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Coke en stock (CCXXV) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (54)

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Le Brésil est comme le Paraguay pourri jusqu’à la moelle. Les gangs y sévissent impunément et la classe politique montre un côté déplorable avec la répétition des affaires de corruption.  L’incarcération de l’ex-président Lula après des années de suspicion de corruption n’est qu’un bout de l’iceberg nauséabond.  Une affaire, surtout, a retenu notre attention.  Celle d’un crash d’avion resté plutôt mystérieux qui s’était produit en 2014, tuant Eduardo Campos qui était devenu l’un des principaux adversaires de la présidente Dilma Rousseff après avoir été au départ son allié.  Ancien gouverneur de l’Etat de Pernambuco, il ne pouvait pas espérer être élu président, mais en ponctionnant environ 10% des voix sur son nom il aurait pu jouer les arbitres au second tour.  Le sort en a voulu autrement, il est mort avant.  Et ce n’est qu’après son décès, deux ans plus tard, qu’ont été révélé ses liens inavouables et ses pratiques douteuses…

Le Cessna 560XLS est un avion qui a plutôt une excellente réputation.  Les ingénieurs de Cessna pour construire avaient fait appel à des recettes éprouvées :  une aile droite, plus facile à manœuvrer à n’importe quelle allure, facilitant les atterrissages à basse vitesse (1), des réacteurs performants et un fuselage déjà existant.  Bref, rien d’innovant, mais un avion sans surprise construit sur des recettes éprouvées. 

Le 49 ième vol fatal de la tournée électorale 

Que c’est-il passé ce 13 août  là ? On ne le saura sans doute jamais précisément. L’avion parti de Rio de Janeiro se dirigeait vers Garuja, un des nombreux vols du candidat à la présidentielle. Le Brésil est vaste, on le sait, et les kilomètres à bord du Cessna se sont accumulés pour le candidat et son équipe : depuis le 6 juillet précédent, l’avion avait effectué 48 vols, représentant 33 000 kilomètres !!! Autrement dit aussi, les deux pilotes, Mark Martins, la quarantaine, comme commandant de bord expérimenté et Geraldo Magela da Cunha, son copilote, plus jeune, étaient plutôt rodés à ses commandes. Et peut-être aussi fatigués, qui sait, pense-t-on. Mais l’enquête montrera que ce n’était pas le cas : « au cours des sept jours précédant l’accident, l’équipage s’est conformé aux dispositions de la loi n ° 7 183 du 5 avril 1984 concernant la journée de travail et le temps de repos entre les jours ».  Ce jour-là en revanche le temps était visiblement exécrable sur Santos, avec de la brume et de la pluie, mais il demeurait encore une visibilité de 3000 mètres (c’est problématique à partir de 2400 sur ce type d’avion).  Après avoir repéré la balise Echo1 de la base aérienne de Santos, l’avion était entré en contact avec la tour et avait commencé sa descente.  Venant de la mer, au sud-ouest ici, il avait effectué d’abord  un large virage à gauche de 4 mille pieds (1 200 mètres), au dessus de la mer, vers la balise de radio 375 SAT, pour s’aligner sur la piste (qui peut être engagée dans les deux sens).  Une première passe-train non sorti interrompt la procédure, le pilote affirmant qu’il manquait alors de visibilité (en raison de la pluie) et il recommence le circuit (selon une solution de contournement classique) avec un autre virage à gauche (ici en pointillé).  A 4,3 km de la piste l’avion qui survolait un faubourg de Santos s’écrase, à 11H03, Rue Vahia de Abreu à Santos, sans signes extérieurs de difficultés particulières, il était toujours engagé dans sa descente, logiquement; mais « sans avoir respecté » pleinement  les recommandations de la tour de contrôle, note le rapport d’accident.  La presse écrira après avoir retrouvé des témoins qui affirment l’avoir vu voler bas au dessus de la ville… (lors de son premier survol ?). Mais une caméra vidéo (en noir et blanc à filmé sa chute en pleine ville, ruine cette opinion.  On le voit en effet tomber avec un angle fort prononcé de chute. L’avion n’était plus alors dans une procédure de descente d’atterrissage, à ce stade: il était bel et bien en perdition et devenu incontrôlable, en volant inversé, il était alors sur le dos (comment avait-il pu en arriver là ?). On comprend alors pourquoi on ne retrouvera que des petits morceaux de l’ensemble, qui joncheront les rues adjacentes de l’endroit où il s’était écrasé : il a en effet été littéralement pulvérisé par la force de l’impact, des débris peu disséminés, preuve aussi d’une chute presqu’à la verticale !!! Idem pour les corps, broyés et retrouvés en lambeaux en profondeur dans la terre au fond du cratère créé (je vous épargne les photos, elles traînent hélas sur le net), des corps mêlés aux morceaux de fuselage, selon les pompiers,qui ont dû les retirer à l’excavatrice.

Des explications qui n’en sont pas

Très vite, on va trouver des explications plausibles à la catastrophe. La presse en reçoit comme des éléments de langage par les services de l’Etat chargés du secteur de l’aviation.  Le mauvais temps, bien sur, ou la trop grande confiance en lui-même du commandant de bord et son copilote, trop timoré pour le contredire selon ce qui fuit dans la presse, sont mis en avant. L’accent étant mis sur une faute de pilotage avant toute chose. On dégote aussi tout ce qu’il y a de plus officiel:  la théorie du manque de formation des deux pilotes, formés sur Cessna 560 XLS mais pas sur XLS Plus, dont le cockpit serait différent. On montre à l’envi la différence dans un rapport d’enquête qui insiste sur le sujet (voir un peu plus loin la photo correspondante). Il l’est, certes, mais pas au point de nécessiter de gros ajustements à la première formation pour être efficace sur le second modèle.  Les « officiels «  oublient surtout de parler du nombre d’heures importantes effectuées par le duo de pilote sur le modèle, et les nombreux aéroports visités par tous les temps, sans avoir eu jusqu’ici de problèmes.  La façon de faire des autorités, qui au final ne trouveront pas vraiment de raison valable à la chute de l’avion est assez déroutante. L’une des plus étonnantes étant les clichés de la parade fort solennelle (ici à gauche) des morceaux d’avion reconnaissables (ici à gauche des aubes de turbine) manifestement présentés de façon ostensible dans les mains de militaires. Histoire de rassurer, genre « on s’occupe sérieusement de l’enquête ».  Ça ne s’améliore en rien, pourtant, et ça empire plutôt, même, avec la boîte noire retrouvée sur les lieux de l’impact. L’avion a été pulvérisé par le choc on l’a vu, et elle est donc en fort mauvais état (cf ses débris ici à droite), mais sa piste d’enregistrement de voix de pilotes, la seule source disponible sur une boîte noire de ce type d’appareil, peut être néanmoins extraite et écoutée dans un des départements Cenipa, dont le siège à Brasilia.  On espère enfin comprendre ce qui s’est passé avec les voix des pilotes.  Et là surprise :  il y a bien deux heures d’enregistrements d’audibles, sur la bande-son, soit la capacité de l’engin, mais elles ne correspondent pas du tout aux deux dernières effectuées :  c’est un autre vol dont on a gardé la trace !!!  Et pas le bon, donc !  L’enregistreur est signé L-3 Communications, c’est un fournisseur de l’armée US comme on le sait, ce qui renforce les conspirateurs habituels dans leurs complotisme anti-US, tel Wayne Madsen qui ne s’en prive pas, d’ailleurs.  Bref, on le sentiment que l’on nous dissimule des choses, sans pourtant vouloir sombrer à tout prix dans le complotisme.  La chute de l’appareil qui avait déjà réussi à survoler le terrain d’atterrissage où il aurait dû se poser est tout simplement… étonnante.  Le défaut de piste enregistrée de la boîte noire est lui aussi tout simplement inexplicable, la piste étant effacée à chaque nouveau vol, l’ancienne n’aurait pas dû réapparaître.

De sérieuses rivalités politiques

Dans ce cas de figure on pense bien sûr à un possible règlement de comptes politique, à une élimination physique d’un candidat devenu gênant. La piste se tient tant la politique au Brésil ressemble à un jeu de quilles. Des critiques provenant de ses adversaires ou au sein même d’un parti, car en politique tous les coups sont permis, même les plus tordus, on le sait (cf l’affaire Clearsteam en France avec De Villepin et Sarkozy).  Un texte très intéressant de TheEconomist.com nous écrit en nous expliquant les vagues changeantes que provoque la disparition du candidat devenu … gênant en politique : «  M. Campos était en route pour São Paulo pour s’adresser à une telle foule (ainsi qu’à votre correspondant) à sa mort. Les organisateurs de la conférence ont annoncé la nouvelle de la tragédie, le public mal habillé a hoqueté d’incrédulité, puis est tombé dans un silence stupéfait. Bientôt, cependant, le choc s’est transformé en agitation. Les commerçants, les analystes et les experts ont commencé à réviser frénétiquement les scénarios électoraux avec leurs clients, dont beaucoup étaient également présents. L’indice boursier principal du Brésil a chuté de 2% avant de rebondir. Le real a également plongé brièvement contre le dollar. Le marasme initial peut s’expliquer en partie par un choc général. Mais cela indique également une dynamique électorale changeante. Les marchés semblaient tout d’abord  avoir interprété que cela raccourcissait les chances de voir à nouveau l’administration Rousseff, effectuer quatre années de plus avec son Parti des travailleurs (PT), fustigé par beaucoup dans le secteur privé comme l’interventionniste et l’anti-business. Les derniers sondages soutenaient M. Campos à un peu moins d’un dixième de l’électorat, à environ 30 points de Mme Rousseff et 14 points de M. Neves. Mais avec M. Campos hors de la course, les perspectives de gagner plus de la moitié des votes valables de Mme Rousseff au premier tour auraient en fait augmentées, évitant ainsi un vote serré avec M. Neves ». Pour les forces d’argent, du pays, la chute du Cessna était donc… une mauvaise nouvelle ! … la remplaçante de Campos pouvant, elle, peut-être inverser la situation en se maintenant : « mais l’analyse ultérieure, dit Tony Volpon de  la banque Nomura, suggère que les marchés table maintenant sur la colistière de M. Campos, Marina Silva. Le PSB, qui a dix jours pour choisir un nouveau candidat, devrait choisir l’ex-sénatrice et un temps ministre de l’Environnement de Lula. Mme Silva est « le plus grand cauchemar du PT, » dit M. Volpon, qui compare sa biographie  mettant en avant son éducation pauvre dans le Nord à celle de Lula, vénérée par beaucoup  de brésiliens pour le succès de ses des programmes de « transferts de fonds ». Mais une Silva ayant du mal à se positionner précise le trader : « cela fait que Mme Silva a du mal aussi à attaquer « le néolibéral sans cœur », l’accusation portée contre M. Neves » (Silva est aussi une écologiste mais aussi une évangéliste qui est contre l’avortement, rappelons-le…:  au Brésil, toute la vie politique est étonnante !).  En 2010, rappelons-le, Silva avait vite grimpé dans les sondages grâce à son utilisation astucieuse des réseaux sociaux.  Cela lui avait permis, partie de rien de finir en troisième position, avec 20 millions de bulletins de vote (le Brésil, je le rappelle, compte 207 millions d’habitants)  !!!

Instabilité de l’électorat après le crash

Mais la prédiction du tracer comme quoi Silva entraînerait les plus jeunes à voter pour elle et le parti socialiste de Campos fera long feu.  Pour lui, les marchés auraient vu de toute façon un succès final de Neves, si le deuxième tour avait permis à Silva de se maintenir au second tour.  Le 5 octobre 2014 Rousseff, portée par l’électorat populaire comme Lula, devancera néanmoins au premier tour Neves (petit-fils de l’ancien président brésilien Tancredo Neves), avec 41,59  % des voix.  Au final ce fut une surprise, tant on la voyait en difficulté avec les suites de l’affaire Lula qui se dirigeait tout droit vers la prison où il est aujourd’hui.  Fait notable, Dilma était passée en tête avec un vote qui avait surtout écarté dès le premier tour la prétendante de gauche Silva, remplaçante sur le fil de Campos, présentée parfois comme une Obama féminine (33,55 % pour Neves contre 21,32 % seulement pour elle alors qu’elle avait déjà fait 19,35 en 2010) mais aussi comme la grande rivale de Rousseff.  Silva était alors la seule à pouvoir briser le débat politique, longtemps polarisé entre le PT et le PSDB au Brésil, pensaient certains.  Pour beaucoup d’observateurs, la mort de Campos, remplacée par Silva, aurait pu propulser cette dernière devant Rousseff au second tour, si Neves, chéri par les Banques et les Marchés, ne l’avait devancée au premier tour ce qui s’est avéré en définitive.  La droite avait eu un sursaut salutaire pour elle.  Car au second tour, Silva, c’est sûr, selon tous les sondages, et selon tous les spécialistes aurait battu Rousseff  (cf celui ici à droite signé par l’l’institut Datafolha) !!!   Les mêmes sondages se tromperont en la voyant devancer le candidat de droite avec 21% des voix au 1er tour, un point d’avance sur Aécio Neves (PSDB), qui était annoncé à 20%.  Au deuxième tour, on pouvait toujours craindre pour Rousseff, car Silva avait choisi de soutenir Neves… Mais comme on va le voir plus loin, elle se retrouvera elle-même empêtrée dans les suites de la mort de Campos, les votants se détourneront d’elle pour cette raison et n’iront pas voter… Neves.  Dilma sera donc réélue de façon somme toute logique en octobre 2014 au second tour avec 51,64 % des voix contre 48,36 % pour Neves (les sondages affirmant que Dilma gagnerait le deuxième tour avec Aecio resté dans la course, les projections donnant Dilma gagnante au deuxième tour à 47% contre 39% à Neves.).  Mais Dilma élue, elle sera vite destituée en aout 2016, plongeant le pays dans l’instabilité la plus totale, tous les jours l’Opération Lava Jato, révélant de nouveaux cas de corruption, à en écœurer l’électorat, c’est sûr.  Chez les jeunes, davantage tournés vers la candidature de Silva, près des deux tiers des Brésiliens âgés de 16 à 24 ans étaient restés indécis jusqu’au bout et beaucoup avaient voté blanc montrant la rupture de la confiance placée en Silva.  En 1992, on le sait, le même sort de destitution après avoir été élu avait touché Fernando Collor de Mello. Vingt-quatre ans après, le Brésil renouait alors avec ses démons démocratiques (pour la prochaine élection de 2018 l’étoile montante est Jair Bolsonaro, un nostalgique des pouvoirs forts, homophobe et raciste, qui est déjà devant Silva dans les sondages ) !  Mais on découvre quelque temps après la mise à l’écart de Rousseff que l’avion de Campos dissimulait un tout autre secret … tout aussi inavouable pour la classe politique brésilienne !!!

Les conclusions surprenantes de l’Air Force brésilienne

Revenons à l’accident après ses considérations sur la complexité de la politique au Brésil.  C’est un lieutenant colonel de l’armée de l’air brésilienne à qui on confie le rôle d’enquêter et de rédiger un rapport technique sur sur le crash.  Ses conclusions paraissent après coup bien légères : « Selon Cenipa (Centre d’enquête et de prévention des accidents d’aviation), le manque de connaissance de l’aéronef et de la zone d’atterrissage et les erreurs de jugement causées par le stress ont fait perdre aux pilotes le contrôle de l’aéronef suite à un atterrissage interrompu. Selon les enquêtes menées par le lieutenant-colonel Raul de Souza, les pilotes ont ignoré les recommandations d’atterrissage du constructeur du modèle et de la piste d’atterrissage. «Des pilotes bien entraînés, qualifiés et reposés, sans de tels niveaux de stress, réduiraient grandement les possibilités de s’écraser.» Mais la perte de l’orientation spatiale peut également se produire dans ces situations », a-t-il déclaré. Même la route de l’avion pour se rapprocher de la piste a été faite dans le mauvais sens. Selon Souza, un chemin plus court, utilisé par les pilotes, aurait permis d’économiser 5 minutes ».  Les pilotes avaient effectué 30 000 km à bord sans « connaître l’appareil », selon lui !!!  Voilà qui paraît bien étonnant comme jugement  (j’y reviendrai bientôt plus en détail) !!!

Relance de l’affaire deux ans après

Au final, la conclusion des experts sur le crash de l’avion de Campos avait en effet été fort floue : aucun problème technique majeur décelé à bord, un temps au sol exécrable, certes, mais l’avion était aussi un jet « tous temps » comme tous ceux de sa catégorie, capable de voler aux instruments, les pilotes formés à cette technique étaient sans problèmes, bien reposés, le seul argument développé étant celui sur leur formation sur le modèle antérieur.  Aucune explication donnée au surprenant contenu de la boîte noire… et on ne semblait non plus ne pas avoir beaucoup poussé les investigations sur à qui appartenait l’avion, car le candidat n’en était pas le propriétaire, il ne faisait qu’emprunter un appareil appartenant à d’autres, à savoir les dénommés Eduardo Freire Bezerra et João Carlos Lyra.  Deux ans après le crash, ces deux là, dirigeant officiellement plusieurs sociétés dont une de ventes de pneus, vont faire reparler d’eux, avoir été poursuivis par la femme du commandant de bord réclamant un indemnité pour ses deux enfants en bas âge, ce que la Justice lui avait accordé.  L’occasion pour le pouvoir en place de remettre une couche sur la seul responsabilité des pilotes… « AF Andrade, PSB et les hommes d’affaires João Carlos Lyra et Apolo Vieira ont été condamnés conjointement et solidairement pour le paiement de dommages moraux et matériels à la veuve du Commandant Martins et aux jeunes enfants du couple. Pour leur défense, les défendeurs ont allégué que le rapport sur les causes de la tragédie élaboré par le Cenipa a conclu que les pilotes étaient en faute dans l’accident. Le magistrat, qui s’est également basé sur le rapport du Cenipa, a déclaré que les employeurs n’ont pas soumis le capitaine à une formation pour utiliser un avion différent. En effet, le Cenipa a souligné que les pilotes possédaient le savoir pour utiliser une version antérieure du modèle de vol, et n’ont pas reçu une différence de formation ou une autre  formation sur Cessna Citation 560 XLS + (à droite ici la comparaison des deux, pas si différente l’une de l’autre). L’enquête du FAB a conclu que l’absence de formation des pilotes pour piloter l’aéronef était l’un des facteurs qui a été prépondérant dans l’accident » (à défaut d’avoir trouvé autre chose de sérieux pourrait-on dire). « Les accusés ont engagé le commandant Marcos Martins pour exploiter un avion différencié et ne lui ont pas fourni la formation et l’entraînement nécessaires à cette fin. Cela signifie que le pilote Marcos Martins n’était pas entièrement qualifié pour piloter ledit avion ».  C’était aller vite en besogne, tant les deux modèles se pilotent de la même façon et c’était surtout oublier les dizaines d’heures de vol sans accroc effectuées par les deux pilotes sur ce modèle précis de 560 XLS Plus durant toute la campagne de Campos !!!  Deux ans après, on continuait à jeter les discrédit sur les seuls pilotes.  Mais deux ans après également, on allait surtout découvrir pourquoi les autorités avaient autant traîner les pieds au sujet de l’enquête sur l’avion :  l’appareil avait été acheté de façon délictueuse (nous versons bientôt comment), voilà qui n‘aurait pas fait une belle publicité au parti du candidat, ou par ricochet chez Dilma Rousseff, puisque l’avion avait été acheté au moment où Campos la soutenait encore.  Celle-ci aurait donc dû savoir logiquement d’où venait exactement cet avion… A gauche une des vues du reportage TV dans la rue adjacente de la catastrophe :  le temps était particulièrement exécrable, ce jour-là, à Santos, ça, au moins c’est indéniable.  Et c’est surtout une des rares informations sérieuses à propos de ce crash !

Un aautre avion pour Campos

Et ce n’est pas tout.  Un deuxième scandale était apparu dès 25 août 2014 avec la découverte de l’usage d’un deuxième jet par Campos lors de sa campagne électorale.  Un avion appartenant lui aussi à Bandeirantes Companhia de Tneus Ltda. société déjà impliquée dans l’achat du Cessna fatal.  Un Learjet 45, immatriculé PP-ASV utilisé par Campos le 20 mai 2014,  lors d’une visite à Feira de Santana, Bahia, lors de la pré-campagne. (ici à droite-  « Bandeirantes », la société ayant son siège à Pernambuco et qui appartenait à Apolo Santa Vieira.  Enfin pas tout à fait, car l’homme n’ayant pas encore fini de le payer, l’avion appartenait toujours à la fameuse Banque de l’Utah, sous le régime du Trustee bien connu.  Apolo Santa Vieira, étant alors mêlé au même moment à une gigantesque affaire d’évasion fiscale avec 100 millions de reals pompés dans les coffres publics !!!  La presse rappelant « qu’en mai dernier, l’homme d’affaires de Pernambuco, João Carlos Lyra de Melo Filho, a signé un accord pour acheter l’avion et a indiqué les entreprises Bandeirantes et BR pour s’endetter auprès de Cessna « , selon Estadão.  Tout ce circuit délictueux avait été découvert pendant l’Opération Lava Jato (lavage de voitures) qui enquêtait alors sur la corruption autour de Petrobras (2).  Car visiblement, les revenus des petites entreprises seules des propriétaires des deux avions ne leur permettaient pas un tel train de vie.  D’où provenait leur argent, voilà bien le problème.  L’autre problème étant que le candidat à la présidence du Brésil devait bien le savoir, que c’étaient des mafieux qui lui avaient « prêté » leur avion pour effectuer sa longue tournée électorale !!!

Un autre avion, très révélateur, en train de pourrir dehors…  

Des politiciens se faisant prêter des avions par la mafia locale ?  Pas une surprise, au Brésil. La corruption n’est plus rampante dans le pays, elle est flagrante.  Une photo est là pour nous le prouver:  celle d’un jet en train de se détruire lentement, abandonné à l’extérieur et soumis au climat subtropical de l’endroit où on l’a parqué et qui s’abîme un peu plus chaque jour.  C’est un Cessna 500 Citation immatriculé PT-KBR, N°500-0156 qui périclite un peu plus chaque jour, totalement abandonné sur l’aérodrome de Curitiba Bacacheri depuis… 8 ans maintenant (son état a nettement empiré depuis). L’avion en triste état est en fait la résultante de l’Operação Mãos Limpas (« Operation Mains Propres » ), une sorte de sursaut face à la corruption devenue trop voyante lancée en 2010 et qui s’était révélée fort fructueuse, à vrai dire.   Avait été pris cette année-là dans le filet de la justice Antônio Waldez Góes da Silva  un député affilié au Partido Democrático Trabalhista (PDT) et ancien gouverneur de l’état d’Amapá, élu en 2002.  L’homme espérait alors devenir sénateur aux élections du 4 avril 2010, mais il venait de se faire rattraper par les affaires.  Un article saisissant avait rappelé et résumé son cas exemplaire : « Macapa – La police fédérale (PF) a saisi un avion à réaction du Président de l’Etat de la Cour des comptes Amapá (CEA-AP), José Júlio de Miranda Coelho, arrêté le 10 Septembre lors opération mains propres. Selon PF, Coelho avait essayé de cacher l’avion, un Cessna Citation, aux autorités. L’avion se trouvait dans un hangar à l’aéroport de Pampulha, à Belo Horizonte (MG), et a été saisi avec l’autorisation de la Cour supérieure de justice (STJ). L’information provient du journal O Estado de S.Paulo. En plus de l’avion, la police fédérale avaient saisi cinq voitures importées appartenant au précédent TEC-AP dont une Maserati et une Ferrari (ici à gauche), ainsi que l’argent et des bijoux » (l’arrêt de justice mentionne une Ferrari, une Masserati, deux Mercedes-Benz, une Mini-Cooper et une BMW Spyder Can), le Cessna Citation  PT-KBR et un bateau de type Real Class (ici à droite le modèle 31), un navire dont la livraison aurait eu lieu  le 15 octobre 2009. « Les documents saisis par les autorités fédérales montrent que la cour a fonctionné comme un « centre de commandement blindé » de la bande, démantelé dans l’opération, établi par le gouverneur Pedro Paulo Dias (PP), l’ancien gouverneur Waldez Goes (HAP), les hommes politiques, hommes d’affaires et des membres supérieurs de la Etat. Le CEA-AP, selon la Polie Fédérale, a approuvé les comptes dépendants, des truquage d’offres et a légitimé le système de corruption généralisée par les différents secteurs de l’administration publique. L’opération mains propres de la police fédérale, enquête sur des détournement de fonds qui ont impliqué le gouverneur de Amapá, Pedro Paulo Dias, ancien gouverneur de l’Etat Waldez Garcia, ancien secrétaire de l’éducation José Adauto Santos Bitencourt, la l’homme d’affaires Alexandre Gomes de Albuquerque et 12 autres personnes. La police a constaté que la plupart des contrats administratifs signés par le secrétaire à l’éducation ont bénéficié à certaines entreprises. Une seule entreprise de sécurité privée et la surveillance a maintenu un contrat d’urgence pendant trois ans avec le ministère de l’Éducation, avec la facture mensuelle plus élevée à 2,5 millions de Reals et une preuve qu’une partie de la valeur renvoyée sous forme de pots de vin, à ceux qui sont impliqués. ont également été identifiés les lacunes des ressources dans la Cour des Comptes Amapá, l’Assemblée législative sur la préfecture Macapa, l’État ministères de la Justice et de la Sécurité publique, la santé, l’inclusion et la mobilisation sociale, des sports et des loisirs et l’Institut de l’administration pénitentiaire ».  On calculera que Coelho avait détourné pas moins de 7 578 936 de reals, alors qu’au début de l’enquête on avait tablé sur la moitié seulement.  Ce qui ne l’a pas pas empêché de sortir de prison dès le 20 septembre 2010… A noter qu’en 2014 un spotter avait saisi l’image d’un PT-KBR (ici à gauche)… mais sans en indiquer la date précise de prise de vue, car l’avion était aligné avec au fond de l’image un 737 de chez VASP, mais dans une très ancienne livrée et non celle de l’arrêt de la compagnie.  Ce pourrait être la livrée antérieure, donc, de notre fameux Cessna Citation.  Le PT-KBR avait été enregistré au Brésil le 2 avril 2008.  Il n’est pas près de revoler.  On semble l’avoir bougé de place, poussé au milieu du Piper Seneca PR-TJM, et des Navajo PT-ESG et PT-RFT et du Cheyenne (bâché) PR-GPX qui semblent encore eux tous en activité.

Autre cas notoire… avec un proche de Dilma Rousseff

Un autre cas pendable d’abus est celui du gouverneur de Minas, Fernando Pimentel (PT), qui malgré avoir fait acheter deux avions au gouvernement du Minas Gerais, avait néanmoins eu recours aux services d’un taxi aérien pour des vols officiels, sans en détailler les coûts.  En l’occurrence le Learjet 35 A, immatriculé PT-LGW, provenant d’un hangar de  l’aéroport de Leo Horizonte Pampulha.  Le  N°35A-598 enregistré au Brésil le 25 janvier 2008.  Un avion resté depuis en maintenance durant des mois et dont l’inscription auprès de l’Anac st devenue obsolète selon la presse. Or en même temps, les revenus des pilotes des deux avions officiels de l’Etat avaient été divisés par trois !!!   En octobre 2011, quand il était devenu ministre du Développement, Fernando Pimentel (PT) était allé à Rome dans le Lear Jet de l’homme d’affaires Joao Doria Junior, affilé au PSDB, mais aussi le présentateur de « O Aprendiz »,  la version brésilienne du show télévisé de Donald Trump !!!  Un industriel affichant des revenus de 56 millions de dollars annuels en 2016 !!!  Pimentel posera un autre problème en 2015, puisqu’il voyagera dans l’avion d’un autre homme d’affaires sulfureux, Benedito Rodrigues de Oliveira Neto, dit « Le Bené » en compagnie d’un membre du Congrès Gabriel Guimarães (PT-MG) et de son père, l’ancien représentant du PT Virgílio Guimarães.  Un voyage qui avait eu lieu le 6 octobre 2014, au lendemain de l’élection de Pimentel au gouvernement de Minas et de l’élection de Gabriel à la Chambre des représentants.  Les deux (ici à droite descendant de l’avion) ayant voyagé dans le bimoteur Beechraft qui sera saisi par la police fédérale à Brasilia en train de transporter de Belo Horizonte 113 000 dollars en billets, le début de la découverte de leurs malversations en fait.  Le propriétaire, « Bené » était en effet depuis longtemps soupçonné  de dissimuler au fisc local la possession de son avion privé depuis son achat aux États-Unis en 2012, selon la Police.  « Les agents de la PF ont  également fait une descente dans l’appartement de la femme de Pimentel, Caroline Pimentel, situé dans l’aile sud, à Brasilia, sur la base de soupçons que sa compagnie, Oli Communication, était une société « fantôme » (…) D’autres cibles étaient deux bâtiments à Belo Horizonte, celui de l’ancien député Virgílio Guimarães (PT-MG), allié à Pimentel. L’avocat de Carolina, Pierpaolo Bottini, a informé Political Broadcast que les documents prouvant l’innocence de l’épouse de Pimentel seraient remis au juge d’instruction lundi après-midi ».  Lors des visites policières chez les alliés de Pimentel avaient été trouvées des voitures de luxe : Range Rover, Jeep, Audi et Porsche. Un parc automobile propre aux dealers ou aux corrompus, on va finir par le croire.  Et la presse de rappeler que « Bené, un homme d’affaires de Brasília ayant des entreprises dans le gouvernement fédéral, s’est fait connaître lors de la campagne électorale de 2010 pour les dépenses de dépenses du comité électoral de la candidate d’alors, Dilma Rousseff. »  On retombait alors au plus haut sommet de l’Etat !

Tout un système de corruption découvert au plus haut niveau

Le petit Beechcraft était le sommet d’un iceberg de corruption à grande échelle en fait, touchant à la fois Lula et Rousseff. « L’ascension fulgurante des entreprises liées à Bené – dans les deux mandats de l’ancien président Lula, les entreprises Gráfica Brasil et Dialog Eventos ont obtenu 214 millions de reais – a attiré l’attention des chercheurs. Dans l’opération de police lancée aujourd’hui, au moins 30 entreprises sont soupçonnées d’utiliser largement des prête-noms et s’appuient sur la confusion patrimoniale pour éviter d’être prises. En 2005, la même société qui avait des revenus d’environ 400 000 reals déplaçait jusqu’à 500 millions de reals par an. « Ce groupe utilise la confusion patrimoniale, de l’interposition de personnes pour obtenir le gain des marchés publics. Il y a confusion des actifs et des entreprises. Il y a des endroits où, au même endroit et le bureau, le travail de cinq, six entreprises, tous font obstacle à la responsabilité et l’identification du véritable propriétaire de ces entreprises « , a dit le délégué responsable de l’enquête sur le cas.  Aujourd’hui, la Cour fédérale a déclaré l’enlèvement du bimoteur turbopropulseur, évalué à 2 millions de reals. L’immatriculation  de l’avion PR-PEG, est formé par les initiales des parents du principal enquêté, d’où le nom de l’opération. Le King Air de huit sièges fabriqués par Beech Aircraft est enregistré au nom de Bridge Participações SA, une société holding dont le siège est à Brasilia et le capital déclaré de 2.000 reais. Mais selon PF, elle appartient à l’entrepreneur Bené qui détient Graphic Brésil Publisher and Marketing, le fournisseur de campagne Pimentel et a déjà eu des contrats avec divers organisme du gouvernement fédéral. En 2010, il avait été impliqué dans un scandale de produire des dossiers contre le candidat à la présidence José Serra (PSDB), un adversaire vaincu par le président Dilma Rousseff ».  On touchait là aux portes du pouvoir même : « la campagne de Pimentel a payé 440 000 reais à une entreprise qui fait l’objet d’une enquête dans l’opération Lava Jato, soupçonnée de verser des pots-de-vin à André Vargas (sans parti PR). La charte MPV7 a été étudiée par le groupe de travail sur le plan de corruption de Petrobras pour avoir effectué plusieurs dépôts sur le compte d’une société fantôme maintenue par Vargas entre 2011 et 2014.  En mai 2017, dans une affaire primée liée à l’Opération Lava Jato, Joesley Batista, président de JBS, a annoncé avoir donné 30 millions de reals pour la campagne 2014 de Fernando Pimentel par ordre de Dilma Rousseff, alors présidente » . L’avion PR-PEG datant de 1991 était bien le modèle LJ-1287 acheté à MJ Aviation Inc et devenu brésilien chez Lumine Editoria Ltda en 2012 après avoir été le N341R, le N881JT, et avoir débuté comme LV-WLV.  Depuis, il est devenu le PR-OSO…  Saisi, il œuvre en effet pour la Police Militaire du Minas Geiras (ici à droite) !

 

 

(1) vérifiable ici avec un modèle 501 se posant sur une piste étonnante, celle du Mountain Air Country Club à Asheville, en Caroline du Nord.

le décollage est tout aussi prenant:

vu du sol (la piste fait 2 200 pieds = 670 mètres seulement.

(2) fort bien résumée ici par The Gardian le 1er juin 2017 : « Lancée en mars 2014, l’opération s’est d’abord concentrée sur des agents connus sous le nom de vendeurs d’argent au marché noir, qui utilisaient de petites entreprises, telles que des stations-service et des lave-autos, pour blanchir les profits du crime. Mais la police s’est vite rendue compte qu’elle était sur la bonne voie quand elle a découvert que les « doleiros » travaillaient pour le compte d’un dirigeant de Petrobras, Paulo Roberto Costa, directeur du raffinage et de l’approvisionnement. Ce lien a conduit les procureurs à découvrir un vaste réseau de corruption extraordinairement complexe. Lors d’un interrogatoire,  Costa a décrit comment lui, Cerveró et d’autres dirigeants de Petrobras avaient délibérément surpayé des contrats avec diverses entreprises pour la construction de bureaux, d’appareils de forage, de raffineries et de navires d’exploration. Les entrepreneurs ont conclu un accord pour s’assurer que les affaires soient garanties à des conditions excessivement lucratives s’ils acceptent de canaliser une part de 1% à 5% de chaque transaction dans des fonds occultes secrets.

Après avoir détourné des millions de dollars dans ces fonds, les directeurs de Petrobras les ont ensuite utilisés pour canaliser l’argent vers les politiciens qui les avaient nommés en premier lieu, et vers les partis politiques qu’ils représentaient. L’objectif principal du racket – qui a escroqué les contribuables et les actionnaires sur des milliards de dollars – était de financer des campagnes électorales pour maintenir la coalition au pouvoir. Mais ce ne sont pas seulement les politiciens qui en ont bénéficié. Tous ceux qui sont liés aux transactions ont reçu un pot-de-vin, en espèces, parfois sous la forme de voitures de luxe, d’œuvres d’art coûteuses, de montres Rolex, de bouteilles de vin, de yachts et d’hélicoptères. D’énormes sommes ont été déposées sur des comptes bancaires suisses ou blanchies par le biais de transactions immobilières à l’étranger ou de petites entreprises. Les moyens de transfert ont été délibérément compliqués, afin de cacher les origines de l’argent, ou low-tech, pour le garder hors des livres de comptes. Les procureurs ont découvert que des mules âgées volaient de ville en ville avec des briques d’argent sous film rétractable attachées à leurs corps.

Petrobras n’était pas une entreprise ordinaire. En plus d’avoir la plus grande valeur marchande (et les dettes les plus importantes) de toute société en Amérique latine, c’était un fleuron pour une économie émergente qui essayait d’exploiter la plus grande découverte pétrolière du XXIe siècle – d’énormes champs pétroliers en eaux profondes au large de Rio de Janeiro. Petrobras a représenté plus d’un huitième de tous les investissements au Brésil, fournissant des centaines de milliers d’emplois dans les entreprises de construction, les chantiers navals et les raffineries, et nouant des liens commerciaux avec des fabricants internationaux tels que Rolls-Royce et Samsung Heavy Industries.

Petrobras était également au centre de la politique brésilienne. Au cours de la présidence 2003-2010 du dirigeant du Parti des Travailleurs, Luiz Inacio Lula da Silva (connu sous le nom de Lula), des postes exécutifs à Petrobras ont été offerts aux alliés politiques de Lula, pour aider à renforcer le soutien au Congrès. L’importance commerciale et stratégique de Petrobras était telle que la National Security Agency américaine en faisait une cible de surveillance. Comme l’enquête de « lavage de voitures » (Lava Jato) devait le prouver, si vous pouviez percer les secrets de cette entreprise, vous perceriez les secrets de l’Etat. »

Un résumé est disponible aussi sur Wikipedia à l’adresse suivante :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Opération_Lava_Jato

(3) son nom apparaît dans les Panama Papers… en cheville avec Fernando Collor !!! Comme l’explique ici Estadao dans son édition du 1 février 2018 : « un tribunal en Suisse a décidé, indéfiniment, le gel des comptes secrets du propriétaire de l’usine et ancien député fédéral João Lyra (TBP-AL) sur des soupçons de corruption et de blanchiment d’argent. L’affaire est liée à une enquête qui, au Brésil, a également ciblé le sénateur Fernando Collor (PTC-AL). Selon les autorités suisses, une filiale du groupe Lyra aurait conclu « des contrats pour la vente d’une quantité importante d’éthanol, au milieu de pourboires ». Ces contrats, selon les enquêtes, « auraient été utilisés par le même groupe comme garantie pour obtenir des prêts auprès de diverses institutions financières privées et publiques et des pots-de-vin auraient également été payés dans ce contexte ». Selon les documents des Panama Papers, l’ancien député était un représentant de Refill Trading Corp., dont le siège est à Panama et avec des comptes à la banque suisse Pictet. La Suisse a entamé son enquête contre Lyra en novembre 2015, et à l’époque, le Parquet européen « a saisi le compte bancaire » maintenu par le Brésilien. Au Brésil, l’affaire implique également Collor. Selon une enquête de la police fédérale d’avril l’année dernière, le sénateur a promu une «intervention directe» dans BR Distribuidora pour embaucher l’usine de Lyra ».. L’ex vraiment déchu pour malversations ne se refera jamais, à ce compte-là…

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

Coke en stock (CCXXIV) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (53)


Coke en stock (CCXXVI) : la réorientation du trafic, le Honduras comme première destination aérienne (4)

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Retour à notre mini-saga de l’été sur le Honduras, dont le lien du dernier épisode figure au bas de cet article.  Découvrir en détail les deux avions trouvés cet été dans la Mosquitia est un travail fastidieux, pas vraiment aidé par les autorités qui n’ont déjà rien trouvé de mieux que d’en brûler un sur place.  Autant de preuves manquantes, donc.  L’engin avait beau avoir été vidé, il fonctionnait encore comme on a pu l’entrevoir quelques secondes sur des vidéos tournées par les autorités.  Mais au prétexte d’un malfonctionnement, on a décidé de l’incinérer rendant l’enquête plus difficile.  L’autre a été sauvegardé:  on a réussi à le faire redécoller et à lui faire quitter la piste bien boueuse sur lequel il s’était posé.  Allons-y donc pour tenter de découvrir qui ils étaient, et d’où ils venaient.  Avec à la clé une belle surprise !

Découvrir lesquels… par élimination 
 
Pour ce qui est des deux avions saisis, pas facile de trouver qui se cache derrière ces avions de trafiquants où d’où ils viennent   Mais heureusement, pour le Beechcraft, l’examen du manuel d’exploitation des Beech 90 nous donne plein de renseignements qui vont nous permettre de limiter à une liste d’un trentaine d’avions dans lequel se cache le prétendant.  Cela nous permet surtout de procéder par élimination.

L’engin est visiblement ancien, très ancien :  il date d’avant 1968 en effet, d’après son apparence extérieure comme intérieure.  Le genre d’avion qui se négocie aujourd’hui dans les 350 000 dollars maximum, sinon moins encore, avec par exemple ici le N5WG qui répond à tous les critères du nôtre à part son cockpit un peu différent :  c’est le LJ-289 de 1967, dont le dernier propriétaire, GMB Aviation Inc, date de 2001.  Il aurait pu faire le bon client, si son numéro de série de construction ne l’avait exclu des « bons critères » comme on va le voir.

L’avion saisi est d’un modèle plein d’éléments permettant d’avancer dans cette quête à la Conan Doyle.  L’un des critères visibles les plus flagrants est le cône arrière et la quille du Beech découvert ; le cône est arrondi, son feu de bonne taille, alors qu’après le modèle 317 il devient plat (horizontalement) avec un feu de potion bien plus petit (ici à droite avec en comparaison l‘extrait du catalogue de pièces détachées de chez Beechcraft).

Jusque là, en ce qui concerne le modèle 133, sa porte est également, haubanée de façon différente avec un tendeur qui n’est pas horizontal une fois la porte descendue (cf ici à droite).  Nous voici donc obligatoirement entre le modèle 134 et le 316.  En ce qui concerne le modèle 241, les fuseaux moteurs ont une écope proéminente en dessous (ici à gauche).  Voilà qui « restreint » le choix entre les modèles 134 et 242 !!!  Près d’une centaine d’engins à étudier !!!  Si on commence par le LJ-134; c’est vite réglé, remarquez :  devenu C-GLRR après avoir été N38LAN8156E et N815CE à sa sortie en avril 1966,il a été déclaré « broken up »… déjà un de moins dans la liste ! Idem pour le LJ-137, de Skyward Aviation, immatriculé N80GP, qui s’est écrasé à Wheeling (en Virginie Occidentale) le 13 novembre 1997.  Dès que l’on reste dans la zone basse de la liste, on tombe davantage sur des épaves en effet que des modèles encore en état de vol.  Tel ce N77AT de White Industries Inc, ou ce qu’il en restait en 2010… l’appareil étant le LJ-166, ex N28J sorti en octobre 1966.  Le LJ-155 de la même société N40RM, ex N7HU ou N5112 et N5105 de juillet 1966 étant lui déclaré également « broken up ».

Un avion d’avant 1970, à coup sûr, et maquillé

 

L’engin présente toujours un tableau de bord à cadrons ronds pour les moteurs disposés en deux rangées horizontales de huit. Sur les modèles suivants, ils passeront à gauche, côté pilote à la verticale (ici sur un E90 de 1972).  Nous reviendrons plus loin sur ce tableau de bord avec des images plus précises.  La console centrale des manettes des moteurs est aussi apparue dans cette forme après le LJ-113.

Le modèle encore en service des parachutistes, visible ci-dessus (et ici au Montgomery Field de Californie en 2003, qui appartient à Skydive Myrtel Beach Inc depuis 2016 (la société possède aussi un Mooney de toute beauté) peut donc nous servir ici de référence et de comparaison, pour l’intérieur, en prime il vole toujours, celui-là.  Skydive Myrtle est une société de parachutistes particulière car elle est dirigée par des vétérans de l’armée.  Elle a été l’objet d’un long litige en 2014 au prétexte d’avoir mis en danger l’aéroport de Grand Strand Airport.par se sauts en tandem (où l’instructeur retient le parachutiste devant lui par des sangles).  La FAA avait envoyé contre elle un document de 73 pages… qui ne comportait pas de quoi clore les sauts pour autant !!!  Mais c’est un LJ-366… dont la queue est « plate » !  L’avion, par sa vétusté apparente, fait plutôt penser à un beaucoup plus ancien, à celui d’Air Vendée, par exemple, le F-GEDV, le LJ-150 et ses neuf enregistrements avant de finir… épave transférée au Maroc à partir de Pontoise-Cormeilles-en-Vexin !!  Le LJ-143 N751PC a lui aussi fini en épave à Bates City dans le Missouri (cf ici à droite) Le LJ-151 exporté au Venezuela dès 1987, ex N28AB et N3926M semble aussi proche de ce que l’on cherche.  Il avait été vendu par l’obscure Ozark Aircraft Sales Inc, installée à Miami comme son nom ne l’indiquait pas.  Idem pour le LJ-154 immatriculé N5111U, ex N5104 de 1966, retrouvé ici au Space Coast Regional Airport de Brevard County, en Floride en 2000, photographié par le spotteur Ingo Warnecke, moteurs démontés, en fort piteux état.  L’épluchage de liste s’annonce long à faire… mais va nous faire passer par de vraies perles, tel ce LJ-136  photographié au Murtala Mohammed International Airport, Ikeja, de Lagos au Nigeria, la propriété alors de Peugeot Automobile Nigeria, qui deviendra ensuite 5N-ATU !!!  Des engins que l’on propose à la vente encore, comme ici chez Enaer.com, site regroupant des vendeurs sans trop de scrupules comme celui qui offre ce Beechcraft B90 hors d’état de vol (ici à gauche), avec comme commentaire « nécessite une révision générale, une peinture, un intérieur et des moteurs », l’offre étant fixée à « 70 000 dollars » seulement (à droite ici son cockpit, avec ses 16 cadrans moteurs horizontaux).

Un autre phénomène intéressant étant son repliage train avant alors qu’il tentait de redécoller, car un engin de 1967 a subi le même déboire c’est N50JJ, un Beech 65-A90, de numéro de série LJ-290 (trop « loin » déjà pour faire notre affaire).  C’est le Skydive Factory Inc, visible ici à droite, que l’on ne peut retenir pourtant vu que depuis il a été scrappé.  C’est donc plutôt sur la décoration extérieure que l’on doit porter en premier nos efforts de décryptage, en connaissant déjà la fourchette d’âge de l’engin qui se limite on l’a vu aux alentours de 1968… Le N20WP, par exemple, de Mountain Air Services, ici à droite, correspond en décoration, mais celle-ci est différente (le triangle bleu remontant sur les flancs à un sommet arrondi et l’avion est un modèle C90, LJ-738 bien trop « récent » datant de 1977; à queue plate, donc).  Sa photo a été prise il y a dix ans ce n’est donc pas un modèle récent de décoration.  Un Beechcraft 90 LJ-1340 tchèque (OK-PRG) photographié en avril 2016 présenté le même look.

Mais d’autres lascars de chez Beech montrent le même dessin, des Beech 300 notamment qui vont nous intéresser sous peu comme vous allez le voir.  Un très bel appareil de ce type est aperçu sur Pinterest, cette cochonnerie de logiciel, mais on ne peut en retrouver l’immatriculation étant donné la destruction de définition de cette aberration logicielle et le manque de lien vers l’original.  Mieux, lorsque l’on tombe sur une petite annonce à propos d’un beau Beechcraft 200 chez AVBuyer, un appareil proposée par « R. Consulting & Sales, Inc », un broker « basé au Nevada » dont l’adresse de contact est située à San Marcos en Californie.  Ce dernier vend en même temps un hélicoptère Airbus/Eurocopter – ex Bolkow – BO 105CBS-4, un modèle rare au USA, mais aussi ça (on remarquera la discrétion de l’annonce, sans date et sans aucune immatriculation de spécifiée ni adresse où le trouver : rien, nada !) :

On découvre vite pourquoi pas d’adresse.  Le vendeur de l’avion sans référence aucune (R Consulting & Sales, Inc.) qui possède un bureau-façade dans le Nevada et qui habite plutôt sur la côte californienne dans un imposante bâtisse est en effet une femme d’affaires, qui s’occupe d’un bon nombre de sociétés dont certaines dérivées de son nom ou son prénom. Outre LR Leasing, elle dirige par exemple aussi Raquel Neptune, LLC ou Oceanfront Neptune, LLC, et Paracorp Incorporated (qui n’a pas une grosse notoriété), qui se présente avec 8 personnes pour la diriger, de la secrétaire, en passant par le trésorier, jusqu’au patron.  A part que là, c’est huit fois le nom de la patronne qui apparaît… !  Sidérant !  LR a certes été créée en 2015, mais sa licence d’exploitation a expiré au 8 février dernier… et comme le document mis en ligne n’a pas de date, on ignore si l’offre était légale ou pas… d’où sort cet avion  (1) ?

Un avion replié

A force de chercher, on trouve.  L’avion s’il se fait aussi discret c’est qu’il y a bien une raison, que l’on finit par trouver… en effet. En 2008, un Beech 200 de 1981 ressemblait encore à ça.  Il avait bien besoin d’un petit coup de pistolet à peinture, pour en effet devenir ça.  C’est chose faite en 2013, où il commence à ressembler à ça.  C’est plutôt réussi. L’avion est le N111PV, acheté le 12 novembre 80 (alors N111F), revendu à Peavey Electronics Corp. Meridian dans le Massassuchets le 30 janvier 1987, arrivé chez Tarbert Aviation LLC à Indianapolis (Indiana) le 14 mars 2002 et revendu le 9 juillet 2009 à Rotoral Corp. Ann Arbor (Michigan)… puis passé le 4 janvier 2012 chez Life Guard International Inc, de Las Vegas, lorsque le 15 Mar 2016, à Van Nuys, son tain s’est replié sous lui, abîmant ses fuseaux moteurs et ses hélices alors qu’il effectuait une opération de « medevac ». Réparé, il revole à nouveau, mais le 12 décembre 2016 même incident à Elko, dans le Nevada juste après le décollage.  Réparé de nouveau, il avait ensuite repris ses vols au dessus de Las Vegas.  L’engin serait donc resté depuis à Elko.  On comprend pourquoi autant de discrétion sur sa revente :  difficile, avec cette réputation de train récalcitrant ! (en novembre 2016, au même endroit 3 médecins et un pilote d’American MedFlight étaient morts dans une évacuation sanitaire à bord d’un Piper PA 31).. ici, vu à Elkp, leN271SM,  un Pilatus PC-12/45, C/N: 622, datant de 2005 et servant lui aussi d’ambulance.

Question de déco 

Le schéma de peinture particulier arboré par l’avion de la Mosquitia nous force à quelques recherches en effet.  Il n’est pas très répandu, on a vu que notre avion planté au Nevada la portait il y a plusieurs années déjà.  On en trouve quelque uns mais ils ne sont pas nombreux, voilà qui pourrait aider en effet à trouver la bestiole.  D’abord un américain, le N64FB, un Raytheon 350 King Air (B300) de toute beauté, vu ici il y a trois ans au dessus du Norman Y Mineta San Jose International Airport (à San Jose, en Californie).  Un brésilien, ensuite, le PR-OPB, qui est un Beechcraft 200,  le BB-1263 enregistré en septembre 2011 là-bas : c’est l’ex N20DH qui avait une déco plus classique, les photos sont récentes, comme celle ici à Criciúma – Forquilhinh (Santa Carina).  De façon plus surprenante ce type de déco a aussi été appliquée à un modèle B100, reconnaissable à ces moteurs différents :  le N127TX (BE106) indiqué par la FAA comme d’Adams Air LLC de Shelby en Alabama, lui aussi magnifique.  Or ce dernier est un très ancien modèle en effet : démarré N6666K avant 1980, il a connu pas moins de 20 changements de propriétaires en passant par une société de forage de pétrole (en N568K, en 1983) pour atterrir bien sûr aux mains de l’inévitable Wells Fargo Bank Northwest NA Trustee en 2001, et devenir 10 ans plus tard Bratodd One LLC qui le rebaptise en 2011 sous le N127TX d’aujourd’hui, devenu alors propriété de Highland Paving Company LLC en 2012.  Chez Bratodd, il était toujours peint de manière « traditionnelle » (la  photo date de 2005).  Bref, ce schéma de peinture semble avoir été appliqué à des avions anciens pour les remettre en valeur.  En comparaison on voit ici à gauche à quoi il ressemblait il y a 37 ans, vu au Dallas Love Field le 10 cotobre 1981.  Et comme le style a quand même plu, semble-t-il, on trouve aussi un étonnant King Air B200 annoncé à 945 000 dollars chez Nextant Pacific qui lui est… australien (VH-OWN), lui aussi repeint ex Orange Aviation. Un avion qui a subi récemment les mêmes déboires que notre avion du Nevada (le 1er octobre 2017 son train gauche s’est affaissé) .  Il avait eu la chance d’avoir un bon pilote !  Chapeau l’artiste !

Une couleur bleue qui mène loin… en effet !

Mais en cherchant bien,  on en trouve un autre, beaucoup plus intéressant car portant un bleu davantage similaire (moins soutenu) à notre Beechcraft de la jungle hondurienne. Et il vole toujours, celui-là (ici en train de se poser à Leesburg, il y a 7 ans déjà).  Le précédent n’est pas le même, des différences de peinture sont visibles notamment au niveau du gouvernail de queue :  celui en vente est bien un clone.  C’est le King Air 300 N627GB (cn FA-197, ici à gauche), cette fois, souvent croisé à Malte (que faisait-il là ?) et appartenant à l’obscure « Potomac Flight Training » dont le pilote formateur est un hollandais appelé Raymond de Haan, un ex  « Aviation Adventures » de Leesburg, en Virginie (une autre école de formation  installée à … Potomac Airfield, dans le Maryland, créée en 1989 par Bob Hepp, aux 14 000 heures de vol, fondateur du Manassas Airshow; il a été récompensé comme « Flight Instructor of the Year » en 2016).  Une sacrée réussite :  Aviation Adventures emploie 46 avions, dont 16 lui appartenant en propre.  Particularité, il n’a pas été aviateur tout de suit :  Bob est un ancien artilleur de l’Army, avec 21 ans de service qui a fini colonel.  Notre pilote, lui, étant donné ses origines, se fait surnommer (The Flying ?) « Dutchman ».  On l’a vu d’abord aux commandes d’un petit Cessna 172S N1057R, inscrit chez l’aussi obscur Anesthesia Aviation LLC de Loudoun (en Virginie) qui possède aussi le Cessna P210N (pressurisé donc) N731CB  (P21000545), il est visible en détail ici chez Las Vegas Sales.  Voilà qui intrigue un peu déjà… Une page Facebook vide;  un site internet aussi indigent (rempli de photos non contractuelles empruntées un peu partout), une seul avion à disposition, cela met mal à l’aise comme « école » qui évoque ailleurs 15 personnes et un bon chiffre d’affaires.  Et que faisait donc cet avion à Malte, tremplin des vols vers la Libye, comme on le sait si bien ?  Le même parcours que faisait souvent un dénommé David Tokoph, mort depuis, et dont il faudra que je vous reparle bientôt… on suppose.  Qui donc est exactement Raymond de Haan ?  Un simple instructeur de vol ?

Les questions ne manquent pas, à son égard comme envers son entreprise.  L’engin a pris ses nouvelles couleurs du temps de chez Potomac, arrivé le 13 janvier 2010 car apauravant… il était bien moche chez Yancey Bros Co, Austell GA, enregistré là le 29 mai 2001 sous N416DY… avec les couleurs de l’époque (ici à droite).

Car il y a d’autres choses à savoir : « l’Operations Manager » de la Potomac Flight Training s’appelle Harry Arthur, or c’est également celui de « MAG Flight Services », une division de MAG Aerospace dont il est aussi un des dirigeants.  Ici un de ses avions de ses débuts… aux couleurs civiles bien classiques.  Ces couleurs et cet avion avec ses réservoirs particuliers, dont MAG dissimule auourd’hui l’immatriculation, je les avais repérés déjà dans un article sur les profiteurs de guerre paru le 19 juillet 2016 :  c’est le N120RL, visible ici.  Un visiteur habituel de l’aéroport de la Ceiba ! « Un Beechraft 200, immatriculé N120RL (ici au Costa Rica), qui avait abandonné en 2010 son costume civil d’antan pour endosser ses habits militaires réels. Un appareil enregistré chez une bien obscure compagnie, Mag Defense Services LLC, une société privée, qui fournit de l’assistance pour la surveillance de territoires. L’avion, doté d’un dôme radar et d’une « boule » de caméras FLIR travaillant pour les narcotiques US. L’avion stationnait régulièrement sur l’aérodrome San Andrés Gustavo Rojas Pinilla International, en Colombie. (où il a été photographié). Dans une vidéo de présentation, Momentum Aviation Group n’hésitait pas à comparer les forêts de l’Amérique Centrale… à l’Afghanistan ». L’intuition à propos du Beech 300 N627GB se confirme vite, elle provient d’un fan d’aviation, un ex de la RAF : sur Twitter, le 27 mai et le 18 juin 2018, c’est récent en effet, il avait repéré l’avion au dessus de la Méditerranée, sur Flight Radar, venant de Libye !!!  Bingo !!! L’avion  portant la même livrée que celui trouvé au Honduras est bien un avion de surveillance ISR et « l’école de Potomac » a donc bon dos !

 

Une société en contrat avec le Pentagone !

Et là, avec cette découverte, figurez-vous que l’on change en effet totalement de catégorie, car c’est une firme particulière, c’est le moins qu’on puisse dire, à voir l’avion ici à droite que ce bon Arthur manage donc… un Dash 8, mais pas n’importe lequel.  Un avion d’ISR (de surveillance aérienne, donc) aux couleurs bien connues (le N354PH) qui a possédé un temps un jumeau (le N355PH )… retrouvé celui-là planté en Afrique, en raison d’une bête mauvaise gestion de l’essence par ses pilotes mercenaires (on dit « contractant avec le Pentagone » , pour faire poli)….un avion parfois présenté comme une carte postale, pourtant, pour faire plus « civil », sans doute.

Ou celui, là repéré ici dans un site spécialisé le 22 janvier 2014 (un jour où on avait lu un de mes articles au préalable :  il était paru un an avant, 1er février 2013), dont MAG Aerospace assure également la formation des pilotes.  « MAG », pour « Momentum Aviation Group », rappelons-le.  En fait un des niveaux Pilatus EC-12 de l’armée afghane, le modèle 1443 dont voici ici le 1392 de passage à Glasgow Prestwick lors de son convoyage vers Kandahar.  Le Pilatus N392NG,livré comme étant HB-FRR devenu YA1392RF dans l’inventaire afghan.  Des avions fournis pas Sierra Nevada... contractante de la CIA comme on le sait !!!  Nous voici de plus en plus mal à l’aise en avançant dans l’enquête !!!  Ci-dessous la liste des 6 premiers des 18 prévus  (et en photo ci-dessus les gens de MAG en Afghanistan devant un des Pilatus fournis):

HB–FRD PC-12/47E 1378  SIERRA NEVADA CORP. N378NX 16/01/2013
HB-FRI PC-12/47E 1383  SIERRA NEVADA CORP. N383NX 03/05/2013
HB-FRM PC-12/47E 1387  SIERRA NEVADA CORP. N387NX 03/05/2013
HB-FRR PC-12/47E 1392  SIERRA NEVADA CORP. N392NG 24/05/2013
HB-FSG PC-12/47E 1407  SIERRA NEVADA CORP. N407NX 02/08/2013
HB-FSS PC-12/47E 1419  SIERRA NEVADA CORP. N419NX 06/11/2013

MAG, en Afghanistan, s’occupe aussi des hélicoptères, comme on peut le voir ici et là également.  A bien regarder, c’est peut-être bien d’ailleurs le Pilatus, tel ce N616EL, un PC-12/45 de 2005 (N°616) qui avait donné de « la » de ce genre de décoration « civile ».  Lui s’était déclaré chez « Empire Air » de Spokane (dans l’État de Washington, près de Seattle) pour ne pas avouer qu’il travaillait pour la CIA (ici il est photographié à gauche au Mali)…  Empire Airlines étant bien un alias de la CIA.  En avril 2017, MAG fièrement annonçait avoir racheté  Discovery Air Fire Services (de Dryden), société travaillant avec des  Beech (« twin turboprop ») King Air 200s aux US et au Canada, mais utilisant aussi des Cessna Caravan.  Et il y a plus gênant encore.  Dans le site de MAG, on montre des exemples de surveillance par avion.  Or l’une des deux montre un petit avion et des gens qui en descendent pour effectuer il semble une transaction;  l’autre montre clairement un campement avec ce qui semble bien un stock de cocaïne prêt à partir, avec autour de lui des tas de bidons.  Des clichés qui semblent avoir été pris en Amérique du sud… l’avion en train de trafiquer, blanc et bordeaux, étant immatriculé en HK.


Parmi les vues prises du Beechraft de MAG, on peut distinguer un appareil qui semble bien immatriculé en HK, à savoir en Colombie.  Sa décoration intrigue, car il y a peu de Piper Seneca dont la couleur de flanc remonte à l’arrière de l’appareil pour rejoindre l’embase du gouvernail.  Ce n’est pas du tout un schéma classique de peinture.  On ne l’a trouvée jusqu’ici que sur un modèle… brésilien, un Piper PA-34-220T Seneca IV N°3447026 immatriculé au Brésil PT-WJO.  C’est en effet très surprenant en comparaison.  Il avait été photographié en 2014 par le spotter Caio Henrique, sur l’Aéroclub de Mirassol D’Este.  En 2013, le 2 janvier, l’avion appartenant à Romildo Rosa Do Nascimento qui avait vu son certificat de vol suspendu.  Le problème est que ça n’est pas lui, de toute manière :  le bleu du bout des ailes occupe une surface moins importante et les fuseaux moteurs à entrée d’air angulaire ne sont pas celles d’un modèle IV Seneca; en fait l’engin est plutôt un modèle Navajo-Chieftain (c), ces fuseaux moteurs le trahissant.  L’engin est muni de winglets (récentes, donc) et son ombre portée montre bien que son arrière est plus haut que celui d’un Seneca au sol.  Et effectivement… puisqu’un document plus ancien, au nom de Momentum, nous donnait déjà en 2013 sur YouTube une autre version de la même captation, où l’on pouvait distinguer un peu plus précisément l’immatriculation de l’avion qui débutait par « HK-33 »… A savoir aussi qu’un Navajo, immatriculé HK-2509-P s’était écrasé le 10 mars 1988 en Colombie:  parti de Bucaramanga il n’avait pas atteint l’El Dorado International Airport de Bogota.

MAG et ses mystères

MAG Aerospace, société privée contractante du Pentagone, a comme toute société besoin de se faire e la publicité pour que l’on sache ce qu’elle fait.  Elle est soutenue financièrement par une « private equity », un fond d’investissements qui s’appelle New Mountain, et qui est new-yorkaise.  Ici, on peut considérer que c’est un erreur de sa part, car elle nous révèle que ce qu’on annonce comme des interventions des gardes-côtes US, par exemple, peuvent aussi être le fait de ce genre de profiteurs privés.  Dans le site de la société, on trouve d’autres interventions dont elle se vante.  Après les hangars à cocaïne, voici qu’elle nous montre des bateaux cette fois.  Une image en noir et blanc prise en infra-rouge au départ (ici à gauche) nous montre cinq canots bas de flottaison appelés narco-subs, typiques avec leur tuyau d’échappement de moteur circulant le long du pont (comme celui-ci ,ou plutôt celui-là-).  Comme ceux décrits au tout début de cette mini-série spécial Honduras.  Cinq exemplaires photographiés en même temps, cela signifie aussi que MAG Aerospace était tombé sur un des lieux de leur fabrication et non sur une tentative de transport de coke.  Voilà qui intrigue tout autant.  Car tout récemment comme on l’a vu, on a découvert l’homme qui les fabriquait et le lieu de fabrication :  or c’est au Suriname et non au Honduras.  Les avions de MAG ont un bon rayon d’action il semble bien !!!  A droite la photo de celui découvert par la DEA sur la rivière  Saramacca.

La seconde image étant celle d’un canot filant à toute allure sur l’eau (ici à droite), celle généralement décrite comme ayant été prise par un avion des gardes-côtes US comme l’Orion. MAG et ses mercenaires les remplace, il semble donc bien !  On comprend un peu mieux pourquoi dans ses offres de recrutement elle tient à préciser qu’un « eligibility for a Secret Security Clearence is preferred » … car le travail est disons… spécial.

Les avions particuliers de MAG

Cette intrigante entreprise privée utilise donc des avions en plus de celui de chez Airtec.  Là encore, sur son site, elle nous renseigne sur leur provenance.  Un Beechraft 90 est ainsi montré, posé sur une piste enneigée.  Un logo y est presque lisible.  C’est celui de Walsten Air, un société canadienne installée à Kenora, dans l’Ontario.  L’engin est un modèle C-90 immatriculé C-GTWW (un LJ-657), « trop récent » pour être celui qu’on cherche : il date de 1975.  Aileurs dans le même site on tombe sur le C-GTWW new-look : MAG l’a repeint depuis (la photo visible ici au Pembroke Airport, Ontario été prise le 10 juin 2011). MAG semble vouloir unifier en look toute une flotte, car le même type d’appareil arbore le N°157 sur la queue (pour le C-GTWW), ou le 151 pour celui visible relogé chez MAG Canada, division de Mag Aerospace. Le site montre aussi trois Beechraft 200, dont un aussi qui provient de Walsten : le C-GJL, numéro de fabrication BB-347.  Sur le site, à des endroits différents, on peut le capter portant ou non son appellation d’origine (ici à droite).  En 2012, cet avion, ex N424CR de SAR Aviation LLCN24110 à son arrivée en 1978, était passé chez Discovery Air Fire Services Inc, racheté récemment par MAG. La firme a aussi racheté en juin dernier (2018) North American Surveillance Systems (NASS), une entreprise de Floride créée en 2007  travaillant avec des… Cessna Caravan !!!  L’autre surprise du site est la découvert d’un Cessna 206T,  « TC Station Air » bête curieuse récemment apparue qui est en fait un Cessna classique mais équipé d’une boule FLIR manipulable par le pilote avec un petit joystick. En France, la douane a le même.  Je vous ai expliqué le principe ici dans le « Coke en stock (CLXXXVII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (22) » avec le Cessna N202BW revendu à des trafiquants, dont un fils de chef de cartel !  On constate que MAG ne souhaite pas que l’on sache l’immatriculation de son avion :  il l’a abondamment flouté… ou retravaillé l’image comme c’est la mode en ce moment, hélas.

Mais au hasard de la recherche, on finit par tomber – ailleurs-  sur l’engin qui est en réalité immatriculé N72626, un Cessna 206 Stationair, appartenant à un certain Robert W. Ficklin, encore en 2016…

Or, énorme surprise encore, son adresse est à Punta Blanca dans les îles de La Bahia, à… Roatan, au Honduras !!!  A côté de Punta Gorda !!! …  le 4 septembre 2017, la police du Honduras avait arrêté à Punta Blanca un trio de vendeurs de drogues, dont de la coke.  L’un détenait un 9 mm.  Le floutage avait été fait de même avec d’autres appareils, tel ce Twin Commander 690 à pistons montré aussi sans aucun signe d’immatriculation :

Outre le N120L (BT-9) déjà décrit, la société possède aussi un N140RL (BT-22) un autre Beech 200T et le N859GA, encore un 200T (le BT-12), qui est le clone du N12L avec ses réservoirs… et son allure bien civile quand on oublie la boule ISR sous son fuselage. Il est surtout bardé d’antennes de communication qui en font un mini porc-épic.  Il faut bien ça pour envoyer l’imagerie au sol !  Il a été un temps japonais, dans les garde-côtes (ici le JA-8824) . Mais aussi un « Gulfstream Aerospace », le N690TP (15001, « Jetprop 900« ) car c’est un Rockwell Commander modèle 690 (est-ce que c’est le même que ci-dessus qui aurait été repeint ?) mais encore un Boeing 737-7AX (c’est là que l’on voit la taille conséquente de l’entreprise !) le N738A (30182) qui a choisi comme déguisement une sorte de logo nébuleux faisant penser à une compagnie charter de vacances (c’est l’ex Saudi ARAMCO Aviation ce doit-être ça, l’engin avait démarré N1785B en 2000 !).  Enfin MAG possède aussi un Cessna M337B, fort bizarrement décoré, façon nostalgique de l’armée et du Viet-Nam, le N611MG (337M0081). En août dernier, il faisait des ronds au dessus de Pinhurst / Southern Pines, NC...  On peut ajouter à la liste un autre avion, mais il n’appartient pas à MAG.  C’est un autre long Beechraft (modèle 350) à l’allure civile:

C’est un avion de la police malaisienne, venu se former aux techniques de l’ISR chez GAM… qui ne travaille donc pas uniquement avec les Etats-Unis.  L’avion dont MAG a flouté encore une fois la référence mais c’est un parmi les 9M-PTA, le 9M-PTB, le 9M-PTE, le M-PTC, (le 9M-PTE ,le FL-683 , est visible plus en détail ici).

Le dernier mystère de la Mosquitia

Pourquoi donc l’avion de trafiquants avait-il emprunté la robe affichée par ses « contactors » particuliers est une bonne question… laissée sans réponse à ce jour.  La découverte, inattendue, jette le trouble en tout cas !!!  Je vous avoue que je ne m’y attendais même pas (et pourtant cela fait des années que j’évoque le sujet des rapports troubles entre la CIA et le marché de la cocaïne !).  Mais un phénomène particulier découvert après moult triturations photographiques grâce à Photoshop nous laisse encore plus méditatifs.  On avait visiblement eu l’impression que le Beech 90 abandonné, avait subi des salissures manuelles sur ses flancs, comme si on avait tenté de masquer quelque chose sur cet appareil repeint avec un schéma de couleurs disponible sur Internet mais destiné à un modèle 200… ou utilisé par la CIA pour ses avions d’ISR déguisés en avions civils comme on vient de le voir.  Un schéma appliqué également au modèle N85DR (ici avec sa livrée précédente vue à Glendale et à gauche dans son hangar); un Beech 90 cette fois, comme on peut le voir  ici chez jdaircraftsalesllc.com. (et ici à gauche).   C’est le LJ-767 datant de 1978:  dix années d’écart au moins avec celui que l’on cherche, qui a été repeint dans un hangar discret situé Stearman Avenue, à Pasco, dans l’Etat de Washington, sur l’aéroport du lieu (ici à gauche).  Un endroit très discret, ma foi, bien desservi par voir ferrée et navigable.  L’engin n’a pas la même livrée vu de près, et il est à moteurs à hélices quadripales (notre trafiquant n’en présentant que des tripales).

Bonne intuition, en tout cas, de modifier l’image pour clore le dossier de cet intrigant Beech 90 : la trituration à l’extrême du cliché révèle en effet des lettrages, sous la boue étalée (on peut aussi y lire « OPE ou OPL «  par exemple, en plus de ceux cités sur l’image, mais dont la recherche n’a hélas rien donnée.  Le « Beech » brésilien PT-OPE est hélas trop récent (LJ-940 comme le montre son cockpit à LCDs) pour être le bon. Bref, impossible cette fois d’aboutir, pour l’instant !!!  Et de conclure : est-ce un avion simplement de trafiquants, ou bien celui « perdu » par la CIA, ou la société de contractors roulant pour elle, dont on sait qu’ils sont capables de tout, parfois (1) ?  Car pourquoi donc des trafiquants se seraient-ils ingéniés à le déguiser ainsi ?  Ils en ont vu passer au dessus de leur tête, des avions de ce genre !!

Et puis c’est la télévision…

… hondurienne, HCH-TV, qui nous donne un renseignement précieux le 11 juillet : selon elle,  « le deuxième avion narco, parmi ceux trouvés à Brus Laguna La Mosquitia, a connu un accident mercredi alors qu’il se préparait à prendre son envol vers Tegucigalpa. Selon les autorités, au moment du décollage de l’avion, le train d’atterrissage s’est brisé. Cependant, aucune des personnes à bord n’a été blessée. Il a été signalé que des réparations et les dispositions nécessaires sont prises pour amener l’aéronef aussitôt que possible dans la capitale », l’article donnant ensuite une référence : selon ses infos, l’avion aurait été le PT-OVP.  Ce serait donc le modèle LJ-152 enregistré au Brésil le 20 octobre 2005, l’ ex N8180, ex Plasticom en 1993, et ex Metro Air Northeast Inc en 1990.  Un avion construit en… 1966 (et plutôt bien entretenu d’après la photo ici gauche) !  Ce dont on se doutait fortement, donc !  En voilà un qui avait échappé au sort d’épaves de sa génération ! Avec beaucoup de chance, on peut même entendre ici le bruit typique de ses turbines montant une à une dans les tours avant qu’il ne prenne une vois menant à la piste de décollage de l’aéroport de São José do Rio Preto au Brésil.  L’avion était encore au nom de Paulo Panarello Neto ces derniers mois, mais il avait changé de mains.  L’homme, richissime, est mort depuis 5 ans : fondateur et PDG de Distribuidora Farmacêutica Panarello Ltda, qui est plus grand distributeur de produits pharmaceutiques du pays, né à Goiânia, avait été retrouvé mort subitement à 61 ans, chez lui en janvier 2013, dans son énorme tour appelée Excalibur.  En 2009, le groupe contrôlait 30 000 pharmacies et et 17% du marché de gros du pays avant que son directeur ne la revende au groupe allemand Celesio.  On avait noté à cette occasion « qu’avec ses 482 véhicules, dont des avions, Panarello transporte 1 million de boîtes de médicaments par jour à travers le pays ». Le Beechcraft devait servir à ça, sans doute.  Chez Paranello, on comptait par exemple le Falcon 2000EX immatriculé PR-PPN enregistré au Brésil le 28 janvier 2005 et gardé deux ans sur place seulement (ex CS-TLP, N240EX, N888NX, PH-CHT et redevenu en 2012 N131A). Le PP-PPN un Dassault Falcon-2000LX lui appartient également enregistré conjointement chez Colt Texi Aereo Ltda.  Il est aux mêmes couleurs que le précédent.  La firme Panrello possédait aussi en 2012 le Falcon 2000LX n° 247 PP-NPP,  ex F-WWGK, devenu N818CX chez Bank of Utah Trustee qui l’a ré-exporté au Brésil le 8 mai 2018 dernier sous le vocable PP-MXM. En 1994, le PT-OVP était inscrit chez Táxi Aéreo Florianopolis Ltda, qu possédait aussi le PT-WAE (ici à gauche),en fait le LJ-191, ex N737K, le PT-DYK (un PA-31 Navajo, N° 31-718, muni plus tard d’une perche électromagnétique pour l’industrie pétrolière) et le PT-OQH (un RC690 N°11011, ex N9211N).

L’ultime surprise étant que le tout dernier propriétaire répertorié du Beechcraft PT-OVP s’appelle « Agitus Attritus Pneus Eireli », une société qui est installée en banlieue de Maracana-Anapolis (cf ici à droite), dans un quartier défavorisé où beaucoup de maisons ont des grilles ou des clôtures électriques sur leurs façades, symboles de l’insécurité qui y règne.  Comme son nom l’indique, c’est un tout petit garage qui vend des jantes et des pneus (ici à gauche) !!!  On est loin, très loin de l’avion du milliardaire !!!

Trop de Red Bull nuit

Pour ce qui est du scénario pour savoir s’il pourrait s’agir d’un Beechraft de la CIA, à savoir d’un panne qui serait survenue, l’obligeant à se poser, et à l’abandonner (mais ça parait assez farfelu (2)) on peut aussi penser pour dérider un peu cette atmosphère un peu lourde à ce qui est arrivé aussi en juin dernier mais qui n’a été rendu public que cet été, le 10 août.  Un MC-12W Liberty (Beechraft 350 avec coûteux radar à radar à synthèse d’ouverture ou RSO) de l’armée a subi un incident inattendu, occasionnant des réparations évaluées pour l’instant à 7000 dollars.  Un copilote, tout heureux de déboucher sa canette de Red Bull (ils marchent aussi à ça ?) l’a laissée tomber sur la console centrale de l’avion, ce qui a produit des cours circuits et « dégagé une odeur d’incendie« .  L’avion est aussitôt retourné à sa base de Will Rogers Air National Guard, à Oklahoma City, interrompant sa mission… Pour War Zone, les dégâts seraient sans doute plus importants…

 

(1) difficile de le localiser. Pour la seconde annonce avec le Bolkow c’est plus simple. Derrière-lui il y a un autre hélicoptère, une ambulance aérienne connue, celle de Emergency AirLift dans le hangar duquel été placé l’hélicoptère, avec derrière lui aussi une prise d’air de réacteur qui ne trompe pas : celle d’un Falcon 50, qui s’avère être immatriculé N260ER qui appartient en réalité à Moro Aircraft Leasing, I… (merci l’ami Falcon !) dont le tout dernier vol remonte au 1e septembre dernier avec un trajet Honolulu-Klamath Falls; vers son point d’attache qui est situé dans l’Oregon. Société en pleine expansion qui se sépare donc ici d’un appareil ancien.  Pour le Beecraft, aucune localisation, en revanche à part de le supposer être resté à lko, dans le Nevada, ce que la photo semble montrer, tant la ville semble être un bout du monde rural !!!

(2) il y en a eu d’autres du genre : lors d’un crash de Dash 8 au Panama (leN356PH ex Horizon Air)), qui effectuait la même surveillance, employé par Sierra Nevada, on s’apercevra que  le pilote qui volait pourtant de nuit avec des lunettes à vision nocturne était… borgne (lire ici le détail). L’avion avait foncé tout droit sur la côte sans se soucier de son altitude. Il n’avait pas déclaré son infirmité et Sierra n’avait effectué aucun visite médicle pour s’en apercevoir. Or l’avion était placé sous une très haute autorité : « Le responsable de l’opération était le Colonel Edward Topps, le responsable de « Big Safari », une division (voire un programme) de la CIA. « 

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

Coke en stock (CCXXII) : la réorientation du trafic, le Honduras comme première destination aérienne (3)

Coke en stock (CCXXVII) : la réorientation du trafic, le Honduras comme première destination aérienne (5)

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L’un des avions découvert à la Mosquitia cet été a été plus ou moins cerné comme on l’a vu dans l’épisode précédent : avion de trafiquant décoré comme ceux de surveillance ISR déployée par une énorme entreprise privée profiteuse de guerre.  On hésite encore à son sujet.  Pour le deuxième, ce ne sera guère mieux, puisque trois solutions vont s’offrir à nous comme on va le voir.  Les trois solutions possibles aboutissant à la même conclusion: le « Grand Caravan » découvert n’a sans doute pas été acheté par les trafiquants…

La grande caravane des narcos

Un Beechraft de l’âge de celui découvert c’est abordable, comme on l’a vu. Mais les narcos auraient-ils investi 1,5 ou 2 millions de dollars dans un Cessna 208, son prix moyen d’occasion ? Pas sûr.  Il ont peut-être utilisé une autre méthode.  C’est assez surprenant après coup, mais elle fait écho à un article prémonitoire du 13 juin 2010 écrit par La Republica, à la suite d’une circonstance particulière :  à Nazca, sur l’aérodrome de María Reiche, un gros Cessna de ce ce type d’Aerodiana (OB-1922-P), ex N2360B (le 208B2099 « exported to Peru ») tout récent, il datait de 2009 !) avait en effet été subtilisé le 10 juin 2010, par des trafiquants  qui avaient pris l’équipage (double) en otage.  Et tout de suite voici ce qu’on en avait dit Milagros Laura S. : « cet avion est le plus recherché par les trafiquants de drogue Il a la polyvalence. Le Cessna Grand Caravan peut atterrir sur n’importe quelle surface. Il atteint de grandes hauteurs, dépasse même la chaîne de montagnes, avec une charge pouvant atteindre 1500 kilos. Il a également un temps de vol de six heures. Pourquoi ont-ils détourné le Cessna Grand Caravan et pas un autre ? Quelles sont les caractéristiques de cet avion, qui a suscité un grand intérêt pour les pirates de l’aéronautique ? Dans quelle mesure cet avion peut-il être utile pour le trafic de drogue ? Cette machine aérienne, d’une valeur de plus de 2 millions de dollars, a la plus haute capacité de survoler la Cordillère des Andes, l’une des plus grandes difficultés des autres avions de même type. Un autre avantage de cet avion  réside dans le fait qu’il peut atterrir sur n’importe quelle surface, même s’il ne dispose pas de mesures d’atterrissage de base telles que l’éclairage ».  A gauche la différence entre un modèle 208 et 208B, agrandi en longueur avec une vitre de plus pour le type B). « Pour cela, il suffit de 570 mètres de voie pour pouvoir se poser dans n’importe quelle région du pays. Ce sont deux des principaux attributs, très bénéfiques, des trafiquants de drogue lorsqu’ils transportent la drogue, qui est chargée et déchargée dans des lieux clandestins, dans la grande jungle péruvienne ». « Pour faire décoller l’avion, il vous faut environ 738 mètres de voie si vous voulez qu’il atteigne sa hauteur maximale, soit huit mille mètres sans charge. Pour le président du transporteur aérien Nazca, Carlos Palacín, la polyvalence du Cessna Grand Caravan est telle qu’il permet le vol à très basse altitude. Et avec une charge maximale de 1 500 kilos, y compris le poids des passagers, vous pouvez voler à une hauteur de 25 000 pieds, soit environ 7 000 mètres. Ce monomoteur, à aile haute et turbopropulseur fonctionne avec du carburant, du kérosène, et de l’huile. Il est également capable de résister à des conditions climatiques extrêmes. Son autonomie de vol est supérieure à six heures de vol avec une vitesse maximale de 341 km / h (à droite les deux pilotes qui avaient été détournés, à gauche le radar Bendix du Cessna 208B). « Palacín a également piloté ce type d’appareil et pense que l’un des kidnappeurs doit connaître le système de contrôle qui ont empêché les pilotes, Francisco Curto et Jorge Rios, d’appuyer sur le bouton active du signal d’urgence pour être capturé par satellite , car cela aurait permis de trouver l’emplacement de l’appareil »  « C’est l’un des petits avions qui parvient à atteindre de grandes distances, soit 1 800 kilomètres. Par exemple, cet avion avec un réservoir plein peut voler de Lima à Guayaquil (Équateur) et il y aura deux heures de vol supplémentaires. Les avions sont fabriqués au Kansas, aux États-Unis. Cessna est le plus grand fabricant d’avions à usage civil. Ils sont équipés d’un radar météorologique, d’un navigateur GPS et d’une carte numérique. » Prémonitoire, je vous ai dit : 21 jours plus tard les pilotes avaient bien été libérés, près de la ville de Puerto Maldonado, dans une région de la jungle située à 1600 km (994 miles) au sud-est de Lima, les kidnappeurs arrêtés, mais l’avion n’a jamais été retrouvé depuis !!!  Jamais !!!  Je vous avais donné déjà l’exemple du Caravan dès 2014 et affirmé il y a peu que beaucoup de gens s’intéressaient à ces appareils à forte capacité d’empor, le « 4×4 des avions ».  Vous aurez noté qu’un de mes liens vers une vente de Cessna Caravan par des colombiens a disparu depuis la parution… le 18 août dernier:  quelle coïncidence !!! L’engin dépasse toujours le million de dollars en occasion.  Je ne vous en ai trouvé un qui reste en dessous.  Il est en vente en Angleterre… mais pas sûr qu’il se vende si rapidement que ça à le voir… il ne faut pas chercher longtemps pour s’apercevoir que c’est bien le G-CPSS / 208B1059, accidenté le 16 août 2017 à Netheravon, dans le Wiltshire . Il est court car c’est un Caravan I. L’engin a retrouvé sa roue avant (la défectueuse est sous lui sur la photo !) et a remplacé sa porte de parachutiste par une porte classique. Un autre tourne autour du même tarif, et il est  brésilien, venu de Goiânia un autre fief narco. Il se retrouve en vente en Floride ne me demandez pas trop pourquoi.  Un petit brésilien en a lui déjà acheté moins cher de Cessna:  le « Vera-Cruz » PR-ATA, repéré ici  en 2011 avec un voisin bizarre, celui qui est à vendre pour de vrai, il l’a faite en papier ! Le PR-FAS, son voisin, est celui muni d’une perche électromagnétique liée à la recherche de champs pétroliers… Le Cessna de « Vera Cruz » peint comme celui proposé à la vente dans le hangar de Campo de Marte, portant l’immatriculation PT-WYP (N°208B-0696, de 1998)et proposé à 1.250.000 dollars. Ex Fretax, et ex … Vera Cruz Taxi Aéro.  L’entreprise avait  aussi le PR-VCE (N°208B1286) un Cargo master et le PR-CFJ décoré plus sobrement.  En 2006 elle avait aussi le PT-WZN et le PT-MEV vu ici en 2006 également.  Et le PT-OGY encore (un Caravan I N°20800094) aperçu en 2003.   Dans le N° de Voir de juillet et août 2012, son directeur alors âgé de 82 ans, le « commandant » Fausto Jorge, avait donné une interview fort intéressante (en page 34).  Il avait commencé comme pilote de garimperos !  On y apprenait qu’au total Versa Cruz détenait 27 Cessna Caravan en deux lieux distincts !!!  De quoi largement entretenir le marché de l’occasion au Brésil !!!

Aurait-on retrouvé l’avion volé en 2010 au Pérou ?

L’avion découvert est bien du modèle 208B, plus long de 1,2 m que le 208, version passagers, comme ce XA-TOS – 208B-0559 – mexicain d’Aerotucan  de 1996 (ici à droite, et là le cockpit de son XA-UCT).  Depuis les avions d’Aerodiana, revenons-y, ont été mis à jour bien sûr (on peut le voir ici et là également  Pour ce qui est du Cessna  208B découvert, son tableau de bord révèle aussi des détails intéressants. Comme il n’a qu’une seule turbine, on a bien sûr qu’une seule bande de huit cadrans horizontale au milieu de son tableau de bord. Aucun écran LCD de visible, l’équipement de base en radar et GPS, il date des années 2000 semble-t-il.  Comme il s’agît de le distinguer d’autres, on remarque que chez lui à part l’emplacement du radar ou de la radio c’est le petit bouton rouge de l’ELT (pour Emergency Locator Transmitter) qui nous renseigne plus précisément.  Il est calé près du panneau central, alors que sur d’autres modèles il est plus à droite et sur les récents à grands écrans LCD carrément à droite du tableau de bord… un détail fort précis que présente aussi l’appareil volé à Nazca !  En comparaison, un tableau de bord du D-FINK, ex Transfert U  N208WPT nous donne 2007 comme date de construction. Et un tarif de vente de 1 125,000 dollars chez Planeboard, pour le… « Vera Cruz » cargo !  La comparaison de l’avion volé à Nazca et celui retrouvé » est en tout cas fort troublante en effet, comme le montrent ces images dont certaines prises par les touristes à bord des avions du tour-opérateur péruvien (les avions de Nazca avaient tous aussi un radar, équipement natif du 208B) :

L’autre piste possible

Mais il y a bien sur d’autres possibilités.  La disparition (par vol manifeste) du Cessna péruvien a été précédée d’une autre complètement oubliée.  Le 29 octobre 2009, on annonçait la disparition d’un Cessna C-98 en Amazonie.  Rien à voir, vous allez me dire. Peut-être que si :  le fameux C-98 est la version miliaire brésilienne du Cessna Caravan !  Des H-60 Blackhawk et un avion C-105 « « Amazonas » (un C-295 de chez Airbus) partis à sa recherche feront chou blanc. L’avion était parti de Cruzeiro do Sul et devait rejoindre Tabatinga.  Or ce sont aussi deux villes à la frontière avec le Pérou.  Pucalipa n’est pas loin, où les narcos sévissent toujours.  L’avion de la FAB n’était pas camouflé comme aujourd’hui, il était blanc et gris avec un gouvernai bicolore.
Or les avions de l’armée portent plutôt des numéros, et ceux de la FAB sur ce modèle étaient aussi disposés sur l’avant, sur les capots moteurs.  Or, en poussant à nouveau les tripatouillages sur Photoshop, surprise, sur le flanc gauche de l’avion saisi dont le capot révèle de sévères traces d’huile et de rouille masquées par un aplat de blanc, se révèle aussi un numéro.  On semble distingue un 2; ou en tout cas on y voit clairement un 2 et peut-être même bien un 27.

Or les numéros de la FB sont en 01, etc.  Le problème étant c’est que les deux premiers (FAB 2702 et FAB 2703) et les suivants FAB 2704 a 2708 ont été des modèles Caravan I, ce n’est qu’ensuite que 10 autres seront achetés, des Caravan II (Cessna 208B).

Les huit premiers avions (FAB 2701> FAB 2708) était des C-98 208A Caravan I. suivis par 10 modèles 208B Grand Caravan (FAB 2709 et FAB 2719 jusque le FAB 2727).  Cinq avions supplémentaires ont été commandés ensuite, les FAB 2728 jusque FAB 2732] et le dernier contrat a été de 9 appareils (FAB 2733 jusque le FAB 2741).  D’après la façon de numéroter les capots avec les deux derniers chiffres, ce serait donc le FAB 2727, ex PT-MEU (N°208B0510), de TAM Express, qui aurait été volé.  La comparaison des tableaux de bord ci-dessus est assez impressionnante :  on a positionné exprès le compte-rendu de la télévision hondurienne mis à côté de la prise de vue du tableau de bord du FAB2721 (le N°208B0824, un C-98, en photo extérieure ici) et c’est assez révélateur en effet.  Seule semble-t-il l’horloge digitale à gauche paraît avoir été remplacée par un modèle analogique à aiguilles (le reflet de sa vitre nuisant aussi à sa reconnaissance).

Chaque avion présente des disparités ou presque, selon l’ordre avec lequel on dispose les équipements.  Ainsi sur ce Cessna 208B N°1022, de 2006, déjà, l’équipement d’avionique parait fort semblable, mais le GPS est un Garmin GNS530W (avec carte enfichable sur la gauche),  l’auto-pilote un Bendix King KFC225, le radar météo un Honeywell RDR-2000, doublé d’un radar satellite Honeywell KDR 610, le  transpondeur étant un Garmin GTX330, l’ADF un Bendix-King KR-87.  Comme on peut le voir, de tomber sur la même disposition est donc rare, et c’est pourquoi donc la thèse du Cessna disparu de l’armée brésilienne se tiendrait.  Le hic, c’est qu’il n’a pas été possible de déterminer exactement quel modèle et quel numéro avaient disparu.  Ici le FAB 2706 à la Base de Florianópolis le 0ç septembre 2011.

L’entraînement « particulier » des pilotes de la FAB

C’est le FAB 2720 qui faisait partie du Sistema de Vigilância da Amazônia.  A droite en photo le 2719 photographié en 2007.  La portion du cockpit du 2721 a été montrée sans sa partie droite hélas, Mais une très intéressante vue sur YouTube toujours visible nous montre ce qui nous manque… et surtout révèle l’emplacement (ici à gauche) du fameux « LET », à l’emplacement exact de celui que l’on cherche, justement !!! Attention ça arrive vite et ça secoue sec !  Le commentaire précise que cela a été « fait lors d’un atterrissage de routine sur l’une des pistes les plus difficiles que j’ai jamais vues. Il y a environ 600 mètres d’herbe avec de très grands arbres sur l’un des côtés. A quelques mètres se trouve la mer, généralement avec un vent très fort. Il faut de la précision et beaucoup de formation pour atterrir à Marambaia. » 

La piste est située ici sur la presqu’île, au  23° 4’0.82 S  et 43°52’47.53 »O (pas loin de Rio De Janeiro en fait).  C’est une bande d’herbe de 800 mètres en réalité qui semble depuis abandonnée (ou qui  a perdu son herbe depuis).  Au bout du récif, qui la soutient,au nord est de Nilopolis, la base aéronavale de Santa Cruz, avec son étrange bâtiment (un ancien hangar à ballons) et à l’entrée un Grumman Tracker exposé comme engin du passé.  On aurait voulu entraîner des pilotes à devenir trafiquants qu’on se s’y serait pas pris autrement !

Une dernière surprise nous attend encore avec ce fameux Cessna Grand Caravan de trafiquants : en examinant la même photo de départ, on peut observer sur la porte abaissée, en haut des marches, un papier indiquant ce qui semble être un numéro. La première chose visible quand on ouvrait sa porte :  les trafiquants, toujours pressés de vider leur avion avaient-ils trouvé ce moyen pour entrer en contact avec son pilote qui laissait alors son moteur tourner ?  C’est aussi une possibilité !!!

Autre solution encore

Mais il y a une troisième possibilité et on l’a oublié aussi, celle-là.  En fait un Cessna Grand Caravan avait été également saisi le 2 novembre 2010 par les autorités honduriennes dans la zone de Las Marías, près de Brus Laguna, région de La Mosquitia, à 650 kilomètres au nord de Tegucigalpa, un fief narco comme on le sait désormais. Dans l’appareil, forcé à atterrir après avoir été poursuivi par deux chasseurs honduriens, avaient été retrouvées 25 balles de cocaïne et 75 kilos à part, au total pour 500 kilos de drogue.  Lors de l’arrestation de l’appareil, le copilote guatémaltèque avait été tué lors d’un échange de tirs au sol, et le pilote arrêté,  le colombien Mario Fernando Sánchez Cardona.  On avait retrouvé à bord trois armes à feu, deux pistolets et un fusil calibre 5,56 mm. La presse évoquait alors un « bimoteur » et non le grand Cessna connu (la confusion pouvant provenir de sa taille inhabituelle).  Celui-ci, datant de 2002 était immatriculé HK-4669G, dont on retrouve assez vite l’origine américaine (c’était le N665DL) :  son certificat de vol US a été radié le 14 octobre 2009 parce que l’avion a été exporté vers cette date-là en Colombie.  En somme, cela faisait une année environ à peine qu’il volait dans le pays !!! L’avion, fabriqué en 2002, avait été vendu aux trafiquants par la société américaine Skyline Enterprises Corp, installée au 8040 NW 156th ter à Miami Lakes.  C’est l’origine même de l’avion qui pourrait en faire le candidat idéal. Car en réalité, Skyline Enterprises avait servi de prête-nom à une autre société Eagle Support Corporation, dirigée par Hector Alfonso Schneider, qui l’avait vendu à une firme d’origine vénézuélienne (au dénommé Henry Moreno Cortazar) dont Skyline était le représentant à Miami. L’avion a depuis repris du service, après sa saisie, transféré en 2013 sur l’aéroport général Gustavo Rojas Pinilla  de la ville de Tunja. Si c’est celui-là qui a repris du service, c’est pire encore : cela signifie qu’on la laissé refaire ce qu’il avait déjà fait !!!  En 2015, le voici réenregistré chez Sadi Aviation S.A.S. au nom d’Ivan Ramiro Vasquez Betancur. Une société spécialisée dans les hélicoptères !! Le même Betancur avait été jadis dans un jugement judiciaire, mais en sa faveur, précisons-le, daté de 1996 qui évoquait le cas d’un avion saisi pour trafic de drogue, dans lequel le même Betancur avait vu son avion saisi restitué par la justice « l‘avion a été emmené à l’aéroport Vanguardia à Villavicencio, où il a fait l’objet d’une saisie pour infraction de trafic de drogue présumé (…) mis à la disposition du ministère public  représenté devant les juges régionaux de San José del Guaviare selon la lettre officielle de l’office national des stupéfiants n ° 1010FDAJR-SJG du 9 Septembre 1996, entité provisoirement affecté aux Forces armées de la Colombie – soutien de la brigade aérienne, par la résolution n°0975. le bureau du Procureur devant les juges du circuit criminel spécialisé san José del Guaviare, par ordonnance du 26 mai 2000, s’est abstenu d’engager une enquête criminelle contre M. Ivan Ramiro Vásquez Betancur et, par conséquent ordonné la livraison de l’avion lui appartenant, qui a eu lieu le jour du 23 juin (…) au moment de la saisie, l’avion a fait l’objet de « pillage de pièces vitales « comme indiqué dans le procès-verbal de livraison définitif daté du 23 juin 2000. » Betancur avait acheté l’avion HK-2132-P à Luis Alberto Medina Palacios, le 11 octobre 1995.  Le modèle HK2132P était un Cessna  modèle TU206G (CU20606076) enregistré le 3 juillet 1978.  Pour ce qui est du Grand Caravan tombé aux mains de la police à Las Marías, il convient d’en faire la comparaison avec celui de 2018.  Une planche de bord du Cessna N10JA de 2002 (208B0961) de chez J;A. Air Center , très semblable en équipement à celui saisi au Honduras peut servir de référence, avec la même date de production.  C’est même un des plus proches en équipement !  Sur le modèle N10AJ, on peut décrypter l’équipement pour se faire la main sur l’autre :  au centre on en a en bas la VHF (KX 165 et KY 196A, au dessus l’élan bleu du radar Bendix, surmonté du pilote automatique KFC 150 avec ses touches grises à enfoncer, elle-même surmontée du »marker bacon » dispositif de suivi radio avec sa batterie de touches plus petites, c’est un ILS pour se poser.  A droite de la partie centrale en haut c’est le GPS Garmin 150, bien reconnaissable, en-dessous de lui le système  de réception ADF avec ses 5 boutons blancs bien visibles, et en-dessous de lui encore le petit écran vert qui est le tanspondeur (ici c’est en effet un Garmin GTX327).  On remarque que sue le N19JA, le LET n’est pas à la « bonne place, il est trop à droite.  Pour le Cessna de la Mosquitia, ça donne ceci, ci -dessous, comme listing d’équipements : et c’est du Bendix d’origine en général par tous les équipements.  On a affaire à un avion standard, qui n’a pas été modifié du tout !!!

Conclusion pour notre fameux Cessna : trois candidatures possibles, donc, la dernière étant fort tentante. En tout cas, volé au Pérou en 2010 ou au Brésil en 2009 (par deux militaires) le résultat est le même : les trafiquants n’auraient pas payé leur Grand Caravan !!!  En juin 2016, le même Hector Alonso Schneider refaisait parler de lui avec une autre saisie, celle d’un Beechcraft King Air 200, cette fois… ce que nous verrons demain.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

Coke en stock (CCXXVI) : la réorientation du trafic, le Honduras comme première destination aérienne (4)

Coke en stock (CCXXVIII) : la réorientation du trafic, le Honduras comme première destination aérienne (6)

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Un Beechcraft 90 hésitant entre narcos et société de « contractors » trois options pour le « Grand Caravan », avouez que l’on a de quoi faire si l’on veut continuer l’enquête au Honduras.  Une enquête qui se heurte on l’a vu au rôle fort trouble joué par les USA sur place (DEA et CIA confondus, les deux en prime ne s’entendant pas du tout entre elles). En tout cas, une chose est sûre :  même si certains avions ont été manifestement volés, certains ont été achetés par les trafiquants, ou plus exactement par des revendeurs (brokers) peu scrupuleux, dont certains se sont fait payer par des banques complaisantes ayant accepté par exemple des dépôts successifs de 10 000 dollars pour arriver au demi-million parfois.  Et au-dessus de tout ça, il y aussi cette fameuse modification du trafic au Honduras, qui fait que les gros avions sont de retour, quand ils ne poussent pas un peu plus loin vers Belize, venus du Venezuela…

Le cas de Lindo, le rôle trouble des informateurs de la DEA

Le troisième larron apparu dans les starting blocs (cf l’article précédent) aurait pu être le bon… mais son vendeur s’intéressait plutôt aux Beech 200, lui.  Un article du Miami New Times explique en effet en détail ici le cas de « Lindo », le reliant au célèbre narcotrafiquant Daniel Barrera Barrera : « dans le cadre de cette enquête, les autorités fédérales ont déposé des documents au tribunal la semaine dernière afin de saisir formellement ce qu’ils considéraient comme l’un des avions de Barrera. Selon les documents du tribunal, le gang de Barrera utilisait apparemment encore des techniques classiques de contrebande et de blanchiment d’argent de l’époque de Scarface et des Cocaine Cowboys » (Barrera alias «  El Loco »  a été condamné le 25 juillet 2016 à 35 ans de prison aux USA).. « Le cartel déposait d’énormes sommes d’argent en espèces dans un compte séquestré. Le courtier, Hector Alfonso Schneider-Lindo, qui dirige une société appelée Eagle Support Corporation, achèterait alors des avions pour le cartel, selon la plainte fédérale (à gauche le Beechcraft 200 – BB-992, N52C- ayant appartenu à Eagle Support en 2008 et exporté et revendu au Venezuela le 5 mars 2008 pour y devenir l’YV2513. L’avion, sera cité dans l’affaire d’ Alfredo Rolando Martinez (alias Freddy Doe) Luis González, responsables de l’entreprise Taller Aeronautico Maracaibo installés à l’aéroclub de l’aéroport international de La Chinita, accusés tous deux de trafic de cocaïne) Selon les documents de saisie de la DEA, Schneider-Lindo désenregistrerait alors les avions auprès de la Federal Aviation Administration et les faisait parvenir au carte, au Venezuela. Un représentant d’Eagle Support a nié que l’entreprise envoyait sciemment des avions à des cartels de la drogue et a ajouté qu’ils organisent généralement leurs propres « vols en ferry » pour des avions destinés à être exportés hors du pays. Les documents DEA font référence à plusieurs « appareils ». Ici à droite le Beech 200, C/N: BB-769 de 1981, immatrulé N623VP, d’Eagle Support Corp. Schneider est aussi celui qui avait racheté le célèbre Beech 300 Super King Air Fa-137, ex N467JB, ex C-FTLB. qui avait atterri un soir sur une route de Belize; balisée par la circonstance et qui avait été saisi. L’affaire avait directement remonté au Venezuela où l’engin était devenu le sujet d’une vive polémique à propos de la gestion de l’affaire par Tarek El Aissami, devenu depuis vice-président.  L’avion avait été découvert bourré de coke et de bidons, d’essence. «Barrera était apparemment friand du Beechcraft King Air 200, l’un des modèles les plus populaires sur le marché. Selon l’endroit où vous regardez, les non-trafiquants peuvent mettre la main sur un King Air pour un montant allant de 1 million à 2,5 millions de dollars, mais il semble que Barrera ait payé un peu moins que cela. (Mise à jour: Eagle Support Corp dit que l’avion était un modèle utilisé dans les années 1980 et que les criminels qui auraient acheté l’avion en ont payé la valeur normale.).  En 2011, deux taupes au sein du cartel ont commencé à travailler en tant qu’informateurs confidentiels aux États-Unis (Drug Enforcement Administration). Les informateurs ont passé leur temps à transférer de l’argent à Eagle Support Corporation. Après avoir changé de camp pour travailler pour le gouvernement fédéral, les informateurs, agissant de New York, envoyaient plutôt de l’argent aux agents de la DEA à Miami, qui utiliseraient ensuite cet argent pour acheter des avions Beechcraft ». Ironie du sort, lors de son transfert, descendu d’un Beechraft 200, de la police (le PNC0236, BB-512, ex N512KA) on pourra voir le chef narco avec en fond d’image… un Cessna 208 (de la police).

 

Un peu d’oxydation… et le prix de vente augmente !!!

En réalité, le campement découvert au Honduras proposait certainement la « spécialité » hondurienne depuis 2011, découverte par InSight Crime :  le procédé consistant à trafiquer la base de coca produite en Colombie en la ré-oxydant ensuite avec du permanganate de potassium pour la rendre plus pure et augmenter au passage son prix de vente.  Le calcul des colombiens étant aussi économique : elle est au départ moins chère à produire et à transporter, et les passeurs perdent moins d’argent si leur envoi est intercepté !!!  Les colombiens ont commencé à y songer quand le gouvernement a commencé à restreindre la vente des précurseurs chimiques, tels que le permanganate de potassium. Les colombiens ont alors choisi de moins gagner d’argent pour continuer à écouler leurs stocks, les grands gagnants étant les… mexicains, derniers de la chaîne à vendre le produit final à haute valeur ajoutée par d’autres.  Le procédé a démarré en 2011 au Honduras mais, on s’en est aperçu avec éclat trois ans plus tard, via un envoi maritime qui avait échoué.  En 2014, le 29 décembre a en effet été localisé et perquisitionné un entrepôt de la société Impex S. de R. L, huit conteneurs de la même société en Colombie repérés et suivis, tous saisis dans la compagnie portuaire nationale de Puerto Cortes (Empresa Nacional Portuaria ou ENP) à Medellín. Ils partaient alors pour le Honduras.

Dans quatre des conteneurs inspectés, dissimulés dans un premier container, les policiers avaient trouvé 716 baguettes de bois dans lesquelles avait été insérée la pâte pour fabriquer de la cocaïne.  Puis 706 autres dans le deuxième, avec la même substance, et dans le troisième 703 et 700 de plus dans le quatrième, le tout dissimulant au total 399 kilos de pâte de cocaïne.  Il ne manquait que de quoi oxygéner la pâte :  le 5 février, 100 barils seront saisis contenant des précurseurs chimiques destinés à fabriquer la cocaïne.  Si les routes ont changé, la production aussi.  Ne sort plus de Colombie que de la pâte désormais et non un produit fini.  Cette façon de dissimuler la pâte de coke a aussi été utilisée par un trafiquant paraguayen (à gauche le container, à droite les baguette soigneusement évidées une fous découpés (ça sert aussi pou la marijuana).  Avouez que c’est bien tordu comme procédé.  Ici tout un répertoire… Parfois c’est moins dissimulé :  à gauche le déchargement à Tambillo, au sud de Quito (c’est en Equateur cette fois) d’un camion de 160 kilos de chlorhydrate de cocaïne début septembre 2017.  Le camion venu de la province de provincia de Sucumbíos est rempli de paquets marqués «  (1988) ».

Le coup de sang du général en retraite

Mais c’est le ballet incessant des avions chargés de coke que tout le monde retient aujourd’hui.  Depuis le début de l’année, ça a empiré.  En juillet, un général à la retraite met les pieds dans le plat, et accuse l’équipement du pays en radars de ne pas marcher correctement, à lire avec effroi la facilité à entrer dans l’espace aérien du pays.  Mais pas que cela : « le général Luis Maldonado retraité Galeas a déclaré que les défaillances technologiques et la portée des radars au Honduras «sont des raisons qui permettent à ladrogue de continuer à entrer encore dans le pays ».  Maldonado Galeas a évoqué le problème, en raison du nombre d’avions trouvés à différents endroits dans la région de La Mosquitia, dans le département de Gracias a Dios précise Hondurario.com (à droite un bimoteur type Seneca-Embraerdes narcos filmé par la DEA américaine en 2010) .’’Il a également dit que « la permanence de la fonctionnalité du (radar) et l’échange d’informations entre les organismes internationaux sont quelques-uns des aspects qui ne parviennent aussi et par conséquent cette activité sera permanente du trafic de drogue à utiliser la territoire national comme base logistique et transit de drogues ». L’ancien soldat dit:  « la fréquence des avions dans le pays a diminué, mais quand une personne du pouvoir est influencée par des menaces ou achète en essayant de transférer cet avantage à la société (en somme qu’il y a eu pot de vin au final) et parfois la relation directe entre les cartels et les groupes sociaux s’entendant créent les conditions adéquates pour que ces aéronefs atterrissent sans aucun problèmes ».  L’accusation étant double : pour lui les radars achetés chers sont inefficaces, et de toute façon les cartels savent comment les contourner en possédant des informations sur leurs fréquences ou leur portée.  En résumé, que des militaires les aident !!!  Les fameux radars ont été achetés 620 millions de lempiras (30 millions de dollars) en Israel, en 2014.  Ce sont des radars fabriqués par Elta de chez IAI. En prime les radars sont loin de couvrir tout le pays et sont déployés seulement à des « endroits stratégiques »… bien connus des trafiquants, bien entendu !  En résumé, ils sont aussi inefficaces que ceux vendus par Berlusconi au Panama… (le président panaméen avait été plus gâté, ayant reçu en pots de vin deux versements, un de 530 000 euros et le second de 140 000…. sans oublier des « filles » à la clé fournies par Walter Lavitola et Giampaolo Tarantini, via Frankie Francisco Martinelli, le cousin du président !!!). Au Honduras, dès l’installation du premier, ils avaient été aussitôt décriés (ici par la  Noticia dès le 1er avril 2014 : « selon des enquêtes menées par des agences anti-drogue honduriennes, les trafiquants de drogues mettent en place de nouveaux mécanismes pour transférer des médicaments par voie aérienne afin d’éviter la détection par le radar mobile récemment installé à La Mosquitia. Les institutions qui luttent contre le trafic de stupéfiants ont confirmé que selon certaines indications, les trafiquants de drogues avaient recours à de courts vols au départ du Nicaragua pour se rendre sur le territoire national sans que les radars les enregistrent. « Si vous volez directement d’Amérique du Sud, la trace peut être vue (avec d’autres radars) et l’entrée dans le pays est détectée, mais s’ils font des vols courts de La Mosquitia du Nicaragua à La Mosquitia au Honduras cela peut passer inaperçu, a indiqué une source  anonyme d’une entité judiciaire ».  C’est donc un sujet qui fâche naturellement les militaires honduriens :  le 19 ils répliquent en évoquant le problème du ravitaillement en essence trop facile des avions… pour ne pas parler de l’inefficacité des fameux radars !!!  Le mécontentement de l’ancien officier avait aussi pour origine (ça transparaît dans ses propos) la terrible révélation de janvier qui précédait :  le 27 la presse (via l’agence AP) avait en effet révélé que José David Aguilar Morán, nouveau chef de la police nationale du Honduras, avait collaboré avec un trafiquant (Wilter Branco) pour assurer le transport de 780 kilos de coke en 2013, valant 20 millions de dollars, qui avaient été dissimulés dans un camion citerne.  Soit presque les 2/3 du prix des radars !!!  Le 30 du même mois la police répondait en demandant d’inculper trois responsables d’AP (Christopher Sherman, Martha Mendoza (Prix Pulitzer) et Garance Burke pour dénonciation.  Aujourd’hui on en est resté à ranger les armes (mais le responsable de l’AP semble être désormais parti à… Mexico.  Ici un documentaire d’Abriendobrecha TV montre José Emilio Arrechavala Galindo (42), le « Roi de la Mosquitia » alias El Tigre, tombé en septembre 2017, le bras droit (« brazo derecho ») de Wilter Blanco. L’appellation « brazo » nous rappelant un surnom donné en Guyana à l’organisateur du trafic aérien autour de Letheem, décrit dans de nombreux témoignages de la population locale !!!  Chez Wilter, « El Tigre » était justement chargé des transports notamment par canots rapides…

Un camp de moustiques !

Le sévère bilan de l’été 2018 et de son coup de chaud de cocaïne au Honduras est fait le 10 juillet par le militaires honduriens sur la découverte du camp de base de la Mosquitia, avec une comparaison saisissante  : « la constante désactivation Clandestine zones d’atterrissage (ACA) et la découverte des avions narco sur la route des Caraïbes – La Mosquitia, ne sont que des preuves irréfutables que ces vols illégaux prolifèrent comme des « nuages ​​de moustiques », disent-ils d’abord.  A droite, des moustiquaires déployées dans le campement de la Mosquitia, en forme d’ironie envers les propos du responsable militaire, qui dénonçait au passage les principes et les manquements suivants :

  • « L’enquête sur le développement avance avec l’assurance de deux petits avions liés au trafic de drogue. Dans la région, il y avait 34 conteneurs contenant du carburant J-1 pour les avions. Il n’existe pas de protocole rigide pour obtenir du carburant d’avion au Honduras.
  • Les  groupes qui ont succédé à Wilter Blanco, Nephtali Mejia Duarte, Ramon Matta Waldurraga et Fredy Nájera seraient derrière ces narcovuelos, a révélé une source de la MP.
  • L’augmentation de la production de feuilles de coca en Amérique centrale suscite également des préoccupations, ce qui justifie de repenser la stratégie de lutte contre ce fléau ».

« La dernière preuve est la découverte de deux avions en parfait état, et trois autres étaient fragmentés et enterrés (1 (2) dans le domaine de Marias, Brus Laguna, Gracias a Dios département, la région Mosquitia du Honduras. Chacun des appareils trouvés à La Mosquitia a une valeur marchande de 400 000 dollars et peut transporter jusqu’à 900 kilos de cocaïne. En 190 jours, en 2018, au moins 35 voies de narco ont été neutralisées ».  Les militaires ont aussi eu vent des tarifs pratiqués aux pilotes narcos :  « Ils facturent entre 35 000 et 50 000 dollars pour un avion qui est se pose et ravitaille ».  Le paiement ayant parfois eu lieu en partie de livraison de coke alors « consommée en interne. ».  Le point essentiel étant l’amoncellement de bidons d’essence pour vison découverts :  « Il a souligné que le carburant de l’avion est obtenu par ces groupes criminels par le biais d’opérations de contrebande, bien qu’ils parviennent également à l’acheter dans les terminaux ».  Les militaires constatant que les « Narcoavionetas » sont connus comme étant des Cargomaster ou des avions à courte portée » désormais (2).  Des avions évoluant aussi plutôt de jour, d’après leurs découvertes : « lors des opérations de reconnaissance, aucune arme à feu, aucune centrale électrique, aucun câblage, aucun aucun outil n’ont été trouvés, à l’exception d’un chargeur de fusil FAL ».  Une arme belge d’origine, vendue au Brésil ou au Venezuela, au Mexique et en Argentine, ce qui laisserait entendre une complicité quelque part dans la police ou l’armée d’un de ces trois pays.  Une arme de ce type avait déjà été découverte en mai aux mains de « Rambo », un trafiquant local à Tigre en Argentine (ici à droite).  Mais les militaires insistent surtout sur l’usage du  carburant, car pour eux ça ne sert à rien de faire exploser les pistes les unes après les autres tant que les avions peuvent se ravitailler sur place, ce qui n’est pas faux.

En somme, que s’il y  des moustiques, c’est qu’il y a surtout disponible sur place du sang pour les nourrir !  D’où l’idée plus prosaïque en effet qui progresse de vouloir lutter contre le trafic de drogue en établissant un meilleur contrôle de la fourniture de carburant pour avion, en l’occurrence ici celui pour appareils à turbine, notamment !!!  C’est simple, mais personne n’y a pensé jusqu’ici au Honduras !  Les routes des trafiquants se maintiennent donc, et une très belle infographie signée Sodilaridad.net nous les montre (ici en meilleure définition) :

« Ces 54% de la drogue provenant d’Amérique du Sud ont été transbordés au Honduras, puis ont été acheminés sans problème aux États-Unis. 81% de la drogue qui a transité par les Caraïbes honduriennes l’a été par voie maritime. Parmi les moyens de transport les plus utilisés figurent les vedettes rapides qui, selon les rapports des États-Unis, ont dépassé 78% des livraisons ».  Des fast-boots, cette fois et non des semi-submersibles.  El Heraldo révèle aussi que sur les 148 tonnes, le trafic aérien en avait aussi apporté 25.  Et ce sont celles-là qui nous intéressent, bien sur aujourd’hui… Pour cela, nous allons donc suivre quelques fils jaunes… dont certains atterrissent aussi au Belize, pays dont dont nous serons obligés d’évoquer bientôt bien entendu (on en a déjà parlé et vous le savez bien: nous l’avons aussi évoqué à propos de El Chapo Guzman).

Par brouettes entières…

Tout cela fait énormément et furieusement penser à un excellent texte paru dans Mundo, le 23 novembre 2013, lequel résumait parfaitement la question avec une superbe photo en exergue, celle d’un gars en train de décharger sur une plage les sacs de coke d’un narco-sub sur une brouette, en passant derrière le soldat qui surveillait la prise….  « Il n’y a que deux manières de vivre ici. La pêche au homard ou le travail avec le «narco» – explique Alonso Gream – et vous y jouez, dans les deux cas.  » Le premier laisse les plongeurs handicapés après des centaines de plongées avec des réservoirs d’oxygène non contrôlés. La seconde laisse de l’argent facile et rapide pour décharger de petits avions ou conduire des vedettes rapides dans ce coin spectaculaire du Honduras qui regarde vers les Caraïbes.  Nous sommes à Puerto Lempira, capitale de la Mosquitia, également connue sous le nom de Gracias a Dios, qui équivaut à la moitié de la province de Tucumán. Cette région regroupe 87% des vols en cocaïne qui arrivent aux États-Unis et 40% du total de la drogue qui entre dans le pays. Mais pas seulement ça. Dans cette région, il y a plus de 200 pistes d’atterrissage clandestines qui font de cet endroit l’un des corridors de drogue les plus fréquentés au monde.  Les données sont fournies par le vice-ministre de la Défense du Honduras, Carlos Roberto Funes, dans son bureau austère du secrétaire à la Défense, Tegucigalpa. Funes confirme à Clarín que le cartel de Sinaloa, de Joaquín « El Chapo » Guzmán, contrôle ce transfert de drogue qui commence en Colombie et au Venezuela. « Nous avons détruit entre 80 et 100 pistes au cours des trois dernières années, mais les personnes qui vivent sur place, qui se sentent comme faisant partie de l’entreprise, vont les réparer », explique-t-il.  « En ce moment, nous avons entre 180 et 200 pistes illégales dans le pays. Ce sont des pistes d’un kilomètre de longueur, mais récemment nous en avons trouvé une de 2,5 kilomètres de long ».  Pire encore, l’article était plus que prémonitoire :  « Les cartels se préparent à apporter de plus gros avions « , prévient-il. Pour les accueillir, le « narco » déplace des machines lourdes (cf des engins de chantier, comme au Suriname !) et utilisent des batteries de voiture qui les éclairent pendant la nuit. Une fois sur terre, la drogue atteint la mer et continue son chemin dans les vedettes rapides.  Normalement l’avion ne les intéresse pas, et ils le brûlent. Les narcotraficiens reviennent rarement à moins d’avoir de gros avions », dit-il. « Ils ont tendance à utiliser des Zegnas (prononciation de Cessna là-bas), les modèles 110 et 210 … les trafiquants de drogue modifient les avions et placent des pompage des moteurs et des pompes internes qui permettent de voler pendant six heures du Venezuela ou de Colombie », at-il expliqué le sous-ministre. « » Dans un  modèle 210 on peut charger  en 500 kilos et dans d’autres jusqu’à 1 000 kilos », ajoute-t-il (…) il y a un sous-marin artisanal construit en Colombie que l’armée a sauvé afin que les cadets puissent apprendre les méthodes utilisées par les narcos. Jusqu’à cinq tels que ceux-ci ont été trouvés sur leurs côtes au cours des trois dernières années ».  Le pêcheur interviewé ajoutant que « les avions ne sont pas toujours abandonnés sur les routes ou incinérés. Le 25 octobre 2012, les autorités sont arrivées à quelques kilomètres d’ici, à Brus Laguna, où le « narco » avait préparé une sorte de cimetière pour les avions mafieux. À la place, ils y avait enterrés près de 20 appareils, entre des avions mono et bimoteurs, des hélicoptères et des avions-cargos, parmi lesquels plusieurs Antonov ». C’est la photographie quotidienne d’un lieu vert et puissant comme la Mosquitia (j’ai décrit ailleurs ce « cimetière d’avions dès mars 2011 et montré l’étonnant cliché ici à droite, les restes de l’Antonov cité étaient ceux d’un modèle 28, il y en aura un autre, ici à gauche qui viendra en 2009 débarquer 4 tonnes de coke d’un coup, et sera ensuite abandonné : c’était le YV 1769. C’était en fait l’ex YV-1147CP (vu ici Higuerote au Vénézuela ), ST-GWA, ES-NOA, UR-28759, CCCP-2875… ). Ses vestiges sont visibles ici.

Partis du Venezuela pour atterrir au Honduras

Pour le Honduras c’est en fait une constante pour les trajets aériens seuls : une carte du trafic de 2015 donnait les mêmes trajets que ceux de 2012. Tous partent de l’Apure, au Venezuela.  « Le trafic important de stupéfiants remet en cause la  « protection  » que le Honduras promeut à travers les boucliers aériens, maritimes et terrestres. L’une des principales questions pour les experts en sécurité et du trafic de drogues sont les opérations menées récemment avec les radars achetés en Israël. On en sait peu sur la fonctionnalité de cet équipement et sur les capacités dont il dispose pour identifier le passage de navires ou d’aéronefs soupçonnés de transporter de la drogue. Le président hondurien a déclaré à son retour de la préoccupation des États-Unis au sujet de la pression de l’activité de la drogue à La Mosquitia, Columbus et Honduras. Lors de sa récente visite à Washington il a rencontré le directeur par intérim de la Drug Enforcement Agency des États-Unis (DEA, en anglais), Preston Grubbs (ici à gauche la photo de la rencontre officielle), et d’autres fonctionnaires, où ils lui ont montré les résultats surprenants. « Nous avons parlé de notre préoccupation face à l’augmentation considérable de la production de coca en Amérique du Sud », a déclaré Hernandez. Il dit que en effet de cette augmentation commence à exercer une pression « à La Mosquitia, tout au long de la côte atlantique et dans le sud du Honduras, et cela doit avoir une vision régionale. » « Je m’inquiète de la pression à laquelle est soumise la population à La Mosquitia, à Colon en général et au sud du Honduras par les trafiquants de drogue », a déclaré le président. Avec sa déclaration, le président confirme que le problème du trafic de drogue revient à la recherche de nouvelles voies. Pour exercer une surveillance accrue par satellites, la DGMM travaille à l’acquisition d’un système appelé VTS (Vessel Traffic Service) ou Ship Traffic Service. Cela permettra aux navires opérant légalement de transmettre leur position par satellite, très rapidement.  Et il lance un projet qui, s’il est approuvé à un coût d’un million de dollars, devrait être prêt d’ici la fin de cette année ». Bref, les radars ne sont pas efficaces, à se demander pourquoi a-t-on choisi ces modèles inadaptés…

Drôle de bateau et drôle de mission…

La CIA que fait-elle entre temps ? On peut supposer qu’elle ne reste pas impuissante ou à se chamailler avec la DEA. Aussi songe-t-on à elle quand on apprend en juin 2014 que 6 américains sont détenus au Honduras, accusés en priorité d’avoir apporté avec eux leurs armes : (un calibre .45-Glock et un 9 mm), deux fusils à pompe de calibre 12, et un fusil Century semi-automatique qui a le tort de ressembler à une AK-47. Les armes étant enfermées dans un coffre fermé sur le petit bateau avec lequel ils sont arrivés… de Floride, de Tarpon Springs, patrie des scaphandriers « pieds lourds » pêcheurs d’éponge, en remontant jusque Ahuas, lieu, on vient de le voir, d’une intense contrebande de cocaïne, endroit équipé de plusieurs pistes clandestines à proximité. En fait, une fois arrêté les policiers honduriens leur ont réclamé 17 500 dollars pour oublier de les avoir vus. Le capitaine ayant refusé, tout le monde avait été envoyé en prison et le bateau amarré solidement à un quai.  Il faudra attendre le 3 octobre suivant pour que l’équipage soit libéré, après intervention des américains.  Le projet dont se targuait le capitaine Robert Mayne paraissait surprenant : avec son petit bateau, il voulait aller à la pêche aux troncs d’acajou (mahoganytombés au fond du fleuve, certains depuis plus de 300 ans. Il y a aussi du Pin des Caraïbes, du Santa Maria et Cedro Macho nommé aussi « Royal Mahogany ».  Cela paraît farfelu mais son projet appelé Aqua Quest Wood avait été étayé par un long dossier sur ces fameux troncs aux particularités oubliées, car cela fait des siècles que certains y résident et les arbres dont ils proviennent avaient alors des stries de croissance différentes, plus fines car poussant plus lentement. Des bois recherchés, car le Honduras est aussi un grand fournisseur de bois pour l’industrie de la guitare, ne l’oublions pas (on en fait aussi des lames de parquet). Beau projet, donc. Mais l’histoire ne dit pas combien de temps met ce bois pour sécher : pour les « grattes » on repassera !!! La firme réputée Bedell va les chercher directement en forêt, au Honduras. Le projet Aqua Quest Water était destiné au départ au Nicaragua, le voici désormais donc à se déplacer au Honduras. Ah, bon. Un projet présenté bien sûr comme humanitaire, aidant les indiens Mosquitos habitant toute la côte, ce qui est patent.  On peut y croire… ou non.  C’est selon.  La CIA nous a tellement bercés que la moindre action bizarroïde dans une région nous fait penser à une de ses infiltrations. Ce que le capitaine Mayne nie, bien entendu.  Perso, il me fait beaucoup penser à celui–là, d’humanitaire… Mais bon. Je vous laisserai vous-même conclure sur cette expédition… plutôt étrange en tout cas. Au fil du site de notre homme, on tombe aussi sur cette phrase sibylline : « Brooklyn est notre nom de code pour un navire de commerce côtier coulé au large de la côte médio-atlantique.  Selon les estimations prudentes, elle détiendrait 171 millions de dollars de pièces en espèces et en or.  Nous nous préparons à travailler sur ce projet cet été alors que les conditions météorologiques s’améliorent ».  Vous avez dit humanitaire ? En février 2014, le même Mayo avait figuré en couverture d’Opportuniste, venu évoquer les mésaventures de mercenaires en prenant comme exemple Napoléon : « Prenez par exemple le bateau de paie perdu de Napoléon. Il a quitté la France en 1802, avec 400 des meilleurs mercenaires polonais à son bord, mais il n’est jamais arrivé à Monte Cristi en République dominicaine.  Napoléon avait passé un accord avec le roi de Pologne dans lequel des soldats mercenaires avaient été envoyés pour combattre pour la France en échange de la souveraineté de la Pologne.  Les soldats étaient bien payés et étaient regardés comme des héros à la maison.  Ils avaient l’intention de réprimer la révolte de l’esclavage en Haïti, mais ni le navire ni sa masse salariale ne sont arrivés et tous les autres soldats en Haïti ont abandonné leur poste.  Haïti était une grosse vache à lait pour Napoléon.  L’achat de la Louisiane aurait pu ne pas avoir eu lieu – et nous pourrions parler français dans ce pays aujourd’hui – si ce n’était à cause de  ce naufrage et de la perte d’Haïti.  Odyssey l’avait déjà cherché en 2007, ce navire, l’appelant le « Cygne Noir »…. En 2015, le plongeur William Bartlett, travaillant pour Brent Brisben de Queens Jewels LLC. , avait remonté 350 pièces valant 4,5 millions de dollars d’un des navires ayant sombré le 31 juillet 1715. Une partie avait déjà été trouvée par Kip Wagner en 1965. Comment transformer le bois en or ?  Tout cela me fait penser au Titanic, trouvé en cherchant tout autre chose... (le Tresher) et à un autre Robert… Ballard !

Le cadeau américain : des Caravan !

On en était là avec cette importante découverte de l’été quand on découvre que les Etats-Unis avaient en effet déjà répondu à leur façon à la demande hondurienne… en mai 2016, en offrant à la Honduran Air Force (FAH) devinez quoi ? Deux fringuants  Cessna Grand Caravan, bien entendu, « pour lutter contre le trafic de drogue » !!! On y apprend à l’occasion que c’est le second appareil du genre, le premier étant arrivé le 6 août 2015 (devenu FAH-019 le second étant le N°208B5223  devenu FAH-20, ici à gauche, ex N3046B américain). Des avions dont l’usage avait été clair selon le colonel Portillo: « La FAH a effectué des missions de transport de matériel et de personnel pour soutenir les opérations de lutte contre le trafic de drogue dans la région de La Mosquitia », avec l’avion reçu en août 2015 ».  Le colonel ajoutant « Nous avons eu de bons résultats positifs dans la lutte contre le trafic de drogue et continuerons à travailler dur avec l’aide que notre pays aillé (les Etats-Unis) nous a apportée », a expliqué le colonel Portillo. « Ces avions sont d’une grande utilité pour le personnel, et c’est une grande aide pour le Honduras. La coopération entre les États-Unis et le Honduras est extrêmement importante. Étant donné que la technologie évolue très rapidement en aviation, cette relation nous permet d’être à la pointe en termes de procédures et de progrès technologiques ». «  De « bons résultats positifs » avait-il dit ? L’affaire de la découverte cet été de la base narco en pleine Mosquitia démontre tout l’inverse…

(1) les trafiquants du Honduras ont la fâcheuse habitude de détruire leurs avions… comme le font ceux au Venezuela. Les exemples abondent :

(2) il existe une version à deux moteurs (et une seule hélice) du Grand Caravan, le Soloy Pathfinder, qui refait le coup du Fairey Gannet à deux moteurs couplés Mamba. Mais là on peut parler de monstre… (ici à droite). Cela évoque aussi ce vieux projet enterré de Fedex… depuis le distributeur mondial de courrier a changé de fusil et opté en novembre 2017 pour un bimoteur classique que lui fournira Textron.  Cent exemplaires ont été commandés. Le prochain avion des trafiquants ???  Pas sûr, il ne sera pas STOL : son concurrent indonésien paraît mieux placé !

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

Coke en stock (CCXXVII) : la réorientation du trafic, le Honduras comme première destination aérienne (5)

 

Premier crash d’un F-35 ? Le troisième, plutôt ! (1)

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Ah, le F-35, cette enclume volante dont je vous ai déjà beaucoup entretenu ici, tant il est le parangon de la construction aéronautique militaire américaine :  pensé sur un modèle infaisable de trois avions réunis en un seul, équipé d’un système de commandes complexe qui fait de son pilote un porteur de casque de scaphandrier type « pieds lourds », lancé en production sans prototypes véritables, poussé par un lobby guerrier qui voit en lui des heures de travail pour ceux qui le construisent et non nécessairement une arme efficace, relayé et porté à bout de bras par des hommes politiques qui se posent en garant de ceux qui le construisent pour ne pas perdre leurs voix d’électeurs, il a tous les arguments contre lui en effet.  Il ne lui manquait que de s’écraser, pour parfaire l’idée que l’on en a, à savoir celle d’un avion raté.  C’est chose faite depuis hier en Caroline du Sud, ou un modèle du Marine Fighter Attack Training Squadron 501 à décollage vertical, le plus onéreux et le moins abouti des trois versions imaginées au départ, est tombé dans un marais près de Beaufort County.  Le pilote a heureusement pu s’éjecter et serait sain et sauf.  Le hic, c’est que ce n’est en fait pas le premier crash de cet avion… car le premier a été tout simplement dissimulé !

Dès l’annonce connue, un posteur sur Twitter s’était permis une vanne plutôt drôle, se demandant si on allait facilement retrouver les débris, vu que l’avion est réputé invisible (l’avion est tombé près de Beaufortdans les Clarendon Plantations).  En dehors du gag, on se doute de plus en plus qu’il ne l’est déjà plus trop invisible, sa signature thermique, oubliez la façon dont on l’avait présentée, étant démentielle.  C’est un vrai chalumeau volant, détectable qui plus est par des détecteurs infra-rouges apposés sur des missiles coûtant des centaines de fois moins cher que des missiles à détection radar.  Cet engin décrié est pourtant, on le comprend bien, le chouchou du Pentagone, qui n’a de cesse de vanter ses mérites, quand il arrive à en trouver, ou qui émet des tartines de promotion dès qu’il effectue une mission qu’un modèle moins sophistiqué est tout autant capable de faire.  Parfois, cette emphase douteuse a pris des dimensions assez grotesques… deux jours avant ce crash, notamment quand le Pentagone avait annoncé fièrement qu’il avait réussi à lâcher une bombe (ou deux) sur des talibans aux sol équipés de Kalachnikovs.  Chez CNN, c’était devenu le largage fait par un avion « létal et versatile », pas moins, devenu le « favori de Donald Trump ».  Il doit y avoir mieux comme référence, je pense.

A Beaufort, d’où était parti l’avion qui s’est écrasé, Google Earth nous donne une petite idée du déploiement des F-35B en octobre 2016 (ci-dessus).  Deux F-35B sont visibles au ravitaillement, pour pas moins de 29 Hornet déployés sur la base.  Il y a en fait deux escadrilles de Hornet à Beaufort la VMFA (AW) 533 et la VMFA-312, toutes deux des Marine Corps et toutes deux des vétérans d’Irak ou d’Afghanistan.  Les avions, si on les voit en nombre au sol de Google Earth – ce qui est flagrant- c’est tout simplement parce qu’ils ne volent plus !!!  Sur les 276 Hornets dont dispose les Marines seulement 30% sont en état de vol, en effet.  Certains, défectueux, sont cannibalisés, indique le patron d’une escadrille, d’autres empruntent des pièces ailleurs :  un des Hornet de la base possède par exemple une porte de train empruntée à un autre avion célèbre :  c’est celui qui est présenté sur le pont de l’USS Yorktown, devenu un musée de l’aviation de Mount Pleasant (ici à droite) !!!  Le commandant de la VMFA-312 rage en direct chez Fox News et on le comprend  : « nous sommes une escadrille opérationnelle, on est supposé faire voler des avions, pas de les construire » .  Il ajoute « Les FA-18 Hornet  du corps de marine sont censés avoir une durée de vie de 6 000 heures, mais ils sont en cours de rénovation pour porter leur durée de vie à 8 000 heures.  On dit que certains avions pourraient être poussés à 10 000 heures alors que le Corps des marines attendait l’avion de combat interarmées de 5 ème génération, qui devrait remplacer le F-18, mais qui a souffert de dépassements de coûts. «Nous n’avons pas assez d’avions que nous appelons « avions de base prêts à l’emploi ».  Un recoin de la base accueille les vestiges des cellules devenues obsolètes, entièrement vidées de leur contenu, prêtes à servir à des exercices de pompiers.  Bref, à Beaufort, c’est après le F-35, le déluge :  les appareils qui l’ont précédé sont désormais trop vieux ou trop abîmés par rester des armes efficaces !!!  A Beaufort, le F-35 , qui a tout pompé en budget à lui seul, comme on le sait, ne fait donc pas l’unanimité !!!  Loin de là !  On notera que l’avion qui s’est écrasé semblait en phase d’atterrissage se dirigeant vers l’axe de la piste 14 de la base (cf ci-dessous).

L’attaque contre les talibans, dont on sait peu de choses en fait, a été l’occasion rêvée de redorer son blason d’avion d’avion de type « CAS », le support rapproché des troupes au sol... ce pourquoi il n’est absolument pas fait, au contraire de l’A-10.  Au Pentagone, tout est affaire de communication, pour vanter la merveille des merveilles.  Il faut quand même préciser, pour atténuer le propos, que ce F-35 B, s’il sait jouer au Harrier, est comme lui démuni de canon à bord, et que pour mitrailler des adversaires au sol, il emporte sous lui un pod canon encombrant (cf ici à droite).  Les précédents modèles de pods vibraient de partout et faisaient tressauter les avions qui les emportaient, mais là, paraît-il, tout fonctionne parfaitement, enfin selon les airs du Pentagone (le GAU-12U à 5 canons Equalizer de 25 mm des AV-8B Harrier II and AV-8B Harrier II, le F-35 n’a que 4 fûts de tir et ils vibraient moins, étant mieux intégrés à l’avion). En réalité, ce n’est pas tout à fait ça :
Et pire encore, l’avion tire aussi très mal en configuration interne comme sur celui de l’Air Force:  « il y a un autre problème important qui rendra très difficile pour l’Armée de l’Air de prétendre pouvoir remplacer le A-10 par le F-35A: «Le F-35A a systématiquement manqué les cibles terrestres lors des tests de tirs; le programme est toujours en train de résoudre les problèmes. »  Le canon tire« trop long et à droite ».  Les canons F-35C et F-35C de la Marine, qui ne sont pas intégrés, fonctionnent apparemment mieux. Les tests de précision initiaux des pistolets F-35B et F-35C ont donné de meilleurs résultats que ceux du modèle F-35A», écrit Behler. «Les canons F-35B et F-35C présentaient tous les deux le même défaut de visée que le F-35A, mais le tir plus long ne se manifeste pas dans les systèmes en pods. »  L’enthousiasme du Pentagone oubliant de préciser qu’en emportant ce fameux pod à canon Gatling, l’avion perd son invisibilité (cf la photo très parlante à droite).  C’est totalement idiot, mais ce n’est pas la première idiotie dont ont été capables les concepteurs de cet invraisemblable appareil aux trois visages. Ci-dessous un des avions de la base de Beaufort en 2013 :

On notera aussi que le nouvel arrivant sur la base, en 2014, héritera d’un coin isolé et même d’un abri de toile en 2016.  Un abri, ou un endroit pour que l’on ne voit pas trop ce qui se passe, côté réparations :

La bonne cible ?

Bombarder les talibans en motocyclette est donc une de ses capacités, à condition que la cible soit atteinte.  Ce qui n’est pas sûr, d’après un rapport récent.  Dans ce rapport, on affirme que ce n’est pas du tout assuré, la faute à un logiciel qui annonce n’importe quoi dans le casque du pilote, qui choit la plupart du temps: une méthode bien à lui pour charger le plan de vol de sa mission (les fichiers des Mission Data Loads ou MDLs) : « tout cela était censé réduire la charge de travail du pilote. Les résultats du test montrent que dans plusieurs cas, le contraire se produit.  Par exemple, les pilotes sont censés être en mesure de programmer des données de planification spécifiques à une mission dans un poste de travail de support de mission hors-bord.  Ces fichiers de données sont ensuite acheminés vers la ligne de vol pour être chargés sur le F-35 avec un dispositif de mémoire portable.  Les pilotes ont constaté que cela prend trop de temps pour saisir et transférer les plans de mission de cette manière.  Ils choisissent plutôt de saisir manuellement leurs plans lorsqu’ils sont assis dans le cockpit.  Les multiples fausses cibles et / ou fausses menaces créées par l’incapacité apparemment inhérente du logiciel du F-35 à fusionner tous les multiples rapports de position quelque peu imprécis du réseau pour une cible ou une menace unique, représentent une charge égale ou plus lourde pour le pilote.  Cela crée également plus de travail pour les pilotes car ils doivent déterminer quelles sont les cibles réelles et lesquelles, généralement en les confirmant verbalement avec d’autres pilotes, l’action même que le système de fusion de capteurs est censé remplacer » .  Bref, on possède un lien vers un ordinateur pour indiquer les missions, mais les pilotes, lassés par la procédure, font tout à la main.  Pour l’avion révolutionnaire tout informatisé présenté par le Pentagone, ça la fout mal, avouez. Un logiciel qui invente des talibans supplémentaires en moto, en quelque sorte, voila qui ne doit pas vraiment aider au pilotage… et encore moins au bombardement !  (à gauche l’une des deux soutes à bombes du F-35B, limitées à 2 bombes et 2 missiles seulement chacune)…

Propagande évidente

Cette fois, pour mieux « vendre » au grand public la grande offensive de l’avion des merveilles, les militaires US ont fait jouer la fibre sensitive.  Ils n’ont en effet rien trouvé de mieux que de le faire piloter par un… fantôme, le transformant en avion zombie. On a assisté en effet à une belle mise en scène à l’occasion de cette opération.  Du grand art !!!  A en rappeler l’expédition pour supprimer un Ben Laden mythique, tant le vocabulaire vengeur a été le même et les symboles déployés identiques.  Une fable des temps modernes, alors rédigée par un storyteller, Nicholas Schmidle (1).  Les morts servent donc aussi à vendre des enclumes aux USA, il faut croire.  Je m’explique :  on le sait, les pilotes US arborent de leur nom, traditionnellement, les avions qu’ils pilotent.  Or une photo abondamment partagée sur le net et émise par les services de communication des Marines révélait un nom connu de pilote sur le bord de la verrière de cockpit de l’avion choisi pour effectuer « la première mission contre les talibans » :  celui du Lt. Col. C.K. ‘Otis’ Raible.  Apposé en fait sur la trappe de perche de ravitaillement.  Celui d’un commandant de la VMFA-211, décédé en 2012, présenté comme un héros et célébré de cette étrange manière.  Les morts servent aussi à vendre des avions… invendables, aux USA.  Il y a longtemps que l’on n’avait pas vu pareille image de propagande, composée comme un véritable tableau moderne (ici à droite) :  au premier plan le « chien jaune » bien visible, à gauche le « pod » pour montrer qu’il marche, ou que l’on s’en sert désormais, l’inévitable drapeau collé sur la trappe d’alimentation en air de la soufflante à décollage vertical, et sur le flanc de l’avion le nom du héros… Le Lieutenant Colonel Christopher Raible, alias « Otis ».  C’est puant de fausse commisération, dégoulinant de manipulation, tout simplement!

L’histoire du héros (ici à gauche), en prime, présentée comme exemplaire étant plus tragique encore :  il est mort en septembre 2012, avec comme seule arme un pistolet à la main, alors que sa base (le Camp Bastion en Afghanistan) était attaqué un soir par des talibans, désireux de rejouer les attaques suicides Viet-Cong sur les bases vietnamiennes dans les années 70.  L’homme était pilote de Harrier, c’était le commandant de l’escadron des « Avengers » venu de Yuma, la seule unité de ce type déployée en Afghanistan, dont six exemplaires avaient été détruits ce soir-là, deux autres étant endommagés. Le sergent Sgt. Bradley Atwell avait été également tué lors de l’assaut, Raible sera nommé pour recevoir la Silver Star à titre posthume.  Son second, le Maj. Robb McDonald, recevra lui aussi la Silver Star:  il livre ici le récit de la terrifiante attaque.  Il y explique s’être battu avec son pistolet et en caleçon…

Le héros était en fait mort en raison de l’incapacité des Marines à protéger leur base, malgré les exemples historiques qui auraient dû les mettre en garde et en alerte.  En somme, le F-35 célébrait ainsi les manquements cruciaux de la direction des Marines !!!!  Parlez d’un choix pour la presse, l’attaque surprise de Camp Bastion avec 8 avions perdus en un seul jour était la pire depuis le Viet-Nam ! (la VMA-211 n’ayant pas connu pareil désastre depuis le 8 décembre 1941… à Pearl Harbour).  Et comme on a du tact au Pentagone, dans la nécrologie du héros on rappelle que chacun des huit Harriers perdu valait 24 millions de dollars pièce…  Un officier deux étoiles fera quand même remarquer que les talibans l’avaient eu belle, car lors de son extension, le camp Bastion, qui avait déjà été utilisé en 2009 et 2010, n’avait pas d’enceinte encore entièrement fermée.  Et il ajoutait « qu’une piste à 200 millions de dollars de plus de deux milles de long a été installée en 2010, permettant aux forces américaines de débarquer des avions de fret C-5, des 747, des avions de passagers utilisés comme vols de troupes et d’autres avions géants ».  Sidérant de bêtise et d’impréparation !  A gauche, le navire porteur des 6 F-35 destinés à l’attaque en Afghanistan :  c’est le USS Essex (LHD-2), un porte-danseuses, car en plus du F-35B il amenait sur place 9 Osprey, cette autre gabegie à hélices. On peut visionner ici la mise en scène de l’attaque, proposée par le CENTCOM comme un reportage clé en main pour les TV… on peut y distinguer l’insertion manuelle délicate de bombes à l’intérieur du F-35B à l’espace réduit.  On voit une GBU-38 JDAM de 500 kilos.  Une MK-82 classique équipée de système de guidée, rangée dans la catégorie des « bombes légères ».  Au retour , la soute de l’avion semble vide.  On peut toujours se demander pourquoi les placer en interne, puisque l’emport du pod canon externe ruine totalement son invisibilité !

Une suite de déboires récents minimisés

Avant le décollage du F-35B pour cette mission « historique » à aucun risque pour lui (on ne sait pas où il est allé les larguer, ses bombes – en mer ?) et sur quel objectif exactement (des « talibans », c’est plutôt flou comme cible, fallait-t-il « bombarder » en ce cas, les a-t-il ou non « mitraillés  » plutôt ?), on avait pu voir le même avion avec deux rampants à ses côtés, en train de s’afférer autour d’une zone particulière de l’appareil, siglé étrangement d’une signalétique blanche bien visible sur chaque trou de vis à serrer.  Voilà aussi  qui est nouveau.  C’est en fait la trappe d’accès à l’interface de maintenance.  Le fait n’est pas anodin :  elle semble toujours suspecte, depuis que Okinawa, un des F-35 (type A), avait perdu la sienne en vol.  Selon Zone militaire, c’est une autre péripétie due à un manque évident de contrôle de production :  (…) « la découverte, l’automne dernier, de traces corrosion « dépassant les limites techniques » [mais sans affecter la sécurité des vols, selon le F-35 Joint Office Program du Pentagone, ndlr] sur des fixations des panneaux de fuselage entraîna la suspension des livraisons de F-35, le temps de trouver une solution à ce nouveau problème. Ce qui fut fait au bout de 30 jours. Puis, il apparut que le constructeur avait omis d’appliquer un enduit anti-corrosion sur des ajutages de panneaux d’inspection de maintenance.  Seulement, cet oubli n’avait pas été décelé ni par Lockheed-Martin ni par les équipes du Pentagone chargées de réceptionner les F-35 ».

Une énième péripétie, après les deux récentes qu’ont été le repliage du train d’un avion du  58th Fighter Squadron, sur la base d’Eglin le 28 août dernier (ici à droite).  L’incident avait eu lui heureusement après un atterrissage réussi. L’autre incident étant plus récent encore et plus mystérieux.  Celle d’un appareil ayant demandé à la tour de contrôle de Fresno l’autorisation de se poser le plus rapidement possible après la déclaration d’un problème technique resté mal défini à ce jour (le pilote ayant signalé « un ennui moteur » à bord).  La sortie du pilote de la VFA-125 de la Naval Air Station de Lemoore, toute proche de Fresno,  venu expliquer aux pompiers accourus ce qu’il en était pouvait passer pour intrigante, puisqu’il ne semblait lui-même pas touché par un quelconque problème physique, mais il avait vite évacué l’appareil, doté d’une échelle de coupée intégrée (l’avion ayant pu être l’objet d’un problème d’alimentation en oxygène, une plaie récurrente chez les chasseurs US).  L’affaire avait surpris, car ce n’est pas tous les jours en effet qu’un avion militaire se pose en catastrophe au milieu d’un aérodrome civil !!!  La base de Lemoore est celle où le taux de disponibilité des F-35 est plutôt « moyen » chez cet appareil (4 avions disponibles en moyenne sur les 8 qu’elle possède) !!!

Pour ajouter au déboires, le même jour un autre F-35 ingérait un oiseau en plein vol, mais cela arrive à d’autres et ne met pas en cause l’appareil.  Sans oublier également une autre péripétie, un ravitaillement en vol, le 23 août dernier, qui avait mal tourné avec un Super Hornet équipé d’un bidon nourricier. Le F-35C, des »Rough Riders » avait percé le panier récepteur de son ravitailleur (ici à droite), son réacteur avalant alors des débris. Un incident classé « A » chez l’US Navy ce qui signifie pour 2 millions de dollars de frais de réparations.  Le Super Hornet héritant d’une Class-C, des dégâts chiffrés entre 50 000 et 500 000 dollars.  L’avion est nettement plus cher, mais ses réparations aussi, il semble bien !

Ce problème est toujours au goût du jour :  « Le rapport de Behler met en évidence un problème de ravitaillement rencontré par les F-35B et F-35C. Les sondes de ravitaillement brisent trop souvent, ce qui fait que les escadrons imposent des restrictions sur le ravitaillement en vol. Le programme étudie toujours ce problème. »  J’ai entendu dire que le programme se concentre sur une maintenance améliorée du mécanisme du dévidoir, ainsi que sur les modifications de conception de la sonde ». Et le voilà devenu bouffeur de paniers, maintenant !

Mais que faut-il ne pas trop montrer (ici gauche et à droite l’incident de Fresno), si l’on veut toujours imposer ces avions onéreux sur le marché, même si son prix unitaire, plus il est produit, commence à descendre.  Ce que Donald Trump appelle une négociation réussie grâce à lui, alors qu’il n’y a été strictement pour rien !  La veille même du crash, l’agence Reuters avait annoncé que le Pentagone avait signé un accord pour 11, 5 millards de dollars, pour l’achat de 141 avions, ce qui aurait abaissé de 5,4% son coût pour l’amener à 89.2 millions de dollars l’unité.  On est toujours très loin d’une quelconque rentabilité qui tablait sur plus de 1500 appareils à fournir, pour y arriver.  Au départ, ce sont en effet 2443 avions dans les trois versions qui devaient être fabriqués dont 1 763 F-35A pour l’US Air Force, 420 F-35B (STOVL) pour l’US Marines Corps et 260 F-35C pour l’US Navy.  Question mensonge, le fantasque président US se pose là en effet.  Lui, si critique avant d’être élu l’avait décrit comme « formidable » après une brève rencontre avec la PDG de son constructeur, Lockheed-Martin.

Madame Marillyn Lockheed…

Trump sombre facilement dans le grotesque ou le surréaliste.  Ses propos sur le F-35 sont bien dans l’esprit (ou le manque d’esprit qui le caractérise). Récemment encore, il avait clamé lors d’un meeting à Porto-Rico  « Vous aimez le F-35? » Vous ne pouvez pas le voir. Vous ne pouvez littéralement pas le voir. Il est difficile de combattre un avion que vous ne pouvez pas voir ».  Pour expliquer son obscur propos, il avait dit qu’il avait discuté avec «des gars de la force aérienne» qui lui avaient dit que «eh bien, il gagne à chaque fois parce que l’ennemi ne peut pas le voir, même si c’est juste à côté, il ne peut pas le voir ».  Ce qui est aussi un énorme mensonge en plus d’être une ineptie !  En fait de « gars » Trump avait rencontré Marillyn Hewson, la présidente Lockheed-Martin, qui lui avait en effet dit que l’avion était « invisible ».  En l’appelant pour acquiescer à ses propos, il n’avait rien trouvé de mieux que de l’appeler « Marillyn Lockheed ».  Elle-même n’avait pas bronché (de peur de voir la vente s’échapper ?), pas davantage que l’impassible Mike Pence, toujours prêt à tout gober de son mentor (au pays du pire, on trouve facilement pire).  Un président qui ment, certes mais c’est aussi le cas du Pentagone, avec les crashs du F-35.  Ce qu’on verra demain plus en détail si vous le voulez bien… (ci-dessous un F-35B du Marine Fighter Attack Training Squadron 501 en train de faire son arrondi vers la base, direction piste 14) : celui-là a réussi à se poser.

 

 

(1) il a perdu pas mal de sa prestance et de sa superbe, depuis.  Il s’occupe aujourd’hui de décrier les usines à potins comme TMZ.  Pour quelqu’un qui a rédigé les textes de la plus belle manipulation jamais faite, c’est révéler un intérêt certain pour la chose.  Un avis de connaisseur, pour sûr !  Aujourd’hui, il glose surtout sur ses exploits passés et comment trouver la « vraie » information selon lui.  Il évoque ici son père, qui n’était autre que le Mr Internet du Pentagone (Lt. Gen. des Marines Robert Schmidle, choisi en 2014 par Obama pour évaluer les coups de la défense !).  Nicholas Schmidle aura joué un fort mauvais rôle dans l’information… ou plutôt dans la désinformation ces dernières années.  Le storytelling, à la place du journalisme, voilà son credo.  Le plus drôle, c’est qu’on retrouve son père (ici à droite) pour venir lui aussi à l’époque, en 2014, exprimer sa critique du F-35, selon The Hill :  « il a également exercé les fonctions de commandant adjoint du Cyber ​​Command aux États-Unis et a occupé plusieurs autres postes de direction dans la planification et la budgétisation du Corps des marines et du Pentagone. Par coïncidence, Schmidle est apparu dans une pièce « 60 Minutes » de CBS diffusée dimanche en défense du F-35 Joint Strike Fighter, le système d’armement le plus coûteux du Pentagone. L’avion, qui est encore en développement et en phase de test, a été confronté à un certain nombre de problèmes et de problèmes techniques qui ont considérablement retardé le programme et dépassé son budget. Mais selon « 60 Minutes », Schmidle a été un peu un exécutant de la version du Corps des Marines. Après avoir découvert que l’un des avions livrés par Lockheed présentait des lacunes dans son revêtement furtif, Schmidle a dit qu’il avait immédiatement envoyé des photos des trous à Lockheed et avait dit: «Alors, parlez-moi donc. « J’ai eu l’impression que vous aviez dit plus que simplement  » Parlez-moi « , a déclaré David Martin, correspondant de CBS News. « Avez-vous dit: »  Qu’est-ce que c’est que ça?  « Vous savez que les Marines ont tendance à être relativement directs dans la manière dont nous essayons d’aider les gens à comprendre ce que sont nos préoccupations particulières », a répondu Schmidle « . On retrouve ici un débat d’une heure et demi sur le F-35, lors du choix du budget de 2015, une audition sur les capacités de l’avion présentée par le républicain Michael Turner.  Schmidle apparaît dans la seconde partie, après le général Christopher Bogdan, responsable du projet et bien embarrassé avec son avion déficient à vendre aux élus (son prix fait débat).  Schmidle apparaît vers 1h01 dans la vidéo, c’est lui qui interroge les généraux responsables.  Il débute fort en affirmant d’emblée que « 50% de ceux que l’on possède aujourd’hui ne volent pas, car ils sont soit en train d’être modifiés ou en réparations ». Il insiste sur la « readyness » (disponibilité) trop basse selon lui (et selon, les chiffres) de l’ensemble des avions de la Navy ou des Marines en interpellant le contre amiral Michael Manazir, bien obligé de reconnaître qu’elle est alors au plus mal (ce dernier propose l’achat de 22 F-18 Growlers en attendant l’arrivée du F-35 :  chaque Growler coûte 68,2 millions de dollars, l’année suivante on en commandera 160…).  Le taux d’attrition atteint des limites insupportables.  Le bilan est alors désastreux, celui toujours dénoncé aujourd’hui, trois ans plus tard par les leaders de la base de Beaufort, équipé de Hornets à la dérive.

Nota : sur les déficiences criantes du F-35 on peut examiner ce rapport complet de 2017 :

un autre bon article sur le sujet datant de 2013 déjà :

https://www.vanityfair.com/news/2013/09/joint-strike-fighter-lockheed-martin

 

un bon article de DSI :

F-35 Lightning II : les déboires d’un rêve aéronautique

 

on peut relire:

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aviation-4-les-boulets-a-trainer-l-69242

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aviation-14-l-avion-qui-devorera-159481

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aviation-14-l-avion-qui-devorera-159518

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-guerre-comme-idiotie-10-la-150710

Trump et l’armée : une promesse déjà enterrée !

 

L’enterrement du F-35 par le Pentagone lui-même : Trump n’aura même pas à le faire !

 

L’avion qui ne décolle plus

 

 

Premier crash d’un F-35 ? Le troisième, plutôt ! (2)

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Le crash de Beaufort va laisser des traces, c’est évident.  On le présente déjà comme « le premier crash de l’avion en 17 ans de carrière » dans les sites conservateurs US, laissant entendre que c’est un appareil relativement fiable.  Or à bien regarder, ce n’est pas exactement le premier qui ce soit écrasé.  Un autre s’est produit en 2017, mais celui-là, on a tout fait pour qu’il n’apparaisse pas au moment où Lockheed-Martin négociait un « batch » supplémentaires d’appareils, en négociant des prix serrés qui avaient eu l’heur de déplaire fortement à Donald Trump.  Car à bien regarder ce qui avait suivi, on ne peut que conclure à une manipulation.  Il y en a eu un troisième aussi, un autre exemplaire détruit après coup, celui-là.  Celui du jour, c’est sûr recevra aussi sa dose de désinformation dans les jours et les semaines à venir, aussi, restons vigilants…

Un mensonge de plus ?

Le 8 septembre 2017, vers 18 heures, on annonce la chute d’un avion militaire dans un endroit particulier, celui où l’on teste les avions secrets aux-Etats-Unis, à un centaine de km de la base de Nellis, vers le célèbre Groom Lake (1).  A gauche c’est la photo du prototype X-35B au dessus de l’endroit.  C’est dans le secteur de la fameuse zone 51, ce qui tout de suite met le web en ébullition complotiste, bien sûr.  En face, la chose militaire réagit vite pour allumer des contre feux.  Oriana Pawlyk de military.com, porte-parole américano-ukrainienne (?) du magazine web grand public de l’armée US (on ne peut voir cette revue qu’ainsi) intervient et annonce qu’étant dans le saint des saints, elle peut affirmer que si, si, c’est bien un avion « classified », mais insiste tout de suite pour dire que « ce n’est pas un F-35 qui s’est écrasé » : elle annonce avoir obtenu cette certitude de  la bouche même du général David L. Goldfein, Chief of Staff de l’Air Force.  « I can definitely say it was not an F-35 » écrit-elle avec insistance en Tweet.. elle-même se montrant un peu trop comme poseuse de selfie à bord d’avions militaires, comme on peut le voir ici à droite.  Dès l’annonce du crash, le Major de l’Air Base Wing 99 de Nellis (ici à droite sur la photo) avait elle aussi indiqué que “l’information à propos du type d’avion impliqué est classée (secrète) et ne sera donc pas révélée ”.  Military.com, on le rappelle, est un site qui a été fondé par deux anciens membres du Joint Chiefs of Staff, et il est très proche des vétérans US qu’il affectionne.  C’est l’armée et son lobby qui parle, en fait, par sa voix.  Le 11 septembre, sentant que l’on peine à convaincre, on écrit cette fois à Aviation Week, autre bible américaine de l’aviation, pour donner des « précisions «  sur ce qui s’est passé.  On annonce la même chose, à savoir que ce n’est pas un F-35, qui s’est crashé, et que le pilote qui s’est tué s’appelle Lt. Col. Eric Schultz, 44 ans, un vétéran des essais d’avions « de tous types », un ancien technicien civil pour le Pratt & Whitney Seattle Aerosciences Center, qui s’est inscrit chez les militaires en 2001 seulement (il y avait été refusé en un premier temps et avait dû subir une opération des yeux pour pouvoir entrer).  L’insistance à tout de suite rejeter la thèse d’un crash de F-35 est forte.  Pour ajouter à la pression, on lâche une autre info :  Schultz aurait été aux commandes d’un tout autre avion :  un russe, ou plus exactement un biélorusse, un Sukkhoi 27 (celui qui est promu partout comme étant le « killer » probable, en cas de rencontre aérienne !  En réalité, on a ressorti pour l’occasion les photos étonnantes de Phil Drake, prises au dessus de Tikaboo Valley, près de Groom Lake, dans le Nevada (le jour de l’élection présidentielle, le 8 novembre !).  On avait pu y apercevoir ce jour-là un Sukkhoi 27 Flanker jouer au chat et à la souris avec un F-16, en combat simulé tournoyant.  Toute cette agitation aérienne rappelait un programme des années 60, appelé “Have Doughnut” débuté avec un Mig 21 obtenu d’un pilote transfuge et devenu YF-110, qui avait fait la chasse en tests aux différents F-4, F-5, F-100, RF-101F-104, F-105, F-111, et même le bimoteur B-66, ou le Phantom RF-4.  Plus tard, un Mig-29 d’origine moldave avait aussi été aperçu à Groom Lake.  A la même époque, une photo extraite de chez  Lazygranch.com  prise d’un drone Predator en train de rouler au sol avait montré dans un coin un clone de Sukkhoi déjà sur place.  Mais c’était certainement un maquette, plutôt.  Si l’on revient un peu en arrière, on s’aperçoit que ce fameux Sukkhoi est peut-être bien aussi l’un des deux ramenés en 2008 d’Ukraine par l’entreprise privée de Tactical Air, et achetés 4 950 000 dollars pièce.  Les engins étaient arrivés en octobre 2008 via un Antonov AN-124 Condor.  Sept ans plus tard, on les avait annoncés comme vendus (le 5 février 20156 millions de dollars pièce à une mystérieuse société appelée Meridian Inc., de Wilmington, dans le Delaware, dans laquelle beaucoup avaient cru voir la main de la CIA (lire ici le détail de l’opération).  Chez Aviation Week, lors de la fuite organisée, Guy Norris, va plus loin encore, en affirmant que « des sources indiquent que Schultz était le commandant de l’escadron des Red Hats au moment de sa mort.  Les Red Hats sont devenus une unité non numérotée dans l’aile de test du Détachement 3, AFTC, après la désactivation du 413ème escadron d’essais en vol (anciennement 6513e de tests).  Ces dernières années, l’unité a utilisé divers types de MiG-29 et plusieurs modèles développés par Sukhoi tels que le Su-27P, dont l’un a récemment été observé dans les environs ». Mais ça cloche sérieusement comme « preuve », car les Red Hats n’existent plus depuis longtemps, tout simplement !  Comme photo « récente » à l’appui du fameux escadron on montre un vieux Mig 21 avec une ribambelle de pilotes alignés devant.  La chevelure de la seule pilote visible trahit vite l’époque de la prise de vue (ici à droite) ; on est dans les années 80, pas en 2018 !!!  Manque de chance, on a laissé sur la canopée du Mig 21 un nom bien visible : c’est celui de Jack Manclark, qui était effectivement le commandant des  Red Eagles… dans les années 80 !!!   Il se trouve, quel hasard, qu’à propos de lui, aussi, j’ai écrit : c’est ici. il y rappelait qu’on avait fait voler sur la zone 51 au sein du 4477th Test and Evaluation Squadron pas moins de huit Mig 23 par exemple.  Une véritable brute à dompter, d’ailleurs, selon lui.


Les Agressors de la VMFT-401 (Marine Fighter Training Squadron 401 ) sont eux basés à Yuma, en Arizona, qui abrite aussi les Harriers, et ils viennent visiter régulièrement Beaufort.  On en a trouvé deux sur Google Earth lors de leur visite de mars dernier sur la base de Caroline du Sud (ici à gauche).  A noter qu’à Beaufort, les F-35 s’entraînent non pas contre des Sukkhoi, mais contre des avions… privés.  Ceux d’ATAC (Airborne Tactical Advantage Company) venus avec ses Kfirs, c’est à dire les bons vieux Mirage israéliens, toujours aussi agiles en combat aérien, en remplacement, donc, des anciens F-5 des « Agressors ».   J’ai décrit ici-même la société créée par  Larry Payne, et Jeffrey Parker, deux passionnés d’aviation.  La société est en train de se fournir en anciens Mirage F1 français :  pas moins de 63 exemplaires ont été négociés (j’en reparlerai bientôt je suppose dans un volet sur les « profiteurs de guerre »).  Le Mirage, comme le Kfir (un Mirage avec réacteur américain, d’où son fuselage déformé, élargi, à l’arrière) a toujours été considéré comme une vraie doublure de Mig 21, par sa voilure delta. Atac dispose de 26 appareils avec des F-21 Kfir, des MK-58 Hawker Hunter et des L-39 Albatros. Ici un cliché qui montre deux avions d’Atac (Hawker et Kfir) en compagnie du F-35 (le modèle C de la Navy) :


Le projet  « Constant Peg » de tests d’appareils soviétiques dont il s’occupait aura testé au total 26 appareils russes ou chinois avant d’être dissous !  On trouvera plus pratique – et moins risqué-  de créer toute une escadrille d’avions US ressemblant en comportement au Mig 21, celui des Agressors, avec leurs F-5 et leur petits Skyhawk, peints aux couleurs des soviétiques.  Aujourd’hui, c’est devenu une entreprise privée avec des gens comme Draken par exemple ou Tactical Air, ou d’autres encore comme on vient de le voir.  L’autre commandant de Constant Peg avait été Glenn Frick (spécialiste du Pitts).  Or toutes les opérations du 4477th Test and Evaluation Squadron ont été terminées en 1990.  Onze ans avant que l’on n’écrive qu’Eric Schultz ait pu en faire partie !!!  Oh, bien sûr, on précise que le principe aurait survécu sous le nom de « Detachment 3, 53rd Test and Evaluation Group » dont la tâche essentielle officiellement est « d’évaluer les nouveaux équipements ».  Celui auquel appartenait certes Eric Schultz, c’est sûr.  Mais de là à en faire nécessairement un pilote d’avion russe, il y a de la marge.  Car ce même Schultz a été pris en photo non pas à bord d’un Sukkhoi, mais bien à bord d’un F-35 (ici à gauche sur la photo prise à Edwards AFB le 15 septembre 2011). Et il n’était pas assis dans n’importe lequel :  celui siglé « Lt. Col. Hank « Hog » Griffiths » , le chef du 461st Flight Test Squadron.  Avec Jon Beesley, chef pilote chef Lockheed-Martin en 2010, ils avaient été les deux pilotes à ramener les deux premiers modèles de type « A »  les AF-01 et AF-02, de Fort Worth, où ils avaient été construits, à la base d’Edwards pour y être testés (ici à droite le vol commun). En 2011 c’est encore Griffiths qui ira chercher le N°6 construit à Fort Worth. EGriffiths a remis ça pour le N°10, (AF07 0744), Schultz débutant ses vols comme 28eme pilote de F-35 le 15 septembre 2011 justement.  Eric Schultz pilotait donc comme Hank Griffiths les tous premiers F-35 sortis !!!  C’était un vétéran, déjà, des vols d’essais du F-35, et donc aussi l’un de ses meilleurs connaisseurs !  Un pratiquant régulier du F-35 (qui a toujours besoin de tests, car il faut le modifier constamment, vu que l’on a pas fait de prototype réels (1)) !!!  Mort à son bord, très certainement, ce qu’il ne fallait surtout pas montrer au moment où l’on discutait ferme l’achat d’un énième lot d’appareils ?  De plus en plus l’idée fait son chemin :  l’histoire du Su-27 a été, de toute évidence surjouée et téléphonée à des médias peu sourcilleux de vérité.  Car on est allé plus loin encore pour convaincre.  En 2012, le pilote testeur de la navette Bourane (qui n’a fait qu’un vol sans lui, elle était entièrement automatique, bien qu’elle ait eu une doublure à réaction), qui entretient beaucoup sa propre légende sur le net, fait une interview chez RT Russia repris plus tard par Sputnik sur la dangerosité du métier de pilote de test.  Il évoque le cas  d’un vol d’avion « à deux queues » (le Su-27 plutôt que le Mig29 il semble) qui un jour est littéralement parti en morceaux après un phénomène de résonance du métal, alors qu’il le pilotait.  Je pense que les gens qui ont tenté de faire passer la mort de Schultz à bord d’un avion similaire avaient lu ce texte. Car le 19 septembre alors que la presse bruisse encore de suppositions diverses, dont celle toujours d’un crash de F-35 et non de Sukkhoi, voici qu’apparaît un texte de Magomed Tolboyev, notre fameux testeur de Bourane (ici à gauche à bord d’un… B-52) qui affirme avoir au au téléphone un mois auparavant Schultz pour le prévenir « de ne pas effectuer une manœuvre particulière à bord du Su-27, car elle est trop risquée ».  Un looping ou un tonneau mortel, ou quelque chose lui ressemblant.  En juin 2016, lors du crash d’un Su-27 de la patrouille des Russian Knights, on avait alors accusé le système de vol de l’avion et non pas le pilote.  En 2009, Igor Valentinovitch Tkatchenko leader de la patrouille, alors sur Mig 29 s’était tué à la suite d’une défaillance technique de son appareil lord d’un entraînement et non après une manœuvre risquée. Le 8 juin 1989 un MiG-29 s’était écrasé au Bourget car un de ses réacteurs est tombé en panne.  Il n’y a que le 12 juin 1999 toujours au Bourget, qu’un crash de tout nouveau Sukhoi SU-30MK a été dû à une faute de pilotage (une ressource prise bien trop bas ayant endommagé les réacteurs). La suite de l’article de Tolboyev reprenant mot à mot celui d’Aviation Week…. cela sentait encore une fois le téléphoné et le storytelling.  Enfin autre doute encore :  lorsque l’on rend hommage à Schultz, sur le net, une autre surprise apparaît :  sa disparition est datée du 5 septembre.  Le crash a donc eu lieu quatre jours avant d’avoir été officiellement révélé.  On a retenu l’information durant tout ce temps.  Largement de quoi évacuer les traces du crash… ce qui rappelle d’autres opérations du même type dans le passé…

Une redite de 1963

Les américains ont tendance à tenter le plus longtemps possible de dissimuler leurs projets secrets, on s’en doute.  Le 24 mai 1963, un Lockheed A-12 ultra-secret part dans une vrille dont il ne sortira pas, et s’écrase.  Son pilote a eu le temps de s’éjecter.  Secouru au sol, il raconte aux gens qui sont venus l’aider qu’il ne faut pas s’approcher du site du crash car son avion emportait une bombe atomique et que l’endroit est alors devenu radioactif !!!  L’avion étant un enjeu important du programme d’espionnage de l’URSS, on fait tout pour que ça ne se sache pas. Ou que l’on ne retrouve pas de débris l’attestant. « Même dans l’Utah, il est difficile de cacher un crash.  Un shérif local a été témoin de l’incident et une famille en vacances s’est pointée avec une caméra.  La CIA a rapidement saisi leurs photographies et versé 25 000 dollars chacun au shérif et à la famille pour se taire, selon un article paru en 2010 dans le Seattle Times.  Associated Press a rapporté l’incident et décrit l’avion écrasé comme un «avion d’entraînement».  Le même jour, le Las Vegas Review-Journal a publié un article affirmant que l’avion était un chasseur-bombardier F-105 Thunderchief, citant des responsables de l’armée de l’air. La revendication «Thunderchief» était une histoire de manipulation élaborée.  Mais en juillet, Robert Hotz, rédacteur en chef de longue date de la Semaine de l’aviation et ancien pilote de bombardier pendant la Seconde Guerre mondiale, «a manifesté sa prise de conscience des développements à Burbank».  En novembre, un journaliste du Los Angeles Times a commencé à téléphoner au motoriste Westinghouse, lui posant des questions sur son implication dans un projet secret dans le désert. TheFontana Herald News a publié un article en novembre.  Le Blackbird ne resterait pas officiellement secret beaucoup plus longtemps. Le Président Lyndon Johnson qui s’était présenté aux élections en 1964, pour contrer les critiques du sénateur républicain Barry Goldwater, révélera le SR-71 lors d’un discours prononcé le 25 juillet ».  Avant, le site avait été soigneusement « nettoyé » (sanitized !) note ici The Salt Lake Tribune.  Les bulldozers venus de la base de l’ Air Force de Hill l’avaient promptement enterré !!!  Pete Merlin, originaire de Lancaster, historien de l’aviation, mettra quand même plus de 10 ans de recherche pour retrouver le site de l’impact et ses miettes restantes (ici à droite).  Un endroit  situé à 11 miles au sud de Wendover dans le Nevada.  Le prototype de ce qui allait devenir le futur SR-71 étant parti de… Groom Lake !

Bref, cela sent encore plus le téléphoné, si je puis dire, sinon le dicté.  Un story-teller est passé par là, ça me paraît évident « ah oui, ce serait mieux si on avait un pilote « soviet » qui nous dise que ce bazar est dangereux en prime, hein, pour faire passer la pilule, t’en as pas un sous la main, là ? » Eh si, on en a rencontré un en 2012 à Moscou.  Allo Mr Tolboyev, j’aurais quelque chose à vous demander… de dire »… (pour nous aider).  Rien à voir avec le fait que Tolboyev avait pris le champagne lors du Moscow International Air Show, sur l’aéroport Ramenskoye de Zhukovsky, avec 4 pilotes US, en novembre 2012, bien sûr ou qu’on l’ait aperçu invité à bord d’un B-52.  Evidemment, aucun débris n’a été montré. Ils sont restés…. invisibles, ceux-là aussi (passés eux aussi au bulldozer ?).  Ni ceux du F-35, ni ceux du Sukkhoi. Il aurait été si facile de montrer ceux du second, pourtant !!!  C’est bien là toute l’erreur de com’ d’une tentative de désinformation qui semblait jusqu’ici bien rodée !  Les crashs de F-22 (ici à Nellis, justement, en 2004, et ici en 2010, et là en 2012) avaient révélé leurs débris, eux….

Le crash du jour

Notre enclume volante qui finit par tomber a encore bien des problèmes à régler, et sa mise en escadre ressemble à une marche forcée, avec des pilotes tous briefés pour n’en dire que le plus grand bien. Des problèmes demeurent pourtant.  Le problème des pneus n’est par exemple toujours pas résolu, chez le modèle concerné aujourd’hui :  « Le plus lourd des trois appareils, le F-35B, ne s’est pas effondré plus rapidement que les deux autres appareils (voir ci-dessous), mais, comme le note le DOTE, «le programme a du mal à trouver un pneu pour le F-35B, qui soit assez fort pour des atterrissages à grande vitesse conventionnels, suffisamment doux pour amortir les atterrissages verticaux et encore assez léger pour la structure existante de l’aéronef.  La durée de vie moyenne des pneus F-35B est inférieure à 10 atterrissages, bien en deçà des 25 atterrissages complets classiques.  Le programme présente toujours ce problème, qui ne sera pas résolu dans les mois à venir ».  Un jeu de pneus ne tient même pas 10 atterrissages chez cet avion !!!  C’est un gouffre à gomme !  Ce sont les contribuables US qui vont en mâcher, de la gomme : « chaque pneu coûte environ 1 500 dollars.  À moins qu’un meilleur pneu puisse être développé, le Corps des Marines dépensera environ 300 dollars par heure de vol uniquement pour les remplacements.  Avec une durée de vie prévue de 8 000 heures de vol, les contribuables dépenseront environ 2,4 millions de dollars en pneus pour chaque F-35B !!! »  Mais hier, ce n’est pas un problème de pneus qui s’est produit.  On a peu de détails encore, mais une phrase de résidente ayant entendu la chute de l’avion donne déjà une bonne piste.  Rappelons que la base de Beaufort est le seul endroit où les les pilotes peuvent tester ce modèle particulier.  « La première explosion a été un peu plus légère et la deuxième explosion a été un peu plus lourde », a déclaré la résidente Beverly Bush.  « Ensuite, j’ai reçu un appel de ma voisine et elle a dit que si tu pouvais venir ici je viens de voir un accident d’avion alors je suis allée chez elle et sur le chemin, j’ai pu voir la fumée noire qui flottait du haut de la maison. Là-bas ils ont expliqué qu’ils avaient déjà eu un appel 911 à ce sujet et puis nous avons vu tous les bateaux et les avions et les hélicoptères et puis j’ai eu une info sur mon téléphone disant que le pilote s’était éjecté de l’avion et il qu’il avait été trouvé en toute sécurité et nous sommes tous heureux d’avoir appris ça ».  L’appareil a subi en vol une explosion, peut-on en conclure, la seconde étant en ce cas celle du choc au sol.  Une piste semble en premier apparaître :  celle de la casse et de l’explosion de l’arbre de la soufflante de sustentation.  Le procédé est simple, certes, mais il exige des contraintes énormes sur la réduction de nombre de tours entre le réacteur et la soufflante à air froid (construite par Rolls-Royce), transmis par un simple arbre fixé à une boite de vitesse.  Des photos des avions de la base de Beaufort où sont testés les F-35B ont montré des modifications récentes effectuées dans la zone du fuselage située juste derrière le puits contenant la soufflante avant, au droit des deux trappes d’entrée d’air supplémentaires .  Aurait-on perçu à cet endroit un stress de métal particulier ? Pourquoi donc les avions de test de Beaufort portent-ils donc ces modifications ?  Ou est-ce le retour d’un problème déjà décelé, qui avait affecté notamment les deux premiers F-35 norvégiens : celui d’un défaut de tuyauterie de refroidissement passant dans un réservoir difficile d’accès, celui du caisson central portant justement le conduit de soufflante avant ? Une explosion à cet endroit couperait littéralement l’avion en deux et ne laisserait pas le temps de s’éjecter. L’autre piste encore étant un récidive en ce cas : à Beaufort, le 27 octobre 2016 déjà, un incendie s’est déclaré dans la soute à munitions, heureusement vide, d’un F-35B, et blessé son pilote en le brûlant sérieusement, un pilote qui avait réussi à se poser pourtant sur la base de MCAS.  Un avion du Marine Fighter Attack Training Squadron 501 de MCAS, un des 20 F-35B décors des  insignes des “Warlords.”  L’affaire avait été nettement minimisée par la presse.  Il avait aussi fallu attendre deux ans, et le 8 décembre 2017, pour en connaître la cause.  Une patte métallique censée retenir un câble électrique avait frotté contre ce dernier à proximité de conduites hydrauliques. Un court-circuit électrique déclenché à la suite de ce frottement avait ensuite provoqué une fuite de liquide de la taille d’un trou d’épingle dans la conduite hydraulique, mais qui avait suffit à mettre le feu à bord.  Il est vrai que la soute à bombes d’un F-35 ressemble plus à un cauchemar de plombier qu’à autre chose (ici à droite celle du modèle C) :  mais qui a bien pu pondre pareil concept aberrant, mixant circuits de refroidissement (le carburant qui sert à ça en fait dans le F-35, voir ici) et câblages électriques à profusion ???  Le tout disposé au-dessus des bombes et des missiles (ou plutôt de LA bombe et DU missile vu qu’il ne peut pas en emporter plus !).  Selon The Marines Times, l’incendie de l’avion avait été si grave que l’avion n’aurait pas été réparé, son coût de reconstruction étant trop élevé.  « Avec le F-35B spécifique impliqué dans cet débat, l’analyse coût-bénéfice du Marine Corps a déterminé que les coûts de réparation ne fourniraient pas un retour sur investissement suffisant pour justifier les dépenses », a déclaré à Marine Corps Times, Christopher Harrison, le porte-parole des Marines  «La décision a été prise de mettre à la casse le F-35B; cependant, il n’y a pas encore eu de message décisif car la décision de retrait n’a pas encore été prise » (3).  A noter que ça s’était passé au même endroit, sur la base de Beaufort.  Et avec un modèle similaire, le plus décrié des trois.  A ce problème on peut aussi ajouter la vulnérabilité découverte aux coups de foudre, révélée par le magazine The National Interest. Pour un avion baptisé officiellement « Lightning II » ça la fout mal en effet !

Un incendie mal signalé dans le cockpit

Mais ce n’était au final pas l’incendie le plus grave.  Le plus grave avait été le manque d’avertissement de l’incendie qu’avait reçu le pilote : « l’enquête du Corps des Marines a également critiqué le système d’avertissement des pilotes de l’appareil, qui peut «dérouter et saturer les pilotes» lorsqu’il s’agit d’urgences complexes, car il est impossible de savoir quel avertissement est le plus grave.  Dans ce cas, tant de voyants ont clignoté dans un laps de temps si court qu’il aurait été difficile, même pour un pilote expérimenté de F-35 de les classer par ordre de priorité, selon l’enquête ».  A la limite, les pilotes de F-35 en volant bas peuvent  néanmoins le détecter… avec leur nez, en retirant leur masque à oxygène ! C’est peut-être bien la même alerte qui a fait poser fissa le F-35 sur l’aéroport de Fresno, au fait.  Cela signifie aussi que pendant deux ans, des pilotes de F-35 ont volé avec cette crainte de voir leur avion s’enflammer… c’est non seulement une enclume, mais c’est aussi une enclume dangereuse pour celui qui s’assis dessus !

L’accident de Beaufort (le second donc) va être l’enjeu, on le sent bien, d’une désinformation massive de la part du Pentagone, qui ne peut laisser attaquer ainsi son bébé sans sortir ses griffes.  Avec un désastre qui s’ajoute à un désastre global, la réponse des militaires ne devrait pas tarder !  Attendons-nous au pire (« une erreur de pilotage », malgré l’explosion entendue, on peut déjà parier !!!). On verra si cette fois, ils nous montrent les débris de l’avion, qui es tombé dans une zone marécageuse vite cernée par des policiers et des militaires.  Enfin, on a au moins une satisfaction :  quelque chose marche au moins sur cet avion.  Son siège éjectable !  Enfin, il semble bien (à condition de ne pas être UNE pilote de moins de 61 kilos, ou d’avoir le bon siège éjectable).  A ce jour, on a toujours pas rendu public le nom du pilote « sain et sauf », déjà sorti de l’hôpital, dit-on. Nul doute que l’on va aussi faire attention à ses déclarations futures… à ce miraculé !  Un journal local, The Beaufort Gazette, semble l’avoir photographié (il serait donc blond) alors qu’il était déjà monté dans l’ambulance des pompiers locaux n’affichant semble-t-il pas de blessures graves, en train de respirer de l’oxygène (ici à gauche).

PS : En fait, plus j’y pense et plus le F-35 ressemble à ce petit transport de troupes que des militaires crétins ont à tout prix voulu transformer en char ridicule, le Bradley. L’histoire, véridique issue d’un livre écrit par un ancien général (le Col. James Burton), est devenue en 1998 un film hilarant, intitulé « Pentagon Wars », qui montre jusqu’où est allé leur bêtise, qui a coûté la vie à des centaines de soldats utilisateurs de ces tanks en fer blanc.  Je ne saurais que trop vous le recommander.  Les agissements et le manque total d’analyse du problème sont les mêmes en effet !!!  A savourer avec délectation en pensant au F-35 !!!!  Surtout le moment du procès final avec la phrase « Billions dollars, with a B » :  comme le F-35, « with a B » !!!  17 ans de développement (l’âge actuel du F-35, quelle coïncidence  !) (ici la version intégrale qui débute par un savoureux générique).

 

 

Ici une bonne analyse signée Bloomberg :

https://www.bloomberg.com/news/features/2017-04-04/is-the-f-35-a-trillion-dollar-mistake

(1) on y a testé des tas de choses dont les célèbre fers à repasser volants. La rose des vents sous le F-35 est fort reconnaissable.

(2)  ce que dit le rapport cité qui confirme que l’on a mis la charrue avant les bœufs en forçant la mise en servie d’un avion incapable  : « un des plus grands dangers de précipiter des centaines d’avions en production avec un design immature est qu’ils devront ultérieurement être rééquipés et retestés avec les corrections de conception révisées qui surmontent les problèmes découverts. Il s’agit d’un processus long et coûteux, surtout si l’on considère que les appareils en cours de réparation ont déjà été achetés au prix fort et que les retouches entraîneront des coûts supplémentaires qui n’auraient pas été engagés autrement. Les inquiétudes sur ces coûts supplémentaires très importants ont incité les dirigeants de l’armée de l’air à laisser 108 F-35 achetés au début du programme dans leur état immature, ce qui aurait laissé aux contribuables entre 21 et 40 milliards de dollars qui ont été payés mais ne conviennent pas au combat ».

« L’armée de l’air a depuis reculé devant cette position embarrassante. Comme mentionné précédemment, le processus de test opérationnel nécessite 23 avions. Les modifications apportées pour mettre la flotte de tests à jour ont traîné pendant des années et ne seront pas terminées avant le début du processus IOT & E. L’une des raisons de ce retard est que quelques avions de test opérationnels ont été retirés pour compléter la flotte de tests de développement afin de tester les correctifs pour le nombre toujours croissant de défauts de conception détectés lors de tests. Pourtant, pendant cette période, le programme a produit 235 nouveaux appareils à envoyer aux escadrons de la force opérationnelle. À tout le moins, cela donne l’impression que les fonctionnaires accordent la priorité à l’achat d’avions sous-développés nécessitant des correctifs à envoyer à la flotte. La priorité devrait être la conception et les tests de développement ».  On en arrive à cette stupidité confondante : l’appareil devrait enfin rejoindre les critères de départ, mais pas avant que 600 avions soient produits.  Des avions donc… imparfaits, qu’il faudra démonter et remonter pour soigner les déficiences constatées !!!  C’est un sommet de gestion catastrophique cet engin !!!  Pour le GAO, ce rétrofit obligatoire est estimé à 1,77 milliard de dollars supplémentaire, et pas sûr qu’avec cette somme on soigne tout, comme on en découvre tous les jours encore en le faisant voler… à Groom Lake !  Aujourd’hui on en est à 17 années d’existence et 133 milliards de dollars de dépensés. Pour une enclume à refondre !

 

(3) au total ça ferait même quatre, de fichus, avec celui dont le réacteur avait pris feu le 23 juin 2014 sur la base d’Eglin. L’occasion de découvrir le principe avec lequel ils sont peints, ces fameux avions furtifs... (c’est à dire « à l’ancienne » avec des microbilles intégrées dans la coupe de peinture).  On ignore son sort actuel.  L’Air Force, a la fâcheuse habitude de découper ses avions mis au rebut et de les enterrer quelque part dans ses bases …

C’est comme ça qu’ont finit des projets comme le Have Blue… ou par exemple encore le SR 71 61-7978 (SR-71A) surnommé « Rapid Rabbit », qui s’est écrasé le 20 juillet  1972 à Kadena. Il a été enterré sur place, seules ses dérives enlevées ont été gardées.

 

Nota : sur les déficiences criantes du F-35 on peut examiner ce rapport complet de 2017 :

un autre bon article datant de 2013 déjà :

https://www.vanityfair.com/news/2013/09/joint-strike-fighter-lockheed-martin

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

Premier crash d’un F-35 ? Le troisième, plutôt ! (1)

 

Coke en stock (CCXXIX) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (55)

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On a découvert dans l’épisode précédent que les responsables politiques brésiliens ont pris un vilain pli depuis des années.  Leur pays est immense, et le moindre des déplacements se mesure en milliers de km, aussi ont-ils recours régulièrement à l’avion pour effectuer leurs campagnes électorales ou rendre visite à ceux qui les ont élus. L’autre mauvaise habitude prise étant de faire appel à des jets privés gracieusement prêtés par des industriels, ces derniers ne le faisant pas sans arrière-pensée bien sûr.  En voici quelques exemples, qui vont vite nous amener aux frontières de la légalité, puisque des trafiquants ont eux aussi réussi à détenir ce genre d’avion.  Au passage nous retrouverons une vieille connaissance de la magouille, éjectée du circuit quelques mois après avoir réussi à accéder au sommet.  Un retour qui en dit long sur l’état actuel du pays, dans lequel la défiance de la population vis-à-vis de ses hommes politiques va grandissant, si bien que certains sont prêts à ressortir de la naphtaline ceux qu’ils avaient rejetés hier.  On sait aussi à l’avance, hélas, ce qui arrivera quand les brésiliens ne se rendront même plus aux urnes…

D’autres exemples encore

Les politiciens brésiliens sont-ils à ce point accrochés aux jets privés ?  On est bien tenté de le croire à lire la presse du pays, toujours prompte à suive les traces d’une possible corruption, le phénomène endémique là-bas.  C’est le magazine Exame qui met les pieds dans le plat le 23 août 2012 en faisant le lien entre les hommes politiques et leur propension à voyager aux frais de la princesse dans des jets prêtés par de riches industriels.  L’article est sans ambiguïté :  on a bien affaire à des profiteurs, selon lui. « Le voyage du gouverneur de Rio de Janeiro Sérgio Cabral à Porto Seguro (BA) à bord d’un avion d’Eike Batista a suscité la controverse la semaine dernière. L’homme d’affaires a dit qu’il est libre de choisir ses amitiés et qu’il n’a rien à voir avec le gouvernement. Le groupe EBX bénéficie cependant d’avantages fiscaux. Cabral n’est pas seul. D’autres politiciens entretiennent également des relations étroites avec les hommes d’affaires, qui prêtent leurs avions et font des dons dans des campagnes. Bien qu’en théorie, il n’y ait pas d’illégalité dans ces amitiés, il y a beaucoup de questions sur les intérêts cachés et les faveurs qui peuvent exister. Rappelons, dans les pages qui suivent, les cas les plus récents impliquant des gouverneurs et un sénateur ». Et l’auteur de commencer par le gouverneur de Rio de Janeiro, Sérgio Cabral (PMDB), et son voyage décrié dans l’avion d’Eike Batista (proche de Rousseff comme on l’a vu) à Porto Seguro pour la fête d’anniversaire de l’homme d’affaires Fernando Cavendish, propriétaire de Delta Engenharia (Delta Ingénierie). L’avion était le PR-OGX, un long Gulfstream G550 (le N°553).  Un hélicoptère transportant des passagers de l’aéroport à la fête s’était écrasé ce jour-là dans l’eau, tuant la petite amie du fils de Cabral, Mariana Noleto, 20 ans.  Or, rappelle l’auteur de l’article, « Sérgio Cabral, a accordé des avantages fiscaux aux entreprises du groupe EBX.  Lors de l’élection de l’année dernière, Eike Fuhrken Batista a fait don de 750 000 reals en tant que particulier à la campagne de réélection de Cabral ».  Puis venait le tour du gouverneur de l’Etat de Ceará, Cid Gomes, et ses voyages aux Etats-Unis à bord du jet d’Alexander Grendene : « ce patron possède l’une des plus grandes usines de chaussures au Brésil et dispose de trois unités à Ceará, où il reçoit des incitations fiscales.  Grendene a fait un don d’environ 1 million de reais pour la campagne de réélection du gouverneur » remarque Exame. Gomes utilisant aussi les avions de Construtora CHC.  L’avion visé étant en ce cas le PR-CBT, un Beechcraft 400XP de Easy Taxi Aereo, une des sociétés du groupe CHC.  Un appareil fort prisé aussi par madame, il paraît aussi, pour se rendre aux USA faire ses courses dans les magasins de luxe.  Puis est évoqué le cas d’Aécio Neves, le candidat malheureux à la présidentielle, « qui a utilisé un jet de Banjet Air Taxi lors de la campagne au Sénat lors des dernières élections. La société a comme partenaire Oswaldo Borges da Costa, nommé parAécio pour présider la Minas Gerais Economic Development Company ». L’avion étant alors un Beechcraft-Hawker 800 PT-GAF (le British Aerospace BAe 125-800B N°258261).  Puis vient le tour dans cette longue liste du gouverneur de Bahia, Jaques Wagner (PT), qui « a utilisé un avion de l’homme d’affaires João Carlos Cavalcanti, un milliardaire dans le secteur minier.  Cavalcanti, qui a des affaires à l’intérieur de Bahia et est très attaché au gouverneur, a annoncé le mois dernier sa décision de rejoindre le PT. »  Il est photographié ici devant son appareil, le PT-WIV, un Bombardier Learjet 31A, le N°31-110, vu ici devant les hangars du taxi aérien Abaété sur le Salvador Dep. Luis Eduardo Magalhães airport et ici en 2012 au festival d’Alegre.  Est encore pris dans le collimateur journalistique de la revue un autre gouverneur, celui de Parana, « Beto Richa (PSDB), qui a utilisé un hélicoptère privé pour aller à São Paulo pour assister à une réunion avec les dirigeants de la banque d’investissement BTG Pactual et un examen médical à l’hôpital Albert Einstein. L’affaire est venue au public après que l’appareil, le Bel 206 Jet Ranger, immatriculé PP-JFR, ait effectué un atterrissage forcé à l’aéroport de Campo de Marte (ici à droite)  à cause d’une panne électrique. À l’époque, le conseiller imminent du gouverneur n’avait pas précisé qui avait payé le transport par hélicoptère ».  L’hélicoptère avait  été prêté par l’homme d’affaires du Paraná, Jair Rosa, originaire de Cornélio Procópio (dans le Nord Pioneiro), mais qui était basé à São Paulo.  Ses adversaires ne l’avaient alors pas raté... toutes ces liaisons dangereuses offrant le feu aux critiques, et laissant auprès de la population un dégoût grandissant des mœurs politiques douteuses dans le pays.

Le chanteur à la mode et son avion d’occasion

Et puis il y a un autre cas encore, tout aussi pendable que les précédents et qui en dit bien plus long qu’il n’y paraît sur les mœurs du pays.  On quitte un peu la vie politique, cette fois, avec le cas d’Alexandre Pires do Nascimento, un ex-jeune chanteur à succès (il a aujourd’hui, 42 ans) originaire d’Uberlândia spécialisé dans la Pagode, un dérivé commercial de la samba, destiné à plaire aux rombières (je simplifie) appelée aussi Samba Romântico, ce qui vous donne une idée du genre qui balance entre le loukoum et la guimauve, disons.  Il a même fait dans la « Brazilian Country Music » (ça existe ça (2) ?)  baptisée chez lui « « Sertaneja« .  Avec de tels critères musicaux notre artiste est vite devenu riche, très riche; au seuil des années 2000, vous pensez bien (il a aussi souvent été nominé aux Latin Grammy Awards).  Le couronnement de l’ex jeune crooner (il est né en 1976) étant un disque hommage  en 2007 à… Julio Iglesias (le plus grand vendeur de guimauve au monde, pour sûr).  Comme tout arriviste tôt arrivé, le voici qu’il s’achète un jet, pour faire comme Ronaldo ou Neymar, autres stars d’un autre genre.  Lui a jeté son dévolu sur un… Cessna Citation 500, acheté d’occasion (sa fortune grossira plus tard, à l’époque de ses premiers succès il ne pouvait s’offrir que de l’occase). L’appareil n’est déjà plus tout jeune, c’est en effet un Citation 500 datant… d’avant sa naissance (1975). L’avion est immatriculé PT-LOG c’est le N°500 0284 chez Cessna.

Un vieux coucou refilé 1 million

Etrangement, l’avion choisi n’existe pas avant le 16 mars 2009, date à laquelle il est donné comme enregistré dans le pays dans les registres actuels.  Pourtant on le trouve auparavant photographié sous le nom de l’opérateur Grupo Brasil en 2005 par exemple (mais en 2007 il a changé de mains et n’arbore plus le logo de la société).  En réalité, son âge avancé révèle qu’il a bien eu une existence américaine avec en premier l’immatriculation N5284J, puis N284CC, avant de devenir vénézuélien YV-43CP, (en octobre 1975, les trois se faisant la même année), puis de revenir US avec les N8508Z et N37DW (en 1980 et 1981) et enfin d’hériter du PT-LOG dès… 1988, inscrit au nom de la société Aerotexi Paulista Ltda.  En 1996 il passe chez Itamarati Leasing Arrend. Mercantil S. A. et enfin chez Adriano Coselli S. A sans changer cette fois d’immatriculation.  Le propriétaire, qui faisait dans l’importation de viande et de poisson, a fait la une des journaux en ayant eu maille à partir avec les douanes, en 2000, avec un lot de 210 tonnes de morue norvégienne, saisies « avec une durée de conservation modifiée, en plus d’autres aliments ».  Selon le procureur « Ils fabriquaient la morue, nettoyaient les moisissures et les signes de pourriture avec des brosses en acier, puis salaient à nouveau et reconditionnaient le produit en forgeant la date de péremption pour deux autres années », a-t-il dit. »  Un autre article parle de 270 tonnes de morue avariée et revendue…  Avec cette affaire où on lui réclamait 54 millions de reals de dédommagement, on peut supposer qu’il n’a pas longtemps encore gardé son Cessna Citation qui a donc du atterrir chez « Grupo Brasil, qui semble une association d’industriels influents… argentins  !!!  On peut donc supposer que l’avion a été acquis en 2009 par le chanteur, qui venait alors de finir d’enregistrer son premier DVD « avec 150 personnes autour de lui » note sa bio officielle et en était à son treizième album toutes langues confondues (il chante en portugais et en espagnol).  Mais le chanteur s’est aperçu qu’il avait hérité d’un vieux coucou, et a cherché à le revendre deux ans plus tard, sa maintenance à répétition lui prenant trop de temps (et d’argent).  A partir d’un certain âge, entretenir un avion vieillissant n’est pas la bonne idée en effet, tous les brokers vous le diront :  le neuf revient moins cher à l’usage.  Le Cessna vient alors de fêter ses 34 ans !!!  L’âge de la femme du président Temer, qui lui affiche 75 au compteur (on a assez raillé le couple Macron pour rappeler celui-là, encore plus disproportionné)  !!!  C’est alors qu’il est approché par un acheteur, avec qui il s’entend sur des versements échelonnés, pour un avion vendu 1 million de reals (soit 270 000 dollars, c’est à dire fort peu), divisé en 5 versements de 200 000 reals.  L’homme l’avait séduit car il s’était présenté comme producteur de musique, celui de Level A Productions, qui organisait dans le de Minas Gerais des spectacles de pagodes et de funk.  Ce que l’acheteur est bel et bien aussi, en effet.

Gros bras et intimidation du dealer de coke

Le producteur s’était engagé à verser cinq fois de suite la somme, mais il va s’arrêter en cours au prétexte… qu’on lui a refilé un vieux coucou qui est constamment en révision (il ne semblait pas avoir totalement tort). En définitive on découvrira qu’il n’a effectivement versé que 400 000 reals (soit deux versements seulement, donc). Le chanteur, sans trop sourciller, beau joueur, accepte alors de reprendre le Cessna et de.. rembourser les 400 000 reals qu’il a perçus.  Le problème, c’est qu’il ne sait pas trop bien sur qui il était tombé, et il s’en aperçoit vite quand il voit à l’été 2012 débarquer chez lui des gros bras accompagnant son acheteur, dont le nom est en fait Alexandre Goulart Madeira, alias « Xandi » (ici à gauche) et dont l’activité principale est en fait d’être le plus gros dealer de coke de tout Porto Alegre !!!  Là-bas il possède une sacrée notoriété dans le milieu, et est même devenu une sorte de héros de bas quartiers, distribuant parfois les biftons pour jouer au Robin des Bois.  Les gros bras sont là pour intimider et le presser de rendre immédiatement l’argent.  Le chanteur va s’exécuter, sur les conseils avisés de son manager Aldo Braghetto, qui signe fissa quatre ou cinq chèques, mais aussi va porter plainte dans la foulée pour intimidation.  Alexandre n’a pas apprécié non plus de s’être fait duper et de se retrouver à avoir vendu son jet à un narco-trafiquant.  Le dealer repart avec ses chèques en poche, rend l’avion, mais deux ans et demi plus tard, le 4 janvier 2015.on apprend sa mort brutale.  Il est mort dans une tuerie sauvage, un raid véritable de tueurs venus l’assassiner.  Il n’avait pas que des amis, visiblement.  Il venait de louer avec toute une smala, avec femmes et enfants,  plusieurs villas de plage avec piscine dans l’un des points les plus fréquentés de Tramandaí, lorsque soudain des hommes armés arrivés en Opel Corsa ont surgi dans la résidence et ont tiré plusieurs coups d’armes automatiques et de pistolet de 9 mm.  Xandi décédant sur place, touché par une balle de 5,56 mm en plein milieu de l’arrière de la tête, ressortie par le nez. Dès l’annonce de son décès, d’autres carnages se déclenchent, notamment dans son fief :  « la mort de Xandi, nommé chef du trafic dans la plupart des quartiers de Porto Alegre et dans le condo Princesa Isabel, dans le quartier Santana, a déclenché une guerre ouverte entre les factions opérant dans le trafic de drogue dans la région métropolitaine, jusqu’à la mort du cerveau présumé de crime, au sein de Pasc, en mai de cette année. » Xandi avait visiblement été l’objet d’une vengeance d’un gang rival. Celui dirigé par « Teréu » (de son vrai nom Cristiano Souza da Fonseca), selon la Police. Ce dernier (ici à droite), le grand rival du marché de la coke à Porto Alegre, sera arrêté mais n’aura pas beaucoup le temps de savourer son meurtre commandé : il sera lui-même assassiné dans le pénitencier « de alta segurança » de Charqueadas (Pasc), qui ne mérite donc pas vraiment son nom.  Pour ce qui est de son ex-rival, des agents de sécurité pourtant engagés par Xandi n’avaient pas eu le temps de réagir lors de son assassinat (à droite l’arsenal saisi sur place).  On découvrira avec surprise que leur chef n’était autre qu’un commissaire de police, Nilson Aneli : l’homme sera condamné à 9 ans et 6 mois de prison. Lors de l’arrivée sur les lieux, il avait empêché la police de faire son travail; en rappelant qu’il était lui aussi commissaire !!!

Avion inutilisable, son remplaçant déjà là

Le pauvre vieux jet, lui, avait bien été rendu à Alexandre Pires, mais il ne pouvait plus rien en faire : son certificat de navigabilité avait été suspendu et il était devenu interdit de vol. On l’a donc ramené dans un hangar  à Sorocaba (SP) où il végète toujours semble-t-il.  En prime, il avait été mis sous scellés par la justice comme preuve de blanchiment d’argent et de trafic de drogue ; impossible de l’utiliser, donc !  Alexandre s’en était à vrai dire déjà détourné : il vole depuis en Phantom 100, (immatriculé PR-DHC ici à droite) :  l’ex-jeune musicien branché s’était révélé avisé sur le coup : c’est certes plus petit, mais c’est aussi un avion qui revient un des moins chers en fonctionnement au kilomètre !!!

On peut faire dans la guimauve, être réaliste, et bon en économie (il faut bien aussi éponger les millions de reals perdus dans l’affaire !), à défaut de savoir conduire en état d’ébriété (1).  A droite le nouvel appareil Phantom du chanteur derrière le Cessna 550 Citation II de TAM – Texi Aereo Marelia SA.  On distingue bien la différence de taille.  L’avion est annoncé à 4,4 millions de dollars neuf au tarif 2018 (3,9 à sa mise en service en 2009).  Sur plus de 170 vendus (en 2016) un seul s’est écrasé le 8 décembre 2014 près du Montgomery County Airpark à la suite d’un défaut de signalisation de conditions de givrage de l’aile (ou le pilote, pourtant confirmé, ayant 60 heures sur L-39 et 4 737 au total, avait oublié de l’engager).  L’avion (le N100EQ) était tombé sur une maison, tuant une femme et deux jeunes enfants ainsi que les trois personnes à bord.

Un graffiti provocateur  ou le fantôme du quartier

On en a pas encore fini pour autant avec… le fantôme de Xandi :  ce dernier est en effet réapparu sur un mur le 19 mars 2015, peint par un grapheur payé par les résidents cotisés de  la copropriété Princesa Isabel, son ancien fief, ce qui avait provoqué, bien sûr, la fureur de la police qui dès le petit matin s’efforçait de passer au rouleau de peinture blanche l’œuvre provocatrice (ici à gauche).  Le président de l’association des habitants, Eurides Terezinha Pires da Costa affirmant que « des gens pleuraient pendant qu’on recouvrait » le graffiti !!!  Selon lui, ils avaient réuni 10 000 reals au moins pour payer le dessinateur !!!  Sidérant !!!
Au final, cette histoire surprenante n’a rien d’une digression, au sujet de l’affaire Campos : elle démontre qu’avant lui un trafiquant notoire avait facilement pu se procurer un appareil assez voisin du sien (certes plus ancien et moins performant) et que la vie sociale au Brésil est totalement imprégnée de la présence de ces dealers qui sont même parfois perçus comme des Robin des Bois par la populace, lui offrant parfois des largesses comme tout bon investisseur voulant se garantir la fidélité de sa clientèle. Le graffiti effacé, un autre surgissait, à Vila Santa Terezinha (toujours à Porto Alegre) le 25 juillet 2017, le montrant cette fois pistolet à la main gauche et haschich dans la droite avec comme slogan « Gordo Eterno »… et là aussi aussitôt effacé par la police.

De cette notion, tous les politiciens brésiliens doivent tenir compte s’ils veulent perdurer : celle de ménager les trafiquants s’ils veulent durer eux-mêmes !!!  De là à négocier avec eux, il n’y a qu’un pas en effet.  Celui qu’avait franchi Campos !

L’Ecureuil noir de l’ex-président

Au Brésil, on peut toujours aller plus loin.  Entre politiciens, ça ne rigole donc pas.  Le pays est plongé dans la violence entre gangs, et ça se répercute aussi en politique.  En août 2013 ça culmine avec 19 assassinats et trois disparition rien que pour le mois. Ce n’est pas une information nouvelle.  En 1994, déjà,  un commerçant, Antonio Gonçalves Bezerra avait été tué à Vitoria de Santo Antao, à Pernambuco (on y revient !).  Mais sa mort va resurgir en plein été 2013, justement, et rappeler bien des souvenirs à un homme politique véreux dont nous avons déjà tracé le portait peu avenant ici-même.  Celui qui l’a fait assassiner s’appelle Walmer Almeida da Silva, c’est un homme d’affaires versé dans la fourniture de fruits et légumes pour les supermarchés à Maceió, et le concurrent direct de Bezerra qui effectuait fournissait la même chose aux mêmes supermarchés.  Da Silva, d’origine modeste, avait commencé dans la rue, par la vente de fruits de la passion à Anadi qu’il avait au fil du temps transformé en filon d’or. D’où son surnom, « maracujá de ouro ».  Son concurrent, Bezzera, appelé aussi «  Toinho »  ou « Antônio Guarda », venait alors de remporter sous son nez le marché pour distribuer les produits du Groupe Bompreço à Alagoas (magasin de la chaîne « Hiper », ici à droite), très certainement grâce à ses amitiés en politique.  C’en était  trop alors pour Da Silva qui a décidé d’embaucher discrètement trois tueurs. dont José Humberto Paulo de Lima, pour supprimer son concurrent principal.  Chose promptement expédiée peu de temps après.  A l’époque, hélas.  Da Silva était passé complètement au travers de l’enquête, la police n’ayant rien découvert de tangible contre lui, malgré qu’elle l’avait arrêté dans un premier temps.  Mais en 2013, la veuve d’ Antônio Guarda (Antonio Gonçalves Bezerra) qui s’était jusqu’ici tue, révèle tout ce qu’elle savait à la Police.  Au lendemain de l’arrestation de Walmer Almeida da Silva, et celle de sa sœur Vitório Zoolo, la Police lance l’Operation Abdalonimo et découvre que Walmer a mis en place depuis des années tout une structure d »évasion fiscale se montant à plus de 300 millions de reals de détournement.  Il pouvait en effet rouler en Maserati (ici à gauche la sienne) avec tout cela : le genre de luxe ostentatoire qui avait fini par le faire repérer, lui l’ancien petit vendeur à la sauvette !!!  Il était passé des légumes ou des fruits aux Ferrari en devenant le propriétaire du distributeur Lifan, installé sur la Via Expressa, ainsi qu’une autre concession de voitures importées dans la ville de Feira de Santana, à Bahia (ici une de ses Ferrari).  Les policiers auraient dû être plus attentifs :  en 2008 il s’était déjà fait remarquer à Simões Filho, à 595 km du BR-324, près de l’entrée de la ville de Candeias, en roulant avec une Ferrari qui ne disposait d’aucuns papiers valables.  L’engin s’apprêtait à se confronter au démarrage avec une moto Suzuki Hayabusa conduite par le dénommé Bruno do Pega, lors d’une compétition courante là-bas, effectuée avec voie d’affiches comme celle-ci à droite. Walmer Almeida da Silva; le propriétaire, avait mis deux jours pour retrouver le paiement de la taxe d’importation et la déposer auprès du Département National de la Circulation (Detran).  La voiture arrêtée avait provoqué tout un attroupement.  Il semblait aussi distribuer la marque d’hélicoptère Robinson comme le montre une photo de la police prise dans un de ses hangars (ici à droite où trois hélicos sont visibles).  Les enquêteurs on découvert que plusieurs entreprises de ses entreprises ont en effet la même adresse.  Elle découvre aussi qu’au total, de 2008 à 2013 plus de 20 entreprises ont été ouvertes par des prête-noms de la même famille, tous embauchés pour un an seulement !!!  Parmi les entreprises créées, WA Diesel Véhicule Ltda, Walmer Almeida, et  WA Ltda Motos – PPE qui avait remporté un marché d(ambulances de  la municipalité de São José da Laje en truquant visiblement des appels d’offres et en la sur-facturant les prix.  Il possédait aussi un avion, un Embraer 810 D immatriculé PT-VRA (le N°810819), annoncé à 220 000 reals par la Police, après sa saisie, photographié ici par le spotter « Badges » sur le tarmac de l’aérodrome de  Feira de Santana João Durval Carneiro le 5 mai 2012 :

La police découvre donc en 2013, plutôt effarée, les avoirs réels du gang de Walmer Almeida da Silva : des villas, des voitures, un avion, comme on s’y attend, mais aussi un hélicoptère bien particulier. Un Eurocopter Ecureuil (« Esquilo »)  tout gris, immatriculé PT-YOO. Il appartient en effet à  la société Setana Motors Comércio de Veículos, de Feira de Santa, Bahia, une des entreprises appartenant à… Walmer Almeida da Silva.  Il est aussitôt saisi. Le hic, c’est qu’un homme politique de renom, le sénateur Fernando Collor (ce nom doit vous dire quelque chose !) l’a utilisé ostensiblement durant toute sa campagne pour devenir  gouverneur d’Alagoas en 2010, comme on le raconte ici  « si vous revenez un peu dans la matinée du 3 octobre 2010, peu après avoir voté à Maceio et été hué lors de sa session électorale, le sénateur Fernando Collor a dit de façon arrogante sur le site UOL: « J’ai un hélicoptère maintenant et je voyage avec à l’intérieur. Je vais planifier ce que je vais faire.  » Et il est reparti à bord de «L’Ecureuil gris», évalué à 2 millions de Reals. Pendant la campagne, il a atterri dans presque toutes les municipalités d’Alagoas en tant que symbole de puissance, d’ostentation, de richesse et de luxe. Et il a réussi à rassembler quelques votes » note de façon sarcastique le journal.  « Collor, lors des élections de 2010, s’est ramassé une troisième place au premier tour ». 

Un revenant 

On retrouve le même hélicoptère d’Helibras quelque temps plus tard, saisi à une « bande d’évadés fiscaux » selon la presse.  C’était en effet devenu l’appareil de Walmer Almeida da Silva, accusé d’être le chef du « gang qui a dissimulé  plus de 300 millions de Relals d’impôts à Alagoas et Bahia ces cinq dernières années. »  On était bien retombé sur le même !  « Et maintenant, moins de trois ans plus tard, le 26 septembre, la police fédérale a exécuté un mandat d’arrêt à l’aéroport international de Guararapes à Recife, dans le cadre de l’opération Abdalônimo. Bingo : l’hélicoptère, arrivé de Paraíba, était le même PT-YOO utilisé par Collor dans la campagne (cf ici à droite où il en descend, on remarque les auto-collants électoraux à l’avant et sur la porte).  « Il s’agissait du deuxième don le plus important qu’il ait déclaré avoir reçu lors de l’examen des comptes  électoraux, soit 2 500 reals par heure de vol, pour un total de 220 000 reais. » Le sénateur Collor avait en fait bénéficié des largesses d’un assassin !  « C’est cet argent sale qui a aidé à financer la campagne de Collor au gouverneur de l’État, augmentant les mystères éternels au sujet de ses fonds de campagne. Au moment où il se présentait à la présidence, les «reçus» avaient noté plus de 20 millions de dollars de «versements» – et personne ne sait où cela est allé.  Mais l’écureuil noir est coincé, arrêté, alors que le procès contre le gang court aujourd’hui dans le secret de la justice ».   Vous vous demandez, comme moi, bien sur (vous avez lu l’épisode (53) si le Collor devenu sénateur est le même que le président du Brésil déchu le 15 mars 1990, en raison des allégations du trésorier de sa campagne, Paulo Cesar Farias, retrouvé mort « suicidé » avec sa maîtresse ?  Hélas, oui, c’est bien le même (ici à droite alors qu’il était président du Brésil ) !!! De retour, inoxydable !!!  Il était redevenu sénateur en 2007, et tenez vous bien, a même été réélu en 2014 comme on peut le voir ici … avec 55,69% contre 31,86% à son adversaire principale (Heloísa Helena du Rede Sustentabilidade, le parti de… Marina Silva !).  Non, vous ne rêvez pas : nous sommes bien au Brésil !!!  La vie politique ressemble souvent là-bas à un feuilleton TV genre Telenovela :  lors de la dernière campagne, Collor avait aussi failli affronter une autre paroissienne:  sa propre belle sœur, Thereza Collor , la veuve de Pierre, le frère cadet de Fernando Collor, sorte d’Anne Sinclair en politique au Brésil .  « Dans la lutte contre le cancer qui l’a tué, Pierre a dénoncé les relations de Fernando avec le trésorier de sa campagne, Paulo Cesar Farias, le PC. La jeune Thereza, d’une beauté remarquable, se tenait à côté de son mari. Avec la mort de Pierre, elle s’installe à São Paulo, où elle rejoint le monde des affaires et épouse l’homme d’affaires Gustavo Halbreich. Le lien familial de Thereza avec la politique ne s’est pas terminé avec le Collor. Le député du PTB d’Alagoas, son père, l’agriculteur João Lyra (3), était un candidat pour le gouvernement de l’Etat. L’entrée de Thereza dans la campagne est l’un des mouvements les plus impressionnants de la campagne d’Alagoas, qui commence d’une manière tumultueuse ». Au final, elle ne s’était pas présentée.

Au Brésil, le mauvais exemple vient de très haut

Le mauvais exemple vient donc d’en haut, au Brésil; c’est donc sans surprise que l’on découvre aussi que l’actuel président Michel Temer n’échappe pas non plus au principe.  « Michel Temer a déjà fait l’objet d’une enquête à la Cour suprême pour corruption, organisation criminelle et entrave à la justice, après avoir été convoqué comme bénéficiaire d’un pot-de-vin de 500 000 reals payé par JBS. En 2011, il s’est rendu à Comandatuba, Bahia, dans l’avion Learjet d’une compagnie privée. »  Manque de chance pour Temer qui l’avait nié, le pilote de l’avion,  José de Oliveira Cerqueira, âgé de 61 ans et pilote depuis 33 ans, un peu trop bavard,  avait confirmé avoir amené toute la famille le 12 janvier 2011  sur l’île de Comandatuba à Bahia, São Paulo, ce que son patron Joesley Batista avait également dit dans le bureau du procureur général.  L’avion concerné étant le Learjet PR-JBS. Rebelote, « en 2014, comme l’a révélé Zero Hora, le vice-président d’alors est allé à Tietê (SP) dans un hélicoptère de Juquis Agropecuária (à gauche l’hélicoptère immatriculé PR-HAA, un Eurocopter modelo EC 135P2, utilisé pour son trajet à Tietê (SP)).  « La société appartient à l’entrepreneur Vanderlei de Natale, qui dirige également Construbase, un entrepreneur enquêté au sein du Lava-Jato, soupçonné de formation de cartels et de paiement de pots-de-vin pour obtenir un contrat avec Petrobras. Dans les deux cas, lorsqu’on lui a demandé comment il avait voyagé, le président a déclaré qu’il avait utilisé des avions de la Force aérienne brésilienne ».« Plus tard, le conseiller aux communications de la présidence est revenu sur cet avis et a admis que le président avait pris l’avion de JBS et l’hélicoptère de Natale, prêtés par  les «amis» de Temer.

Les valises pleines de Geddel

Dans ce pays où les politiciens ont comme principal objectif l’argent qu’ils pourraient accumuler lors de leur mandature, il y en a un qui sort du lot.  C’est l’ancien ministre du tourisme, Geddel Vieira Lima, accusé jusqu’ici d’avoir reçu des pots de vins pour la construction d’un stade de foot pendant la coupe du monde 2014 :  en somme un des nombreux ministres à s’être sucrés au passage.  Celui-là, plus son mandat durait et plus son tour de taille s’agrandissait.  L’homme a aussi été ministre de l’Intégration nationale du gouvernement Lula (cf ici à droite) , vice-président de la Caisse d’Epargne fédérale , et aussi fait partie du gouvernement de Dilma Roussef.  Mais  il n’y a pas que son tour de taille, qui a enflé.  Son compte en banque également.  Le 6 septembre 2017, le voici piégé par la police rue Barão de Loreto, Graça, Salvador, près de Bahía, alors qu’il occupait un appartement prêté par un ami.  Il y serait venu « ranger les affaires de son père, récemment décédé ».  Un coup de fil dénonciateur adressé à la police le 14 Juillet 2017 avait recommandé de faire vite pour investir les lieux, « car il y avait quelque chose à voir d’intéressant sur place« .  A ce moment-là, il a déjà été arrêté et l’enquête à son sujet était en cours.  Mais il venait juste d’être libéré par la deuxième instance de la Cour fédérale de Brasilia pour purger une peine en résidence surveillée !!!  Or il avait été arrêté pour avoir empêché des magistrats et des policiers d’enquêter !!!  Les policiers, comme on peut le voir sur la photo à gauche, ne seront pas déçus du coup de fil reçu, en effet.  Sur place, ils découvrent en effet des sacs de voyage, des valises et des cartons remplis de billets.  Le cliché est assez sidérant en effet.  Et ce ne sont pas des reals, dans les valises ou les cartons, mais bien des billets verts bien reconnaissables : il y en a en effet pour 16,3  millions de dollars !!!  De quoi s’acheter en liquide le Jet de Lewis Hamilton, un Bombardier Challenger 605 G-LCDH – à condition de ne pas payer dessus la TVA !!!  Les policiers mettront 14 heures pour tous les compter !!  C’est l’Operación Tesoro Perdido,, sous-partie de l’opération Cui Bono qui est à l’origine de la découverte.  Une opération portant sur un vaste système de fraude dans les caisses du Caixa Econômica Federal entre 2011 et 2013, une période qui correspondait justement avec le mandat de Geddel Vieira Lima en tant que vice-président et la personne morale de l’institution.  Se retrouvent visés son frère, le député fédéral Lúcio Vieira Lima et leur mère, Marluce Quadros Vieira Lima, plus un ancien employé, Job Ribeiro Brandão censé compter les billets selon la presse, plutôt moqueuse.  Des empreintes digitales de l’ancien ministre, de son allié Gustavo Pedreira Couto Ferraz, ancien directeur du Salvador Defesa Civil, du conseiller Lucius Job Ribeiro Brandão ont été retrouvées sur les billets  (ici à droite les sachets de billets comptabilisés). Le gang était avant tout familial : sa famille possédait en effet pas moins de 12 fermes à l’intérieur de Bahia pour une valeur de 67 millions de reals.  Les fermes servaient au blanchiment d’argent par le biais de la fausse location de machines agricoles et des opérations de «gado de papel», de fausses déclarations d’animaux !!!  De fausses vaches, ou des taureaux sans papiers en quelque sorte !!!  La presse raconte que lors de la visite de la maison de sa mère, les policiers étaient tombés sur un document fort intéressant : « la police fédérale (PF) saisi dans la maison de la mère de l’ancien ministre Geddel Vieira Lima (PMDB) une enveloppe portant la mention « achat d’avion, » des notes sur l’offre d’un aéronef, les dossiers d’achat et de la vente de bétail et les minutes des réunions de la Federal Savings Bank. Le tribunal fédéral de Brasilia a autorisé PF à fouiller l’appartement de Marluce Vieira Lima à Salvador le même jour où il a ordonné l’arrestation de Geddel vendredi dernier ». En fouinant un peu plus on découvre lequel, d’avion, à moins que la famille souhaitait le remplacer.  De août 2003 à février 2012, Lima a en effet possédé un appareil acheté à Politec, obtenu à prix d’ami, 210 000 reals, bien loin des 700 000 reals sa valeur normale. L’avion était le Cessna 402C PT-LKB, (N°402C-0118) qui avait subi un sérieux changement de décoration ces dernières années.  L’appareil avait été enregistré dès le 28 avril 2002 au Brésil, c’était l’ex N27117 américain qui porte la mention étrange « exported to Mauritania » sur les registres officiels US !!!!  Il y était devenu en effet le 5T-JMJ (en Mauritanie, donc au moment même où le pays en voyait arriver bien chargés de coke après avoir traversé l’Atlantique, tel l’ex N441TF !) avant de venir au Brésil chez la TAMIG – Taxi Aéreo Minas Gerais, tout d’abord puis être acheté effectivement par Afrisio de Souza Vieira Lima (le père du ministre).  Or Politec a  aussi une histoire de contrats suspects avec le gouvernement.  La société est en effet apparue dans l’Operação Caixa de Pandora, à propos d’irrégularités dans les contrats du gouvernement.  Geddel avait affirmé que l’appareil lui avait été donné par son père, l’ancien député Afrísio Vieira Lima. Mais le rapport d’enquête avait alors révélé que le pilote de l’avion, Francisco Cezar Martins Meireles, avait son salaire versé par la Chambre des représentants, y étant inscrit comme… fonctionnaire !!!  Vieira Lima possédait un autre appareil un Embraer immatriculé PT-WNP (nous versons bientôt ce qu’il en est advenu)…

Avant d’en arriver là, Vieira Lima avait été accusé d’avoir reçu un pot de vin de 20 millions de reals de la part de Lúcio Funaro, un industriel proche du président Temer. Viera Lima, en fait été rôdé aux malversations depuis toujours ;  dès 1993 il avait déjà été cité dans le scandale des « Anões do orçamento« , », dans lequel des députés avaient créé des sociétés fantômes pour recevoir l’argent versé par entrepreneurs qui détournaient des fonds publics !!  Le 25 novembre, il est contraint (enfin) de démissionner; mais pour « pour trafic d’influence » seulement au sujet de la construction d’un projet immobilier à Salvador de Bahia  qu’il aurait voulu empêcher ...

Le drôle d’ami de Temer

Un troisième trajet en hélicoptère comme le second réalisé par le président actuel est aujourd’hui reproché à Temer , avant même d’être devenu président « cette fois-ci, la présidence a pris plus de 24 heures pour répondre à la demande d’informations sur le voyage effectué en mars dernier (cf en 2016), dans  l’hélicoptère d’Adballa, un partenaire de Citrosuco, le plus important transformateur de jus d’orange du monde.(il est ici à droite c’est le Bell 429 Global Ranger 57103 immatriculé PR-VDN).  L’e-mail confirme que le vice-président d’alors a utilisé l’hélicoptère d’une «connaissance» et qu’il a «payé pour le service, selon la facture fiscale ci-jointe». La facture envoyée n’est pas une location, mais un achat de carburantpour 1031,77 reals, émis par Air BP Brazil Ltda à Paulicopter, la société de Toninho Abdalla (...). L’épisode soulève la question suivante:  pourquoi le vice-président préfère-t-il voyager en avion d’affaires, même en contournant les règles de sécurité, au lieu de commander un hélicoptère de la FAB ? »  Et pourquoi donc avoir choisi l’appareil du jet-setter qui est aussi le seul représentant national de la marque anglaise de voitures de luxe Bentley (et de Buggati), et qui en 2011 affirmait candidement avoir acheté un appareil Global Express XRS à 58 millions de dollars pour ne plus avoir à faire d’escales lors de ses longs trajets ???  Pour savoir d’où vient sa fortune, à celui-là, il faut simplement se rappeler que la famille de Toninho Abdalla avait reçu avant l’an 2000 la plus haute indemnité jamais payée pour une expropriation de terres au Brésil décidée en 1988.  Des terres situées dans la zone principale de la ville de São Paul, et servant alors de décharge, devant être transformées en Parc Villa-Lobos par l’Etat, contre le versement de 1,7 milliard de reals, versés à la famille Abdalla par lots de 250 millions de reais pendant 10 ans à partir de 1999  !!!  Un jet setter qui a commencé tôt son métier de provocateur :  en décembre 1977, à 23 ans, il avait envoyé à ses amis une carte de Noël illustré par une photo de lui à côté d’un modèle entièrement nu avec la légende: « Que ton Père Noël soyez aussi généreux que le mien »… depuis il a inventé le bar à caviar..Dans le genre mauvais goût il n’a été battu que par Chiquinho Scarpa, autre millionnaire mondain ayant clamé partout sur les réseaux sociaux vouloir enterrer sa Bentley favorite (vendue par Abdalla) pour pouvoir l’utiliser dans l’au-delà après sa mort « comme les pharaons »… c’était en réalité une mise en scène, mise en scène, pour promouvoir le don d’organes, une idée de mauvais goût de la célèbre agence Leo Burnett !  « Pour le sociologue Simon Schwartzman, chercheur à l’Institut d’études sur le travail et la société et auteur de textes sur l’éthique en politique, la séquence des mensonges reflète un problème moral. Cependant, contrairement aux Etats-Unis, où un mensonge flagrant du président peut motiver une destitution, au Brésil il n’y a pas de prédiction de peine… »

Bref, au Brésil, les hommes politiques mentent à tout bout de champ, et se font prêter des jets par des industriels à qui ils offrent, une fois élus, des marchés juteux.  C’est une pratique devenue une tradition, semble-t-il.  Mais pour le cas d’Eduardo Campos, c’était encore autre chose.  Et c’était bien pire, comme nous allons le voir très bientôt ici-même, si vous le voulez bien…

(1) Alexandre Pires, chanteur et chauffard : « le 6 février 2000 , Alexandre Pires a écrasé et tué avec sa Jeep Grand Cherokee le vendeur José Alves Sobrinho, qui était en moto.  Alexander avait quitté une boîte de nuit dans la ville et voyageait au-delà de la limite de vitesse. Il n’a pas sauvé la victime et s’est échappé de la scène de l’accident. Sobrinho est entré dans le coma après avoir été écrasé et est mort trois jours plus tard. L’accident s’est produit à Uberlândia , dans le Triângulo Mineiro . Alexander a nié qu’il était ivre, mais aucun examen n’a été fait sur le chanteur le jour de l’accident pour déterminer s’il avait bu. Il y a eu, par la suite, un verdict qui a déclaré Alexander innocent, puisque, comme l’a allégué la défense, le motocycliste zigzaguait devant la voiture au moment de la collision. Ainsi, il a été prouvé qu’Alexandre n’avait aucune intention de provoquer ledit accident ».

(2) Hélas pour les oreilles, oui.  Un des représentants actuels, style garçon coiffeur d’équipe de foot s’appelle Luan Santana, qui n’a pas trop l’air d’un intellectuel, il pourrait jouer au PSG.  Il dissertait pourtant il y a encore quelques mois dans  le magazine « Playboy », affirmant « qu’il souhaitait parler un peu de ses « petits jouets ».  En plus du jet, Luan a également une Ferrari 458 blanche. « La seule chose que j’ai achetée et dont je n’avais peut-être pas besoin était Ferrari, une belle voiture … Avant, j’avais une Porsche Boxster, un de mes rêves quand j’étais enfant », a-t-il déclaré au magazine.  Un rêve facturé 196 000 euros écrit ici l’Automobile pour la 458L’avion dont ils parlait était le Cessna 550 550-0222  PT-LNC repeint de façon ostentatoire à son nom (ici à droite).  Un  vieux coucou lui aussi datant de 1980, ex N6800Z chez Ryan Group Aviation Inc, puis N17RG chez le même pour passer en 1987 avec cette immatriculation chez Teterboro Aircraft Service Inc puis Skylease of Delaware Inc avant d’émigrer au Brésil chez Defensa Agrochemical Corp le 27 août 1998 et ensuite chez TAF – Transporte Aéreo Fortaleza.  Comme notre autre vedette, il semble s’en  être lassé, un magazine People brésilien déclarant  que « le chanteur, qui est l’un des mieux payés au Brésil, a mis en vente son jet privé et veut acheter un modèle encore plus grand et plus confortable.  L’avion actuel de l’arrière-pays serait en vente pour 4,5 millions de rials » (1,2 million de dollars ce qui paraît bien élevé, ça en vaut à peine la moitié).  Encore quelques albums de sirop et il pourra passer au Panthom 100 comme son collègue….

 

PT-LNC Luan Santana  CESSNA 550 550-0222 Rgd 08/02/2011

ex Private (Defensa Agrochemical)

TAF – Transporte Aéreo Fortaleza

Serial Number: 550-0222

Matrículas anteriores: N6800Z, N17RG SKYLEASE OF DELAWARE INC TRUSTEE
DOVER , DE, US 03-06-2006

 

Reg Airline Delivered Status
Not Seen It N6800Z Ryan Group Aviation Inc 31.03.81 Left Fleet
Not Seen It N17RG Ryan Group Aviation Inc 00.06.81 Left Fleet
Not Seen It N17RG Teterboro Aircraft Service Inc 00.09.86 Left Fleet
Not Seen It N17RG Skylease of Delaware Inc 12.01.87 Left Fleet
Not Seen It PT-LNC Defensa Agrochemical Corp 27.08.98 Active

Ano de fabricação: 1980

http://ego.globo.com/sertanejo/noticia/2015/07/luan-santana-estaria-vendendo-seu-jatinho-de-r-45-milhoes.html

Luan Santana a déjà pris son envol, mais maintenant il veut voler plus haut! Selon une source d’EGO, le chanteur, qui est l’un des mieux payés au Brésil, a mis en vente son jet privé et veut acheter un modèle encore plus grand et plus confortable.  L’avion actuel de l’arrière-pays serait en vente pour 4,5 millions de reais.
À la recherche de l’EGO, le bureau de presse du chanteur a nié la vente du jet et a déclaré qu’il n’était pas au courant de l’intérêt de Luan pour un avion plus gros.
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Dans une récente interview pour le magazine « Playboy », le sertanejo parlait un peu de ses « petits jouets ». En plus du jet, Luan a également une Ferrari 458 blanche. « La seule chose que j’ai achetée et dont je n’avais peut-être pas besoin était Ferrari, une belle voiture … Avant, j’avais une Porsche Boxster, un de mes rêves quand j’étais enfant », a-t-il déclaré au magazine.

Selon le magazine, l’avion qui transporte Luan à ses spectacles à travers le pays est un Cessna 560 Citation V, capable de transporter sept ou huit passagers.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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Coke en stock (CCXXV) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (54)

Coke en stock (CCXXX) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (56)

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On l’a vu, au Brésil, territoire immense, les politiciens ont pris la désagréable habitude de voyager dans des jets privés qui ne leur appartiennent pas.  Lula, l’ancien président a été l’un des grands utilisateurs du genre.  Aussi la découverte des propriétaires réels de l’avion dans lequel Eduardo Compos s’est tué n’est pas une surprise, ou plutôt un peu quand même quand on s’aperçoit qui ils sont.  Trois hommes surtout vont faire l’objet de l’enquête qui va suivre le crash.  Et l’un d’entre eux va être retrouvé raide mort dans un motel, alimentant la thèse du complot.  Une thèse que va fort maladroitement ranimer deux ans plus tard l’Armée de l’Air Brésilienne, venue proposer aux familles des victimes de visionner une vidéo qui est manifestement un fake notoire …  on terminera la séquence par une autre mort fort suspecte d’un personnage très important : décidément, au Brésil, la corruption et le mensonge en politique sont partout, comme la manipulation des esprits !  Pauvres brésiliens !!!

Lula et les avions, un sujet fort sensible

Au Brésil, vaste pays comme on l’a dit, voyager en jet chez les politiciens est devenu en effet une seconde nature.  L’ex président Lula, aujourd’hui en prison, a usé et abusé du principe, en utilisant des avions de copinage, ceux des politiciens dont il avait favorisé la carrière ou à qui il avait évité des enquêtes intrusives sur leur patrimoine.  Un article relatant un de ses derniers voyages aériens d’homme libre nous éclaire pleinement sur le sujet :  « Lula est arrivé à l’aéroport de Congonhas, à São Paulo, en direction de Curitiba (Paraná), à 9h29.  Le TP va témoigner pour juger Sergio Moro, responsable de l’opération Lava Jato en première instance. L’interrogatoire est prévu pour 14h00 à Curitiba (PR).  Pour le voyage, l’ancien président a utilisé un jet privé, lié à Walfrido dos Mares Guia, ancien ministre des Relations institutionnelles, qui a été distingué comme l’un des créateurs de l’exploitation minière mensalão.  Il a toujours nié toute implication et, en 2014, le tribunal a suspendu les enquêtes sur l’affaire après la prescription du crime allégué.  Les informations comme quoi Lula voyagerait sur l’avion de Mares Guia ont été révélées par Record TV lors du départ du PT.  L’avion Cessna 525, préfixe PR-BIR, appartient à Samos Participações Ltda, une société holding de Mares Guia.  La société disposait du secret bancaire et des allègements fiscaux lors des enquêtes sur le plan de corruption opéré par Marcos Valério à Minas Gerais.  Ce n’est pas la première fois que Lula utilise le jet privé de son ancien ministre.  L’année dernière, il a déclaré avoir prêté son avion Cessna « par gentillesse ».  Leur relation est assez proche.  Mares Guia est aussi un témoin de la défense de l’ancien président dans le processus de Lava Jato. Il a été entendu par le juge Sergio Moro par vidéoconférence de Belo Horizonte (MG) le 15 mars.  Le politicien du Minas Oeiras a fait parti des deux gouvernements de Lula.  Il a d’abord occupé le ministère du Tourisme entre 2003 et 2007.  Plus tard, en 2007, il était en charge du portefeuille des relations institutionnelles et a quitté son poste après avoir été accusé d’être impliqué dans le scandale des vêtements pour hommes. Walfrido a également été élu vice-gouverneur de Minas Gerais en 1994, et en 1998, député fédéral pour PTB.  Il a également agi en tant que coordinateur de campagne pour Ciro Gomes au premier tour de l’élection présidentielle de 2002.  Son salaire mensuel avait comme système de financement des ressources provenant des mines appartenant à l’État pour la campagne de réélection de 1998 du gouverneur de Minas de l’époque, Eduardo Azeredo, de la PSDB ».  En  avril 2016 déjà, on avait épinglé cet usage compulsif de jets privé pour ses déplacements.  Une vidéo restée célèbre, vue des centaines de milliers de fois, l’ayant montré débarquant fort discrètement d’un Gulfstream G200 dans un hangar à Brasilia  (cf ici à droite) et non en pleine piste, pour éviter les regards, au moment même de la destitution de l’ancienne présidente Dilma Rousseff avait fait le buzz, L’avion était celui de Global Aviation, immatriculé PR-WTR (le Gulfstream G200 N°004; ici à gauche).  Des internautes ayant remarqué que le même appareil avait été utilisé par les entrepreneurs Odebrecht et OAS pour le transporter à l’étranger, pour y donner des conférences rémunératrices.  Un article au viriol de Correo de Poder du 16 mars 2016 avait fustigé cet usage plus que gênant, photos à l’appui :   « L’entourage de l’ancien président Lula est arrivé à Brasilia récemment, dans deux avions d’affaires. Du premier, un luxueux Gulfstream G-200, immatriculé  PR-WTR, d’autres personnes, non encore identifiées, sont descendues. Selon les dossiers de la police fédérale, c’est le même avion utilisé par Lula pour se rendre au service de Odebrecht, directeur de la société de construction Alexandrino Alencar de l’entreprise, coincé dans le dossier Lava Jato.  Cinq minutes plus tard, s’est également garé dans le hangar de Global Aviation, le jet qui a amené l’ancien président ». « Lula utilisait le Cessna PR-LFT (ici en vidéo au décollage de l’Aeroporto Governador José Richa de Londrina et là à gauche), le même modèle dans lequel s’est écrasé et tué l’ancien gouverneur de Pernambuco Eduardo Campos (nota : c’était donc bien un très bon avion !). Pour information, Global a assuré que le premier avion, au préfixe PR-WTR, n’était pas affrété aux personnes connectées à Lula, mais n’a pas informé les noms des clients . La société a confirmé que l’ancien président est bien arrivé à Brasilia sur le Cessna PT-LFT (enregistré au nom de TAM Jatos Executivos).  Global considère que les deux avions sont arrivés simultanément à Brasilia, dans le même hangar, par « coïncidence ».  Selon les informations de la Surintendance de navigabilité de la FAA, le jet PR-WTR est exploité par Azul Táxi Aéreo Ltda,  Une société avec un capital social déclaré de 260 000 dollars gérée par Ricardo Breim Gobbetti et Marcio Roberto Pacheco, dont les partenaires sont deux autres sociétés: Global Aviation SA et SSR Assessoria e Prestação de Serviços Ltda. Le jet Gulfstream G200 préfixe PR-WTR a été utilisé par Lula entre 2011 et 2015 pour faire des voyages de luxe aux frais du lobbyiste Odebrecht Alexandrino Alencar (ici à droite, c’est un proche de Lula), arrêté dans l’opération Lava Jato, est accusé d’avoir aidé l’entrepreneur pour faire fonctionner le versement des pots de vin à l’étranger.  Dans le bureau d’Alexandrino, au siège d’Odebrecht à São Paulo, une photo avec Lula partageait l’espace avec les portraits des membres de la famille de l’exécutif, au moment de la recherche et de l’arrestation du responsable »…

L’usage d’avions de l’armée après le procès de Lula aussi provoquera des tensions, on pouvait l’imaginer, tant il avait négligé les services de l’Etat pour son propre transport, ainsi lors qu’un Cessna 208 de La Force brésilienne de zone (FAB) l’avait transporté de São Paulo au siège de la police fédérale à Curitiba pour y être incarcéré, les pilotes comme les contrôleurs aériens n’avaient pas été très tendres avec l’ancien président déchu. Les fuites de leurs conversations extraites de la fréquence de Torre Congonhas, à São Paulo, parues sur le net, avaient été édifiantes.  L’un d’entre eux parlant « d’envoyer cette ordure là-bas »… Des enregistrements fort gênants pour l’armée et pour le pouvoir… mais très révélateurs de l’exacerbation de ceux que Lula avait méprisés, il faut bien le dire pour préférer les jets luxueux mis à sa disposition par des entrepreneurs véreux.

Pas une bonne nouvelle pour Marina Silva

Ceux qui avaient décidé d’éliminer Campos (dans la théorie d’une d’une disparition programmée) avaient été très adroits car au passage, ils avaient miné en même temps le sort de sa colistière, devenu sa remplaçante :  ils avaient fait en effet d’une pierre deux coups !  Et ce, fort adroitement, à vrai dire.  Les suites du crash, qui aurait dû voir monter vers elle un sentiment de sympathie ou de compassion, produiront de fait l’effet inverse dans son propre électorat.  Car l’enquête avait vite montré que le groupe mafieux avait affirmé avoir vendu l’avion qui s’était écrasé le 13 mai.  « Cependant, les papiers retrouvés avaient révélé le versement environ 700 000 reals pour l’avion avant de signer le contrat.  Le contrat avait été garanti le 12 mai et l’engagement d’achat signé trois jours plus tard par João Lyra de Melo Filho. La police vient alors de découvrir que c’est une manœuvre inhabituelle dans une transaction commerciale de 18,5 millions de reais, le prix final de l’avion, » (un peu plus de 4 millions d’euros, prix normal pour un appareil d’occasion de ce type), note ici fort justement Correios do Brasil.  La transaction avait été totalement irrégulière, et d’aucuns devaient le savoir, dont la colistière de Campos !!!  « Le PSB prétend que le jet a été cédé par trois hommes d’affaires et qu’il serait déclaré à la fin de la campagne, mais le groupe Andrade était alors en faillite, avec des dettes de 341 millions de reals. »  Car la transaction litigieuse devait être connue aussi de Marina, à l’évidence.  « Plus la police enquête, plus la situation de la candidate devient compliquée.  Ce matin, elle dévoile les premières images qui la relient au jet PR-AFA » (…).  Questionnée à ce sujet, la candidate bottera en touche, hélas pour elle:  « Marina Silva a déclaré publiquement à la télévision la nuit, qu’elle ne connaissait pas les détails de la transaction de l’avion utilisé dans ses voyages, pendant la campagne électorale. Une transaction financière douteuse avait été effectuée par l’utilisation de prête-noms, et le principal paiement provenait de l’homme d’affaires de Pernambuco, Eduardo Ventola, qui est propriétaire d’un type de société de fausses facturations normalement utilisées pour dissimuler la provenance de l’argent (…) pour les journalistes, bien que réticente, Marina avait ainsi avoué la connaissance d’un crime électoral et la participation aux bénéfices de cette transgression.  Elle avait admis savoir que l’avion était le produit d’un «prêt» conclu oralement seulement, qui serait «remboursé» à la fin de la campagne ».  Des images la montrant descendant de l’avion pendant la campagne, accueillie par le pilote qui sera tué dans le crash, finissent par achever ses espoirs de grimper plus haut dans les résultats : elle était déjà morte électoralement avec ces terribles révélations.  « La candidate à la présidence Marina Silva (PSB) a volé dix fois dans l’avion Cessna PR-AFA, dont le don à la campagne fait l’objet d’une enquête de la police fédérale.  Le journal GLOBO a eu accès aux registres des atterrissages et des décollages du jet dans la période où il était disponible à la candidature d’Eduardo Campos et de Marina.  Les déplacements de la candidate peuvent perturber la stratégie du PSB qui, dès le début des investigations, cherche à le détacher formellement de l’avion » note Globo.  « Marina a utilisé le jet pour la première fois fin mai pour assister, à Goiânia (GO), à un séminaire de fête.  En juin, elle a volé quatre fois, en passant par Goiânia, Brasilia, Maringá et Londrina.  À la fin de juillet, elle a participé à un meeting à Vitória (ES).  En août, elle a volé quatre fois de plus, à Rio, Brasília et São Paulo.  L’avion s’est écrasé le 13 août, tuant Campos et six assistants ».  Bref, elle aussi se retrouvait plombée par l’avion maudit, au point de ne pas passer le premier tour, au final  (tout en doublant quand même le score initial du parti de Campos) !  Le fait aussi d’être à l’origine venue du parti de Lula pour rejoindre les écolos le 19 aôut 2009, pour s’associer au parti socialiste en 2014, avait aussi miné semble-t-il la confiance que certains avaient placé en elle.  L’effet girouette n’était pas loin.  Certains caricaturistes n’hésitant pas à la croquer comme principale bénéficiaire du décès de son nouveau colistier… la voyant avant tout comme une opportuniste, celle qui avait réussi à s’inviter parme les huit porte-drapeaux invités à l’ouverture des Jeux d’été de Londres 2012, choisie par Aldo Rebelo, le ministre brésilien des Sports du PT, ce que certains n’avaient pas non plus oublié.

Un avion de… trafiquants, en réalité, pour Campos

Mais ce n’est rien encore avec ce que dissimulait en fait le crash du candidat à la présidentielle en 2004.  Dans le cas de Campos (cf notre épisode précédent bien sûr), les deux hommes avaient comme représentant de leur bien obscure société « Câmara & Vasconcelos Locação e Terraplenagem LTDA » un troisième homme, appelé Paulo Cesar de Barros Morato, à qui ils avaient transmis l’argent pour acheter le Cessna. Lorsqu’on les arrête, on découvre une vraie caverne d’Ali Baba chez eux, avec des hélicoptères, des bateaux à moteur, des voitures importées et des jet-skis à profusion :  tout l’attirail commun aux grands dealers brésiliens, jamais en reste pour frimer et étaler ainsi leur puissance auprès de la concurrence.  Parmi les objets découverts, deux hélicoptères Robinson, le PR-EDL (le ROBINSON R66 N°0149 et le PR-JPE même selon la presse et certains forums). On verra un peu plus loin qu’il y en avait d’autres encore.  Des engins bien au-delà de ce qu’ils avaient déclaré comme modestes entreprises.  D’où provenait leurs fonds ?  On songe bien sûr au trafic de drogue ou à la contrebande, en priorité. Comme société, par exemple, on trouve en effet chez eux la bien modeste Cerâmica Camboa, une simple et petite briqueterie installée à Lagoa do Itaenga, à l’intérieur de Pernambuco, qui est justement la détentrice officielle du PR-EDL enregistré en septembre 2012 dans le pays !!! Il faut  signaler aussi qu’avait bénéficié au passage de leurs subsides Marina Silva, la colistière  « écologiste » de Campos :  ils arrosaient toute la classe politique, au cas où… Car de l’argent, beaucoup d’argent avait circulé entre leurs mains, ne serait-ce que pour acheter le Cessna 560 XLS +: « les enquêteurs ont identifié 16 transferts, totalisant environ 1,7 million de reais, pour payer l’avion. Par l’intermédiaire de prête-noms, les vrais propriétaires de l’argent ont été remontés. L’une des sociétés de Bezerra avait envoyé 727 000 reais, tandis qu’une autre de Lyra avait envoyé 127 000 reais. Les mouvements ont servi à dissimuler la source d’argent ».  Un procédé bien rodé chez les revendeurs de cocaïne comme on le sait.  L’avion avait très certainement été acheté avec le produit de la vente du trafic de coke ou de contrebande, en multipliant les intermédiaires et en étalant les paiements pour ne pas éveiller le soupçon chez les enquêteurs traquant les gros dépôts en liquide (sur le modèle de Tracfin ou du fisc US).  L’avion de Campos était en réalité en leasing avec promesse d’achat par la société AF Andrade Empreendimentos e Participações, celle de João Carlos Lyra et Apolo Vieira.  A droite ici on peut voir la lettre de Cessna Finance Export Corporation (lire ci-dessous), transmise le 19 août 2014 à l’Anac.  Signé par une société vice-président, Robert Hotaling Jr., et adressé au surintendant de navigabilité de l’Anac, Dino Ishikuro, le document indique que l’avion immatriculé PR-AFA est toujours la propriété de Cessna, mais qu’il est a été utilisé à partir du 1er décembre 2010 par AF Andrade.  Andrade avait l’intention de régler l’achat final de l’avion, à la fin du leasing, un appareil évalué à près de 20 millions de dollars US (son prix neuf).  Bien loin des revenus d’un marchand de pneus ou du propriétaire d’une petite briqueterie !!

Un cadavre de plus dans le placard

Mais ce n’est pas encore suffisant semble-t-il :  le marigot autour du candidat Campos était plus grand encore.  Car une énième surprise nous attendait une fois de plus.  Le fameux troisième homme, Paulo Cesar de Barros Morato est en effet retrouvé mort , deux ans plus tard, le mercredi 22 juin 2016, dans un motel de la ville de Olinda, à Pernambuco,  dans la région métropolitaine de Recife. Evidemment, les autorités évoquent tout de suite… un suicide dès l’annonce de son décès.  Trop rapidement même, ce qui provoque automatiquement des soupçons de vouloir maquiller sa disparition.  Le pouvoir se révèle en ce sens plutôt maladroit :  c’est ainsi que l’on va même retrouver dans un reportage TV de grande écoute  un prêtre, réquisitionné pour expliquer devant les caméras que l’homme était dépressif, et qu’il s’était même tourné vers la religion !!!  Il avait été auparavant surtout déclaré fugitif par la police fédérale !!!  Morato, on le rappelle, est mort un jour après que la police fédérale a lancé l’opération Turbulence contre son gang !!!  Or il devait en savoir, des choses, sur le gang autour de Campos, c’est sûr !!!  La presse fureteuse questionne les gens alentour qui lui disent ceci : « des voisins ont signalé que Morato se rendrait occasionnellement au Paraguay ou à Sao Paulo pour acheter des produits destinés à la revente« .  Ce n’est pas pour nous étonner comme trajets connaissant le pays voisin et sa spécialité, celle de la contrebande et du trafic de stupéfiants vue ici en détail !!!  Car même durant l’enquête en cours, on n’a pas entendu une seule fois le mot drogue. On en était resté au simple détournement de fonds de Petrobras.  Or notre homme était très certainement le maillon qui reliait tout le groupe à la drogue, justement.  Crise cardiaque, overdose, on n’en parle même pas :  tout de suite on ne retient que le mot suicide : encore une fois c’est plutôt étonnant et perturbant.  On peut le voir en en photo pris par lui-même (en mode selfie) dans le motel, en train de danser, laissant entendre alors qu’il était plutôt sous l’emprise de la coke… (ici à droite, très excité, il ne semblait en effet pas du tout dans un état normal !!). Lors de la découverte du corps, encore une fois on s’y était fort mal pris, laissant entrevoir d’emblée une volonté… de ne rien découvrir :  « le corps a été retrouvé le 22 de ce mois et, à ce moment-là, un expert est allé sur les lieux, mais il a jugé que l’espace était vaste et qu’il n’avait pas assez d’équipement et d’assistance pour compléter l’étude à ce moment. Le lendemain matin, deux experts sont venus sur le site mais ils ont reçu l’ordre d’annuler l’expertise. L’un des experts a souligné que le duo a reçu un appel du directeur d’identification criminelle Ivoneide Constantine ordonnant l’annulation du sous directeur général des ordres de la police scientifique, Sandra Maria dos Santos, qui, à son tour, aurait reçu les directives du secrétariat général «  écrit ici « Forum »… Les enquêteurs découvrent surtout après sa disparition ses comptes bancaires (il est temps !) qui débordent et dont les montants se révèlent astronomiques (au regard de comment il vivait) :  ils présentaient en effet des revenus montant à 24,5 millions de dollars de ses différentes sociétés, réparties dans ses multiples comptes en banque.  De l’argent de provenance floue, sauf pour 18 millions de  reals d’aides de l’Etat pour la location présumée de machines pour les travaux de transposition de la raffinerie de São Francisco, d’Abreu et Lima, qui était aussi à son nom.  Un des points-clé de l’enquête Lava Jato, justement !!! L’endroit où le maximum d’argent avait été détourné !!! Tout cela sans même avoir de siège officiel pour son entreprise… ni une seule machine à prêter !!!  Le scandale était bien dès le départ d’Etat en ce qui le concerne !!!  Le même « suicidé » inscrit sur la liste d’Interpol, ayant brassé au total pas moins 600 millions de reals dédiés à la seule campagne présidentielle de l’ancien gouverneur de Pernambuco, Eduardo Campos qui a fini, comme on vient de le décrire précédemment… en espérant quoi en retour… voilà bien tout le problème… pour l’homme ayant brassé autant de millions retrouvé raide mort sur le lit d’un motel miteux (ici un reportage très intéressant qui compare notre « suicidé » ou plutôt son train de vie plutôt sobre avec le luxe de ses deux co-accusés et leurs villas gigantesques).

Une procédure expédiée, le rappel de l’affaire Farias

Une mort qui en rappelle un autre : « Il y a trop de mystères et, comme la mort du trésorier de l’ancien président Fernando Collor de Mello, personne ne sait qui a tué l’homme d’affaires d’Alagoas PC Farias chez lui avec sa petite amie Suzana Marcolino » écrivait alors un site : nous revoici dans un autre épisode, vu ici-même (Le N°34 de cette saga) !!!  Décidément, au Brésil, tout se répète ! Au final on apprend que l’enquête a été bien vite expédiée : le corps de Paulo Cesar de Barros Morato n’a même pas été autopsié, et aucune analyse toxicologique non plus n’a été menée !!!  Un syndicat de police aura beau s’être inquiété, rien n’y a fait : ses hommes, selon ce syndicat, avaient en effet reçu l’ordre d’empêcher les experts de recueillir les empreintes digitales dans la voiture garée devant le motel… !!! On avait bien affaire à un scandale d’Etat.  Celui lié à la disparition préalable d’un gêneur en politique !!! Pour beaucoup, Morato était celui qui en savait trop, à l’évidence !!!  Les conclusions de l’Operação Turbulência, partie de Lava Jato tombent le 28 juillet 2016. Elles sont implacables… contre Campos : le sénateur Fernando Bezerra (PSB-PE) et l’ancien gouverneur de la fin Pernambuco Eduardo Campos (PSB) ainsi que João Carlos Lyra Mello Filho, Eduardo Freire et Apolo Santana sont clairement accusés d’avoir  mis en place une « organisation criminelle, de blanchiment d’argent et de mensonges idéologiques », selon le rapport de la Police Fédérale. « La déléguée Andréa Pinho Albuquerque témoigne que les trois étaient « les principaux membres » du programme de collecte de ressources de blanchiment d’argent ». L’enquête policière postule surtout indirectement une raison valable pour la mort de Campos : un homme mort n’a plus à être remboursé…  le «propriétaire» de l’avion, qui était largement assuré, recevait  bien des pots-de-vin au profit de l’ancien gouverneur de Pernambuco, décédé en août 2014 !!!! « João Carlos Lyra a reçu clandestinement  du numéraire pour payer des dettes découlant de la campagne électorale de l’ancien gouverneur Eduardo Campos, qui est mort. » L’enquête répertoriée STF 4005 cite des contrats de surfacturations dans la raffinerie Petrobras Abreu e Lima effectuées par l’entrepreneur Camargo Corrêa, qui étaient « probablement destinés à payer les dettes de la campagne, puis le gouverneur Eduardo Campos, pour sa réélection » en 2010. Lyra a été reconnu par l’ancien les employés de l’entreprise de construction comme « la personne chargée de livrer les pots-de-vin dus par cet entrepreneur à l’ancien gouverneur Eduardo Campos et au sénateur Fernando Coelho ».  Campos, avec ces terribles révélations, venait de mourir une deuxième fois, sa carrière entachée par ses méthodes dissimulées pour arriver au plus haut de l’affiche !!! Le 30 juin 2016, un portail répercute l’annonce : « la cause de la mort de Paulo César de Barros Morato était un empoisonnement. L’information a été vérifiée par le rapport Folha de Pernambuco, en exclusivité, l’après-midi de ce jeudi (30).  Avec le résultat, la police sera responsable de déterminer si l’homme d’affaires a été on non empoisonné.  Selon une autre source de Leaf, le produit à l’origine de l’empoisonnement était un pesticide. »  En somme, il n’y a pas que Vladimir qui sait comment éliminer ses opposants, pense-t-on alors !!!

Eduardo Campos, écarté de la course présidentielle par un crash d’avion inexpliqué avait-il en effet trop de cadavres dans ses placards ???  Et comment donc un type d’avion qui n’avait jamais connu d’accident a t-il pu tomber ainsi aussi facilement ???  Pourquoi donc avoir fait disparaître le prétendant gênant pour beaucoup de monde dans un accident rappelant pour beaucoup celui du ministre de l’intérieur mexicain grand pourchasseur de cartels, en 2008 ?  Non, décidément, le cas d’Eduardo Campos qui risque fort de ne jamais être élucidé demeure symptomatique des mœurs politiques du pays, et des liens étroits des hommes politiques avec le monde de la drogue et des trafics divers, pour qui la vie ne représente que peu de choses.

La vidéo retouchée (un fake !) par l’armée !

Avec la mort d’un homme-clé du dispositif mis en place par Campos, difficile de ne pas supposer un complot, dans l’affaire du crash de Santos, tant on observe le pouvoir en place tenter de proposer sa version et elle seule, même encore deux ans après les faits.  Une nouvelle tentative est faite le 9 janvier 2016, elle vient cette fois de la FAB, à savoir l’Armée de l’Air en personne, qui remet ce jour-là à la famille des défunts son rapport sur le crash.  C’est le journal UOL Noticias qui en parle et divulgue alors une vidéo « inédite » du crash (ou même deux, avec deux angles de vue de caméras dans la même rue), qui a été projetée par l’armée (ici à droite lors de la présentation aux familles). De bien étranges vidéos, qui sentent le fake à 15 mètres.  On y voit en effet deux prises de vues vidéo de surveillance, deux de plus, axées alors sur la même rue… et qui semblent avoir vu arriver l’avion en train de s’écraser, car il passe en quelques secondes sur le haut du cadre, sur la droite de la caméra.  On y distingue un bimoteur ressemblant assez à l’avion de Campos.  Mais la trajectoire saccadée, le manque de flou sur l’appareil (à cette distance ce devrait être le cas et ça ne l’est pas !) et surtout l’angle de chute de l’avion ne correspondent en rien à celle universellement retenue jusqu’ici comme montrant l’avion tomber avec un angle prononcé et surtout déjà sur le dos.  Tel qu’on l’a vu sur la première, il ne pouvait manifestement pas se redresser autant, c’est évident !! A noter que l’on a aussi « incliné » l’axe des rues pour montrer un avion en train de chuter avec un plus grand angle encore… C’est manifestement un fake !!!  La chute fort peu inclinée va aussi à l’encontre totalement de l’énorme cratère creusé dans la cour de l’espace de gym... par une chute quasi à la verticale.  Autre incongruité :  on a manifestement utilisé des vidéos de rue existantes, empruntées à leurs propriétaires ou réquisitionnées, qui montraient le nuage de l’explosion et c’est tout, sur lesquelles on a édité après coup l’appareil ou ce qui lui ressemble.  Car les passants qui sont filmés ne bougent que lorsque l’avion a explosé, mais ne lèvent même pas la tête auparavant sur son passage, même si celui-ci est bref, à croire que l’avion était… complètement silencieux.  Ce qui, indirectement, va à l’encontre de ce que souhaitait laisser voir l’armée, à savoir un appareil « survolant » la ville et non en perdition quasi-verticale, mais réacteurs éteints, ce qui en ce cas accuserait le matériel et non le pilote !!!  C’est stupéfiant de bêtise comme montage !!!  Un gros coup de zoom sur la vidéo manifestement mal éditée (ici à droite) révèle une toute autre allure à l’appareil avec surtout une décoration vers l’avant façon bicolore :  non, décidément, la tentative est ratée !!!  Ça a été fort mal édité !!!  Autre problème sur la vidéo : elle indique 9H 54’ 06″ contre 11H 03″ pour l’autre.  Un résident de Santos qui vivrait à un peu plus d’un fuseau horaire de son voisin  (même avec une heure de décalage, ou de calage de base de l’horloge interne de la caméra, il y a toujours 7 minutes de différence avec la première vidéo des immeubles ???  De quoi faire 70 km de distance pour l’avion, à la vitesse à laquelle il devait chuter !!! Pourquoi donc ces tripatouillages grotesques ?  Il fallait tout simplement défendre un rapport antérieur rédigé par ces mêmes militaires qui avaient écrit quelque part (dès 2014) que « l’avion ne volait pas inversé avant l’accident », alors que la première vidéo montre exactement le contraire, et de façon indéniable !!!  Si l’on doit concevoir que la mort de Campos est un complot, il suffit de regarder ce déploiement d’efforts ridicules par le pouvoir en place pour en être persuadé !!!  Qui plus est par un organisme d’Etat !!!  En l’occurrence ici l’Armée de l’Air, mise à contribution !!!  Fabriquer de telles fausses preuves, il faut oser le faire en effet !

Le coup de grâce 

Mort en 2014, l’image d’Eduardo Campos n’était pas encore effacée totalement quand on va révéler au grand public qu’il avait agi comme un mafieux dans le but de prendre le pouvoir. Tout s’effondre en effet le 24 janvier 2017, jour où tombait le coup de grâce pour le PSB : ce jour là, en effet raconte Pagina 20 « L’entrepreneur João Carlos Lyra Pessoa de Melo Filho, nommé en tant qu’opérateur des frais du PSB et des campagnes politiques de l’ancien gouverneur de Pernambuco Eduardo Campos (PSB) – qui est mort dans un accident d’avion au cours de la campagne présidentielle en 2014 –  a signé une déposition avec le ministère public fédéral (MPF) dans le cadre de l’enquête Operation Turbulence ».  Le principal accusé avait accepté de coopérer avec la justice, prêt à tout révéler, ouvrant ainsi la boite de Pandore du parti socialiste brésilien.  « Le témoignage de Lyra, qui a été officiellement présenté comme l’acheteur unique de l’avion, peut faire imploser le parti du PSB à son sommet, car il a le potentiel d’atteindre les gouverneurs, sénateurs, députés et maire s (…). En plus de Lyra, les entrepreneurs Eduardo Freire Bezerra Leite et Apolo Santana Vieira ont également conclu des accords avec le MPF. Les trois ont été suivis en termes de location du Cessna Citation PR-AFA qui est tombé à Santos (SP) et tué Campos et toutes les autres personnes qui voyageaient dans l’avion.  En enquêtant sur la propriété de l’avion, les enquêteurs ont atteint un réseau de sociétés écrans qui étaient employées pour blanchir de l’argent d’origine illicite.  L’argent serait à l’origine des écarts et de la corruption dans les contrats de Petrobras et de travaux publics, comme le détournement du fleuve São Francisco, par des entrepreneurs comme Camargo Corrêa et l’OAS (une entreprise de bâtiment).  Une partie des résultats de l’enquête a été transmise aux enquêteurs travaillant sur l’opération Lava Jato ».  L’écœurement des électeurs est alors élevé au pays et leur moral au plus bas. Un homme interviewé par La Vanguardia, reprise par Courrier International résume très bien le sentiment pour 2018 :  “ce sont tous des voleurs.  Mais puisque le vote est obligatoire, je voterai blanc” (…) Dans ce Brésil de 2018, l’électorat mécontent rêve d’un candidat extérieur à un système politique discrédité par la corruption ». poursuit le magazine. Le problème, c’est que personne ne se présente plus ainsi au Brésil !

Remise en cause de la thèse officielle en avril dernier

L’accident du Cessna de Campos demeure toujours une énigme, quatre ans après les faits et une enquête bâclée et de très grandes parties laissées dans le flou. Il faut attendre le 2 avril 2018 pour que resurgisse la question du crash, qui tourne toujours sur le premier passage de l’appareil au-dessus de la piste, train encore rentré et la suite de ces mouvements jusqu’au crash final.  C’est le propre frère de Campos, un avocat, qui demande la réouverture de l’enquête l’annonce ce jour-là dans le journal Globo. « L’avocat Antonio Ricardo Campos, frère de l’ancien gouverneur de Pernambuco Eduardo Campos a envoyé une demande, lundi, pour la police fédérale Santos pour leur demander d’étudier la possibilité de « sabotage » sur l’avion qui s’est écrasé en août 2014, lors des élections générales, en tuant le candidat d’alors du PSB à la présidence et six autres personnes. La demande a été déposée dans une enquête de police à la Cour fédérale de São Paulo. Selon Antônio Campos, après des études et des avis d’experts privés accompagnant l’affaire, un « fait sérieux et pertinent dans l’enquête sur la cause de l’accident » peut changer le « déroulement de l’enquête ». La famille d’Eduardo Campos conteste la version présentée par le rapport du Centre d’Investigation et de Prévention des Accidents Aéronautiques (Cenipa) sur l’accident. Selon la mère d’Eduardo, Ana Lucia Arraes de Alencar et Antonio Campos, et le frère de l’homme politique, le rapport qui souligne que l’accident est dû à une erreur humaine, est incompatible (nota : avec les faits).  Le rapport de recherche sur le contrôle de l’espace aérien (Ricea) aurait montré, selon les membres de la famille, certains malentendus dans la conclusion du Cenipa. Selon la recherche, la trajectoire d’approche de la piste de Santos, du Commandant Marcos Martins et de Geraldo Magela le co-pilote, n’a pas été faite du suivi à la lettre des procédures, avec l’avertissement que l’aérodrome devait être utilisé aux instruments. La trajectoire choisie par eux était de passer deux fois sur la piste avant de faire le virage pour l’atterrissage (cf : l’arrondi final), mais ils ont utilisé un moyen d’arriver directement à la piste en donnant des informations fausses sur l’endroit où ils se trouvaient.  Ce profil de vol réduisait le trajet de cinq minutes maximum.  Le profil n’était pas dans les règles pour pouvoir se faire aux instruments – a déclaré l’aviateur lieutenant-colonel Raul de Souza, qui a coordonné les enquêtes.  Après avoir essayé de se rendre directement sur la piste, les pilotes n’ont pas pu y atterrir et ils ont décidé de choisir une autre possibilité.  Cette décision a également été prise en désaccord avec les procédures prévues.  Ils étaient censés se dépêcher avant d’atteindre la piste, mais il y a un rapport fiable comme quoi ils ont bien survolé la piste à basse altitude avant d’abandonner l’atterrissage ».  Leur raccourci leur aurait été fatal ?  Ou bien leur avion avait été saboté ?  Dans un autre journal, le frère de l’ancien candidat va plus loin dans ce sens :  « selon Antonio, l’information la plus compétente, près de quatre ans après l’accident, est que «toutes les preuves» indiquent que le capteur de vitesse de l’avion «a été mis hors-tension».  Pour lui, la thèse de la déconnexion involontaire serait une «dernière hypothèse», «improbable». « Ce qui caractérise le fait que l’avion ne pouvait plus que tomber, ce qui caractérise le sabotage et l’homicide volontaire », complète Antônio Campos.  Les conversations radiophoniques enregistrées par la tour de contrôle de Santos n’avaient rien montré de spécial, avec la notion d’arremetir, à savoir d’avorter le premier atterrissage.  Les pilotes semblaient calmes, sans aucun affolement.  Et puis après, brutalement, plus rien !  Le silence total : le crash s’était déclenché très, très, rapidement.  Pour ajouter aux questionnements, une photo de la chute de l’appareil, ou plutôt son agrandissement, révélée plus tard, montre bien un avion tombant bien sur le dos, mais avec une aile gauche en mauvais état, ayant perdu un aileron ou semblant même carrément « tordue ».  Cet aileron perdu aurait dû être retrouvé plus loin que le lien d’impact principal, donc.  Là- dessus aussi aucune info.  Effet d’optique, défaut de captage vidéo, on ne peut le savoir vraiment (ci-dessus à droite) :  seule certitude, l’appareil était bien sur le dos à une cinquantaine de mètres encore de l’impact !!!  Autre piste:  l’avion, on l’apprend aussi lors du reportage TV cité, était « assuré pour 50 millions de dollars », bien au-delà de sa valeur réelle et la firme détentrice était noyée jusqu’au coup dans les dettes.  On retrouve ici en tout cas le profil d’une énigme bien connue :  celle de la disparition du sénateur Paul Wellstone, aux USA, mort à bord de son Beechcraft King Air A100 qui s’était écrasé en 25 octobre 2002, un crash toujours pas élucidé.  Comme celui de Campos (ci-dessous une image extraite d’un JT, qui semble être celle de son dernier décollage sur l »aéroport Santos Dumont, à Rio de Janeiro, – remarquez la météo, déjà.  Il y a 898 km entre Rio de Janeiro et Guarujá : pour un vol d’un peu plus d’une heure difficile d’invoquer la fatigue des pilotes)  !

Un gang particulièrement bien équipé

On n’a pas assez bûché, semble-t-il, la question du gang que dirigeait Campos (on peut parler ainsi, car il lui était impossible de ne pas savoir ce que faisaient les gens qui lui « prêtaient » l’appareil qui l’a en définitive tué !). L’Opération Turbulence visant spécifiquement les collègues mafieux de Campos révèle à ce propos d’autres choses fort intéressantes. Notamment d’autres appareils et d’autres saisies : une Porsche, modèle SUV (Cayenne) une BMW, une Toyota Hilux, une Audi, une Range Rover Evoque rouge, pas très discrète; et une Freelander), de l’argent beaucoup d’argent en liquide, 5 ordinateurs portables et 17 téléphones cellulaires (ici à droite dont une grande partie satellitaires, à voir leur format) et pas moins de 45 montres de luxe dont le rapport égrène les noms connus : Rolex, Diesel, Lacoste, Tissot, Tagheuer.  On est bien dans une antre de trafiquants de drogue et de laveurs d’argent sale, mêlés à des trafiquants intéressés par tout ce qui peut avoir de la valeur.  Difficile de ne pas avoir vu tout ça, en effet, pour le prétendant au titre suprême du pays.  Car l’équipement de la fine équipe est trait pour trait celui d’un gang de trafiquants.  On découvre ainsi… un premier hélicoptère, immatriculé PR-LEE, qui est un Eurocopter AS350 B2 (le N°7477) enregistré le 29 octobre 2013 au Brésil (ici à gauche). c’est l’ex N557AE d’Avery Aviation, ex American Eurocopter Corp… et ex Wells Fargo Bank Trustee.  La FAA, à son propos reste plus que floue.  Comme hélas à son habitude, dirons-nous.  Il  y a aussi dans le même hangar appartenant aux mêmes un petit avion aux courbes bien reconnaissables, immatriculé PT-ZPE, (vu ici sur l’Aeródrome Coroa do Aviãoà à Igarassu, Pernambouco, le 12 décembre 2015) sur lequel on vient aussitôt apposer une banderole « saisi par la Police Fédérale » devant les caméras de journalistes.  C’est en effet un Van RV-10 (le modèle FVE-1828) enregistré au Brésil dès le 20 décembre 2011.  En passe de devenir la nouvelle coqueluche des trafiquants, lui aussi, comme on l’a vécu ici.  Il avait été photographié (de dos) le 24 août 2014 sur une piste du Salvador Deputado Luis Eduardo Magalhaes de Bahia c’est à dire au grand jour... on note que les deux appareils, fraîchement repeints  étaient passés par l’atelier de déco des trafiquants, pour recevoir un design assez similaire (les couleurs apposées étant les mêmes !).  C’était bien un gang très organisé !!!  Un troisième engin, un hélicoptère Robinson R44 II traîne aussi caché au même endroit.  C’est un modèle fort prisé, on le sait, on l’a vu ici, par les trafiquants au Brésil. C’est le PR-HCC,  s/n 13571 qui semble avoir gardé sa couleur en revanche puisqu’il est resté gris (à droite ici le 14 mars 2015, peut-être bien déjà aux commandes des trafiquants). L’engin était très récent puisqu’immatriculé le 27 juin 2014 seulement sur les registres brésiliens. Un autre hélicoptère aperçu dans le même hangar intrigue par sa décoration :  c’est un Eurocoper 130 B4, reconnaissable à ses skis particuliers et sa turbine apparente, sur le coin d’une photo prise par la police, lors de son raid.  Grâce à sa déco surprenante, on découvre qui il est : c’est le PR-RMP, photographié ici par un spotter le 2 novembre 2014 sur l’Aeroporto Internacional Gilberto Freyre, de Pernambouc, au Brésil. Un engin, le N°7336 enregistré le 27 juin 2012 au Brésil.  Voilà qui fait beaucoup d’hélicoptères il me semble !!!  Sont découverts aussi des bateaux de loisirs d’une bonne dizaine de mètres de long dont un appelé  « é carga » (« c’est la charge » il est ici à gauche, on ne sait à quoi ça se réfère…). D’autres bateaux dont des engins de sport rapides type ski nautique (ou gp-fast), aux noms évocateurs, sont également découverts : “Volupia I”, “Mimosa”, “Duas Marias I”, “Weekend”, ainsi que “Sedução”, “Sedução I” et “Sedução III”.  Ici un journal télévisé faisant le point sur les découvertes qui ont suivi le crash (ici des images similaires). Le dossier Turbulence se nourrit assez vite tout seul car les trafiquants tombent dans le même travers que les fils d’El Chapo ou les neveux de l’épouse de Machado :  ils étalent sur Facebook leur vie de dealers.  La fameuse Range Rover Evoque rouge, si peu discrète est retrouvée telle quelle sur la page Facebook d’un dénommé « Tuta Rosal » (ici à gauche). Les truands se cachaient fort peu en fait.  En réalité Arthur Roberto Lapa Rosal, était alors soupçonné d’avoir reçu 100 000 reals de sociétés détenues par Roberto Trombeta et Rodrigo Morales, en plus d’autres transactions avec Câmara & Vasconcelos.  Ce camionneur, très présent dans les réseaux sociaux, par vantardise il semble bien, y présentait des hélicoptères, des chevaux de course et même son camion de transport équestre spécial (ici à gauche) pour les compétitions de chevaux !!!

C’était en effet aussi un cow-boy amateur, qui avait été élu le meilleur dans le genre au Brésil (la preuve ici à droite...). On l’avait en effet repéré en pistant ses transferts de fonds, lui aussi, via les sociétés Geovane Pescados Eireli et Câmara & Vasconcelos Locação e Terraplanagem Ltda., en 2014.  Un gang de cow-boys, si l’on puis dire !!! Geovane Pescados Eireli sera lui aussi impliqué dans l’acquisition de l’avion d’Eduardo Campos...  Tout ceci est bien une organisation mafieuse… celle qui se dissimulait derrière la candidature présidentielle brésilienne, montrant ainsi par l’exemple la déliquescence des institutions : qui se serait douté de cela derrière Eduardo Campos, présenté comme un homme respectable « de gauche » ???  Le PSB, parti socialiste brésilien que représentait Campos n’était donc qu’un gang mafieux ?  Pauvre pays !!! Un homme médite amèrement depuis cette terrible révélation.  Le Cessna Citation de Campos s’était écrasé en milieu urbain sur une salle de gymnastique , heureusement vide ce jour-là, un vrai miracle (le long bâtiment à toit gris étant celui qui abritait des piscines de balnéothérapie, toutes ravagées par le choc de l’avion). Benedito Juarez Câmara, 69 ans, son propriétaire (ici à gauche sur la photo devant les bâtiments détruits), qui l’avait retrouvée dévastée par le choc et l’incendie du kérosène restant, fera une déclaration fort amère à la presse : « Au début, après l’accident, le PSB s’est engagé à payer tous les dommages. Après l’élection est venue cette chose: promettre avant et partir après ». Encore un qui a crû aux promesses politiques !  Ce n’est pas demain encore que ses ruines seront relevées !!! Ici un autre reportage sur le crash.  On a le droit bien sûr à une simulation des événements reproduisant le passage au dessus de la piste de Santos.  Mais il ne conclut, lui non plus, à aucune hypothèse particulière ! Aujourd’hui, personne n’a encore réussi à trouver la raison de cet accident !!!

Une dernière histoire de crash aérien suspicieux : la mort d’un juge

Peut-on faire pire encore ?  Au Brésil, où tout est permis hélas, oui.  Le 20 janvier 2017, nouveau crash aérien au Brésil.  Encore un.  On s’écrase beaucoup là-bas (mais le parc des avions privés est aussi très important là-bas, ceci explique cela).  Cette fois c’est un petit Beechraft C90GT immatriculé PR-SOM (le LJ-1809) qui tombe dans l’eau au lieu de se poser comme prévu 2 km plus loin sur une piste d’atterrissage en bitume, sur la côte près de Rio de Janeiro, à Paraty.  Il y a cinq morts dont le pilote, un gars très expérimenté, Osmar Rodrigues, 56 ans, 30 ans de carrière et 8 800 h de vol (!) et un industriel, Carlos Alberto Fernandes Filgueiras (le propriétaire de l’aéronef, un entrepreneur hôtelier de BTG Pactual qui avait d’ailleurs été arrêté par l’Opération Lava Jato !), ainsi que deux invitées à bord (la mère et la fille Hilda Penas Helatczuk, et Maira Panas, une massothérapeute). Le pilote effectuait le trajet pratiquement toutes les semaines depuis 6 ans pour Figueiras, c’est dire s’il connaissait et l’avion et le trajet.  Mais il transportait aussi et surtout un juge anti-corruption de renom, Teori Zavascki, juge à la Cour Suprême, dont l’importance a l’époque était primordiale dans l’organisation et la réussite de Lava Jato et la mise en place des 77 accusations lancées à partir du dossier Odebrecht.  Ce jour-là il pleuvait aussi, mais beaucoup moins qu’à Santos en 2014.  L’appareil avait effectué un court trajet:  ayant décollé à 13h01 du Campo de Marte à São Paulo, l’avion s’était écrasé à 13h45 près de l’île Rasa, à Paraty.  Des témoins auraient vu de la fumée sortant du moteur gauche avant le crash et l’avion toucher l’eau avec le bout de l’aile du même côté avant de très vite s’enfoncer.  L’aile droite sera retrouvée arrachée lorsqu’on relèvera l’avion.  Cette-fois on peut donc évoquer un sérieux problème technique à bord !!!  D’autres témoins citent des cris venus de l’intérieur, notamment des cris d’une femme dont une main qui bougeait encore serait même apparue à l’emplacement du carreau cockpit avant, détail plutôt morbide.  Lorsqu’on repêche l’appareil, la boite noire est aussitôt déclarée inutilisable, ayant été envahie par l’eau, paraît-il (la Cenipa déclara qu’elle n‘avait rien révélé d’anormal à bord !).

Encore un crash qui questionne en effet.  Un article fouillé du très sérieux Wire, paru le 23 janvier 2017 et signé par Cauê S. Ameni , Hugo Albuquerque et André Takahashi, met en doute la version d’un simple accident et affirme même qu’on aurait laissé mourir des gens à l’intérieur de l’avion crashé en mer: « l‘enquête officielle sur l’accident vient de commencer. L’enregistreur de la voix du poste de pilotage de l’avion a été récupéré, mais il se peut que cela prenne plusieurs semaines – ou plusieurs mois – avant que la cause de l’accident ne soit découverte et révélée au public. Mais il y a déjà de sérieux doutes sur la version officielle de l’accident qui dit que l’avion s’est écrasé à cause du «mauvais temps». Selon certains témoignages, il ne pleuvait pas sur Paraty lorsque l’avion s’est écrasé. Vendredi, Andre Barcinski, un journaliste chevronné du Journal Folha, a publié un rapport sur son enquête sur le site du crash.  Sur la base de ses interviews avec des témoins oculaires qui ont vu l’avion tomber, Barcinski a révélé deux détails cruciaux:  d’abord, l’avion avait «une fumée blanche qui sortait de son aile gauche avant de perdre le contrôle, en virant à droite et en éclaboussant la mer» ; deuxièmement, l’une des victimes était en vie et a continué de crier à l’aide pendant plus de 45 minutes, mais elle n’a pas été sauvée à temps.  Elle est morte piégée à l’intérieur de l’avion qui a coulé.  Un autre témoin oculaire, un batelier qui a aidé au sauvetage, a dit que le personnel de la marine qui est arrivé assez tard sur le site a fait rejeter dans l’eau les pièces d’avion qu’ils avaient déjà récupérées.  Rien de tout cela dans les comptes-rendus officiels ». L’extrême importance de l’escamotage du  passager principal faisant tout craindre pour la suite des opérations anti-corruptions : « comme Zavascki était le principal moteur de l’enquête sur l’énorme scandale de corruption qui a des liens avec le sommet de l’élite politique et économique, y compris Temer, de nombreux Brésiliens sont maintenant sceptiques quant à l’avenir de l’affaire. « Le juge Teori Zavascki avait mené l’enquête du Lava Jato à la Cour Suprême.  Il est difficile de croire que c’était un simple accident « , a déclaré jeudi Alan Mansur, directeur de l’Association nationale des procureurs, peu de temps après les premiers rapports de l’accidenté ». L’horreur de la scène des passages pas secourus a choqué pas mal de gens, il semble bien, autant que d’avoir appris que le candidat à la présidentielle voyageait dans un avion de trafiquants !!

Une bien étrange visite

Une boîte noire déclarée inutilisable, donc, ce qui est très étonnant, car les débris (voir ci-dessus en dessous) montrent un avion au fuselage complet à l’avant broyé seulement.  Et dans un scénario assez similaire au crash de 2014, la presse est vite envahie de « faute humaine » pour décrire l’accident, tout sabotage étant rapidement exclu par les autorités.  Un internaute trouvera un détail bien plus troublant encore :  le site répertoriant l’avion avait été visité bien plus que de coutume le 3 janvier, notamment, soit 17 jours avant l’accident : on l’avait consulté plus de 1900 fois ce jour-là... Pourquoi donc, nul ne le sait.  Un crash façon Campos, encore un ???

Le Brésil a perdu 12 politiciens depuis 1950 dans des crashs d’avions.  Certains commencent à dire que ça fait beaucoup.  De tous ces étranges accidents, on ne retient qu’une seule question en définitive : « Cui Bono?” (1)

Fabriquer et entretenir le chaos pour ne pas se retrouver en prison 

Le but de jeu morbide ?  Affaiblir tant que se peut les enquêtes en cours, explique plus loin Wire, afin que les affaires Petrobras et Odebrecht, les plus en vues et les plus graves, s’enlisent le plus possible. Des politiciens corrompus ont tout fait pour court-circuiter Rousseff, déjà minée par les affaires (voir l’épisode précédent) pour déstabiliser encore plus la Justice (en attendant d’avoir à la tête un politicien plus corrompu encore, en l’occurrence Michel Temer).  Un réflexe de survie des politiciens véreux qui ont tous bénéficié des subsides des deux sociétés et leur réseau tentaculaire de détournements de fonds publics et de corruption, en quelque sorte. « L’Opération Lava Jato concerne autant la politique que la corruption, la corruption et une bataille interne entre les institutions brésiliennes.  Comme l’ont révélé les enregistrements de conversations entre Juca, un proche collaborateur de Temer, et l’homme d’affaires Machado, beaucoup d’hommes puissants dans le pays ont fait des heures supplémentaires pour faire caler et tuer l’opération Lava Jato. La conversation entre Machado et Juca a eu lieu en mars 2016 peu de temps avant le vote où la Chambre a accepté de poursuivre le processus de destitution de Rousseff. La conversation, enregistrée par Machado et divulguée par le journal Folha (ici à droite) a montré que les deux hommes travaillaient sur une stratégie de «changement de gouvernement» et de «conclure un accord» avec la Cour suprême ». Les deux comploteurs proposaient de remplacer Teori par un juge nommé par Temer, en effet, car Teori avait été nommé par la présidente Dilma Rousseff en 2012. Leur idée étant de tout faire pour destituer d’abord Dilma Rousseff (nota : et de faire quoi APRES avec Teori ??). « Dans la conversation, il est clair que Dilma Rousseff a été mise en accusation par les politiciens les plus corrompus juste pour s’assurer que cette affaire ne mène nulle part », dit un dirigeant du Parti des travailleurs (PT), sous couvert d’anonymat. « Il s’agissait de priver le PT de son pouvoir légitime et de mettre en place des dirigeants non élus qui feraient des offres aux politiciens les plus corrompus ». On voit alors différemment les deux derniers décès en avion :  la mort de Campos, qui avait pourtant favorisé l’élection inattendue de Rousseff, aurait fait aussi partie de ce plan machiavélique, celui de discréditer toute la classe politique à gauche, notamment pour éviter que Lula ne se représente (car il a dans les sondages toujours la faveur du public, même au fond de sa prison !).  Ce n’est en effet que deux ans APRES sa mort que l’on a appris qui étaient ces fournisseurs, et indirectement, par un effet de rebond des enquêtes menées au nom de Lava Jato, le décès d’un personnage visiblement éliminé pour qu’il ne parle pas.  Imaginez qu’on l’ait appris après qu’il soit passé au premier tour… pour se retrouver contre Rousseff !!!  A partir de là on a du mal à penser à de simples accidents ou à des hasards malencontreux.  Eduardo Campos comme Teori Zavascki ont très certainement été condamnés sur l’autel d’un horrible réalisme politicien:  celui de forbans de la politique brésilienne, acculés et prêts à tout, même à tuer, pour survive un peu plus longtemps sans être trop inquiétés.  Tués pour un simple répit, en quelque sorte.

Les espoirs nés au Brésil avec la CPI sont désormais bien lointains… et s’éloigne aussi, de plus en plus désormais, la démocratie, dans le pays.  Le spectre d’un retour au pouvoir fort rôde, sinon celui d’une reprise en main par des militaires… voilà qui n’est pas très engageant.  Sauf pour les trafiquants de coke ou de contrebande qui se nourrissent aussi du chaos ambiant, comme on le sait.

 

(1) voir ici:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cui_bono

Pour le second, à l’évidence, seuls ceux visés par le juge anti-corruption auraient eu intérêt à l’éliminer.  Ce qui fait déjà pas mal de monde, au Brésil…  Depuis Cui Bono ?, c’est aussi devenu le nom d’une opération anti-corruption, une de plus.  Visant  Geddel Vieira Lima, l’homme aux valises pleines de billets :  « Selon la MPF, Cunha Eduardo, Geddel Vieira Lzila et Lucius Funaro, sont toujours soupçonnés d’avoir été en liaison avec Fabio Cleto (vice-président des fonds de pension Caixa), Marcos Roberto Vasconcelos (alors vice-président de Gestão de Ativos e Terceiros da Caixa), José Henrique Marques da Cruz et Marcos Antônio Molina dos Santos (fondateur de Marfrig), ce dernier est soupçonné d’avoir bénéficié du principe mis en place. Toujours selon les enquêtes, JBS et le groupe Bertin ont bénéficié d’un plan criminel pour obtenir des fonds de Caixa. Le groupe Bertin a été acquis par le réfrigérateur JBS en 2009 et ses activités ont été intégrées dans la société ».  JBS, son patron contesté Joesley Batista et son étrange façon de gérer la flotte d’avions privés de l’entreprise  : cinq de ses aéronefs sont en effet aujourd’hui dans le collimateur de la justice brésilienne.  Le Hawker Beechcraft B300 PP-JBJ (ici  à droite), acheté par la compagnie en 2014 pour une valeur de 4 483 456,28 dollars selon, la presse, et « loué et non acheté » selon JBS. l’ Embraer EMB-505 (un Phenom 300), « loué » également  par JBS, le PP-VFV, qui , évalué à 30 millions de reais, est bloqué dans une action judiciaire fédérale à Brasilia avec tout un lot de voitures de luxe. L’appareil n’a plus volé depuis 2016. Le Learjet 45, au nom de l’entreprise (PR-JBS) prêté à Michel Temer, en janvier 2011 (ici à droite) pour que le président fasse un voyage avec sa jeune femme Marcela (elle a 43 ans de moins que lui) à Comandatuba (BA). L’hélicoptère A109s d’Agusta  (voir épisode précédent) et un Piper Aircraft PA-34-220T sont les deux autres avions enregistrés chez JBS. Le premier est payé par versements trimestriels de 273 000 dollars US. Le Piper est le fameux PT-WNP, qui nous démontre quel était le principe du jeu car il a uniquement servi à engranger de l’argent chez Geddel, via une surfacturation évidente : acheté 200 ooo reals par Geddel ve même il a été revendu par lui 700 000 à Jamp F, une holding de Joesley et Wesley Batista, qui contrôlent JBS…  « Les documents indiquent également que, après avoir été acheté par Jamp, F, l’avion a changé de mains trois fois de plus en une période d’un peu plus de trois ans. Premièrement, il a été transféré en janvier 2013 à Rodopa Alimentos pour un montant de 651 000 reals, soit un prix inférieur aux 700 000 reals versés à Geddel. L’opération a été conclue quatre mois après l’achat de Rodopa Alimentos par Sérgio Longo, ancien directeur de JBS (..) En septembre 2014, l’avion a été racheté par JeF via JBS. Finalement, en mars 2016, JBS a largué l’avion et l’a revendu à Vegas Construtora, basée à São Paulo ».

Document : on peut et on doit lire ce superbe document sur Collor, de John Ryle écrit en février 1990.  Un rappel rapide de ses méthodes douteuses de forbans de la politique pour contrer un rival qui s’appelait Luis Inácio da Silva, connu sous le nom de « Lula » : « Collor a été aidé par au moins un mauvais tour. Peu de temps avant le vote, son frère, qui avait orchestré sa campagne, paya l’ancienne maîtresse de Lula pour qu’elle aille à la télévision et annonce que Lula avait essayé de lui faire avorter l’enfant qu’elle avait eu par lui, quinze ans auparavant. Lula avait nié, mais l’incident provoqué un embarras pour ses partisans dans l’Église. Le rôle de Collor a également été renforcé par des extraits de ses débats télévisés avec Lula, fortement édités en sa faveur, qui ont été diffusés sur le principal journal d’information de Globo deux jours avant le vote ». L’article le définit comme un « populiste énigmatique ». L’article se termine par une mise à jour : « en juillet 2015, la police fédérale a fait irruption dans la Casa da Dinda (ici à droite, la voiture est une Lamborghini Aventador saisie avec un policier au volant: l’engin vaut 324 000 euros sans les options, les autres sont ici une Ferrari 458 Italia et une Porsche Panamera) la maison de Collor à Brasilia, où en 1989, j’avais entrevu le premier président qui se rendait à son jogging matinal. Ils ont saisi un certain nombre de voitures de luxe.  Selon une indication émise par les procureurs fédéraux, les voitures ont été payées 26 millions de reais (environ 7 millions de dollars) reçus sous forme de pots-de-vin du plan de corruption de Petrobras. M. Collor a nié les accusations ».  J’ai déjà évoqué l’impressionnante  saisie des voitures ici-même le 10 février 2016.  On apprendra aussi qu’après être allé saisir les voitures de luxe, les policiers étaient « allés à TV Gazeta, affilié à TV Globo dans l’État, qui appartient à la famille de Collor.  Le sénateur est l’un des principaux actionnaires ». Vous avez dit manipuler les gens ???

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

Coke en stock (CCXXIX) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (55)


Coke en stock (CCXXXI) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (57)

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Le Brésil est handicapé par sa géographie, qui oblige se politiciens à se munir de jets privés s’ils veulent se faire voir partout.  Le réseau ferré est en effet inexistant et les routes sont loin d’être toutes en bon état.  Mais il l’est aussi par son agriculture qui utilise  à foison des pesticides (c’est le royaume de Monsanto (1)) et jonche le sol de pistes de décollage disséminées partout dans le pays.  Des pistes propices aux trafiquants, qui n’na aucune difficulté à recruter des pilotes d’épandage, comme on l’a vu. Tout cela sous le regard bienveillant de politiciens qui se partagent le gâteau (fourré à la coke).  Ce qui mène jusque Jaime Campos, André Puccinelli ou même José Dirceu, un homme très proche de Lula.  Avec lui, on se rapproche de plus en plus du sommet de l’Etat.

Chargé à mort

Les automobilistes descendant l’autoroute SP-421, vers Lutecia dans l’Etat de Sao Paulo n’en ont pas cru leurs yeux, ce matin-là.  Devant eux sur la voie de gauche, remontant vers la base de Marília, l’ancien fief de TAM (depuis devenu LATAM) circulait un camion remorque pour engins de chantiers portant un drôle de bidule. Un avion jaune et bleu, aux ailes démontées, qui semblait sorti hors du temps.  C’était en effet un Air Tractor d’ancienne facture, un modèle 401B à moteur radial Pratt & Whitney R-1340 construit à partir de 2001.  Un des 69 avions de ce type rustique mais efficace, construit avant qu’il ne se fasse supplanter par les modèles à turbine Pratt & Whitney Canada.  Un engin classique au possible, de bonne taille, avec ses 15 mètres d’envergure mais maniable et ne dépassant pas les 250 km/h, mais pouvant emporter plus d’une tonne et demie de produits fertilisants dans sa trémie centrale (1,510 litres en fait, ici à droite), située entre le cockpit et le moteur.  L’engin a été saisi la vieille sur la piste d’une ferme agricole, près de Paraguaçu Paulista, région où les pistes déclarées ou non se comptent à la pelle.  La piste en pente (exemple  à gauche) débouche directement au sortir d’un hangar situé en hauteur, comme on peut le voir dans le reportage TV sur la saisie de la drogue.  Etonnante disposition (mais qui se comprend, l’appareil en se posant de retour d’ensemencement étant ralenti par l’escalade de la pente, façon Peter Geiger dans les Alpes… et cela permet une piste plus courte, donc).  Le hangar est au milieu d’un champ de canne à sucre, à à peine 5 kilomètres de l’autoroute.

L’appareil a été retrouvé fin mars 2018 truffé de pains de Maconha, à savoir de marijuana sous forme de pâte.  Il y en a… 900 kilos d’entassés dans sa trémie centrale et les policiers retrouveront dans le hangar l’abritant 400 kilos de plus.  A se demander comment on a pu faire pour charger autant la mule volante.  Il y en a aussi de dissimulé dans le fuselage (tubulaire sur ce modèle) et même dans les ailes.  L’avion est immatriculé PT-WUO, c’est l’ancien N90432 vendu directement en 1999 au Brésil par Air Tractor.  Il est utilisé régulièrement par une compagnie d’aviation agricole située dans le Mato Grosso do Sul.  Une compagnie aérienne agricole… inconnue au bataillon pourtant : « selon les rapports de police, l’avion saisi est au nom d’une entreprise qui n’a pas l’autorisation de l’Agence nationale de l’aviation civile pour effectuer des travaux agricoles et que l’inspection annuelle de l’avion est également infructueuse ».  Ah, tiens.  On peut disposer d’une structure de ce type, avec piste et hangar et ne pas être officiellement déclaré, au Brésil ?

L’avion d’Albano, le corsaire de la coke

Un avion complètement démonté par les policiers, pour le vider de sa cargaison, c’est pourquoi il a pris le chemin de la route après sa découverte pour faire ainsi sur autoroute une centaine de kilomètres.  Trois hommes ont été arrêtés lors de l’arrivée de la Police … qui sont tous plutôt âgés :  il y a le pilote José Albano Martins da Neves (celui qui semble le plus vieux des trois et le plus reconnaissable car il porte sur son casque son prénom, comme on peut le voir ici à gauche sur sa page Facebook), Ronaldo Camilo dos Reis et John Franco, de Lacerda, qui lui est un pompier à la retraite et qui vit à Paraguaçu Paulista.  Albano est visible aussi ici filmé lors du raid dans le hangar, menotté sur une chaise, visiblement abattu, pendant que l’on vidait la trémie de son appareil de ses nombreuses « briques » (ici à droite).  Un groupe de vieux briscards décidés à faire un coup, il semble bien.  Pour arrondir leur retraite ?

Pas une première en réalité

D’autres avions agricoles ont tenté la même chose avant celui de nos vieux trafiquants.  Le 15 janvier 2017, ce type d’avion avait eu un prédécesseur à Querência do Norte, qui emportait encore une soixantaine, de kilos de cocaïne (383 kilos seront retrouvés lors d’une opération de police ayant suivi sa chute), cette fois, et non de la pâte de marijuana. L’avion bleu et blanc, immatriculé PT-UCQ, avait eu moins de chance : il s’était retourné à l’atterrissage. C’était encore un Embraer EMB-201A Ipanema.  Le modèle N°200569 enregistré au Brésil dès le 6 avril 2004.  Le pilote, véritable miraculé, avait réussi à s’échapper on ne sait comment. Ici le rapport du Cenipa sur la découverte de l’appareil.  Rappelons aussi ici notre épisode 13, qui avait vu l’ineffable « Papacho » Viveros Cartes, se faire attraper en Uruguay… avec 450 kilos de marijuana, à bord d’un avion agricole, fait plutôt inhabituel chez lui, un Piper PA-36 Pawnee Brave 285 (le PR-AED brésilien depuis 2012, ex N9940P) visible ici à gauche (son arrivée avait même été filmée par la police).

 

Un vol (très) rasant

On sait que certains pilotes agricoles se permettent bien des acrobaties avec leur appareil.  Le métier est dangereux on le sait et les exemples d’accidents nombreux.  Au  Brésil où ils sont fort exploités, notamment (un peu partout dans le pays en fait, c’est devenu en 2017  la deuxième flotte au monde d’avions de ce type).  On rappelle ici un de plus pendables, avec une photo fort parlante.  Le 23 février 2018, au dessus d’Assis (dans le même secteur de Sao Paulo), un pilote a en effet joué au chat et à la souris avec une voiture et même tenté de déverser dessus le contenu de sa trémie (!).  On en ignore toujours la raison. Une affaire suffisamment grave pour qu’un rapport d’incident ait été déposé au Cenipa, l’agence responsable de la Force brésilienne de la région, appelée pour enquêter sur l’événement. A voir (ici à droite) le dessus du véhicule lacéré par l’hélice de l’appareil en vol rasant, on peut se dire que c’est allé assez loin en effet comme « jeu », une action dangereuse, digne des fous volants boliviens ou paraguayens déjà décrits ici… (la vidéo des dégâts visible ici est encore plus sidérante). A gauche l’indentation provoquée sur l’hélice de l’appareil, un Embraer Ipanema EMB 202A semble-t-il. Il est vrai aussi qu’à sauter en bout de champ au dessus des lignes téléphoniques ou des arbres on les surnomme les Ninjas… quel métier de fous furieux !  Un métier dans lequel exercent pas mal de pilotes, tant les grandes exploitations sont nombreuses dans le sud du Brésil.  Au recensement de 2006, les petites propriétés de moins de 10 hectares ne représentaient plus qu’à peine 2,7% de la surface agricole.  Les grandes propriétés (de plus de mille hectares) occupant 43% de la surface totale !  Le Brésil se tournant de plus en plus vers la  monoculture du soja (pour 63,9% en surface).  Et la culture de la canne à sucre devenant préoccupante dans les Etats tels que celui de São Paulo d’où elle n’était pas native au départ.

Les politiciens leurs grandes propriété et leurs avions agricoles 

Les politiciens brésiliens sont donc aussi parfois, et c’est logique, des agriculteurs.  Ou plus exactement de grands propriétaires terriens, avec ce que l’on vient de voir, localisés plutôt dans le sud du pays et le Mato Grosso essentiellement, et ils possèdent des jet privés mais aussi aussi des avions épandeurs, comme le rappelle ici la presse nationale : « une enquête menée par le site Contas Abertas, basée sur des données publiées par le Tribunal électoral suprême (TSE), révèle que 49 politiciens en lice pour les élections de 2014 ont déclaré avoir 63 avions. Ensemble, ils représentent environ 43,5 millions de reais.  La liste comprend cinq candidats pour les élections au Mato Grosso: le député d’état Zeca Viana (PDT, ici à gauche devant un de ses tracteurs); le député d’état Nininho Bortolini (PR); l’homme d’affaires Paulo Gasparato (PSD); l’ancien maire de Juara, Oscar Bezerra (PSB); et Silvio Delmondes (PSD).  Avec un capital total de 87 millions de reais, l’adjoint Zeca Viana, l’un des principaux articulateurs de la campagne du sénateur Pedro Taques (PDT) auprès du gouvernement du Mato Grosso, se classe au 11ème rang de la liste du site.  Le parlementaire a déclaré devant le Tribunal électoral qu’il détient un quota de 50% de chacun des cinq avions qu’il possède.  Parmi les modèles, il y a des avions agricoles et un avion Ipanema. La valeur estimée de l’avion dépasse 3 millions de reals ( environ 792 000 dollars)».  Outre les treize fermes (?) lui appartenant, on retrouve facilement les cinq avions appartement à Zeca Viana, dont la fortune à bondi de 1644% en 4 ans, note également finement Keka Werneck : « entre 2010 et 2014, les actifs de Zeca Viana (PDT) sont passés de 5 millions de reals 87 millions » !  Cela représente 82 millions de reals de plus en seulement quatre ans.  Il est le candidat parlementaire le plus riche du Mato Grosso ». On lui trouve tout d’abord, en épluchant sa déclaration de campagne électorale, un Air Tractor AT-4028-1222 de 2009 valant un demi-million de dollars (579 000 dollars exactement), et en « copropriété »  à 50% des autres Air Tractor plus récents (de 2013) le T502B-2927  (ex N10028 ici sur la droite), et l’AT502B-2929 (ex N1005Z ici à gauche), plus un Embraer Ipanema modèle BEM 202 (comme celui-ci) immatriculé PT-USQ (l’engin est vendu dans les 230 000 dollars neuf), soit environ 870 000 reals). En enfin le cinquième appareil lui appartenant et qui n’a rien d’un avion agricole, c’est un Beechcraft Baron 58 (ici à droite) lui aussi détenu à 50%, le N° TH1924, l’ancien  N717VP aux USA devenu PR-JGV au Brésil (l’avion n’a pas été repeint comme on peut le constater ici à droite).

Des propriétaires politiciens qui ne respectent pas les lois

Des avions agricoles et leurs propriétaires ont été sanctionnés en 2017 pour emploi de pesticides interdits :  « Operação Deriva II, une inspection menée conjointement dans les États du Mato Grosso do Sul, Mato Grosso et Parana, a donné lieu à 8,2 millions de reals en amendes et la suspension ou l’interdiction de 48 avions.  Les actions ont eu lieu simultanément entre le 20 et le 24 novembre.  Dans  le Mato Grosso do Sul, 15 compagnies d’aviation agricole, un rassemblement central des conteneurs vides de pesticides et cinq propriétés rurales ont été inspectées dans 12 municipalités.  L’action a donné lieu à l’investissement de 3 millions de reals en amendes par l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA) et l’interdiction de 20 avions par l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC).  Les principales irrégularités par IBAMA étaient l’utilisation de produits dangereux en violation de la loi, le défaut de disposer de produits périmés, le stockage de produits de contrebande, le stockage des pesticides en contradiction avec la loi, agissant sans un permis environnemental et la présentation des rapports manquants.  Le cas le plus grave a été enregistré à Ponta Pora, où la société Agricenter Aviação Agrícola a été désignée pour 1,6 million de reals d’amendes pour utiliser des produits dangereux illégalement sur 10 000 hectares et avoir soumis des rapports falsifiés ».  Les avions en photo sont les PT-UCZ (à gauche), un Embraer EMB-201A (20057) (ré)enregistré le 21 juillet 2004 et le PT-VYB un Embraer EMB-202A (N°20001246) enregistré  le 27 novembre 2012 (à droite).  Le second appartient à la Banque du Brésil et est mis en œuvre par Alianca Aviacao Agriciola LTDA – Me de Primavera do Leste.  Le premier avait été endommagé en 2003 dans la ferme de Guanabara, dans la municipalité de Nova Olímpia – Mato Grosso).  A la suite de vibrations intempestives du moteur, le pilote avait choisi de larguer sa charge de pesticides et de faire un atterrissage d’urgence dans le champ de canne.  L’avion avait été sérieusement endommagé, mais le pilote, s’en était sorti sans une égratignures.

« L’Opération Asphalte » :  des détournements et du blanchiment d’argent, pur et simple

Les policiers brésiliens n’investissent pas que dans les avions agricoles.  Certains on aussi des avions de luxe, tel l’ancien gouverneur du Mato Grosso, Jaime Campos (DEM), qui a déclaré au TSE qu’il possédait un avion Raytheon Beechcraft Beechjet 400XP, immatriculé selon les registres officiels N512XP (et RK307 en production selon la même source), d’une valeur déclarée de 6 264 020 reals (pour 76 millions de reals de fortune personnelle.  L’avion lui a été remis clés en mains par qui vous savez.  L’avion est ici à droite avec Jaime Campos au milieu.  Il semble qu’il y ait confusion sur l’avion (cf notre épisode CLXXXIII – 18) : le RK307  est donné comme étant le N407CW, sorti en 2004, un engin qui avait été sévèrement abîmé en 2007 lorsqu’un Gulfstream lui avait déchiré le fuselage du bout de son aile.  Il se pourrait donc que l’avion de Campos soit plutôt le N513XP, RK513 (ici à gauche), qui lui date effectivement de 2007 et possède bien la décoration de l’avion vu sur les photos de Jaime Campos.  En 2017. l’avion était indiqué appartenir à Banyan 2016 LLC qui a tout du trust discret du Delaware.  Banyan est cette société de Floride qui est aussi broker.  J’y ai déjà fait allusion ici à plusieurs reprises.  En tout cas, l’appareil ayant le prix le plus élevé appartenant au candidat du gouvernement de Tocantins, Ataídes Oliveira (Pros) avec son Beechcraft-Mitsubishi PT-TRA (ici à droite, c’est l’ex N407CW) à 7,5 millions de reals (l’homme ayant déclaré un patrimoine de 28 millions de reals).

Tous ne sont pas propriétaires terriens en effet (2).  Pourtant c’est à partir d’une opération policière visant des propriétaires de fermes (Operação Fazendas de Lama) qu’une découverte majeure sur des détournements de politiciens va être faite. Dans le Mato Grosso,toujours, la pénurie de routes devant cruciale, le gouvernement de l’Etat avait décidé d’octroyer de l’argent, beaucoup d’argent, pour palier à la situation.  Pas moins de 10,375,039.80 de reals (2,7 millions de dollars US) en effet, investis par le gouvernement du Mato Grosso do Sul pour l’entretien des routes, pavées et non pavées, notamment à New Andradina, à 297 kilomètres de Campo Grande.  L’enquête sur les bienfaits réels de cette manne va se révéler explosive et montrer tout un réseau structuré pour détourner l’argent… et acheter avec l’habituelle panoplie des biens de luxe destinés à quelques happy fews seulement dont plusieurs avions privés.  L’enquête porte sur le détournement de fonds publics à hauteur de 44 millions de reals, en grande partie effectué grâce à tout un réseau d’ « oranges », comme on dit là-bas, des prête-noms, composée par des tiers de la famille ou des serviteurs des entrepreneurs de blanchiment d’argent. Selon la Police Fédérale, les valeurs détournées ont été investies principalement dans des fermes, pour un total de 67 mille hectares, dans le Mato Grosso do Sul.

Des avions « bloqués » ?

« Depuis juillet 2015, quand a été déclenchée la première phase de l’Operação Lama Asfáltica, deux avions ont été « bloqués »: un avion immatriculé  PP-CMV, modèle Piper PA-31T Cheyenne (ici à gauche) et un Phenom-100, immatriculé  PP-JJB (ici à droite), des appareils qui montraient des liens entre les hommes d’affaires et les politiciens, ainsi qu’un surnom particulier parmi les utilisateurs: « plein de charme ».  Avec l’immatriculation PT-TSM, le troisième avion a eu Flávio (Henrique Garcia Scrocchio) comme opérateur » (il est ci-dessous à gauche). « L’information est disponible sur le site internet d’Anac (Agence Nationale de l’Aviation Civile), qui informe également que la vente a été communiquée. L’aviation a été saisie à Campo Grande. Le troisième avion du groupe qui a escroqué des travaux publics est lié à Flávio Henrique Garcia Scrocchio, beau-frère de l’ancien secrétaire d’état des travaux et ancien député fédéral, Edson Giroto, pointé comme « front de fer ». L’avion, d’un montant de 2 millions de reais (528 000 dollars environ), a été saisi à l’aéroport de Santa Maria, à la sortie de Três Lagoas, à Campo Grande ». Des fermes et des biens de luxe, comme on l’a dit, notamment des avions dont un petit jet Phantom, donc.  « Le nom de l’opération est dû à la façon de disposer de l’avion.  Selon l’enquête, le groupe a utilisé des fonds publics détournés des marchés de travaux, des fraudes par appel d’offres, des pots-de-vin et des délits de blanchiment d’argent.  Dans cette troisième phase, environ 20 agents de police réunissant trois mandats d’amener et deux mandats de perquisition et la saisie des avions dans les municipalités de Campo Grande (MS), Cuiabá (MT), Rondonópolis (MT) et Tanabi (SP).  Les ordres ont été émis par la 3ème Cour Fédérale de Campo Grande ».  Un autre article faisant écho à la situation, précisant que le trio à l’origine du détournement avait tenté de revendre le Beechcraft Baron, une fois leur manège repéré :  « Edson Giroto, Flávio Schrocchio et l’entrepreneur João Amorim ont été arrêtés deux fois en juin et juillet 2016, par la police fédérale pour des liens présumés d’un complot impliquant la vente d’un aéronef dans le montant de 2 millions de reals.  Pour la PF, l’avion était en cours de négociation, un moyen pour le trio de défaire des actifs qui avaient été acquis avec les fraudes dans des appels d’offres promus par le gouvernement de l’Etat ».  Une tentative ratée qui avait en fait alerté la Police : « l’escroquerie aurait eu lieu un an après le début de l’opération Lama Asfáltica, dont la première phase avait débuté en juillet 2015.  L’argent recueilli par  la vente de l’appareil a été réparti entre les trois ». Un homme politique était concerné : « ces actes délictueux, selon les enquêteurs, ont eu lieu dans les directions d’André Puccinelli, MDB, qui a dirigé le Mato Grosso du Sud de 2007 à 2014, un autre état impliqué dans le régime frauduleux.  Dans un compte encore présumé, le système aurait détourné 2 milliards de reais des caisses de l’Etat. »   S’en était suivi une arrestation menottée plutôt remarquée, deux ans après le début de l’enquête (ici à gauche) : « le 14 novembre 2017, Puccinelli a été arrêté préventivement dans la cinquième phase de l’opération, intitulée Papiros de Lama.  L’ancien gouverneur a été cité par le FP comme le principal bénéficiaire de  pots-de-vin, ayant reçu en un an seulement 20 millions de reals ». Pour ce qui est de Zeca, le député semble lui plus intéressé par la gestion de ses terres que par l’Assemblée de son Etat :  « selon un sondage publié ces derniers jours par le site O Livre, le député d’État et qui dispose d’une base électorale à Primavera do Leste, Zeca Viana (PDT), est le plus absent des 24 députés de l’actuelle législature en référence à l’année 2017.   Selon les chiffres officiels publiés, le parlementaire n’était pas présent dans 78 des 132 sessions tenues l’année dernière, ce qui est très proche d’une absence de 60%. « 

Le cas « exemplaire » de José Dirceu, confident de Lula

C’est une dénonciation tardive, celle-là, qui révèle une fois de plus l’ampleur de la corruption rampante au Brésil :  celle d’un lobbyiste bien en cours à une époque, appelé Milton Pascowitch. Avec au cœur de l’affaire à nouveau un avion.  C’est en fait l’informateur qui a mis en route l’Opération Pixulexo, un dossier supplémentaire à l’intérieur des enquêtes de l’épais dossier Lava Jato, qui ressemble en fait à des poupées russes avec des affaires imbriquées les unes dans les autres.  Selon cet informateur, il aurait en effet fourni gracieusement un jet à l’ex ministre José Dirceu de Oliveira e Silva.  L’homme n’est pas n‘importe qui : ex-embre d’un groupe révolutionnaire armé dans les années 60 (il avait été le chef de la contestation étudiante contre le régime militaire) fondateur du Parti des travailleurs devenu son président de 1999 à 2002, très proche de Lula (ils sont ensemble ici à droite), le confident de l’ex-président a été surnommé Raspoutine, par ses détracteurs, tant son influence sur l’ex-président a été grande auprès de lui.  C’est lui l’instigateur du « mensalao », ce procédé véreux consistant à verser des pots-de-vin aux membres du Congrès pour obtenir l’approbation de certaines lois allant dans le sens du gouvernement. Ce que révèle Pascowitch, c’est que c’est lui en tout cas à qui a en effet offert une part de l’achat d’un Cessna Citation 560 XL (soit 1.071.000 de reals) avec de l’argent provenant des pots-de-vin du plan de corruption installé à Petrobrás, ceci au nom de l’entreprise-écran de Pascowitch, la société Jamp Engineering (ici le dossier de justice le précisant).  Selon le procureur qui a hérité de l’affaire, c’est un autre lobbyste de la société Jamp Engineering, Julio Camargo, qui avait tout d’abord réglé les frais des voyages effectués par l’avion avec à bord Dirceu, sans que ce dernier n’injecte de l’argent dans l’appareil, donc.  Pour dissimuler l’usage fréquent de l’avion, Dirceu et Camargo en étaient arrivés un  peu plus tard à rédiger un protocole d’accord entre eux, selon lequel Milton investissait 1,071 millions de reals dans la société appartenant à Julio Camargo, José Dirceu devenait ainsi le propriétaire déguisé et caché d’ 1/3 de la valeur de l’avion.  Selon le procureur, il s’était bien agi d’une acquisition cachée en effet et d’un pacte rédigé de corruption évidente.  Un magazine avait dénombré 113 vols à son bord, totalisant 105 000 kilomètres, l’équivalent de deux tours et demi au monde !!!

Tout un système de corruption
L’enquête avait fait remonter à la surface deux paiements douteux, effectués par JD Assessoria e Consultoria, une société de l’ancien ministre, soupçonnée d’avoir participé à Lava Jato. JD Assessoria e Consultoria, aurait été utilisé par Dirceu pour masquer la réception des pourboires provenant des détournements de fonds de Petrobras (s’inscrivant donc dans le dossier Java Lato.  Deux avions étaient cités dans l’enquête :  le fameux Citation Excel, immatriculé PT-XIB et un autre, plus petit, un  Citation Mustang numéroté PP-EVG (ici à gauche et là en photo à Canela en 2011).  C’est le premier qui avait été « acheté » par Dirceu en 2011, avant qu’il ne le revende en voyant venir les enquêteurs vers lui.  Le deuxième est détenu par la société Riomarine, et a aussi été utilisé par Mario Goes, selon le blog O Antagonista (3).  Un site qui avait retrouvé photo à l’appui (ici à droite) un autre Cessna immatriculé PR-BRS dans lequel Lula avait voyagé avec sa femme (photo ici à droite).  Pour trouver que l’avion appartenait à une société appelée « Brasif Duty Free Shop » dont le propriétaire était le même que celui du Citation 560L PT-XIB !!!  Un PT-XIB racheté depuis par Rui Thomaz de Aquino, qui a aussi été le président de TAM Táxi Aéreo.  L’avion était passé entre-temps entre les mains d’Ailanto Marketing, une société créée par Ricardo Teixeira (président de la Fédération brésilienne de foot) en connivence avec l’espagnol Sandro Rosell, l’ancien président du club de Barcelone (aujourd’hui derrière les barreaux, il a été arrêté en 2014, puis à nouveau en 2017, on revient toujours au football au Brésil !!!).  Un avion devenu sulfureux, encore une fois.  Via un pacte de corruption hispano-brésilien en quelque sorte :  dans les reproches faits à Rosell, le détournement de pas moins de 14,97 millions d’euros, destinés au départ à la Confédération du football brésilien et celui des droits de retransmission de 24 matchs de la Seleção non déclarés en Espagne par Rosell et empochés en fait par RicardoTeixeira, le président de la Fédération brésilienne de 1989 à 2012 !!!  Rosell, empêtré également dans le cas du transfert de… Neymar !!!  Dirceu n’en était pas à son premier usage de jet privé ne lui appartenant pas  : en 2006 il s’était par exemple déjà rendu en Bolivie à bord d’un jet appartenant à l’entrepreneur Eike Batista. En avril 2007, un journal de Tocantins avait rapporté qu’il Dirceu avait circulé pendant « au moins trois jours d’affilée dans la région à bord d’un avion Cessna Citation enregistré pour le compte d’une compagnie de taxi aérien à Fortaleza« .  Il avait aussi emprunté à plusieurs reprises le Cessna Citation Jet 525, immatriculé PR-EOB (ici à gauche, il a été repeint), inscrit au nom de l’entreprise Aerofar Táxi Aéreo Ltda. Selon des témoignages de la sénatrice Kátia Abreu (DEM-TO), qui avait alors demandé des éclaircissements, le voyage aurait coûté au moins 200 000 reais.  En plus de cela, Dirceu jonglait dangereusement avec les genres pour maintenir un train de vie :  même devenu ministre, il avait gardé  par exemple ses deux florissantes sociétés, un cabinet de conseil et un cabinet d’avocats, tous deux installés à Vila Mariana, à São Paulo.  L’homme vivant ostensiblement dans un certain luxe : sa maison de Vinhedo, à 76 km de São Paulo. avec 300 mètres carrés et trois chambres, quatre salles de bains, deux bureaux et piscine extérieure (ici à droite) a été évaluée à 500 000 reals. Une fois le dossier du procureur bouclé, Dirceu est donc arrêté pour corruption et blanchiment le 3 août 2015.  L’ancien ministre a d’abord été envoyé dans le complexe médico-pénal, de Pinhais, dans la région métropolitaine de Curitiba.  Le dossier de l’affaire est consultable ici.  En mai 2017, il est néanmoins libéré par la Cour suprême du Brésil. Dans l’attente du procès en appel, on lui avait alors imposé le port d’un bracelet électronique. Il est lourdement condamné en mai 2016 en première instance à 32 années de prison.  En 2018, en appel, il hérite de trente années de prison pour corruption (il avait reçu 12 ans en 2012, on le signale) pour cette fois « blanchiment d’argent, corruption passive et appartenance à une association de malfaiteurs ». Mais coup de théâtre en juin dernier, il est à nouveau libéré en ayant réussi à faire appel à la Cour suprême fédérale (STF) qui suspend sa peine jusqu’à ce que les juridictions supérieures analysent l’affaire, redonnant ainsi emport à Lula de faire de même dans les mois à venir… et en même temps laissant l’impression d’une justice brésilienne qui part totalement en quenouille, chaque décision d’un jour étant remodelée le lendemain.

Les fermes paraguayennes au Brésil et le trafic de drogue

Revenons sur terre, et à nos fermiers.  Les fermes brésiliennes fort rentables appartiennent aussi à des étrangers, dont des paraguayens.  Parmi eux, des trafiquants venus y blanchir leur argent.  C’est pourquoi la lutte contre le fléau ne peut pas se circonscrire à un seul état.  Un excellent article de deolhonosruralistas.com expose ici clairement le problème : « le nombre de cas impressionne. Un certain fermier brésilien – avec un passé établi dans l’élevage de bétail ou d’agriculture – apparaît dans les allégations de trafic de drogue. Et il a été arrêté.  Un regard porté sur les ruraux ont rassemblé quelques-uns de ces cas.  Ils montrent que les frontières entre le Brésil et le Paraguay ne sont pas un territoire fermé, où les marchandises transitent uniquement, sans structure locale. Et sans apparences de légalité. Le trafic international de drogue a son côté agraire.  Odacir Antonio Dametto, par exemple, a déjà été défini comme le «roi du soja» au Paraguay. En 2010, un envoyé d’O Globo a visité l’une de ses 19 fermes (…) et a identifié 12 000 hectares dans les mains du trafiquant. Il a été arrêté en 2004, accusé de trafic de 13 tonnes de marijuana et de blanchiment d’argent.  Il  est décédé en 2012, d’une crise cardiaque, à Pedro Juan Caballero.  Mais sa fortune a migré vers ses enfants, Renato et Rodrigo Dametto.  Au Paraguay, la famille Dametto continue à pleine vapeur. Les frères du trafiquant décédé, Ivaldo et Ivanor, possèdent plusieurs fermes dans le pays voisin.  Accusés de blanchiment d’argent au Brésil, ils maintiennent les entreprises Tupi S.A. Industria y Comercio de Granos et, dans le district de Capitán Bado, Agroganadera Tupi Guaraní SA Import Export. Les frères ont présenté en février un rapport d’impact sur l’environnement pour un projet dans le Tupi – le Cantera Tupi-Guarani – dans la colonie de Cerro Cuatia, où il existait auparavant une réserve forestière. En avril, un camion de marijuana a été trouvé à proximité, près d’une plantation de soja. Et en 2010, une zone de plantation de marijuana ». Le 9 mars 2018, c’est à dire récemment, on trouvait dans le secteur proche de  María Auxiliadora dans l’Itapúa un avion de type ancien, un Cessna Cessna 185A, immatriculé ZP-TWE (ici à gauche), chargé de bidons de combustible, prêt à emporter une charge de drogue que l’on pense être de la cocaïne.  A côté de l’appareil il y avait en effet deux jerrycans chargés de carburant d’aviation, les quatre sièges enlevés et une tuyauterie pour charger l’hydrocarbure en vol.  En octobre 2017, c’est un Beechraft Bonanza V35B (le modèle à queue « papillon » en V, ici à droite) qui avait été retrouvé abandonné sur l’aérodrome  d’Agro Altona, un avion  appartenant à Arnaldo Moreira de Macedo, alors détenu au Brésil… pour trafic de drogue.  L’homme est présenté comme le successeur du célèbre trafiquant Mendes Mezquita.  L’avion, immatriculé ZP-BLI, n’en emportait pas, mais il avait été fortement suspecté de participer à un trafic.

Au départ, un héritage falsifié

Chez Odacir Antonio Dametto (ici à droite), et sa famille, tout est en fait parti d’un papier falsifié chez un notaire, d’après l’enquête menée par le magazine Globo.  « Au Brésil, la justice de Mato Grosso do Sul a transféré à Renato et Rodrigo Dametto, dans la même année de 2012, une propriété de 32 mille hectares,  la Fazenda Aurora. Estimé, à l’époque, à 250 millions de reals.  La chaîne immobilière dans les municipalités de Bela Vista et Jardim (MS), selon l’Etat, fait référence à un testament qui aurait été rédigé dans un registre du Paraguay en 1936.  Détail: ce document fait référence à une zone « dans le Mato Grosso do Sud, « un Etat créé plus de quarante ans plus tard en 1977 (…).  Ce qui ressort de l’affaire est le fait que la décision était fondée sur un document rejeté par la justice dans des arrêts antérieurs sur le même sujet.  Cette fois, cependant, le juge Marcos de Brito Rodrigues a transféré la propriété des 32 mille hectares de la Ferme Aurora à Rodrigo Fioravante Dametto, 20 ans, et à Renato Fioravante Dametto, âgé de 22 ans.  La sentence est datée du 1er avril 2011.  Rodrigo et Renato sont les enfants d’Odacir Antônio Dametto, condamné par les juges du Mato Grosso do Sul et de Rio de Janeiro pour trafic de drogue.  Dans l’une de ces condamnations, en 2005, il a été condamné à sept ans de prison. Dametto est mort d’une crise cardiaque à San Juan Caballero, au Paraguay, le 22 mai (…) ».  On notera que la fameuse Fazenda possède une piste de terre longue de près d’1,3 km de long (située au 21 27 09S/53 21 12 W).  Soit largement au-dessus de ce qui nécessite un appareil type Air Tractor pour se poser ou décoller :

« L’intrigue a comme pièce maîtresse Ivo de Lima, un éleveur de bétail né en 1930, qui n’a pas été localisé par le rapport. Dans les diverses actions menées devant la Justice, Lima se présente comme héritier de la zone. Dans les procès, il est toujours à côté de quelqu’un qui lui a acheté le droit supposé aux 32 mille hectares. C’est le cas des frères Dametto, qui ont signé avec Lima en janvier 2011 un contrat pour lequel ils paieraient 75,7 millions de reais pour la zone d’Aurora. Le problème est que le prétendu droit de Lima est basé sur un testament considéré comme faux dans des jugements antérieurs. Dans un cas, le juge a attiré l’attention sur certaines incohérences. La première est que le testament, rédigé dans un bureau d’enregistrement paraguayen en 1936, parlait dans une région du Mato Grosso do Sul, État créé seulement en 1977. La seconde est que Lima est née 15 ans après la mort de son père, qui serait le premier propriétaire de la terre. En 1995, le ministère public a également souligné l’incohérence des dates. Le document a noté que « curieusement, le légataire de la région est le fils de l’auteur de l’héritage, qui est mort 15 ans avant la naissance de l’enfant. » Derrière le conflit se dissimule aussi un autre propriétaire, l’homme d’affaires Jamil Name Filho, dont les terres jouxtent celles de la famille des trafiquants.  L’objet de la lutte entre lui est la famille Dametto porte sur une propriété particulière, la Fazenda Figueira, qui s’étend sur 9 500 hectares, et qui, surprise a aussi appartenu un temps au célèbre révérend Moon (le voilà qui resurgit au Paraguay !!!).   En photo à droite la liste de Moon de la Fazenda Nova Esperança, à Jardim, dans le Mato Grosso do Sul (à gauche la même fazenda vue d’avion)  Rappelons au passage que le révérend, en 1986, après avoir produit le film documentaire anti-communiste « Nicaragua Was Our Home » (sur les indiens Mosquitos) avait aidé à financer un coup d’État militaire bolivien ayant des liens avec des cartels de la cocaïne pour renverser le gouvernement démocratiquement élu (lire pour cela « Cocaine Politics: Drugs, Armies, and the CIA in Central America » de Peter Dale Scott, et Jonathan Marshall).  Moon avait soutenu Nixon durant le Watergate et après la famille Bush, rappelons-le aussi.  Des terres valant une fortune, évaluées en effet à 8 000 euros par hectare, soit 76 millions de reals (soit 20 millions de dollars !).  A noter que le même Jamil Name Flho a aussi été en conflit avec un…. footballeur, en 2008, le milieu de terrain de Flamengo et de l’équipe nationale brésilienne, Diego (ici à gauche),  pour une transaction portant sur 1600 têtes de bétail, d’une valeur de 10 millions de reals.  Le footballeur avait perdu en justice devant le propriétaire terrien.

Pour ce qui est de la dernière coupe du monde de football (je vous ai dit plus haut que c’est inévitable au Brésil), les trafiquants l’ont fêté à leur manière le 9 juin 2018, en envoyant au Mato Grosso un Cessna immatriculé PT-IDV,- un 182P N°18261218 enregistré le 24 avril 2012 au Brésil, aperçu ici en octobre 2012 sur l’aéroport de Goiânia, fief narco comme on le sait, et  venu de Bolivie avec dedans 300 kilos de cocaïne, chaque paquet étant orné du logo de la coupe se jouant en Russie (voir ici les trois clichés de la découverte, dont celui à droite montrant une des « briques » de coke au logo de la Coupe 2018, une saisie faite au moment même où je rédige ces lignes) !!!

(1) « les Brésiliens consomment 7,5 litres de pesticides par an et par habitant » !

 

(2) pour la campagne de 2018, un site s’est fait le relais de l’info comme quoi l’ancien ministre Walfrido dos Mares Guia aurait acheté un Cessna 560 Citation XLS + à « environ 10 millions de dollars ». « Ses émissaires sont allés secrètement en Floride pour négocier l’avion, qui est le même modèle qui a eu pour victime Eduardo Campos. L’ancien Cessna 525, immatriculé PR-BIR (ici à droite), souvent utilisé par l’ancien président du PT pour ses déplacements à travers le pays, serait vendu à Construtora Barbosa Mello – qui nie tout intérêt dans l’avion ». Walfrido dos Mares Guia est en réalité passé par une belle porte judiciaire : accusé en novembre 2007 d’avoir participé à l’épisode connu sous le nom de « mensalão mineiro », en fait une collecte d’argent irrégulière pour la campagne du gouvernement de d’Eduardo Azeredo du Minas Geiras. Il avait alors dû démissionner de son poste pour être remplacé par le député fédéral José Múcio Monteiro, du PTB de Pernambuco.  Mais il a fini par bénéficier de la prescription en raison de son âge, 70 ans en 2012… son jet personnel PR-BIR, avait été on le rappelle abondamment utilisé par Lula lors de ses déplacements.

(3) le site a soulevé depuis un autre lièvre :  « Le MPE d’Amazonas enquête sur un contrat de plus de 5,6 millions de reals signé par le gouverneur Amazonino Mendes avec la société Giuliani Security & Safety, rapporte Folha. La société est détenue par Rudy Giuliani, un ancien maire de New York, connu pour sa politique de «tolérance zéro» sur le crime pendant son mandat dans la ville et aujourd’hui membre de l’équipe des avocats de Donald Trump. Le ministère public veut connaître les raisons de la renonciation à soumissionner dans le contrat, qui prévoit la fourniture de «services consultatifs et des conseils pour réprimer la criminalité» dans l’Etat ». Quand il y a de l’argent à prendre, les sbires de Trump répondent toujours à l’appel !  Guiliani, le roi de la sécurité….

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

Coke en stock (CCXXX) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (56)

Coke en stock (CCXXXII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (58)

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Retour au Paraguay 

Le monde de la Banque, pas beaucoup mieux que celui des trafiquants.

Les frères Roberto et José Carlos Acevedo 

Une mise en scène des saisies ?

 

A-ton assisté en 2015 à une mise en scène des avions saisis au Paraguay et regroupés à Asuncion sous un hangar particulier ?  Oui, très certainement. Le but politique étant de montrer qu’on s’occupait du problème… en apparence, en le laissant se poursuivre en fond.

 

Un avion particulier va bien servir aux politiciens, comme on va le voir un peu plus loin. Les appareils montrés à Asuncion sous un hangar sont bien une des clés du problème, en tout cas, comme l’affirmait déjà l’épisode précédent.  Revenons à ce fameux hangar ouvert, construit dans les premiers mois de 2012, situé pas loin des hangars de Latourrette & Parini, de ceux du PAS ou de l’immeuble contre lequel a été adossé le Hawker 700  (tous déjà vu ici, je n’y reviens pas), un autre avion saisi comme on la vu.  Voilà pour le  décor :

 

Le hangar, Google Earth nous le prouve (cf ci-dessous), a été construit entre janvier 2012 (première image ici à gauche) et août 2012 (deuxième cliché ici à droite) sur un emplacement où étaient stockés trois vieux C-47B Skytrain (DC-3) militaires paraguayens scrappés à cette époque (un DC-3 demeure préservé sur la base de Nu Gauzu de Campo Grande). En octobre 2014, on peut voir sur l’extérieur vers l’ouverture située à l’ouest, ce qui semble être un grand Cessna 208 (troisième image sur la droite au premier rang.  Peut-être bien le ZP-BZP aperçu ici chez Laourrette en 2015 et ici le 23 juillet 2016 au Florianópolis Hercílio Luz, au Brésil.

Ce n’est qu’en 2015 que le hangar ouvert à tous les vents a servi à montrer les avions saisis qui ont réunis sont sous son toit lors de leur exposition médiatique, comme on a pu le voir plusieurs fois ici.  Dès 2016 ces appareils sont déplacés à l’extérieur côté nord, cinq sortis également ou ramenés sur place étant alignés au sud.  Parmi ceux-ci, celui que l’on distingue le mieux demeure un appareil à l’avant et aux ailes bleu-violet, mais qui ne correspond par pour autant au fameux CP-2657 (ici à droite) qui avait les ailes blanches.  Un avion jaune à aile basse haubanée semble bien être un avion agricole, deux avions à aile basse monomoteurs l’entourent, type Beechcraft 36 ou Embraer Corisco.  Un seul bimoteur est visible au sud, de type indéterminé.  On rappelle que ce n’est qu’en 2017 que l’on arrêtera les fonctionnaires de la Dinac qui falsifiaient les appareils et les maquillaient avec comme tête de file Jesus Rios, un ancien colonel.  Les avions étaient modifiés dans le Hangar N°10 d’Asuncion par le mécanicien en chef  Rubén León Téllez, employé par la Dinac.  Il possédait sa propre entreprise appelée « Airparservice » société qui affichait encore en 2014 un Cessna 401 bimoteur dans sa page Facebook, le montrant à l’extérieur notamment le 25 mars 2015 (cf ci-dessous). Un appareil qui questionne, lui aussi, car en 2010 encore il affichait les couleurs de la « Navale » paraguayenne (ici à droite, portant le N°146), qui existe en effet bel et bien.  Sur le premier cliché en haut, l’appareil est présenté sur le côté du hangar d’Aeromecanica, à Asuncion toujours.  Un hangar dont nous reparlerons très bientôt ici-même.

La découverte d’un appareil appartenant aux militaires et passé dans le domaine civil interpelle en effet. A-t-il été vendu et comment ?  Est-ce dans une procédure comme celle de la vente des domaines en France ?  On l’ignore.  Cela questionne en effet, comme son usage tel ci-dessus « quelque part dans un endroit au Paraguay » comme le précise son nouveau pilote en commentaire de la photo (ci-desssus), l’appareil posé sur une piste en herbe inconnue.  L’appareil étant désormais immatriculé ZP-BFX aperçu ici à Formosa le 31 décembre 2015.  Et c’est en Argentine (et ici au Florianópolis Hercílio Luz au Brésil )!

L’examen du Facebook lié à l’entreprise montre d’autres clichés de l’appareil ainsi que celui du ZP-TAX, mais aussi d’un hélicoptère Robinson dont l’immatriculation a été mise hors-champ de vue (à nous de deviner pourquoi), le Cessna cité, montrant lui un DOUBLE venturi, sur son flanc droit !!!  Ironie, le fameux ZP-TAX est un ancien Cessna des forces armées du pays, le modèle D-3140 (un Cessna 175 comme celui-ci) !!!

Que faire de tous ces avions saisis ?

Evidemment, le gouvernement  paraguayen se retrouve fort tenté de remettre en service pour son propre usage ces appareils, dont bien sur les moins anciens ou ceux en meilleur état.  Ça se distingue assez rapidement sur Google Earth, où le stock d’avions accumulés début 2015 (voir ci-dessous) a fondu depuis. Un bimoteur de taille moyenne est toujours là : d’après la forme de son aile et ses fuseaux moteurs étroits, on peut parier sur un vieux Jetstream, bien répandu aussi dans le pays (on a déjà déjà écrit ici lequel était-ce).  On peut s’attendre à ce qu’ils atterrissent dans les casernes mais ce n’est toujours pas le cas.  Tous les Cessna employés même par la SENAD sont des avions anciens, comme ceux de la « Naval ».  Sauf quelques appareils, dont certains effectivement empruntés aux trafiquants… ce qui va provoquer en 2015 une étrange situation, deux d’entre réclamant leur appareil au juge Miguel Tadeo Fernández, au prétexte d’une saisie juridiquement contestable (les avions auraient été saisis en dehors de l’enquête elle-même).  Parmi eux, Adilson Gibellato, propriétaire aussi du petit Cessna 152 N7338L, et du modèle 150 N11175 en plus d’être le propriétaire du ZP-BHF, avait carrément demandé au juge de l’époque, Miguel Tadeo Fernández, de rendre son avion saisi.  Le procureur Marcello Pecci faisant immédiatement appel de la décision du juge, provoquant un imbroglio juridique qui va se compliquer car son oiseau rouge et blanc (un Cessna 210L) avait été versé entre-temps à la  Brigada Aérea – Grupo Aéreo de Transporte Especial du pays.  Or le 20 janvier 2017, l’avion s’écrase près de l’aéroport Silvio Pettirossi, après une défaillance électrique, avec à bord Hugo Marcial Sánchez, instructeur et un cadet Orlando Zárate Solís : il était devenu semble-t-il le 0235 de la flotte de l’armée !!!  En mai, les ZP-BHF, requis par Adilson Gibellato et le ZP-BCQ demandé par Vicente Cano Espinola sont examinés à nouveau par la juge María Griselda Caballero, qui recommande de libérer les appareils.  Ce qui donne des idées à trois autres :  le 12 juillet 2016, est déclarée recevable la plainte de 5 détenteurs d’appareils saisis : ceux de Fidel Silva Caceres, de Pablino Candia, de Sixto Benitez, de Javier Romero et de Patricio Rodolfo Ibarra, phénomène auquel s’oppose à nouveau le procureur Pecci. Impossible en tout cas de rendre le ZP-BHF… détruit (à droite son examen par les militaires paraguayens, sous son ancienne livrée lors du « show de 2015 », à Asuncion même)!

Manipulation politique des avions saisis

Au Paraguay, je vous l’ai décrit et démontré, une bonne partie de la classe politique, notamment celle gravitant autour du parti Colorado, parti présidentiel on le rappelle, est noyée jusqu’au cou dans le trafic de drogue. Le meilleur exemple qui soit, c’est encore une fois une image qui nous le démontre.  Celle de la visite électorale d’un député (et futur sénateur qui va même devenir le président de l’assemblée sénatoriale !) venu visiter le centre de la Senad, qui s’occupe de la lutte contre la drogue dans le pays.  La scène se passe le 25 mars de 2015, elle a été ainsi décrite : « une Commission pour la prévention du trafic des drogues et les crimes connexes présidé par le sénateur Roberto Acevedo accompagné des membres sénateurs Fernando Silva, Arnaldo Giuzzio, Enrique Bacchetta et Julio Quiñonez, fait la connaissance de la presse et à travers vous à l’opinion publique généralement membres de la Commission sur la prévention et la lutte contre le trafic des drogues et des infractions connexes de la Chambre des sénateurs ont assisté à la réunion pour présenter le projet de gestion des biens saisis et confisqués pour l’Amérique latine (BIDAL), réalisée Le 25 mars 2015, à 10h00, dans la salle de l’Auditorium du Secrétariat national antidrogue SENAD (…). Dans ce contexte, ils ont l’occasion de visiter les installations de la Force aérienne, où sont déposés les aéronefs saisis par le SENAD, et il a été constaté que 36 avions s’y trouvaient avec différentes plaques d’immatriculation (Paraguay, Argentine, du Brésil et de la Bolivie) dont certains déposés il y a plus de 20 ans, la plupart sont détériorées et inutilisables ».  Et quel avion montre-t-on ce jour-là bardé de collants servant de scellés ? célèbre CP-2657, si reconnaissable, bien sûr !  Une avion (Cessna 210) on le rappelle, qui avait atterri à Pedro Juan Caballero, dans un ranch de bétail, situé sur les rives de la Aguaray Guazú River et à environ 20 kilomètres à l’est de la «jonction de Lima» de la route III.  Sur un terrain appartenant au général (SR) Carlos Egisto Maggi, qui avait nié toute implication… bien sûr.  C’était le père de père de Carlos Manuel Maggi, membre du mouvement « Honor Colorado » soutenant la présidence Cartes !!!  Dans l’avion on avait trouvé 11 sacs chargés de plusieurs « pains » de cocaïne, totalisant 311 kilos.  Le député et futur sénateur était-il le plus capable de diriger une telle commission ?  Son frère et lui vont nous démontrer le contraire en fait…

Les deux terreurs de l’Amambay

Car Roberto Acevedo et son frère José Carlos; maire de Pedro Juan Caballero, tous deux opposants à Cartes, il faut le préciser, avaient déjà derrière eux de belles casseroles. Leur début de carrière remonte à leur association avec Fahd Jamil Georges lorsque le « turc » dominait la frontière dans un triple trafic d’armes, de cigarettes et de cocaïne.  Les deux frères n’ont jamais voulu révéler d’où leur venait leur immense fortune… pas plus que leurs comptes en Suisse.  Aux trois trafics déjà cités, ils en avaient ajouté un quatrième :  ils ont en effet été accusés par leur collègue Colorado, Héctor González de monopoliser la vente de carburant à la frontière.  Ils en possédaient en effet six, de stations services, gérées avec l’accord du trafiquant Fahd Jamil Georges.  Extérieurement, ça n’empêchait pas Roberto de se faire le chantre de la lutte antidrogue, comme on vient de le voir. Tenté par la politique, il  a été en effet élu tôt gouverneur de l’Amambay en 2004, son frère devint le maire de Pedro Juan Caballero, comme on l’a dit.  Une ascension politique qui fait bien des jaloux.  Le 27 avril 2010, le pick-up électoral de Roberto est assailli par deux hommes à moto, qui tirent une quarantaine de balles sur lui. Il s’en sort légèrement blessé, un vrai miracle. Bien entendu, il incrimine aussitôt les trafiquants, et notamment Jorge Rafaat (Toumani ), passé depuis à la sulfateuse gros calibre comme on l’a vu ici-même, profitant de l’événement pour renforcer sa stature de candidat antidrogue.  Coïncidence ou pas, le meurtre de Toumani en pleine rue avait eu lieu le jour même de l’investiture du sénateur libéral à la tête du Congrès national.  En réalité, les deux frères jouent un double jeu depuis toujours.  On commence à s’en apercevoir le jour où ils foncent dans un commissariat pour exiger la libération d’un individu, forts de leurs mandats politiques, à grands coups de menaces et d’injures.  Or l’homme qui venait d’être arrêté en ce mois de juillet 2013 était un trafiquant notoire. La scène ahurissante avait été filmée. Leur attitude méprisante et menaçante vis à vis des forces de police, ce soir-là, les avait trahis en réalité.  En 2016, Roberto revient sur son attentat de 2010 et déclare que« Au début, je pensais que ce c’était lui, mais ensuite j’ai eu des informations plus précises qu’il ne l’était pas, il ne m’a jamais menacé », avait-il dit.  En 2014, le gardien de sa propriété, Atanacio Echeverría, est arrêté avec un cinquantaine de kilos de marijuana à bord de sa voiture.  Il raconte que ce n’était que de son chef cette décision : Roberto peut passer un grand « ouf » de soulagement.  Le 23 août 2017, Roberto refait des siennes en invectivant cette fois une contrôleuse fiscale débarquée chez lui. La scène se passe dans un local rempli de cartons d’appareils électroniques (bien visibles) comme ceux provenant de la contrebande… dans lequel il se montre une nouvelle fois odieux.  Et effectivement, c’était bien de la contrebande, selon les services fiscaux.  On retrouvera un peu plus loin un camion de sa compagnie, qui avait plus d’une tonne de sucre brésilien supposé de contrebande, le conducteur du véhicule arrêté n’ayant pas présenté ses documents. La presse ajoute discrètement « qu’il convient de noter qu’en 2010 dans les locaux commerciaux susmentionnés ont été distribués de la nourriture pour ceux qui auraient voté pour José Carlos Acevedo, au moment où il a été nommé maire ».

Les méthodes d’Acevedo pour museler la presse

Contrebande et clientélisme, ils auront tout osé et tout fait, les deux frères, en ne cessant d’accuser les autres de trafic.  Dès le lendemain de l’altercation, dans une conférence de presse il clame que  « j’ai été vraiment impoli, mais je ne suis pas désolé (…) Je leur ai dit qu’ils étaient des bandits, ce sont des fripouilles, et ils le sont », a déclaré le législateur.  Il a défendu les commerçants pedrojuaninos et a souligné que le commerce est la principale source de travail dans cette ville, et si ce n’est pas l’option, l’autre est le trafic de drogue, alors il ne pensait pas que c’était une procédure appropriée pour une locale commercial (…).  Il a critiqué le fait qu’ils n’agissent pas de la même manière pour arrêter la contrebande de cigarettes et de viande, qui, selon lui, entraîne des pertes importantes pour les commerçants paraguayens.  Il a accusé directement le président, Horacio Cartes, d’être l’un des principaux passeurs et les trafiquants de drogue qui opèrent depuis longtemps dans la région et connaître la réalité du peuple de Pedro Juan Caballero ».  Pas un mot bien entendu sur le fait que les produits étaient de contrebande !  Et l’article de conclure… « il a nié connaître le propriétaire des locaux commerciaux: «J’étais à proximité de cet endroit (…) et je me suis dit qu’on perquisitionnait  son domicile et je suis allé voir car cela m’a inquiété »»…  Cet homme n’a décidément pas peur du grotesque… Avecedo et son frère s’en sont pris à un journaliste d’ABC, Cándido Figueredo, selon Hoy, « qu’il a taxé de « narcoperiodista » et menacé de « l’envoyer en enfer » s’il continuait à publier contre lui.  « J’ai 18 ans sur ABC, dont 17 ans avec une garde de police permanente ici Pedro Juan Caballero.  Ici, nous recevons toutes sortes de menaces, mais nous savons que c’est le prix payé pour mettre en lumière des choses cachées « , a déclaré Figueredo. Le journaliste, qui a été menacé de mort par les recherches menées sur le trafic de drogue à la frontière et reliant le libéral Robert Acevedo à ce crime, a déclaré que le législateur a utilisé sa radio pour le dénigrer, le qualifiant de « putain et cocu »;  Puis il a menacé: « Je vais vous envoyer en enfer si vous continuez à publier », selon lui.  Il a déclaré qu’à Pedro Juan Caballero règne « la loi de mbarete, le silence, le trafic de drogue, la contrefaçon et toutes sortes d’irrégularités ».  Il a ajouté que ces crimes étaient toujours protégés par des pouvoirs factuels et que les criminels avaient l’habitude de traiter leurs propres codes ».  A noter que Candido Figueredo Ruiz a été récompensé par le Prix international de la liberté de la presse du CPJ 2015 par le Comité pour la protection des journalistes « pour avoir continué à faire des reportages sur la criminalité même après avoir reçu des menaces »…

Même chose dans la concurrence (ou l’opposition)

Chez l’ineffable Ruben Sanchez, le « chic haro » brésilien « héros » de deux épisodes ici, ce n’est guère plus encourageant.  Le 1er novembre 2017, les paraguayens découvrent deux têtes dans leurs infos matinales.  Celles de deux employés de la mairie de Capitan Bado, dont le maire n’est autre que Denilso Sanchez (du parti Colorado), le frère de Ruben Sanchez, l’air fatigué et plutôt dépités. Ce sont Pablo Cesar Isasi, un proche du maire, et Marcos Javier Galarza Saavedra, son secrétaire. Ils viennent d’être arrêtés la veille au Brésil, avec 950 kilos de marijuana (près d’une tonne !), dans la ville de Coronel Sapucaia (MS), a 400 km de Campo Grande, dans l’état de Goiânia.  Outre dix sacs de marijuana dans leur véhicule, la Police a retrouvé une grande partie des stupéfiants dans la maison qu’ils louaient tous deux.  « La drogue devait être distribuée pour approvisionner Goiânia et la région métropolitaine », selon Campo Grande News, qui ajoute que « les deux fonctionnaires seraient liés à trois trafiquants supposés de narcotiques de la frontière, les plus connus étant Felipe Barón Escurra et Gilberto Suárez Valiente. Le même site brésilien a rapporté que les services de renseignement de la police nationale brésilienne avaient découvert qu’ils étaient en contact avec un trafiquant de drogue connu de Bado, Celso Maldonado Duarte, alias « Maracanã », à qui appartiendrait la cargaison saisie à Goiânia ».  En 2016; on avait pu admirer cette scène comme seul le Paraguay peut l’offrir : celle d’un Denilso triomphant juché sur le Beechcraft qui l’avait ramené… de prison pour prendre les rênes de la mairie :  le  « Chicharõcito » Sanchez avait été auparavant emprisonné au pénitencier national de Tacumbú, du 5 janvier au 7 juillet, puis placé ensuite en résidence surveillée jusqu’au 27 juillet pour blanchiment d’argent présumé avec ses frères Carlos Ruben, alias « pois » (autre adjoint ANR) et Ardonio (avocat), via la société Norte Porá S.A. : il avait fait campagne électorale alors qu’il était… fugitif !!!  Plus de 4 000 personnes avaient célébré son retour !  Surréaliste !!!  Il est vrai, remarquez, que sa ville a aussi comme surnom le « narcopueblo »…

L’argent placé en Argentine par les frangins

Tout cet argent accumulé dans les trafics divers devait bien dormir quelque part.  La dénonciation des frères Acevedo, elle est venue d’ailleurs. Eux qui avaient passé leur temps à dénoncer l’argent sale de la drogue se font rattraper en juin 2016 par les déclarations d’un banquier… argentin.  Hernán Arbizú (ici à droite), ancien vice-président de la banque latino-américaine de JP Morgan qui, aussitôt arrêté, a annoncé avoir effectivement géré des millions de dollars de fortunes comme évasion fiscale et lavage d’argent sale. Dès 2008, il avait déjà mentionné le nom des frères Acevedo: Robert (sénateur) et José Carlos (intendente).  L’homme en avait à dire, car avant d’être à la tête de North American Bank, il avait » aussi été employé de l’USB Bank en Suisse.  L’homme aurait eu en sa possession un portefeuille énorme de plus de 500 millions de dollars et s’échinait toujours au moment de son arrestation pour recueillir 150 millions de dollars de plus.  Il avait en fait déjà témoigné dès 2008, expliquant ses manières de faire ayant impliqué les frères Acevedo, comme le raconte ici Ultima Hora:  « Dans les années du corralito, quand Arbizú travaillait chez UBS, il offrait un « chèque d’épargne » « chaqueño) à qui voulait obtenir plus argent de l’étranger en offrant un intérêt supérieur à celui promis par la banque.  Cette différence a généré un équilibre hypothétique en faveur de ce qui, bien sûr, n’était pas réel.  Les Chaqueños ayant voulu retirer leur argent, Arbizú avait pris l’argent manquant sur le compte de certains clients paraguayens, dont celui d’Acevedo Quevedo », avait écrit Lanata le 22 juin 2008. « Pendant deux ans, Arbizu a prié pour que les Paraguayens ne demandent pas leur argent, mais c’est finalement arrivé.  Il a ensuite voyagé au Paraguay et de là il a fait un virement de 2 800 000 de dollars du compte de Garber qui, quelque temps plus tard, a remarqué qu’il y avait un manque d’argent dans son compte. Arbizú était alors considéré comme un contributeur sérieux au monde de la finance » .  Grâce au banquier argentin, on avait appris que les Acevedo qui avaient lavé leur argent sale avaient en fait failli le perdre bêtement, avec un schéma de Ponzi classique ou de cavalcade bancaire simple en ce cas.  Pris à leur propre gourmandise en quelque sorte :  « Le 1er août de cette même année, notre journal a publié que l’argent d’Acevedo avait été restitué par Arbizú dans un compte BBVA d’Asunción. Le journal « Tiempo Argentino » est allé plus loin.  Ils ont publié 117 courriels du téléphone portable Arbizú qui a montré les liens entre lui et les frères Robert et José Carlos Acevedo.  Le 18 mai 2013, Hernán Arbizú a accordé une interview à El Mensajero Diario de Argentina.  Il a développé plus sur les frères Acevedo. « J’ai eu des clients paraguayens très compliqués, j’ai dû faire un transfert de comptes, j’ai dit à la banque et la banque voulait me dénoncer pour fraude et j’ai dit à la banque » s’ils vont me dénoncer pour fraude, accusez-moi en Argentine, pas en Aux États-Unis, je vous offre, en retour, la confidentialité. «  « Ils m’ont dit non, avec l’arrogance habituelle, nous allons vous faire du tort. Alors je leur ai dit de me dénoncer, je suis allé au tribunal et j’ai dit: « J’ai fait cette fraude mais c’est le travail que j’ai fait ». Ce que je faisais était de conseiller les principaux groupes économiques et les gens du pays, d’échapper aux taxes et de blanchir de l’argent et aussi ce jour-là, j’ai fait la plainte des AFJP. En ce qui concerne la fraude, Torres s’est déclaré incompétent parce qu’il a dit que c’était la responsabilité du Paraguay – où j’ai fait le transfert – ou des États-Unis (…) Arbizú a étendu plus loin son entrevue. « En fait la banque (la JP Morgan) aurait dû dire voici les 3 millions de dollars que j’ai transférés illégalement, le voici dans le compte. Il ne l’a jamais fait alors qu’ils savent où l’argent est allé, pour le compte des Paraguayens ».  Au final, il n’héritera que de deux années de prison. Grâce à sa bonne collaboration avec la justice US.

Magouilles bancaires et destruction de documents

L’homme ira plus loin encore, et même beaucoup plus loin, en affirmant que le terrible incendie qui avait ravagé en février 2014 le dépôt et brûlé les archives bancaires de la société Iron Mountain situé à Azara en Argentine avait été… intentionnel.  En 2015, la justice argentine a déterminé qu’il y avait un plan d’incinération de l’intégralité du gisement et de promotion de la disparition des documents sensibles de 600 entreprises de premier plan.  « Parmi les documents manquants, il y avait des noms et des documents celui ministre du Développement économique, Francisco Adolfo Cabrera, ancien directeur du groupe La Nación et Banco HSBC, la banque a perdu dans le feu plus de 25 mille boîtes portant l’étiquette « lavage d’argent ».  Un grand nombre de ces documents, ainsi que d’autres preuves, font l’objet d’une enquête de la part de l’Unité d’information financière (CRF). Outre le ministre du développement,  un autre cadre supérieur lié à Iron Mountain, Carlos Pirovano, sous-secrétaire d’investissement chez HSBC, profitait alors de la direction de Mauricio Macri avec des exemptions de ficales pour 5 millions de pesos en recettes brutes ABL, en plus de gagner un million de pesos dans un autre appel d’offres de la politique directe ».  Un autre des gestionnaires est Gustavo Alvarez, directeur de Grupo Clarin, qui a travaillé chez Ernst & Young, la multinationale qui sous les swissleaks est soupçonné d’opérations d’intermédiation et d’évasion fiscale dans les paradis de blanchiment d’argent. Presunto ». Lors du terrible incendie d’Azara, 9 pompiers argentins étaient morts, le dernier ayant agonisé pendant 11 jours de ses brûlures. On découvrira aussi plus tard que la société de stockage de données responsable des 9 morts et 7 blessés graves, avait connu des antécédents d’incendie dans ses entrepôts à Londres, Ottawa, Italie et deux aux États-Unis… il est vrai aussi qu’elle était responsable par contrat de leur destruction, remarquez…

 

(1) L’ancien juge de Pedro Juan Caballero, Adalberto Fox, qui a poursuivi il y a des années Juan Viveros Cartes « alias Papocho », le pilote banco le plus connu), Adilson Rosatti et Hugo García Corredor, le numéro deux du cartel colombien, ainsi que Fahd Yamil (nommé responsable ici du meurtre du journaliste Santiago Leguizamón), demeure persuadé que ça peut changer, au Paraguay, à condition qu’il y ait une volonté politique d’en finir avec le trafic (il me semble désespérément bien trop optimiste !), ce que visiblement le président récemment élu issu du parti le plus impliqué dans ce même trafic ne fera pas.  Voici un de ces textes fondamentaux sur la question (le meilleur, de loin pour résumer ce qui se passe là-bas):

« UNE NARCOPOLITIQUE AU PARAGUAY » par Adalberto Fox

Trente (30) années, nous alertent au Paraguay où il y a une narcopolitique, des truands de drogue, de puissants généraux, des « familles de la mafia » et sur les graves dangers et les obstacles qu’il faut pour construire une véritable démocratie au Paraguay, pour l’état de droit et le développement longtemps attendu et retardé avec la justice sociale du pays.  La Narcopolitique est l’introduction, la participation et l’influence des trafiquants de drogue puissants dans la politique, les pouvoirs et les organes de l’État, le gouvernement et ses ministères et les forces armées et la police.

Pour connaître la dangerosité de la narcopolitique pour le système républicain et démocratique du Paraguay, certaines des opérations suivantes de la narcopolitique au Paraguay doivent être rappelées:
1- Le récent complot criminel et mafieux d’assassiner du journaliste Diario ABC, Pablo Medina, commises par des « autorités politiques et des agents du gouvernement » pour avoir dénoncé les opérations de trafic de drogue journaliste politiciens et fonctionnaires connus.
2- Les anciennes et actuelles opérations impunies du puissant de Cartel Pedro Juan Caballero liées aux autorités d’Asunción.
3- Les opérations connues de la célèbre piste d’atterrissage Hernandarias depuis 30 ans dans le trafic de drogue et la contrebande, avec l’autorisation et la complicité des autorités supérieures de Asunción, qui a enrichi « la famille de Rodriguez Barreto et les autres. »
4- Les nouvelles opérations régionales impunies de mafias dans les départements de Canindeyú, San Pedro, Concepcion et d’autres secteurs connexes de l’État et le gouvernement, non jugulées  et actuellement en cours.
5- La production de 16 mille hectares de marijuana annuelle (deux récoltes semestrielles de 8000 ha.), De 4000 kilos par hectare, soit 64 millions de kilos annuels (selon les sources officielles), à 20 dollars le kilo, sont 1,3 milliard de dollars annuels. Les organes de l’État ne confisquent pas plus de 4% de cette grande production de 64 millions de kilos de marijuana par an. C’est ce qu’on appelle une narco-polítique.
6- Pour le trafic de transit au Paraguay, il est de 20 mille kilos de cocaïne par mois (selon les sources officielles) soit 240 000 kilos annuels, à 10 mille dollars par moyenne de kilo, soit 2 400 millions de dollars au total. Les organes de l’État ne saisissent pas 2% de cette grande quantité de 240 000 kilos de cocaïne par an. C’est ce qu’on appelle une narco-polítique.
7- En résumé, la marijuana produit 1 300 millions de dollars et la cocaïne produit 2 400 millions de dollars, soit 3 700 millions de dollars par an pour le trafic de drogue. Cela représente en 10 ans, 37 000 millions de dollars de pouvoir pour le trafic de drogue.  Avec cette grande somme d’argent, vous pouvez acheter dix élections générales, dix gouvernements, cent ranchs de bétail, tous les bâtiments à Asunción et presque toutes les banques du Paraguay. C’est ce qu’on appelle le pouvoir de la narco-politique.
8- La conspiration criminelle et l’assassinat du journaliste impunité Santiago Leguizamón, faite par les chefs connus mafiosi d’Amambay et les narcos militaires.
9- Le complot criminel et assassiner en toute impunité le ministre et cénéral de la  SENAD, Ramon Rodriguez Rosa, agacé parce que la mafia voulait le dépouiller de ses documents révélant dans sa serviette les noms des opérateurs de drogue les plus puissants et les trafiquants du Paraguay.
10- les accusations de trafic de drogue, de la cocaïne, faites dans la décennie des années 90 à nos jours comme de « fausses livraisons Vigilas » (contrôlées) sans intervention des juges et des procureurs conformément à la loi.
11- Les 300 à 400 avions clandestins qui opèrent dans le trafic de drogue et la contrebande, à la connaissance des autorités.
12- La disposition des organes de l’Etat à ne pas posséder de radars, pour favoriser le trafic de drogue.
13- Le manque de contrôle et la facilité accordée par les organismes d’État pour le blanchiment de milliards de dollars provenant du trafic de drogue.
14 – Le manque absolu de contrôle par l’Etat des contributions de millionnaires aux partis politiques et des candidatures nationales et régionales faites avec de l’argent de la drogue et d’autres drogues illicites.
15- Pour la sociologie du crime et de la science politique, toutes ces relations d’influence et de crime s’appellent de la narco-politique.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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Coke en stock (CCXXXI) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (57)

Coke en stock (CCXXXIII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (59)

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Au départ, on a un avion… d’allure assez anodine, ou bien ordinaire, à vrai dire. Un Cessna immatriculé LV-GKL et montré dans son un hangar du petit aérodrome de l’Aeroclub Chaco -ici à gauche- accompagné d’un petit Piper Cub. L’avion est un modèle 182J, numéro de série 18257176.  Il est peint de façon extrêmement sobre, avec une décoration ne correspondant à aucun modèle  de design connu, ancien ou récent.  C’est un Cessna 182J  de 1966, un Stylante qui est aussi l’ancien N3076F, exporté alors récemment puisque son certificat de vol aux USA n’a été annulé que le 12 janvier de la même année.

 

L’avion avait été vendu par  Cambium International Inc de Cary, en Caroline du Nord, une entreprise de bois et de charpentes.  Sur le cliché, on peut s’apercevoir qu’il portait déjà la même livrée à deux bandes couleur bordeaux d’origine :  manifestement il n’est pas passé par l’atelier de peinture, à son arrivée en Argentine.

 

On peut aussi le voir ici l’extérieur, une photo prise à  l’Aeroclub Reconquista de Santa Fe, le 18 September 2016 (ici le show aérien de l’Aeroclub cette année-là, on peut y admirer un Pucara de l’armée argentine,).

 

 

Il est ci-dessous vu en 2016 toujours sur le tarmac de l’aéroport de Siler City, en Caroline du Nord (et ici en 2011 à un endroit indéterminé) :

L’avion qui avait pour base le petit aérodrome de Chaco appartenait à un promoteur industriel local de Resistencia, Alberto Javier Busciglio, à la tête d’un garage discret de réparations automobile et de pose de pots d’échappements, géré avec son fils Luciano (cf photo ici à gauche), le propriétaire de « Escapes El Águila”, son  entreprise de tuyaux d’échappements.  Un si petit garage pour le propriétaire d’un Cessna, voilà déjà qui pouvait intriguer en effet.

L’homme ne travaillait pas seul, puisqu’on découvre vite qu’il est en cheville avec une autre société appelée Guash (cf ici à droite), qui présente à sa tête trois mexicains, les frères Cuello : Marcelo (44 ans), Cristian (37 ans) et Darío (29 ans), tous trois vite arrêtés à Luján de Cuyo, en possession de 450 kilos de cocaïne.  On vient alors de découvrir tout un réseau, sévissant depuis plusieurs années et ayant de ramifications en effet jusqu’au Mexique. Le tuyau de la DEA était le bon !  Dans la foulée, on découvre une autre expédition… vers le Canada, vers une structure appelée Can Trade Connections S.R.L, dont le siège est au Mexique, à Tucuman, et qui se présente comme société « d »importación y exportación de bobinas de acero y otros productos de acero similares, por cuenta propia o de terceros, o asociada a terceros, en el país o en el exterior ».  Parmi les hommes arrêtés figure Rodrigo Naged Ramirez, 58 ans, un colombien de naissance mais possédant un passeport mexicain.  Les autres mexicains arrêtés s’appelant Max Rodríguez Córdova (44), alias « Patrón »; Rodrigo Alexander Naged Ramírez (59 ans); Jesús Madrigal Vargas (29 ans); Gilberto Villanueva Acevedo (29 ans).  C’est bien un trafic multinational auquel on a affaire, dont l’épicentre part du Mexique !

Un procédé longuement mis au point

Pour coincer tout ce beau monde, il avait fallu des mois, car ils avaient mis en place  un procédé de transfert de cocaïne qui était difficilement détectable.  La cocaïne (il y en avait 1375,89 kilos !) était particulièrement bien dissimulée, dans des bobines de métal plat, celles destinées à devenir des éléments de carrosserie automobile par exemple.  Ces bobines de métal étaient en fait creuses.  Faites de deux demi-bobines de fer, assemblées ensemble par des boulons une fois la cocaïne chargée sur chacune de leur face interne, puis ensuite recouvertes d’une feuille d’acier enroulée et collée sur l’assemblage. Extérieurement c’était indétectable, puisque sur leur face externe de faux enroulements découpés laissaient croire à une bobine complète, normale.  Les  pompiers argentins accourus (ici à droite) pour désolidariser les bobines entre elles mettront quatre heures pour découvrir le moyen de le faire.  Pas besoin de recouvrir de feuilles d’aluminiums, les paquets pour leurrer les scanners dans ce cas.  Du travail de pro, dont la découverte n’avait pu avoir lieu que sur renseignements.  Pour augmenter leurs chances de ne pas être découverts, les trafiquants avaient réparti le chargement sur 8 rouleaux seulement alors que les envois portaient sur 17 exemplaires au total.  Un  signe extérieur en l’occurrence un tendeur d’acier et sa position permettait de distinguer ceux dissimulant la drogue des autres exemplaires, réellement faits d’un enroulement complet de tôle d’acier.  L’organisation d’un tel transport avait été longuement imaginé et sa réalisation avait nécessité  des  heures de travail et une main d’œuvre abondante. Au total, chaque chargement dépassait les 70 tonnes, comme le montre le surprenant bon de commande d’envoi Panjiva que je vous ai retrouvé, visible ici (un peu plus bas).  En  prime, ce n’était pas leur première tentative semble-t-il: « deux envois suspects » avaient quitté le port de la ville en 2012 et 2013 « avec une modalité assez similaire  » selon les enquêteurs.  A raison de 2 tonnes à chaque envoi, le gang de mexicains avaient donc déjà réussi à exporter 6 tonnes de cocaïne, au minimum avant de se faire pincer !!!

Lourd dossier

La DEA avait établi un lourd dossier sur l’équipe des « bobineurs » arrêtés, spécialement sur trois d’entre eux: « la DEA a informé le juge de Campana que trois des personnes qui seraient impliquées dans l’affaire White Coils ont un dossier «lourd».

– Rodrigo Alexander Naged Ramírez (un chef de gang possible en Argentine et arrêté à Puerto Madero, ici à droite): il est né à Tolima, en Colombie. Il a 59 ans. Il est impliqué dans des activités de drogue depuis longtemps. Selon le département américain du contrôle des drogues, il est responsable de l’envoi de grandes quantités de cocaïne en provenance de Colombie vers différentes parties du monde, c’est un coordinateur de vols clandestins de transport de drogue et il lié aux cartels de drogue mexicains, mais sans avoir été arrêté.

Kenneth James Booth (fugitif, propriétaire présumé de Can Trade Connections): Canadien de 63 ans. En 1977, il avait été arrêté dans son pays en raison de l’enlèvement de 4,5 kilos de marijuana. Six ans plus tard, la DEA l’a cité comme le financier dans l’achat de 44 kilos de cocaïne et 2700 kilos de marijuana, à Blaine, États-Unis. En 2002, il a reçu une condamnation.  Sa compagne, Gayle Maureen Booth, canadienne née le, 27 février 1954 est également recherchée.  A noter que Can Trade Connections, aujourd’hui dissoute, avait comme adresse 39-43 Bridge Street, Swinton, Mexborough, United Kingdom.  L’adresse d’une société de transferts de noms façon inscriptions bidons au Delaware, appelée Brearley & Co, installée en rez-de-chaussée au bord de la banlieue industrielle de Swinton, à l’Ouest de Sheffield et au sud de Leeds, derrière un magasin de matériaux de construction.  Il y aurait à faire je pense à étudier de près cette ramification anglaise.  Le fameux Kenneth James Booth est aussi répertorié chez Delta BC, comme directeur également de Steel Experts Canada, société créée en janvier 2015 en banlieue de Vancouver.  La société semble toujours fonctionner en 2018.   On la retrouve sur un bon de commande Panjiva du 16 mars 2015 pour un envoi de tôles d’acier d’un total de 135,855 kg en partance de Freeport, Grand Bahama, vers le Philadelphia Regional Port Authority, de Philadelphie, en Pennsylvanie, laissant entendre que les Etats-Unis aussi ont été desservis en coke via la même voie (on comprend un peu mieux en ce cas le « suivi » du dossier par la DEA américaine !!!).  On ne sait pas ce qu’en pense Trump, de cet import d’acier mexicain, lui qui vient de sévir sur ce type de commerce…

Le transporteur étant cette fois MSC-Mediterranean Shipping Company SA, via le porte container MSC Japan qui emportait ce jour-là pas moins de 7 containers (les CAXU6609045, FCIU4322134, MEDU2631435 , MSCU3357050, TCLU2969808, TRHU1974457 et le XINU1189380).  Le Japan est un navire de 37 518 tonnes faisant 241 m de long battant pavillon du Panama.  L’envoyeur étant la société (des trafiquants donc) Mexicana De Acero Y Derivados Del B dont l’adresse est au Bambu 123 Colonia Arboleda De Ibar à, Leon Gua (Guanajuato), au Mexique.

On trouve un deuxième envoi Panjiva plus récent en date du 28 juin 2017 toujours signé Steel Experts Canada Ltd au départ cette fois du port d’Altamira, au Mexique vers celui du Georgia Ports Authority de Savannah en Georgie, pour 97 514 kg de bobines d’acier plat, répartis en 6 containers (les CAXU6352358, GLDU3217644, GLDU3738257, IPXU3747659, MEDU3269188 et MSCU3212041), le vaisseau porteur étant cette fois le MSC Monica, visible ici sur le St-Laurent.  Une deuxième expédition de coke vers les states ???  En mars 2018, le comté de Savannah réalisait sa plus grande saisie de coke de son histoire avec 25 kilos de coke d’une valeur de 4 millions de dollars à la revente, lors d’un raid appelé « Operation Snow Plow ».  Etait-ce en lien, pour l’approvisionnement, on l’ignore.  En 2016; les « feds » avaient découvert pour 6 millions de dollars de coke dans un container réfrigéré d’ananas…  en provenance du Costa-Rica.

– Jesús Madrigal Vargas (ici à droite): originaire de Michoacán, au Mexique. Il a 28 ans. La DEA a rapporté que le 11 août 2006 a été arrêté à Philadelphie, en Pennsylvanie, aux États-Unis, pour possession avec l’intention de distribuer 5 kilos de cocaïne, et a été condamné à 5 ans de prison. Le 10 mars 2008, il a été expulsé au Mexique ».

Une expérience précédente avec de la marijuana

Dans un rapport de juge d’instruction mexicain, expliquant ce qui avait été saisi par les douanes d’El Paso, à la frontière avec les États-Unis, (de l’autre côté c’est Ciudad Juarez, au Mexique), où sévit l’un des cartels plus dangereux dans ce pays, on avait pu noter le même procédé mais pour dissimuler cette fois de la marijuana.  Des photos (ci-contre montrent qu’effectivement l’idée était la même, mais avec cette une bobine simplement évidée avec une fausse façade d’un côté seulement, remplie à ras bord de haschich, aux paquets plus volumineux disposés en cercle autour d’un axe central.  Aux mains du juge fédéral de Campana, Adrian Gonzalez Charvay, un volumineux documents de 370 pages avait en effet décrit la même technique évoquant en fait les mêmes suspects que pour la découverte argentine, comprenant surtout le même courtier en douane local, Damián Limanski, qui depuis son arrestation clame qu’il n’y est pour rien.  Des documents audios extraits de la surveillance policière laissant lourdement entendre qu’il se doutait en tout cas de ce que traficotaient les mexicains, qui avaient demandé par exemple que le hangar d’arrivée soit vide d’employés pendant la suite qui précédait le chargement sur les camions.  Les échanges téléphoniques laissent entendre qu’il se doutait de ce qui se tramait, mais qu’il avait accepté l’affaire car elle s’avérait bien rémunératrice pour sa société, son patron émettant les mêmes doutes à l’autre bout du fil.

Le juge sur une autre affaire au départ

Fait remarquable, le même juge avait « serré » une autre trafiquant qui faisait dans la contrebande d’appareils électroniques, notamment et qui n’était autre qu’un pasteur adventiste bien connu appelé De Sousa Matías.  L’homme étant le recteur de l’Université adventiste de Plata, à Entre Rios, le responsable de l’Église adventiste de l’Association Argentine des adventistes du Septième Jour, qui possède 1055 temples dans tout le pays (il est ici à gauche):  « Il n’était pas seul dans le dossier : la direction nationale du culte est tombée avec lui. Avaient été également cités Carlos Ursus Gill Krug, pasteur lui aussi et président de l’Association, le chef national du culte, Carlos Daniel Gimenez Graf, et son trésorier et Roberto Osvaldo Giaccarini, le directeur de l’ADRA, l’association  humanitaire liée au culte ».  Leur surveillance avait commencé après la découverte en juillet dernier de deux containers venant des USA estampillés « dons à l’Eglise » dans le terminal Zárate de la Adana  (premier port privé argentin), et contenant des médicaments périmés, interdits d’usage là-bas, mais aussi dissimulé derrière entre les seringues et les bandelettes, pour 14,8 millions de pesos en articles électroniques de contrebande, qui  une fois débarqués, avaient fabriqué un sacré capharnaüm dans les entrepôts (ici à droite).  Mathias, mis sur écoute, s’était lui-même vendu au téléphone en disant que « nous sommes dans le pétrin, ça fait trois jours qu’ils ouvrent les boîtes une par une »… la contrebande durait depuis des années en fait.  On ignore s’il avait recours à des avions pour remplir ses entrepôts…  Le juge Chavay ne sera pas au bout de ses surprises : en avril dernier, il avait été surpris d’apprendre de la bouche de policiers qu’une partie d’une grosse saisie de marijuana faites ces derniers mois avait été déclarée « manquante » par ces mêmes policiers, au prétexte que c’étaient les souris qui avaient dévoré la part disparue.  Alimentant évidement de lourds soupçons de corruption au sein de la police argentine…

Mexique – Argentine – Canada : un nouveau circuit

La chronologie des événements de ce qu’on va alors appeler « l’affaire des bobines blanches » (Bobinas Blancas) peut être alors précisée. Tout avait en effet démarré avec un « tuyau » provenant de la DEA américaine qui avait averti les policiers argentins d’une expédition importante de drogue prévue le 14 mars.  Quatre jours plus tard, c’était la saisie dans le hangar de Buenos Aires de Bahia Blanca, et l’arrestation de 13 personnes, dont quatre Mexicains et de quatre locaux, à Mendoza également.  Le 19 juin c’est l’arrestation des frères Cuello, et 450 kilos de coke qui s’ajoutent aux 1300 déjà trouvés dans les bobines.  On en est à deux tonnes, déjà.  Le 20, une nouvelle saisie a lieu, mais cette fois dans le port de Montréal, au Canada, avec  le même procédé que lors de la première saisie puisque que l’on découvre cette fois 372 kilos de cocaïne dissimulés dans deux bobines d’acier (ici à droite), des bobines venues du Mexique et envoyées par le même gang qui avait opéré à Bahia Blanca et Mendoza.  Selon la presse, les trafiquants avaient innové avec cet envoi, puisque les deux bobines étaient munies d’appareils GPS qui se seraient déclenchés lorsque les agents ont ouvert leur contenu.  Très organisés, les trafiquants avaient créé une structure au Canada appelée Golden Eagle Steel Projects, créée dès 2015, pour recevoir les bobines envoyées de Nuevo Leon, Tamaulipas, au Mexique (près de Monterrey), comme pour ce chargement de 77 tonnes effectué par… camions, déclaré d’une valeur de 67 000 dollars, révélé par le document Panjiva retrouvé de cet envoi du 15 juillet 2015.

On n’en a pas encore terminé pour autant avec les mêmes, puisque le 28 août c’est cette fois une tonne supplémentaire de cocaïne, d’une valeur d’environ 200 millions de dollars, qui était découverte cachée dans des blocs de ciment imitant de la pierre fabriqués et expédiés par une société appelée Tele Exbe SA:  des blocs imitant des roches et envoyés cette fois de l’Argentine et découverts également au Canada.  Les frères Cuello étant en effet des marchands dans la catégorie des pierres et de marbre installés dans le département de Maipú.  Une présentation fort médiatique des autorités canadienne avait exposé devant les caméras le nombre très impressionnant de paquets de coke que cela représentait (ci-dessus à gauche).

Et là encore, on a retrouvé le document d’expédition officiel de chez Panjiva des pavés de quartzite recompactés dissimulant la coke (voir ci-dessus).  La date d’expédition étant 29 mai 2017 et le poids total expédié de 20 tonnes réparties en 20 palettes dans un seul container de 40 pieds, le MEDU4223807 , le transport final à bord du MSC Monica, porte-container de 37 398 tonnes et 242 mètres de long, et de 3424 TEU, battant pavillon panaméen, parti de Freeport, dans les Grandes Bahamas pour arriver à New-York (1) .  Les fausses pierres étant déclarées officiellement comme originaires du… Congo.  On notera que le groupe avait ses habitudes, car c’est bien le même porte-container qui a été cité plus haut dans l’envoi de bobines d’acier au Canada !!!

Le container MSCU 9062777 est aussi cité pour le trajet de South Riding Point (Bahmas) à New-York. Le nom de la compagnie d’expédition étant Starlight Fareast Trading LTD une compagnie canadienne de Vancouver,  vite dissoute dès le 9 septembre de la même année (2017), qui était au nom d’un dénommé Gary Cuong Nguyen, d’origine vietnamienne.  Son nom rappelle celui cité en 2012 d’un employé de bar australien qui avait été condamné dans le pays pour avoir tenté d’importer 128 kilos de la sidacordifolia, une plante indienne interdite servant à la préparation d’amphétamines (et de l’éphédrine), d’autres dealers de Miami portant le même nom également.  Le transport de fausses pierres dissimulant de la drogue, lui aussi, avait connu un précédent avec de la marijuana :  en juin 2016, un camion en transportant avait été arrêté à Garita de Otay Mesa, en Californie.  Au total, il y avait 557 colis de fausses pierres rouges pesant 280 kilos qu’il avait fallu casser au marteau pneumatique pour casser le ciment dont elles étaient faites (cf ici la photo à gauche).  Le procédé de dissimuler de la coke dans de fausses pierres ornementales creusées ayant lui aussi déjà été tenté (cf ici à droite).

Deux moyens d’expédition différents pour le même gang

Les deux types d’envois, dans les bobines ou dans les fausse pierres reconstituées, étaient liés, note avec justesse le site InfoSan Luis.com, qui résume ici parfaitement les deux affaires liées entre elles.   « Pour Gonzalez Charvay et le PFA, toute cette poussière a le même propriétaire.  Le juge a ordonné l’arrestation et a ensuite jugé quatre Mexicains derrière l’envoi qui opérait entre Bahía Blanca et Puerto Madero sous les ordres de Rubén de Luna Rodríguez, un mystérieux fugitif mexicain. Ils étaient tombés avec leurs collaborateurs présumés argentins, dont trois hommes d’affaires nommé Cuello, l’agent douanier Bahiense Damian Limanski et Emmanuel Garcia, opérateur de Buenos Aires qui a reçu l’argent des Mexicains.  González Charvay et son équipe ont également détecté une signature sur les exportations de bobines d’acier, un commerce avec des connexions avec Buenos Aires domicilié à Tucumán et exploité, dans l’ombre par Luna Rodriguez et un président mystérieux, le canadien Booth Kenneth, qui a aujourd’hui un ordre international de capture sur sa tête, comme Luna Rodríguez.  Can Trade Connections, cependant, ne représentait qu’une partie de l’entreprise narco. L’annonce de la police canadienne représentait la deuxième partie de l’entreprise, (les expéditions faites en pierres creusées).  En parallèle, le juge González Charvay et la PFA avaient des informations sur la deuxième entreprise qui aurait été utilisée par les trafiquants: Tele Exbe SA, fondée en 2014 et basée à Mendoza, avec des adresses à San Rafael et Lujan de Cuyo, inscrite à la rubrique de gros selon les données de l’AFIP et des prête-noms qui formaient son conseil d’administration, y compris une position d’un homme de 24 ans comme administrateur suppléant qui nourrissait ses deux enfants avec un emploi dans une petite entreprise de fruits et trois contrats d’aide sociales (…). Huit personnes ont été arrêtées, toutes argentines. Parmi les détenus il y a Luis Falcone, responsable de l’entreprise, son avocat, Luis Castro, Alejandra Comas, Mendoza, la première femme du président selon le Journal officiel du Commerce et jusqu’à aujourd’hui cotitulaire du compte bancaire. Jorge Piantini, un courtier en douane qui aurait travaillé avec l’entreprise, a également été arrêté. Ce sont précisément les douanes qui ont donné au juge González Charvay les informations qui ont permis d’identifier la société de commerce de roches de quartz » (ici à gauche l’usine  en train d’en fabriquer). « Les douanes ont déclaré dans un rapport remis à la Cour que Tele Exbe a documenté 25 permis d’expédition en 2015, 27 autres en 2016 et sept cette année. Tous avaient le Canada comme destination et la même compagnie comme destinataire et client final.  Son nom est FarEast Starlight Trading, créé comme Tele Exbe en 2014, basée à Brampton, une banlieue de Vancouver, où a été arrêté un homme lié aux expéditions de cocaïne d’une enquête par la GRC. Starlight, selon son but légalement déclaré, négociait des pierres et du quartz.  Il avait reçu de Tele Exbe, par exemple, un envoi naval de 20 palettes en pierre en novembre 2015 pour un poids total de 20 tonnes. »  A noter que l’adresse de FarEast Starlight Trading (6546 Victoria Drive Vancouver BC) est celle aussi d’un simple magasin de vente d’alcool (cf ici à gauche), coincé entre plusieurs boutiques chinoises, dont une d’arts martiaux et l’autre de réparations de TV, un magasin de change et un coiffeur, à la périphérie de Vancouver.  Voilà qui ne devait pas trop être onéreux comme loyer…

Des suspects libérés

Mais le 6 juillet 2017, surprise, le juge Charvay chargé de l’enquête, comme on a pu le décrire ici, décidait de libérer l’homme d’affaires de Résistencia et son fils aussi, par la même occasion, en déclarant qu’ils avaient selon lui été « utilisés de bonne foi », pour l’acquisition des bobines d’acier, sans connaître la destination finale qu’elles allaient avoir, lorsque plus d’une tonne de cocaïne avait été trouvée cachée à l’intérieur.  Le 21 novembre c’était au tour de l’agent douanier Damián Limanski, détenu depuis les faits à la prison d’Ezeiza, d’être lui aussi libéré après une décision de la Cour de la Cour d’appel fédérale de San Martin. Idem pour les Guash, Leandro, Gastón et Juan Ignacio… Restent malgré tout enfermés Amílcar Dario Martino, de la société Can Trade Connections, qui a servi d’écran pour exporter des stupéfiants, ainsi que les les frères Rafael Marcelo et Dario Maximiliano Cuello, de Mendoza, chez qui avait été trouvé le supplément de cocaïne, emprisonnés pour, selon la justice, « avoir apporté un soutien logistique à une organisation criminelle internationale ».  A ce jour on ne sait donc toujours pas si le Cessna du garagiste a servi ou non à transporter de la coke… Alors qu’il avait été écrit que l’appareil avait effectué plusieurs voyages en Bolivie, son fils était venu dire sur les plateaux de télévision en juin 2017 qu’il était effectivement son pilote, qu’il voyait cela comme un simple hobby de sa part, et avait nié catégoriquement s’être rendu en Bolivie, affirmant calmement que tous les vols qu’il avait effectué à son bord avait fait l’objet d’un plan de vol dûment rédigé.  Exit l’avion monomoteur comme transporteur de coke…

Traversée maritime

Les trafiquants visaient l’Europe, on le sait : une fois la drogue au Canada, elle pouvait en effet repartir vers les USA ou vers l’Ancien Monde, via des porte-containers, direction Anvers ou Rotterdam.  De l’Argentine à l’Europe, il n’y a aussi qu’une traversée… en bateau.  Ou presque.  Le 27 août 2017; à Lanzarote, sur une des îles des Canaries, les douaniers visitaient sur les quais un petit voilier arrivé juste la veille.

Un petit bateau visiblement dans le collimateur à la fois de la DEA et d’Europol, qui l’avaient suivi tout au long de son périple.  Venu d’Amérique du Sud, il avait en effet navigué quelques mois auparavant dans les Caraïbes, où les autorités douanières françaises l’avaient suivi et observé, et il avait chargé la drogue d’un autre navire près de la côte du Venezuela, le 6 août.  A son bord, 470 kilos de coke (soit une valeur de 17 millions d’euros ou 20 millions de dollars) et avec à sa barre un argentin, « membre d’un important cartel de la drogue péruvien, qui possédait trois fausses identités et était déjà recherché pour trafic de drogue », selon la presse.  Un bon client en quelque sorte…

Ses complices espagnols étant cinq, dont celui âgé de 29 ans seulement, celui qui avait acquis à Tenerife en février dernier le voilier, et qui avait également acheté un bateau avec deux gros moteurs pour amener à Tenerife la cocaïne, sur la côte de La Santa comme il était prévu au départ avant que la police ne s’empare de la presque demi-tonne de coke à son bord.  Les sacs de sport la contenant montrant des pains de coke estampillés « 100% puro »…

 

 

 

(1) il s’était lui aussi vautré en 2016 dans le St-Laurent après une panne de gouvernail.  Trois remorqueurs l’avaient sorti de l’affaire.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

Coke en stock (CCXXXII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (58)

Coke en stock (CCXXXIV) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (60)

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Brésil, Bolivie, Paraguay, Argentine, mais il ne faudrait pas non plus oublier le Venezuela, nous rappelle récemment et fort à propos un journal de Miami. Le Venezuela et ses trafiquants venus acheter des avions à un broker de Floride bien précis.

 

L’affaire date de quelques années déjà, et c’est bien elle qui est à l’origine de la découverte du trafic et des procédés mis en place pour se munir des avions indispensables, comme vient tout juste de le rappeler ici le Miami New Times sous la signature de  Penn Bullock (1).  Un journaliste qui, il y a quatre ans, avait écrit un remarquable article sur les sulfureux frères Whittington, coureurs au Mans en 1986 à bord de leur Porsche alors qu’ils traficotaient déjà (l’un des frères créera plus tard World Jet (2).  Ceux-là même impliqués dans l’opération Mayan Jaguar dans laquelle s’était illustré notre fameux vendeur « Joao » Malago (voir ici notre épisode 15 et les suivants).  Décidément, tout se tient (3) !!!

L’article du jour  – orné d’une belle illustration, celle ci-contre à droite) évoque en effet comme point de départ un avion particulier.  Un avion de taille conséquente (il fait plus de 12 mètres de long et pas moins de 15 mètres d’envergure), puisqu’il s’agît d’un Cessna Grand Caravan saisi le 2 novembre 2010 par les autorités honduriennes dans la zone de Las Marías, près de Brus Laguna, région de La Mosquitia, à 650 kilomètres au nord de Tegucigalpa, un fief narco comme on le sait (voir ici les épisodes sur le Honduras).  Dans l’appareil, forcé à atterrir après avoir été poursuivi par deux chasseurs honduriens, avaient été retrouvées 25 balles de cocaïne et 75 kilos à part, au total pour 500 kilos de drogue. Lors de l’arrestation de l’appareil, le copilote guatémaltèque avait été tué durant un échange de tirs au sol, et le pilote arrêté, le colombien Mario Fernando Sánchez Cardona.  On avait retrouvé à bords trois armes à feu, deux pistolets et un fusil calibre 5,56 mm.  La presse évoquait alors un « bimoteur » et non le grand Cessna (la confusion pouvant provenir de sa taille inhabituelle).  Celui-ci, datant de 2002 était immatriculé HK-4669G, dont on retrouve assez vite l’origine américaine (c’était le N665DL) : son certificat de vol US a été radié le 14 octobre 2009 parce que l’avion a été exporté vers cette date-là en Colombie.  En somme, cela faisait une année environ qu’il volait dans le pays !!!  L’avion avait été vendu aux trafiquants par la société américaine Skyline Enterprises Corp, installée au 8040 NW 156th ter à Miami Lakes.  En réalité, Skyline Enterprises avait servi de prête-nom à une autre société Eagle Support Corporation, dirigée par Hector Alfonso Schneider, qui l’avait vendue à une firme d’origine vénézuélienne dont Skyline était le représentant à Miami.  L’avion a depuis repris du service, après sa saisie, transféré en 2013 sur l’aéroport général Gustavo Rojas Pinilla  de la ville de Tunja.

L’avion posé sur une route de Belize

Des avions vendus à des compagnies fantômes vénézuéliennes, par des brokers de Miami et ayant servi à transporter de la drogue, les exemples abondent en effet. L’exemple le plus retentissant étant celui de novembre 2010 encore, avec le Beechcraft retrouvé posé en pleine nuit sur une route à deux voies au Belize.  Une cargaison de 2,6 tonnes de cocaïne, évaluées à environ 70 millions de dollars, devait y être déchargée. L’appareil (N467JB,le Beechcraft FA-137, ici à gauche dans son hangar avant la vente) avait lui aussi été vendu par Eagle Corp, deux ans auparavant, à une société vénézuélienne appelée Inversiones Fer-Nel qui ne possédait qu’une obscure boite postale à Caracas.  L’appareil sera l’objet de tout un mic-mac au Venezuela, le ministre de l’intérieur venant présenter à la presse une saisie d’avion siglé YV-2531 en le présentant comme celui posé à Belize, sur lequel avait été accolée l’immatriculation factice en auto-collant N786B, l’originale sur la queue ayant été repeinte (visible ici à droite).  J’avais raconté ailleurs le 4 avril 2015 ce qui s’était passé : « deux ans plus tard, le 7 novembre 2010, un gang inconnu investissait la base de l’Armando Escalon à San Pedro Sula, où on l’avait parqué, assommait deux gardes et décollait aux commandes du Beech au nez et à la barbe des militaires. Le 13 novembre suivant voilà le même avion qui atterrissait carrément sur une route à Belize… lors d’une opération rondement menée, avec feux de signalisation déposés sur le bitume à endroits réguliers et camionnettes pour embarquer la coke. Du vrai travail de pro !!! L’avion laissait plus a désirer : il avait été repeint et ré-immatriculé grossièrement N786B avec des numéros auto-collants mal découpés, et vidé de ses sièges ; pour laisser la place à l’imposant chargement de cocaïne. Mais son registre indiquait bien le modèle Beech 300 Super King Air Fa-137, ex N467JB, ex C-FTLB. L’avion, intact (mais vide de ses sièges !) avait ensuite été rapidement revendu par Belize huit mois après à un broker américain, Hector Schneider, d’Eagle Support Corp, installé à Doral, en Floride (fief on le sait de la CIA, ce qui rendait l’histoire encore plus savoureuse, qui l’avait donc ré-exporté au Venezuela, où il avait pris le numéro YV2531) !!  Lors de son véritable show, devant les plaquettes de coke étalées devant l’appareil, El Aissami avait oublié de parler de plusieurs choses : en un premier temps, aucune identité de trafiquants n’avait été révélée et pas davantage le pilote et le co-pilote ou de l’aéronef. Et surtout, il n’avait pas expliqué comment l’appareil avait à nouveau pu s’échapper de l’aérodrome de la Carlota où il était revenu : c’est aussi un aérodrome militaire, pourtant, ce qui avait intrigué pas mal d’internautes ! L’appareil ayant fait plusieurs vols entretemps, dont El Aissami ne donnait pas non plus le détail. Les aéroports militaires vénézuéliens seraient-ils devenus des passoires ? « – A noter qu’à Belize, ça continue, le trafic, et ça empire même plutôt, j’en reparlerai ici bientôt :  ce sont même des jets maintenant qui se posent sur les chemins (photo de l’atterrissage d’un Hawker 700 prise fin avril dernier – 2018- à Belize, dans l’Orange Walk District, déjà cité ici)...

D’autres avions

L’entreprise « Skyline » a essentiellement acheté des avions pour les dispatcher ensuite vers la Colombie, ou bien le Venezuela, où tous ne sont pas devenus des avions de narcos, bien entendu.  Fort heureusement !  Elle possédait par exemple un Cessna 402 immatriculé N138MK (402B0320), vendu en Colombie un peu avant avril 2013, racheté à un pasteur appelé Todd Bell de la Calvary Baptist Church of Sanford Maine.  Une autre forme de business juteux et d’intoxication;  on va dire, pour simplifier en ce qui le concerne.  L’homme, ici remerciait Dieu pour l’arrivée (du ciel ?) de la  nouvelle pelleteuse à neige de sa contrée lors de l’hiver 2015… en juin 2010 le pasteur avait plané pour de vrai, en panne de moteur pour se poser dans un champ avec son  Piper PA 32-260.  D’autres avions ont été vendus par la même firme.  Un Beechraft 200 N79RR (BB-356, par exemple, vu ici à droite en Georgie le 25 mars 2012) ou là en train de faire le 17 septembre 2013 un voyage  Miami – Montego Bay en Jamaïque.  Ou encore le N763AJ un jet bimoteur, un Beech 400A, aperçu ici effectuant son vol Miami-Bogota du 18 décembre 2017.  Ou encore le N188RU un Beech B300 (FL-973) de 2014.  Celui-là s’est planté le 15 août 2015 à l’atterrissage sur l’Aeropuerto de Paipa, en Colombie toujours (c’est le Juan José Rondón Airport) blessant ses 9 occupants à bord, sa roulette avant s’étant manifestement repliée comme on peut le voir ici à gauche.  Ou encore le N980GM, un vieux Rockwell 695 (95034) de 1980 exporté au Venezuela vers le mois d’août 2007 et devenu là-bas le YV1532.

La firme voisine, « Eagle « possédant elle le N721CC, un Cessna 550 Citation II (550-0721) de 1993 exporté… au Venezuela vers janvier 2014 et devenu là-bas YV3023.  Ou le N143BP un autre Cessna 550 de 2003 (550-1072), devenu le YV2877 au Venezuela.  Je vous en ai déjà parlé en vous le montrant décollant de Ciudad Guyana, lieu de trafic comme on le sait, ou aperçu ici sur la piste de l’Aéroport “José Francisco Bermudez” de Carupano.  Mais aussi le N4UY; un Piper PA-31-350 Chieftain à hélas à 4 pales et winglets, à savoir une modification Panther II (N°317952048) exporté en Colombie vers le mois d’avril 2009.  Sa rapidité en avait fait à l’époque l’avion préféré de Pablo Escobar. Pour lui pas de trafic, en tout cas, puisqu’il était entré dans la flotte de TAC, délaissant sa livrée un peu trop « américaine » (ici à droite) pour le rouge et le blanc bien connus de la société aérienne colombienne et adoptant l’immatriculation HK-464. Mais encore aussi le N118ST (560-5287) un Cessna 560XL ou le N623VP un Beechcraft 200 (BB-769) de 1981, vendu en février 2011 au colombien Jaime Alberto Gonzalez.  C’est peut-être le « narco » bien connu : un ancien membre du gang de Wílber Varela (alias Jabón) du Cartel de Norte del Valle, accusé ici de voler des terres aux indiens.  A moins d’une homonymie bien entendu, un nom identique étant présenté sur Linked’in avec en arrière fond un jet.  L’appareil a toujours son immatriculation colombienne en attente.  A noter que l’avion le 14 décembre 2002 avait connu un incident très sérieux à Jacksonville, son train mal rentré au décollage, il avait tenté de se poser ainsi, mais lorsqu’il a tenté de déployer le train d’atterrissage principal droit, il s’est effondré, suivi du train d’atterrissage principal gauche. Le train avant étant resté étendu.  Le train droit arrachant au passage lors de la glissade une partie du longeron de l’aile, qu’il avait donc fallu intégralement changer !

Après le vieux Rockwell 695 N980GM de Skyline n’est pas le seul Rockwell 695 vendu puisque Eagle Support Corp a aussi exporté le N980GZ (ici à droite), mais cette fois au… Panama, en juin 2010 semble-t-il, ou un peu auparavant, racheté à lken Ziegler Inc de Kalkaska, dans le Michigan, une entreprise de revente d’appareils de chantiers Caterpillar.  C’était l’ex N4712W, ZS-KZN, N331NF, et N980GM. L’avion n’a pas reçu depuis d’immatriculation officielle, là-bas… Sans oublier toujours pour « Eagle » le N943RM, un Learjet 60 de 2007 (N°333) exporté lui aussi vers avril 2014 au Venezuela. Le jeudi 20 novembre 2014, il effectuait un vol Fort Lauderdale – La Maiquetia au Venezuela : 2284 km, presqu’en ligne droite à 804 km/h (cf ci-dessous).

… et même, allons-y, un appareil plus gros tel un Beech 1900D, le N69549 (UE-194), vendu lui aussi à TAC Colombia et aperçu ici le 3 septembre 2015 en Floride au Lakeland Regional Airport, ; privé de ses deux moteurs... remontés ici en 2018 (photo prise à Medellin. Il arbore à l’occasion sa nouvelle immatriculation colombienne, HK-4634.  Sans oublier non plus le N302NC; un Beechraft 300 (FA-9) exporté lui aussi au Venezuela mais disparu dans les limbes de l’immatriculation du pays.  On peut le voir ici extrait d’une publicité pour sa mise en vente dans AeroTrader de 2008.  Un avion qui n’est pas sans rappeler le fameux Beechcraft découvert au Nicaragua en 2008, justement, lesté de 1,1 tonne de coke… l’un des piliers de l’affaire de Mayan Express !!!

A noter aussi, pour en revenir aux incroyables Whittington, « qu’en 2012, la DEA de Miami avait saisi un Beech King Air 300, au nombre de queue N711VN (ici à droite).  Don Whittington avait prétendument négocié la vente de l’avion de John Murphy à une société basée en Floride appartenant à Elyahu Smadja, la cible d’une enquête DEA de blanchiment d’argent, de trafic de stupéfiants et de ventes d’armes illégales (1). » « Selon une déposition de de 35 pages (affidavit), qui cite sept informateurs confidentiels différents, la DEA accuse Whittington d’oganiser un réseau qui a vendu au moins 12 avions pour les trafiquants de drogue en provenance du Venezuela, la Colombie, le Mexique, l’Afrique et même lundi. L’histoire d’un seul de ces avions un Hawker 700 (N49RJ) -qui selon le document de la DEA appartiendrait à Wold Jet – finalement vendu à des trafiquants de drogue, offre ainsi un regard intérieur sur 30 années de trafic de drogue en Floride du Sud ».

 Un broker ou une machine à laver l’argent sale ?

Le 12 juillet 2016, Jerry Iannelli, un autre journaliste de Miami News, avait été plus indiscret encore sur le rôle extrêmement trouble du broker d’Eagle Support Corporation, en l’accusant nommément d’avoir servi à blanchir l’argent destiné à acheter les appareils des trafiquants, notamment pour « El Loco » Barrera, arrêté, rappelons-le, en 2012, au Venezuela (ici à droite, on peut voir ici la saisie de ses biens). « Dans le cadre de l’enquête dite, les autorités fédérales ont déposé des documents au tribunal la semaine dernière pour saisir formellement ce qu’ils disent être l’un des avions de Barrera. Selon les documents judiciaires, le cartel de Barrera utilisait encore apparemment des techniques de contrebande et de blanchiment d’argent digne des « cowboys » de l’époque de Scarface et du trafic de cocaïne classique. L’entente aurait déposé d’énormes sommes d’argent dans un compte séquestré depuis. Le courtier, Hector Alfonso Schneider-Lindo, qui dirige une société appelée Eagle Support Corporation, avait ensuite acheté avec les avions du gang, selon la plainte fédérale. Des documents saisis par la DEA disent que Schneider-Lindo désenregistrait les avions à la Federal Aviation Administration et prenait des dispositions pour les avions envoyés en douce au groupe au Venezuela. Un représentant de Eagle soutien que l’entreprise a nié toute connaissance de de l’envoi aux cartels de la drogue et que les nouveaux propriétaires ont eux-mêmes organisé généralement leurs propres « vols ferry » pour les avions destinés à être exportés hors du pays. Les documents DEA font référence à de multiples « appareils ». Barrera (ici à droite son passeport « d’homme respectable ») était apparemment friands de l’utilisation du Beechcraft King Air 200, l’un des avions les plus populaires sur le marché. Selon l’endroit où vous regardez, des non-trafiquants de drogue peuvent mettre la main sur un nouveau King Air entre 1 million $ à 2,5 millions de dollars, mais il est écrit que Barrera semblait payer un peu moins que cela. (Mise à jour: Eagle Support Corp dit que l’avion était un modèle utilisé à partir des années 1980, et que les criminels qui auraient acheté l’avion payaient pour sa valeur standard.) En 2011, deux taupes du cartel ont commencé à travailler comme informateurs confidentiels pour la Drug Enforcement Administration. Les informateurs ont passé leur temps à transférer de l’argent à la Eagle Support Corporation; en travaillant discrètement pour les autorités fédérales, les informateurs, agissant de New York, envoyaient de l’argent à la DEA au lieu des agents à Miami, qui utilisait l’argent pour acheter les Beechcraft. Dans ce cas, la DEA a dit, avoir reçu 600 000 dollars exactement en divers versements du cartel. La semaine dernière, le gouvernement fédéral dit qu’il a finalement été en mesure de déposer une plainte civile pour saisir l’avion sous le régime de la confiscation des biens, selon la procédure classique. En règle générale les policiers et la Justice peuvent saisir l’argent et des biens qui ont été utilisés dans un crime de drogue présumé. « En outre, » le gouvernement a écrit, qu’« une déclaration des opérations internationales a été soumise à la FAA qui reflète que [l’avion] était destiné à être transporté à Panama. ».  On finit par retrouver quel appareil était concerné par cet épisode : c’était le Beechcraft N52C (Beech FA-40), indiqué effectivement comme exporté au Venezuela par Eagle Support Corp un peu avant que ne soit révoqué son autorisation de vol US, le 5 mars 2008.  L’avion, était devenu l’YV2513 au Venezuela. Une décision de justice vénézuélienne indique que l’appareil avait été l’objet auparavant de vérifications au Venezuela même, le 27 mai 2009 exactement, à l’Aéroclub la Chinita Aéroport International de Maracaibo, dans un « atelier aéronautique dont le nom est « Taller Aeronautico » dans lequel avaient été trouvés des avions présumés suspects, tels que les YV1286, YV1246 (4) et YV1410; le fameux Beechcraft YV2513 étant lui dans le hangar « B3 «  avec deux autres, les N310DR (un PA-31-325 (31-7912097), et l’YV1217.

La coke cachée dans les réservoirs

Les accusations de Iannelli, étaient étayées par un document assez édifiant et sidérant en date du 20 août 2012, signé du juge Robin. S. Rosenbaum, dans lequel avait été révélée la technique fort particulière de livraison de la coke utilisée par les trafiquants. « Au moment de son implication dans le complot de trafic de drogue, (Ramon) Acosta était un mécanicien certifié par la Federal Aviation Authority. Il effectuait des travaux d’entretien général et de réparation pour des aéronefs privés. Le travail d’Acosta en tant que mécanicien d’avion l’a finalement rapproché de Paul Cordoba, pilote et trafiquant de drogue (Cordoba était en même temps  propriétaire de la compagnie charter One Way Jet).  Cordoba était à la tête d’une opération de trafic de drogue qui introduisait en contrebande des drogues du Venezuela en Floride à bord de ses avions. La première rencontre d’Acosta avec les activités de trafic de drogue de Cordoba a eu lieu en 2007, lorsque Cordoba et Jefferson Castillo, un des associés de Cordoba, avaient fait passer de la marijuana d’Arizona en Floride à bord d’un petit avion à hélice. Alors qu’ils volaient de l’Arizona à la Floride, les deux hommes s’arrêtèrent à Dallas pour se ravitailler au hangar où Acosta était employé. Ils ont décidé d’y passer la nuit et ont stocké l’avion, qui contenait encore la marijuana clandestine dans le hangar, avec la permission d’Acosta. Lorsque Castillo exprima son inquiétude de laisser l’avion dans le hangar, Cordoba lui assura qu’Acosta était un ami et qu’il n’y aurait pas de problèmes; cependant, le dossier ne précise pas si Acosta savait que l’avion contenait de la marijuana. Par la suite, Acosta est devenu plus directement impliqué dans le trafic de drogue de Cordoue. Quelque temps après la visite de Cordoba et Castillo, Acosta a aidé Cordoba à modifier la boîte noire dans l’un des avions de Cordoue afin que des drogues puissent être cachées à l’intérieur. Cordoba a utilisé la boîte noire modifiée pour faire passer clandestinement de la drogue aux États-Unis à deux reprises. De là, Cordoba et Acosta ont continué à expérimenter des méthodes de contrebande. Acosta a proposé la contrebande de drogues dans les réservoirs de réserve des avions de Cordoba. Lorsque Cordoba a finalement décidé de mettre en œuvre cette proposition, il a recruté Acosta pour enlever la drogue des réservoirs de carburant à l’arrivée des avions aux États-Unis. Le programme a également impliqué un certain nombre d’autres participants au-delà de Cordoba et Acosta, y compris Francisco Gamero Medina (« Gamero »), un mécanicien de ligne aérienne au Venezuela; Le fils de Cordoba, Marlon Cordoba (« Marlon »); et Rediel Rodriguez, un distributeur de drogue en Floride (Rodriguez vendait aussi des bateaux volés au Venezuela, au Mexique et en Equateur). Cordoba a envoyé un avion au Venezuela, où Gamero a chargé une cargaison de cocaïne dans le réservoir de réserve de l’avion, en mai 2008. Cordoba a rapatrié l’avion aux États-Unis et, après plusieurs arrêts, a amené l’avion pour Acosta à Dallas. Là, Acosta a retiré la cocaïne de l’avion, placé la drogue dans des sacs et les a chargés dans l’avion pour les transporter vers la Floride, où Rodriguez revendait la drogue. Cordoba a organisé une opération de contrebande similaire en novembre de la même année. Cette fois, Marlon s’est envolé avec un pilote au Venezuela, où Gamero a chargé une cargaison de cocaïne dans le réservoir de réserve de l’avion. Marlon a ensuite pris l’avion pour les Bahamas, où il a rencontré Cordoba. Là, les deux ont changé d’avion et ils ont volé cette  fois vers Fort Lauderdale, en Floride. Le jour suivant, Cordoba, Marlon, Gamero et quelques autres ont repris l’avion transportant les drogues de contrebande au hangar d’Acosta au Texas. Une fois l’avion arrivé dans le hangar, Acosta et Gamero ont retiré la cocaïne du réservoir de réserve de l’avion. Cordoba et les autres conspirateurs ont ensuite remballé la cocaïne dans des valises, les ont chargées à bord de l’avion et ont pris l’avion pour la Floride. Cordoba a organisé une dernière opération de contrebande en août 2009. Contrairement au rôle joué par Acosta dans les deux opérations de contrebande précédentes, son rôle dans ce projet final a été limité. Même si Acosta était au courant que Cordoba avait l’intention d’apporter une cargaison de cocaïne aux États-Unis, il a été exclu de l’opération à la suggestion de Rodriguez de facturer des frais trop élevés. Bien qu’Acosta n’ait pas participé directement au dernier voyage, Rodriguez a offert de lui verser 50 000 dollars en «argent caché».  Rodriguez a prévu de payer Acosta en vendant l’un des avions utilisés dans la conspiration. L’avion appartenait nommément, à la petite amie de Rodriguez, Kimberly Rosselle. Mais Rodriguez a finalement décidé de ne pas vendre l’avion après que la police eut entamé une enquête sur l’organisation du trafic. La police a finalement arrêté Rodriguez, au moment où Cordoba essayait de convaincre Rosselle de lui transférer la propriété de l’avion. Quand Rosselle a refusé, Acosta a placé un droit de préemption dû au mécanicien sur l’avion, vraisemblablement pour encourager Rosselle à vendre l’avion à Cordoue et pour assurer pour lui-même le paiement promis par Rodriguez. Lorsque Cordoba a finalement acquis la propriété de l’avion, Acosta a annulé le la préemption ».

Opa-Locka comme fief historique

L’opération avait en fait commencé à Opa-Locka (abondamment cité ici à plusieurs reprises comme fief narco « histoire » de Floride), par une opération médiatique concernant le citoyen vénézuélien Jefferson Castillo, arrêté à l’aéroport d’Opa-Locka, une arrestation filmée en direct par les équipes TV de CBS4, comme adorent en voir les américains au petit matin dans leurs « Breaking News », procédé qu’à depuis imité BFM-TV ici en France.  La vidéo de l’arrestation, prise d’un hélicoptère, avait en effet été diffusée en « exclu »  le 5 mars 2012.  A ce moment-là, le pilote Paul Córdoba et son fils Marlon qui se trouvaient dans un avion avaient fui quand ils avaient vu fondre les agents fédéraux sur Castillo.  Enfuis au Venezuela, ils avaient été emprisonnés dès leur arrivée.  A signaler que le père de Paul, Oswaldo Córdoba, appartenait à l’armée de l’air vénézuélienne.  Il avait terminé sa carrière avec le grade de colonel.  Or c’est aussi lui qui avait acheté l’avion !!!  En août 2012, Castillo avait  plaidé coupable de faire des dépôts bancaires «structurés» (les fameux versements espacés pour ne pas laisser de traces: ils avaient été déposés dans une succursale de la… Wachovia Bank !!!), des dépôts espacés liés à l’affaire donc, et il avait accepté de servir de témoin du gouvernement contre les autres accusés (en plaidant lui-même coupable, histoire de faire baisser au maximum sa sentence). L’informateur infiltré dans le réseau ayant alors déclaré que l’argent provenant des dépôts bancaires provenait bien des ventes de la cocaïne que Cordoba amenait du Venezuela.

Une tentative à part

Il y a bien sûr les cartels derrière ces achats groupés d’avion, mais cela n’empêche pas les initiatives individuelles bien sûr, ou plus exactement celle d’un autre cartel plus rare sur les lieux. Celle, par exemple de trois personnages qui avaient maladroitement tenté de dissimuler pour 6,5 millions de dollars de cocaïne dans un jet à Fort Lauderdale. Un vieux Gulfstream II de 1976 immatriculé N117LB (sérial 193), dépourvu de réducteurs de bruits (des « stage 3 hush kits ») désormais obligatoires sur ce modèle aux USA, ce qui l’avait déjà désigné du doigt dans les environs (il était vraiment bien trop bruyant !). L’avion, déjà suivi semble-t-il par le FBI, s’était envolé vers le Venezuela, en passant par Cayman Islands et Trinidad et Tobago, avant de revenir 9 jours plus tard à Fort Lauderdale lesté de 485 livres de cocaine. Les apprentis-trafiquants pensaient n’avoir pas été suivis, car la DEA et le FBI les avaient laissé faire un vol d’essai vers Las Vegas sans intervenir en quoi que ce soit sur leur vieil appareil. Et pour cause. Lors de leur absence, les agents fédéraux avaient en fait eu tout le loisir de truffer leur hangar de caméras, ce qui avait permis de filmer toute l’opération de chargement prévu, à savoir de dissimuler la coke sous le plancher de l’appareil, sous les sièges et la moquette, entre deux câbles de gouvernes (cf ici à gauche). Une opération fastidieuse qui ne pouvait se faire qu’à l’abri des regards, au départ comme à l’arrivée. Cela expliquait aussi en partie les 9 jours d’absence de l’avion à Miami. Les instigateurs étaient trois équatoriens, dont deux trentenaires, Christian Arroba et Marco Gaona, et un plus âgé, Manuel Weisson, tous membres d’un cartel de leur pays d’origine. Saisi, l’avion a été mis en vente aux enchères en juillet 2016 chez CWS Asset Management & Sales (CWSAMS). Sans grand succès : il n’a guère monté au-delà de 52 500 dollars. Le gag étant que l’offre l’ayant emporté provenait d’un enchérisseur de… Belize, où on risque fort de le retrouver bientôt chargé comme une mule… posé sur une route là-bas, comme c’est devenu l’habitude (ci-dessous le document « preuve » de la DEA du contenu du Gulfstream, réparti dans une dizaine de valisettes !!!

Retour en arrière avec le Cessna acheté… par la DEA

En 2017, la situation, devenait inquiétante en Floride raconte le Sun Sentinel : « Il y a une montagne de cocaïne, dont une grande partie est susceptible d’être dirigée vers nous », a déclaré Justin Miller, chef des services de renseignement de la division de Miami de la DEA. « Mais nous voyons déjà ces combinaisons de drogue, et les décès de la cocaïne sont déjà en hausse significative. » Le journal évoquant un mélange récurrent fatal dans les overdoses : « les décès par surdose liés à la poudre blanche sont à leur plus haut niveau depuis 2007 en Floride, selon la Commission médicale d’État. Les décès par surdose de cocaïne ont grimpé d’année en année de 2012 à 2015, les derniers chiffres disponibles passant de 1 318 à 1 834 décès. Et le sud de la Floride a enregistré 614 décès par surdose dans les comtés de Broward, Miami-Dade et Palm Beach en 2015 – une augmentation de 29% par rapport à l’année précédente. La cocaïne était en deuxième place après le fentanyl – un analgésique de synthèse peu coûteux – en contribuant aux décès par overdose en Floride au cours de la première moitié de l’année dernière, selon les dossiers du médecin légiste ». Des overdoses qui se sont répandues ailleurs, depuis, touchant toutes les catégories de la population, la plus médiatisée étant celle du chanteur Prince le 21 avril 2016 (via le fentanyl). Le Miami Herald, lui, a une autre affaire à raconter, celle qui a précédé  le blocage du Beechcraft N52C : on y apprend que pour piéger les trafiquants, la DEA n’avait pas hésité à acheter un (autre) avion bimoteur pour assurer le transport de la coke !!!  Et même à leur fournir un pilote… américain ! « Dans un parking du tentaculaire Miami International Mall, un homme avec 87 900 dollars dans une boîte a remis l’argent à deux agents fédéraux infiltrés comme un paiement partiel pour une livraison de cocaïne à venir du Venezuela. L’information, contenue dans un document des tribunaux fédéraux de Miami, donne des détails sur le deuxième cas important de trafic de cocaïne lié au Venezuela qui sera poursuivi dans le sud de la Floride au cours des deux dernières années. L’affaire, qui découle d’un achat sous couverture effectué en septembre 2010, est similaire à celle d’un autre cas fédéral beaucoup plus petit » (on vient de voir que ce n’est pas tout à fait le cas !!), « deux ans plus tard, concernant l’arrestation d’un ressortissant vénézuélien à l’aéroport d’Opa-Locka. Roberto Mendez Hurtado, le principal suspect, a comparu devant les États-Unis. Marcia G. Cooke, juge de district, le 20 novembre. Il devrait être condamné le 12 février. L’affaire avait été déposée devant le tribunal fédéral de Miami en juillet 2011. L’acte d’accusation du grand jury contenait des accusations contre un total de 13 accusés et a fourni des informations détaillées sur la manière dont l’affaire s’est déroulée: des centaines de kilos de cocaïne ont été expédiés d’une piste d’atterrissage illégale à 280 milles au sud de Caracas, puis transportés en Amérique centrale ou largués par avion depuis les eaux des îles Vierges britanniques, selon les archives de la Cour fédérale à Miami. Ensuite, la drogue a été transportée aux États-Unis. des Îles Vierges, via Porto Rico et enfin sur le continent américain. À partir de mars 2009, les témoins ont contacté les États-Unis. Un pilote, non identifié dans le dossier de la cour,  leur a demandé d’acheter un avion, de ramasser des charges de cocaïne, puis de les larguer près des îles Vierges britanniques où les équipages de bateaux rapides seraient en attente (en photo à droite des policiers mexicains à la pêche aux paquets largués en mer) ».  

« Le pilote devrait également transporter des cargaisons vers des pistes d’atterrissage au Guatemala et au Honduras ».  Jusqu’ici une affaire bien classique, me direz-vous. Certes, mais tout change avec ce qui va suivre : « le pilote travaillait sous couverture avec des agents de la Drug Enforcement Administration. Les dossiers judiciaires montrent que la cocaïne était chargée par des membres de l’organisation de guérilla colombienne des FARC ou Forces armées révolutionnaires de Colombie, qui ont apporté les drogues de la Colombie voisine. Les trafiquants de drogue ont fourni au pilote un faux passeport vénézuélien et des pièces d’identité, selon l’acte d’accusation. Un complice aux Iles Vierges américaines devait coordonner la livraison des chargements de médicaments en utilisant un équipement radio. Des pots-de-vin ont été versés à un douanier des îles Vierges britanniques pour collecter les recettes de la vente de la cocaïne à Porto Rico et ailleurs, selon l’acte d’accusation. L’agent des douanes a également autorisé les trafiquants de drogue à entrer dans les îles Vierges britanniques pour la distribution et la vente de la cocaïne. Selon les dossiers judiciaires, l’organisation de trafic de drogue a commencé à envoyer de l’argent au pilote par des virements en provenance de la République Dominicaine en avril 2010. Puis, en juin 2010, le pilote s’est rendu à Aberdeen, dans le Dakota du Sud, pour acheter un Cessna 404 Titan bimoteur pour 380 000 dollars. Les dossiers de la Cour montrent que la DEA a effectivement acheté l’avion. Trois mois plus tard, le pilote a fait un vol avec les premières charges de cocaïne, selon l’acte d’accusation.  Le 13 février 2010, un suspect dans le sud de la Floride a livré les milliers de dollars dans une boîte en carton à deux agents infiltrés à l’International Mall près de Northwest 107e Avenue et 14e rue à Doral, comme le montre un document judiciaire. Deux autres suspects, dont Mendez, « ont coordonné la livraison de cet argent en guise de paiement pour la prochaine opération de contrebande de drogue », selon le document judiciaire. À la mi-2011, les agents fédéraux ont commencé à procéder à des arrestations et à démanteler l’organisation. » Au final, Hurtado avait été extradé de Colombie aux Etats-Unis en 2013, jugé et condamné en septembre 2014 à 19 ans de prison, alors qu’il risquait la peine à perpétuité au départ:  sa stratégie de tout révéler avait payé.  Mais auparavant, il avait parlé.

Le Venezuela, un narco-Etat : une confirmation

Il avait beaucoup parlé, même, ce fameux Hurtado.  Et indiqué par exemple, selon les journalistes Sebastiana Barráez et Maibort Petit, qu’il était en cheville avec le trafiquant colombien Loreno Lozano, arrêté et emprisonné depuis mai 2014 au Venezuela, originaire de Cundinamarca et étroitement lié au narco Daniel Barrera Barrera alias « Loco Barrera. Lozano avait déjà été cité dans l’affaire Flores, celui des neveux de l’épouse de Maduro, Efraín Campo Flores et Franqui Francisco Flores de Freitas.  Le 14 décembre 2017, les deux neveux héritaient de 18 ans chacun.  Les deux pilotes de l’affaire Pablo Rafael Urbano Pérez et Pedro Miguel Rodríguez González s’étant portés lors du procès comme « témoins protégés », à savoir eux aussi prêts à tout raconter.  Comme l’avait fait Hurtado.  Lozano, selon eux, dans ses contacts, s’était dissimulé sous les alias « d’Alexis Antonio Rodríguez Rodríguez », de « Juan Carlos » et de « Luis Carlos Vélez López » car il continuait à travailler directement depuis le siège de la Sebin à Caracas (?).  De là il traitait des affaires de transferts de coke de Puerto Rico, par exemple, ce que des documents d’écoutes portoricaines révèlent. Il est d’ailleurs toujours recherché à Puerto Rico pour avoir importé une centaine de kilos de coke de là-bas.  Car selon les deux journalistes, c’était aussi l’organisateur du réseau de drogue vénézuélien, malgré le fait d’être emprisonné dans les locaux de la Sebin (ici à droite son bâtiment appelé el Helicoide (5)) !!!  Selon le journal InfoBae, « la plus explosive de ses déclarations est que le baron de la drogue maintiendrait ses opérations « normalement ».  A savoir depuis sa cellule même !!!  Des cellules dans lesquelles des vidéos récentes montraient des détenus déchaînés dénonçant la situation incontrôlable à l’intérieur même de l’Hélicoïde...

La chute du confident du régime Maduro, héritier de Chavez

L’homme bénéficiant selon eux jusqu’ici de la protection de protection du tout puissant « salsa taquera«  (« sauce piquante », ou le « saupoudreur »), le général Miguel Rodríguez Torres (l’ancien responsable de la Dirección Nacional de los Servicios de Inteligencia y Prevención (DISIP) !!!  L’homme qui avait accompagné Chavez lors de son coup d’Etat et avait même porté son cercueil le jour de son enterrement, celui au milieu des arènes du pouvoir (il était devenu ministre sous Mauro) et celui qui a tout vu du système et de sa corruption fondamentale jusqu’à ce jour funeste du mardi 13 mars dernier (2018) où il a été emprisonné par le Sebin… qu’il avait lui-même fondée, après un revirement de dernière minute de Maduro qui l’a accusé de travailler pour la CIA, après en fait l’avoir trouvé bien encombrant à le critiquer ouvertement (lui évitant ainsi aussi un coup d’Etat, tant Rodriguez Torres avait l’écoute encore des généraux, il semble bien).  A moins que ce ne soit plutôt de lui avoir reproché une embrassade…. ,celle du 6 août 2017, avec une personne pas vraiment appréciée par Maduro (comme on peut le lire ici).  L’habituel retournement des pouvoirs aux abois. Depuis quelque temps en effet, Rodriguez était passé dans l’opposition à Maduro et à son clan. Enfermer le détenteur de secrets inavouables n’étant peut-être pas un gage d’éclaircissements futur pour la population (mais cela fait longtemps que le gang de Maduro ne pense plus qu’à lui seul ou a sauver les meubles).  Surtout si celui-ci sait comment on dirige un narco-trafic du fond d’une cellule… ce qu’on n’aimerait pas trop découvrir officiellement, sans aucun doute.

Pour étayer leur propos, dans un article bien documenté, les deux journalistes cités étaient revenus sur un événement qui avait laissé beaucoup de traces (autant que s’il s’agissait d’un énième Beechcraft ou d’un Hawker tombé bourré de coke en Apure, au Venezuela), celui, relativement récent, de la découverte en décembre 2017 en pleine nature d’une camionnette noire, de la Sebin, remplie de coke (plus d’une demie-tonne au total, ici à gauche pour la camionnette et à droite pour une partie de son chargement,il y avait trois véhicules dont un a été renversé, image plus bas à gauche).  Voici leur texte : « ce n’est pas par hasard si en décembre dernier, un groupe de fonctionnaires de Sebin a été détecté, portant, dans trois fourgonnettes portant les emblèmes de la Sebin, 588 mille 393 kilos de drogue. Ils ont été capturés au kilomètre 25 de la route de Perijá, dans l’État de Zulia. L’un des capturés s’est avéré être l’inspecteur en chef Daniel Villegas, précisément celui qui a participé à l’arrestation de Mario Moreno Lozano. L’un des fonctionnaires de la Sebin, le premier inspecteur Angel Eduardo Barrios est décédé dans l’événement. L’un des détenus, outre Villegas Herrera, est le premier inspecteur Orlando Santeliz Díaz. Les deux autres personnes impliquées, et qui ont réussi à s’échapper, seraient l’inspecteur principal Emilio Adales et le détective John Rojas. Dans les locaux de Sebin, lorsque l’arrestation des officiers a été apprise, Moreno Lozano a immédiatement été lié à elle, car il dirigerait son réseau de trafic de drogue depuis la cellule de la Sebin.
En dépit de l’affaire embarrassante, le chef de Sebin, est resté silencieux, et aucune enquête n’a été ouverte envers les hauts placés de la Sebin, se hâtant de dire que ça avait été une action individuelle des détenus et que leur chef était mort ».

Les hangars à coke de Walid

 « Dans la tourmente de la Sebin il y avait  un autre trafiquant de drogue, Walid Mackled (extradé rappelons-le par la Colombie au Venezuela en 2011), qui contrôlait une partie importante des actions entreprises pour libérer les détenus, qui ont obtenu une carte de libération. Personne ne sort de la Sebin mais on paie le droit de le faire en dollars imposés par Mackled. C’est un secret de polichinelle que le réseau Sebin tient des relations qui sont gérées et commercialisées dans ces installations, alors que le vice-président, Tarek El Aissami, haut dirigeant de la Sebin dit ne pas être au courant ». Mackled, il faut le rappeler, avait été vu remettre de l’argent en personne à Luis Felipe Acosta Carlez, ex-gouverneur de l’état de Carabobo (ici à droite en compagnie de Makled), une grande gueule proche au départ de Chavez mais qui avait expulsé du PSUV le 27 juin 2008 pour « actes d’indiscipline« . Mackled alias « El Turco » ou « El Árabe » avait affirmé à plusieurs reprise avoir versé de grosses sommes d’argent au Brigadier Général, durant les quatre années qu’il a passées en tant que gouverneur, pour avoir utilisé le port de Puerto Cabello, pour y dissimuler la cocaïne. Tous deux partageant en effet la gestion de la compagnie de stockage Almacenadora Conacentro, à l’épicentre des envois par containers vers l’Europe, notamment.  Son éviction du parti coïncidant aux débuts des soupçons sur Walid Makled (à gauche une publicité achetée par Makled parue dans Notitarde, journal tirant à plus de 75 000 exemplaires est réglée par lui… 6 millions de dollars, ventant ses entrepôts !). En 2017, le propre frère d’Acosta Carlez a reçu trois balles lors d’un vol qualifié dans l’État de Guárico, à la suite d’un règlement de comptes entre gangs criminels…

 

L’avion mal repeint de Carlos

Et notre fameuse société Eagle Support Corporation, dans tout ça ?  Or, pas d’inquiétude, elle fonctionne toujours… de manière aussi surprenante. Pour preuve, son site internet, fabriqué par son (jeune) responsable média (depuis 2015), celui qui interviewé par Penn Bullock affirme qu’il est « difficile de savoir à qui l’on vend », histoire d’ignorer l’usage final de certaines ventes de son entreprise.  Un site présenté à son nom et non à celui de l’entreprise, ce qui surprend, pour le moins… car le dénommé Carlos Vasquez, formé à la Escuela de Aviation del Pacifico qui vante sur le net son premier saut en parachute (en duo), ou fait visiter un jet Cessna Citation ou nous monter la mise en marche des moteurs d’un Embraer 120 « Brasilia » retapé par son entreprise, ou son train d’atterrissage, en fait un peu trop, sans s’en rendre compte.  L’avion datant de 1995 étant annoncé comme étant à vendre par Eagle Support Corp. Il nous montre par exemple au hasard de sa montée dans le jet une photo de Cessna 401 prise par son hublot qui intrigue sérieusement en effet. L’avion révélé est bien connu, c’est le Cessna YV1753 (le Cessna N° de série 441-0067, photographié ici en 2009 à Lakeland (en Floride) ou ici vu au décollage lors de sa visite du festival aérien du Sun&Fun de la même année). Or cet appareil, datant de 1978, qu’il nous révèle par hasard, a été manifestement repeint depuis à la louche. On peut en voir les dégâts ici que un cliché pris par un spotter à …Puerto Rico le 29 septembre 2017. Les courbes (notamment le trait noir sur le gouvernail de queue et son raccord avec le fuselage) sont ratées, celles des fuseaux moteurs peints désormais en noir en dessous (ils étaient blancs avant) semblent surtout avoir été faites pour masquer des imperfections de l’intrados (traces d’un accident resté ignoré ?).  Renseignement pris, on retrouve une proposition de vente de l’avion faite en novembre 2015 et ainsi libellée  : « www.bitacoradigital.net 02/11/2015 09h: 02m: 33s – Page 1/2 YV1753 fuselaje Fabricante Modelo Tipo T.C. Matricula CESSNA 441 BIMOTOR TURBOHELICE A28CE YV1753 série 441 Propietario Aeropuerto Hangar 441-0067 1978 SERVICES AVIONS – J-123456 Oscar Machado Zuolaga » . A savoir disponible sur l’aéroport de Miranda, installé comme on le sait à Charallave, à 20 km au sud de Caracas.  Celui où sévissent les militaires impliqués dans le réseau de coke, comme on le sait aussi. La revue citée, « BITÁCORA DIGITAL » étant celle de la Faculté des Sciences Chimiques de l’Université Nationale de Córdoba… Décidément le flou demeure, à propos d’Eagle Support Corp et peut-être davantage encore sur  son patron, Alfonso Schneider  (qui aurait tant à nous dire sur sa compagnie charter Albatros Connection, ou sur Inversiones Macven Corp (dissoute depuis) voire Global Turbine Aviation & Leasing LLC ou Has Export  Corp ou encore International Via Lactea, Corp… en septembre 2016, cerise sur le gâteau, on pouvait visiter les locaux à vendre d’Eagle Support Corp à Doral (on pouvait même y entrevoir sur place au passage l’ineffable Carlos Vasquez !), pour y découvrir une unité minuscule, prête à expédier deux jambes principales à diabolo de train d’atterrissage d’un appareil indéterminé (photo ici à droite).

 

(1) l’auteur est aussi celui qui avait écrit au sujet de l’impayable et jeune trafiquant d’armes Ephraïm Diveroli,  dont j’ai moult fois raconté l’histoire (ici, il y a 10 épisodes).  C’est devenu un film depuis, d’ailleurs, War Dogs, complètement loufoque, mais pas si éloigné que ça de la réalité.

(2) Les impayables Whittington qui trichaient tout le temps comme le raconte ici  le magazine The Motorhood : « comment ont-ils réussi à financer ces exploits, cependant, est devenu un intérêt croissant parmi les autres coureurs et éventuellement l’IRS (nota : les impôts), aux côtés de la DEA. Nous voulons dire qu’ils étaient clairement riches, mais on ne savait pas d’où venait l’argent et au rythme où ils le dépensaient, il yen avait beaucoup à venir. On savait encore moins que les Whittington avaient acheté une compagnie d’avions pour compte d’autrui et, selon l’ancien historien John Ficarra de Canepa, que deux avions volaient en pleine nuit à l’unisson, que la ligne droite de la route d’Atlanta servait à l’un de piste tandis que l’autre atterrissait dans un aéroport régulier pour couvrir leurs traces. Qu’est-ce qu’ils transportaient? Du hasch, beaucoup, beaucoup de haschich. Ficarra allègue qu’il y avait des zones du circuit on l’on n’avait pas le droit de s’aventurer et où était stocké d’énormes quantités de marijuana – expliquant d’où venait tout ce flux de trésorerie. » Les Whitgtington trichaient sur tout en fait : Les Whittingtons vivaient clairement en dehors des règles, et cette attitude ils l’appliquaient aussi à leurs voitures de course qui courraient sans aucun ou ceux qui ont été trouvés sur les voitures, étaient complètement faux – comme l’a été le remarquable CW. Cobb, distributeur de lotions de bronzage qui se révélera être sera plus tard une coquille vide à 300 millions de dollars. Ils iront même plus loin encore pour embaucher des modèles pour vaporiser des parfums sur des ventilateurs, en prétendant être l’un de leurs sponsors de nouveaux produits, pour une entreprise qui n’existait pas, et en utilisant des étiquettes de marques authentiques. CW Cobb, un distributeur de lotion solaire de Fort Lauderdale qui a été condamné par la suite pour l’organisation d’un gang de contrebande de hasch de 300 millions de dollars, découvert Au cours d’une enquête fédérale baptisée « Opération coup de soleil. » Ils étaient connus pour contourner les règles, comme on l’a appris après qu’une équipe de restauration ayant pris en main la voiture la Kremer 935 КЗ, victorieuse du Mans, et qui a trouvé une grande cavité vide dans le rebord du côté du conducteur. En consultant des mécanos et les membres d’équipage qui ont travaillé sur la voiture après l’avoir déplacée aux États-Unis, il a été révélé qu’un kit d’oxyde d’azote avait été ajouté pour pousser la puissance du moteur, déjà à 750 hp vers les 1000 hp, un système qui aurait détruit complètement le moteur de 40 000 $ avant de franchir la ligne d’arrivée s’il avait été utilisé tout le temps – utilisable pendant un temps court, mais, pas pendant longtemps ». Le procédé du gonflage pari injection à l’azote des moteurs provenant des courses de dragsters.

(3) le procédé n’était pas neuf : en juin 2000 déjà, un grand Cessna Caravan avait servi à transporter de la coke dans les Caraïbes. L’avion venait alors de Haîti, c’était celui de « Air d’Ayiti », société aérienne qui en possédait alors deux, les deux servant à transporter de la coke !!! A l’époque la DEA avait saisi quatre valises de cocaïne d’une valeur de 2,3 millions de dollars. Le verdict du responsable des douanes du moment avait été sans appel : « les événements du week-end sont très importants. Il s’agit d’une preuve concrète que les cartels de la drogue utilisent les Caraïbes pour les opérations de contrebande par air en plus des bateaux et cargos arrivant des Bahamas et d’Haïti « , a déclaré Frank Figueroa, l’agent en chef des douanes à Miami. » Il ne croyait pas si bien dire en effectuant ce qui est devenu depuis une prophétie (en ce qui le concerne, il finira mal lui-même). A gauche le N813MA (ex N880MA) de Air d’Ayiti, prise à Fort Lauderdale. L’avion (208B0505) a fini en Afrique, devenu namibien, car immatriculé V5-TGR (ici à droite en mai 2017  au Windhoek International Airport) après avoir été ZP-PFL, N1129H, YV-734C et N813MA. J’avais évoqué ailleurs son cas : « Parfois, les lâchages ratés d’avions ou le chavirage de chaloupes font le bonheur des plus démunis : « beaucoup de gens dorment le jour le long des 1771 kilomètres de côtes que compte Haïti, particulièrement dans le Sud et le Nord-Ouest. « La nuit, tous les véhicules de luxe qui franchissent les petites villes côtières sont suspects et passibles de fouilles ou d’attaques de paysans », confie un étudiant, qui prend régulièrement part à ces veillées. Tous rêvent de tomber sur un gros arrivage. Dans ces régions, la drogue est larguée de petits avions venant habituellement de Colombie et récupérée par des chaloupes qui abordent sur quelque plage tranquille au nez et à la barbe des autorités. Rien n’est plus facile. Le corps policier, miné par des scandales à répétition, compte moins de 6000 agents répartis pour l’essentiel dans les villes et dépourvus de moyens de locomotion ». « En juin 2000, plusieurs habitants de Grand-Goâve ont profité allègrement de ce mariage tordu. Pendant la nuit, les dealers avaient laissé tomber 2500 kilos de cocaïne sur une plage privée près de cette petite ville de l’ouest de la capitale. Une frénésie incontrôlable s’empara alors des habitants, qui se disputèrent pour mettre la main sur les précieux ballots de poudre blanche. Paysans, pêcheurs et même policiers s’enfuirent à toutes jambes, les bras chargés de sacs de cocaïne. Les autorités n’en confisquèrent finalement que 147 kilos… » En 2000, les autorités US arrêtaient les occupants d’un Cessna 208 d’ Air d’Ayiti qui venait de se poser à Opa Locka : à bord, quatre valises pleines à ras bord de coke. Il y en avait pour 2,3 millions de dollars. Dans deux saisies d’avions du week-end, il y avait pour près de 115 kilos de cocaïne… »

(4) en 2015, un Embraer EMB-820 Navajo 820-121 chargé de  616 paquets de cocaïne s’était écrasé au Venezuela dans l’Etat de Cojedes dans un pâturage situé dans la région de Ricaurte et avait été totalement détruit. Il était faussement immatriculé YV1246, un autocollant ayant été apposé au-dessus de l’immatriculation brésilienne d’origine en PT-RCN.  Sa présentation avait été l’objet de toute une mise en scène par les militaires vénézuéliens, qui clamaient l’avoir abattu, comme à leur habitude.

(5) c’est là aussi où a été enfermé Joshua Holt, missionnaire mormon américain fan d’armes à feu (comme tout américain…) libéré récemment et reçu en grande pompe par l’ineffable Trump, pour s’en attirer toute la gloire bien sûr.  La « preuve » montrée par les vénézuéliens ressemblant plus à un jouet qu’à autre chose, d’après ses proportions bizarres… (ici à droite).

 

 

Ici un bon résumé du cas Makled :

(1)

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

Coke en stock (CCXXXIII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (59)

 

Coke en stock (CCXXXV) : une disparition qui était prévisible…

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Franchement, cela devait arriver un jour ou l’autre.  Je vous ai expliqué la situation déplorable du Guyana, pays où le trafic de drogue est intense, et où des avions viennent régulièrement se camoufler pour faire le plein de cocaïne (comme chez le pays voisin embarrassant)  L’activité minière d’un pays sans routes praticables a vu la naissance d’une multitude de petits transporteurs, façon pilotes de Garimpeiros brésiliens qui évoluaient (et évoluent toujours) entre divers trafics, coke compris très souvent.  L’un d’entre eux, à la suite d’accidents répétés, et d’un vol illégal, a choisi de quitter le pays en 2011 et de venir s’installer sur la côte est des Etats-Unis, pour recommencer et rebâtir son école de pilotage (et même deux !).  La FAA américaine ne semble rien avoir eu à lui dire, ou lui faire remarquer, malgré de nouveaux accidents dont un mortel en juin dernier encore, aux USA.  Il s’est tué le week-end dernier (le 14 octobre 2018) à bord des son bimoteur personnel, entraînant deux clients avec lui.  Retour sur la surprenante carrière jonchée de déboires de Munidat « Raj » Persaud…

L’article du New-York Times présente sobrement ce 14 octobre un accident aérien arrivé sur la côte Est des Etats-Unis, à un kilomètre et demi de Quogue, dans les Hamptons (à Long Island), chose qui peut paraître banale, ma foi, vu le nombre de petits appareils circulant aux Etats-Unis.  Certains ayant plus de chance que l’infortuné du jour. « Le pilote d’un petit avion tué lors du crash de l’avion au large de Long Island samedi possédait également deux autres avions impliqués dans des collisions ces dernières années, dont l’un est mortel, selon les rapports du gouvernement et les rapports d’accidents. Le corps du pilote, Munidat « Raj » Persaud, a été identifié dimanche par la police de l’État de New York. Plus tard dimanche, les garde-côtes ont retrouvé les corps de deux autres personnes qui se trouvaient à bord lorsque l’avion est tombé dans l’océan Atlantique, près du village de Quogue. Les deux passagers de l’avion, un bimoteur Piper PA-34 volant du Connecticut à Charleston, S.C., n’ont pas été immédiatement identifiés. Une partie de l’épave a été retrouvée samedi et le fuselage a été localisé dimanche après-midi. L’officier maître Steve Strohmaier, porte-parole de la Garde côtière, a déclaré que des efforts étaient déployés pour le ramener à la surface. La base de données en ligne de la Federal Aviation Administration indique que M. Persaud est le propriétaire de l’avion. La police d’État a confirmé que M. Persaud, qui vivait à Westbury (Connecticut) et exploitait une école de pilotage, était propriétaire de l’appareil. ».  L’avion était le Piper N593MS, photographié ici à droite en 2010 par le spotteur « concord977″  sur le tarmac du Frederick Municipal Airport, situé dans le Maryland, qui accueille le siège l’AOPA, l‘Association des propriétaires et pilotes d’avion US !   Pour la FAA, pas de problème en effet :  c’est bien le sien (on le voit ici devant à gauche manipulant une hélice et à droite, plutôt concentré à bord) et il était en bon état puisqu’elle lui avait renouvelé le droit de voler le 2 février dernier, jusqu’au 31 juillet 2021.  Aucune infraction de ce côté là, donc…  Le 13 août dernier, il faisait encore des ronds au dessus de Danbury et d’Oxford(les bases de ces deux écoles de pilotage).

La compagnie maudite ?

Mais je vais finir par croire qu’on ne veut pas vraiment en parler, outre-Atlantique (1) .  « La firme de Persaud serait-elle maudite ? » avais-je pourtant écrit ici-même… dès le 25 juillet 2017 dans l’épisode  « Coke en stock (CXXV)« .  L’histoire récente vient de me donner raison, mais la couverture de l’accident laisse à désirer, c’est le moins qu’on puisse dire.  Pas un mot dans le quotidien New-Yorkais sur le fait que le nom même du pilote décédé était à consonance guyanaise :  car là-bas, il est en effet extrêmement répandu :  le parlement du pays en est farci (Ganga Persaud, Charrandas Persaud en font partie, l’ancien ministre des Ressources naturelles s’appelle par exemple Robert Persaud, c’est un nom d’origine indienne (Hindi) en fait (2)).  Seul l’estimable Kathryn’s Report a rappelé, photo à l’appui, qui était le pilote décédé, celui qui s’était pris en selfie devant l’avion avec lequel il s’est tué (ici à gauche).  En réalité, Persaud, avec un ami appelé « Vladimir » avait eu d’autres aventures, dont une fort douteuse avec son école appelée Oxford Aviation (OA) comme j’ai pu le conter ici-même, et pourtant citée dans l’article du jour.  Elle était installée en effet au Correia International Airport d’Ogle, qui est bien située… au Guyana. A un endroit qui est un des haut-lieux du trafic de cocaïne comme on sait.  C’est là également que l’on avait pincé le fameux commandant de bord Khamraj Lall, récemment condamné (le 5 octobre dernier),  et qui avait réussi à se faire construire un hangar complet pour son trafic au Cheddi Jagan International Airport, comme je l’ai aussi expliqué ici même.  Et c’est là aussi que l’on avait trouvé un avion en panne, prêt à repartir avec sa coke. Ou la encore que cet été un énième épisode pendable s’est produit, faisant resurgir  cette vieille connaissance du milieu de Brassington… La responsable  de l’école d’aviation incriminée (OA’s Chief Executive Officer), s’appelant…  Tricia Persaud, de son nom complet Trisha La Rose Persaud, la propre femme de Munijad, aujourd’hui bien entendu éplorée, et qui l’a écrit sur Facebook «Je t’aimerai pour toujours mon mari Raj Persaud.  Parti trop tôt mon amour.  En attendant de nous revoir.  Repose en paix. »  Or la même épouse avait été celle qui avait facilité le décollage incontrôlé en juin 2016 de deux avions pilotés par son mari et un certain « Vladimir  » vers Antigua, dans des circonstances qui n’ont pas convaincu les autorités des deux pays concernés.  Le comportement des deux pilotes, ayant emmené des « paquets » avec eux avait été jugé fort suspect :  « Les rapports de sortie de Trinidad suggèrent que les pilotes ont habilement passé sous le radar des autorités de la république à deux îles. À leur arrivée à la Grenade, les hommes ont informé le contrôle de la circulation aérienne de l’île Spice qu’ils venaient de San Juan, à Porto Rico, sur cette île. Les déplacements visaient délibérément à faire aller les autorités là-bas, car ils auraient indiqué qu’ils volaient depuis le nord plutôt que vers ces côtes.  Selon des informations émanant de sources aéronautiques, les pilotes seraient allés d’île en île jusqu’à ce que les aéronefs soient retenus plus au nord, sur l’île d’Anguilla.  À Ogle, les pilotes ont présenté leurs passes d’aéroport à la sécurité, sont montés à bord et ont décollé.  Des sources de l’aviation ont indiqué que le départ des avions était passé inaperçu jusqu’à ce qu’un tiers ayant un litige impliquant Oxford Aviation ait sonné l’alarme samedi ».  Il est vrai qu’un de deux avions, bloqué alors par un procès, n’avait pas le droit de voler.. Persaud était passé outre !

Accidents à répétition au Guyana

Les deux avions concernés étant les 8R-GMP (U206-1117) et 8R-GTP, à gros pneus de Cessna de brousse, visibles ici à droite.  Une société tierce était en litige avec Munidat Persaud, un de ses avions ayant été endommagé par un des siens lors d’un décollage dans la région sept de Guyana, à Ekereku, près de la frontière avec le Venezuela, dans laquelle l’un des deux avait heurté le Cessna 172, immatriculé 8R-GHJ, appartenant au pilote Orlando Charles de Domestic Aviation, qui avait subi des dommages structurels lors de l’incident, l’affaire étant depuis toujours devant les tribunaux (et suspendue depuis la fuite aux USA du principal intéressé)  :  Munidat Persaud semblait avoir eu un vrai comportement de cow-boy des airs, à Ekereku (région des mines d’or de Guyana comme je l’ai indiqué).  Récemment encore, Persaud avait publié un article en première page d’un journal local relatant l’incident et l’avait qualifié de «propagande du tiers monde» (« third world propaganda »).  Le fameux « Vladimir » a été présenté ici dans News Source comme étant un citoyen américain, comme son surnom ne l’indiquait pas

D’autres avions lui appartenant ont pourtant connu de sérieux déboires, tous à chaque fois savamment minimisés ou ignorés par la presse américaine, plutôt autocentrée.  En août 2010, par exemple, un des Cessna 206 d’Oxford, avait raté son décollage à Ekereku et son pilote et ses 5 passagers s’en étaient sortis avec de simples blessures. La veille, l’avion, immatriculé 8R-GMM, et piloté par Ayube Mazaharally, avait quitté Ogle avec des représentants de la Guyana Geology and Mines Commission (GGMC), emportant une cargaison d’échantillons, et avait atterri vers 9h00 à Ekereku . C’est lors du redécollage que l’incident s’était produit.  Oxford avait alors incriminé le vent… certains avaient prétendu qu’une manche à air aurait été vue enroulée autour d’un poteau au moment de la tentative de décollage et que donc le pilote n’avait pas pu détecter le sens du vent !!!… L’avion avait été détruit.  Le 8R-GRT l’avait alors remplacé au pied levé !  A Baramita, le 19 janvier 2011, un des pilotes formés par Raj, Christopher George, n’avait pas réussi à se poser correctement avec ce même Cessna 206 8R-GRT de l’Oxford Flightschool Company et l’avion avait été quasiment détruit.  C’est à la suite de ces deux  accidents, que Munidat Persaud, avec l’aide d’un autre pilote indéterminé (« Vladimir? »), avait retiré vite fait ses deux avions de l’aéroport international Eugene Correia, quittant le Guyana… pour les Etats-Unis ! Il n’est jamais retourné depuis en Guyana, empêchant le procès induit par Orlando Charles de se tenir.  En quelque sorte, Persaud était donc un… fuyard, en Guyana.  Un document intéressant retrouvé chez Panjiva en date du 4 mars 2011 précise qu’une caisse pesant 2287 livres (1 037 kilos) partirait du port de Georgetown au Guyana, direction le port de Fort-Lauderdale/Everglades, dans le container SEGU 190149 (ici à gauche, celui au-dessus des deux autres).  L’envoyeur cité étant la Tamiami Aicraft Services, de Floride. le contenu étant « one dismantle aircraft » !!!  La caisse devait contenir logiquement les vestiges du 8R-GRT accidenté en janvier 2011.  Deux mois après son crash, Persaud avait déjà choisi de s’installer aux USA, avec un avion à retaper !

Le laxisme évident de la FAA à son égard

Sans évoquer même la piste du trafic de coke, il faut quand même remarquer que la FAA, en la circonstance, s’était montrée bien légère avec les activités du défunt.  Sa fameuse école de vol avait en effet eu de sérieux déboires, avant son accident fatal, y compris aux USA, puisque un de ses élèves était même en effet décédé comme on va le voir.  Car ce ne sont pas trois appareils comme le suggérait le New-York Times, mais pas moins de treize avions que la FAA a déclaré comme étant les siens, une bonne partie ayant connu des accidents.  Treize avions relevés ici (à droite) au 15 octobre 2018 !  Dont 4 Piper, deux PA28, deux PA34, 3 Cessna 206 et quatre 172, mais aussi un Cirrus SR22 (N424X, un avion plus récent (il date de 2014, mais il a été revendu le 23 janvier 2015 à Advanced Aircraft LLC, la FAA ne tient pas ses comptes à jour) plus un rare Lake LA-4-200, un… hydravion (appelé aussi Buccaneer).  Le 17 novembre 2017, ce dernier s’était posé train rentré sur une piste en dur : ça a beau être un hydravion, il ne sait toujours pas naviguer sur du bitume (ici, on peut suivre une leçon sur comment éviter le pire sur un Lake – et comment le poser avec le train abaissé).
Aucun autre élément n’est disponible sur qui pilotait l’appareil :  était-ce notre guyanais ou un de ses pilotes formés, on l’ignore.  Les dommages n’avaient pas été trop graves, cette fois-là.  A gauche,  c’est un autre appareil qui a eu la même mésaventure, pas le sien.  Le Lake Bucaneer est un des appareils parmi les plus difficiles à piloter : la position supérieure de son moteur le fait plonger à chaque montée en puissance… Mais cela n’empêche : toute la carrière aéronautique de notre Persaud est jonchée de catastrophes aériennes, à en défier l’entendement. Les déboires déjà connus du formateur Persaud sont connus, je le ai dévoilés ici même.   A droite c’est le Cessna 172 N12242 de 1973 de Persaud, là encore un avion ancien (45 ans !).  Il possédait aussi le N734XY de 1977… acheté en 2017 !  C’est à Danbury que Persaud avait localisé son hydravion, comme le montre ici son site.  Une formation complète étant proposée chez lui pour 9614 dollars.

Voler en 25 leçons ?

On l’a vu ayant quitté la Guyana pour s’installer aux Etats-Unis aussi, où les accidents se sont hélas poursuivis.  Dans son école, son programme de formation semblait en effet un peu succinct, en proposant « un programme pilote privé qui permet à l’étudiant de passer de zéro heure de vol à une licence privée en environ 25 leçons »…  Une formation peut-être bien trop rapide ou incomplète :  un Cessna 172 M immatriculé N73101 et datant de 1976 avait ainsi raté son atterrissage le 27 septembre 2016, et était allé se vautrer dans le fossé attenant à la piste.  Son pilote souffrant de « lésions traumatiques » selon les pompiers venus à son secours :  or il venait juste d’être formé par Munidat  Persaud, qui lui même avait posé auparavant devant l’avion (ici à gauche lui-même devant l’avion, et à droite ce qu’il en restait après le crash de son élève). La FAA devait logiquement enquêter sur l’accident... mais Munidat Persaud, malgré ses antécédents guyanais, avait été autorisé à continuer d’enseigner à voler.  « Cleared ! » comme on dit là-bas (à gauche Munidat vérifiant le réservoir d’essence de son N734XY de 1977).

Un accident mortel il y a moins de six mois

Beaucoup plus inquiétant encore pour le Piper PA-34-200T de 1975 immatriculé N1101X, encore un des ses avions, un Piper PA-34 Seneca qui lui s’était (encore ) écrasé dans les Bald Mountains, à Bennington County, Woodford, dans le Vermont, le 20 mai dernier (5 mois à peine auparavant, donc sans que la FAA ne bronche encore une fois).  Un pilote récemment formé à Oxford, justement sur l’avion de la compagnie ; « selon un pilote examinateur (DPE) désigné par la Federal Aviation Administration (FAA) à BTV, le pilote avait obtenu un certificat de pilote professionnel et un certificat d’instructeur de vol certifié, avec qualification au sol multi-avions, les 17 et 19 mai respectivement » .  Pourtant guidé par la tour de contrôle de Bennington, le pilote avait fini par s’écraser dans une zone boisée, son avion fauchant la cime des arbres.  Ne l’ayant pas entendu répondre à un dernier contact, la tour avait lancé un appel aux recherches.  Les secours avaient mis un temps fou pour le localiser dans une zone très boisée et accessible qu’à pied.  Le pilote s’appelait Ramsey Sampson Ah-Nee, 31 ans, de Manchester, dans le Connecticut.  Il avait été soldat stationné à Aviano en Italie de  in 2005 à 2007.  Le NYT  évoque le fait qu’il s’agissait d’un « ami » du défunt.  A droite un jeune pilote à bord du même avion filmé par une Go-Pro.  La même GoPro a servi à montrer un vol effectué par un autre avion de  Persaud, le Piper Archer II PA-28 N1822H.  A noter aussi que, comme Martin Rapozo (voir ici), Munidat Persaud avait acheté un.. hydravion Cessna :  le N235HM, un TU 206G. Or celui-ci aussi, redevenu « terrestre » a aussi connu un accident, le 3 août 2015.  L’avion, revenu de maintenance après plusieurs mois ans voler, avait une canalisation de carburant desserrée, d’où une perte de puissance moteur qui avait obligé le pilote à un atterrissage en dehors de l’aéroport sur un chemin de Saint Ignatius, et une collision avec des obstacles (des haies). Mais Persaud  n’y était pour rien, cette fois, c’est son précédent propriétaire (jusqu’au 27 septembre 2016) qui avait eu l’accident.  On notera quand même que comme Rapozo, il achetait des avions accidentés en ce cas… L’engin présentait un autre défaut… cosmétique : repeint deux fois par Air Cover à Urbana, il ne respectait en rien  les normes de lisibilité d’immatriculation édictées par la FAA… qui ne l’avait même pas remarqué… à deux reprises, pourtant (à droite c’est le Piper N1822H de Persaud, acheté récemment) !

La chute finale

Selon deux témoignages, ceux de Steve Mennuti et Tim Carbone (de l’Oceanfront Surf Club) présents sur place, l’avion a manifestement eu une panne de moteur, puis une tentative de relance qui a échoué, et il s’est ensuite désintégré en vol :  tous deux affirment avoir vu « des morceaux » tomber dans l’eau et non l’appareil au complet.  « C’est arrivé tout d’un coup», a déclaré Tim Carbone, un résident de Quogue, selon WABC. « J’ai vu trois morceaux d’avion, des trajectoires distinctes se dirigeant vers l’océan, et ils étaient en train de descendre comme une feuille, comme ça »… Des morceaux d’avion, notamment une aile et un réservoir d’huile, ont été repérés à proximité du lieu de l’accident, a déclaré un responsable ».  Trois personnes étaient ce jour-là à bord : Munidat Raj Persaud, Jennifer Landrum, 45 ans, d’Augusta, en Georgie, une institutrice, et Richard P. Terbrusch, 53 ans, de Ridgefield, dans le Connecticut, un avocat spécialiste des divorces qui s’étaient rencontrés il y a quelques mois.  Qu’est-il donc arrivé à cet avion et à son propriétaire qui semblait avoir toute la mansuétude de la FAA ?  L’appareil datait, il est vrai de 1978, et avait donc tout juste 40 ans (3)… Pas tout jeune donc non plus pour une cellule d’avion de tourisme.  Persaud était à l’évidence un passionné de vol, c’est indéniable, mais qui semblait avoir pris à plusieurs reprises de grandes libertés avec les règles les plus élémentaires liées à cette activité :  encore une fois, c’est le procès d’une FAA bien trop laxiste qui se profile derrière sa disparition qui somme toute était donc prévisible, comme je l’avais déjà écrit.  On pense aussi aux (jeunes) enfants qu’il laisse derrière lui, et à sa responsabilité à leur égard (plus celle envers les familles des deux disparus, qui réclament déjà des comptes).  On le saura bien un jour je pense… quoique ça s’annonce tout de suite mal avec ce que l’on vient tout juste d’apprendre  : « toutefois, l’enquête sera probablement effectuée sans le fuselage de l’avion, le corps principal de l’avion. Le Piper PA-34 ne semble pas avoir été assuré, selon Joe Frohnhoefer, PDG de Sea Tow – une société d’assistance maritime basée à Hampton Bays, chargée de récupérer l’épave. Sans assurance, qui serait normalement facturée pour soulever l’épave, le fuselage restera posé au fond de l’océan, a-t-il déclaré. « À moins que quelqu’un ne dise: » Nous devons avoir cet avion pour une enquête « , alors oui, il restera là », a déclaré M. Frohnhoefer ».  Bref, on ne semble pas beaucoup pressé d’éclaircir sa disparition, comme si la désintégration en vol d’un avion très répandu n’avait aucun intérêt pour le parc entier aérien aux USA, pour la FAA… qui laisse voler des appareils non assurés (rappelons que son permis de vol, qui logiquement aurait dû contenir à minima la vérification de cette assurance, venait juste d’être renouvelé !!!).  Et si, au final, cette disparition soudaine avait à voir avec les événements récents de cet été en Guyana ???  Un homme doit le savoir, en ce cas, il s’appelle Michael Brassington ! Lui vole toujours aussi, malgré un lourd passé d’accidents et de trafics !

(1) c’est là aussi qu’on s’aperçoit que Sputnik n’a fait que recopier l’annonce d’une agence de presse, sans faire un travail de recherches sur un événement.

(2) en 2004, le narcotrafiquant Shaheed Roger Kahn avait ordonné le meurtre de Davendra Persaud, (et de Donald Allison; lui aussi trafiquant) l’homme étant lui-même un trafiquant qui était dévenu informateur et qui s’apprêtait à tout déballer à la DEA.  Le détail est dans le livre « Cocaine Trafficking in the Caribbean and West Africa in the Era of the Mexican Cartels » de Daurius Figueira (ici à droite), une belle mine de renseignements.

(3) dans le Montana ça ne coûte que 150 dollars pour en enregistrer un avion de cet âge… on en a produit 5000 exemplaires depuis… 47 ans !  L’engin s’achète moins de 100 000 euros.

 

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

17 chasseurs F-22 d’abîmés, et voilà Trump un peu moins climatoseptique

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Les images du passage d’un ouragan sont toujours impressionnantes et celles laissées derrière lui par Michael sont bien dans la tradition :  maison de plein-pied américaines faites avant tout de bois explosées comme fétus de paille (1), arbres arrachés, wagons de chemin de fer couchés par le vent, le désastre survenu en Floride est immense.  Au-delà des pertes humaines, que l’on ne peut ignorer, bien sûr, il nous faut aussi remarquer d’autres clichés, déjà savamment triés dans la presse, par ce qui est déjà une censure de l’armée US.  Car cette dernière a failli, ou plus exactement l’Air Force, qui, aujourd’hui encore ne communique toujours pas le chiffre exact de ce qu’elle a perdu sur la base de Tyndall, située en Floride, une base qui est un élément stratégique important de la défense du pays, puisqu’elle abrite à elle seule pas moins de 55 chasseurs F-22.  Celui qui a fait couler de l’encre aussi, par son coût de revient… et surtout d’entretien.  En 2010, je l’avais qualifié de « boulet à traîner ».  Aujourd’hui, il convient d’expliquer pourquoi parmi les 55 certains, un peu moins d’un vingtaine semble-t-il (on cite le chiffre de 17 appareils), se sont retrouvés abîmés par des éléments des hangars censés les protéger.  D’un prix évalué entre 150 millions à 400 millions pièce, l’US Air Force viendrait en ce cas de perdre… 2,72 milliards de dollars en hypothèse la plus haute, en moins de deux fois 15 minutes (le temps du passage de l’œil cyclone sur la base !). On comprend pourquoi aujourd’hui elle se tait…

Où ça devient incompréhensible, c’est que l’ordre d’évacuation de la base avait pourtant été donné: on avait filmé des F-16 (ici à gauche un en train de partir), des F-15  (2) et des F-5 (noirs) et même les fameux F-35 en train de quitter la base, pour aller se réfugier sur la Wright-Patterson Air Force Base, en Ohio  le 9 octobre.  Les F-5 « noirs »  jouent le rôle d’Agressors à Tyndall, pour entraîner au combat les F-22. L’équipe du« Fighter Composite Squadron (VFC) 13  des “Fighting Saints” » les orne de belles étoiles rouges, pour faire plus… « rouges » !!!  Selon, la presse, sur les 55 F-22, de la base 33 exemplaires auraient réussi à se réfugier sur la base de Wright-Patterson, en Ohio.  Un des appareils, qui avait tenté le départ, avait dû y renoncer… sur « panne mécanique ».  Les autres restants n’on pas bougé car ils n’ont pas pu le faire :  ils étaient en maintenance, dont certaines bloqués par manque de pièces.  L’avion, on le rappelle, n’est plus produit, et comme ça se passe souvent, on cannibalise son voisin en plus piteux état pour réparer au plus vite.  On déshabille Pierre pour rhabiller Paul, en quelque sorte.  En mars dernier, les statistiques dramatiques de l’US Force aérienne indiquaient « que seulement la moitié des Raptors étaient «capables de mission», selon Air Force Times.  « Le reste avait été cannibalisé, mis à au sol pour réparations ou manquant d’améliorations essentielles pour le service de première ligne. »  La photo qui accompagne l’article est parlante, car on voit deux F-22 au tarmac, dont l’un à la peinture particulièrement usée et fatiguée.  Sachant que la furtivité du chasseur ne repose que sur elle, cela inquiète en effet.  Son voisin a la sienne encore en état, et, la preuve, le rampant marche dessus chaussé de chaussons, comme on le fait pour le B-2 (et le F-35 !), qui lui, ne résiste pas bien à la pluie… (sa mise à la retraite précoce, pour le B-2 est dû à un phénomène de délitage de ses membrures réalisées à l’époque par extrusion).

La photo a été prise le 14 août dernier en Allemagne, à Spangdahlem  les deux « roadsters » Raptors appartenant au 95th Fighter Squadron, 325th Fighter Wing, de la Tyndall Air Base, justement.  Selon certains, l’envoi en Syrie de quelques exemplaires est à l’origine de fortes dégradations de leur revêtement.  Le roi des chasseurs ne supporte ni le soleil ni le sable !  Tyler Rogoway, dans the War Zone, a parfaitement résumé la situation en comparant les jets de l’Air Force à la voiture du quidam moyen :
« Un combattant moderne n’est pas une Honda Accord. Vous ne vous contentez pas de l’utiliser et de le conduire pendant des mois, jusqu’à ce que vous ayez à là prendre pour un changement d’huile d’une heure lorsque le voyant s’allume. En fait, ils ressemblent beaucoup plus à des voitures de sport haut de gamme qui nécessitent beaucoup de coûts élevés pour rester opérationnelles. Le F-22, en particulier, ressemble plus à une supercar exotique ou même à une voiture de course haut de gamme qu’à toute autre chose. Il nécessite des dizaines d’heures de maintenance pour chaque heure de vol et une maintenance en profondeur peut durer des jours voire des semaines, en fonction des tâches à effectuer et de la disponibilité des pièces de rechange, qui peut être rare ».  A droite en photo les patchs de peinture « furtive » à apposer après chaque travail sur un panneau extérieur de la danseuse du Pentagone.

Au final, le F-22 requiert 30 heures de maintenances diverses par heure de vol (sur le bombardier B-2, cela nécessite 47 heures sur le terrain  par heure passée dans le ciel, et  aujourd’hui il est rare d’en avoir quatre en état de vol au même moment sur les 19 restants). Pour chaque F-22, au total, il faut investir 3 190 454,72 dollars par an pour faire voler chaque exemplaire, c’est un rapport d’exploitation de l’Air Force qui le dit.  S’ajoutent aux entretiens. les révisions et mises à jour de l’appareil lui-même, des upgrades réguliers appelés « Blocs » touchant souvent la gestion de l’ordinateur de vol.  Celui du F22 a été inventé avant 1990… imaginez sa lenteur par rapport aux processeurs actuels.  En 1990, on en était au Pentium 386 qui n’atteignait pas le millier de processeurs et tournait à 20 Mhz (oui vous avez bien lu, 20 Mhz !).  Un Core I7 actuel (sorti il y a déjà dix ans en 2008 !) en contient 730 millions, et tourne à 3,2 Ghz. Le cerveau du F-22 est celui d’un attardé mental, aujourd’hui, en  comparaison.  La puissance à bord est de 700 MIPS, celle environ d’un processeur Power PC de Mac entre le G3 et le G4 (un peu avant l’an 2000)... un budget de 25 millions de dollars a été octroyé en 2017 pour upgrader la flotte de F-22 en  Block 20.  Aujourd’hui sur 183 F-22, 133 seulement sont à jour (on dit « combat coded »!), et sur ceux-là, un sur deux seulement est en état de vol (selon les chiffres de 2017 c’est exactement 49% !).  En somme, les 33 partis de Tyndall représentaient la moitié de ce qu’auraient pu aligner les USA à ce moment là en cas de conflit !!!  Le jour où Poutine ou les chinois attaqueront, qu’ils choisissent plutôt un jour de tempête !  Ci-dessous une cartographie des changements à effectuer au bout d’un certain nombre d »heures sur l’avion :  les attaches de dérives, qui chauffent trop, comme sur le F-35, sont à changer toutes les 840 heures de vol.

« En plus de laisser certains avions en attente de réparation pendant des périodes prolongées, d’autres doivent faire l’objet de vérifications périodiques planifiées, d’inspections discrètes des composants et d’inspections de phase invasives, ce dernier les voyant en grande partie désassemblés avant d’être remontés et mis à rude épreuve testé avant de le ramener sur la ligne de vol active après avoir résolu tous ses problèmes, ou «difficultés».  En d’autres termes, bon nombre de ces opérations ne sont pas des opérations que vous pouvez simplement arrêter et inverser pour rendre rapidement l’aéronef en vol en quelques jours ou deux, voire même pas du tout à proximité. Il y a toujours un certain nombre d’aéronefs qui passent par ces intervalles de maintenance planifiés, ce qui permet de garder l’inventaire d’un escadron assez prévisible compte tenu des exigences qui lui sont imposées. Il n’est donc pas rare d’avoir au moins une poignée d’aéronefs d’une unité incapable de voler à cause de la maintenance prévue, sans parler de problèmes imprévus.  Ce nombre peut en fait augmenter en fonction du type, de l’âge de l’aéronef et de l’état de préparation général de la communauté aéronautique dans son ensemble« .

Dans les hangars de Tyndall, il n’y a pas eu que les F-22 de touchés : on a vu aussi des avions cibles BQM-167 et des avions transformés en cibles (aux extrémités peintes en rouge), des QF-16, transformés en avions-cibles  (avant c’étaient des Phantom F-4) et même des bimoteurs japonais MU-2 Mitsubishi qui sont là pour former des Air Battle Managers et qui semblent aussi avoir beaucoup souffert comme on peut le voir ici à gauche.  Aurait-on pu faire autrement, démonter les engins coincés sur place et les envoyer par avion, type Galaxy, comme ici à droite ?  En fait c’est une opération lourde réservée aux avions… déjà accidentés, car le F-22 est aussi sujet à ce genre de phénomène, bien sûr. En avril dernier c’est ce qui était arrivé au F-22 du 3rd Air Force Wing at Elmendorf Air Force lorsqu’il s’était posé sur la base de NAS Fallon dans le Nevada.  Train rentré, posé après un ennui de moteur constaté lors du décollage.  Remettre à neuf un tel engin après un atterrissage forcé prend du temps.  Beaucoup de temps:  c’est ainsi que le 12 décembre 2017 on avait salué le retour d’un F-22 en service.  Celui-là, curieux hasard, s’était vautré sur l’une des pistes de la Tyndall Air Force Base (AFB) le 31 mai 2012 :  il avait donc fallu pas moins de… six ans pour le retaper !!!  Six années pour le voir revoler !!!  L’accident avait été évalué à 35 millions de dégâts, un prix laissant encore de la marge par rapport au près de 400 de l’avion neuf.  D’où l’intérêt de réparer.  Mais six ans, ça peut paraître un tantinet bien long… il semble bien.  En réalité, l’engin conçu il y a plus de 30 ans maintenant exige un savoir-faire qui a déjà disparu :  les ouvriers qui l’ont bâti sont partis à la retraite et personne n’a été formé pour retrouver les méthodes de l’époque.  Même l’outillage, parfois, manque.  Alors on patche ce qu’on avoue avoir fait pour l’avion ressuscité !


C’est en novembre 2012 qu’un F-22 avait été complètement détruit… à Tyndall.  Le second de l’année. A peine le pilote avait-il réussi à s’éjecter qu’on le blâmait déjà…, le pauvre, dans un premier temps. Le compte-rendu de l’Air Force qui avait suivi en 2013, paru dans Défense Daily, mérite le détour, cinq ans après : « le colonel de la Force aérienne, Todd Flesch, président de l’AIB, a déclaré dans son discours qu’un fil conducteur a provoqué un arc électrique, qui, a percé une ligne hydraulique adjacente et a provoqué un incendie en vol dans l’entraînement auxiliaire monté sur la cellule gauche de l’appareil (AMAD). Lorsque le fil d’alimentation de la génératrice a fait un arc, le système a détecté l’arc initial via sa protection contre les pannes de l’alimentation électrique, provoquant l’arrêt de la génératrice gauche. Lorsque le pilote a tenté de redémarrer la génératrice conformément aux procédures habituelles, l’arc a enflammé le fluide hydraulique alors répandu en brouillard et a fourni une source de carburant à l’origine de l’incendie. L’incendie s’est déclaré dans la baie AMAD de gauche et a affecté des composants dans l’ensemble de la baie AMAD lors de la reprise du pilote, a déclaré Flesch. L’incendie et la chaleur qui ont suivi ont compromis les systèmes électriques et hydrauliques essentiels de l’aéronef contrôlant les gouvernes de contrôle du F-22A et ont entraîné un état de vol irrécupérable. Le pilote a initié une éjection réussie environ 20 minutes après le début de l’incendie et l’avion a percuté le sol à 15 h 33 HNE ». On était bien en face d’un défaut technique d’un des composants de l’appareil. Il fallait donc atténuer le propos, ce qui n’a pas manqué :  « l’armée de l’air a également blâmé les conditions météorologiques, affirmant que celles-ci avaient «considérablement contribué» à l’accident. Selon le service, une couche nuageuse sous-jacente solide allant d’environ 1 500 pieds à 2 800 pieds a affecté les options de récupération du pilote et des contrôleurs de radar. L’appareil a été complètement détruit et l’armée de l’air évalue le montant total des dommages à 150 millions de dollars ». Le climat de Tyndall ayant une autre influence inattendue comme on vient de le lire :  il divise le prix d’un F-22 d’un facteur 2,6…  (à gauche, le sac de nouilles ce sont les câbles incriminés).

D’autres incidents ont été également minimisés, comme ceux ces deux F-22 basés à la Joint Base Elmendorf-Richardson d’Anchorage. qui ont eu tous les deux des problèmes de moteur cette année lors de vols près de la frontière du Canada.  Pas un seul, mais deux avions avaient eu des ennuis.  C’est en effet l’un des deux qui avait dû se poser à plat ventre sur la base aéronavale Fallon au Nevada.  L’événement s’était en fait effectivement produit quelques jours à peine après la perte de puissance d’un autre Raptor lors d’un vol vers la base aérienne de… Tyndall, mais le premier qui s’était posé sans encombre, n’avait pas fait la une des journaux.  Le gag, c’est que ce sont les mêmes avions d’Elmendorf-Richardson qui s’étaient coltinés l’interception des bombardiers russes au large de l’Alaska au cours des derniers mois… Le super chasseur ultra rapide avait été envoyé pour rattraper deux vénérables bombardier à hélices Tu-95 Bear en service depuis… 1956.  On remarquera qu’en 2015 pour aller en chercher un autre un peu plus loin au Sud de L’Alaska le F-22 avait dû se munir de deux gros bidons de kérosène qui avaient complètement ruiné son « invisibilité ».  Les russes avaient dû être les premiers à sourire du paradoxe … ils en avaient profité pour faire un selfie, la dernière fois.  Les russes sont des gens moqueurs, c’est sûr…

A noter aussi que pour l’Air Force le déménagement express de ses Raptors était une redite.  En novembre 2016 en effet, l’ouragan Hermine avait déjà posé le même problème.  La tempête menaçant la base de Langley (près de Hampton, en Virginie), cette fois, son commandant avait eu recours à l’aide de… la NASA, à qui il avait demandé de lui prêter un hangar plus résistant que les siens.  Le hangar choisi contenant déjà un C-130, un Falcon (celui-là, le N525NA) et un Beechcraft, il avait fallu rentrer les treize avions militaires au chausse-pied dans le hangar.  Les rampants avaient fait des prouesses… pour rien  : Hermine avait fini en tempête tropicale de niveau 2, au dessus de Langley…Le Journal Du Geek nous avait alors offert une vue au fish-eye du sage rangement des avions volant leur pesant en or…  A Langley, il y avait logiquement 40 F-22 à caser. La base avait reçu en 2005 le dernier F-22 de production, le N°03-4041 fourni au 1st Fighter Wing’s 27th Fighter Squadron.

Dans le magazine Air Force Times, le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, déployant une mine des mauvais jours, était venu rassurer tout le monde, entendez surtout le contribuable… « le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, a semblé optimiste lundi sur les chances de réparer un nombre inconnu de F-22 et d’autres avions qui ont été endommagés lorsque l’ouragan Michael a frappé la base aérienne de Tyndall en Floride la semaine dernière. Mattis a déclaré que, d’après l’examen initial des avions endommagés, « il semble que tous les avions soient réparables ». Il a toutefois averti qu’une inspection plus approfondie des avions – pour des raisons de maintenance ou raisons de sécurité, n’ont pas été déplacés à un endroit différent – est nécessaire avant que l’armée de l’air puisse être sûre. « Je ne suis pas prêt à dire que tout peut être réglé, mais notre examen initial a peut-être été plus positif que prévu … compte tenu de l’ampleur des dégâts », a déclaré Mattis.  La haute direction de la Force aérienne a déclaré dimanche soir que les F-22 restés à la base aérienne de Tyndall après le passage de l’ouragan Michael n’avaient pas été aussi gravement endommagés qu’on le craignait à l’origine ».  Disons que ça prendra moins de six ans pour les voir voler à nouveau alors… Tout ceci n’empêche pas la question fondamentale du jour : comment donc un avion à 400 millions de dollars peut-il se retrouver serré autour d’autres dans des hangars de si piètre qualité ?  Comment peut-on dire que l’on protège un bien de 2,7 milliards de dollars dans de telles conditions (3) ?

Un malheur n’arrivant jamais seul, on avait appris la disparition d’un pilote US à bord d’un Sukkhoi, en Ukraine, il était le coéquipier du responsable du bataillon, le colonel Ivan Petrenko.  Il s’agit du Lt. Col. Seth “Jethro” Nehring of Reno depuis 20 ans au sein du California Air National Guard’s 194th Fighter Squadron, partie de U.S. Air Force 144th Fighter Wing basé à Fresno, dont il était originaire.  Les circonstances du crash sont toujours inconnues.  L’avion SU-27 UB  portait le numéro 963104240 et datait de 1991…  En revanche, les avions abîmés à plusieurs millions de dollars semblent avoir eu une influence sur l’état d’esprit d’un Donald qui évalue tout à l’aune du billet vert uniquement.  Une fois l’ouragan Michael passé, il semblait revenir (enfin) sur ses déclarations précédentes sur le climat… jusqu’ici il parlait de « canular ».  Un peu comme l’avion furtif, quoi… que Trump ne voit pas, et c’est pour ça qu’il est « bon », selon lui (relire ici l’épisode « Marillyn Lockheed »…).  Encore faut-il qu’il vole... pour ne pas être vu !!!

Reste encore un autre problème de taille, celui de la pollution généralisée des nappes d’eau, engendrée par les bases de l’Air Force, qui utilisent comme mousse pour éteindre les incendies dans leurs hangars des produits hautement toxiques notamment des PFAS (« polyfluoroalkyl substances« ).  Ici un rapport stigmatisant cet usage ayant contaminé les cours des écoles élémentaires alentour.  Lire ici les ravages des produits... et de ceux que l’on a proposé pour les remplacer… ici un autre dossier similaire en Californie.

PS : les A-10 de la base de Moody venus sur la base de Tyndall n’ont eu aucun mal à s’envoler… mais c’est logique, un A-10, sorte de Volkswagen aérienne, ne pose jamais problème.  Même quand il se pose sur le ventre... (il a été prévu pour ça).

(1) à l’exception de « Sand Palace » , surélevée, qui a résisté aux vents.

(2) le F-15 vu retourné n’était pas opérant : c’est un des avions mis en potence décorative à l’entrée de la base: sans ses réacteurs, il est nettement moins lourd en effet.

(3) à Tyndall, on construit semble-t-il avec plus de soin le centre de fitness des officiers…

Coke en stock (CCXXXVI) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (61)

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Et puis le temps de rédiger ce long chapitre particulier au sein de la non moins longue saga Coke en Stock, à savoir environ de janvier à juin 2018, d’autres événements se sont produits entre temps, dans les pays cités tels la Bolivie, où le président Morales a fait la une des journaux, de façon fort « people » si l’on peut dire, ou le Paraguay, qui a vu la disparition de son ministre de l’intérieur dans un accident d’avion et l’élection du candidat annoncé, Mario Abdo Benitez, dans l’épisode CLXXVII, mais aussi les incontournables Honduras, Belize et Venezuela dans lesquels on a découvert de gros porteurs de cocaïne (je reviendrai plus tard sur ces arrivages qui ont vu notamment un jet biréacteur Hawker se poser sur une route de campagne au Belize, on peut le voir ici redécoller aux mains d’un pilote de l’armée très expérimenté, car il faut oser le faire !), mais aussi au Brésil, où l’on permettra sans doute juridiquement à Lula de se représenter comme président alors qu’il est toujours à ce jour emprisonné, tandis qu’en Argentine, les déboires de l’ex-présidente Kirchner sont loin d’être terminés (un de ses chauffeurs, arrêté depuis, avait gardé avec lui un carnet où il avait consigné tous les versements d’argent par valises, pour des montants faramineux).

Commençons d’abord au Brésil, par un repêchage, en juin, d’un avion dont on n’avait pu voir que les formes au fond de l’eau, survolé par un hélicoptère de l’armée. On avait eu un peu de mal à en définir l’aspect, mais c’était bien un Beechcraft Baron bien classique, comme le montre la photo, une fois sorti de la la lagune d’Uberaba, dans le Pantanal, puis démonté pour être expédié par barge sur le fleuve. L’avion avait été intercepté le 25 avril dernier par les forces aériennes brésiliennes : repéré par un avion radar E-99, il avait été ensuite abattu par l’un des deux A-29 Tucano lancés à sa poursuite.  L’avion, un Beechraft Baron B-58 d’après ses vitres rectangulaires arrière) emportait une demi-tonne de coke, dont la majeure partie avait été récupérée.  Mais comme il en regorgeait littéralement c’est sans surprise qu’on avait découvert 60 kilos supplémentaires à son bord, dans un endroit non déterminé de l’avion.  Le corps du pilote n’avait pas été retrouvé : avait-il réussi à s’échapper lors de son amerrisse forcé, l’option reste possible.  Selon la police et l’armée, le Tucano avait atteint un des moteurs de l’appareil, et le fuselage ne portait aucune trace d’impact.  Tirer sur les avions de trafiquants est autorisé au Brésil en 2004.  La procédure a été utilisée pour la première fois en juin 2009, lorsque des pilotes ont tiré sur un véhicule monomoteur transportant 176 kilos de cocaïne à Rondonia.  Après les tirs de semonce, le pilote du monomoteur avait atterri.  On ne sait ce qu’il est advenu de ce chanceux, donc (et de son coéquipier car ils étaient deux à bord).  La seule chose gênante, dans cette pêche aux vestiges, est que dans tous les clichés de l’opération, la police prendra grand soin de disposer devant la partie du fuselage portant l’immatriculation de l’appareil un bout de métal, en l’occurrence ici la partie droite du gouvernail horizontal, disposé sciemment (on a replié exprès vers le haut son aileron, voir ici à droite) pour éviter qu’on ne le distingue. Pour quelle raison ? Impossible de le savoir.  Cherchait-on ainsi à dissimuler le propriétaire de l’aéronef ? A noter que l’on avait acheminé le butin repêché via un petit Cessna immatriculé PT-KCL, siglé « Operaçoes Aéeras », celui de la police et à l’origine l’avion saisi à des trafiquants…

Le vol d’avion, un sport toujours très prisé

Voler des avions, ou tenter de les voler, demeure un sport brésilien fort pratiqué.  On en a encore eu la preuve en juillet, avec l’attaque, il n’y pas d’autre mots, d’une fazenda propriétaire de deux types d’avions prisés par les trafiquants.  Le PT-CPI un Piper PA-28-180 (N°28-3384) enregistré au Brésil depuis le 7 juillet 2006, et le PT-NMO, en  Embraer EMB-710C « Neiva »  (N° 710182) au Brésil depuis le 14 avril 2005.  Ça s’est passé à Aquidauana à la ferme de Pesqueira Santo Antônio, à 135 km de Campo Grande, dans un secteur réputé pour sa pêche en lacs (ici à droite son hangar avec sagement parqués ses deux appareils) où des policiers prévoyants s’étaient rendus à la suite d’un coup de fil anonyme et l’interception d’appels téléphoniques annonçant la venue prochaine de malfrats pour dérober les avions, ou l’un des deux avions.  Deux trafiquants étaient alors arrivés au petit matin, les armes à la main (de calibre 38), dans une Volkswagen gris argent.  Des coups de feu avaient aussitôt été échangés.  La police avait aussitôt riposté sur les assaillants, tous deux blessés dans un premier temps mais annoncés comme décédés peu de temps après.  A noter que le Neiva, au nom d’Antonio Fancelli avait eu son « Certificate of Airworthiness » suspendu puis carrément interdit :  l’avion n’avait plus le droit de voler !  Etaient-ils mal renseignés ou bien souhaitaient-il s’emparer du seul PA-28 ?  La police arrêtera peu après un troisième larron, José Carlos Neto Cabreira, le cerveau présumé de l’opération, arrêté dans une auberge du quartier universitaire de la capitale, et un quatrième homme devant être le pilote. L’avion aurait été proposé à la vente pour 500 000 reais, selon, la police.  Au mois d’octobre précédent, selon le site Coxim Agora, un avion avait été volé d’une toute autre façon à Santo Antônio de Leverger, à 30 km de Cuiabá, après que le pilote ait reçu un appel de détresse provenant d’une fazenda de Santa Tereza.  Un procédé tordu avait été ce jour-là employé par les trafiquants :  un faux appel de détresse indiquant qu’une personne ayant des problèmes de santé ne pouvait accéder aux ponts agricoles cassés, et ne pouvait donc pas se déplacer en auto.  Le Cessna PT-KCM (ici à gauche, un Cessna 182P (N°1826329) enregistré au Brésil le 15 décembre 1997), avait été approché par des bandits armés et cagoulés, et le fils du propriétaire, pilote également, le seul avec son père à posséder les clés de l’appareil, avait été abandonné en voiture par une autre partie de la bande un peu plus tard sur une route de campagne. L’avion, qui n’a pas été retrouvé depuis, n’avait pas dû aller loin, dans un premier temps :  il ne possédait que 69,8 litres de carburant, ce qui lui donnait une autonomie de vol d’environ 70 minutes. La frontière bolivienne est à 288 km, soit à un peu plus d’une heure de vol : pile poile pour s’y rendre à la vitesse moyenne d’un 182.  En juin 2017, des bandits armés avaient, je le rappelle, investi l’hôtel Sesc Pantanal de Poconé (à 100 km de Cuiabá) et volé un autre Cessna, immatriculé PR-ESC.  Son pilote, Rogério Lana Gomes, avait alors été enlevé au moment où il se posait sur sur la piste près de l’hôtel.  Sous la menace, il s’était envolé avec à bord les voleurs qui le libéreront trois jours après l’enlèvement, dans l’État de Rondônia. L’avion n’a à ce jour jamais été retrouvé (lire ici et là également cette aventure).

Bis repetita

 Voler pour pouvoir voler ? Une autre tentative encore cet été avec une autre bande venue tenter de récupérer un avion déjà saisi auparavant avec 150 kilos de coke à bord.  Ça s’est passé dans le Mato Grosso, encore une fois, Mato Grosso, où quatre truands bien décidés ont envahi l’aéroport de Cárceres, situé à 220 km de Cuiabá, le 1er août dernier.  L’avion avait été saisi le 10 juin précédent. La police, qui redoutait la tentative, avait tout fait pour l’en empêcher notamment en demandant des modifications sur l’avion, faites par un mécano local.  Les voleurs pouvaient mettre en marche l’avion mais ce dernier était incapable de décoller.  Dépités, le quatuor se vengera sur le système d’alimentation en essence du petit aéroport.  L’avion qu’ils avaient tenté de récupérer était le Cessna PT-IDV, un petit Cessna 182P (N°18261218) enregistré au Brésil le 24 mai 2012.  Un habitué de Goiânia.  L’appareil, qui avait été suivi lui aussi par un E-99 (efficace donc, comme engin !) avait été intercepté début juin par deux avions d’attaque A-29 Super Tucanos qui lui avaient fait signe de se poser à Tangara da Serra.  Mais au lieu de ça, il avait effectué une manoeuvre fort risquée pour atterrir sur un chemin dans une zone rurale de la commune du Ciel Salto.  Son pilote chevronné, appelé Harysohn Pedrosa Pina  âgé de 46 ans,  les policiers le connaissaient bien : il sortait tout juste de prison !  En effet, en 2015, avec quatre complices, il avait déjà tenté de voler l’appareil immatriculé PR-NFE (ici à gauche) sur un aérodrome près de Sinop, à a 503 km de Cuiabá.  L’avion appartenait à un industriel faisant dans le bois.  L’avion, acquis en 2005, avait été évalué à plus de 1 million de Reais.  Un policier Mário de Almeida Mattos, 33 ans, était mort dans la fusillade durant la tentative.  De tous les accusés, c’est le pilote qui s’en était le mieux sorti : Harysohn Pedrosa Pina, âgé de 45 ans avait été condamné à 25 mois de prison, José Carlos da Rosa Silva, 43 ans (à 10 ans et 9 mois), Revelino Leismann, 44 ans (à 8 ans et 10 mois), Genivaldo Ferreira dos Santos, 55 anos (à 11 ans et 9 mois) et Bruno de Lima, âgé de 21 ans à 7 ans et 10 mois.

Le nouveau camarade de Pina, le copilote de l’avion PT-IDV, Aldo Sánchez Sandoval, de nationalité bolivienne, sur des photos, était un militaire, qui arborait jeune (pendant son service militaire en fait) l’uniforme des forces de sécurité du pays dont il était originaire (photo à droite).  Il avait avoué aux policiers avoir reçu 5 000 dollars pour la cargaison, qui devait être livrée à Chapada dos Guimarães (à 67 km plus au nord).  Gag ultime : les pains de coke qu’ils transportaient avaient été signés au goût du jour, puisqu’ils portaient l’effigie de la coupe du monde 2018 (ici à gauche)….  quant à savoir pourquoi l’un des 5 accusés lors du vol du premier appareil s’en était mieux sorti que les autres… Harysohn Pedrosa Pina qui avait été condamné à 25 mois de prison seulement pour la première tentative n’est autre en effet que le fils de l’ancienne députée de l’Etat et Première dame de Barreiras (BA), Antonia Pedrosa Pina (ici à droite):  ceci expliquant cela pour de nombreux observateurs, ce qui en dit long aussi sur le rapport entre les politiques et la justice dans le pays.  Les quatre malfrats de la nouvelle opération, repérés et nommés, Daniel Tenório, José Carlos da Rosa Silva (Carlinhos), Rivelino Leismann (Chapolin) et Genivaldo Ferreira dos Santos (« Gaúcho ou Neguinho ») sont depuis recherchés en vain.  Tous habitaient à Sinop.  Harysohn Pedrosa Pina  attend aujourd’hui d’être de nouveau condamné… pour son transport de pains de coke de coupe du monde !

Une affaire très mystérieuse

Ça démarre par une déclaration assez sidérante début juillet 2018 : arrivé en moto-taxi dans un commissariat, un pilote appelé Sergio Vanderlei Becker (ici à droite) déclare devant des policiers sidérés qu’il avait embarqué deux passagers à bord de son avion bimoteur mais que ces derniers auraient alors commencé à se disputer après environ une heure de vol.  L’un des passagers aurait même tué l’autre d’un coup de pistolet, selon son témoignage.
Le tireur aurait aussi réussi à jeter le corps de la victime par la porte de l’avion, et ce, en plein vol, ce qui semble bien improbable en réalité !!!  Les deux passagers de la rixe étant un « turc » et un « polonais » selon lui.  Les policiers en restent bouche bée.  Et attendez, ce n’est pas fini, le pilote aurait réussi ensuite à désarmer le meurtrier, et même à le tuer lui aussi, avant de faire plonger son avion dans un fleuve, dans la région minière d’Itaituba, au sud-ouest de Pará, d’où il aurait été le seul à s’extraire vivant. Bref, ils avaient affaire à un vrai superman venant expier ses fautes, à défaut de ses exploits !!!  En fait c’est sur la rivière Jamanxim que le PT-IIU, un Piper PA-31-310 (Navajo), numéro 31-852 enregistré le 08 août 2001 au Brésil, s’est laissé apparemment mollement amerrir, le jeudi 28 juin vers 17 heures, une opération toujours délicate montant une réelle maîtrise de la part du pilote.  Selon le Registre aéronautique brésilien (Registro Aeronáutico Brasileiro, RAB), disponible sur le site Web de l’ANAC, le l’immatriculation de l’aéronef PT-IIU « faisait l’objet d’une inspection annuelle de maintenance (IAM) depuis le 30 mai 2018« .  L’avion un modèle Piper, fabriqué en 1972, appartient à Marcelo Oliveira Silva.  Il avait quitté le matin Guarantã do Norte, dans le Mato Grosso (à 736 km de Cuiabá), à destination d’Apuí, en Amazonie, selon son plan de vol établi.  La version abracadabrantesque du prétendu pilote laisse les policiers dubitatifs, mais ils se rendent très vite à l’endroit indiqué pour voir effectivement un avion bimoteur toujours en train de surnager au dessus de l’eau, portes d’accès latérales à moitié ouvertes. Mais pas la moindre trace de cadavre visible à bord.

Il relèvent néanmoins à bord des traces de sang et même… de matière cervicale, paraît-il, dans le fuselage de l’appareil à demi submergé.  Le mystère demeure, mais comme il n’y pas de cadavre, les policiers décident de libérer le pilote… une décision ma foi pour le moins plutôt surprenante.  Becker a entre temps déjà changé de version, affirmant qu’il avait « simulé un crash d’avion », et avait en fait « atterri » pour laisser l’assassin s’enfuir à travers les bois, l’avion ayant été ensuite submergé par les eaux ; adieu la prouesse de pilote au passage !  Tout demeure étrange dans ces déclarations, car si l’avion semble encore bien haut dans l’eau, laissant entendre que son train a bien été sorti, une hélice bien tordue du moteur droit laisse plutôt entendre qu’il s’est effectivement posé train rentré sur ce qui devait être une sorte de banc de terre affleurant, car on se situe bien au millier du flux de la rivière.  Une situation jamais vue, un récit étonnant dans lequel  plane le mystère. Or l’homme qui est à l’origine de tous ces propos plutôt perturbés ou perturbants n’est pas non plus un inconnu :  Sergio Vanderlei Becker a en effet déjà été épinglé auparavant pour trafic international de drogue.  En 2015, il a été arrêté dans le Mato Grosso par la police fédérale, apprend-t-on, pour avoir transporté dans son avion 209 kg de cocaïne en provenance du Pérou (ou de Bolivie, l’enquête n’a pas su le déterminer exactement).  Becker est un pilote qui ne fait rien comme les autres, puisque l’appareil qu’il a utilisé (ici  gauche) était un surprenant VansRV– Aerogard RV10 immatriculé PP-ZGA (Numéro AG-10007), photographié ici par Daniel Popinga.  Un avion à construire soi-même, extrêmement performant, dont l’apparition progressive dans le circuit volant de distribution de la coke devient apparent.  Pourquoi Becker était-il déjà en liberté, voilà aussi qui pose question.  En fait, dès le 19 avril 2016, Sérgio avait bénéficié de la liberté provisoire accordée par le Tribunal fédéral, selon la procédure numérotée 0001981-23.2015.4.01.3606.  Une décision venue d’en haut, mais commune à d’autres accusés dans une pratique devenue courante, hélas, au Brésil !  Aurait-il déjà récidivé au sortir de prison ou presque ? L’enquête journalistique semble s’orienter vers cette conclusion (les policiers locaux ne semblant pas fiables).  On apprendra en effet quelque temps plus tard que deux autres personnes ont été depuis arrêtées lors de l’enquête qui avait été déclenchée.  Avec elles, deux émetteurs radio « de la même marque » ont été saisis selon la presse.  Un installé dans l’avion et un autre dans un camion retrouvé à proximité, ce qui, selon les inspecteurs de police, indiquent clairement que l’avion était suivi au sol, le pilote de l’avion étant alors logiquement en contact avec le chef présumé d’un trafic, très certainement de drogue (à moins que ce ne soit de minerai d’or, étant donné la région) en restant « en appui logistique » sur le terrain.  La « livraison » aurait-elle alors mal tournée ? Ce scénario semble plus probable que celui échafaudé par Becker, en tout cas !!!  Libérer le pilote ayant affirmé avoir lui-même tué un passager et qui possédait à bord des armes et des munitions interdites, avouez que l’acte du policier l’ayant décidé, appellé João Milhomem, de la section de police d’Itaituba, laisse perplexe. Car en réalité, le pilote ne s’était pas présenté de lui-même au commissariat:  on était venu le chercher, car il s’était installé tranquillement dans un hôtel du district de Mores de Almeida, après être sorti de d’un avion à demi-noyé qui ne lui appartenait pas.  Un peu cavalier, comme attitude, il me semble !!! Ou totalement irresponsable ne serait-ce qu’au niveau des assurances protégeant l’appareil, abandonné dans le cours de la rivière !!!  Et qu’en pense son propriétaire ?  Et que dire encore du document visible ici affirmant que le 20 mai 2015, le même Sergio Vanderlei Becker avait été nommé par Guilherme Maluf  assistant parlementaire de l’Assemblée du Mato Grosso ???  Un Malhuf ciblé en 2017 avec Permínio Filho Pinto, comme tête de réseau d’un système « criminel » de corruption et de pots de vins ?  En définitive, que s’est-il passé exactement à bord de cet appareil ?  Et pourquoi tant de laxisme à l’égard de ce surprenant pilote et de ses déclarations alambiquées si difficiles à croire et dont aucune n’a pu être vérifiée (à part peut-être les traces de sang) ?  Décidément, au Brésil, tout est permis, ou presque !  On peut avouer être criminel (je rappelle que Becker s’est lui-même dénoncé comme avant supprimé un de ses passagers !) et ressortir tranquille d’un commissariat !!!

Le récidiviste d’un groupe international de trafiquants 

Le 16 juillet 2018, deux pilotes sont pris en photo, les bras ballants, devant le fuselage de ce qui semble être un Cessna dont la porte d’accès semble montrer qu’il s’agît d’un modèle 207. C’est effectivement ça, avec un avion immatriculé CP-2571, ce qui en fait un avion bolivien (qui porte le même matricule qu’un avion retrouvé écrabouillé au Pérou contre une maison le 24 août 2014, avec le corps du pilote toujours dedans, et décrit ici dans l’épisode CLXVIII de la série). L’avion s’est posé dans un champ près de Puentes y Lacera, à 483 kilomètres de Cuiabá, dans la région de Mato Grosso, en plein fief narco comme on le sait.  Les deux lascars s’appellent José Arias Aguirre, âgé de 47 ans et un dominicain, Avelino Astacio Santana, 59 ans : en quelque sorte un équipage international !!!
Devant eux, il y a une partie de ce que contenait leur avion : 343 kilos de coke, pas moins, venue de Bolivie (représentant 5 millions de dollars). Sur la photo, Avelino Astacio Santana a encore en main le petit GPS qui leur ont servi à tous deux à trouver leur route.  Il aurait comme propriétaire Luis Alberto Suárez Medina, mais aurait été « en phase de ré-immatriculation » selon certaines sources.  Le flou sur son immatriculation permettant à un député d’opposition, Tomás Monasterio, de saisir au rebond la perche tendue par les boliviens et leur gestion calamiteuse, on l’a vu, de leur parc d’avions civils, le député rendant complice la DGAC par absence de contrôle sur l’enregistrement des avions boliviens, Monasterio réclamant le licenciement immédiat de son directeur, Celier Aparicio, « pour sa permissivité face aux crimes de trafic de drogue ».

Or encore une fois, le nom du second pilote apparu dans le Cessna 207 nous dit quelque chose : un an auparavant  à peine, il avait en effet été cité lors d’un crash d’un autre type d’avion, accompagnant un autre pilote appelé Diego Armando León Rivera, qui lui était… colombien.  Ça s’était passé cette fois-là… au Venezuela, avec un avion parti de République Dominicaine.  L’avion étant cette fois un Twin Comander, modèle LLC 500, immatriculé  Hl 560, appartenant à INTER ALIA, S. A., qui avait décollé de l’aéroport international de La Romana le 25  septembre, vers 17H30. Apparemment, suite à des problèmes techniques, le pilote a été contraint de tenter un atterrissage d’urgence à l’aéroport de Dabajuro, au Venezuela.  L’appareil s’était écrasé près de la piste et avait alors heurté deux motocyclistes.  L’un d’eux avait été tué alors que le second était blessé seulement, les deux victimes étant Kelvin Wiliam Leal et un mère de la police de Falcón, Ferrer Enmanuel.  L’avion avait été irrémédiablement endommagé mais le pilote s’en était sorti indemne… et en avait profité pour s’échapper, semble-t-il, dans des circonstances qui restent fort troubles. Selon la presse en effet, les occupants de l’avion, étaient partis en courant, en montant à bord d’un véhicule qui les attendait !!!  Alors qu’il venait de tuer un policier !!!  L’engin contenait des traces de coke à l’intérieur.  Le Twin Commander fait une apparition fugace ici dans cette vidéo dominicaine.  L’avion avait aussi été filmé décollant del’aéroport Intl. de Punta Cana vers celui de l’Intl El Higüero en République Dominicaine.  L’enquête avait montré qu’Avelino Astacio Santana, avait été expulsé en 2010 du Parti de la libération dominicaine (PLD) où il était membre du Comité Municipal de Hato Mayor, accusé de soutenir ouvertement la candidature du Parti révolutionnaire dominicain (PRD).  Les autorités de la République Dominicaine citaient alors un autre avion en relation avec le Twin Commander porteur de traces de coke à bord :  un Piper Navajo, type « Panther » cette fois, immatriculé N338LC qui avait décollé de l’aéroport Internacional de las Américas “Dr. José Francisco Peña Gómez”, le 12 août à 8h58.  Il s’était rendu à l’aéroport international Reyna Beatrix d’Aruba, piloté par son propriétaire, Máximo Gómez Peña, un dominicain, et son copilote Francisco Ortiz. Les deux pilotes rentrant ensuite au pays à la même date en vol commercial, l’appareil  qui avait été acheté officiellement le 23 juillet 2016 (il avait effectué son vol de livraison un peu avant, le jeudi 14 janvier 2016 comme le montre ici FlightAware) restant à Aruba et pour effectuer selon les policiers d’autres vols pendant vingt-trois jours d’affilée.  Et le 4 septembre, note l’enquête, cet avion a effectué un vol d’Aruba à la ville de Santa Barbara, dans l’état de Zulia, au Venezuela avec cette fois quatre personnes à bord «  impliquées dans une affaire de trafic illicite de stupéfiants » notent les policiers.  Les autorités vénézuéliennes avaient en effet arrêté les quatre lascars, à savoir le pilote Rafael Ramón Rodríguez (68 ans), le nicaraguayen  Orlando José Aguilar López (61 ans), et les deux colombiens de service, en l’occurence, Eduard Heredia (32 ans) et Andrés Cadavi (28 ans).  Un équipage encore une fois… international !

Les hélicoptères pas oubliés non plus

Avec l’arrestation de Felipe Ramos Morais (cf  le « Coke en stock (CCVIII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (43) » on pensait l’usage de l’hélicoptère mis un peu en retrait pour le transport de cocaïne. Détrompez-vous : le 12 juin, le terrain de football de Vila Rubim, à Cambará voit surgir un Robinson R-44 « Astro » immatriculé PT-YFK.  Un des 45 portant le matricule PT-Y..:  un appareil inscrit au Brésil le 27 juillet 2006 et portant le numéro de fabrication 502 (ici le même type annoncé à la vente à 600 000 reals soit 134 000 euros et là F-GJCZ le portant la même déco).  L’hélicoptère, en difficultés, car à bout de carburant, vient de se poser à l’arraché sur stade municipal baptisé João Pereira Lima.  Les deux pilotes en descendent et partent aussitôt en quête d’essence (en passant au dessus du mur du terrain, alors fermé, ce qui a l’art d’inquiéter la population locale, bien entendu.

 Ils ont été arrêtés peu après à Ourinhos (SP), en train d’en acheter pour ravitailler leur hélico. Mais entre-temps la police, alertée par le voisinage du stade, est venue et a fouillé l’engin, découvrant 140 kg de drogue sous les sièges de l’hélicoptère (109 tabletes de cocaïne et 29 de crack, cf ici à gauche). Le pilote Wagner Benavides Conti, 19 ans seulement, et son passager Paulo Henrique Dias Madelha, 38 ans, tous deux arrêtés, avouent très vite qu’ils avaient chargé l’hélicoptère avec du crack et de la cocaïne au Paraguay pour la livrer à Guaruja, sur la côte de São Paulo.  Chacun devait recevoir 10 000 dollars pour le transport.  Ils avouent aussi  qu’une étape pour le ravitaillement de l’hélicoptère avait été prévue à Ourinhos, mais le carburant avait été déposé à quelques kilomètres de l’endroit forçant un atterrissage d’urgence dans la ville de Norte Pioneiro. Le plus âgé, Madelha, est originaire de Belo Horizonte (MG) et a déjà été impliqué dans une affaire  de trafic de drogue. Le jeune Conti est originaire de Vera Cruz (SP), et jusque-là était inconnu de la police.  La drogue, évaluée à plus de 2 millions de reals, a été saisie le jour même et mise en sécurité au siège du 2e bataillon de l’Armée.  Le lendemain, la police militaire transportait sur un camion plateau l’hélicoptère saisi à Jacarezinho, pour le mettre à la disposition de la justice. Felipe Ramos Morais a déjà des successeurs !!!

Un avion maquillé

Le 27 mars 2018 PT-KCL du « Centro Integrado de Operações Aéreas » », avait repris du service pour aller vider un autre avion de trafiquants, découvert abandonné dans le Mato Grosso.  Un Cessna 210 immatriculé PP-HAR avec à son bord  325 kilos de cocaïne, en provenance du Pérou semble-t-il, ou de Bolivie, les avis divergent sur sa provenance. L’avion s’est posé au bord du fleuve sur une invraisemblable piste de terre dont la vision effraie un peu :
comment ose-t’on se poser ainsi, que ce soit d’ailleurs de la part des trafiquants comme ici celle des policiers arrivés en Cessna eux aussi ?  Selon l’armée, c’est à nouveau le E-99 et des Tucanos qui avaient réussi à le localiser.

L’appareil présente extérieurement un maquillage plus ou moins habile d’un avion existant bel et bien sous l’immatriculation PP-HAR, un Cessna 210N Centurion II, bien connu aperçu moult fois dans le pays et photographié à plusieurs reprises, arborant une immatriculation soulignée par un effet de relief que ne présente pas l’appareil saisi. On peut s’en rendre compte ici lors du festival aérien de Regente Feijó de mai 2014 où le spotteur « Badges » l’avait photographié près d’un stand.  La conclusion qui s’impose est que le Brésil est bien désormais la porte de sortie de la coke péruvienne ou bolivienne, et que les ateliers de maquilleurs d’avions de transport de coke sont de plus en plus adroits :  l’avion a manifestement été repeint comme s’il s’agissait d’une mise en peinture officielle d’un hangar spécialisé.  Impossible en revanche de détecter quel appareil exactement se dissimule derrière ce faux PP-HAR.

L’avion du silo

La police fédérale brésilienne n’a pas chômé cet été :  le jeudi 12 juillet, avec le soutien de la police militaire de Tocantins, du Goiás et Mato Grosso, elle a arrêté à Formoso un avion portant environ 300 kilogrammes de chlorhydrate de cocaïne à proximité de l’Araguaia Formoso, au sud de l’État. L’appareil avait été l’objet d’une plainte anonyme et la surveillance téléphonique de suspects avait fait le reste, pour localiser l’avion au bord d’un hangar, dans un « aérodrome de fortune, connu localement comme aérodrome terrain ou à l’atterrissage, dans la municipalité rurale » précise la presse.. le plus surprenant étant la fameuse « piste de fortune »:  en fait une longue piste jouxtant un énorme silo de séchage de céréales, ce qu’une image extraite de Google Earth montre aisément :

La localisation est au 11°48’54.95 S et 49°34’11.46 » O sur Google Earth, à l’ouest de Formosa de Araguaiai, l’État du Tocantins, à une cinquantaine de km à l’est de Gurupi et de son fort discret aérodrome, promis bientôt à un plus bel avenir semble-t-il.  La saisie et l’arrestation des deux pilotes Murillo Ribeiro de Souza Costa, et Lucas de Oliveira Penha, ont eu le droit à la une de la TV régionale, visible ici, un reportage qui rappelait la saisie de drogue du très beau PT-ERZ (relire pour ça le Coke en stock (CLXX) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (5))  celle où les trafiquants qui avaient raté leur atterrissage étaient venus sur place démonter l’appareil pièce par pièce pour se faire finalement pincer en train de le faire, le 30 septembre 2017. « L’avion du silo » est immatriculé PR-LVY:  c’est un Cessna 210N N°21061089 enregistré le 26 mail 2011 au Brésil , mais c’est aussi l’ex N159A américain d’origine.  Sans trop de surprise on découvre derrière sa vente de 2011 un de nos habitués de ce site et de cette série :  c’est en effet North Atlantic Aircraft Services Corp, de Boca Raton qui l’a vendu.  L’ancienne « Donna Blue » si réputée…  La désormais célèbre entreprise du non moins célèbre « Joao »… retour à l’épisode 15 (Coke en stock (CLXXX) )de notre saga, avec en vedette… Joao Malago !!! 

L’avion pris en otage et bourré de Maconha

A 250 km plus au Sud, c’est un autre avion et un autre chargement auquel on eu droit cet été. C’est d’abord une course poursuite inattendue.  Un officier de police, le Sgt de la police militaire Gomes, rendant visite à la fazenda de Nossa Senhora Aparecida, située dans dans le Mato Grosso au Park Road Smokey Falls tombe nez à nez avec deux hommes qui venaient d’atterrir avec un avion en quête de carburant.

L’officier avait remarqué que l’une des deux personnes était armée, et les deux paraissant effrayées avaient rapidement décollé sans même avoir fait le plein.  Peu de temps après, le même officier de police avait reçu l’appel apeuré d’un propriétaire d’une autre ferme appartenant à Rogério Bervang, située à peine 40 km de Jaciara, indiquant qu’un avion était justement tombé chez lui et que ses passagers avaient aussitôt fui pour se cacher dans la forêt à proximité. En se rendant sur place, il tombe à nouveau sur les hommes, dont un s’enfuit en lui tirant dessus et l’autre lui déclare qu’il est effectivement le pilote de l’appareil et qu il a été contraint par le second à voler sur l’appareil effectivement tombé en panne d’essence.
L’avion est un modeste EMB-720D immatriculé PT-RJZ, (le N° 720148 Rgd enregistré le 10 mai 2002 au Brésil, mais le policier va découvrir dedans plus de 150 kilos de maconha, à savoir de la pâte de marijuana, qui, extraite de l’avion, remplit tout une table : il y en a pour 139 paquets. L’avion était rempli de sacs de voyage noirs contenant les pains de maçonna !!!

Il découvre aussi que le pilote s’appelle Daniel Dias Moreno, qu’il est associé-propriétaire de la compagnie de taxi aérien Amazonas Air Club, qui opère dans l’Aeroclub de Flores-Manaus. Le pilote affirmant à la police qu’il ne connaissait pas son passager, répétant qu’il avait été contraint à le suivre, sous la menace de son arme.  L’homme était effectivement pilote de profession, il avait même fait l’objet d’un reportage comme pilote d’un gros Cessna 208 dans le magazine spécialisé Voar de juillet 2013 pour un vol record de  11 heures menant de Santa Genoveva, à Goainia, jusque Manaus en février 2013 avec un très jeune copilote (il y a 1 914 km en ligne droite).

Après le vol d’avion, la prise d’otage !!!  En couverture de l’exemplaire où il figurait (ici à gauche) deux Super Tucanos, ceux chargés de la surveillance du ciel brésilien !!!

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

Article précédent:

 

Coke en stock (CCXXXIV) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (60)


Coke en stock (CCXXXVII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (62)

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Les hélicoptères toujours présents

Avec l’arrestation de Felipe Ramos Morais (cf  le « Coke en stock (CCVIII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (43) » on pensait l’usage de l’hélicoptère mis un peu en retrait pour le transport de cocaïne, au Brésil. Détrompez-vous : le 12 juin, le terrain de football de Vila Rubim, à Cambará voit surgir un Robinson R-44 « Astro »  immatriculé PT-YFK. Un des 45 portant le matricule PT-Y..; un appareil inscrit au Brésil le 27 juillet 2006 et portant le numéro de fabrication 502. (ici le même type annoncé à la vente à 600 000 reals soit 134 000 euros et là le F-GJCZ français portant la même déco) L’hélicoptère, en difficultés, car certainement à bout de carburant, vient de se poser à l’arraché sur le stade municipal baptisé João Pereira Lima. Les deux pilotes en descendent et partent aussitôt en quête d’essence (en passant au dessus du mur du terrain, alors fermé; ce qui a l’art d’inquiéter la population locale, bien entendu).

Ils sont été arrêtés peu après à Ourinhos (SP), en train d’en acheter pour ravitailler leur hélico. Mais entre temps la police, alerté par le voisinage du stade, est venue et a fouillé l’engin, découvrant 140 kg de drogue sous les sièges de l’hélicoptère (répartie en 109 tablettes de cocaïne et 29 de crack, cf ici à gauche). Le pilote Wagner Benavides Conti, 19 ans seulement (?), et son passager Paulo Henrique Dias Madelha, 38 ans, tous deux arrêtés, avouent très vite qu’ils avaient chargé l’hélicoptère avec du crack et de la cocaïne au Paraguay pour la livrer à Guaruja, sur la côte de São Paulo. Chacun devait recevoir 10 000 dollars pour le transport. Ils avouent aussi  qu’une étape pour le ravitaillement de l’hélicoptère avait été prévue à Ourinhos, mais le carburant avait été déposé à quelques kilomètres de l’endroit forçant atterrissage d’urgence dans la ville de Norte Pioneiro. Le plus âgé,  Madelha est originaire de Belo Horizonte (MG) et a déjà était impliqué dans une affaire  de trafic de drogue. Le jeune Conti est originaire de Vera Cruz (SP), et jusque-là  était inconnu de la police. La drogue, évaluée à plus de 2 millions de reals, a été saisie le jour même et mise en sécurité au siège du 2e bataillon de l’Armée. Le lendemain la police militaire transportait sur un camion plateau l’hélicoptère saisi à Jacarezinho, pour le mettre à la disposition de la justice. Felipe Ramos Morais a déjà des successeurs, c’est sûr, et le dernier a dû être formé en baby-sitting à voir son âge !!!

Les hélicos, outils fondamentaux du PCC ?

Morais jouait c’est sûr un rôle imminent au sein des trafiquants; comme j’ai pu vous l’expliquer. Les hélicoptères étaiera en fait devenu vitaux pour l’organisation de trafiquants. Un article fondamental paru chez osantarritense.com le 28 février 2014 nous avait éclairé à ce sujet. Il nous avait échappé à l’époque et c’est dommage. Pour son auteur, en effet, le PCC se servait de ses hélicos comme transporteurs de fonds, tout simplement : « l’abondance de l’argent provenant du trafic de drogues a rendu commune l’utilisation des hélicoptères parmi les criminels du Premier Commandement de la Capitale (PCC). La faction utilise des hélicoptères pour transporter des sacs de plusieurs millions de dollars d’une région à l’autre de l’État et pour payer les fournisseurs de marijuana et de cocaïne. Le 29 janvier (2014) par exemple, des membres de la faction sont montés à bord d’un hélicoptère à Guarujá, sur la côte de São Paulo, pour apporter 1,4 million de dollars à São Paulo. L’avion a atterri dans le Campo de Marte, au nord, où les voyous ont atterri avec l’argent dans des poches. Un groupe de choc du PCC les attendait et a apporté l’argent à l’est de la capitale. Selon le rapport de renseignement de la police de São Paulo, des fonds ont été collectés sur le trafic de drogue dans la Baixada Santista. Il serait destiné au paiement des fournisseurs de drogues. Les hommes de la police suspectent que l’hélicoptère utilisé pour transporter l’argent est le même que celui qui a servi au vol de reconnaissance du plan de sauvetage, réalisé par Márcio Geraldo Alves Ferreira, alias le Bouddha, le 29 Novembre de l’année dernière. Il est l’un des suspects signalés par la police comme responsable de l’union des bases de soutien des criminels à Porto Rico, à Parana, pour sauver Marco Willians Herbas Camacho, dit le Marcola. Bouddha serait également responsable des contacts des élèves pilotes du CPC avec le criminel Dos Santos criminelle Gilberto Aparecido, alias Fuminho, qui se cache au Paraguay, où il est le directeur des affaires de Marcola. La semaine dernière, le Département des enquêtes criminelles (Deic) a demandé au tribunal son arrestation temporaire, qui a été refusée ». La tentative avait échoué, les policiers ayant mis le paquet pour la contrer : « une équipe de 15 hommes du commandement des opérations spéciales (CoE) avec six tireurs d’élite sont tapis dans les bois autour du pénitencier 2 de Président, Wenceslas à l’ouest de São Paulo, en attendant les troupes de commandement First Capital (PCC) qui prévoient de sauver Marco Willians Herbas Camacho, Marcola (ici à gauche lors des son arrestation) et trois autres chefs de faction. Ils peuvent même faire tomber des avions en approche de la prison ». « Les tireurs, appelés tireurs d’élite, ont des carabines de calibre 5,56 mm. Ils posséderaient aussi avec un fusil de calibre .50. L’armement est suffisant pour abattre l’hélicoptère qui tenterait d’enlever les malfrats de la prison ». Au final, le  ‘un des sept hélicoptères qui auraient été utilisés dans le schéma international de trafic de drogue et le blanchiment d’argent étudié par l’opération Operação Laços de Família (« Liens familiaux ») de la Police fédérale (PF) a pu être utilisé dans l’assassiner de Roger Jeremiah Simone, la « Gege do Mangue », et Fabiano Alves de Sousa, le « Paca », en février de cette année, selon les informations du PF. Cible d’une embuscade dans la région métropolitaine de Fortaleza, Simone a été nommée par les autorités de Ceará comme l’un des leaders du premier commandement de la capitale (PCC). Les deux hélicoptères impliqués dans la gestion gégé et Paca – dont l’un des sept que la 3e Cour fédérale de Campo Grande (MS) a autorisé le PF à saisir aujourd’hui (25 juin 2018), sous l’opération « Liens Familiaux » – ont été trouvés dans une zone de la forêt de Fernandópolis, à l’intérieur de São Paulo, puis livrée à la Coordination intégrée des opérations aériennes du Secrétariat à la sécurité publique et à la défense sociale du Ceará. Dans un communiqué, le département d’Etat a confirmé que le modèle hélicoptère Eurocopter EC130 B4, immatriculé PR-YHB (ici à gauche, qui avait été piloté par Felipe Ramos Morais), est sous la garde du dossier, selon la détermination de la Cour fédérale et à juste titre ont été utilisés dans un acte criminel. Déjà insérés dans la flotte de la Coordination Intégrée des Opérations Aériennes de l’État, les aéronefs subiront une maintenance pour ensuite effectuer des missions de patrouille aérienne; surveillance de l’environnement et ressources en eau; transport d’organes et de tissus humains en vue d’une transplantation; transport de personnel et sauvetage en cas d’accident. Après quelques adaptations, il peut également être utilisé pour soutenir les opérations de police, les opérations de sauvetage en cas de noyade et le secteur aéromédical en général ». Sept hélicos étaient donc (au minimum) au service du PCC !!!

La collecte des billets des cartels

Le transport des fonds ramassés par le PCC est devenu une organisation en effet. Ces transferts d’argent « lavés » sont devenus ordinaires dans les années 2000, au vu des importantes sommes amassées. Les cartels mexicains semblent avoir initié le procédé repris par les brésiliens. On en avait déjà eu un aperçu surprenant en 2012 en Equateur, ou un avion, cette fois, qui s’était écrasé à Coaque, dans le Manabi, s’était écrasé en essaimant pas poins de 1,5 millions de dollars derrière lui. L’avion portait l’immatriculation XB-MPL, c’était un Cessna T210M Turbo Centurion II ses deux occupants mexicains, Santiago Alfonso López Monzón et Cruz Alfredo Solís Lópe étaient morts lors du crash. L’avion s’était écrasé à quelques encablures d’un endroit ainsi décrit : « l’endroit a l’apparence d’un paddock. Mais au milieu du terrain sauvage, entre les mauvaises herbes envahies par la végétation, il y a une piste d’atterrissage. IL est circulaire et plus bas, dans l’une de ses sections, il y a une marque de couleur: une ligne blanche avec un point rouge. Le signal sert à guider les pilotes au moment de l’atterrissage. C’est l’une des deux voies abandonnées à Pedernales, au nord de Manabi. Il situé au kilomètre 4 de la route Pedernales-Jama, poursuivant la Ruta del Sol. C’est à deux kilomètres du site où la nuit d’avant eu lieu un accident d’avion (vers 20h40), qui transportait des liasses de dollars, que la police pense être de trafic de drogue. Le propriétaire de l’hacienda où se trouve la première piste assurait son fonctionnement en 2008. Son grand-père l’a construit il y a 60 ans. « Il n’y avait pas de routes en bon état et il était moins cher de transporter les crevettes par voie aérienne ». La Direction nationale de l’aviation, «  nous l’a fermée parce que notre avion a été endommagé ». Mais les habitants de la région disent que chaque mois un avion blanc avec un ciel bleu se pose à cet endroit. « C’est le même que celuie qui a frappé la colline », a déclaré un villageois ». « Les premières constatations de la police, relatives à l’avion qui s’est écrasé dimanche, rendent compte que la cause possible de la collision était le manque de carburant. Il y avait des canettes blanches vides parmi les fers torsadés qui restaient de l’avion. « Si ils avaient  eu de l’essence, l’avion se serait enflammé, », a déclaré un policier qui a analysé le site et fait un rapport. Selon les services de renseignement, un téléphone cellulaire était également encore allumé, avec son dispositif d’éclairage intégré en fonction  Selon les chercheurs, il était utilisé pour voir l’environnement, car l’avion était arrivé avec les lumières éteintes. L’avion volait si bas que les habitants de Taiche del Coaque pouvaient l’entendre à quelques mètres des toits de leurs maisons. Une source de l’armée de l’air équatorienne a expliqué que si un avion passe à moins de 300 pieds, il ne peut pas être détecté par les radars »… peu de temps après la police découvrait un laboratoire complet de fabrication de cocaïne à à peine 25 km du lieu du crash… avec de gros pick-up attendant leur chargement. L’argent étaient en paiement de la production locale !

Un Cessna comme tiroir-caisse électoral ? 

Des avions servant à transporter de l’argent non déclaré, on en trouve aussi au Brésil. L’un d’entre eux va nous intéresser, même s’il n’a été surpris qu’avec une petite somme à son bord. C’est un petit blog engagé, Neto Web, qui nous l’avait appris le 28 septembre 2018 (reprenant Maranhao): « la police civile, sous le commandement du délégué Fábio Brito de Amaral, a saisi un avion Cessna 210 vers 13h ce mardi (27 septembre), dans la ville de Passagem Franca.. Lors de l’ « opération Santos Dumont » qui  a été lancée en conformité avec un mandat de perquisition et de saisie, car avaient été transmis des informations comme quoi  l’avion, appartenant à Juarez Alves da Silva, connu sous le nom « Miliao », venait de la ville de Itaituba  avec à bord beaucoup d’argent. Lors de l’opération, le montant de 50 000 Reals en espèces détenu par le dit propriétaire a été saisi. Le papier d’emballage de la Banque du Brésil, ils contenaient des liasses de billets de 100, 50 et 20 Reals. Le mandat a été émis après la plainte reçue par le procureur local qui soupçonnait que ce montant serait éventuellement utilisé pour l’achat de vote dans la ville de Mato-MA Lagoon » (Da Silva étant le beau-père du candidat à la mairie de Lagoa do Mato). » Le propriétaire de l’avion a été emmené au poste de police de Passagem Franca et relâché après son audition, mais l’argent a été saisi. La police poursuit ses enquêtes pour savoir qui serait le destinataire prévu de l’argent et si l’argent serait utilisé pour acheter des votes ». Donc ici, pas question de drogue, mais bel et bien de corruption. Mais c’est bien le même procédé. Mais cette fois c’est l’avion qui va davantage nous intéresser : immatriculé PR-STL, c’est un modèle « Aero King », STOL, vu à l’aéroclub de Flores, fort prisé des trafiquants on le sait. C’est surtout le N°21063968 enregistré le 1er octobre 2010, l’Ex N4648Y. Un avion vendu par 2f Trade LLC; de Collinsville eu Texas. Une société qui envoyait ses avions par bateau, via Seizpar Sa et qui elle aussi a pas mal vendu au Brésil ou au Paraguay et dont on devra reparler je pense. Sur sa fiche politique notre homme avait semblé aussi l’achat de son Cessna… son N2145U (le T210N N°  21064776) est devenu par exemple PP-FSR, a fière allure, vendu en 2016 à « Gilberto Franaia Rodriges e Outro »

Les écoles de pilotage sponsorisées par le PCC ?

Un autre article confirme l’intérêt du PCC pour les voilures tournantes selon le journaliste spécialisé du Marcelo Godoy de Agencia Estado dans le Jornal do Tocantins du 28 février 2014 : « Des estimations de la police civile et militaire et le procureur (MPF) chiffrent que les criminels du premier commandement de la capitale (PCC) ont consacré 500 mille reals dans des cours de pilotage d’hélicoptère et de location d’avions pour planifier le sauvetage de Marco Willians Herbas Camacho, Marcola et trois autres dirigeants de la faction criminelle. Au total, 300 000 reals ont été investis dans des  heures de vol dans des cours de pilotage d’hélicoptères. La faction voulait former trois membres car, outre le sauvetage, l’appareil pouvait également être utilisé pour transporter des armes, de la drogue et de l’argent. Les chercheurs ont constaté que les membres de la faction ont fait quatre vols d’hélicoptères à Sao Paulo et Parana et un seul avec un avion Cessna 510, qui est venu du Paraguay et a atterri à l’aéroport Loanda, Parana. Il devait être là lorsque Marcola et les prisonniers Claudio Barbará da Silva, Celio Marcelo da Silva alias « Ben Laden »), et Luiz Eduardo Machado Marcondes de Barros, seraient amenés après avoir quitté la prison. Le plan était que les quatre d’entre eux monteraient dans l’avion et se rendraient ensuite au Paraguay, où ils étaient attendus par Gilberto dos Santos, alias Fuminho. Près de Loanda, dans la ville de Puerto Rico (PR), les criminels ont loué une maison qui servait de quartier général pour la planification des opérations de sauvetage. L’information provient du journal O Estado de S. Paulo. »

Fuminho, le nettoyeur insaisissable 

Les hélicoptères ont aussi joué un rôle évident lors de l’élimination à Aquiraz des rivaux de Dos Santos Gilberto Aparecido, alias Fuminho, comme on a pu le voir avec l’élimination par guet-apens de Rogério Jeremias de Simone, alias Gegê do Mangue, et Fabiano Alves de Souza, alias Paca. Paca représentait la branche paraguayenne, cellle chargée des revenus de la marijuana principalement, et il était l’un des leaders du PCC; bien connu dans la région d’Amambay. Mais en raison de « désaccords » dans les comptes du groupe, il en avait été écarté et même menacé de mort par les autres dirigeants du groupe, pour avoir selon eux détourné leur argent (ce que leur mode de vie fastueux à A Ceará laissait entendre en effet, comme on l’a vu ici-même). Des meurtres commandés par Fuminho, toujours introuvable, caché selon plusieurs sources en Bolivie, dans la région de Santa Cruz de la Sierra, depuis dix années au moins, dissimulé sous le nom de Luiz Gilberto Bertolino, de Lima ou bien Gilmário Dias de Souza. D’aucuns l’annonçant plutôt caché au Paraguay… Insaisissable ; car les policiers l’avaient raté à plusieurs reprises; notamment en 2014 quand des agents de la DEA avaient tenté de l’arrêter (il était hors aux Etats-Unis) en exploitant les données du téléphone de son aide, Wilson José Lima de Oliveira, dit le Neno, qui habitait Orlando, en Floride, le receveur de l’argent et le la percepteur de la redevance mensuelle qu’imposait le groupe à ses affidés (chacun payant mensuellement  600 reals aux membres du PCC pour générer des fonds et financer la structure de l’organisation). Peu de temps avant l’arrivée des agents américains dans la villa de Fuminho, les deux hommes, prévenus on ne sait comment à la dernière minute, étaient rapidement montés à bord d’un jet pour s’échapper direction le Panama… du Panama, Fuminho était reparti ensuite en Bolivie et Neno au Brésil, où il s’était fait arrêter en 2017. Fuminho est également à l’évidence l’envoyeur des tueurs ayant éliminé en pleine rue une autre rival, Eduardo Ferreira da Silva, assassiné en février, à Tatuapé, à l’est. Silva alors qu’il venait de garer sa Mercedes, abattu par  trois hommes armés à capuche sortis de la voiture qui s’était placée derrière la sienne Selon les policiers; c’était le responsable de l’escorte de l’épouse de Marcola mais il était soupçonné par Fuminho d’avoir détourné de l’argent de la faction.  La scène a été filmée par des caméras de surveillance, on peut y voir l’infortuné da Silva réussir à démarrer quand même : touché mortellement à la tête, il écrasera sa Mercedes un peu plus loin sur un mur. Toujours le même châtiment à partir de la même excuse…

Fuminho et la Ndrangheta

Le danger principal que représente aujourd’hui le PCC, c’est en effet son organisation méthodique et surtout le fait de s’être charge de l’ouverture du marché européen initié par les colombiens, en liaison en Italie avec la mafia calabraise. De Bolivie, pour Marcelo Godoy Fuminho dirige désormais tout, « envoyant des armes au PCC ou remplissant les conteneurs dans les ports de Santos, Itajaí et Rio destination l’Europe ou armant des voiliers dans le nord-est pour envoyer de la cocaïne en Afrique et en Europe. Pour cela il s’était fait l’allié de la Ndrangheta, la mafia calabraise. En 2016, un voilier envoyé de Bahia par Fumiho a été saisi par la Direction antimafia de l’Italie à l’approche du port de Gioia Tauro, le port de conteneurs géant de la Calabre, en Italie du Sud. Il amenait  500 kilos de cocaïne dans un filet sous sa coque. » Gian Tauro porte de Calabre, étant une plaque tournante, comme on le sait, mêlant drogue par containers entiers, mais aussi des armes. La drogue souvent présentée comme « colombienne » est aussi passée entre les mains du PCC. En 2016, le porte-container MSC Poh Lin délivrait ainsi 83 kilos de coke (colombienne) à la Ndrangheta. En 2017, l’arrestation d’un groupe de mafieux calabrais annonçait  le transfert de 8 m3 de coke  pour 17,637 livres (8 tonnes !), dans les ports calabrais ! Le 28 octobre 2016 un porte container, le Rio de Janeiro, armé à Singapour, amenait pour 84 millions de dollars de cocaïne à Gioia Tauro : les paquets de coke avaient été jetés à la mer juste avants son arrivée au port, une pratique devenue courante : « les autorités ont déclaré que la drogue avait été jetée par-dessus bord dans un effort du gang du crime organisé calabrais, le Ndrangheta, pour éviter de vérifier les conteneurs entrants. Les drogues ont été déposées sur la côte pour être ramassées plus tard. Le plan n’a pas fonctionné, cependant, car les autorités surveillaient l’expédition, trouvant 385 kilos de cocaïne, emballés dans 17 sacs étanches, flottant en mer. La méthode est considérée comme assez délicate par les trafiquants pour contourner les autorités. La Ndrangheta est considérée comme l’un des réseaux criminels les plus riches et les plus puissants d’Europe. Le groupe a, entre autres crimes, joué un rôle clé, en partenariat avec les criminels organisés d’Amérique latine, dans la contrebande de stupéfiants vers l’Europe «  écrit l’OCCRP » Un transport pouvant prendre d’autres aspects inattendus ; en 2015 la police découvrait 49 kilos de coke dissimulée dans une cargaison d’encornets  congelés  (du «  totani »), provenant d’Argentine. En juin, 4 tonnes avaient été trouvées dans le même port de Gioia Tauro. La fois suivante, la cargaison de 43 millions de dollars était cachée dans des bananes provenant d’Equateur. Si Fuminho n’est toujours pas tombé, il n’en est pas de même pour d’autres leaders tel , Eduardo Aparecido de Almeida, alias « Piska » arrêté à Asuncion le 18 juillet de cet été. En le débusquant, dans son appartement de quartier de luxe de la rue Austria, entre Viena et Bélgica, on avait découvert ce dont on se doutait depuis des lustres : pour vivre incognito, Piska avait eu recours à l’aide d’un fonctionnaire de police  Carlos Alfredo Mendoza, qui lui avait fabriqué de faux papiers.

L’hélicoptère qui change de camp

Certains hélicoptères ont une histoire particulière. En juin 2014, dans la zone rurale de Mamborê, on a découvert abandonné dans le champ d’une fazenda un hélicoptère Robinson 44 Raven II, à Campo Mourão (dans le PR), près de Parque do Lago le samedi 07 juin exactement. C’est dans la fazenda Santa Maria, a 15 km de Campo Mourão qu’il a fini par se poser. Manifestement, l’engin a servi à amener de la cocaïne sur place. L’engin avait en fait été suivi dès son arrivée par la police : après avoir tenté de faire un premier atterrissage dans une ferme située à Mamborê, une ville voisine de Campo Mourão, vers 11h30, l’appareil s’était de nouveau envolé, pour tenter de se poser à nouveau plus loin à Campo Mourão, où des policiers l’attendaient : le revoilà reparti pour finir par se poser, à bout de carburant semble-t-il; à moins d’avoir des ennuis techniques, lançant avant de repartir encore une dernière fois des sacs contenant de la drogue pour s’alléger. La police en récupérera 80 kilos au final (trouvés par un agriculteur), l’hélicoptère étant retrouvé le lendemain, abandonné comme on l’a dit. L’appareil en bon état extérieur semble-t-il moi incapable de redécoller est alors saisi et embarqué sur un camion plateau par les militaires. En bon état, à part les traces de coups de feu trouvés dans le cockpit et dans le compartiment moteur, provenant des tirs des policiers militaires. Il faut attendre un peu moins de trois années et le 13 février 2018 pour le revoir… mais sous une toute autre robe. Celle d’un appareil désormais camouflé : l’hélicoptère blessé a été réparé (la mise à hour à coûté 2 millions de reals selon l’armée) et il a été versé au Batalhão de Polícia Militar de Operações Aéreas (BPMOA). L’engin devrait désormais servir d’hélico-école, pour la mise en œuvre de la propre école d’aviation du BPMOA en 2018 , une formation placée également sous l’égide de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC). La police militaire dispose déjà d’une base à Curitiba et une à Londrina, dans le nord de l’État, mais il est prévu grâce à cet équipement d’en créer une autre dans la région de Campos Gerais. L’état brésilien répond ainsi au PCC et ses velléités d’utiliser à outrance le même type d’appareil. En réalité, avant d’être versé dans l’armée l’appareil avait été récupéré par l’Etat du Parana, et basé à Curitiba Bacacheri, sous son immatriculation d’origine découverte déjà en poussant un peu les réglages de contraste (ici à gauche) lors de sa capture. A savoir le PP-MCH, le Robinson R44 N°10231; enregistré au Brésil le 03 octobre 2008. C’est lui le nouveau formateur des cadets de la police militaire qui traqueront bientôt les hélicos du PCC !

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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Coke en stock (CCXXXVI) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (61)

Coke en stock (CCXXXVIII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (63)

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Il n’y a pas que les hélicoptères, aperçus au Brésil comme on l’a vu dans l’épisode précédent. Il y a un point névralgique, depuis des années, à ce trafic international. Il se passe quelque chose sur l’aéroport d’Asuncion, au Paraguay, c’est évident, désormais. Et cela fait des années que ça dure. C’est pourquoi il contient d’y revenir aujourd’hui, et d’analyser à nouveau plus précisément ce qu’on avait sais en 2014 sur place, qui a été l’objet en réalité d’une belle manipulation comme on va le voir. A l’époque on avait fortement approché un des cerveaux du système… pour passer à côté. Nous le retrouverons très bientôt rassurez-vous…

Des saisies ostentatoires

Les saisies de 2014, sorte de première réaction forte de la Senad contre le trafic aérien (et celles qui ont suivi) doivent être davantage étudiées; pour une meilleure compréhension du sujet et les implications qu’elles vont provoquer. Revenons-en donc aux différents clichés dont on a pu disposer à l’époque, pour en expliquer à la fois la provenance et la localisation. Les photos des avions dans les hangars fermés ou ouverts comme on a pu les admirer, ont été prises à deux endroits, tout d’abord en 2014 à l l’aérodrome Pedro Juan Caballero, alias Dr Augusto Foster, qui est à la frontière du Brésil. Selon  ABC Color : « L’aéroport Pedro Juan Caballero est situé à une dizaine de kilomètres du centre urbain de la capitale départementale. Il a été construit pendant la présidence de Juan Carlos Wasmosy (1993-1998) et il est l’un des quelques aérodromes situés sous son administration qui a été maintenu en bon état. Il possède une piste de 1800 mètres, mais il n’y a pas de vols commerciaux qui profitent aux habitants du département. Selon les chefs de l’aérodrome, dépendant de la Direction Nationale de l’Aéronautique Civile (Dinac), il y a des centaines de vols de petits avions de particuliers par mois ». Parmi cette centaine, on l’a vu, une bonne partie de vols de trafiquants ! Pedro Juan Caballero se résume en fait à deux hangars mitoyens et un bâtiment de brique central  de plein pied : l’aérodrome monopiste ne dispose pas de tour de contrôle. Ici, on peut assister à la visite des hangars regorgeant d’avions dont la plupart seront contrôlés positifs à la coke comme on l’a vu. Ci-dessous, voici à quoi ressemble l’aérodrome vu d’avion  :

 

 

Du reportage TV de la visite (en bas les sources vidéos sont citées), on peut déjà extraire deux immatriculations d’appareils, le ZP-TPR et le ZP-BHV, montrés au début de cette page. Des Beechrafts Baron et un Piper-Embraer Seneca sont aussi visibles ainsi qu’un Cessna Skyhawk blanc et noir à l’immatriculation en trois lettres seulement (voir un peu plus bas)… La seconde saisie date de 2015, dans les hangars ouverts de  l’Aeropuerto Internacional Silvio Pettirossi d’Asunción, à 350 km de là, avec des avions que l’on a pu répertorier, et qui ont ensuite été regroupés au bout de la piste principale de l’aéroport. Dans un autre reportage, on montre un des éléments-clé de la saisie (ici à droite) : un simple tuyau, appartenant semble-t-il au ZP-BAL, qui relie l’intérieur du cockpit côté passager au moteur de l’avion : un tube reliant à un réservoir supplémentaire artisanal pour effectuer de longues distances. Les trafiquants sont même allés jusqu’à insérer une nouvelle jauge de carburant dans le cockpit, côté passager, comme on peut aussi le voir dans le même reportage (et ici à gauche). La photo principale du hangar où ils ont été regroupés est celle-ci (voir l’épisode Coke en stock (CLXXII) :

Repérer les avions exposés

Le répertoire des appareils montrés peut être établi en recoupant les vidéos et les photos. En réalité, on y a mélangé des appareils provenant soit de la saisie de 2014 (tel le ZP-BDK) soit des avions pris la main dans le sac, comme celui figurant ici à droite et qui porte encore les bandes adhésives de saisie. Le ZP-BSP est là, ainsi que le ZP-BDK, ramené de Pedro Juan Caballero. Idem pour le  ZP-BCQ, visiblement repeint, comme le ZP-TZR. L’avion sur la  droite de la photo générale n’est autre que le CP-2657, encore muni de ses bandes adhésives de saisie, celle survenue le 6 janvier 2013 dans la propriété de Carlos Manuel Maggi Rolon, appartenant au mouvement « Honor Colorado » , le parti du président au pouvoir…  (d’où les sujets qui ont alors fleuri sur le « narcopolitisme », à cette époque-là ) :« l’estancia est la propriété d’un général à la retraite, identifié comme Carlos Maggi, à San Pedro. Il est lui-même le père du politicien Carlos Manuel Maggi, précédemment lié à Unace et qui par la suite a montré son soutien à Horacio Cartes. Carlos Manuel Maggi est un candidat pour le député de San Pedro par le Colorado Honour Movement. Les chercheurs n’excluent pas que la drogue soit la propriété de l’ex-général Maggi. Selon les publications de l’ABC, l’ancien général Lino César Oviedo avait accusé Maggi d’être un «trafiquant de drogue» et un «traître». Les accusations d’Oviedo ont été divulguées en 2007 par Radio Ycuamandyjú. « Je l’ai sauvé deux fois de prison. » Oviedo, dans le document de référence, a affirmé qu’à deux reprises, il a sauvé le parlementaire Sampedrano susmentionné de la prison et rapporte que Maggi a été emprisonné deux fois avec des drogues à la frontière avec la Bolivie. Et j’ai obtenu sa liberté avec le juge et les dossiers antérieurs ont été détruit », explique le leader d’Unace, qui accuse également Maggi de traîtrise. « Je l’ai fait député et son père (Carlos Egisto Maggi), le général, a trahi le parti Unace ».  Le général Oviedo est mort un peu plus tard, on le sait, dans un accident d’hélicoptère dans lequel la fille a vu un meurtre et non un simple accident. En avait rajouté une couche un ancien ministre provocateur, passé à l’opposition et dont nous reparlons bientôt ici-même :  « De la cocaïne dans le ranch d’un politicien à San Pedro … cela donne et s’ajoute au cas de la narcopolitique au Paraguay », telle était la déclaration de Rafael Filizzola, ancien ministre de l’Intérieur et aujourd’hui candidat du vice-président de la République, sur son compte Twitter . Compte tenu de cette déclaration, le magazine l’a contacté au sujet de la cocaïne saisie dans le ranch Maggi. Filizzola a déclaré que « la narco-politique est une réalité au Paraguay », mais il a précisé qu’il n’accuse pas la famille Maggi, bien qu’il ait dit qu’il est très frappant que la cocaïne ait été saisie précisément à ce moment-là. Filizzola a déclaré: « l’endroit où la cocaïne est tombée correspond à un homme politique lié à Horacio Cartes, il y a quelque temps deux envois ont été intercepté et aujourd’hui c’est un présidentiable maintenant … Je ne peux pas croire tout à fait aux coïncidences dans un pays où la narcopolitique est une réalité chaque plus de temps inquiétant. «  Il est vrai qu’à bord du CP-2657 on avait aussi trouvé pas moins de 300 kilos de cocaïne !!! dans notre hangar, ou l’avion saisi est au premier plan à droit, à  l’opposé, à l’extrême gauche, derrière le ZP-BBG (ici à gauche) il y a le ZP-BAL (voir l’épisode CLXXIII); et sa vieille histoire d’avion déjà arrêté chez le trafiquant Wagner (voir (CLXXI). L’avion gris sur la droite est le PT-KZD (il est amené ici à l’extérieur et ci dessous et on le voit ici à gauche parqué au même endroit). Le ZP-BHF ramené de San Pedro Caballero (ici à droite, et 3eme à gauche sur ce cliché); visiblement, n’apparaît pas clairement (il est peut-être dans l’axe de la prise de vue, ici à droite). A une ou deux exceptions près, on cerne donc ce qui a été saisi. Sauf encore quelques exemplaires; comme on va le voir et qui, bien entendu vont se révéler les plus intéressants pour la suite !

 

Dehors, les mêmes avions, ou presque…

Début 2015, donc, décision est prise une fois la photo « officielle » du hangar, qui sent fort la mise en scène, de parquer ailleurs ces encombrants engins. C’est chose faite au bout d’une piste de l’aéroport d’Asuncion, qui nous révèle les correspondances vues de satellite avec un autre cliché encodé à la presse des saisies, comme quoi le gouvernement paragayen ne reste pas assis à ne rien faire face à l’étendue du problème. Ou tente plutôt de calmer le jeu, les trafiquants, one’a vu, exerçant d’énormes pressions sur la vie politique du pays. On peut en effet tenter de retrouver les avions, en mixant deux vues au sol avec la vue Google Earth prise, coup de chance, le 11 juillet 2015. On y distingue facilement au premier plan le ZP-TZP; derrière lui le « tout métal » brésilien PT-KZD, avec derrière encore le ZP-TZR et à gauche le ZP-BHF. Le Cessna sur la droite arbore ostensiblement le dessin d’un requin le long de son fuselage, jusque sur sa queue. Ci-dessus la photo des mêmes avions au sol, montrant surtout les avions cités et derrière eux le Fokker ZP-CFL de qui terminera sa carrière, une fois ses réacteurs démontés comme... musée de l’histoire des « Lineas Aéreas Paraguayas » à quelques encablures de l’aéroport (c’est à l’hôtel Del Rancho, près de Loma Grande, dans le département de Cordillera. L’avion, un Fokker 100 immatriculé avait été amené démonté par la route).

A noter que le Cessna 560XL Citation Excel sur la droite, appareil de taille plus imposante, un biréacteur d’affaires, avait vu son immatriculation effacée; c’est pourtant bien le PP-ISJ; ex TAF Linhas Aéreas et ex N60S vendu dès 2000 au Brésil par la minuscule North States Aviation Sales, Inc. La même année de la saisie, ce Citation particulier avait vu ses marquages tous effacés, note le bien renseigné Airliners. Visiblement, il n’avait plus de propriétaire !!! L’appareil avait été bloqué, on peut fortement le supposer, pour les mêmes raisons ! Au milieu des appareils parqués sur la gauche émerge un bimoteur bien spécial, dont les ailes et les fuseaux moteurs étroits indiquent qu’on est en présence d’un ancien BAE Jetstream, on songe notamment au modèle N904EH pris en photo ici au même endroit et photographié à plusieurs reprises sur l’aéroport d’Asuncion – Silvio Pettirossi… un avion enregistré au nom du dénommé Melanio Delgado Garcia qui habite Miami et dont il semble que c’était à l’époque le seul appareil qu’il détenait. La société qu’il dirige se présentant comme une « agence de voyages ».

Un très intéressant Jetstream !

Un long document administratif de la DINAC en date du 18 décembre 2015 explique pourquoi il était là bloqué là depuis 2009 semble-t-il : la société Delcar SRL dirigée par Delgado Garcia n’avait pas rempli tous les papiers pour lui permettre de continuer à voler; sa licence de vol lui avait été retirée en 2014. Le litige ayant perduré le patron de Delcar Delcar SRL avait demandé  une demande d’indemnisation pour les dommages-intérêts contre la Dinac, portant sur … 28 millions de dollars américains. La société affrétant  entre temps un Boeing 737-200 (le ZP-CAQ) pour des vols charters vers Montevidéo, qui se sont vite arrêté avec des ennuis techniques à la pelle, le Boeing de Delcar datant de 1969 étant à bout de souffle : en 2004 déjà, l’engin avait atteint un record toutes catégories, en ayant accumulé 64 408 heures de vol  et le plus grand nombre de cycles d’un 737 dans le monde avec  le chiffre sidérant de … 92 117 !!! L’avion n’est plus jamais reparti d’Asuncion depuis 2010 !!! Une photo de 2015 d’Asuncion  montre pourtant le N904EH revenu sur place :  de 2009 à 2012 il semble avoir réussi à continuer à voler sans toutes les autorisations, en effectuant même du Medivac !!! Or cet avion selon les registres de la Federal Aviation Administration (FAA), avait changé déjà de mains, il a été racheté en effet en 2012 et son propriétaire  enregistré sous le nom mystérieux  de « Jetstream VIP Inc. (« IMV »), 3511 Rd Silverside, Wilmington, Un  « acte de vente » précis déposé à la FAA indique qu’IMV a racheté en effet le N904EH à « Air JBS Inc ». le 30 août 2012 exactement. IMV a enregistré l’avion à la même date, et Livio Casere Insfran Vasquez  a signé l’acte comme chef d’entreprise. En outre, la Déclaration intemationale des opérations a indiqué que l’avion devait effectuer un vol le 4 septembre 2012 à Asuncion, au Paraguay, via Punta Сапа et Miami, en Floride. Mais ce qui va nous intéresser très bientôt, il me semble; c’est quelle société avait servir d’intermédiaire pour cette vente de vieil appareil n’ayant pas beaucoup volé depuis 2009 … car celui-là est très, très, intéressant en effet !!!! Son propriétaire véritable (Livio Casere Insfran Vasquez étant un homme de paille) est un sujet plus que passionnant en effet… comme vous allez bientôt le découvrir.

Des avions à peinture brillantes avec de fausses immatriculations adhésives

Un second reportage télévisé nous donne d’autres renseignements utiles, et même fort utiles, pour la suite de cette enquête. Les avions ont alors été parqués à l’extrémité nord de l’aéroport d’Asuncion. On y distingue beaucoup mieux certains appareils jusqu’ici ayant échappé jusqu’ici à notre vigilance. Le ZP-BRW, un Cessna 210 au lettrage hors-normes (aussitôt lettres aux bords arrondis !), manifestement repeint à neuf, un autre 210 immatriculé ZP-BBO, peint lui à neuf mais à partit d’un modèle plus ancien datant pratiquement de la sortie de l’avion (ici à droite) alors que sa couche de peinture est resplendissante, pour lui aussi, mais aussi encore un ZP-BCQ bien plus visible, lui aussi présentant une peinture récente et brillante. Tous ces avions paraissent en effet être passés fort récemment dans un atelier de peinture. L’un des meilleurs exemples est le ZP-TZR (ici à gauche), dont l’immatriculation a visiblement été apposée sur en emplacement réservé à des lettres lu grandes au départ.  L’examen d’un cliché pris de façon rapprochée de l’avion (ici à droite) montre une peinture bien plus réussie que celle de ses congèénères, dont les courbes manquent d’harmonie parfois. Tous n’auraient pas été peints sur place, à Asuncion, mais bien avant… chez leur point de départ, à savoir la plupart du temps la Floride…

Le sentiment qui prévaut est celui d’avions tous… maquillés, en tout cas, (leurs plaques d’origine on l’a vu dans un épisode précédent, ayant été souvent modifiées (1). Une impression renforcée par un détail saisissant : celui du fuselage du « tout acier », le fameux ZP-BDK. Car on peut en effet s’apercevoir lors d’un effet de zoom dans le reportage que c’est bel et bien un auto-collant, ce qui est interdit, les immatriculations devant être peintes sur l’avion pour obtenir les certificats d’usage. Tout est bel et bien faux, dans ces avions saisis pour narcotrafic !!! Mais un dernier avion entr’aperçu sortant du hangar de San Pedro Caballero, et donc rapporté lui aussi à Asuncion : celui-là, je pense que nous allons en reparler… un peu plus tard. En remarquant déjà qu’on a pris soin d’apposer une affiche sur sa queue qui dissimule celle d’un requin dessiné (1). Pour signaler sa saisie, ou masquer le nom de la société qui l’affrétait ? Car en prime il n’a même pas d’immatriculation de visible : a-t-on masqué ces infos primordiales à dessein lors de la mise en scène de la présentation des avions saisis ???

L’importateur d’avions arrêté

Il faut attendre encore une année (et la fin de l’enquête) pour que le 29 août 2016 on nomme une figure marquante de ce trafic ayant porté au total sur 22 appareils. Un bref communiqué nous apprend en effet que « l’homme d’affaires qui a importé 22 avions qui ont été saisis le 6 juillet, 2015 par le Procureur dans un hangar de l’aéroport Pedro Juan Caballero, a été arrêté et inculpé par le Procureur chargé de la drogue. C’est Ulices Cardozo (ici à droite), dont la maison située dans le quartier de San Miguel de Coronel Oviedo, a été perquisitionnée par une délégation dirigée par le procureur Isaac Ferreira dans l’après-midi du lundi 1er août dernier (dans le bâtiment seront trouvées de nombreuses pièces d’avions.) Les avions qui présentaient de faux enregistrements et de la documentation accordée par des fonctionnaires corrompus de la Direction nationale de l’aéronautique civile (Dinac) ont été utilisés pour apporter de la cocaïne de la Bolivie et de la Colombie dans notre pays. Cependant, les enquêteurs ne pouvaient soutenir cette accusation et ont livré les avions à plusieurs unités des forces armées. L’avocat de l’entrepreneur Cardozo a affirmé qu’il a été arrêté et emprisonné illégalement, car il aurait soumis tous les documents prouvant la vente des avions qui auraient été utilisés par une structure dédiée au trafic de drogue basé dans la ville de Pedro Juan Caballero. »Notre Cardozo filant vers le pénitencier le plus proche, puis un autre, pour finir par être  transféré à celui de Coronel Oviedo, a Emboscada. En mai 2017, il était attaqué dans le pénitencier par un brésilien, Ricardo Smaniotto, qui lui assénait trois coups d’un objet pointu indéterminé. « Son arrestation était intervenue quelques jours après que dans le  pénitencier national de Tacumbú a été découvert la cellule vip et les privilèges dont profitait le trafiquant Jarvis Chimenez Pavao. Des enquêteurs ont étudié les liens entre Cardozo et Chimenez Pavao, « qui n’ont jamais été prouvé, selon le représentant légal du détenu, l’avocat Juan Ramírez Köhn ». L’avocat avait beau le clamer, l’enquête avait montré le contraire : « plusieurs des « narcoavionetas » appartiennent à la société San Jorge S.A., dont le président est Ulises Cardozo, et l’enquête du procureur a la preuve que la société a été créée pour fonctionner exclusivement dans l’intérêt de Chimenez Jarvis Pavao. »  Ok, donc; pour le cas du narco-trafiquant, reste à déterminer qui lui avait fourni les avions…

Libérés sous caution

On croit que ça y est, et qu’enfin le Paraguay prend le bon chemin en arrêtant les responsables d’un énorme trafic durant depuis 20 ans, grâce aux fonctionnaires de la Dinarc qui trafiquaient les papiers et faussaient les plaques d’immatriculation des avions. On déchantera vite : dès le 24 avril  2017; les quatre fonctionnaires (le colonel à la retraite Jesús César Ríos Rabellov (ici à gauche), directeur adjoint des autorisations de vol; le directeur du Registre aéronautique national (RAN), Joel Ricardo Amarilla Monges; l’administrateur de l’aérodrome de Pedro Juan Caballero, Miguel Ángel Troche Servín; l’ingénieur José Darío Gauto Ginés, responsable de la délivrance des certificats d’aéronavigalbilté ; et Rubén Darío León Telles, le mécanicien en chef, sont tous relâchés, sous caution de 100 000 guaranis et l’interdiction de quitter le pays et de changer d’adresse sans la communiquer à la Justice. Ils demeurent néanmoins accusés « d’association criminelle, de manipulation de graphiques techniques, de production de documents publics avec un faux contenu et l’utilisation de documents publics avec faux contenu. » Grâce à son avant tenace ( Filemón Meza) et le fait de se retrouver hospitalisé à hôpital régional de Coronel Oviedo, après son agression, Cardozo allait lui aussi bénéficier de la même clémence, mais grâce aussi à une intervention en haut lieu il semble bien venue de la direction des instituts criminels. On apprenait tout d’abord dans un premier temps en qu’il avait été placé en  » résidence surveillée. » C’est le juge Humberto Otazú, qui devait alors procéder à l’examen de l’état de santé de Cardozo, mais comme il était en vacances,  c’est le juge Lici Sánchez qui avait étudié la révision et l’avait rejetée, et Cardozo avait alors été remis à son avocat Filemón Meza. « Le juge Otazú avait alors demandé au directeur des instituts criminels de lui signaler s’il était ou non prisonnier »... le même jour, Mario José Mareco Silvera, condamné à 28 ans de prison, était lui aussi assigné à résidence à Asunción pour traitement médical. Son avocate, Antonia Portillo, avait fourni une garantie personnelle pour 500 000 000 Gurannis. et une obligation réelle de 2 688 000 000 guaranis. Son père, José Domingo Mareco Galeano, condamné à 11 ans dans la même affaire, (de 4.479 kilos de marihuana découverts en 2013 et destinés à l’Argentine) avait lui aussi obtenu d’être en résidence surveillée par le juge Scura.

 

1) un montage de différents clichés nous le confirme (on voit bien que l’affichage apposé masque ce qui semble bien être le nom de la société l’employant, disposé au sommet de la queue, incliné à environ une quinzaine de degrés. En tout cas c’est bien un requin stylisé qui figure sur ses flancs. On notera au passage que c’est un Cessna modèle 206. Il faudra éviter surtout de le confondre avec un avion pouvant entrer en confusion avec lui et aperçu à l’arrière des hangars d’Asuncion : le ZP-BIE, qui lui est un Cessna de type 182 présentant un design lui ressemblant assez (voir ci-dessous, photo du passionné Anciaux).

 

 

 

 

 

 

(2) on notera au passage que sur les sites de spotters bien connus, les avions du Paraguay et spécialement ceux photographiés à Asuncion, s’ils montrent leur immatriculation, ne précise jamais ou presque le numéro de série de l’avion.

Les sources vidéos :

 

 

Les ZP-BBC, ZP-BBO, ZP- BCI, ZP-BCQ, ZP-BDK, ZP-BHF y ZP-TRW. Plus les ZP-BSP, ZP-BUM, ZP-TZP, ZP-TZR, ZP-BES, ZP-BAL et le ZP-BPC. Un peu plus tard, les  ZP-BHF  et ZP-BCQ avaient été disculpés.

 

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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Coke en stock (CCXXXVII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (62)

Coke en stock (CCXXXIX) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (64)

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On en a pas terminé avec la visite d’Asuncion, vraiment riche d’enseignements divers. Cette fois, c’est une entreprise particulière qui va nous intéresser, logée dans un peut hangar de brique et de tôle ondulée.

 

C’est un hangar-clé de la saga, en fait, découvert après des semaines, sinon des mois de recherches. Il y abritait de façon fort visible des avions retrouvés abandonnés pour certains après avoir servis à transporter de la drogue. Des avions allant visiter le Brésil ou même l’Argentine !

 

Le Cessna « difficilement identifiable » de prime abord, observé dans l’épisode précédent,  au vu de la vidéo, finit lui aussi par l’être, puisqu’on le retrouve proposé à la location touristique à Asuncion même le 16 juin 2016 sur un site bien connu de ventes d’occasions diverses. Il est en fait devenu le ZP-BLS, attribué à une obscure société de « Taxi Aero ». Cette photo va se révéler elle aussi pleine de renseignements, à vrai dire.

Six mois sans bouger d’un pouce

A Asuncion, il y a des avions un peu partout, les hangars alentours en sont pleins. Cela donne parfois des situations cocasses : en novembre 2015, alors que les avions « exposés » sous le auvent à air libre devant la piste principale a été vidé de ses appareils, trainés on l’a vu jusqu’au bout de la piste côté aérogare, deux avions font de la résistance sur l’une des voies qui mènent  à la piste principale et unique (photo à gauche d’ABC Color). C’est gênant pour leurs voisins. Et ça se voit même sur Google Earth (ici à gauche au 11 juillet 2015). Au bout de 6 mois où ils n’ont toujours pas bougé, la DINAC s’énerve un peu  (enfin !) et demande qu’on les déplace ailleurs. Ce sont un Cessna 182, le ZP-BCV, inscrit au double nom de  nom de David Diez Barrios et d’Ángel Chamorro et un Beechraft Baron ZP-BNC, apparaissant au nom de Agro Industrial Campo Nuevo SA. Les deux appartiennent au Hangar 69 qui n’a plus de place semble-t-il. Ce dernier appartient à l’homme d’affaires José « Chacho » Bogarín qui emploie pour sa gestion un policier en retraite,  Elio Escobar qui n’a pas l’air de se soucier de la circulation des avions…. on trouvait en fait le Cessna en vente le 14 août 2015 sur Clasipar… au prix de 149 000 dollars. Trop cher, sans doute, pour un modèle de 1980. On en trouve à moins de 100 000 dollars (ici en Afrique du Sud).

 

Le hangar-clé d’Aeromecanica

On se doute depuis toujours qu’il se passe des choses pas très catholiques à Asuncion, et spécialement dans les hangars de l’aérodrome Petitrossi. Avec l’étude du cas particulier de la société Aeromecanica SRL, celle qui jouxte la société de Taxi Aero offrant ses services sur Clasipar, l’eBay local (ou plutôt Le Bon Coin), cela va atteindre des sommets inattendus.Elle est dirigée par Armando Gonzalez, qui dirige aussi Interplane Inc, société de droit américain qui possède le Beechcraft A36 N655NH, appareil exporté au Paraguay en juillet 2011. C’est le Beech E-1655. Comme d’habitude, c’est l’examen des clichés mis en ligne par la société elle-même, ce qui peut paraître un comble ou consternant, qui nous sert de preuve. Les trafiquants d’Asuncion ne sont pas les rois de la com’ loin s’en faut. Commençons donc par une photo. Celle du hangar général de la firme, le jour semble-t-il d’une petite fête du lieu (à droite de la photo). Sur la gauche un avion apparaît clairement. Son immatriculation aussi : c’est le ZP-BII… un vieil habitué de cette saga puisque nous l’avions croisé sur le bord d’un chemin, poussé là par les trafiquants, à Puerto Gretter (aussi Puerto Gretel, c’est en Bolivie), comme le reportage TV nous l’avait indiqué (ici à droite) C’était le 24 janvier 2016. Or c’est bien strictement le même appareil qui est sagement rangé sur le côté du hangar d’Aeromecanica !!! Pas vraiment la bonne pub’, pour la société !!

Et comme cela continuer sur la même lancée,  il y a le fond du hangar aussi à découvrir. Une petite photo nous propose une vue fort mal éclairée et en contre jeu avec l’ouverture béante du hangar (ici à gauche). Le même en original avec la luminosité poussée à fond nous révèle une autre surprise (ici à droite) celle d’un avion connu, qui avait fait parler de lui en 2015 lors de la rafle restés célèbre (1), mais qui n’avait pas eu jusqu’ici les honneurs de la photographie de groupe : c’est le ZP-BPM, un Cessna 210 équipé STOL, avec réservoirs d’ailes supplémentaires et deux cloisons d’ailes bien visibles. En revanche, le « spotter » de JetPhotos ne l’avait lui pas raté sur le tarmac de l’aéroport de Guarani le 12 septembre 2014, avant donc que la SENAD ne s’intéresse à lui de plus près (1). L’avion avait été déclaré au Paraguay appartenant à Pablo César Álvarez Lezcano, un propriétaire de nationalité… argentine ! C’est déjà le deuxième trouvé chez Aeromecanica qui a été en rapport avec le trafic de coke !!!

Direction l’Argentine encore une fois

Et re-belote encore avec un autre cliché, avec trois appareils visibles dont deux la queue sortant du hangar. C’est celui de droite que l’on va retenir cette fois. Immatriculé ZP-TXM. Celui-là est encore plus significatif à vrai dire. Il a en effet été proposé à la vente sur le net en montrant des photos faites en 2008 via un blog intitulé «  » chez Blogspot, par le pseudo « avionpy » qui n’a servi qu’une seule fois et n’a plus jamais été utilisé depuis. Or le même avion, on le retrouve cinq ans plus tard faire la une des journaux… brésiliens, juché sur une plate-forme de semi-remorque, emporté par la police après avoir été trouvé abandonné. Ça se passait à Villa 213, en octobre 2013, dans la Province de Formosa, dans le Départament de Pirané, a 220 km de la capitale Argentine ! Un lieu de villégiature et de tourisme très prisé, où la marijuana commençait à couler à flots grâce aux livraisons aériennes venues du Paraguay.


Sur place, on n’avait pas vraiment ébruité l’affaire semble-t-il. Tourisme florissant oblige. L’avion aurait été porteur de marijuana et non de cocaïne : une partie avait été retrouvée enterrée sur place (photo ci-dessous à gauche). Le compte-rendu de la découverte de l’avion était édifiant raconte ici la Manana du 8 octobre : « Mardi la police tôt intercepté dans le Chaco Impénétrable un camion transportant 1 700 kilos de marijuana cachés dans des sacs en plastique, et des heures plus loin dans un champ proche de Subteniente Perín sur le territoire Formoseño, un petit avion qui avait dû se poser en urgence par manque de carburant. Pour la police, les deux faits sont étroitement liés car ils soupçonnent que l’avion transportait une partie de l’importante cargaison de marijuana saisie plus tard à 30 kilomètres de Perín, mais du côté du Chaco. L’avion trouvé n’avait pas de sièges, il était spécialement conditionné pour transporter de la drogue du Paraguay à notre pays. Il était totalement vide, mais il y  avait à bord des traces et des traces claires de transport de marijuana. « Ils transportent le carburant exact qui sera utilisé pour alléger le poids de la machine et donc en mesure de maximiser sa capacité à transporter de la drogue, autant que possible, » a déclaré une source de la police, qui a dit que n’est pas la première fois en raison d’une erreur de calcul, qu’ils doivent atterrir en cas d’urgence et quitter l’avion et transférer la cargaison. Autour de ce fait, l’hypothèse la plus forte qui gère la police des témoignages de certains habitants est qu’une fois que l’avion a atterri, la drogue a été transportée à cheval ou d’autres moyens de mobilité simples sur les bords de la rivière Bermejo, distante de quelques kilomètres. Elle a été déposée dans deux bateaux à moteur, qui ont dû faire plusieurs voyages pour laisser tout le fardeau du côté du Chaco, où elle a été de nouveau été empilée dans un camion Ford 350 qui, quelques heures plus tard, a été intercepté et saisi par la police dans la route provinciale 3, près de la ville d’El Espinillo La procédure a été possible parce que mardi soir, un résident local avait remarqué des mouvements étranges sur les rives de la rivière (le río Bermejo), du côté Formoseño et n’a pas hésité à appeler immédiatement le numéro d’urgence de la police, pour communiquer avec le commandement de la ville de Juan José Castelli, en raison de la proximité de cette ville de Chaco. À partir de ce moment, les policiers du Chaco ont appris ce qui se passait et ont immédiatement monté une grande opération qui a payé quelques heures plus tard quand ils ont réussi à intercepter le camion transportant 55 sacs en nylon contenant 1 701 kilos de marijuana ». Un journal avait remarqué qu’en 2006 déjà, l’appareil s’était rendu à Colonias Unidas pour assister à une fête aérienne locale, liée au show aérien d’ Yvytú. Il était alors piloté par Omar Guzmán, pilote réputé sur place. Et comme cela ne semble pas suffire encore pour alourdir le cas d’Aeromecanica, déjà bien plombé, on peut y ajouter celui du PT-TRW… l’un des appareils déjà cités parmi les transporteurs de coke saisis en 2015 à Juan Pedro Caballero et Asuncion. La photo elle aussi a été prise à l’intérieur du hangar, ou plus exactement à sa porte (ici à droite)…. laissée toujours béante comme on peut le voir sur tous les clichés. L’avion a aussi été photographié entre deux Beech Baron (ici à gauche). L’auteur à propos de son  cliché évoque une société d’école de pilotage appelée « Albatros » ayant pour siège le même hangar.

Une école d’aviation ?

Aeromecanica  fait-elle aussi dans les cours d’aviation ? Pas vraiment. Sur le côté gauche du hangar, sur la première photo de ce volet, trône un tout petit appareil fort voyant, masqué par mon, montage. Revoici ici à droite cet extrait où on le distingue à nouveau. L’avion, un Piper PA-28-161 Warrior II a été photographié sur l’aéroport Internacional Guarani (à Minga Guaz) le 6 octobre 2017 par le spotteur « BADGES ». C’est le ZP-TJT. Servirait-il d’avion école à Aeromecanica ? Un témoignage plutôt embarrassant de jeune prétendant au pilotage laissant entendre en tout cas que la société effectivement, forme aussi des pilotes. C’est dans le numéro du 11 septembre 2016 du magazine « Extra ». On y découvre un jeune homme appelé Javier Escobar âgé de 20 ans seulement (ici à droite), venu de sa ville natale, Edelira, dans le département d’Itapúa. Issu d’une famille pauvre, devenu agent de sécurité privé, mais passionné d’aviation, il avait « réussi à faire un vol chez Aeroromecanica« , au tarif de 800 000 guaranis (144 dollars ). Pour devenir pilote, c’es 35 000 000 qu’il devra dépenser (6400 dollars). Selon le magazine, « son objectif est de commencer avec les petites compagnies aériennes et ensuite de faire des vols internationaux, jusqu’à ce qu’il atteigne les compagnies aériennes arabes ». Rêve toujours, bonhomme, pense-t-on ! Le jeune homme pose ici fièrement devant le PZ-TRW, l’avion des narcos de 2015, avec à sa gauche le ZP-TJT. Pas sûr que le Warrior (ici à droite), qui paraît si fatigué sous sa couche bicolore bien voyante, puisse encore faire longtemps rêver les pilotes en herbe… c’est ce qu’on pensait, en tout cas, à le découvrir ainsi. Détrompons-nous : le voici que l’Escuela de Vuelo Sky Guaraní le présente comme nouvelle recrue, présentée fièrement par le « Comandante Alejandro Bello », chef de la base de formation de pilotes ! L’école, récente (elle n’existe que depuis deux ans) étant située dans la ville d’Hernandarias, dans l’Alto Paraná (haut lieu « historique » du trafic comme on le sait).

A noter aussi que le troisième lascar photographié, le ZP-BBE a aussi été proposé à la vente par Armando Gonzalez, au tarif de 120 000 dollars pour un Cessna 172 de 2002 à moteur 180 hp, dont l’immatriculation selon le vendeur présente « toutes les garanties de vol » dans le pays.  Le site présente sa photo à l’entrée du hangar (ici à gauche). Mais ses références d’origine ne sont pas spécifiées… encore une fois !!! Tous les curriculum des avions, au Paraguay, sont incomplets ! Quant à ce qui est « garanties de vol », le responsable de l’école de vol cité annonce sans sourciller que ce jour-là; le samedi 14 avril 2018, à 16 h 20 que  son avion, le fameux ZP-YJT a eu un sérieux problème : « lors du  troisième passage. l’instructeur se rend compte que sur le côté droit de l’aile une partie du côté droit du support du train d’atterrissage s’est détachée  (???) et qu’à partir de ce moment, il effectue les commocations nécessaires avec la tour de contrôle et que l’atterrissage s’est fait avec le professionnalisme qui caractérise notre instructeur, en gardant la sécurité en vol «  et « qu’actuellement, notre école de pilotage travaille avec le Contrôleur d’Invocation et de Prévention des Accidents Aériens (CIPAA), effectuant toutes les procédures requises par rapport à ce qui s’est passé samedi dernier. Nous rejetons tout type d’informations émanant de personnes qui ne font pas partie de notre instruction. Toute information au public sera diffusée à travers nos médias et nos réseaux sociaux… » qu’avait-il entendu par « support du train d’atterrissage » et comment son avion a-t-il fini, on l’ignore… notons que le CIPAA est l’organisme qui a étudié’l’accident du général Oviedo… visible aussi ici plus en détail. On notera au passage à quel point l’hélicoptère a été déchiqueté.

Drôle de vision d’avenir

Une école proche d’Asuncion, malgré les 278 km qui l’en sépare. Elle montre en effet comme appareil sur son Facenook une photo de Cessna 210 N  (ici à gauche), le ZP-BZZ quel l’on retrouve en fait photographié à cet endroit le 25 décembre 2017 par le précieux spotter Michel Anciaux  d’Aviation Rainbows : les hangars derrière l’avion sont bien reconnaissables en effet? Et qui retrouve-t-on dans la presse, comme premier élève ? Notre jeune homme de chez Aerocmecanica !!! Un vrai conte de fées pour lui :racontée ici « pour devenir pilote professionnel, Javier doit compléter 40 heures de vol et terminer des cours théoriques et pratiques, tous deux évalués à environ 40 millions de guaraníes. Son désir, jusqu’à récemment, était de recueillir cet argent avec son travail, puis de servir sur les petites compagnies aériennes pour atteindre les grandes compagnies aériennes arabes ». 

« Dans l’un de ses fréquents voyages à la capitale, commandant Alejandro Bello, propriétaire de Sky Guaraní Flight School, basée à Hernandarias, Alto Parana, a rencontré Javier, et en parlant avec lui, a été impressionné par son histoire de vie, alors il a décidé de lui donner la poussée dont il avait besoin pour réaliser son rêve ». « J’ai vu ma propre histoire reflétée dans Javier, le même rêve d’être pilote et de rencontrer différents types de difficultés le long de ce chemin. C’est ce qui m’a conduit à prendre la décision de lui accorder une bourse complète pour le cours de pilote d’avion privé », a déclaré Alejandro d’Aeronautica Paraguay. » Javier, qui avait déjà terminé son cours théorique  en mars 2016 d’abord fait un vol d’essai à l’école Aeromecanica, sera dans quelques semaines pour commencer son cours sur Sky Guarani, totalement gratuit dans un Cessna 150 et un Piper PA 28, avion avec lequel opère ledit centre de formation »… sur la photo du jeune pilote et de ses amis, on redécouvre le Cessna 210 aperçu chez Aeromecanica : le ZP-TRW, celui accusé en 2015 d’être un avion de narcos ! Drôle de rêve, non, pour « Javier » venu de 278 km d’Asuncion (il a traversé le pays d’est en ouest en fait) !!! Ici on peut admirer le premier vol du 10 ième élève de l’école. Et son baptême,  l’huile bien sûr… un autre cliché mis sur Facebook indique que l’école est bien installée au Guaraní International Airport. De son aile droite, un des élèves du ZP-TJT aperçoit en effet deux appareils bien particuliers… un 747 et un DC-8 dont il nous faudra bien expliquer la présence à cet endroit… depuis des années !!! Encore une drôle de vision pour « Javier » ! Le moment de nous rappeler son nom de famille : Escobar !!!

Prêt à « échanger » des avions ?

Je vous ai présenté tout à l’heure un « Taxi-Aero qui vend un Cessna déjà inspecté pour suspicion de drogue en 2015 (il figure dans le reportage TV montré. Or, surprise, est annoncée aussi la vente d’un autre appareil, un avion  « avión Piper Cherokee de 180hp clasificados de duplex en clasipar.com. o permuto por Cessna 182 o 206 ». Etrange offre, celle de la vente pour 75 000 dollars ou son ECHANGE (?) contre un Cessna à aile haute dont on connait les prouesses STOL, à l’inverse du Cherookee. Mais il y mieux encore quand on découvre qui fait l’offre : c’est à nouveau « algs73″ à savoir Armando González; le PDG  d’Aeromecanica qui fait donc aussi dans le taxi aérien !!! Le Cherokee PA-28 proposé étant le ZP-THA (ici à gauche). Sur le prolongement de la route qui jouxte le parking de ce Cherokee a été mis en travers un Cessna 210, justement, mis en vente par « maderasnuevageneracion.com.py »  et immatriculé ZP-XO45, et annoncé à 125 000 dollars. Le numéro n’est pas sans rappeler le ZP-X036 d’un Cessna 210-G trouvé à Santa Ana, dans le  département du Beni, en Bolivie, en octobre 2014, avec 102 kilos de marijuana et 171 grammes de cocaïne à bord. Une autre annonce, signée d’un dénommé « jjoelitogonzalez » concerne  en fait l’activité d’aéro-taxi semble-t-il. Dans le lot d’appareils proposés, outre le ZP-BLS déjà décrit, on tombe sur un énième Cessna au lettrage quasi-surréaliste affichant « ZP-BOX »… Enfin, une autre entreprise qui jouxte sur la gauche de la photo le hangar d’Aeromecanica, propose aussi au 21 mai 2015 ses services, annonçant plusieurs appareils dont un vieux Beechraft Baron, un Cessna baptisé EP-TAX (?) et un 172 en ZP-BHK, le tout utilisable pour 1 300 000 guaranis par heure de vol, soit 235 dollars.

Gardons le dernier cliché (et le meilleur peu-être bien) pour la fin ; celle toujours de l’entrée du hangar d’Aeromecanica (ici à droite et ci-dessus), avec un petit et étroit Cessna 150, avec lequel on peut même faire un tour ici, avec un instructeur chauve, et chemise rayée, qui, je suis sûr, va aussi bientôt vous passionner… on peut même répéter l’expérience, mais cette fois sans lui, qui va vite vous manquer, je parie. En partant d’un autre endroit d’Asuncion, jamais très loin de la piste principale…. l’avion, est lui aussi proposé depuis à la vente, sur Clasipar. On remarque qu’il port son immatriculation sur la queue, sa décoration sur le flanc ayant été interrompue pour une raison que j’ignore. Les filets de décoration non régulier montrent le plus complet amateurisme en design. On notera le pseudo du vendeur : algs73, celui d’Armando Gonzalez en personne… encore une fois. Bref, on touche au but, là , bientôt…

 

 

 

1) un montage de différents clichés nous le confirme (on voit bien que l’affichage apposé masque ce qui semble bien être le nom de la société l’employant, disposé au sommet de la queue, incliné à environ une quinzaine de degrés. En tout cas c’est bien un requin stylisé qui figure sur ses flancs. On notera au passage que c’est un Cessna modèle 206. Il faudra éviter surtout de le confondre avec un avion pouvant entrer en confusion avec lui et aperçu à l’arrière des hangars d’Asuncion : le ZP-BIE, qui lui est un Cessna de type 182 présentant un design lui ressemblant assez (voir ci-dessous, photo du passionné Anciaux).

(2) on notera au passage que sur les sites de spotters bien connus, les avions du Paraguay et spécialement ceux photographiés à Asuncion, s’ils montrent leur immatriculation, ne précise jamais ou presque le numéro de série de l’avion.

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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Coke en stock (CCXXXVIII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (63)

MH370 (1) : étranges débris

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Il y a un bout de temps que ça s’est passé.  Quatre ans déjà.  Et on n’a toujours pas retrouvé l’épave de l’avion.  Un énième farfelu étant venu récemment raconter des balivernes au sujet de la disparition du MH370, m’a donné l’idée de revenir en arrière et de l’étudier à nouveau, ne serait-ce que pour rendre service à ma manière à Ghyslain Wattrelos, ce nordiste qui a perdu femme et enfants dans la catastrophe et dont la dignité dans l’épreuve est tout simplement exemplaire.  Intrigué par ses propos (1), j’ai résolu de m’y replonger.  Pour découvrir, vous allez le voir, encore plus de questions que de réponses à cette énigme qui perdure.  Mais des questions qui suscitent une réflexion sur l’endroit où cela aurait pu se passer, et avec un objet qui pour moi a été et demeure encore plus aujourd’hui au centre de l’affaire et de ses manipulations.

Le 8 mars 2014 à h 41, le Boeing 777 de Malaysia Airlines décolle de l’aéroport international de Kuala Lumpur à destination de Pékin. A 119, le 8 mars, le pilote envoie ce qui va être son dernier message et à 6h 43 les autorités annoncent qu’elles ont perdu contact avec lui.  Après, plus rien.  Les recherches débutent les jours suivants dans le Golfe de Thaïlande, tout d’abord.  Logique, c’était son itinéraire prévu.  Elles ne donnent rien.  Le 25 mars, soit 17 jours après la disparition de l’appareil, des pêcheurs découvrent sur une page des îles Baarah, dans les Maldives, un drôle d’objet.  C’est à plus de 3 000 km de l’endroit où on cherché l’avion.  Le 7 avril, c’est une discussion du forum d’aviation PPrune (à recommander !) qui l’évoque déjà, mais c’est un blog qui montre la photo en détail de ce qui a été trouvé, encore souillé de son sable tout blanc.  Le 23 au soir, un autre blog met en ligne d’autres clichés, que je visionne en rédigeant dans la foulée en moins de 3 heures ce texte, dans lequel j’associe tout de suite l’engin aux extincteurs typiques à bord de ce genre de Boeing.  L’avion s’est donc crashé, si l’extincteur lui appartient !!  L’article dépassera rapidement les 100 000 lecteurs, signe que tout le monde à l’époque est intrigué par cette disparition qui est du jamais vu jusqu’alors.  Mon article se retrouve beaucoup lu, la preuve…  ici, avec le blog de Commandant de Christian Roger; commandant de Bord de Boeing 747 Air France, ex-leader de la Patrouille de France et expert de l’accident de 2004 de Sharm El Sheikh, qui semble l’avoir bien parcouru en effet.  La suite on la connait, les trolls vont vite apparaître et avec eux les théories farfelues – et il y en a eu des gratinées (la dernière étant toute récente et encore plus farfelue). L’enquête mal fichue, l’attitude ambiguë à la fois de la Malaisie, de l’Australie ou même de Rolls-Royce, voire des USA, leur ouvre un boulevard dont ils ne se privent pas.  Plus tard (le 8 avril 2015), Christian Roger continuera à informer sur l’avancée de sa propre enquête, et plutôt bien, en écrivant par exemple à propos de l’émission de TV de W9 du 4 mars que « je suis surpris également que ni Boeing, ni le NTSB n’aient donné de réponse à la question : « l’extincteur retrouvé sur une plage des Maldives, dont j’ai publié la photo, est-il celui du Boeing 777 disparu. Assurément, il porte une plaque comportant un numéro de Spare Part, qui permettrait de l’identifier en quelques heures. Je déplore que l’émission n’ait pas fait état de cette lacune des enquêteurs. »  Etonnant en effet que cet objet précis n’ait pas été suivi davantage : est-ce l’endroit où on l’avait trouvé… bien trop tôt, qui gênait ?  Il semble bien en effet, qu’il embarrassait, à le voir totalement ignoré de l’enquête officielle qui aurait pu se contenir à minima à un démenti, ce qu’elle n’a même pas daigné faire.  Car il est aujourd’hui fondamental, comme on va le comprendre avec ce qui suit : c’est le seul a avoir été retrouvé si vite, son court trajet dans les eaux de l’Océan Indien indiquant une chute de l’avion à un endroit totalement différent d’où on s’efforcera de la chercher plus tard.  Cette bouteille-extincteur qui flotte si bien, arrivée la première sur une plage, est la clé véritable de l’énigme… et celle, avec elle, d’une mise en scène de la catastrophe.  Mise en scène, car comme le souligne Roger, il eût été facile grâce à ses inscriptions visibles de déterminer si oui ou non elle appartenait bien au Boeing disparu.  Au lieu de ça, et au contraire des autres morceaux apparus bien après, il n’y a eu aucune déclaration officielle de qui que ce soit à son sujet et on ignore aujourd’hui où elle se trouve.  Cette dissimulation de preuve, car on ne peut que l’appeler comme ça désormais, est signe d’une responsabilité que visiblement on ne souhaite pas assumer. Il eût été facile d’en révéler le numéro de fabrication, pourtant pour dire si oui ou non elle provenait du vol MH370 !!!  Là, aucun démenti, aucune confirmation.  Un silence bien trop pesant entoure cette découverte cruciale.  Aucun mot à son égard dans le décevant rapport final sur la catastrophe, précédé par un panel de « spécialistes » venu gloser devant des caméras le 13 mai dernier (2018) dans l’émission 60 minutes pour rééditer la thèse d’un appareil parti en direction du continent à Kangourous.  On y avait pu y voir et entendre Martin Dolan, chef de l’Australian Transport Safety Bureau (ATSB (2)), venir défendre l’idée d’un suicide du pilote, le capitaine Zaharie, 53 ans (une simulation montrait qu’en cas de panne d’essence, l’avion serait aussitôt tombé à la verticale (« a castastrophic drive »).  A peine si on s’est aperçu que le programme avait  été diffusé quelques jours avant la sortie d’un nouveau livre, « MH370: Mystery Solved », écrit par le pilote Larry Vance, participant justement lui aussi à l’émission spéciale de 60 Minutes.  La promotion du livre, qui avait en fait mené à l’émission télévisée, annonçait que le fameux groupe d’experts révélerait le «véritable destin» de l’avion condamné, ce que l’émission ne fera pas vraiment à vrai dire.  Vance (3) ayant pour seule théorie celle du suicide du pilote (et du contrôle total de l’avion lorsqu’il avait touché l’eau, ce qui a depuis été infirmé) !

Des débris et encore des débris mais ailleurs, et bien plus tard

Plus tard encore, on va oublier les Maldives, et moi aussi, je vous avoue, lorsque le 29 juillet 2015, un gros morceau d’aile, un flaperon, est retrouvé sur une page de la Réunion, objet qui va accaparer la presse pendant des semaines.  Dans les mois qui suivent d’autres morceaux vont apparaître de la même façon, dont beaucoup d’effets personnels cette fois : chaussures, sacs, vêtements, et même des doudous d’enfants (retrouvés à Madagascar)… ou des sacs décorés Angry Bird, par exemple comme ici à droite.  Ces objets ne pèsent pas lourd dans la presse, hélas.  L’occasion de se rappeler l’horreur du nombre de disparus, et parmi eux des enfants :

Des débris particuliers trouvés, des débris ignorés

Le 10 août 2016, en effet, ces nouvelles découvertes avaient été faites sur les plages de Madagascar.  Selon la responsable de l’Air Crash Support Group Australia (ASGA), il y en aurait eu environ 160 de morceaux venus s’échouer, avec la découverte importante sinon décisive que certains indiquerait que la cabine de passagers aurait connu de sérieux dégâts : « selon Sher Kean, de l’Air Crash Support Group Australia (ASGA), il y avait «une quantité incroyablement élevée» d’articles personnels sur le site. « Sacs à main, étuis pour téléphone, parties de boîtiers informatiques, vêtements, chapeaux de prière (ici un étui d’appareil photo) …  Mais le gouvernement malaisien a ignoré les appels des proches à rassembler les preuves, a-t-elle déclaré.  Au nom des proches du MH370, Mme Kean a écrit une lettre en juin demandant à la Malaisie d’envoyer des fonctionnaires pour récupérer les objets personnels sur la plage.  Mais ses lettres sont restées sans réponse.  « La Malaisie n’ira pas les chercher.  Ils ont dit trois fois qu’ils viendront les chercher, et trois fois ils ont annulé », a déclaré Mme Kean. « Tout est encore en train de se dégrader … Personne ne s’en soucie. » « Nous avons même écrit au ministre des Transports de Malaisie pour lui demander de nous remettre les articles s’il ne les intéressait pas et nous n’avons reçu aucune réponse », a-t-elle déclaré.  Des morceaux qui évoquent surtout une explosion en plein vol, car comment sinon expliquer cet important débris d’entourage plastique de l’écran arrière des sièges découvert et mis en évidence par le chercheur Don Thompson.  Des morceaux auraient donc été ignorés (comme l’extincteur)… mais pas d’autres, propulsés en avant, ceux-là, dans les médias ?  Pourquoi donc certains et pas les autres ?

Parmi ceux sur lequel on semble avoir insisté, il y a en effet ceux qui suivent:  Un des plus intrigants débris est celui portant de façon bien lisible le logo de Rolls-Royce.  Intriguant, pour sûr, car on va en retrouver pas un seulement, mais deux exemplaires (provenant d’un seul ou des deux réacteurs on l’ignore).  Un des des deux logos a été découvert à Mossel Bay,  en Afrique du Sud. Le premier couvert de bernacles, et ce second exemplaire propre sur lui, car sans aucune de fixée dessus.  Au départ, je pensais même que c’était le même que l’on avait nettoyé !!!  Pas du tout, ils sont très différents l’un de l’autre par la forme, mais ont tous les deux la même importance visuelle :  grâce à eux, ont sait que ce qui est censé envelopper les moteurs Trent a éclaté.  On on aurait voulu le spécifier sciemment qu’on ne s’y serait pas pris autrement (en somme que les moteurs ont subi des dommages, sans avoir à les montrer eux-mêmes).  Ce qui est très intriguant, en effet, c’est que ce sont les seuls morceaux retrouvés que l’on a attribué aux réacteurs. Or, leur dimension est très faible, au regard de l’énorme « cylindre » de 7 mètres de long et de 3,80 m de diamètre extérieur que fait le capotage de l’énorme réacteur Rolls-Royce de ce type qui équipe le B-777 (cf la photo ici  à droite).  Sur les 70 mètres carrés que représente le carénage du réacteur (et les 140 m2 des deux), on aurait donc retrouvé que ces deux petits morceaux-là, si particuliers, ou presque ?  Statiquement, ça me semble… tout simplement impossible (en somme on est à 1% pas plus) !!!  Rejoignant l’opinion du blogueur Jeff Wise qui affirme ici que « pris séparément, ces objets défient toute explication.  Pris ensemble, cependant, ils présentent une image unifiée.  Bien que découverts à des semaines et à des mois d’intervalle dans des endroits séparés par des milliers de kilomètres, ils ne font qu’un: ils ont tous tort.  Ils ne sont pas du tout comme ils le devraient ».  Voir ici l’examen officiel des débris, dans lequel figure un autre bout reconnaissable du capotage du réacteur droit (cf photo ci-contre).

Ailerons et flaps, petite partie du puzzle

Des débris d’avions, il y en a eu plein depuis, d’échoués sur les plages en effet.  Des dizaines et des dizaines, dont des bouteilles d’eau peut-être utilisées par les passagers, par exemple.  Certains semblent nous avoir appris autre chose qu’un simple crash.

Un puzzle macabre s’est en effet mis en place, avec la découverte successive de éléments les plus  facilement « détachables »  de l’aile.  Certains échoués au Mozambique cette fois, en 2016, ou en Tanzanie, ou encore sur l’île Maurice, où le 7 octobre 2016, les autorités ont dévoilé un autre « flap » similaire à celui trouvé en premier à la Réunion.  Le plus éloigné sera retrouvé en Afrique du Sud.  Il a suivi comme les autres les courants marins mais aurait donc dérivé plus longtemps.

Le 26 juin 2016, déjà on avait annoncé avoir découvert peut-être le « plus gros débris » de l’avion, qui semblait effectivement être cette fois le grand flan extérieur droit.  Des flaps qui seraient restés à leur position normale, non déployés comme pour se préparer à atterrir, concluent les experts, infirmant la thèse défendue à la télévision australienne (4).  Un morceau du stabilisateur droit a aussi été retrouvé en mai 2016 à l’île Maurice, identifié cette fois par un numéro de série bien visible, reconnu et authentifié en octobre. Leur description comparative ne souffre ici aucun défaut :  ce sont bien encore des bouts du MH370 qui se répandent toujours.  CNN, le 9 mars 2017 dresse le bilan de ce qui a été retrouvé depuis l’accident et fabrique une illustration pour mieux nous le faire comprendre (ici à droite la présentation officielle du second flaperon découvert dont on constate qu’il ne porte aucune bernacle de visible) :

Les morceaux sont extrêmement localisés, au sein de ce schéma.  Et ils démontent semble-t-il que l’avion est resté entier avant de disparaître entièrement, les fragments correspondants plutôt, selon les experts, à ceux qui s’arrachent en cas d’amerrissage sous un faible angle plutôt :  l’avion ne serait donc pas tombé brusquement à la verticale selon eux.  En le faisant sans ses volets sortis, ce qui signifie aussi qu’il n’y avait plus de pilote valide à bord pour se poser sur l’eau !  Le fragment de stabilisateur horizontal droit avec les mots « No Step » a été trouvé par Blaine Alan Gibson au Mozambique par un homme passionné de voyages (il a visité 177 pays) qui s’était pris véritablement de passion pour l’événement et s’est auto-bombardé découvreur de débris, un remède contre son oisiveté.
On peut le juger trop médiatique, mais face à l’inertie malaisienne, il a effectué un très bon travail de collecte, au final. « Le premier débris, identifié comme un carénage de rail de volet installé au milieu de l’aile droite, a été identifié par un numéro 676EB ; couleur et police correspondent à celles utilisée par la compagnie nationale malaisienne quand l’avion a été repeint. Le deuxième débris, une partie du dessus du stabilisateur horizontal droit, avait lui aussi une inscription « no step » dont la police déclare qu’elle correspond à celle utilisée par Malaysia Airlines ; son identification est également venue d’un type de rivet qui n’est plus utilisé, mais l’avait été lors de l’assemblage du 777 suivant (405, le Boeing disparu étant numéroté 404).  Ici la seconde découverte avec un numéro apparent.  La découverte du 5 septembre au Mozambique était sans conteste l’une des plus intéressantes, car elle montrait pour la première fois des morceaux affichant les couleurs de la compagnie, mais aussi pouvait montrer qu’une partie du fuselage s’était donc brisé.  Jusqu’ici, on n’avait pu voir que des morceaux d’aile ou de queue de l’avion !!!  Manque de chance, l’examen attentif du morceau montre que c’est celui qui soutenait le logo de queue de La Malaysian Airlines !  Un autre site fait ici le bilan de ce qui a été retrouvé.  Peu de choses, à vrai dire, et les panneaux les plus… légers, sont ceux qui apparaissent en priorité.  Je n’ai pas lu d’analyse globale capable de m’expliquer pourquoi ces morceaux là et pas d’autres. Le rapport final en a retenu 27 seulement (mais toujours pas l’extincteur !!!).  Et aucun texte disant que leur petite taille et leurs fractures pouvait provenir d’une explosion en vol et non d’un amerrissage. Plus sidérant encore, lorsque le rapport final sur les recherches paraît en octobre 2017… les morceaux récupérés figurent en illustration 82 sur un dessin de l’avion… qui ignore totalement le fameux extincteur (et tout autant les effets personnels des passagers) !!!

Ci-dessous, la page 399 de l’épais rapport sur la dérive des débris faisant le point sur ce qui était arrivé sur différentes plage entre 2014 et 2016 :

L’original plus lisible est disponible ici. On constate qu’aucun débris arrivé aux Maldives n’a été pris en compte… et encore pas notre fameux extincteur !!!

De bien étranges crustacés

Les débris n’ont en général pas provoqué de réelles surprises, à part un temps la confusion de l’un d’entre eux avec un morceau de planche de surf d’un genre particulier (de Varial Surf Technology, faites en aluminium, ce qui est à part), ils étaient tous bien de l’avion.  Mais il y en a une de surprise, pourtant, les concernant, et elle est de taille.  L’analyse des coquillages ou bernacles, et balanes (ou Lepas) trouvées sur les débris, citée ici par JeffWise, révèle en effet que toutes ne dépassent pas deux mois d’existence (et non deux ans comme cela aurait dû l’être s’ils avaient fait le long trajet les amenant des côtes australiennes) : « selon le rapport final publié par l’ATSB, « La recherche opérationnelle de MH370 », le 3 octobre 2017: « les spécimens ont été analysés ici, assez jeunes, peut-être moins d’un mois ». « Une (autre) anomalie a été la découverte, en fonction de la composition chimique de la coquille, car les Lepas trouvées en nombre sur le flaperon ont passé une grande partie de leur vie dans de l’eau qui était entre 18 et 20 degrés. Il n’aurait pas été possible que le flaperon flotte dans de l’eau froide de cette distance pour arriver sur son lieu de découverte par des moyens naturels.  (…) L’ATSB croyait que l’avion s’était écrasé dans l’océan Indien du sud, au début de l’automne vers le 36 eme parallèle. Mais les scientifiques n’ont rien trouvé de tel. Au lieu de cela, chaque spécimen qu’ils ont pu identifier était originaire de la zone tropicale de l’océan Indien ». L’auteur reprenait en fait les analyses d’un experte en Lepas Anatifera, Cynthia Venn, de la Bloomsburg University qui datait au maximum les Lepas du flaperon à quatre mois d’âge. Autre étrangeté encore relevée par Wise : « une autre anomalie concernant l’encrassement biologique du flaperon était le fait que lors des essais de flottaison, le flaperon s’est retrouvé à flotter près de la moitié hors de l’eau.  Ceci est difficile à concilier avec le modèle des Lepas, qui couvre chaque partie du débris.  Alors que les Lepas s’attachent et se développent sous l’eau seulement, cela suggère que le flaperon n’a pas flotté librement pendant sa durée dans l’eau ».  Etrange conclusion !!!  Pour la pièce « NoStep » analysée, Wise a conclu que « l’absence d’encrassement biologique sur un morceau de débris d’avion suspecté récupéré au Mozambique en décembre 2015 (ici à droite) suggère qu’il n’est pas entré dans l’eau avant octobre de cette année (…) L’absence d’encrassement biologique sur un morceau de débris d’avion suspecté récupéré au Mozambique en février 2016 suggère qu’il était entré dans l’eau au plus tôt en janvier 2016. Les objets du Mozambique n’étaient peut-être jamais allés dans l’océan du tout. »  Dans le rapport officiel des recherches cité (1) on peut lire en effet noir sur blanc, avec étonnement et surprise « qu’il est très difficile de trouver un âge aux balanes retrouvées attachées aux débris des deux îles.  Le facteur principal qui semble déterminer le taux de croissance est la température. Cependant, comme mentionné dans l’étude d’Inatsuchi et al. (2010), les nutriments peuvent également intervenir dans le taux de croissance. L’étude de MacIntyre (1965) montre un point très évident: les bernacles peuvent prendre du temps avant de s’installer sur le matériel flottant, et nous ne pouvons donc pas dire quand les bernacles qui adhéraient aux débris de l’avion se sont « ancrées» elles-mêmes. On ne sait pas si elles grandissent continuellement après la colonisation. Si nous suivons les conclusions d’Inatsuchi et al. (2010), les balanes qui vivaient dans l’océan entre 19 et 29 ° C ont atteint une croissance de 12 mm en 15 jours environ, soit 0,7-1 mm / jour. On doit convenir que les spécimens analysés étaient donc plutôt jeunes, peut-être de moins d’un mois sachant que les scuta qui ont été analysées ont été trouvées parmi des plus grandes capitula, mais qui ne dépassaient pas 20mm ».  Idem dans le rapport final des autorités malaisiennes, où on écrit sur les « températures pendant la croissance des vannes les plus jeunes et de l’adulte terminal (25,4 ± 1 ° C).  A La Réunion, avant la découverte du flaperon, les balanes ont été immergées dans l’eau à des températures proches de 28,5 ± 1 ° C.  Températures dans les mois précédant la découverte du flaperon dérivant dans les eaux de l’est-nord-est de l’île de la Réunion ».  Lui-même reconnait qu’elles sont nées au large de l’île et non aux bords de l’Australie !!!  Dès que le morceaux les plus gros comme celui de la Région étaient apparus, la presse avait pourtant entonné le coup du long trajet pour expliquer la présence de ces coquillages… qui grandissent en 15 jours seulement !!!  Wise, après une seconde étude poussée du fameux aileron de la Réunion, avait conclu que « des photographies de balanes vivant sur le flaperon MH370 découvert à la Réunion, combinées à la perspicacité des experts sur le cycle de vie et l’habitude du genre Lepas, suggèrent que l’objet n’a pas flotté depuis le point d’impact présumé de l’avion, mais qu’elles sont restées maintenues quatre mois en dessous de la surface ».  Quatre mois seulement ?  On reste surpris, sinon effaré !!!  Un expert était venu nous dire pourtant dans le Point que « les vitesses sont également cohérentes : à une vitesse entre 0,5 et 1,5 nœud, la pièce aurait parcouru 10 800 kilomètres, ce qui correspond à la distance séparant l’Australie de La Réunion. »  Le même ayant ajouté que  » d‘après les photos, il s’agit de gros anatifs (cf des pousse-pieds) qui poussent assez vite. En tenant compte de la phase larvaire, ils pourraient être âgés d’un an à dix-huit mois », indique Dominique Barthélémy » (il est responsable de l’aquariologie au centre Océanopolis à Brest). Bref, un avis totalement contradictoire au précédent. Que sont donc ces bouts de morceaux d’avion arrivés à dessein ces dates-là, sans avoir voyagé comme les autres, et qui donc n’auraient pas non plus fait un trajet aussi long que clamé partout ???  D’où sortent-ils vraiment, ces débris ?  Franchement, on a de quoi se gratter longuement la tête !  L’analyse des coquillages ajoutait encore au mystère, au lieu de le résoudre !!!

Les débris oubliés

Le 15 septembre 2015, des débris arrivaient toujours:  cette fois pas à la Réunion, mais là où l’on avait retrouvé le premier extincteur, ou pas loin puisque c’est cette fois dans l’île de Goidhoo, dans l’atoll de Baa.  « Des débris soupçonnés d’être des parties d’un avion ont été découverts sur deux îles distinctes des Maldives. Une grande pièce blanche a été retrouvée sur l’atoll de Baa, dans l’île de Goidhoo, à l’ouest des Maldives, dans l’archipel, et deux grandes plaques de métal gris avec des chiffres ont été trouvées sur l’île de Gililankanfushi, à l’est de l’archipel. Les Maldives étaient sous le feu des projecteurs des médias internationaux en août lorsque cinq îles auraient trouvé des débris non identifiés, peu après la découverte d’une aile du vol MH370 de Malaysian Airlines sur l’île de la Réunion dans l’océan Indien. La plupart des débris trouvés aux Maldives ne provenaient pas du MH370, ont indiqué les autorités malaisiennes.  Un porte-parole de la police a déclaré que les débris étaient transportés dans la capitale Malé. » Et je vous avouerai que moi aussi je suis passé à côté à ce moment-là.  Or j’y reviens dès demain en détail, car je ne crois pas trop aux coïncidences… le premier morceau trouvé à Baa fait 8 pieds de long (3,4m) et 2 pieds de large (0,60m), il est blanc-gris avec en-dessous une structure en nid d’abeille, raconte le chef du village, et il arbore un numéro d’immatriculation ainsi qu’une inscription en rouge tronquée se terminant par TIC.  Un morceau arrivé au Mozambique le 3 mars présentait aussi cette structure caractéristique en nid d’abeille.  On distingue quelques bernacles dessus, mais on ne peut préciser s’il s’agit ou non d’une pièce avion. Il ne semble pas que ça en soit pour ce cas précis !  Le 27 mai 2016, ça continuait toujours en tout cas, et au même endroit : « une autre pièce est apparue hier, ce qui en fait quatre depuis mercredi.  Je pense que cela se qualifie de « tempête de débris » note Wise, qui montre cette fois un morceau apparu au Mozambique, qui semble avoir subi les dégâts du feu, sur une de ces faces, à moitié noircie (attention c’est aussi la couleur de la fibre de carbone non peinte, ici à droite et à gauche son emplacement, à savoir le joint aérodynamique Karman courant le long du contact entre l’aile et le fuselage).  Un morceau situé à cet endroit qui se détache indique un effort de torsion énorme de l’aile, à l’endroit où elle est attachée, pour faire sauter, justement, ce raccord.

Notons aussi, qu’en janvier 2016, venait interférer dans la recherche la découverte d’un gros morceau de fusée japonaise H-IIA ou H-IIB, (ici à droite) retrouvé sur la plage de Nakhon Si Thammarat dans le golfe de Thaïlande, mais très vite le porte-parole Sayo Suwashita, de Mitsubishi Heavy Industries ainsi quel’Air Vice Marshal Pongsak Semachai, des forces thaïlandaises confirmait que c’était bien un morceau de fusée , qui ça n’avait rien à voir avec les débris MH370. Très certainement un bout de la coiffe du satellite comme démontré ici. Rien à voir, à part les bernacles, dont il était lui aussi truffé.  Des bernaces développées dans la mer très chaude du golfe de Thaïlande…

L’interprétation surréaliste des débris

Dans le dossier officiel de l’analyse des débris, on semble fort avoir fait l’impasse sur ceux qui auraient pu conclure à une explosion en vol. Pourquoi donc, voilà bien tout le problème.  On a déjà vu celui de l’arrière d’un siège passager, qui aurait déjà pu orienter vers cette conclusion.  Un deuxième morceau d’intérieur, découvert à Riake Beach, sur l’île de Nosy Bohara, près de Madagascar en octobre 2016, nous démontre cette façon somme toute surréaliste de rédiger ce rapport.  Ce morceau est décrit ainsi : « c‘est une pièce composite de base avec des noyaux en nid d’abeille non métalliques. Le stratifié n’était évidemment pas en fibre de carbone car il était de couleur brune.  La pièce a été mesurée à environ 20 pouces de longueur et pesait 0,545 kg.  La partie a été amenée au B777-200ER, anciennement exploité par Malaysia Airlines (MAS), en cours de maintenance à Subang, en Malaisie, à des fins d’identification. La structure des caractéristiques montre qu’elle ne fait pas partie de la structure de l’avion.  Il semble plus probable qu’elle provienne de l’appareil, en raison du vinyle et des scellements sur les bords qui étaient présents. La couleur du vinyle et du mastic de la pièce correspond aux pièces généralement utilisées dans les cuisines des avions ». En somme on vient de trouver un bout de « galley », ces placards de cuisine contenant la nourriture de bord, que l’on visite ici longuement en plein vol à la Swissair( fabriqués par Zodiac) et dont on voit l’emplacement ici sur un plan des Australian Airlines.  Ils sont situés à trois endroits : à l’avant et à l’arrière de l’implantation de l’aile, et au fond de l’avion.  La découverte d’un morceau en provenant pouvant signer une rupture catastrophique du fuselage à un de ces trois endroits, on songe surtout au premier, dans le cas d’un incendie de soute (nous verrons demain que c’est juste au-dessus de l’endroit où ont été stockées des palettes de fruits du mangoustanier (des « mangosteens ») une spécialité locale for prisée. Bref, on a découvert un morceau d’une importance cruciale… et les officiels de l’enquête écrivent candidement que « ses fibres sont fracturées (ses fibres ont été retirées), ce qui pourrait indiquer une rupture de tension sur sa structure » (et donc un éclatement du fuselage) mais qui concluent que « bien qu’il semble faire partie d’un intérieur d’aéronef, rien n’indique si la pièce aurait pu provenir d’un aéronef ».  Ceci après avoir écrit juste au-dessus dans leur déposition « qu’il semble plus probable qu’il provienne de l’appareil… ». Le mystère de l’avion (et sa dissimulation !) se situerait donc aussi dans l’une de ses cuisines de bord !  Pour mémoire, et en comparaison, lorsque le vol Air France Rio-Paris (un Airbus A330) s’est écrasé en raison de tubes de pitots givrés et de pilotes aux mauvaises réactions, donc lorsque l’avion est entré avec force au contact de l’eau (mais presqu’à plat), on retrouvera un des « galleys » flottant… en entier !!!  Si le B777 est aussi entré dans l’eau de cette manière, comme beaucoup le pensent, pourquoi donc ne retrouver qu’une infirme partie de cet élément qui flotte si bien, lui aussi ?

Bref, cela n’avait pas arrêté.  Mais c’est ce qui a été trouvé à Gililankanfushi (c’est aux Maldives) qui allait se révéler beaucoup plus intéressant… mais cela nous le verrons dans le prochain épisode, si vous le voulez bien…

 

 

(1) les plus récentes évoquent la présence d’une personne au centre de la cabine, soupçonnée de pouvoir accéder aux données de l’antenne satellite (Satcom) installée juste au dessus de lui. Ici un PDF signé Carlisle expliquant où se trouve cette antenne et comment on l’installe sur un 767.  Ici le modèle Cobham utilisée par United Airlines.  Des informations ont également circulé sur des traces de défaillance (corrosion) possible à l’endroit de l’installation de l’antenne sur le B777.  Une faille de ce genre aurait pu provoquer la dépressurisation complète de la cabine passager.

(2) le rapport final sur les recherches est ici, il est paru le 3 octobre 2017..

Le rapport complet et officiel sur la catastrophe est lisible ici.  Ce rapport évoque quand même le chargement de piles au lithium dans la soute, qui représente toujours une explication possible à l’origine de la catastrophe. Un plan de répartition des fruits exotiques emportés à bord est visible (« mangosteens » ou mangoustes) ainsi que celui des piles est même (enfin)  fourni (ici les piles sont indiquées en rose, elles ont été disposées sur une simple palette et non dans un container standard, au niveau avant de l’implantation de l’aile).

A gauche ici les piles (bleues) assemblées deux par deux de façon réglementaire dans un support, depuis un crash d’avion cargo d’UPS, pour le transport.  A droite ci-dessous, extrait de la série de photos, leur boîte blanche avec en-dessous les cartons que leur empilement fabrique sur une palette.

Logiquement, ce genre de chargement ne doit pas faire partie d’un vol de ce type… cela n’a pas l’air pourtant d’avoir refroidi la Malaysian Airlines, qui le 14 septembre 2017 a été confrontée à une fuite d’acide émanant de batteries de ce type, déposées au fond de la soute d’un avion, dans de simples cartons (voir ici à droite). La fuite détectée sur le Kota Kinabalu International Airport avait obligé des pompiers munis de combinaisons anti émanations à intervenir (cf la photo ici à gauche). Le vol incriminé était celui du MH2614 et le liquide cité étant le « UN2794 liquid-type », soit de l’acide sulfurique contenu dans les batteries au plomb.  Ils auraient dû être disposés dans des caissons hermétiques, selon les  normes en vigueur, ce qui n’était pas le cas.  La Malaysia Airlines ne respecte donc pas toujours la loi pour ses transports de fret en soute.  L’avion visible sur les clichés était cette fois le 9M-MXM, un Boeing 737-800 cette fois.  A noter aussi cette réponse incroyable d’un responsable malaisien sur pourquoi donc le chargement de batteries n’avait pas été détecté sur l’aéroport de départ : « car il n’y avait pas de machine à rayons X assez grande de disponible ». Sidérant !

 

(3) Larry Vance a écrit ici à propos d’un autre accident dont il avait été l’expert de son enquête  : « le Swissair 111 était un avion de ligne McDonnell Douglas MD-11 qui s’est écrasé à grande vitesse dans l’océan Atlantique au large des côtes du Canada en 1998 à cause d’un incendie à bord qui a rendu les systèmes de l’aéronef inopérants. J’étais enquêteur responsable adjoint de cette enquête. Lorsque le Swissair 111 a frappé l’océan à grande vitesse au large de la Nouvelle-Écosse, il a explosé en raison de la pression hydrodynamique de l’impact avec l’eau et s’est décomposé en quelque deux millions de pièces, aucune n’est assez grande ou intacte pour être identifiable comme un flaperon ou un flan (volet). Dans le cas de MH370, l’essentiel du flaperon de droite a été retrouvé sur l’île de la Réunion dans l’océan Indien français… » Lire ici un excellent dossier sur la question. Sa conclusion est surprenante mais vraie (avant ce crash) : « sur le terrain, le MD-11 a été remplacé par le Boeing 777 qui n’a pas eu le moindre crash ou accident fatal depuis près de 12 ans qu’il est exploité à large échelle ».

Sources:

L’analyse officielle des débris:

http://www.mh370.gov.my/phocadownload/3rd_IS/Debris%20Examination%20300417.pdf

le rapport final de l’enquête :

un commentaire éclairé sur ce rapport

https://www.flightglobal.com/news/articles/final-inquiry-report-fails-to-solve-mh370-mystery-450753/

un site assez complet sur la catastrophe:

https://www.atsb.gov.au/search?query=mh370

         Download PDF: 39.75MB

http://mh370.bookofresearch.com/index.htm

les articles précédents:

sur le MH-370 aussi cela :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/vol-mh370-une-decouverte-etonnante-151088

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-boeing-disparu-apercu-en-vol-en-152818

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/boeing-777-l-hypothese-d-un-crash-152893

MH370 (2) : le drone de trop

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Parmi les débris retrouvés aux Maldives, il en est plusieurs qui, mélangés aux autres, n’étaient manifestement pas des morceaux de Boeing. Mais leur nature semble avoir manifestement échappé à beaucoup d’observateurs. Et pourtant, ils étaient bien reconnaissables… et ouvrent une porte qui mérite d’être poussée, puisqu’ils vont nous mener bien plus loin que prévu.  Mais cette fois pas géographiquement, mais… militairement.  Sinon plus loin encore, comme on va le voir…

La corde à piano révélatrice

Un des débris apparus sur une des plages paradisiaques de cet îlot (en décembre, deux mois après, c’est le cosmonaute Buzz Aldrin qui nous faisait visiter les lieux… sur invitation au Best Hotel in the World selon TripAdvisor), est nettement plus intéressant en effet.  On a en effet trouvé en réalité d’abord deux, de morceaux, qui, puisqu’ils n’étaient visiblement pas des morceaux du Boeing, ont nettement moins intéressé la presse, semble-t-il (il y en aura même trois, au final)…

Or, il aurait fallu être plus attentif en effet à ce qui venait de s’échouer… car aujourd’hui, on peut s’en mordre les doigts, et moi le premier, à ne pas voir noté ce qui était flagrant devant notre nez.  Et pour ajouter à la chose, on a effet découvert un troisième morceau de la même bête à Vilamendhoo autre lieu paradisiaque (c’est aux Maldives également).  Preuve qu’elle avait bien existé, cette bête, avant de finir elle aussi en pièces détachées… comme le Boeing 777. Revenons à la première donc:  un bout d’aile, à laquelle est encore attachée son aileron (ici à droite), les deux reliés de manière un peu surprenante par une liaison en charnière à piano.  La matière est voisine des flans ou des stabilisateurs du 777:  c’est du composite avec un substrat de nid d’abeilles en dessous.

On retrouve vite quel est l’engin qui relie ensemble ces éléments avec ce procédé peu commun (grâce à la photo d’un armurier positionnant une bombe guidée sous l’aile droite de l’engin, comme ci-dessus à gauche) :  c’est une pièce de MQ-9 Reaper, oui, le fameux drone… « tueur »,  le successeur armé du non moins fameux Predator  !!!  Avouez que pour une surprise, c’en est une en effet !

On a a même confirmation avec un autre débris retrouvé, lui couvert de bernacles (ici attachées à un bouée), un aileron dont le bras actionneur de l’aile (sous son cache aérodynamique) se fiche dans le support visible avec son trou de fixation (ici à droite). Idem pour le troisième morceau découvert bien équipé lui aussi en bernacles, et dont on peut apercevoir trois lettres d’identification de type militaire. 

Et on a confirmation avec la photo détaillée de son numéro de référence, bien visible sur un troisième débris; ici à droite:  on peut y lire distinctement  UHK97000-12, ce qui est en effet le numéro de fabrication d’un Reaper… enregistré à la FAA sous une immatriculation classique, N308HK et qui n’était pas très vieux puisque qu’ayant obtenu son droit de voler le 26 décembre 2013 seulement.  L’engin était le N° FC308 de fabrication.  La pièce est celle de la quille fixe arrière, portant un gouvernail mobile, pour protéger l’hélice arrière lors des décollages notamment cf ici à gauche).  Un autre cliché, présenté incliné à 90°, nous le montre (je le redresse ici pour mieux distinguer les inscriptions).  Ce sont bien des éléments de drone Reaper, donc.  Un RQ-9 appelé « Predator B » dans sa version « civile », précise même le Pentagone.  Oui, le Pentagone déborde aussi dans le monde civil... En recyclage, dirons-nous.  Ci-dessous un de ces engins munis de deux gros pods radars, aperçu en Afghanistan en septembre 2014 (d’autres modèles ont été vus depuis, un peu partout):

Le rapport de recherches et ses conclusions sonores

Dans le fameux rapport de recherches, une partie qui a été complètement ignorée dans le rapport final des autorités malaisiennes, avait ajouté aux doutes émanant de l’étude des bernacles « trop jeunes » pour être venues de loin.  L’étude pourtant, visible à partir de la page 57 sous le nom de «  l’Appendix H – Analysis of Low Frequency Underwater Acoustic Signals Possibly Related to the Loss of Malaysian Airlines Flight MH370 », réalisée par le Centre for Marine Science and Technology (CMST) australien, résumait la chose (1) en pointant vers un lieu probable, selon elle, de contact avec l’eau par l’appareil, entendu par les sonars sous-marins disposés depuis des décennies au fond de l’eau par les américains pour détecter le passage des sous-marins (alors russes).  Les anciens détecteurs de la Guerre Froide servent aujourd’hui à faire des études sur les baleines (2).  La révélation de la détection de ce bruit intriguant avait fait la une des journaux TV, pourtant.  Le schéma se résume à une zone en deux traits étirés par les deux bouts, dont la zone la plus large contient le son principal perçu.  Or, la flèche blanche qui pointe vers cet endroit hypothétique de crash (situé au dessus du Chagos-Laccadive Ridge, au cordonnées 2.3°S, 73.7°E), est au sud… des Maldives, vers  les îles Salomon, avant d’en arriver à Diego Garcia !

Un engin venu des Seychelles

Reste à savoir d’où il aurait pu venir, ce fameux drone.  Pas de Diego Garcia, où il n’y en a pas.  Le plus proche endroit auquel on songe est bien entendu la base des Seychelles, celle qui a provoqué la polémique, comme j’avais pu aussi vous l’expliquer sur le net.  Sur une carte, j’ai reproduit ici le rayon d’action de l’engin (qui fait 1850 km pour sa version de base, il peut faire bien davantage aujourd’hui).

Le lien que j’avais alors donné mérite aussi davantage d’intérêt aujourd’hui.  Voici en effet comment l’auteur décrivait le fameux Reaper aperçu là-bas dès 2009 (photo à l’appui) : « les drones Reaper qui opèrent aux Seychelles n’ont pas le droit de décoller de Mahé armés, quoiqu’ils en aient la capacité.  Mais ils mettent en oeuvre une configuration que je n’avais pas vu jusqu’à maintenant, avec un conteneur bardé d’antennes-lame (une configuration ELINT typique) en emport sous l’aile gauche, et un bidon percé d’un orifice en son avant et son arrière, sous l’aile droite.  Pas forcément l’orifice de caméra, mais peut-être de quoi ventiler le contenu d’un pod électronique, par exemple. Peut-être hébergeant un radar, un drone n’ayant pas beaucoup de chances de trouver, sans aide (s), les vilains pirates dans l’infini de l’océan Indien.  Le premier vol opérationnel a eu lieu le 25 octobre, a reconnu aujourd’hui Africom, le commandement géographique leader sur cette opération qui mobilise aux Seychelles 70 américains, militaires et civils sous contrat de General Atomics, le fabriquant du Reaper.  Selon la même source, trois drones sont déployés sur place. »  Précision supplémentaire:  le deux engins déployés aux Seychelles auraient disposé d’une autonomie ahurissante : « Les Reaper déployés aux Seychelles disposent d’un rayon d’action de 3.200 nautiques (5 926 km ???), pour une vitesse de croisière de 200 kts (360 km/h) ».  Le fameux Pod aperçu sera amélioré en 2013, sous la forme du « Lynx Block 20A multimode radar » appelé maintenant  “VideoSAR” : « selon Linden Blue, président du groupe de systèmes de reconnaissance de GA-ASI, le VideoSAR fournit des images au format haute définition 1080p, permettant aux utilisateurs de voir les véhicules au repos, ou de se déplacer rapidement et tout le reste.  Le nouveau mode active également l’indication GMTI (indication de cible en mouvement) avec une vitesse minimale détectable et une précision de géolocalisation du SAR, selon la société.  Le système prototype a été installé sur un Beechcraft King Air 200 qui a volé fin mars dernier. Il est maintenant « renforcé » pour le transport sur les drones de l’entreprise, y compris le Predator-C à propulsion par réaction. »  Le site Défense Update résume ici parfaitement ses formidables capacités : « le VideoSAR transforme les images radar en vidéo installée » (full-motion).  L’engin dont on a retrouvé les morceaux, arrivés au milieu des débris du MH-370, et donc peut-être bien tombé en même temps que lui, était un espion capable d’envoyer des images extrêmement précises du sol (ou de la mer ?) à distance, via satellite.  Sur mer, son radar hyper-précis sert à détecter… des périscopes de sous-marins.  D’ailleurs aujourd’hui il est devenu en effet assistant naval à plein temps (ici sur le N188HK)…  Le Reaper n’aurait donc pas été armé, mais équipé d’un engin fort convoité par d’autres nations, disons pour simplifier. Eloignons donc l’idée du drone-tueur, ayant attaqué par méprise l’avion civil, car ses armes habituelles, s’il était armé, devaient être des missiles HellFire (qui sont des engins air-sol) mais revenons plutôt sur sa disparition … (ci-dessous le 8 août 2007, un MQ-9 Reaper – en version armée-  sur la base de Creech Air Force Base à Indian Springs).

Pourquoi donc surveiller l’Ocean Indien ?

Bien entendu, les américains ont très vite expliqué la raison de la présence de drones à cet endroit du monde.  « Pour lutter contre les pirates » avaient-ils dit… très certainement et pour sûr, mais la raison véritable est toute autre, et elle est géostratégique.  On s’y attendait également et celle-là nous semble plus que plausible.  Ce qu’ils surveillent, ce sont désormais les… militaires Chinois, très présents à cet endroit comme l’explique ici Global Public Policy Institute en juin 2018 : « en fait, la marine chinoise augmente sa présence dans l’océan Indien depuis 2008, d’abord avec des patrouilles anti-piratage, puis avec des déploiements de sous-marins nucléaires et conventionnels.  Sa première base militaire à l’étranger à Djibouti, qui est importante et sophistiquée, démontre la montée en puissance de la Chine en tant que puissance maritime et son utilisation de la puissance navale pour protéger les intérêts étrangers dans l’océan Indien.  À la fin du mois de janvier 2018, un «groupe d’action de surface» chinois, comprenant un navire amphibie destiné aux troupes pour effectuer un débarquement de la mer, a traversé l’océan Indien par le détroit de Sunda, en Indonésie.  Des pays comme l’Inde, l’Indonésie et d’autres ont exprimé des inquiétudes quant aux motivations de ces exercices amphibies. Qui plus est, le premier exercice naval conjoint russo-chinois en mer Baltique montre la portée croissante de la marine de l’APL dans les mers proches de l’Europe. La Chine met également en place des projets portuaires sur des SLOC («  sea lines of communication ») vitales dans le cadre de la route de la soie maritime, dont une longue section traverse l’océan Indien.  Des projets sont en cours au Sri Lanka, au Bangladesh, au Myanmar, au Pakistan, à Djibouti, au Kenya et en Tanzanie.  La «double utilisation» de ces ports à des fins commerciales et militaires est une tendance émergente dans l’océan Indien.  Par exemple, Colombo, Gwadar et Djibouti ont été utilisés pour ravitailler ou installer des navires de la marine du PLA (de l’armée chinoise).  L’installation inopinée d’un sous-marin et d’un navire de guerre dans le cadre du projet commercial de Colombo Port City a immédiatement déclenché une alarme en Inde.  Les analystes affirment que l’acquisition par la Chine de ports en eau profonde stratégiquement situés au Myanmar, au Pakistan, au Sri Lanka et aux Maldives pourrait éventuellement servir à des fins militaires (…) des projets économiquement non viables comme Hambantota ont contribué à l’effondrement du dernier gouvernement sri-lankais.  Fait important, ils constituent également un piège de la dette.  Des études récentes montrent que les investissements chinois ont laissé huit pays de la région – dont Djibouti, le Pakistan, les Maldives – financièrement vulnérables.  Beaucoup de ces dettes sont converties en capitaux propres par la Chine.  Par exemple, la Chine contrôle désormais la majorité du port de Hambantota sur un bail de 99 ans. Le Pakistan est considéré comme «à haut risque» par un piège de la dette.  Alors que Pékin investit davantage dans ces pays, elle sera obligée, de gré ou de force, d’intervenir dans ses affaires intérieures.  Les Maldives, par exemple, doivent plus de 70% de leur débit étranger actuel à la Chine. Les Maldives sont un pays petit mais stratégiquement important, situé à proximité de certaines des voies maritimes les plus importantes au monde.  Comme un expert l’a dit, les pièges de la dette chinoise et les acquisitions de terres aux Maldives «auront des ramifications de sécurité évidentes».  En outre, les Maldives traversent une crise démocratique depuis le mois de février (2018).  Elles ont le soutien du gouvernement chinois, qui a fait beaucoup d’investissements dans le pays et doit maintenant les protéger.  Les investissements économiques de la Chine ailleurs pourraient également donner un nouveau souffle aux gouvernements non démocratiques, faibles et corrompus. »  Notre drone et notre avion commercial seraient-ils venus se fourrer ensemble dans ce guêpier ?  De voir débouler un appareil aussi gros qui ne répond à aucune injonction aurait-il pu provoquer un désastre comme celui de l’Airbus iranien (le vol 655 d’Iran Air abattu le  par une volée de missiles partis de l’USS Vincennes (3) )?  Il y avait eu 290 victimes, dont 66 enfants… Sans en arriver là, regardons ce qu’il en était exactement du fameux drone repêché en miettes…  En photo, on a la mauvaise surprise découverte en janvier 2017 sur Google Earth par les indiens d’un sous-marin chinois réfugié dans le port pakistanais de Karachi, protégé par sa corvette d’accompagnement.  Et ici l’annonce du souhait de l’Inde d’acheter des Reapers US pour surveiller… les sous-marins chinois (preuve flagrante que la vraie mission des Reapers est bien celle-là !!!).

Pas d’armes, hein, à bord, c’est sûr ?

Aux Seychelles, le président du pays (James Michel, parti depuis sur fond de corruption) avait eu de longues discussions avec les américains avant d’autoriser l’usage du seul aéroport disponible pour l’implantation des Reapers.  Wikileaks avait fait fuiter les discussions. Il avait insisté sur l’absence d’armes à leur bord et le fait de garder le secret sur l’opération.  La crainte d’en voir un se crasher au milieu du trafic des charters semblait l’avoir moins préoccupé.  Mais il aurait dû aussi, car un drone de ce type, voulant rentrer à sa base, avait raté son coup en 2011 et était tombé à l’eau.. pas loin de l’aéroport civil.. aux Seychelles.  C’est chaud, parfois, la circulation autour de cet aéroport trop petit.  Pour le drone tombé à l’eau la cause en aurait été « une panne mécanique », officiellement.  Les vols de drone, les gens sur place ont fini par s’y habituer : « l’armée américaine aurait seulement une poignée de Reapers aux Seychelles, basés dans un hangar situé à environ 400 mètres du principal terminal des passagers de l’aéroport. La nation insulaire de 85 000 personnes a accueilli les drones depuis septembre 2009.  Des responsables américains et seychellois ont déclaré que la principale mission des Reapers était de traquer les pirates dans les eaux régionales, mais aussi de mener des missions de surveillance en Somalie.  La base aux Seychelles fait partie d’une constellation de bases de drones que le gouvernement américain a élargi dans la région pour surveiller ou attaquer les affiliés d’Al-Qaïda.  Henrie (Gervais Henrie, l’éditeur du journal local Le Seychellois Hebdo) a déclaré que les Seychellois voyaient souvent les Reapers voler au-dessus d’eux et qu’ils devaient les accepter comme une partie de la vie quotidienne dans les îles » (…). Pour la République des Seychelles, l’accueil des drones américains est un signe supplémentaire de la volonté de lutter contre les pirates, responsable d’une chute de 30% du trafic du port de Mahé, et qui représente une mauvaise publicité pour la plaisance et les croisières, dans la région. »

Car la carrière post-mortem de notre exemplaire révèle davantage que sa fin elle-même.  Les drones sont de engins capricieux, et leur gestion une vraie gabegie. Leur fiabilité n’est pas exemplaire (notre bidule a aussi pu tomber tout seul en effet), comme le montre cette ahurissante vidéo de Reaper filmant lui-même sa propre, fin, son moteur en feu.  Là en l’occurrence c’était un Predator, le modèle précédent à moteur thermique Rotax… tombé au dessus de l’Irak le 17 août 2004. Un site et même plusieurs répertorient ces engins qui tombent régulièrement :  ici celui s’arrêtant à mars 2016.  Il ne distingue pas dans la période du crash de drone tombé dans l’Océan Indien. Il n’y en a même aucun de noté pour tout le mois de mars 2014.  S’ajoutent à cela, les craintes justifiées de la FAA de les voir voler dans des endroits où ils pourraient croiser des avions, ce qui au-dessus de l’Océan Indien est plus fréquent qu’on ne le pense dans les « couloirs » aériens prévus pour les appareils, entre Madagascar et les Maldives notamment (cf ici à gauche).  Or l’engin n’a donc été répertorié nul part comme « perdu ».
On songe à ceux dont la mission était donc « classified » comme ils disent si bien. En mission secrète, tellement secrète qu’il n’est pas compté parmi les engins déclarés morts !  Un peu comme le supercopter « Stealth » des Navy Seals allant trucider Ben Laden, si vous voulez.  Mieux encore, quand on constate que l’engin est déjà sorti de ses cendres tel un Phoenix… pour se balader à nouveau dans les cieux US avant de s’afficher aujourd’hui comme étant… japonais.  La nouvelle version portant la même immatriculation (N308HK) signifie que le précédent a bien été rayé des listes par la FAA : il n’existe plus !!!  Mais nulle part sa mort n’a été officiellement indiquée !  A l’occasion on peut à nouveau s’interroger sur la FAA, mais ça c’est un autre problème… pourquoi donc avoir aussi vite souhaité faire une croix sur le précédent en donnant à un autre la même immatriculation, sinon pour empêcher les recherches sur ce qu’il est advenu réellement à son prédécesseur ou ce à quoi il servait exactement, ou bien d’où il avait pu décoller avant d’être réduit en charpie ?  Parmi les raisons aux multiples crashs de drones, le facteur humain jour un rôle déterminant, au même titre que les défaillances techniques.  Le drone en maraude, piloté d’une main lâche, aurait très bien pu croiser la route du Boeing devenu fou…  la vitesse du dos porteur suffirait à provoquer des dégâts irréversibles alors que le drone ne pèse que 4,5 tonnes maxi malgré ses 20 mètres d’envergure (1/3 de celle du 777).  Mais le facteur probabilité exclut plutôt cette rencontre du second type (le premier étant celui de deux avions commerciaux entre eux, phénomène fort rare, heureusement).  Non, ce qui est flagrant, c’est que l’on bien escamoté le drone « abattu » comme on a escamoté l’extincteur comme étant le tout premier débris trouvé !  C’est cette double dissimulation qui est aujourd’hui… gênante !

Les bouées larguées aux Maldives

Alors, évidemment on se dit que cette histoire mystérieuse de drone ajoute une couche supplémentaire au secret (militaire ?) qui semble entourer toute cette affaire, même si on est incapable de découvrir lequel, un secret dénoncé avec force par un parent de victimes proches, Ghyslain Wattrelos, que ce texte pourra peut-être aider, qui sait, à démêler une histoire qui ne peut se limiter à un pilote dépressif ou une tentative de détournement. Non, il se passait déjà quelque chose à l’endroit au-dessus duquel il est passé, cet avion, et c’est peut-être bien ça qui est à l’origine non pas de sa disparition, mais de l’incroyable omerta qui a suivi, un silence émanant de plusieurs pays, dont les USA.  Dans le concert de choses annoncées après coup, pour se disculper il semble bien, j’ai aussi relevé cette incroyable explication donnée par la presse US à propos de l’avion qui aurait été aperçu volant au-dessus des îlots où l’on a retrouvé en particulier la bouteille d’extincteur… une thèse qu’a bien retenu l’écrivain Marc Dugain que je salue ici au passage (il semble en effet avoir lu avec attention lui aussi ce que j’avais écrit à l’époque, il faudrait l’encourager à s’occuper aussi du Bugaled Breizh, avec le talent qu’il possède !!!). L’étonnant texte, le voici : « En août 2014, l’Autorité de l’aviation civile des Maldives a signalé que des avions de Diego Garcia avaient effectué deux vols consécutifs à basse altitude au-dessus de l’atoll d’Huvadhoo, larguant des bouées récupérées par la suite par le MNDF. Le matin du 8 mars 2014, les observations ont peut-être porté sur un avion de transport ou de surveillance militaire américain retournant à Diego Garcia plutôt que sur le MH370. » Un Lockheed Orion (quadrimoteur à hélices lui aussi capable d’emporter des radars en pods, comme le montre la photo ci-dessus à droite montrant un P-3 Orion portant un radar à ouverture synthétique Ku-Band à 15 GHz) ou un tout nouveau « renifleur des mers Poseidon P-8, qui lui est un biréacteur.. serait venu « jeter des bouées » (c’est pour détecter des sous-marins). L’engin avait été mis en service en novembre 2013, quelques mois auparavant seulement.  Tout est bon pour le vendre, aujourd’hui. De là à s’appuyer sur des cas particuliers montés en épingle pour en faire des prouesses de technologie , il n’y a qu’un pas. En juillet dernier, par exemple, un Poseidon, du Patrol Squadron 45 (VP-45) des  “Pelicans” basé au départ à la Naval Air Station de Jacksonville en Floride s’est rendu jusqu’au Naval Support Facility de Diego Garcia pour participer au sauvetage d’un petit bateau perdu au large du Sri Lanka.  Et la Navy d’en faire tout un plat, bien entendu. Allez pourquoi, pas, tant qu’on y est des vantardises enfilées les unes après les autres :  mais va falloir m’expliquer alors pourquoi les américains les avaient sagement coloriés comme des avions des Malaysian Airlines, ces fameux lanceurs de bouées, puisque les pêcheurs locaux avaient nettement aperçu et clairement décrits les couleurs bien reconnaissables de ce qui les avait survolé à très basse altitude…( » J’ai vu un avion énorme nous survoler à basse altitude. Il faisait beaucoup de bruit. Il a fait un virage au sud-sud-est et il a continué à la même altitude. J’ai vu des stries rouges et bleues sur une couleur blanche. » ). Pourquoi avoir sorti cette bourde supplémentaire, celle d’un avion plus petit et tout gris, visiblement passé APRES la catastrophe, sinon pour dissimuler quelque chose et prendre les gens pour des imbéciles, une nouvelle fois ?  Qui tente le plus de dissimuler ???  Et ce d’autant plus que lors des recherches, on était tombé sur ce site expliquant que les fameuses bouées sont aussi un moyen pour retrouver quelque chose tombé à l’eau, et qui émet… comme le font justement les enregistreurs de vol pendant plusieurs semaines !!!  (ici la photo avec comme légende « Les Sonogbuoys sont en préparation pour un déploiement sur un avion Orion P-3 ». Comme le temps est compté et que la zone de recherche a considérablement diminué, 1008 sondes sonores ont été achetées pour la recherche. Celles-ci sont principalement déployées à partir d’aéronefs et elles parachutent à la surface où elles flottent. Un hydrophone descend ensuite de la base de la bouée sur un fil. Les données collectées sont transmises via un signal radio. Avec un grand nombre de ces dispositifs déployés, même si quelques-uns entendent clairement la balise, ils iront loin pour obtenir une solution sur les enregistreurs de données et l’épave. L’inconvénient n’est pas aussi proche du fond que le réseau d’hydrophones remorqués. L’avantage est que si vous en avez des milliers, vous pouvez augmenter considérablement les chances d’entendre la balise de localisation. Ce sont des sonobuoys de la série AN / SSQ-53 DIFAR (enregistrement par analyse de fréquence de détection (4). Bien qu’elles ne se déploient pas à de grandes profondeurs, elles sont capables de déterminer la direction du signal en provenance s’ils l’entendent. Les bouées acoustiques ont été vendues à la marine australienne par Sonobuoy TechSystems et fabriqués par Sparton Electronics conjointement en Floride avec Undersea Sensor Systems Inc » (à gauche le remplissage des tubes de bouées par l’extérieur, sur les Orion P-3, ici plus de renseignements sur les bouées sonores en général).  « Les hydrophones ont été modifiés spécifiquement pour entendre la balise de localisation de fréquence 37.5kHz. L’un de ces sonobuoys largués d’un avion australien Orion P-3 a déjà entendu un signal possible, mais il s’est avéré que ce n’était pas la balise après analyse » (à droite, un Lockheed Orion P-3 pris en photo aux Seychelles en septembre 2012, à proximité de la tente abritant les Reapers). Pourquoi en avoir largué autour des Maldives, alors, de ces bouées ???  A droit ici une bouée lancée à la main d’un Hercules C-130 par les australiens, à l’autre bout de l’océan.  Non, décidément, il se passait bien des choses mystérieuses à cet endroit, puisqu’on est venu à nouveau tenter de dissimuler ce qui s’était passé.  Et c’est certainement dans ce secteur, ou pas loin, qu’il faut chercher, et pas là où on a envoyé à deux reprises toute une expédition hyper-équipée (dont je vais aussi vous parler bientôt… car la seconde entreprise ayant effectué les recherches exerce un tout autre type d’activité).  Pour à la fin ne rien trouver, ce qu’on avait peut-être bien décidé de faire depuis le début : « tant qu’ils cherchent là-bas, on est tranquille »

Un dernier volet espionnage

Je n’y avais pas prêté attention non plus, mais un événement supplémentaire est venu s’ajouter à cette suspicion. Le 29 avril 2014, alors que le Boeing a disparu depuis le 8 mars précédent, on retrouve deux hommes morts dans un cargo.  C’est le Maersk Alabama, un cargo qui avait fait la une des journaux 5 ans avant avec le célèbre capitaine Phillips, devenu héros hollywoodien, qui est alors amarré… aux Seychelles. Deux hommes, deux américains, Jeffrey Reynolds, 44 ans, et Mark Kennedy, 43 ans (ci-dessous à gauche), ont été déclarés morts par suffocation (et crise cardiaque consécutives), retrouvés dans la même cabine, avec consommation excessive d’alcool dans un premier temps lors des premières constatations faites par les policiers. C’est leur personnalité qui intrigue : les deux costauds sont d’anciens Navy Seals : ils ont rejoint le Trident Group, basé en Virginie, qui recrute surtout chez les anciens militaires, et dans lequel beaucoup voient aussi autre chose :  » Trident semble être la seule entreprise d’intelligence économique basée aux États-Unis, lancée et gérée par d’anciens agents soviétiques.  Le fondateur (Yuri) Koshkin (ici à gauche), qui a accepté d’être interviewé par BusinessWeek mais a refusé de fournir beaucoup de détails sur les opérations actuelles de Trident, est né en 1958 dans un clan de Moscou et décrit la « famille typique de l’intelligentsia russe ».  En 1975, dit-il, je me suis inscrit à l’Institut militaire du ministère de la Défense soviétique »…  Après avoir obtenu son diplôme en 1980, Koshkin a été conseiller militaire auprès des forces tanzaniennes en Afrique. Plus tard, il rédigea une thèse sur la rivalité inter-services au sein de l’armée américaine alors qu’il étudiait à l’Institut soviétique des Etats-Unis et du Canada. Koshkin dit qu’il est arrivé aux États-Unis pour la première fois en tant que soldat russe participant à un groupe de travail mixte américano-soviétique au Pentagone destiné à prévenir les affrontements accidentels et potentiellement catastrophiques entre les militaires des deux superpuissances ». Etrange parcours en effet de ce qui été aussi décrit comme « a mini-CIA vs mini-KGB ».  Ses employés ont donc connu, hélas pour eux, moins de réussite que lui !!!  Trident via Yevhen Lauer, a été mêlé récemment à la fausse histoire de l’assassinat de l’opposant ukrainien  Arkady Babchenko, ne l’oublions pas !!!  Kennedy a été auparavant « combat medic » et leurs proches doutent de ce qui leur est arrivé, car on leur annonce en même temps qu’ils avaient fait venir des prostituées pour faire la fête et l’un d’entre eux avait été retrouvé avec une seringue d’opium encore dans le bras.  L’autopsie confirme en effet l’overdose des deux.  Chez certains observateurs, on se rappelle que des espions ayant obtenu ce qu’ils voulaient savent se débarrasser des gens questionnés de cette façon.  Ni vu ni connu dans ce cas !  On songe alors la raison des deux meurtres supposés.  Maersk aurait-il aussi acheminé des drones « civils » dans ces containers et aurait-on voulu savoir lequel ou lesquels ?  Aurait-on pris ce risque chez le transporteur ? Les unités de contrôle sont au format de containers, déjà.  Car que faisaient ces deux responsables de sécurité dans un tel bateau sinon en protéger la cargaison provenant, dit-on, de Salalah, dans le golfe d’Oman ?  Les Seychelles sont aussi un hub pour le passage de la drogue, on le sait.  Les drones « civils » surveillaient-ils aussi ce trafic ?  Tout est possible, même ceci… un autre type désastre, une autre façon d’attaquer… en injectant autre chose que de la drogue !

Bref, les questions se sont accumulées avec cette découverte passée inaperçue. Il nous reste encore bien des choses à expliquer : par exemple la mise en scène des recherches, surtout la seconde, effectuée avec un navire fort particulier… comme on va le voir ! Nous ne sommes pas au bout de nos surprises !

PS : question drones, certains risquent gros avec leurs jouets : c’est ce que montre cette ahurissante vision d’un Boeing filmé par l’un d’entre eux aux dessus de l’île Maurice, alors qu’il était en plein phase d’ascension après son décollage. Le bloggeur qui le dénonce ici a aussi posté cette découverte, celle d’un avion pris en plein vol par le satellite de Google Earth, au 0°59’56.3″S 100°19’29.7″se dirigeant vers Pantai Air Maris et l’aéroport de Minangkabau, en passant au-dessus d’une petite île (celle de Pulau Pisang).  Une image bien sûr vite utilisée par les trolls pour affirmer que l’on « avait filmé en vol le MH370″, ce qui était faux bien sûr. L’avion est visiblement un Boeing 737.  L’arrière de l’avion évoque fort en effet un appareil de type Boeing 737-500 de chez Garuda Indonesia comme le PK-GGF.

 

 

(1) Connue en juin, la théorie se faisait tacher dès le 14 septembre par un article qui affirmait que c’était une erreur car il s’agissait d’un tremblement de terre, plutôt.  C’était selon le très réputé magazine américain Nature et d’après les indications données par son découvreur initial, Alec Duncan, de la Curtin University.  A-t-il subi entre temps des pressions, on l’ignore…

(2) j’ai aussi traité le sujet ici du système SOSUS :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-146347

(3) dans le domaine, la Malaisie dispose de corvettes de 675 tonnes destinées au départ pour l’Irak, des modèles Assad, de classe Laksamana munies de missiles MBDA Albatros, un engin anti-avion, drones ou hélicoptères de 3,7 m de long et 0,23 de diamètre emportant une charge de 35 kilos appelé aussi Aspide, missile « Surface-to-Air » similaire au AIM-7 Sparrow américain. Il serait très intéressant de savoir où étaient ses corvettes le jour de l’accident du MH-370. Elles sont au nombre de quatre, et s’appellent Hang Nadim, Tun Abdul Jamil, Muhammed Amin et Tan Pusmah.

(4) chacune est vendue entre 800 et 1,240 dollars. 1000 ont été commandées pour la recherche du MH-370. En somme, la dépense en bouées a tourné autour du million de dollars.

 

Documents :

Analyse officielle des débris

http://www.mh370.gov.my/phocadownload/3rd_IS/Debris%20Examination%20300417.pdf

Sur les drones on peut relire ceci:

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/zone-51-cia-l-invention-du-141088

sur leur pilotage stressant :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-blues-du-pilote-de-drone-tueur-128467

NOTE:  Vous noterez que je n’aurais pas dû utiliser la première photo de l’article qui est un FAKE : le lancement est un collage de photos réalisé par un metteur en pages zélé qui, ne disposant pas de photo de ce type, en avait récupéré une chez le talentueux dessinateur 3D Michael Hahn. Il s’en est expliqué plus tard, heureusement. Il n’empêche, c’est une des plus répandues aujourd’hui. Le montage avait été détecté par un journaliste suspicieux de The Atlantic, Alexix C.Madrinal : le drone portait le numéro 85-566 sur la photo. Or les deux premières lettres sont toujours celles de l’entrée en service dans l’USAF, et il n’y avait pas de Reaper en 1985 !

sur leur présence en Afrique et Océan indien

U.S. Drone and Surveillance Flight Bases in Africa Map and Photos

Sur le P-8 Poseidon

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aviation-14-non-le-poseidon-n-est-149584

sur le MH-370 cela:

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/vol-mh370-une-decouverte-etonnante-151088

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-boeing-disparu-apercu-en-vol-en-152818

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/boeing-777-l-hypothese-d-un-crash-152893

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

 

Article précédent:

MH370 (1) : étranges débris

 

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