Gurganus, Ernest Gaines, Ernest Gaines, CE Morgan John Jeremiah Sullivan, Jesmyn Ward et beaucoup d’autres, tout en publiant régulièrement des écrivains émergents.  L’OA est également connue pour avoir publié dans chaque numéro une vaste gamme d’œuvres d’art et de photographies, notamment des œuvres de Thornton Dial Sr., Jungjin Lee, Eudora Welty, Sally Mann, Gordon Parks, Carroll Cloar, Roger May, Christopher Rodriguez et Eleanor Davis. et William Eggleston. Depuis 1997, Oxford American publie son numéro annuel de musique sudiste, pour lequel nous avons reçu de nombreux éloges, du Seattle Weekly au Salon en passant par Tom Petty.  Nous croyons que la musique du Sud influence profondément la culture américaine.  Chaque numéro de musique comprend non seulement ce que le Houston Chronicle appelle «le meilleur magazine sur la musique de toute l’année», mais aussi notre CD recherché, présenté par les rédacteurs en chef. l’héritage musical extrêmement varié de la région. »  Le magazine offre un CD compilation avec certains numéros qui sont tous de véritables réussites musicales.  L’exemplaire du Texas sorti en 2014 propose par exemple Billy Joe Shaver ou le trop rare James McMurtry mais aussi Bob Wills & His Texas Playboys, le Duke Eklington de la Country, et l’outlaw Waylon Jennings, sans oublier Buddy Holly…

 

« Aujourd’hui, Medgar Evers est mort de la balle qui l’a frappé.
Ils l’ont fait descendre comme un roi.
Mais quand l’ombre tombera sur celui
Qui tira le coup de feu
Il verra près de sa tombe
Sur la pierre qui restera
Gravé à côté de son nom
Cette simple épitaphe :
Rien qu’un pion dans leur jeu. »

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH370 (17) : la piste canadienne

MH370 (19) : Century Arms, plusieurs rendez-vous avec l’histoire, le second et le troisième, à Paris

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L’histoire de l’arme disparue, puis retrouvée trente ans plus tard pour un procès ayant marqué l’histoire du pays, nous a mené à un bien étrange firme US, importatrice d’armes des anciens pays soviétiques et dispatchées à nouveau un peu partout dans le monde grâce à l’aide d’une CIA fort intéressée par ces entreprises privées capables de lui servir de paravent.  Mais avant même d’alimenter l’Amérique du Sud ou Centrale, pour effectuer des coups tordus, la même société a été étroitement mêlée à une autre page importante de l’histoire contemporaine américaine, dans des circonstances où il devient difficile d’invoquer aujourd’hui le seul hasard… il est temps en effet de dévoiler le « jeu » derrière lequel se cache le « pion » Century Arms…. (cf Bob Dylan, voir l’épisode précédent).  Ce jeu sinistre mène aussi en effet et hélas, aussi, à… Paris.

Vous avez bien sûr retenu de l’épisode précédent que Empire Wholesale Sporting Goods LTD, l’entreprise canadienne des débuts de Sucher, avait elle aussi importé tout un lot de carabines « italiennes », dont la très connue Mannlicher-Carcano M91/38. Mais pas celle portant le numéro C2766, impliquée dans l’assassinat de John Kennedy en 1963 à Dallas.  Si vous avez suivi ma série sur Kennedy ici-même, vous savez tout ça déjà.  Cette carabine, je le rappelle, avait été vendue 12,78 dollars (21,95  dollars au total avec la lunette et le prix du port d’envoi) à un dénommé Alek Hidell, en fait le pseudonyme utilisé par Oswald pour le commander chez Klein’s Sporting Goods, le 18 juin 1962.  Une commande passée après la vision par Oswald d’une publicité dans le magazine spécialisé « Gun and Ammo » (ici l’exemplaire de septembre 1963). L’entreprise Klein en avait acheté 400 elle-même en janvier 1962 à Crescent Firearms, dirigée par Louis Feldsott, pour les revendre ensuite.  Cela, on en a facilement retrouvé la trace.  Le FBI aurait retrouvé la commande d’Oswald sur le microfilm de sauvegarde de Klein, mais certains en doutent fort.  Les recherches ont eu lieu des mois après, pendant la mise en place de la Commission Warren, qui ne peut aujourd’hui encore que laisser sceptique.  A noter aussi que l’agenda de Ruth Paine avait inscrit « LHO purchase of rifle » à la date du 20 mars (à part ça, elle ne le surveillait donc pas, elle et son mari de la CIA !).  Le FBI dans son rapport notera le prix de vente annoncé par Klein dans sa publicité comme étant le prix d’achat port d’envoi compris :  une erreur de sa part, montrant que ces éléments ont bien pu être fabriqués après coup.

Selon Sucher, plusieurs Carcano peuvent avoir la même référence

Etrangement, Williams Sucher va apparaître pour sévèrement critiquer la Commission Warren, en qualité « d’expert », lui reprochant d’avoir écrit que la carabine saisie en haut de la Bibliothèque de Dallas était «  unique ».  Selon lui, en effet, il pouvait très bien en exister des doublons.  Il parlait en connaissance de cause, ayant lui-même participé au trafic de fusils italiens démobilisés.  Des Carcano, on en a produit en effet entre 2 063 750, et  3 000 000 tous modèles confondus entre 1890 et 1945 !!!  Certain de sa démonstration, il l’avait même écrit à Edgar Hoover pour le convaincre.  C’est ce qu’on trouve en effet dans le livre de Vincent Bugliosi, page 340 dans les notes de » Reclaiming History », un écrivain pourtant pas favorable à un complot, il est en effet indiqué ceci :  « William Sucher,  propriétaire de l’International Firearms Company de Montréal, a informé le FBI le 12 mars 1964, dans une lettre de J. Edgar Hoover à la Commission Warren du 22 avril 1964, que «dans les années 1930, Mussolini avait ordonné la création d’usines d’armes pour fabriquer le fusil Mannlicher-Carcano. Étant donné que de nombreuses entreprises fabriquaient la même arme, le même numéro de série apparaît sur les armes fabriquées par plusieurs entreprises. Certains portent un préfixe et d’autres pas »(CE 2562, 25 H 808). Cependant, aucun autre Mannlicher-Carcano portant le numéro de série C2766 n’a jamais fait surface, bien que celui portant le numéro de série 2766 sans préfixe l’ait fait. …. »  Une mise au point qui ruinait la thèse d’un fusil qui était obligatoirement celui acheté par Oswald, et dont l’arrivée dans le bâtiment, expliquée dans la laborieuse thèse des « tringles à rideaux », restait aussi fort douteuse (son démontage en fait un engin trop long pour être tenu sous le bras).  Car si un autre Carcano possédant un numéro semblable était dans la nature, la possibilité d’une fabrication de scène de crime devenait alors possible.  Le pigeon Oswald se faisant piéger par des « preuves » déposées sans qu’il en ait pu être responsable.  Or ce même Sucher avait fait l’objet d’une enquête du FBI sur le munitions mêmes utilisées par Oswald, sa société ayant été accusée de trafic illicite de cartouches Winchester, comme celles utilisées par l’assassin présumé de Kennedy.  Cela figure aussi dans un document du Bureau du contrôle des munitions du département d’Etat.  Avait-il essayé d’établir un contre-feu en attaquant ainsi les conclusions d’une commission qui, aujourd’hui encore, n’a convaincu personne ?  Et pourquoi donc agir ainsi ?  Sinon jeter le trouble ?  Hoover avait en effet commenté par écrit que « deux Carcano avaient retenu l’attention de la commission« , dont l’un d’entre eux ne possédait pas d’indicatif « C » devant les chiffres de production.  Si on ajoute le fait que ce même Carcano n’était pas une arme de précision et que son réarmement à chaque coup obligeait à quitter sa ligne de tir, on en était facilement venu à la conclusion d’un deuxième tireur au moins obligatoire, à Dallas.  Pour ajouter à cela, il faut noter que la commission Warren avait royalement ignoré la lettre du Dr. John K. Lattimer qui avait écrit qu’il avait lui aussi en sa possession une carabine Carcano « C2766 :  « In 1974 and1975, my sons and I had conducted a series of experiments using a 6.5 mm Mannlicher-Carcano carbine, model 91-38, serial number C2766, equipped with an Ordinance Optics Company four power telescope exactly like Oswald’s » avait-il écrit noir sur blanc !!!   En avril 2004, son éditeur affirmera que le chiffre donné par Lattimer avait été « mal interprété » et « qu’ il avait été trop tard pour rectifier avant l’impression »… L’engin « unique » ne l’a pas toujours été !!!

Responsabilité dans la vente du revolver d’Oswald

Si Sucher était intervenu dans le débat, c’est aussi pour une autre raison étonnante :  Oswald possédait aussi un revolver.  Or celui-ci présente une histoire beaucoup plus dérangeante pour la société montréalaise.  Le 19 octobre 1962, George Rose & Company (alias Seaport Traders), situé 1221 S. Grand Avenue, à Los Angeles, avait passé une commande de 500 pistolets de calibre .38 auprès d’Empire Wholesale Sporting Goods LTD, la société de Sucher.  Les armes avaient donc ensuite été envoyées de Montréal à Century Arms, Inc. à St Albans, dans le Vermont Vermont, puis réexpédiés chez George Rose & Company à Los Angeles le 3 janvier 1963.  Le 27, un des pistolets à canon très court (snub-nosed) vendu 29,95 dollars était commandé par le dénommé Hiddel et envoyé à la boîte postale de… Lee Harvey Oswald.  Or ce pistolet a une importance cruciale comme le fusil Carcano pour inculper Oswald et en faite à tout prix l’auteur de l’assassinat de Kennedy.  C’est en effet l’arme avec laquelle avait été tué l’officier J.D. Tipitt lors de la fuite d’Oswald, avant que celui-ci ne se réfugie avec l’arme sur lui dans un cinéma (le Texas Theatre), selon la version officielle des faits.  Le pistolet à canon court étant réputé pour pouvoir plus facilement être dissimulé dans les vêtements et être sorti rapidement sans les accrocher.  Le pistolet porte le N°510 220.  Or selon Selon Newcomb et Adams, du sous-comité du Sénat de 1964 chargé d’examiner le trafic d’armes à feu par correspondance, Seaport Traders n’a jamais expédié de revolvers de calibre .38 à Dallas en mars 1963 Newcomb et Adams avaient conclu en effet de façon fort surprenante que « l’arme d’Oswald, en réalité, n’existait pas » !!!   Pour ce site, c’est le contraire, les bons de commande et de retrait postal ont tous été retrouvés et authentifiés.  En dehors de la polémique, il reste une chose :  c’est bien la firme de Sucher qui, au départ, avait fourni l’une des armes d’Oswald !!!  Pour ce qui est de la mort de Tipitt, on attend toujours qu’on explique pourquoi sur le lieu du crime on a trouvé 2 types de cartouches tirées :  3  balles de type Remington-Peters et une de type Western-Winchester.  Récupérées par un policier qui avait eu la présence d’esprit de faire des marques dessus.  Elles seront montrées à la commission Warren sans aucune trace !!!  Dans le corps de Tipitt, on en avait retrouvé 4 (ici la N°602). Dans la poche d’Oswald, il y en avait cinq.  Quant à Bugliosi, qui réfute la thèse du complot, il s’est aussi trompé à plusieurs reprises, notamment sur les analyses acoustiques de la scène du meurtre de Kennedy... L’apparition du nom de Century dans les deux arme liées à Lee Harvey Oswald résonnent bizarrement après coup, quand on sait ce que va faire plus tard l’entreprise, aux mains désormais de Manny Weigensberg (à la mort de Sucher dès 1976, d’une crise cardiaque) qui n’avait en rien été poursuivie pour avoir fourni des balles illégalement à cette époque.  Par deux fois le nom de l’entreprise était apparu dans l’enquête sur Kennedy !!!  Et elle ira bien plus loin après, en collaborant nettement et ouvertement avec… la CIA, comme on va le voir.

Le « fusil d’Oswald », à nouveau  ?

Je vous ai parlé aussi dans l’épisode précédent d’un dénommé Alfred Pinisch, tué dans le premier magasin montréalais de Willliam Sucher.  Dans un livre,  « The Making of the October Crisis: Canada’s Long Nightmare of Terrorism at the hands of the FLQ« …  de D’Arcy Jenish, on apprend que le vol du magasin n’avait été que le début d’une longue  période terroriste au Canada.  L’histoire est fort intrigante à vrai dire.  Elle est fort bien résumée ici : « Il est temps de se souvenir de Leslie McWilliams » (nota : alors vice-président de International Firearms, société familiale) « et Alfred Pinisch, décédés lors d’un événement insensé il y a 50 ans aujourd’hui, à cause de l’assassinat de François Schirm, décédé plus tôt ce mois-ci à l’âge de 82 ans. Schirm était arrivé au Canada en 1956 en provenance de Hongrie après s’être battu pour la légion étrangère française au Vietnam et en Algérie. Le traducteur André D’Allemagne et le chimiste Marcel Chaput lui ont demandé de rejoindre le précurseur du RQ, en 1960. Schirm forma le bras militaire du FLQ au début avec Pierre Tousignant et Gilles Turcot.  Le 29 août 1964, Schirm, alors âgé de 32 ans, a tenté de cambrioler une armurerie à Lower Bleury. International Firearms appartenait à Willliam Sucher, qui avait une activité florissante et avait même vendu, par correspondance, le fusil de guerre italien qui avait tué Kennedy (étonnant propos : c’était le broker Klein, qui l’avait fait selon toutes les enquêtes menées :  D’Arcy Jenish aurait-il écrit un peu trop rapidement sans vérifier ses sources ?).

« Schirm espérait obtenir des armes du magasin, probablement pour de futures attaques armées du FLQ.  Il est entré et a demandé un fusil comme s’il s’agissait d’un client normal. Pinisch lui a demandé de retirer le clip qu’il portait, ce qui est une procédure normale.  Mais ensuite, Schirm a pris une autre balle de sa poche, l’a placée dans l’arme à feu et a exigé des armes.  McWilliams n’était pas au courant de ce qui se passait, il a donc alors dit à Schirm de ne pas pointer le fusil.  Schirm l’a alors tué sur le coup, « comme un chien », selon un policier. »  Dans la poursuite qui avait suivi,  » Schirm a reçu une balle dans la cuisse, et a été transporté à l’hôpital.  Guenette a commandé un taxi et a ordonné au chauffeur de l’emmener à Frontenac et Bélanger, ce qui n’a aucun sens car les rues ne se croisent pas.  Schirm s’est défendu devant le tribunal en prononçant un discours de 180 minutes, ce qui a été infructueux car Schirm et Guenette ont été condamnés à la peine capitale en octobre 1965.  Ils ont brandi un signe V provocant en apprenant le verdict.  La peine a été commuée et purgée en dix ans seulement.  En 1974, le Canada tenta sans succès d’expulser Schirm vers la Hongrie. Malheureusement, Schirm est resté impassible.  Schirm a fait 14 ans de prison et a écrit un livre ou deux.  Il est devenu chauffeur de camion, mais a lancé une pétition en 1985 afin d’obtenir un traitement plus doux pour les membres du FLQ »…  En fait, il existe toute une thèse d’un Oswald présent a Montréal, mais elle a surtout été fomentée par le FLQ lui-même, il faut le savoir… histoire de se donner un plus grande importance, à l’évidence.  International Firearms, lui, pouvait après ça afficher « closed ».  Momentanément. Avant de s’expatrier aux USA, à Boca Raton d’abord… puis dans le Vermont.  Pas très loin du Canada !!!

Une déstabilisation de plus ?
Le FLQ, groupuscule idéaliste extrémiste raciste, mené par Pierre Vallières, qui avait écrit « Nègres Blancs d’Amérique », s’était caractérisé par des attenants à la bombe  (95 au total !) dans des boites postales, notamment.  Une des bombes avait déchiqueté William Victor O’Neil, âgé de 65 ans, qui devait très bientôt prendre sa retraite.  Il avait eu tort de s’être adossé au local de la Canadian Army Recruiting Station où avait été posée l’une des bombes.  Or la mère du décédé, née Duguay, était française :  pour des indépendantistes devenus aussi meurtriers, c’était une mort démontrant leur ineptie fondamentale.  Le mouvement sera à l’origine au Canada de la célèbre « Crise d’Octobre », dans laquelle l’armée canadienne déboulera dans les rues, pour rassurer la population, du jamais vu dans le pays (ici à droite l’étonnement de la population découvrant ses propres soldats en patrouille).  Le FLQ venait alors d’annoncer qu’il avait exécuté son otage Pierre Laporte.  En décembre, le FLQ relâchera vivant en revanche le British Trade Commissioner James Cross, retenu 62 jours.  L’auteur du rapt,  Jacques Lanctôt est aussi l’auteur du manifeste du groupuscule, chef-d’œuvre de prose militante gauchisante à souhait :  lors de la libération de James Cross, il sera reconduit en échange à … Cuba, en avion militaire canadien !!!  Il reviendra ensuite en France, de 1974 à 1979 avant de revenir au Québec pour purger une peine de trois ans de prison.  Aujourd’hui il travaille à la pige chez Canoe.ca.  En juin de la même année, on découvrira tout un arsenal dans la petite ville de Prévost, au nord de Montréal dans les Laurentides, un des fiefs du mouvement.  Le 28 décembre, la police découvre la cellule du FLQ appelée « Chenier » et arrête Paul et Jacques Rose, ainsi que Francis Simard, dissimulés dans un tunnel de 6 mètres de long.  Ils seront inculpés du meurtre de Pierre Laporte.  A noter encore que le KGB avait sauté sur l’occasion pour clamer que l’opération était un coup monté de la CIA, ce qu’aurait démontré des documents trouvés après 1989 en Russie.  A l’origine il y avait eu ce qui semblait en effet un faux grossier, une photocopie d’un prétendu « document de la CIA » envoyé au Montreal Star en septembre 1971. Le sujet divise encore, sur la véracité ou non du document.  Plus gênant en fait est l’apparition d’un autre non connu dans le dossier..

Le FLQ qui mène aussi à Dallas ?

Plus gênante en effet est la découverte d’un autre lien selon l’incontournable Wayne Madsen bien sûr : Madsen est ce qu’il est, je suis loin de partager ses opinions, mais il a l’art, il faut le reconnaître, de proposer des faits troublants à la réflexion.  Selon lui, l’agitation d’octobre 70 au Canada n’était pas apparue comme un cheveu sur la soupe.  Madsen met en effet l’accent sur l’arsenal patiemment collectionné par le FLQ.  Lui aussi n’est pas tombé du ciel… « La répression répétée du FLQ au Québec est directement liée aux activités de la CIA.  Un agent de la CIA nommé Jules « Ricco » Kimble aurait infiltré le FLQ dans les années 1960, mais aurait maintenu la station de la CIA dans le quartier du Mont Royal. En 1964, lorsque le FLQ était connu sous le nom d’Armée de libération du Québec, des équipes de professionnels réussirent à voler une importante cache d’armes, y compris des fusils, des munitions, des obus de mortier et des grenades de deux hangars militaires canadiens situés au cœur de Montréal, au manège militaire du Mont Fusiliers Royal et dans un bâtiment de commandement militaire à Trois-Rivières ».  Ce que raconte Madsen est totalement vrai : « les Felquistes avaient alors subtilisé une « soixantaine de carabines semi-automatiques, 34 mitraillettes, trois lance-roquettes et 15 appareils émetteurs-récepteurs. Le tout est d’une valeur de 22 000 dollars » peut-on lire dans un journal de l’époque.  « La même année, des milliers de caisses de dynamite ont été découvertes entre les mains de l’Armée de libération du Québec, dissimulées dans des camions d’Hydro-Québec sur le chantier de construction d’Expo 67 à Montréal ».  Là encore c’est exact : « Le 20 février 1964, l’Armée de libération du Québec frappe à Shawinigan et s’attaque au 62e Régiment d’artillerie de campagne. À 7h45 du matin.  Ils arrivent à la caserne et en repartent trois heures et demie plus tard avec deux camions chargés de matériel.  Un vol audacieux commis en plein jour dans une caserne occupée. Trois personnes sont ligotées par les voleurs soient le commissionnaire Octave Heppel, le capitaine Jacques Joinville et l’adjudant Claude Barbier. Les voleurs s’emparent de 33 fusils-mitrailleurs, de pistolets, de 12 appareils émetteurs-récepteurs, d’uniformes de combats, de balles et même de casques bleus utilisés pour les missions de l’ONU.  La valeur des biens volés est estimée à 25 000$.  De plus, les felquistes ont entièrement saboté le poste de communication.  Le vol a été facilité grâce à Robert Hudon, un jeune électricien de 20 ans et membre fondateur du commando de l’Armée de libération du Québec, qui s’était fait engager comme instructeur à la caserne de Shawinigan une semaine avant le vol. »  Selon Madsen , « d’autres armes qui se sont retrouvées entre les mains de l’Armée de libération du Québec, puis du FLQ, ont été envoyées par la CIA à Québec pour être utilisées par des sous-traitants de la CIA contre des cibles cubaines à Montréal.  Le 4 avril 1972, une bombe a explosé au consulat de Cuba à Montréal.  La police a en fait arrêté le personnel diplomatique cubain et autorisé le personnel de la GRC et de la CIA à effectuer une fouille des lieux.  La CIA a pris possession de documents classifiés du gouvernement cubain, de matériel et d’équipements de cryptage des communications.  Kimble a déclaré avoir commis deux meurtres attribués au FLQ, bien qu’on ne sache pas si l’un d’entre eux était l’assassinat de Laporte.  Kimble aurait également été le point de contact à Montréal de Clay Shaw, un homme d’affaires de la Nouvelle-Orléans.  L’avocat général de la Nouvelle-Orléans, Jim Garrison, a accusé Shaw d’être impliqué dans l’assassinat du président John F. Kennedy en 1963 à Dallas. » « Aurait été«  , c’est bien du Madsen, en effet, et ça ne suffit pas, hélas, mais c’est troublant quand on connaît comment des caches d’armes avaient été de la même façon entretenues en Louisiane, à destination des exilés cubains anti-castristes.  Notamment le groupe d’Interpen et celui de Gerry Hemming.  On reste dans la même vision anti-communiste primaire, le credo de la CIA de l’époque.  C’est en 1991, lors du tournage d’un documentaire sur l’assassinat du pasteur américain Martin Luther King, que Kimble, emprisonné alors en Oklahoma, avait déclaré avoir effectivement rencontré Clay Shaw à Montréal.  Plus encore, puisqu’il avait aussi ajouté avoir aidé l’assassin présumé de Martin Luther King, James Earl Ray, à quitter le continent via Montréal, en 1967…  Si les dépositions de Kimble semblent décousues, et lui atteint d’une pathologie narcissique, on peut retenir l’idée de Garrisson qui avait ainsi conclu dans son propos que « chaque déclaration que Kimble m’a donnée s’est révélée être vraie, sans exception – la seule information inexacte est celle qu’il avait été planifié à l’époque de la fin de son service par la CIA « .  Selon Garrison, la CIA avait laissé croire à Kimble qu’il avait travaillé pour le Ku Klux Klan – l’un des rares faits sur sa biographie qui ait été vérifié.  Garrison a affirmé qu’il s’agissait « d’une procédure opérationnelle standard pour les agences de renseignement avant qu’elles ne renvoient quelqu’un » (« Inside Story: who killed Martin Luther King?« ).

Manipulation… or not ?

Pour « preuve » de ce qu’il avance, Madsen rappelle « qu’en 1991, un ancien ministre du Québec, qui a parlé anonymement, a confirmé le statut de Kimble en tant qu’agent de la CIA. L’ancien ministre a déclaré:  « J’ai entendu parler de cet endroit sur le mont Royal et de son travail avec la CIA. »  Bon d’accord, ce n’est pas très fiable non plus, et c’est bien mince en effet.  Ce qui le semble davantage, c’est la suite : « Le chef du contre-espionnage du Service de sécurité de la GRC, Leslie J. Bennett (2) , a confirmé en 1973 que Montréal avait été infiltrée par un certain nombre d’agents de la CIA lors de la crise d’octobre 1970.  Peu après cette déclaration, Bennett a été faussement accusé par la GRC comme étant une taupe soviétique du KGB et il a été contraint de s’exiler en Australie.  Ce n’est qu’en 1993 que le gouvernement canadien a admis que ses accusations contre Bennett en tant qu’agent double soviétique étaient une fabrication.  L’avocat général canadien a exonéré Bennett et a reçu un paiement de 100 000 dollars.  L’ancien ministre canadien de la Défense, Paul Hellyer, et le journaliste Peter Worthington ont laissé entendre qu’en 1977, la GRC avait autorisé la publication d’un texte, une nouvelle soviétique connue uniquement sous le nom de « S », qui avait atteint les échelons supérieurs de la GRC.  Ils ont affirmé que la GRC avait allégué que « S » était Bennett.  Les responsables du KGB, y compris le général Oleg Kalugin, ont par la suite déclaré que, même s’ils avaient une taupe à la GRC, ce n’était pas Bennett.  Bennett a été pris pour cible dans la campagne perverse organisée par la GRC et ses collègues de la CIA pour contrecarrer leurs caricatures sur l’implication de la CIA dans des actes terroristes au Québec. »  L’autre référence de Madsen est aussi mal choisie :  Paul Hellyer, est en effet plutôt étrange qu’autre chose...  La chose plus dérangeante au sujet d’une possible manipulation, c’est plutôt de constater que les première expériences de MK-Ultra sur l’usage du LSD notamment avaient eu lieu au Canada, à la McGill University, effectuées par le Dr. Ewan Cameron; avec l’argent… fourni par la CIA.  La série récente Stranger Things avait rappelé le procédé.  Quant à l’utilisation par la CIA de mercenaires français… avec Schirm, ce n’aurait pas été non plus une première.  Lucien Conein est là pour le rappeler (lui aussi à été cité dans l’attentat de Dallas).

Un cas particulier en France
Si les conclusions de Madsen sont discutables, des faits sont là qui semblent monter en tout cas que la déstabilisation du Québec avait fait peur, mais pas qu’aux populations il semble bien.  Le 29 mars 1971, à St-Ouen, près de Paris, et en France donc, on retrouve un cadavre, chez lui, au 46, rue Eugène Lumeau, tombé face contre terre, « dans une mare de sang« .  Il a deux balles de calibre 22 logées dans la tête.  La police française, après une enquête balistique, a conclu que l’arme qui a servi à le tuer était « de fabrication américaine ».  Sur place c’est du travail de pro : aucune douille n’a été retrouvée.  L’homme abattu s’appelle Mario Bachand, un ancien du FLQ et même un des tous premiers.  Or deux semaines avant son décès, la GRC (la Gendarmerie Royale du Canada), qui le suivait avait demandé aux policiers français de le surveiller davantage, en leur communiquant la fameuse adresse.  Bachand, un peu comme Lanctrôt, après avoir été condamné à Montréal à quatre ans et demi de prison pour une série d’attentats à la bombe, notamment celui de Westmount, était parti à  Cuba en 1969, mais il s’était ravisé pour s’installer clandestinement en France l’année suivante.  La police française, au courant de son passé, émet des rapports sur lui, qui continue un activisme certain sur place, le jugeant « mythomane «   ou le considérant même comme « un élément dangereux » comme le précise l’excellent article de l’Actualité (lactualite.com) .  Les circonstances de son élimination demeurent aujourd’hui encore non élucidées :  « c’était du travail de professionnel.  À l’époque, les services secrets occidentaux privilégient les pistolets de calibre 22.  Ils font relativement peu de bruit – l’équivalent d’un bouchon de champagne – et n’ont donc pas besoin de silencieux.  Les tueurs apprennent à appuyer deux fois d’affilée sur la gâchette en une seconde pour empêcher la main de bouger entre les deux coups.  On vise la tête, car on veut tuer.  (Le journaliste canadien George Jonas, auteur de « engeance », publié chez Robert Laffont, a obtenu ces précisions d’un agent du Mossad chargé d’abattre le commando qui avait tué les athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich, en 1972.) » La police a une piste sérieuse  pourtant : « Après l’assassinat, la police française s’intéresse à un couple de Québécois qui a rendu visite à Bachand le jour de sa mort. Selon une note adressée au directeur de la police judiciaire, ces deux Québécois se présentent chez lui et demandent « François », un de ses pseudonymes.  Bachand ne veut pas engager la conversation devant son colocataire.  Le trio se rend donc dans un café près du métro Garibaldi.  La tenancière et la caissière confirmeront que des clients « à l’accent canadien » étaient sur place de 12 h 30 à 13 h 30.  Bachand ramène ses visiteurs chez lui pour le déjeuner.  Ce mystérieux couple, qui vient d’arriver à Paris, lui demande de l’aider à s’installer en France.  Mais la discussion ne va pas beaucoup plus loin.  Son colocataire et sa copine sont là… « La conversation, tenue en français mais émaillée d’expressions québécoises, ne devait porter que sur des sujets anodins », résume la même note adressée au directeur de la police judiciaire.  Dans un télégramme pour « diffusion générale d’extrême urgence », on demande aux policiers, surtout aux agents en poste aux frontières, de rechercher un « couple de Canadiens français témoins importants dans cette affaire ».  L’un et l’autre sont âgés d’environ 25 ans, l’un et l’autre portaient un jean et un caban bleu foncé.  C’est peine perdue ».  Mais ça n’ira pas plus loin.  CIA encore ou GRC ?  C’est peut-être plus compliqué encore, avec un GRC « déguisé » : « Qui a tué Bachand ?  Dans une enquête consacrée à ce sujet en 1997, l’émission Enjeux, de Radio-Canada, montrait du doigt des felquistes qui avaient fui en Algérie et n’auraient pas supporté de voir Bachand se présenter comme chef du FLQ.  L’un d’eux était aux ordres de la GRC, a renchéri le journaliste canadien Michael McLoughlin dans Last Stop, Paris (Viking Press), livre publié l’année suivante et qui n’a jamais été traduit ».  Pour Jacques Larue-Langlois, l’autre est un « Un fabulateur audacieux et imprécis qui réécrit une page de l’histoire du FLQ ».  Autre hypothèse :  et si Bachand avait su qui armait les gens du FLQ ?  Ou, en qualité de précurseur, qui les avait contactés pour leur donner un coup de pouce armé ?  Ou qui donc avait incité à vouloir les transformer en mouvement aussi violent ???  Franchement, un doute subsiste… quel service secret aurait-il pu être embarrassé par ces possibles révélations ? 

Century au service de la CIA

Oublions le Québec, revenons aux Etats-Unis.  La collaboration ouverte d’International Firearms, désormais installé aux USA, avec la CIA:  on l’apprendra lors de la découverte de l’affaire Iran-Contras. En 1987 en effet, un employé de l’entreprise John Rugg avait longuement raconté dans sa déposition au U.S. Senate Committee qu’il avait effectivement importé à profusion des roquettes et des grenades aux Contras nicaraguayens dans les années 80. « Lors de son témoignage Rugg affirma que la compagnie était en relation avec Richard Secord, le major général dans l’Air Force (ici à gauche) qui avait travaillé avec la CIA lors des bombardements secrets et illégaux contre le Pathet Lao pendant la guerre du Vietnam.  Secord a démissionné de l’armée en 1983 après des allégations de transactions irrégulières avec l’ancien agent de la CIA Edwin P. Wilson. Il est ensuite devenu impliqué dans le transfert d’armes aux Contras avec le lieutenant-colonel Oliver North.  Lors de son procès en 1989, North a admis que l’Opération Tipped Kettle a fourni des armes aux Contras-en violation de l’amendement Boland et que l’opération avait été commandée par le directeur de la CIA William Casey et le secrétaire à la Défense Caspar Weinberger ». Boland était alors le « chairman of the House Intelligence Committee » et le congrès était démocrate (le Sénat étant républicain) il bloquait les espoirs de Reagan de n’en faire qu’à sa tête.

Les brokers mercenaires de Reagan

L’ère Reaganienne a remis en marche une guerre froide déguisée, dans laquelle les russes étaient redevenus les ennemis héréditaires du capitalisme.  Pour lutter contre leur influence à déstabiliser l’Amérique du Sud, qui était fort tentée d’essayer le communisme, Reagan avait mis les bouchées doubles, en créant notamment la GMT (Geomilitech), qui a marqué en réalité le début des ventes d’armes des États-Unis à l’Iran via Israël et la Corée.  Un groupe dans lequel 3 organisations émergent : celle du major général à la retraite John K. Singlaub (ancien de l’OSS et un des fondateurs de la CIA !),  celle de l’Air Force, Richard V. Secord, lui aussi retraité (ici à droite en uniforme), et Ronald J. Martin, un broker d’armes de Miami et vétéran dans la fonction (voir ici), à la tête de R. M. Equipment Co, un quatrième pouvant consister en l’aide d’israéliens, eux aussi retraités, mais plutôt des services secrets.  L’idée est de recourir en masse au privé, pour contourner les lois américaines qui empêchent la fourniture d’armes sans contrôle à l’étranger.  Le pouvoir de Reagan se met lui-même hors-la-loi !  Parmi les privés, outre Century Arms ou « TWA », il y a aussi la Tamiami Gunshop de Miami où l’on trouve un dénommé Don Martin.  « Le trafic illicite de ventes d’armes a été facilité par des sociétés israéliennes utilisées comme intermédiaires.  Nombre de ces ventes ont été approuvées par la CIA et l’administration Ronald Reagan.  Le motif politique par lequel Israël avait vendu des armes au régime islamique iranien était de faire en sorte que la guerre Iran-Irak soit aussi longue et destructrice que possible ».

« Au-delà de la recherche du profit, la motivation des responsables américains impliqués était moins claire mais visait probablement à obtenir un effet de levier pour demander la libération des citoyens américains capturés par les Shitan au Liban et retenus en otages. Toutefois, plusieurs universitaires estiment que ces ventes d’armes aux États-Unis ont précédé les prises d’otages au Liban, qui ont ensuite été revendiquées par des responsables américains comme étant le motif principal des ventes d’armes à l’Iran ».  Le credo est clair en tout cas: créons ou entretenons le chaos, en disséminant des armes partout, de manière à ce qu’on s’entre-tue et qu’on en vienne à demander l’aide des USA et de ses mercenaires rebaptisés de l’euphémisme « combattants de la liberté ».  Mais il n’y a pas que des hommes à fournir, or il y a aussi des armes, et Reagan se retrouve coincé par un Sénat et un Congrès qui se refuseront, il le sait, à armer des états étrangers.  Il faut donc biaiser.  Et aller se servir là où il y en a le plus. Dans les anciennes possessions soviétiques qui ont acquis leur indépendance, où les stocks d’armes légères ou individuelles sont tout simplement faramineux.  Si Cummings est toujours l’un des plus importants brokers US, comme sous Kennedy, un de ses anciens agents allemand, Werner Glatt (1), est celui qui monte aux yeux des militaires US grâce à ses exploits pour fournir l’armée Croate, bien aidés par les retraités comme le général Galvin, Peter Galbraight et Charles Redman. A Glatt, le NYT ajoutera le 4 décerne 1986  le nom de Michael Kokin, dirigeant de Sherwood International Export Corporation, « avec des bureaux à Los Angeles, Miami, Londres and Washington« …

34 containers chargés à Ashdod

Selon Amir Owen, examinant des rapports déclassifiés de la CIA, Israël avait même fait cadeau de l’emballage en container des armes demandées par la CIA pour les envoyer en Iran, un transfert organisé par « l’Entreprise », la société écran crée par North (à droite l’extrait du rapport du Congrès la condamnant)  :  « Weinberger a rapporté qu ‘ »une équipe d’enquête commune du DoD et de la CIA s’est rendue en Israël. On lui a montré environ 300 tonnes métriques d’armes capturées et de munitions adaptées à leurs besoins. Peu de temps après que l’Ambassadeur Arens soit devenu le nouveau MOD israélien, le DoD a été informé que ces armes seraient fournies aux États-Unis à un faible pourcentage de leur valeur marchande. Ces frais, qui, selon moi, seront financés, ne concerneraient que l’emballage et la manutention et devraient se situer autour de 100 000 dollars. Mes collaborateurs sont en train d’organiser le transfert de ces armes vers les États-Unis. Elles devront être transportées par voie de surface en raison de leur poids et de leur volume. Elles ne seront disponibles qu’en mai / juin. «  Le même jour, la marine américaine a été chargée de fournir un moyen de transport pour « des articles militaires … qui seront expédiés du port israélien d’Ashdod … à la côte est des États-Unis ». Weinberger a mis au courant Casey: « L’envoi sera disponible pour le ramassage par la CIA » et « restera dans les 34 conteneurs Terre / Mer jusqu’à leur destination. Les conteneurs terre / mer sont la propriété du gouvernement israélien et devront être… rendus à Israël. «  La cargaison comprenait 20 000 fusils et mitraillettes, 1 000 mitrailleuses, 90 fusils sans recul, 110 obus de mortier, 1 000 grenades à main et une grande quantité de munitions. « Le ministre israélien de la Défense, alors nouvellement nommé, Moshe Arens, a pris la décision finale selon laquelle ces armes devaient être fournies gratuitement au DoD. C’était l’une des premières actions du MOD Arens (…) et témoignait clairement de sa volonté d’améliorer les relations américano-israéliennes « , selon les documents du Pentagone. »  Un « cadeau » sans trop de perte au passage, note Owen : « Israël, avec une générosité ponctuelle et bien calculée, n’a pas perdu beaucoup d’argent ici: dans les années 1980, des marchands d’armes privés ont vendu des fusils Kalachnikov similaires, fabriqués en Yougoslavie, au prix de 210 dollars chacune. La valeur marchande de toutes les Kalachnikovs de la cargaison en question ne représentait que 4 millions de dollars environ; les mortiers de 60 mm ont été vendus pour environ 1 500 dollars et 81 mm. mortiers pour environ 5 000 $. »`

Le sérieux coup de main pour « L’Entreprise « 

 

Dans « Private Warriors » De Ken Silverstein et Daniel Burton-Rose, on trouve cette assertion : si Glatt était un important fournisseur d’armes pour les «combattants de la liberté» de Reagan, il était plus important encore pour la sécurisation des armes russes dans le cadre du programme d’acquisition de matériel étranger. Hormis quelques excellentes histoires dans le Washington Post – qui ne mentionnent pas le nom de Glatt ou de tout autre revendeur d’armes ayant fourni le Pentagone -, l’histoire du programme est pratiquement inconnue. Le Pentagone a estimé que le programme était extrêmement important, car c’était le seul moyen de tester ses armes contre celles de ses adversaires américains. La DIA et les forces armées ont dressé leurs propres listes d’achats, mais un petit groupe de sociétés étroitement liées aux services de renseignement s’est chargé de l’acquisition de l’armement: BDM, dirigé par l’ancien secrétaire à la Défense Frank Carlucci; Vector Microwave Research Corp., dont les dirigeants comprenaient Leonard Perroots, ancien directeur de la Defense Intelligence Agency (DIA); et Electronic Warfare Associates, dont le conseil d’administration comprenait, jusqu’à son décès en 1997, l’ancien directeur de la CIA, William E. Colby. Les sociétés américaines ont à leur tour fait appel à une bande de courtiers en armes basés en Europe pour acheter les biens souhaités dans le bloc de l’Est, une stratégie permettant de contourner le Foreign Corrupt Practices Act, qui interdit aux Américains de corrompre les fonctionnaires étrangers. En plus de Glatt, ces concessionnaires comprenaient Heinz Baumann; un Allemand nommé Gunther Leinhauser; Manny Weigensberg (et bien le voilà cité en effet !), un Canadien qui a aidé «The Firm» à organiser le premier envoi d’armes aux contras; et Johannesson, qui après sa scission avec Glatt a développé d’excellents contacts avec la Stasi est-allemande. (Le contrat le plus important conclu par Johannesson avec les FMA avait été conclu en 1987 lorsqu’il avait décidé, par des sources est-allemandes et tchèques, d’acheter une douzaine de chars T-72 pour la CIA. Les chars avaient été expédiés au Qatar. Les Allemands de l’Est avaient appris que l’acheteur était de la garde présidentielle dans ce pays, où ils sont restés pendant trois jours avant d’être envoyés aux États-Unis.  Avec ses revenus du Pentagone, Johannesson a acheté une maison à la Barbade, des vignobles dans le sud de la France et un domaine de la côte est du Maryland ayant appartenu auparavant à un membre de la famille Dupont). 

Des profits personnels au passage 

En 1987, le New-York Times, après une longue enquête, annonçait ce que l’enquête menée par le Sénat US allait plus tard confirmer (3).  Le commerce des armes s’était aussi révélé une activité rentable pour les petites entreprises enrôlées par la CIA ou pour l’Entreprise elle-même, l’entité créée par Oliver North pour regrouper les achats et dispatcher les ventes (4).  En fait, on travaillait entre amis et on partageait les bénéfices : « l’un d’entre eux était avec le colonel de l’armée à la retraite, James P. Atwood, de Savannah, en Géorgie, qui a réussi à négocier l’achat de la CIA auprès de l’Enterprise après l’échec de la tentative d’un autre intermédiaire. À l’époque, les enquêteurs ont découvert qu’Atwood participait à la création d’une entreprise d’armes privée pour le fils d’un responsable des achats secrets de la CIA, qui avait approuvé la transaction. »  Selon le Times, en effet, c’était aussi fort lucratif et ils s’arrosaient aussi copieusement entre eux :  « les partenaires privés de l’Entreprise – Secord, Hakim et Clines – ont été tellement convaincus qu’ils se sont payés plus de 860 000 dollars en commissions sur l’avance en exploitant les bénéfices cumulés des ventes d’armes iraniennes, selon les comités du Congrès Iran-Contra ». Pour sécuriser les échanges entre complotistes des iran-contras, ils n’hésitent pas à utiliser un matériel de communication complexe écrivent Fabrizio Calvi et Olivier Schmidt  dans « Intelligences secrètes:  Annales de l’espionnage » : « outre cette flottille, Secord n’hésite pas à louer les services d’un transporteur apprécié par l’Agence, la Southern Air Transport, qui lui sert aussi bien à acheminer des missiles américains en Iran que des fusils-mitrailleurs soviétiques au Salvador ou au Honduras. Afin d’assurer la sûreté des communications entre le général et ses hommes, le colonel North leur remet un lot d’une dizaine de machines à coder les conversations téléphoniques (KL-43) provenant de la National Security Agency (NSA) qui sont aussitôt réparties entre le quartier général de l’organisation aux États-Unis et différentes bases au Salvador et au Costa Rica. »  C’est alors qu’est arrivée l’affaire de l’Erria et son échec retentissant.  Ce petit cargo danois de 163 pieds seulement (et 996 tonnes en lourd) avait réussi plusieurs missions en 1984 et 1985 dans le golfe Persique, au Nigeria et en Amérique Centrale.

Il avait aussi transporté  500 tonnes d’armes, apparemment destinées aux contras, d’un port de Pologne à un point de transbordement en France.  C’était le 15 septembre 1986, ) Cherbourg, où le Erria avait transféré son chargement sur un autre cargo danois, l’Iceland Saga de 1 304 tonnes DWT (devenu Sea Rose depuis, il est ici à droite).  Au Honduras, l’Erria avait apporté  des fusils et des munitions portugaises de fabrication soviétique directement aux insurgés du Nicaragua.  Une autre fois, selon le NYT toujours ; « il s’était retrouvé au large des côtes de Chypre pour aller chercher un courrier contenant 1 million de dollars en espèces du millionnaire texan H. Ross Perot, des fonds censés être utilisés comme rançon pour les otages américains du Nord, qui devaient être libérés par leur ravisseurs au Liban ». L’idée avait germé à la CIA d’acheter carrément le cargo efficace pour 312 000 dollars, en gardant son discret capitaine Arne Herup, à qui on avait proposé de devenir propriétaire du navire… gratuitement, s’il pouvait encore aller chercher 268 tonnes d’armes en Pologne et au Portugal pour les amener aux contras Nicaraguayens.  La cargo de S.A Shipping, ancien MV Delfin et ex MS Sunnanhav basé à Copenhague, avait alors été acheté discrètement par Dolmy Business Corporation, une entité de la CIA basée elle au Panama.  Elle même liée à une société suisse appelée CSF, qui gérait les paiements des armes fournies à l’Iran.. Officiellement, il appartenait ainsi à Albert Hakim, un iranien expatrié, créateur de la Stanford Technology Corporation, dirigeant alors pour la circonstance une autre entité de North appelée  “Amalgamated Commercial Enterprise Inc” (ACE).  Les armes polonaises avaient pu être achetées par  l’intermédiaire de Manzer Kassar, un broker basé en Europe et proche de l’Organisation de libération de la Palestine.  L’associé également du terroriste Abou Nidal, l’auteur des massacres de Noël de 1985 à Rome et à Vienne.  Cela n’avait pas semblé ébranler la conviction de North d’obtenir son chargement.  Mais le deal d’armes n’aboutissant pas, au final : les sanctions levées, les armes de contrebande n’en étaient plus !  Le voici parti pour une autre mission vers le port israélien d’Haïfa, (avec son nom alors changé en « Ria ») pour récupérer un container d’armes du bloc de l’Est que North espérait échanger en Iran contre deux chars T-72 neufs capturés chez Saddam Hussein pendant le conflit.  Cela paraît disproportionné :  pas pour la CIA, car le T-72 souhaité par le Pentagone était d’un nouveau type de blindage et emportait un illuminateur de cible au laser d’un nouveau modèle . « Mais après avoir attendu deux mois, les Iraniens n’ont pas apporté leurs chars« , indique le NYT.  Et c’est alors qu’est apparu notre broker canadien, toujours à l’affût et tenté de reprendre le chargement invendu à bas prix, car selon le NYT,  « alors que l’Erria gagnait du temps en simulant des dysfonctionnements mécaniques à Lisbonne, Emmanuel (Manny) Weigensberg, l’armurier de Montréal, associé à Secord qui avait négocié certaines des premières livraisons secrètes d’armes au Contras, a approché la CIA pour susciter son intérêt.  Mais des responsables ont déclaré que la CIA avait rejeté l’offre et que des responsables de la passation de marchés secrets avaient ensuite expliqué aux enquêteurs qu’ils ne faisaient pas confiance à Weigensberg.  Selon les autorités portuaires portugaises, l’équipage de l’Erria a simulé davantage de dysfonctionnements, allant même jusqu’à saboter certaines des machines du navire.  Les opérateurs du navire à Copenhague se sont portés volontaires pour décharger la cargaison dans l’Atlantique » (que fallait-il entendre par là ? La déposer au Cap-Vert ou au Portugal) ?  L’histoire des contras c’est aussi toute une série d’échecs de ce genre.  Car l’intérêt n’était en rien d’armer une quelconque faction, mais bien de se faire de l’argent avant tout !!!  North agissait comme un broker en armement et rien d’autre !!!  « Les responsables ont déclaré que les enquêteurs du Congrès ne pouvaient pas établir avec certitude que Casey ou d’autres officiers supérieurs de la CIA seraient intervenus pour forcer l’achat de la cargaison d’armes.  Une source informée a toutefois fait remarquer qu’à un moment donné, même North avait tenté de «  colporter les armes à la CIA ».  En outre, une série de dépositions au Congrès d’employés de la CIA et d’autres personnes ont révélé qu’Atwood avait déjà séduit les responsables de la passation des marchés publics de la CIA avec des cadeaux personnels allant des montres et des seaux de crevettes aux rares fusils chinois AK-47 à canon chromé. Atwood, qui s’est vu accorder l’immunité de témoigner sous serment aux enquêteurs du Congrès, a finalement reçu 180 000 dollars et 3 millions de cartouches de munitions à titre de commission apparente pour la transaction. Il a refusé d’être interviewé par le Times ». Dans le dossier, un nom à consonance française était apparu : Patrice Gentil de la Sagne, de « Star Production Geneva », habitant en Suisse bien sûr.  Dans le dossier on le voit coordonner l’envoi d’un navire vers le Pérou et le Salvador avec des camions mais aussi des armes, qui avait été saisis par le général Noriega au Panama.  Le cargo était parti de Rostok, en Allemagne de l’Est !!!  En fait à bord il y avait 32 camions, 1,500 AK-47 et 1,500 roquettes anti-tanks.  On cite avec lui un « partenaire » appelé David Duncan, de Miami. L’entreprise écran des envois était la NAPCO. Le cargo s’appelait le Pia Vesta;  c’était la propriété de Duncan !  Noriega, visiblement vexé, laissera filer au Miami Herald des cassettes contenant les conversations enregistrées entre le marchand d’armes Miami, David Duncan, et les autorités panaméennes. On pouvait entendre Duncan enregistrer sur ces cassettes en déclarant que les armes du Pia Vesta étaient bien destinées au Salvador, qui devait ensuite les amener aux « Contras ».

Tom Cash, un ancien agent spécial chargé des opérations en Floride et dans les Caraïbes des administrations de répression du trafic de drogue, a déclaré qu’il devrait être possible aux autorités de retrouver qui a acheté les armes. « Mais l’acheteur peut être n’importe qui », avait-t-il déclaré, car il n’y a aucune restriction quant à qui peut obtenir une telle licence.  William Hartung, analyste des politiques au Centre pour les politiques internationales à New York, convient que « rien ne garantit que l’arme ne tombera pas entre de mauvaises mains, même si elle a été achetée par un acheteur agréé.  « Parfois, une personne ayant un droit légal l’achète puis le vend ou le perd », a-t-il déclaré. « Il y a eu des exemples de cela. »  Marc Adler, président d’Allan Adler, une société de conseil spécialisée dans les armes à feu de Boca Raton, a déclaré que « le fait de sortir une arme de poing du pays impliquait des tonnes de paperasse et l’approbation des agences fédérales ».

La décision de Reagan

« Le 4 mars 1981, Reagan signe un « finding » autorisant la CIA à soutenir des éléments salvadoriens pour lutter contre l’afflux d’armes du Nicaragua vers les guérillas salvadoriennes.  Le 1er décembre 1981, Reagan signe un finding permettant la première assistance secrète aux Contras, destinée à gêner le soutien sandiniste aux guérillas du Salvador.  Cette opération secrète est dévoilée par le Washington Post trois mois plus tard.  Craignant que les Contras parviennent au pouvoir, le Congrès passe l’amendement Boland le 8 décembre 1982 qui interdit une assistance ayant pour but de renverser le gouvernement du Nicaragua. Le 20 septembre 1983, un nouveau finding définit les buts de l’opération comme étant de forcer le Nicaragua à négocier avec ses voisins et empêcher les livraisons d’armes au Salvador. En octobre 1983, des équipes de Latino-Américains employés unilatéralement par la CIA mènent des attaques en vedettes rapides contre les installations pétrolières de ports nicaraguayens. En décembre 1983, le Congrès autorise un financement de 24 millions de dollars pour les Contras.  Mais en avril 1984, il est révélé que la CIA a directement menée une opération de minage de ports du Nicaragua, et le Congrès arrête le financement des Contras »…

 

(1)  Selon l’article « Licensed To Kill » de Ken Silverstein, du Harper’s Magazine, Glatt était un homme dangereux. «  « Ce que j’ai découvert à propos de Glatt n’en est pas moins une histoire remarquable et révélatrice.  Ses entreprises comprennent des usines, des fermes et des biens immobiliers répartis en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis.  En plus de Black Eagle, il possède trois chalets suisses, un appartement à Londres, à deux rues de Harrods, un domaine en Autriche, et un autre au Luxembourg, sa résidence principale.  Son exploitation la plus somptueuse est un vaste domaine forestier proche d’Édimbourg, acheté au début des années 1980 à un ancien maire de Londres. Glatt, passionné d’équitation, a construit un énorme anneau d’entraînement intérieur afin que le temps écossais ne l’empêche pas de monter.  Ses amis et ses collègues sont tout aussi baroques et diversifiés – il comprend des aristocrates européens, des responsables du Moyen-Orient et des ministres de la Défense du tiers-monde – et ses liens avec l’armée américaine sont profondément ancrés – il a aidé à financer la Haute frontière, la « Star Wars « .  Le lobby est dirigé, jusqu’à sa mort, par le grand ami Daniel Graham, ami proche de Glatt.  Combiné à sa coupe militaire à la brosse, à ses costumes sur mesure et à son duel, le commerce et l’appétit de luxe de Glatt lui permettent de le décrire comme le genre de méchant ténébreux qui incarne le genre James Bond.  Mais la vérité qui dérange, c’est que Glatt et ses semblables sont à la fois 007 et Ernst Stavro Blofeld, de SPECTRE, agissant à la fois comme agents du gouvernement et mercenaires avec pour seul but le « motif pur du profit pur ». « Voulez-vous qu’il soit un héros ou un serpent? » demanda un jour un ancien officier du renseignement, « parce qu’il est en fait les deux. » Les films de James Bond sont bien sûr une version apaisante de la guerre froide ».

(2) Benett pose un autre problème sérieux le reliant à un des hommes liés à l’assassinat de Kennedy : « selon l’Encyclopédie de la Guerre froide, Espionnage, Espions et Opérations secrètes, en 1962, le chef du contre-espionnage de la Central Intelligence Agency, James Jesus Angleton, avait fait confiance à Bennett pour interroger un transfuge clé, Anatol Golitsyn. Cependant, Angleton, connu pour être très méfiant, a commencé à soupçonner que Bennett pourrait être lui-même une taupe. Angleton a ouvert le dossier sur Bennett en 1967. En 1970, ses soupçons grandissaient au point que la GRC devait mener une enquête sur Bennett.  Ils l’ont mis sous surveillance, ont écouté son téléphone et visité sa maison, y compris sa chambre à coucher.  Cette opération, baptisée « Opération Gridiron », a abouti à emmener Bennett dans un lieu sûr pour un interrogatoire humiliant de cinq jours.  Au cours de son interrogatoire, ses interrogateurs ont posé à Bennett des questions personnelles embarrassantes sur sa vie sexuelle sur la base de commentaires capturés par le micro posé dans sa chambre. L’enquête n’a pas permis de déceler la preuve que Bennett était un agent double, mais son autorisation d’avoir accès à des informations très secrètes a été retirée pour répondre aux préoccupations des Américains. Selon l’Encyclopédie de la Guerre froide, Espionnage, Espions et Opérations secrètes, il n’est jamais apparu qu’Angleton l’avait démis de ses fonctions en 1974, car il n’avait découvert aucune preuve réelle que Bennett avait été déloyal.  Après son départ de la GRC, son épouse l’a quitté et est retournée en Australie avec ses deux filles. L’Encyclopédie de l’espionnage, des espions et des opérations secrètes de la guerre froide affirmait qu’il ne pouvait plus obtenir qu’un travail subalterne ».

A voir, le documentaire de Johan Grimponprez « Shadow World » , à partir du livre d’Andrew Feinstein, auteur de « The Shadow World: Inside the Global Arms Trade »

« Ernst Werner Glatt, l’un des marchands d’armes les plus notoires, a été courtisé à la fois par la CIA et les services de renseignements de l’armée. Les renseignements de l’armée ont été gagnants et, en 1986, avec Reagan à la Maison Blanche, le Pentagone a organisé une fête d’anniversaire de Glatt au Georgetown Club de Washington, un club privé fréquenté par les initiés du gouvernement. Glatt a été récompensé pour sa virulente droite et cela signifiait qu’il ne traiterait pas avec les Russes, selon le colonel Ryan qui a assisté à la fête d’anniversaire. Glatt a acheté judicieusement « des mines antipersonnel, des grenades, des fusils, des mitraillettes et des armes légères » à l’ENZIN, l’agence nationale polonaise des armements. Aucune empreinte digitale américaine. Les armes ont ensuite été acheminées vers la CIA, qui les a acheminées vers les dépôts que la CIA avait installés au Pakistan. De là, l’ISI a envoyé les armes en Afghanistan pour les fournir au Muhajeddin.  L’industrie de l’armement a de longues tentacules et les activités de Glatt ont même été liées à l’effondrement de «l’épargne et des prêts».  Un banquier a nommé Louis Petrillo, alors que le président de la Bayshore Bank de Miami avait consenti un prêt non autorisé de 2 millions de dollars à Geomi Tech Consultants Corp – la société de Glatt.  Le prêt n’a jamais été remboursé et la banque Bayshore a fait faillite. Petrillo a été condamné à un an de prison en 1994 pour fraude bancaire et a été condamné à rembourser les 2 millions de dollars. Bien que le juge ait ordonné que des mesures soient prises contre GMT, aucune mesure de ce type n’a été prise. Ses services auprès de l’administration Reagan ont sans aucun doute joué un rôle dans cette inaction juridique. »

(3) c’est lisible à cette adresse : http://dl.ystc.ir/hvb/1395/Irangate/Senate/B24%20Senate%20Report%20Iran Contra%20Investigation.pdf

C’est un document fondamental, qui cite nommément Century comme partie prenante des opérations clandestines décidées par Reagan.  Il a été rédigé du 6 janvier au 22 décembre 1987.

 

autres documents à consulter :

https://www.cia.gov/library/readingroom/docs/CIA-RDP90-00965R000504760002-1.pdf

 

http://ipisresearch.be/wp-content/uploads/2012/07/20120706_ROUGH_SEAS.pdf

 

(4) www.cia.gov/library/readingroom/docs/CIA-RDP90-00965R000504760002-1.pdf

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

MH370 (18) : Century Arms, plusieurs rendez-vous avec l’histoire, ici le premier

 

MH370 (20): « une guerre où vous voulez » qui mène à Paris

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Des brokers américains fournissant des armées entières, le roi était à l’évidence Sam Cummings (il est mort en 1998… à Monaco, fortune faite).  J’ai déjà expliqué qui il était dans ma série sur l’assassinat de Kennedy (à l’épisode 7). Il s’était lui-même raconté en 1979 dans un ouvrage, en se donnant le beau rôle bien sûr.  L’homme s’était vanté de pouvoir fournir une armée entière à partir des gigantesques stocks qu’il avait patiemment amoncelés.  C’est donc chez lui que les contras vont se fournir naturellement, en échangeant de la drogue contre des armes, ce que la CIA savait, donc, obligatoirement.  Un employé de Century Arms et de son patron « Manny » Weigensberg, cité à plusieurs reprises dans notre enquête (cf les deux épisodes précédents) avait avoué ces liens dans un entretien sidérant dont a retrouvé la trace… celui qui relie la firme canadienne aux livraisons d’armes à la CIA.  Vingt ans plus tard, on retrouvera le même circuit que celui qu’il avait décrit, avec un interception de container rempli de plus de 3000 Kalachnikovs, en Italie, cette fois… dans un fief de la ‘Ndrangheta, une transaction dans laquelle était apparu un autre intermédiaire israélien. 

Nota :  à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic.  La série a débuté ici

Sam Cummings, alias « une guerre où vous voulez »

L’autre nom figurant en bas du texte de notre suisse de service (voir épisode précédent) était celui de Cummings, avec comme prénom Dan. Un autre Cummings, Sam, nous en dit davantage.  Celui-là est un broker connu en effet (qui existe toujours, sa page d’accueil de son site, visible ici, est tout simplement ahurissante tant elle représente à elle seule 50 années d’histoire) « les débuts de l’histoire de Cummings sont un peu flous, en particulier ses apparents services au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ce qui n’est pas clair, cependant, est son association de longue date avec la CIA. Cummings fut officiellement embauché et employé par la CIA en 1950, période au cours de laquelle il était l’un de leurs plus prodigieux trafiquants d’armes. Décrivant son travail pour l’Agence, le New York Times a déclaré que, tout en se faisant passer pour un producteur hollywoodien achetant des armes à feu pour le cinéma (1), il avait récupéré pour 100 millions de dollars d’armes allemandes excédentaires à bon marché en Europe et les avait expédiées aux forces nationalistes chinois de Taiwan. Cependant, lorsqu’il a quitté l’emploi direct de l’agence, il n’a pas abandonné ses liens avec l’agence ni sa carrière dans le trafic d’armes. La manière exacte dont Interarmco (Société nationale d’armement alias Interarms alias « ARMCO ») a été créée est une question de légère divergence. La version la plus commune des événements est que Cummings a lui-même fondé la société. Cependant, un document de la CIA indique que, même si elle était impliquée depuis le début, elle n’a acquis une participation majoritaire que plus tard. Ce document indique que Cummings est devenu le principal agent en 1954 et est devenu l’unique propriétaire au début de 1958. Un autre document concerne un autre trafiquant d’armes, William Stelz, qui a incorporé la société environ vingt ans après sa fondation ».  L’homme a été révélé lors des interrogatoires de l’affaire Iran-Contra et notamment par les fiches du FBI du sénateur John Tower.  Telle que celle-ci évoquant son passage en février 1973 de Resources International Inc à International Arament Corporation, IAC, alias Interarms.

« Ce qui est incontesté, cependant, est l’association de longue date de la société avec l’Agence. Lorsque les États-Unis ont soutenu Fidel Castro, c’est par l’intermédiaire de Cummings et d’Interarmco que Frank Sturgis s’est procuré un grand nombre d’armes » (les Etats-Unis ont en effet d’abord armé Castro avant que celui-ci ne devienne leur ennemi, voir l’épisode N°27 de la saga sur Kennedy). « Selon le témoignage de Sturgis devant la Commission Rockefeller, je pensais que c’était une « entreprise privée » (des mots fréquemment répétés dans les procédures Iran-Contra pour décrire des transferts d’armes similaires), mais j’ai appris plus tard que le propriétaire était un agent de la CIA.  À l’instar de nombreuses autres opérations reliées à la CIA, notamment de l’Iran-Contra et d’autres projets impliquant Interarmco, cette opération devait se limiter à un soutien logistique et financier de l’Agence, ainsi qu’à des conseils. Dans une dépêche de la CIA annonçant et décrivant le projet AMWORLD, le but de cette opération était de pouvoir nier toute implication de la CIA (« KUBARK »), « quels que soient le niveau ou la précision des informations faisant état de la complicité [américaine] ».

Un financement par le trafic de drogue

Oliver North cherchait de quoi acheter des armes en quantité pour les revendre à des pays qui fournissaient en quantité de la drogue.  Un échange  particulier est donc vite arrivé dans la transaction ; ce sera désormais des armes contre drogue, de la cocaïne essentiellement selon The Intercept  :  « North a cherché avec enthousiasme de l’argent partout où il pouvait le trouver et a dirigé de nombreux projets clandestins connus plus tard sous le nom de scandale Iran-Contra. Le sultan de Brunei a fait un don de 10 millions de dollars (que la secrétaire de North, Fawn Hall, a accidentellement versé sur le mauvais compte bancaire suisse), et l’Arabie Saoudite a également participé. North a également lancé ce qu’il a appelé « une idée géniale »: vendre de l’équipement militaire américain à l’Iran, le produit de la vente étant reversé au Contras. Dans le même temps, les Contras avaient une idée bien précise: faciliter le trafic de cocaïne aux États-Unis via l’Amérique centrale, avec une réduction des dépenses destinée à soutenir leur guerre contre les sandinistes. Certains Contras étaient eux-mêmes des trafiquants de cocaïne et d’autres étaient simplement heureux de faire des alliances de complaisance avec des cartels de drogue. Rien ne prouve que North ait réellement voulu que la cocaïne soit introduite en contrebande aux États-Unis. C’est simplement qu’il avait d’autres priorités. Mais était-il au courant du trafic de drogue des Contras ? Oui. A-t-il essayé de protéger l’un de ses « trafiquants de cocaïne » des autres branches du gouvernement américain? Oui. A-t-il travaillé avec un seigneur de la drogue connu ? Oui. Cela peut sembler choquant pour les candides. Mais tout cela est documenté dans diverses enquêtes gouvernementales. Tout ce dont vous avez besoin pour en apprendre davantage sur le sujet, c’est de la curiosité et d’une connexion Internet. Par exemple, voici une capture d’écran du site Web de la CIA sur l’Alliance démocratique révolutionnaire nicaraguayenne, ou ADREN, de son acronyme espagnol (c’est la Nicaraguan Democratic Revolutionary Alliance,un groupe anti-Sandiniste formé en 1980) qui a ensuite été intégrée dans le Contras » (ici à droite, voir ici la liste). « L’étendue de la complicité de North dans le trafic de cocaïne ne sera jamais connue. Lorsque le scandale Iran-Contra a éclaté en novembre 1986, il a ordonné à Hall de détruire autant de documents que la déchiqueteuse pouvait le faire avant qu’elle ne devienne défectueuse, et il a dû alors demander à la maintenance de la Maison-Blanche de la réparer. En outre, lorsqu’il a été démis de ses fonctions au Conseil de la sécurité nationale, il a emporté avec lui 2 848 pages de notes quotidiennes – qui appartenaient légalement au gouvernement fédéral. Au moment où une enquête du Congrès fut en mesure d’examiner les notes, North et ses avocats avaient déjà détruit d’énormes quantités d’informations. Néanmoins, 543 des pages mentionnaient des drogues ou un trafic de drogue, l’enquête révélant que « dans bon nombre de ces cas, les éléments contenus dans les carnets adjacents aux références aux stupéfiants ont été supprimés ».  Si l’on cherche à comprendre pourquoi l’ancien allié Noriega est tombé, c’est bien pour avoir menacé de révéler la participation de la CIA dans le trafic de cocaïne en Amérique Centrale.  The Intercept citant ici le cas du Honduras aujourd’hui, toujours miné par un trafic intense de drogue comme on le sait. Un cas pendable dans lequel le FBI s’était mélangé les pieds avec la CIA, une pratique plus courante qu’on ne pense :  « En 1984, José Bueso Rosa, un général hondurien, complote avec plusieurs autres d’assassiner le président du Honduras. Ils prévoyaient toucher le produit de la vente de 760 livres de cocaïne aux États-Unis. Le FBI a toutefois surveillé les participants, intercepté la cargaison à son arrivée dans un petit aérodrome de Floride et arrêté toutes les personnes impliquées. Mais Bueso avait joué un rôle clé dans l’appui du Honduras au Cons. North s’est donc mis au travail pour le faire partir le plus légèrement possible. (Bueso n’avait pas été accusé de trafic de drogue, mais les écoutes téléphoniques montraient qu’il était impliqué dans cette partie du projet.) » Dans le cas de Rosa, c’était Gerard Latchinian qui avait été identifié comme étant l » international arms dealer’’ intermédiaire…  C’était alors l’homme le plus riche du Honduras, en liaison avec Felix Rodriguez, celui qui avait tué Che Guevara.  Le trafic dirigé par Steven Kalish (qui était le pilote de Noriega, avec Rodriguez) avait comme têtes de réseau Michael Palmer, à la tête de la société Vortex et les avions utilisés étaient ceux de Servicios Turisticos… appartenant à Cesar Rodriguez.  Hondu Carib, de Frank Moss était aussi impliqué dans ce trafic.  J’ai décrit ici l’ensemble des opérations de la CIA impliquant ce trafic.

Le cas typique de Ballesteros

Juan Ramon Matta Ballesteros est certainement le cas le plus emblématique de ce trafic mêlant armes et drogue.  C’est un trafiquant de drogue bien connu qui a passé une partie des années 1970 dans une prison colombienne et qui est était rentré ensuite au Honduras en 1986, non sans avoir récupéré 2 millions de dollars en sortant de prison !!!  En 1978, on l’a arrêté à l’aéroport de Dulles, portant 54 livres de cocaïne.  Ce qui n’a pas empêché sa société aérienne, SETCO d’être recrutée par les contras pour faire entrer des armes au Honduras.  Selon le rapport de John Kerry en personne, en effet, la SETCO était le principal fournisseur d’armes en 1984. Pour ces services, Matta était directement payé par Oliver North. « Le rapport Kerry indiquait également:  que « l’un des pilotes choisis pour voler contre la FDN (les Contras) pour SETCO était Frank Moss, qui faisait l’objet d’une enquête en tant que trafiquant de drogue présumé depuis 1979. » Deux ans après que l’affaire Iran-Contra ait fait irruption aux États-Unis, le ministère de la Justice a extradé Matta, suspecté du meurtre de l’agent de la DEA, Enrique Camarena, au Mexique »…. (on constatera plus tard que la mort de Camarena était aussi l’œuvre… de la CIA, comme on peut le lire ici.)

Un trafic qui mène aussi à des pratiques douteuses répétées durant le conflit afghan et venues d’un ancien programme anti-viet-cong instauré pendant ka guerre du Viet-Nam.  Dans le livre « When States Kill: Latin America, the U.S., and Technologies of Terror » publié par Cecilia Menjívar, Néstor Rodríguez on trouve un extrait décrivant l’arrivée au Texas des comploteurs honduriens choyés et accueillis avec.. piscine offerte à la clé.  « En août 1980, 25 officiers honduriens ont été transportés dans un avion privé de l’armée de l’air hondurienne vers une piste d’atterrissage non pavée dans le sud-ouest des États-Unis, où ils ont été accueillis par un agent, M. Bill, et par quatre autres instructeurs et interprètes américains. Florencio Caballero, interrogateur et ravisseur du bataillon 3-16, se l’est rappelé : « nous sommes allés dans une base militaire.  C’était tellement privé.  Il n’y avait pas de télévision, pas de câble, seulement des cassettes vidéo. . . . Les officiers [honduriens] savaient où nous étions. Ils disaient: «  ici, au Texas ».  C’était comme une université.  Nous avions tout ce dont nous avions besoin: de la nourriture, des boissons, une piscine ». (selon le Baltimore Sun, du 13 juin 1995)  « Pendant six mois, des membres de la CIA et du Federal Bureau of Investigation des États-Unis, utilisant des traducteurs, ont enseigné les techniques d’interrogatoire aux Honduriens.  Les formateurs se sont spécialisés dans la torture psychologique et ont enseigné aux Honduriens à utiliser les points faibles et les craintes des prisonniers. Entre autres leçons, ils leur ont appris à utiliser la privation de sommeil et le chantage pour extraire des informations ».

Un interrogatoire qui nous avait tout appris

Dans le long mémorandum du Congrès sur l’enquête à propos de « l’Iran-Contra affair », lisible ici, l’implication de Century Arms, au milieu des années 80 est en effet patente.  Interrogé par Woodlock, l’employé Rugg, qui s’était mis à table, avait en effet donné des détails saisissants que l’on peut lire ci-dessous. Interrogé sur la photo polémique montrée dans Soldier of Fortune, voici ce qu’avait en effet répondre Rugg qui l’avait tour de suite attribuée à Century Arms :

– Comment savez vous ça ?

-En raison de la couleur du boîtier, le type de boîtier que c’était, c’était une caisse de munitions pour armes légères, des munitions de 7,62 millimètres. Sur le côté de la caisse était imprimé en grosses  lettres, « CIA, Montréal, Canada ».

-Qu’est-ce que cela signifiait pour vous?

-Century International Arms, Montreal, Canada.

– Vous souvenez-vous de la controverse générée par cette photo?

-Oui. Le gouvernement canadien, quand il a trouvé ça, il était très contrarié. Ils sont venus et ont questionné certains de chez Century International Arms. Maintenant, que ce soit Weigensberg ou non, je ne sais pas. Habituellement, ils jettent plutôt Prokos aux chiens.

-Pourquoi, à votre avis, le gouvernement Canadien était-il contrarié par la photo?-

– Apparemment à cause du projet de loi de non-intervention qui est passée là-bas au Canada.

-Quelle était votre compréhension de cela ? De ce que provoquait le  projet de loi de non-intervention ?

-Aucun Canadien n’est supposé jouer dans quoi que ce soit

-J’en arrive à l’ Amérique centrale.

-Vous souvenez-vous de M. Weigensberg ait été interrogé à propos de cette photo?

-Je savais qu’ils avaient été interrogés. Maintenant, s’ils ont l’interrogé ou M. Prokos, en général, c’est l’homme qui parle pour lui, ils le jettent aux chiens.

-Quand vous dites questionner, ce seraient les représentants canadiens de  la loi canadienne, des officiers de police?

-Prokos m’a dit la sécurité canadienne. Du Département de Sécurité. Ce que c’est au Canada, je ne le sais pas.

-Je suppose que vos informations sur l’enquête de sécurité du Canada viennent de M. Prokos; est ce que correct ?

-Oui.

– C’est bien Theo Prokos, T-h-e-o?

-Oui. C’est leur directeur commercial chez Arms – Century International Arms, excusez-moi.

-Ces demandes provenaient de la sécurité canadienne les gens sont arrivés  peu après l’apparition de cette image ?

-Oui.

-Cela se serait passé l’été, en 1986?

-Maintenant, monsieur Rugg, avez-vous eu des informations sur des fonds pour l’achat d’armes venant des Bahamas ou de des îles Caïmans?

-Oui. Cette information m’est venue indirectement, encore une fois, à travers Prokos.

-Comment est-il arrivé à vous en parler?

-Eh Bien, parce que je discutais avec lui au téléphone, en disant, tu joues avec un tas de fruits, et tu ne jamais aucun argent de toute façon. Je ne savais pas ce qu’il faisait.

-De qui parlez-vous?

-Weigensberg faisait référence aux personnes qui travaillent avec lui, à ce moment-là, il essayait de comprendre qui était qui. Et Theo a dit « non, il n’y a pas de problème, ils ont mis 400 et quelques milliers de dollars en espèces dans les îles, quelque part, au Bahamas ou aux Caymans. Ça a été transféré à Montréal et retour au Canada ».

-Saviez-vous que cet argent serait associé avec le groupe Secord?

-Oui.

-C’était par M. Prokos que vous avez compris ça?

-0ui.

-Je suppose que vous avez également reçu des informations sur des armes arrivaient du groupe Secord du Portugal; est ce que correct ?

-Une expédition effectuée par Weigensberg au Portugal.

-Vous rappelez-vous quand cela aurait pu se passer ?

-Sans vouloir paraître désinvolte, je ne le peux pas. À l’automne, c’était soit probablement l’automne de 1985 – je me souviens qu’il faisait humide, avec de la pluie le temps, nous avons été trempés.

-Donc, ce serait soit à la fin de 85, ou peut-être à la fin de 86?

-Cela pourrait l’être, aurait pu l’être.

-Vous rappelez-vous ce que vous auriez reçu comme informations de Prokos.

-Prokos vous dit ce que cette expédition composé de ça, des grenades et des roquettes, etc. Il n’a pas dit quel genre.

-A-t-il indiqué s’il y avait des intermédiaires impliqué dans cette transaction autre que Century Arms ou TWA?

– Je ne sais pas comment ni à quoi vous référez là, c’étaient les mêmes qu pour l’achat de matériel avant, autrement dit, le même groupe.

-Ces matériels arrivent au Portugal. Est-ce votre compréhension?

– Et bien, autant que je puisse croire, ils étaient roumains.

-Hormis TWA, existet-il un autre marchand d’armes. qui est impliqué dans cette transaction, à votre connaissance?

-Pas que je sache, monsieur, sauf Secord, je crois c’est là que ça se passait.

-Vous comprenez également de que c’était M. Prokos qui mettait tout ça en place. Un avion transférait du matériel à Lisbonne. »

Century et Ori

Vingt ans après, le trafic existait toujours et c’était toujours celui de Century Arms, et on en retrouvera en effet une partie, quel hasard encore, dans un port italien, haut lieu du trafic de cocaïne en Europe contrôlé par la mafia calabraise.  Selon Wikileaks, en 2002, en effet, de vieux fusils avaient été récupérés par Century Arms (le nouveau nom d’International Firearms) en provenance du Guatemala et de la société Grupo de Representaciones Internacionales (GIR SA), dans un un contrat à 130 millions de dollars. Des fusils M-1, qui seraient atterris chez lui encore grâce à l’entregent d’un agent israélien qui aurait servi  d’intermédiaire entre eux :  c’était tout simplement Ori Zoller, le patron de GIR SA (avec son associé Uzi Kissilevich). Audité par des représentants de l’ambassade, Zoller avait raconté que le deal était le résultat d’un accord complexe, fait à partir d’une dette du MOD Guatémaltèque à la société IMI (Israel Military Industries) pour la réfection des fusils d’assaut Galil.  Zoller étant également le représentant de IMI !  Afin d’éponger ce qu’ils devaient, les guatémaltèques auraient alors proposé de céder des armes de leur stock en échange, Zoller acceptant à condition que les fusils soient envoyés aux Etats-Unis chez Century Arms, selon lui pour « garantir qu’ils ne finissent pas ailleurs« .  Une histoire tirée par les cheveux qui n’avait convaincu personne.  Deux personnes avait été mises en cause en plus de Zoller : Uzi Kislevitz-Shapira, au Guatemala (lui aussi agent de l’Israel Military Industries (IMI), et Shimon Yelinek, au Panama.  Yelinek n’est guère plus reluisant que Zoller, à vrai dire ; une enquête de la DEA Drug Enforcement Administration (DEA) liera en effet cet ancien conseiller de Mobutu en 2011 au trafiquant Cifuentes Villa, du cartel mexicain de Sinaloa . Selon Le Monde, visible ici, Yelinek aurait été protégé par sa banque suisse, HSBC.  Drogues, armes et compte en banque bien garni, l’habituelle vie des plus gros dealers comme on a pu le voir au temps de North !  Zoller sentait lui aussi la soufre de toute façon :  en 1999, Zoller avait acheté des armes en surplus de l’armée du Nicaragua, dont des AK-47s, qu’il devait envoyer par bateau au Panama. 3 117 AK-47 et 5 millions de balles de 7,62 mm comme chargement, dans ce qui est devenu l’Opération Otterloo (du nom du bateau porteur) ! Au lieu de ça les armes avaient atterri en Colombie, pour armer l’United Defense Forces of Colombia (AUC), un groupe paramilitaire ultra-violent !!!  Les armes avaient été envoyées chez Banadex SA, une filiale de Chiquita, à Urabá.  Zoller, en bon récidiviste de la vente d’armes, avait aussi tenté en 2001 de revendre des armes des stocks Nicaraguayens sans fonds à Samir Osailly, un vendeur d’armes lié à Al Qaeda.  Le but était alors d’envoyer les fusils au Revolutionary United Front de Sierra Leone, mais il avait échoué.  Dans le cas de l’Otterloo, des documents secrets dévoilés plus tard (ici à droite) montrent clairement que l’entreprise de Zoller est bien plus qu’un simple broker d’armes venu dépanner sur le pouce la CIA pour régler un problème de fournisseur. C’est aussi un falsificateur.  Ces documents en effet évoquaient un précédent de 2007, pour la vente au Guatemala, montrant un document dûment signé du ministre de la défense Ronaldo Leiv Rodriguez, tout ce qu’il y a de plus officiel, Zoller ayant reçu effectivement un autre document en retour du Département du Commerce autorisant la vente.  Or ces papiers étaient en réalité tous deux des faux manifestes.  La duplicité semblait de mise, car à chaque étape de la préparation du deal, Zoller avait tenu à prévenir les personnels de l’ambassade de l’arrivée du bateau.  Un rapport fait par le Pol/Econ Conselor, lisible dans le rapport de l’OAS (Organization of American States, chargée aussi de vérifier les échanges d’armes) sur le cas de l’Otterloo, avait pourtant relevé que Zoller était très certainement un « facilitateur de corruption militaire », mais rien n’avait était requis à son encontre : en somme, Zoller était manifestement protégé.  Zoller a joué ce rôle négatif de profiter de guerre et de fournisseur de mort pendant des décennies !!!!  Century Arms n’a en fait jamais cessé ses importations depuis l’époque « Carcano » :  en 2004 par exemple, les autorités italiennes avaient saisi 7 500 AK-47 (Kalachnikov) venus de Roumanie et commandés par Century Arms. Découvertes à Gioia Tauro près de Reggio Calabria, au sud de l’Italie le 20 avril 2004 (photo ici à droite).  A ce moment-là, le Center for Public Integrity américain avait déjà démontré que Century Arms avait dealé depuis toujours avec les roumains, et ce même bien avant l’ère Ceauscescu !!!  En 2014, dix ans plus tard, Zoller n’avait pas cessé non plus d’œuvrer:  il sera surpris en train de vendre du matériel de surveillance téléphonique au Honduras, comme représentant de la société bien nommée « Hacking Team », sponsorisée par la discrète firme israélienne « Nice Systems » !!!  Le cargo ayant apporté le container s’appelait l’Ayhan Bayraktar appartenant à Yaniktas Den.  Ve Tic. A.S..  En 2017, il passera… à la Bulgarian Register of Shipping.  J’ai expliqué ici les transferts d’armes par Cargo effectués par la CIA.  Le nom de Cherbourg est apparu car les français fournissaient en poudre noire les belligérants et l’Iran via la société Luchaire, un autre scandale notable, français celui-ci.

Le contrat israélien oublié de 2009

Entre-temps, dans la banlieue de Jerusalem, à Mevasseret Zionune petite société avait été créée en 1979 par Zev Kaptowsky comme étant une simple entreprise de remise à neuf de vieilles armes qui s’est ensuite spécialisée dans l’achat et la revente de surplus militaires, les munitions et les équipements :  elle existe toujours et annonce aujourd’hui par exemple pouvoir vendre des Merkava, pas moins, ou des M113 mais aussi une longue liste de pièces détachées pour engins aériens (ceux utilisés par l’IAF): A-4 Skyhawk, Kfir, Tzukit, C-130 Hercules, F-16 Falcon A/B/C/D, F-15-I, AH-1 Cobra, MD-500 Defender, UH-60 Blackhawk,  Bell-206 (il y a même des morceaux de Four Magister appelé IAI Tzukit, présentés en Fiches Excel !).  Une sorte de Cummings bis, en quelque sorte !!!  L’entreprise présentait deux propriétaires sur le papier : Kaptowsky (pour 99% des parts) et son épouse Naama (seulement 1%).  Pour vendre à l’étranger, il avait hérité d’un blanc seing :  il était bien sûr estampillé vendeur officiel de la défense israélienne.  Il figure d’aillrurd dans le catalogue du Sibat (« The International Defense Cooperation Directorate of the Israel Ministry of Defense » où il est présent page 163).  On y trouve aussi des « AKM Model 63 and 65« , roumaines, datant de… 1963, ou un fusil de Sniper Zastava M76… du milieu des années 70.  Ou encore la SA-85M hongroise, variante de l’ AK fabriquée par la réputée Fémáru Fegyver és Gépgyár (FÉG) de Budapest.  Sans oublier des Galil, de différents modèles mais aussi des Tavor ou des Uzi, une palanquée de RPG-7 russes ou bulgares (on a le choix !!!).  Et même s’il n’ a pas ce qu’on lui demande, il se vante de pouvoir le trouver, en broker bien classique : « notre principal avantage est le fait que nous vendons principalement à partir de nos propres stocks, ce qui permet une livraison fiable et rapide. Pour les articles qui ne sont pas en stock, nous fournissons un service d’achat très efficace, dans lequel nous pouvons localiser presque toutes les armes ou munitions grâce à notre réseau mondial de sources et de fournisseurs. »  

Cette disponibilité rapide et efficace, c’est bien ce que révèle un énième message intercepté de Wikileaks le 8 décembre 2009.  C’est en fait l’exposition d’un différend entre deux sociétés, celle de Zev Kaptowsky (ici à droite lors d’un salon spécialisé), appelée Contact International et … Century Arms Inc.  Selon ce texte, Zev Kaptowsky avait obtenu l’offre de vente du Ministère israélien de la défense et police nationale israélienne (INP) de 2 500 anciens fusils de type M1 (de vieux « Garand ») chacun muni d’un chargeur, et avait appelé comme acheteur Century Arms Inc, car selon son patron « 80-90 % des biens excédentaires de l’armée israélienne qu’il achète sont exportés aux États-Unis ».  Le marché avait été soumis à une seule condition : que les carabines « soient revendues et exportées en dehors d’Israël dans un délai de 100 jours à compter de la date d’attribution du marché« . Le marché conclu, Century avait alors voulu payer directement l’INP et non Contact International, d’où la dispute alors en cours allongeant le délai du contrat, et risquant de l’annuler.  On ne sait pas à qui étaient destinés au final ces 2 500 fusils de l’âge de pierre (inventé par un canadien, sa production a commencé en 1936 et c’est l’arme des GI quand ils débarquent en 1944 en France; il se charge comme le Carcano avec un « clip » enserrant le lot de balles !) ni l’usage que souhaitait en faire après Century. Ou plutôt si, à examiner un site de vente d’armes :

Mais en Israël ils s’ajoutent aux ventes du pays qui sont florissantes :  en Israël, les exportations d’équipements militaires ont augmenté de 40% en 2017 avec 9,2 milliards de dollars de contrats, selon le rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) qui a classé Israël au cinquième rang des fournisseurs d’armes au monde, après les États-Unis, la Russie, la France et l’Allemagne.  En tout cas,chez Century, ils avaient été proposés à la vente au tarif de l’or en barre, au vu de leur prix d’achat, comme on peut le voir ci-dessus :  745 dollars pièce !!!  Soit 1,8 million de dollars si tout était vendu !

De Zastava à Delray Beach


L’histoire de Century Arms ne s’arrête  pas là encore.  En 2011, cette fois, un journal de Palm Beach racontait la réussi d’une entreprise américaine locale appelée « Century Arms, dont le siège est installé désormais à Delray Beach, mais l’entreprise de production dans le Vermont, qui vendait selon lui à la pelle des armes venues de l’Est. Elle détient aussi un autre emplacement, à Georgia, dans le Vermont, dans une petite ville de 4700 habitants, située à 10 miles à peine de la frontière avec le Canada. Cette firme avait importé, selon la publication, pas moins de 25 000 provenant d’un seule firme, Zastava, dont une majorité de fusils d’assaut.  Selon Wikileaks, rappelait le journal, dans son câble intercepté du 17 avril 2008, la firme ne semblait pas trop regardante sur leur origine véritable, travaillant souvent avec des « courtiers non autorisés». Bref, dirigée aujourd’hui par Michael Sucher (c’est donc bien toujours resté une entreprise familiale !) elle avait continué son commerce d’armes malgré son lourd passé… et un évident laxisme des autorités US sur ses activités en dehors des clous.  L’article décrit une société fort discrète, qui venait alors de se voir accusée d’avoir fait parvenir des armes au Mexique, chez les dealers : « tout ceci est une surprise pour de nombreux habitants du comté de Franklin, y compris des politiciens locaux. Sen. Don Collins (D-Franklin) ne savait même pas qu’il y avait un fabricant d’armes à feu dans son district. Sen. Norm McAllister (R-Franklin) a entendu parler de la société mais il admet: «Je ne suis pas sûr à 100% de ce qu’ils font. Je pense qu’ils rénovent les fusils. «  Les voisins semblent également ignorer la controverse qui a suivi Century, dont le siège social est situé à Delray Beach, en Floride. Au fil des années, de nouvelles enquêtes ont établi un lien entre les armes importées par Century et les seigneurs mexicains responsables de la drogue, les Contras nicaraguayens et d’autres acteurs peu scrupuleux. L’usine de fabrication et d’assemblage de Century est située dans le coin nord-est du parc industriel d’Arrowhead. L’entrepôt d’un étage, d’une superficie de 80 000 pieds carrés, est entouré d’une clôture en grillage et de fils de fer barbelés. Le bâtiment en acier ondulé ne comporte aucune signalisation extérieure, à l’exception d’une petite liste dans l’annuaire des entreprises du commerce en plein air et d’un drapeau portant le logo de la société Century: une carte du monde au centre d’un viseur. » La discrétion même, dira-t-on…

Une tricherie organisée depuis des décennies

Mais nous voici donc à nouveau confronté à ce que l’on a décrit dans les trois épisodes précédents : « la présence de la société dans le Vermont remonte au moins à 1964, lorsque  Century Arms, nom sous lequel a société était autrefois connu, était situé sur la rue Saint-Federal Albans. Il a déménagé à son emplacement actuel il y a une dizaine d’années. Un récent rapport  de Dun and Bradstreet a estimé ses ventes nettes à 30 millions de dollars  par année. Sur la base de la fréquence de ses annonces d’emploi, que la société gère presque chaque semaine dans plusieurs journaux du Vermont, dont Seven Days, Century semble croître de plus en plus rapidement. Ces annonces varient selon la saison et présentent des personnages différents dans la ligne de mire, y compris un trèfle pour St. Jour de Patrick, un lapin pour Pâques et un chapeau de fête et confettis pour le réveillon du Nouvel An (ici à droite un autre vendeur fait de même avec le «  fusil des familles »). « La loi fédérale exige de Century de signaler combien d’armes elle fabrique chaque année au Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives. En 2005, la société a produit seulement 2 657 fusils, mais en 2009 – l’année, de l’inauguration du président Barack Obama elle en a fabriqué 42 876, selon les rapports d’ATF. En 2011, la dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles, Century a produit 18 987 fusils. Importées, les armes à feu fabriquées à l’étranger sont une autre affaire. Pendant des décennies, Century a exploité une échappatoire pour contourner une loi fédérale interdisant l’importation de fusils de type militaire, selon un rapport d’enquête de Février 2011 produit conjointement par le Centre pour de l’intégrité publique et PBS’s “Frontline» Il le fait par l’importation de versions  dites« sportives » de leurs fusils étrangers, plus légers, « qui peuvent contourner les restrictions fédérales à l’importation, puis avec de les remodeler aux États-Unis (ils disent les « moderniser »), y compris en leur ajoutant des baïonnettes et des chargeurs de haute capacité ». Dans les années 1980 et fin début des années 90, siècle est devenu l’un des plus grands importateurs de fusils SKS de la Chine et de la Russie, de style militaire, précurseur semi-automatique de l’AK-47. L’un de ses plus infâmes contrats, selon l’IPC / rapport « Frontline », était une cargaison d’armes que Weigensberg a fourni aux Contras du Nicaragua dans les années 1980. Ces opérations étaient illégales à l’époque. »  Un aveu en bonne et due forme : cela fait près de 40 ans en 2018 que Century continue les lois, en fait… et met le feu à la planète entière.  Une société privée fabrique des guerres, massacre à qui mieux mieux, sous le regard protecteur de la CIA, et ce, depuis des lustres !

De Delray Beach aux massacres de Paris

Et c’est allé très loin. Jusqu’en Europe, on s’en doute, mais aussi en France, avec un épisode particulièrement sanglant… « Les armes à feu de Century ont également tourné au sud de la frontière, où les autorités fédérales affirment qu’elles sont devenues l’arme de choix des cartels de la drogue mexicains. La WASR-10 – le nom officiel de l’arme tirée contre la Maison Blanche par Ramiro Ortega-Hernandez – est devenue l’arme la plus couramment saisie dans les guerres de la drogue au Mexique.  Selon le rapport CPI / « Frontline », au cours d’une période de quatre ans, plus de 500 WASR-10 importés par Century ont été importés au Mexique.  La plupart de ces armes avaient été modernisées avec des capacités de type militaire ».  Au Mexique, qui a atteint un score atmopshérique de tués par balles cette année.  Mais aussi en France, avec cette découverte écœurante :  au moins sept des armes utilisées ou découvertes après novembre 13 attentats à Paris ont été identifiées comme étant fabriqués par une usine située dans le centre de la Serbie.  La plupart ont été fabriquées avant la rupture de la Yougoslavie lors de la guerre civile dans les années 90 et sont pour la plupart des versions modifiées de l’AK-47 soviétique, appelée aussi communément Kalachnikov.  En fait, Century Arms achète des armes d’Europe de l’Est (…)  Century Arms vend à des particuliers ou à des entreprises un permis fédéral d’armes à feu, en utilisant son site Web pour diriger le plus grand nombre de particuliers vers un réseau de revendeurs.  La confirmation était venue de MilojkoBrzakovic, le directeur de la Zastava Arms (Zastava Oruje), situé à Kragujevac, au centre de la Serbie.  Ce sont les autorités françaises qui avaient en fait remonté jusqu’à lui pour l’en informer :

Selon le Daily Mai, « Brzakovic (ici à gauche) a déclaré que toutes les armes avaient été livrées légalement, mais auraient pu se retrouver par la suite dans des circuits illégaux. « L’une a été livrée en Bosnie en 1983, une à Skopje, en Macédoine en décembre 1987, une à Golubici, près de Knin (Croatie) en 1988, une à Zagreb (Croatie) en 1987 », a-t-il déclaré.  Il a dit que le pistolet M92 « est une arme semi-automatique, une arme de chasse et de sport … il ne peut pas tirer de tirs en rafale, seulement des tirs successifs … qui sont légaux en Amérique ».  Il a déclaré que le produit avait été exporté vers un vendeur d’armes en ligne aux États-Unis, le Century Arms, basé en Floride, dont l’usine exporte jusqu’à 25 000 armes de chasse et de sport chaque année. Il a déclaré que le pistolet avait été livré en semi-automatique, mais il ne savait pas si quelqu’un le transformerait en automatique après la livraison. La «Kalachnikov raccourcie» est répertoriée par les marchands d’armes américains comme se vendant à environ 460 dollars pièce ». 

« Dans une vidéo mise en ligne en décembre 2013 (ci-dessus), Century Arms annonçait qu’elle vendait le pistolet PAP M92 de style AK, « une toute nouvelle arme à feu de l’usine de Zastava en Serbie » et en démontrait les attributs ». Le patron de Zastava ajoutant : « Nous avons vérifié sept, peut-être huit numéros de série reçus de la police dans notre base de données et découvert que les armes de ce lot particulier avaient été envoyées à des dépôts militaires en Slovénie, en Bosnie et en Macédoine ». « La société Zastava Arms, qui s’appelait à l’époque Zavodi Crvena Zastava, était l’unique arsenal d’Etat pour les armes de petite taille de la police et de l’armée de la Yougoslavie de l’époque. l’article prédisant « qu’elle exporte toujours, notamment aux Etats-Unis ». Et quel était donc l’avion qui aurait pu ramener tout ça de Kragujevac,?  Je me le demande bien, tiens, au fait… Et comment donc ces armes dévastatrices à Paris avaient-elles pu tomber aux mains de ces terroristes endoctrinés ?

(1) le coup des cinéastes, la CIA l’utilisera lors de l’opération Argo, devenu (obligatoirement) un film hollywoodien : pour exfiltrer des otages US qui avaient réussi  en 1979 à éviter la rafle effectuée par les iraniens (ils s’étaient réfugiés dans l’ambassade du Canada, d’où le nom de subterfuge canadien donné aussi à l’opération : the « Canadian Caper »)), la CIA a monté toute une opération ayant pour thème la réalisation d’un faux film en Iran même.  Ici la version d’un des vrais échappés.

 

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MH370 (19) : Century Arms, plusieurs rendez-vous avec l’histoire, le second et le troisième, à Paris

MH370 (21) : Gander, ou l’horreur manipulée

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Le 2 avril 2011, à la suite d’une longue enquête sur les vols d’avions emportant de la cocaïne, dont certains avaient aussi transporté des armes, dans la série Coke en stock (XXXIII), je m’étais intéressé à un crash passé inaperçu, historiquement.  Malgré l’horreur de ce qu’on avait entrevu, à savoir les cadavres carbonisés de 250 soldats américains, exposés dans une salle dans leur sac mortuaire.  Des images vite retirées des bandes d’actualité.  La chose militaire sait aussi s’y prendre médiatiquement pour faire taire les curieux.  Des militaires extraits des décombres d’un avion civil.  A l’époque, je ne possédais pas toutes les informations que je viens de vous décrire dans les épisodes précédents.  Ce crash en fait, lui aussi, donc, « connect the dots » et révèle que, derrière lui, c’était bien une livraison déguisée d’armes, liée aux Contras, ce que l’on avait à l’époque déjà fortement soupçonné.  La CIA était donc capable en 1985 de dissimuler les raisons de la disparition de 250 passagers, ce qui aujourd’hui résonne de façon fort inquiétante dans cette série qui tente d’élucider une autre disparition d’avion…   Il convient donc de relire ce texte prémonitoire et non retouché, rédigé il y a sept ans déjà (seules de nouvelles photos ont été ajoutées).

Nota : à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic.  La série a débuté ici

Une autre compagnie à laquelle s’est intéressée Wheaton est tout aussi étrange que celles déjà citées ici.  Wheaton, cet ancien adjudant qui a mené des enquêtes qui vont du cas du colonel Sabow évoqué précédemment à la poursuite du travail du Cristic Institut de 1987 suite à l’accident très bizarre de Gander, Terre-Neuve.  Celui d’un vol d’Arrow Air, en 1985, qui a coûté la vie à plus de 250 membres du la 101e division aéroportée.  Arrow Air ayant été, selon Wheaton, « l’une des compagnies aériennes préférées d’Ollie North ».  Il a également été l’un des premiers chercheurs à découvrir le trafic de drogue de la CIA à la Mena, AK et travaille aujourd’hui avec l’avocat de Sabow, Daniel Sheehan, un ancien de l’Institut Cristic, sur le cas justement de ce pauvre Sabow (1) »  Le crash de Gander,le Vol 1285 (du 12 décembre 1985), d’un McDonnell Douglas DC-8-63CF enregistré N950JW, était le vol de retour, du Caire, en Egypte à leur base de Fort Campbelldans le Kentucky, via Cologne (Allemagne), et Gander (Canada) de 248 soldats américains.  Les hommes du » 3rd Battalion » du « 101st Airborne » revenaient alors de participer à une mission de paix dans le Sinaï.  Il y avait eu 256 victimes, dont 11 soldats du Task Force 160, une unité spéciale, et l’armée en avait conclu bien vite à un phénomène de glace apparue sur les ailes... alors que l’avion était au décollage et qu’une explosion avait été entendue par des témoins.  Un rapport canadien de 1989 mettait fortement en doute l’explication du givre sur les ailes.  Le Djijad islamique avait pourtant aussitôt revendiqué la catastrophe à partir de Beyrouth.  A ce jour, c’est toujours le pire crash aérien survenu au Canada.

L’avion était un avion de chez… Arrow Air. la société fondée par George E. Batchelor, qui a perduré malgré la catastrophe et vient seulement de s’arrêter le 1er juilllet dernier (en 2011) : elle était devenue depuis Arrow Cargo. Elle avait obtenu son premier contrat avec le Pentagone en octobre 1985, et il était de 13,8 millions de dollars : à savoir une somme assez rondelette pour qu’on puisse penser à des liens plutôt privilégiés entre cette petite société et le Pentagone.  Tout le monde songe à juste propos à des activités « à part », celles de servir de transporteur pour la CIA.  Au moment du crash, l’hypothèse émise très rapidement par les autorités laissent pas mal d’observateurs sceptiques.  Le givrage ne se produit pas de cette façon, et des témoins ayant nettoyé les pistes affirmeront que les ailes de l’appareil étaient nettes de tout dépôt de glace.  En mars 2009, un des DC-10 d’Arrow Cargo avait « largué » un de ces trois réacteurs au dessus de Manaus au Brésil... endommageant 22 maisons et des véhicules.

Or le 14 février 1998, treize années après la catastrophe, tout bascule. Charles M. Byers, le président de la société Accuracy Systems Ordinance Corp, écrivait un bien étrange courrier au directeur de l’US House Intelligence Oversight Committee qui a supervisé l’enquête sur le crash. Selon lui, c’est un de ses engins qui a « probablement » détruit l’avion !  Byer affirmera que son appareil avait été commandé par une petite unité sous la direction du Lt. Col. Oliver North, et était supposée servir de détonateur à une mini-bombe nucléaire « portable » en Iran, pour faire croire à un accident de ce type.  Etonnante version !  Selon Byers, la preuve de ses assertions résidait dans l’attitude des autorités après le crash.  Dès l’annonce du crash, en effet  » le General John Crosby de l’U S Army était arrivé avec une équipe spécialisée du type « Broken Arrow Nuclear Disaster Team », et sans conduire d’enquête, avait décidé de bulldozeriser le sol sur deux mètres de profondeur ».  Il faut savoir que le nom « Broken Arrow » (« flèche brisée ») est celui donné en cas de chute de bombe nucléaire, comme j’ai pu aussi l’expliquer ici et là.  Des pompiers se plaindront plus tard effectivement de maux de tête sur les lieux du sinistre.

Un livre sortira, « Improbable Cause » rédigé par un des membres de l’enquête ayant refusé de signer le rapport final concluant à la thèse du givrage des ailes. Sur les neuf membres du Canadian Aviation Safety Board, quatre avaient refusé les pressions américaines, dont l’auteur, Les Filotas.  On pouvait y voir des obus de mortiers retrouvés à proximité du crash, certainement issus des boîtes de bois vues à bord à l’embarquement.  Des photos embarrassantes de débris appuyaient la thèse de l’explosion intérieure.  Et d’autres, tout aussi gênantes, montraient des amoncellements de M-16 brûlés au milieu des restes de l’épave, qui furent rapidement ensevelies, réacteurs compris.  Parmi les victimes, deux corps ne seront jamais retrouvés, ce qui ajoute encore aux hypothèses les plus extravagantes.  Lorsque les premiers sauveteurs arriveront, ils découvriront des corps pendant aux arbres, indubitablement la preuve d’une explosion en vol.

Le magazine Time, le 27 avril 1992, confirmera bien la présence d’armes sur les lieux du crash : « Bien que le gouvernement américain a déclaré qu’aucun des explosifs n’ait été à bord, les pompiers ont entendu des armes légères éclater partout dans le place et j’ai vu des débris envoyés en l’air en raison d’explosions. « Il y a eu de 30 à 40 explosions par exemple, a signalé le chef des pompiers de Gander.  Plus tard, des roquettes armées ont été trouvées parmi les débris de l’’épave, comme par exemple ce sac de 32-kg en forme de polochon rempli de munitions ».  Des armes, et leurs utilisateurs : « parmi les témoins que Wheaton a retrouvé, celui qui a confirmé que des armes, y compris des missiles antichars, ont été stockées dans le Sinaï. Alors qu’ il scrutait les documents d’embarquement de l’appareil d’ Arrow Air, il a découvert un mystérieux groupe, composé de 22 hommes qui ne faisaient pas partie de la 101e division aéroportée. Tous marqués du même MOS (Military Occupational Specialty) le 11-H, qui indiquait qu’ils étaient des artilleurs de missiles Tow » (pour « Tube launched, Optically tracked, Wire command link guided »).  Le type d’engin filo-guidé qui venait d’être fourni aux iraniens par Oliver North !  Visiblement, à bord de l’infortuné DC-8, il n’y avait pas que de la piétaille ordinaire, mais aussi des hommes des « Task Forces 160 et 163″.  Des commandos d’élite, comportant des pilotes et des spécialistes d’hélicoptères.  La jounaliste Zona Phillips découvrant qu’il se serait s’agi du Seal Team 6, le commando qui s’était illustré lors de l’affaire de l’Achille Lauro !

 

Pour les familles des disparus, c’est simple, le décès des leurs a fait l’objet d’une « cover-up ». « Plus tard, les rapports d’autopsie déclassifiés montrèrent que les soldats avaient inhalé de la fumée dans leurs poumons avant de mourir, indiquant qu’il y avait bien eu un incendie à bord avant que l’avion n’heurte le sol ».  Des parents de victimes avaient retrouvé eux-mêmes des pièces de l’avion montrant les traces d’une explosion !  L’hypothèse d’un attentat se double de celui de la cargaison fort spéciale qu’aurait emporté le DC-8.  « Six lourdes caisses avaient été placées dans la soute de l’avion en Egypte sans dédouanement militaire.  Plus tard des témoins affirmeront que des armes, y compris des missiles anti-char TOW, ont été stockées en Egypte près du lieu où l’avion a décollé.  À l’époque, les États-Unis avaient secrètement effectué la vente de ces types de missiles à l’Iran, pour faire face à la prise de leur otages. »  Plus tordus encore :  certains des missiles reçus par les iraniens s’avéreront avoir été sabotés, ce qui aurait expliqué leur furie une fois déballés.  « Quelques jours avant l’accident, les responsables iraniens ont menacé de mesures de rétorsion auprès des USA si on leur envoyait de mauvais missiles.  North avait écrit trois jours plus tôt qu’il était déterminé à continuer les livraisons d’armes.  « Arrêter maintenant en cours de route, serait laisser s’enflammer le feu iranien.  Les otages seraient nos pertes minimales « , avait-il même écrit à ses supérieurs . « Une théorie est que l’Iran a utilisé des militants connectés au Hezbollah pour punir les USA d’avoir envoyé des missiles défectueux ».  Voilà qui se tient tout autant.

Mieux encore, puisqu’une autre enquête va recouper un marchand d’armes bien connu : « dans le début des années 1990, deux reporters magazine Time font un livre sur le scandale de la banque BCCI.  Ils mettront au point une source fiable, un marchand d’armes privé, utilisant l’alias « Heinrich ». « Heinrich » dira aux journalistes qu’une grande quantité de liquidités était aussi sur le vol de Gander, et il leur dit cela avant qu’aucun compte d’argent sur le vol ne soit rapporté dans les médias. Heinrich, l’homme qui a pris part à de nombreuses transactions d’armes avec des fonctionnaires de haut niveau de la BCCI, dira aux journalistes : « Cet argent dans l’avion était l’argent d’Abedi (le fondateur de la BCCI, Agha Hasan Abedi), l’argent que la banque avait fourni aux renseignements des États-Unis pour ses opérations secrètes. L’argent a été utilisé par l’armée américaine.  Je n’ai aucune idée de son usage.  Vous ne demandez pas ce genre de questions à ces personnes »…. Un des hommes de la banque, peut-être je devrais l’appeler, était un peu en colère à propos de cet argent.  Il a estimé qu’il était, affecté aux soldats des forces spéciales.  Quelqu’un d’autre a pensé que c’était peut-être détourné pour une autre opération.  Je sais seulement que le sujet de l’accident de Gander a été soulevé, et ces gens ont parlé de l’argent de la BCCI disparu avec lui. »  Pour beaucoup d’observateurs attentifs, le fameux « Heinrich » n’était autre qu’Adolph « Al » Schwimmer… entrevu déjà dans l’épisode précédent.  Pour d’autres, plutôt, c’était Ari ben Menashe, un associé d’Oliver North, membre du Mossad.  L’avion de Gander n’a pas fini de livrer ses secrets, mais l’enquête bâclée et le manque d’information des familles entache fortement la thèse du simple accident.  Celle d’une bombe à bord plantée au Caire ou celle de l’engin machiavélique instable se tiennent toutes deux.  Les corps calcinés des malheureuses victimes ayant révélé l’absorption de fumées avant le crash met fort à mal l’hypothèse officielle du givrage.

Les avions d’Arrow Air ont servi à pas mal de choses en marge des choses officielles, la thèse de l’accident devient de plus en plus difficile à accepter.  Benashe rédigera un livre sur la question : « Profits of War : Inside the Secret U.S.-Israeli Arms Network».  Il dirigeait comme couverture la firme Traeger Resources and Logistics Inc, située au… Canada.  En 1989, il sera accusé d’avoir tenté de vendre 3 C-130 à l’Iran, en fabriquant des faux papiers d’exportation, mais il se défendra en faisant valoir son appartenance au Mossad, et sera… acquitté, le 28 novembre 1990 !  Un député US, le démocrate Robin Tallon de Caroline du Sud, essaiera bien de réunir 103 signatures à la Chambre en 1989 pour réouvrir l’enquête, mais Bush (père) refusera tout net.  Trop dangereux pour le pouvoir, bien trop dangereux !  Le député, dans sa question N°12 à l’administration avait osé une série de questions « est-ce vrai qu’Arrow Air vole jusqu’à Téhéran et au Honduras ? pour quoi faire ? Est-ce pour emporter des armes pour l’Iran et les Contras ? » qui ne semblait pas vraiment avoir été appréciée… pas plus que la 17, qui révélait un sacré pot aux roses :  « Pourquoi est-ce que ce DC-8 particulier avait deux bouteilles d’extincteurs supplémentaires installées dans chaque puits de roue ?  Était-ce parce que l’avion avait à bord des explosifs ? »…  Dans la vidéo reportage sur la catastrophe, on distingue clairement des « enquêteurs » débarrasser rapidement de la vue d’éventuels témoins ces fameuses bouteilles…  Ce qui avait intrigué les pompiers, c’est que des morceaux de l’appareil avaient brûlé pendant 20 heures sans pouvoir être éteints !  Le député Tallon fera aussi remarquer que le rapport d’Irving Pinkle’s, un expert réputé en explosifs et un spécialiste de la N.A.S.A, avait complètement disparu…

Un pays qui a menti sur le sort de 248 de ces soldats dès 1991 pourra-t-il faire pire seize ans après sur plus de 2000 de ces civils ?  Pour moi, ça ne fait aucun doute.  Les 248 soldats US ont été sacrifiés sur l’hôtel des Contras.  En 2001, sur celui de l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak.  Ce qui valait bien dix fois plus de morts…

Note ajoutée depuis:  quand j’ai écrit cela, je ne pensais pas que je pourrais redire la même chose en pensant au 239 victimes du vol MH370.  Quels sont les motifs impérieux qui ont déterminé qu’on se débarrasse ainsi d’un avion ?  Ou que l’on fasse tout pour qu’on n’en sache rien ?  Les bulldozers sont arrivés très vite à Gander pour scraper tout le sol sur plusieurs mètres de profondeur et enterrer les derniers débris.  La dernière fois où on avait fait de même c’était à Thulé... après le 21 janvier 1968.  La catastrophe de Gander est là pour nous rappeler que ces passagers ne pèsent pas lourd quand il s’agit de géopolitique et de trafics à ne pas révéler !!!

(1) Gene Wheaton, un ancien inspecteur de l’armée recruté par la famille pour élucider les circonstances de la mort du colonel Sabow.  Il était mort de deux tirs : un dans l’abdomen, un « birdshot » (de la chevrotine !) et l’autre dans la tête, avec un fusil Ruger de calibre. 223.  Selon Newsweek, on avait retrouvé les deux armes à 3 mètres de son corps, et pour le magazine, il n’avait pas pu se suicider.

(2) l’histoire du colonel Sabow est lisible ici.  On y découvre déjà le rôle intriguant  d’Adolph « Al » Schwimmer.  Mais aussi le sénateur Dennis DeConcini, un démocrate d’Arizona, le seul à avoir découvert l’étendue des dégâts  et l’avoir clamé haut et clair :  il n’a jamais été écouté.  Il a été ensuite embarqué dans le scandale dit des  «Keating Five»:  « en 1989, dans lequel cinq sénateurs — dont John McCain — ont été accusés de corruption pour être intervenus en faveur de Charles H. Keating Jr., patron de la Lincoln Saving & Loan Association — une caisse d’épargne californienne qui avait financé leur campagne — qui faisait l’objet d’une enquête du FHFB, le conseil fédéral du crédit immobilier.  La banque s’est effondrée, causant la ruine de quelque 20.000 épargnants et l’administration américaine avait du dépenser 160 milliards de dollars, dont 125 financés directement par le contribuable.  John McCain a été innocenté mais blâmé pour son manque de jugement dans cette affaire (comme Dennis DeConcini). » Pour certains observateurs, le plan des Keating Five a été un piège glissé sous les pieds de McCain ou de DeConcini pour éviter d’avoir à révéler plus avant l’implication de la CIA dans les ventes d’armes aux Contras, ou découvrir que les talibans en Afghanistan avaient aussi reçu des armes des USA.  Et pas seulement avant l’invasion décidée par G.W.Bush… le détail du rapport d’autopsie de Sabow est ici, contenu dans une enquête postérieure soumise au Congrès alléguant d’un homicide et non d’un suicide.  Une des phrases note « qu’il est impossible pour le colonel d’avoir mis son peignoir devant et derrière avant le prétendu suicide dans une chaise du patio.  Ces fonctionnalités doivent avoir été réalisées par quelqu’un d’autre. Le corps a été mis en scène.  Il est regrettable que les photos du colonel sur les lieux ne soient pas prises sans la chaise de patio. L’enregistrement vidéo du traitement de la scène a montré qu’aucune photo de l’arrière du corps n’avait été prise, de l’enlèvement du fauteuil à la rotation du corps sur le dos.  Si ces photos avaient été prises, la mise en scène du corps aurait été évidente.  Peut-être que si Nordby [2, 4] avait découvert cette caractéristique du corps, il n’aurait pas conclu que le colonel était décédé par suicide ».  Après le tir intra-oral, le peignoir du colonel a été manipulé après la mort. Les assaillants ont nettoyé l’extérieur du fusil de chasse et l’ont placé sous les jambes du défunt afin de donner l’impression qu’il s’est tiré une balle dans la tête, s’est assis sur une chaise de terrasse et s’est renversé à sa droite et au-dessus du fusil de chasse. La chaise de jardin a été placée sur le corps pour compléter l’image de suicide. Les assaillants, dans un faux semblant d’assassin, ont glissé le peignoir entre les jambes devant et derrière. La tentative de dissimulation de cet homicide en présentant le corps comme un suicide montre qu’il existait un plan mal conçu pour l’homicide et la manipulation post-mortem du corps. »

Pour l’accident de Gander ; le site remarquable est ici :

http://www.sandford.org/gandercrash…

et la vidéo ici :

http://www.youtube.com/watch?v=ONgT…

 

« Beaucoup de gens ont mis en doute la véritable mission du 3ème bataillon de la 101ème Airborne déployé dans le Sinaï.  Certaines théories entourent le contenu des mystérieuses « boîtes en bois » chargées dans le DC-8 au Caire et leur relation avec l’affaire Iran-Contra impliquant Oliver North.  D’autres feront remarquer que près de 20 membres de la 101e étaient membres d’un groupe d’élite des forces spéciales connu sous le nom de Task Force 160.  Ce fait est d’une importance capitale, car le rôle de la force multinationale et des observateurs est le maintien de la paix.  En revanche, les principaux objectifs de la Task Force 160 sont les missions secrètes et les sauvetages, comme en témoigne leur implication suggérée dans le paquebot de croisière italien Achille Lauro, pris en otage.  Les forces étaient sur le point et prêtes à bondir, bien que les pirates de l’air se soient rendus en premier. (chapitre 6:34)

La seule logique possible en ce qui concerne l’entrée de ce personnel hautement spécialisé dans une force de maintien de la paix est que la Force multinationale elle-même aurait servi de base à d’autres activités plus secrètes dans la région. Il faut regarder les événements qui se déroulaient à l’époque au Moyen-Orient, bien que le public n’en ait pas eu connaissance à l’époque. Le colonel Oliver North négociait depuis quelque temps avec l’Iran la libération d’otages américains détenus dans ce pays.  En échange de la libération des otages, North vendait les missiles anti-chars TOW aux Iraniens pour les utiliser dans la guerre en cours contre l’Irak.  Fin novembre 1985, les Iraniens ont versé plus de 24 millions de dollars pour l’achat de 18 missiles anti-aériens HAWK. Cependant, lors de la livraison et des tests de l’un des HAWK, les Iraniens ont réalisé qu’ils avaient reçu une version plus ancienne, moins sophistiquée, du HAWK, dont la portée était bien inférieure à celle des nouvelles.  Les Iraniens, déjà très méfiants à l’égard des États-Unis, se sont sentis doublés.  Un de ses conseillers a déclaré à Oliver North qu’il y avait « de bonnes chances de condamner à mort certains ou tous les otages lors d’une nouvelle vague de Jihad islamique ». Oliver North a répondu en affirmant que la mort des otages serait notre « perte minimale ». (chapitre 8: 182-196)

Réalisant sa position, il est possible qu’Oliver North ait planifié une tentative de sauvetage d’otage secrète.  North connaissait la position des otages dans la salle exacte de la caserne dans laquelle ils étaient détenus. (chapitre 6:34)  Si cette tentative échouait et que le groupe des opérations spéciales faisait des victimes, cela pourrait expliquer le contenu du « cercueil », des boîtes en cours de chargement dans l’avion au Caire. En outre, si une mission de sauvetage avait échoué plusieurs jours auparavant, les représailles d’un Iran irrité auraient pu être concentrées sur les manœuvres militaires américaines se déroulant dans la région, notamment le rapatriement de personnel militaire vers les États-Unis. Une explosion d’avion sur le continent nord-américain s’avérerait efficace pour montrer aux États-Unis que le bras du terrorisme peut s’étendre à n’importe quelle région du monde. »

 

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MH370 (20): « une guerre où vous voulez » qui mène à Paris

 

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