La Commission parlementaire mise en place avait commencé, on l’a vu, à délier les langues. Elle révélera aussi les horreurs commises par un narco-trafiquant, chef de gang devenu entre temps député (???), dont les crimes jusqu’ici cachés et dévoilés révolteront tout le monde et l’enverront en prison. La Commission montrera surtout un pays profondément déboussolé, soumis à la loi des narcos, et aux compromissions infâmes entre pouvoir et argent, dont une avait provoqué la démission du président du pays, ne l’oublions pas. Une démission qui avait été suivie d’un drame, celle de la mort de deux amants, dont l’un, justement, était la pièce maîtresse des accusations envers le président évincé. Suicide ou assassinat, aujourd’hui encore, difficile de faire sienne une thèse ou l’autre. Au final, cependant, la Commission aboutira à des peines de prison pour certains, dont le chef de gang William Sozza, dont on découvrira aussi qu’il travaillait avec un certain Luís Fernando da Costa, l’alias de Fernandinho Beira-Mar… l’homme, un temps réfugié au Paraguay, et qui même emprisonné, dirige toujours à distance son empire mafieux…
Les membres du gang
Au cours de son témoignage, Sobrinho avait également dénoncé « un policier connu sous le nom de Robson, qui faisait partie du Bureau des stupéfiants (Denarc) de Sao Paulo et une personne haut placée qui était dans l’élevage de chevaux au Goer Jockey Club. « Je sais que c’est un homme aux cheveux gris, grand, mais je ne connais pas son nom », avait -t-il dit. Il l’appelait simplement « Josino ». Les deux seraient des membres du gang de William Sozza. Il confirme avoir entendu plusieurs fois Sozza parler au téléphone avec le dénommé « Josino ». Comme précisions devant le procureur, il allait même affirmer « qu’une des rencontres entre Josino et Willian Sozza qui avaient eu lieu dans une auberge de la Transpantaneira près de l’entrée de la ville de Poconé dans le Mato Grosso et que cette auberge appelée « Sergio Reis » (le nom également d’un chanteur fort connu là-bas) proposait des appartements en bois, que son restaurant était « circulaire » que son propriétaire « est un gaucho et sa femme est une évangélique », et qu’ils « avaient deux enfants ». Il précise qu’elle se situe à l’écart, de sorte qu’il y avait des avions qui pouvaient y atterrir discrètement. Il ajoute aussi que d’autres réunions « ont eu lieu entre eux à Cuiabá / MT et que Willian Sozza séjournait aussi dans un petit hôtel situé à l’entréee de la capitale, comme également à Rondonópolis / MT, William choisissant plutôt un grand hôtel dans le centre-ville ». Lors des entretiens, Sobrinho avait constaté que Willam Sozza qui « conduisait de grandes fourgonnettes de type fermé, commentait qu’il avait des amis qui possédaient des magasins de voitures, et « qu’à une occasion Josino avait dit à Willian Sosa qu’il travaillait avec une «chèvre» qui avait des parents dans le gouvernement pour qu’il puisse devenir une personne influente ». La commission de la CPI déterminera également que les anciens députés José Gerardo et Francisco Caíca avaient participé au vol de marchandises. Caíca a été arrêté mais Gerardo, après avoir été détenu, a réussi à s’enfuir.
Selon la CPI, l’ancien député Hildebrando Pascoal (ici à gauche et à droite arrivant au tribunal) qui dirigeait aussi un escadron de la mort surnommé « le député à la tronçonneuse » (il torturait ainsi) était également un trafiquant de drogue !! Il avait été rendu responsable de l’infâme massacre de Motoserra (Acre) et condamné au total à plus de 100 années de prison. Parmi ses horreurs, celle d’avoir assassiné le jeune fils de Wilder Firmino, de l’avoir torturé et d’avoir dissous son corps dans de l’acide. Incroyablement, malgré ses horreurs et sa condamnation, il bénéficie depuis 2016 d’un emprisonnement en milieu ouvert avec surveillance électronique !!!
Impensable, quel pays pour permettre ça, même si aujourd’hui Hildebrando Pascoal circule en chaise roulante !!! Dans le dossier de Sobrinho, on trouve aussi les traces du trafic de drogue et la corruption de 22 policiers civils et militaires de São Paulo. Parmi eux, le colonel PM Correia Lima, qui est alors déclaré en état d’arrestation le jour de sa comparution. Lors du procès, Fernandinho Beira-Mar, considéré comme l’un des grands responsables de la circulation de la drogue cité par la commission avait voulu témoigner, mais selon ses conditions, ce que la CPI lui a refusé dans un premier temps, n’admettant pas de négocier des conditions particulières avant de savoir ce qu’il avait à dire. Le 27 juin 2001, la CPI effectue pourtant une confrontation entre le trafiquant Luiz Fernando da Costa, Fernandinho Beira-Mar, et Sálvio Vilar, qui avait dénoncé les liens avec le représentant de l’Etat Arlen Santiago (PTB-MG) et son frère, l’homme d’affaires Paulo César Santiago. Beira-Mar niera ce jour-là, bien sûr, les appels téléphoniques et en traitant Sálvio de « fou« et d‘alcagüete» (affabulateur). Beira-Mar, arrêté en 2001 en Colombie, ne sera condamné qu’en 2008…
Les ramifications de la gangrène
La commission a aussi détecté d’autres inquiétantes complicités dont celle, étonnante, de l’Institut de chimie de Campinas qu’elle accuse d’avoir envoyé de l’éther depuis Rondonia pour raffiner la cocaïne. La société appartenait à Alexandre Negrão. Celui-ci, interrogé, avouera qu’il avait effectivement « fait des dons » pour les campagnes électorales de trois politiciens de Campinas. Selon Negrao, 15 000 reals ont été donnés au représentant de l’État Carlos Sampaio (PSDB) et 20 000 à Roberto Mingone (PFL), actuel chef de la Chambre des représentants, et qui avait fait campagne pour se faire élire député fédéral… Ce que le député Carlos Sampaio confirmera plus tard, par l’intermédiaire de son bureau de presse, la réception d’un don d’une valeur comprise entre 10 000 et 15 000 reals. A noter que l’on était déjà dans le secteur où l’on retrouve plus de 18 ans après les villas luxueuses construites par des trafiquants actuels : en 1999 en effet le juge Marcelo Cunha Berga, de Valinhos, avait ordonné l’arrestation de l’homme d’affaires Alcides Capellato Júnior. La police fédérale avait saisi chez lui 20 véhicules volés sur un terrain appartenant aux hommes d’affaires Alcides Capellato et Alcides Capellato Júnior, de Valinhos (10 km de Campinas). Ils possédaient la société Capellato, une société de transport et de bus installée à… Valinhos. Le chauffeur de camion Jorge Meres Alves de Almeida a été emmené à l’endroit de Valinhos où il a identifié l’endroit comme étant un dépôt de carcasses volées. Le témoignage de Sobrinho semblait bien étayé en effet : « La séance du CPI de vendredi à Campinas a été l’une des plus importantes des deux derniers mois. En plus du témoignage du trafiquant Aryzoli Trindade Sobrinho, deux policiers ont été arrêtés. José Francisco Cheddel Lamar a été accusé par le délégué de Ribeirao Preto, de posséder un camion arrêté et chargé des cigarettes volées en ville. Toutes les informations fournies par Sobrinho ont été confirmées par le conducteur du camion Jorge Meres lors de la confrontation faite le matin du vendredi. Lorsque Sobrinho a cité des noms incomplets, Meres les a corrigés, notamment en donnant les numéros de téléphone et même les méthodes de fonctionnement de la criminalité organisée à Campinas. Seuls celui qui n’acceptait pas les affirmations de Sobrinho étaient l’avocat Artur Eugênio Mathias. «C’est une fabrication », a déclaré l’avocat, accusé par le Sobrinho d’être présent à Viamao (RS), quand il avait négocié la vente de 120 kilogrammes de cocaïne avec « Josino. »
Un « crime passionnel » en forme d’assassinat
Plus intriguant encore, la commission d’enquête parlementaire concluera également que le médecin Fortunato Badan Palhares médecin légiste, entretenait des relations étroites avec le gang de la drogue, en lui fournissant des services bien particuliers. Professeur à l’Université de Campinas (Unicamp), l’un des principaux centres de recherche au Brésil, concepteur de la médecine légale, Palhares avait en effet vendu des rapports d’experts très utiles aux trafiquants et aux policiers impliqués dans le trafic de drogue. Un des rapports suspects qui apparaissent dans sa liste était celui sur la mort de Paulo Cesar Farias, surnommé ‘PC’, l’homme d’affaires retrouvé mort le 23 juin 1996. C’était en fait l’ancien chef de campagne électorale de Fernando Collor de Mello. Comme le raconte Wikipedia avec lui cité on entrait alors dans une autre catégorie d’intrigues, car c’est encore une mort… douteuse :
« Trois mois après l’inauguration de Fernando Collor en tant que président en 1990, sont arrivés les premiers rapports sur la corruption dans le gouvernement. « PC » Farias était la personnalité clé dans le scandale de corruption connu sous le nom de « PC scheme », qui a conduit au premier procès de destitution d’un président du Brésil en 1992. Cette même année, Farias a été accusé par Pedro Collor de Mello, le frère du président, d’être la figure de proue dans divers schémas de corruption qui allait être découverts et étudiés. Le programme PC avait rapporté l’équivalent de 8 millions de dollars à des entrepreneurs privés, soit 30 millions de reais en 2015, deux ans et demi après le gouvernement Collor (1990-1992).
En outre, le système, dans lequel le président avait une participation directe d’où sa destitution, avait reçu plus de 1 milliard de dollars d’offres publiques ». « PC » Farias a été retrouvé mort, avec sa petite amie Suzana Marcolino sur la plage de Guaxuma en 1996″ en fait c’est dans le lit de leur résidence, comme le montre la photo ci-contre). « Les enquêtes du coroner Badan Palhares ont conclu que Suzana Marcolino a tué PC Farias puis s’est suicidée. L’affaire est officiellement considérée comme un crime passionnel, mais pour le médecin légiste d’Alagoan, George Sanguinetti, et l’expert criminel Ricardo Molina de Figueiredo, le couple a été assassiné ». Un documentaire sur le décès de « PC est visible ici.
Toute une histoire digne de Sherlock Holmes
Cette mort était la suite d’une histoire de détournements ayant conduit à l’éviction du président du pays, procédé plutôt rare comme on le sait (même Clinton y a échappé !). En novembre 1993, « PC » Farias, alors condamné pour évasion fiscale avait été arrêté en Thaïlande, où il s’était enfui et d’où il avait été transféré au Brésil. Condamné par la Cour suprême fédérale à sept ans de prison, l’homme d’affaires devait finir par purger une partie de sa peine à Maceió jusqu’à sa libération conditionnelle. Le double meurtre avait eu lieu six mois seulement après que l’homme d’affaires ait quitté la prison. En somme, PC n’avait profité de la vie que peu de temps ! Pour le journaliste Joaquim de Carvalho, du magazine Veja, en revanche, ça reste un crime passionnel, c’est ce qu’il affirme dans son livre. La thèse officielle du suicide demeure pourtant difficilement défendable, (dans le documentaire consacré à l’affaire, la longue scène de la reconstitution avec deux acteurs est assez surréaliste en fait, mais ça au moins l’intérêt de montrer les circonstances invraisemblables – dont l’angle de tir très particulier du pistolet de l’amie du politicien – de la scène de crime, le médecin légiste Palhares étant largement sur la sellette durant le reportage présenté par le célèbre Marcelo Rezende disparu en 2017). Un second reportage est visible ici. Il revient davantage sur la carrière de Paulo Cesar Farias et interviewe Sanguinetti qui ne croit pas à la thèse officielle mais bien à un assassinat (un troisième plus récent est visible ici, et lui aussi évoque un assassinat). En 1999, autre occasion ratée, un jury populaire de Maceió décidera d’acquitter les quatre gardes de sécurité (ici à gauche) qui avaient été accusés un temps de la mort de Paulo César Farias et de sa petite amie, Suzana Marcolino.
Ils étaient les seuls présents ce soir-là, paraît-il. Mais juste avant qu’ils ne paraissent devant le jury, un témoignage sentant fort le téléphoné avait prétendu que Suzana Marcolino aurait tenté de se suicider en se jetant dans la mer de Guaxuma après avoir discuté avec Paulo César Farias au téléphone. Une révélation faite au dernier moment par Genival da Silva France, serveur sur la plage de l’hôtel…(1) En 2013, on refermait le cas définitivement; lors d’une réunion lors de laquelle Fortunato Badan Palhares avait à nouveau réitéré sa conviction d’un crime passionnel. Mais pour d’autres encore, il y avait un autre suspect, tout aussi inattendu, comme on va l’apprendre très bientôt…
L’incroyable fake
En février 2006, une étrange rumeur se répand au Brésil: le juge Leopoldino Marques do Amaral (ici à gauche) serait encore vivant. Or il a été enterré il y a 7 ans déjà à Poconé, à 100 kilomètres de Cuiab après avoir été retrouvé mort le 7 septembre 1999 au Paraguay !!! Le corps avait été retrouvé partiellement carbonisé, dans un fossé à côté d’un chemin de terre qui relie les villes de Loreto et Concepción. Avant son décès, le juge avait révélé qu’il était l’objet de menaces de mort. On devait donc à se moment-là, en 2006, aller vérifier si c’était bien lui qui avait été enterré à Poconé !!! Une bien étrange rumeur qui rappelait une affaire commencée ainsi : « le corps – ou le corps présumé – du juge a été retrouvé sur une route déserte dans la ville de Concepcion, au Paraguay. C’était un choc. Compte tenu des dénonciations qu’elle produisait, les soupçons populaires tombaient automatiquement dans les mains des juges les plus avérés. Mais aussi, plus tard, nourri d’autres possibilités. Comme celui qui a été soulevé par le criminel Aryzoli Trindade Sobrinho. Dans une déclaration à la police fédérale, le trafiquant a déclaré avoir entendu des personnes liées au crime organisé avoir besoin de 300 000 reals, répartis en deux versements, pour «faire un service à Cuiabá».Leopoldino – ou celui qu’il prétendait être – devait été exécuté avec deux coups de feu dans la tête et le corps. Selon le témoignage de l’ex-camionneur Jorge Méres au CPI de Narcotrafic, Leopoldino est mort parce qu’il enquêtait en profondeur sur le crime organisé dans l’État. Aryzoli a essayé d’impliquer Josino dans le complot ».
Avant de mourir, le juge avait effectivement déposé toute une série de plaintes concernant la vente de dossiers d’enquête, impliquant directement l’homme d’affaires Josino Guimarães (ici à droite). Celui-ci, quelque temps incarcéré, avait vite rejoint sa vie d’éternel playboy habituel. C’était donc lui le fameux « Josino », décrit parc !!! En décembre 2011 débutait le procès du même Guimarães… qui ne donnera rien. Il faudra attendre le 13 juin 2017 pour qu’il soit (enfin) arrêté quelque temps pour le meurtre d’Amaral, en compagnie de son frère Clóves Guimarães et de l’ancien délégué de la Police de l’Homicide de Protection à la Personne Márcio Pieroni. Guimaraes… un homme marié à une soeur du ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de l’approvisionnement, Blairo Maggi !!! Ce sont eux qui avaient répandu le fake de 2006 sur la possibilité que le juge puisse être encore vivant !!! En 2001, la greffière Beatriz Arias avait pourtant été condamnée à 12 ans de prison pour le meurtre du juge en compagnie de son oncle Marcos Peralta (mort en prison en 2005). On pense enfin que « Josino » va passer sa vie désormais en prison. Pensez-vous : dès le 21 juin 2017 , le juge du deuxième tribunal pénal de Cuiabá, Jorge Tadeu Rodrigues, remet en cause l’arrestation Josino Guimaraes et de son frère Clóvis. Les deux purgeront, selon lui, en attendant leur jugement, une simple peine d’assignation à résidence en utilisant un bracelet électronique… mais au final, le 13 juin 2017, la sentence définitive tombe (enfin). Márcio Pieroni est condamné à 20 ans et 4 mois de prison, « Josino » (enfin !) à 9 ans, Gardel Lima à 10 ans et 10 mois, et Abadia Proença, à 9 ans et 4 mois… Mais on n’est pas revenu pour autant dans les débats sur le rôle de « Josino » dans le trafic décrit par Sobrinho…
Le verdict pour de Sozza
Le 22 juin 2002, le « tribunal » avait rendu à São Luís son verdict à propos de Sozza (ici à droite) : il l’avait condamné à 16 années de prison (14 pour homicide qualifié et deux pour la formation de gangs). « Sozza a été dénoncé par le « CPI des narcotráficos » comme l’un des chefs d’un gang qui a agi à São Paulo, Maranhão, Acre et Mato Grosso, en volant des marchandises et en trafiquant des armes et des drogues ». Il a également été inculpé par l’enquête du CPI pour être l’un des principaux responsables du meurtre (en 1997) du délégué de la police civile du Maranhão, Stênio Mendonca, responsable des enquêtes qui avait entravé les affaires de la bande. Le procès final de William Sozza a duré environ 10 heures. Seuls trois témoins ont témoigné, parmi eux, le conducteur Jorge Meres, qui a réaffirmé avoir assisté à une réunion au cours de laquelle Sozza, l’homme d’affaires maranais Joaquim Laurixto et l’ancien député d’état José Gerardo de Abreu ont comploté la mort de Stênio. Gerardo a déjà été condamné à 23 ans de prison pour ce crime. Laurixto attend son procès. Le résultat du jury qui a condamné Sozza était serré: quatre voix contre trois pour la condamnation. Juste avant le procès, en 1999, on avait annoncé une autre arrestation qui avait fait du bruit : celle de l’avocat Arthur Eugenio Mathias, désigné comme étant bras légal » de la puissante organisation de trafiquants. « Le CPI de Narcotráfico soutient que l’avocat est l’un des principaux organisateurs du groupe dirigé par l’homme d’affaires Willian Sozza, considéré comme le lien financier et logistique du projet mis en place à Campinas, avec des ramifications dans 14 Etats » avait-on pu lire.. Mathias étant un homme clé en effet : « consterné, Mathias écouta en silence l’annonce de son arrestation. Le président du CPI a demandé à l’accusé de se lever et a déclaré : « Vous êtes en état d’arrestation. » L’avocat a été emmené, menotté, dans le bureau du PF au siège du 8e bataillon de la police militaire, à Vila Industrial. » C’est une leçon pour tous ceux qui mentent avant le CPI et aussi un avertissement: ceux qui ne veulent pas collaborer seront derrière les barreaux », a déclaré Robson Tuma (député (PFL-SP). Selon Tuma, l’avocat avait agi comme un «lien de protection avec les gangs». Pour le député, la corruption policière à Campinas « est impressionnante ». Il a assuré que les « coups » – les actes d’extorsion pratiqués par la police pour libérer les voleurs, les trafiquants et les meurtriers – seront examinés et que les responsables seront expulsés de l’institution parce que la police doit protéger la société et ne pas l’usurper. L’arrestation de l’avocat avait été décidée mardi après-midi mais la commission d’enquête reporta son annonce parce qu’il travaillait sur l’hypothèse que Mathias était prêt à abandonner tout le programme – en désignant de grands hommes d’affaires et policiers – en échange de la liberté ». Mais dans ce pays lamentable où la menace sur les jurés continue à fausser tous les jugements, il faut hélas noter qu’en août 2012, le policier José de Ribamar Pinheiro Ferreira, accusé de faire partie du gang impliqué dans le meurtre du délégué Stênio Mendonça en 1997, sera acquitté par un jury de São Luís…
Les liens avec Fernandinho Beira-Mar
Les langues s’étaient déliées, donc, et dès 2000, pourtant, on avait déjà entendu un autre nom revenir avec insistance… « La CPI a obtenu le premier signe d’un lien entre l’homme d’affaires William Walder Sozza et le trafiquant Luís Fernando da Costa, Alias Fernandinho Beira-Mar. Le trafiquant Aryzolin Trindade Sobrinho a déclaré hier qu’il avait reçu des informations il y a une semaine comme quoi Beira-Mar et Sozza se cachait dans une ferme dans la province du Capitaine Bado, au Paraguay. Sozza est accusé par des membres du CPI de diriger une organisation criminelle spécialisée dans les vols de fret et le blanchiment d’argent dans la région de Campinas. Fernandinho Beira-Mar est l’un des trafiquants les plus recherchés par la police de Rio de Janeiro. Le témoignage de Sobrinho a été considéré comme l’un des plus importants faits par le CPI durant les quatre jours de travail à Campinas. Il a décrit en détail les régimes d’achat et de transport de drogue impliquant sept pays (la République d’Ouzbékistan, les États membres, les États fédérés de Micronésie, de République populaire de Chine, de la République tchèque et la Russie), la Colombie, la Bolivie et le Paraguay. Ses déclarations coïncident avec celles de l’ancien chauffeur de Sozza, Jorge Meres Alves Almeida, l’un des principaux témoins du CPI. » Après s’être réfugié au Paraguay et avoir fui ensuite en Uruguay, Fernandinho Beira-Mar , finalement arrêté en Colombie, s’est retrouvé dans une prison fédérale à sécurité maximale, à Rondônia, à 2 700 kilomètres de Duque de Caxias, dans la Baixada Fluminense, où il avait commencé sa carrière criminelle. Capturé en avril 2001 en Colombie, Beira-Mar avait en effet été remis aux autorités brésiliennes et incarcéré à ce moment-là Rio. A l’époque de son arrestation on avait estimé qu’il contrôlait près de 70% du narcotrafic au Brésil !!!
Diriger un gang depuis une cellule
Beirar-Mar (ici à droite), envoyé en prison, où il avait été condamné à 328 ans, 8 mois et 6 jours de peines de privation de liberté, dont 120 pour le meurtre en 2002 de quatre codétenus, membres de la faction rivale des Amigos dos Amigos (AA), au cours d’une rébellion dans la prison de haute sécurité de Bangu, on le rappelle (à gauche la photo d’une révolte, fréquente, dans la prison). Il en avait profité pour éliminer un de ses anciens collègues devenu son rival (on verra cela en détail bientôt). Mais il a réussi néanmoins à continuer à communiquer vers l’extérieur par des billets lancés au bout de fils issus de draps détricotés qui se croisaient, lorsque l’un d’entre eux était aussi lancé de l’extérieur.
C’est en fait tout un système ingénieux de communication qui est ainsi découvert en 2017 ; au bout du fil il y a ses cinq enfants, qui relayaient ainsi ses ordres à l’extérieur ! « Le trafiquant était isolé, sans droit à une visite intime, sous haute surveillance. Malgré cela, les agents de police ont constaté qu’il commandait toujours des activités criminelles et fournissait même des services comme la vente de gaz, d’Internet et de motocyclettes à au moins 13 collectivités. Nous avons réussi à découvrir que Beira-Mar était en mesure de réaliser un bénéfice net mensuel d’environ 1 million de reais. Son patrimoine a jusqu’ici atteint environ 30 millions de reais « , a déclaré Leonardo Marino, un représentant de la police fédérale de Rondônia ». Via ses billets, il continuait en effet à vendre de tout ; des paniers alimentaires de base, des cigarettes, des boissons et même des machines à sous ! En en 2015 déjà la découverte, d’un billet dans une marmite vide de nourriture dans sa prison avait déjà alerté ; la note contenait des instructions précises sur l’achat de téléphones mobiles possédant une technologie qui permettrait le cryptage des communications… Et tout aussi étonnant encore, note ici EL Pais : » comme on peut le voir d’une conversation virtuelle avec la femme, également emprisonnée, le trafiquant avait le pouvoir d’employer des parents dans la préfecture de Duque de Caxias, dans la Baixada Fluminense. Beira Mar révèle qu’elle a trouvé un emploi pour sa belle-mère, une vieille femme, assurant ainsi sa retraite. Ce n’était pas le seul, plusieurs membres de l’organisation criminelle, leurs proches, ont été nommés pour occuper des postes dans l’hôtel de ville, ont confirmé les enquêteurs.C’est également dans la municipalité de Caxias, où le trafiquant est né qu’il a commencé à commettre un crime à l’âge de 13 ans, où une de ses filles, la dentiste Fernanda Izabel da Costa, a tenté d’élire le conseiller municipal lors des dernières élections municipales Avec 3 098 votes, il était au 33º place ».
Politique; et toujours trafic de coke mêlés, plus extension du marché : « mais l’enquête a révélé que l’affaire criminelle allait bien au-delà de Caxias. La police a saisi environ 50 billets écrits par Beira-Mar ou envoyés à lui. Dans l’un d’entre eux, le trafiquant donne des instructions pour l’achat de drogues en Bolivie, ordonne l’achat de 300 kilos de base pure de cocaïne à chaque trafiquant et ordonne toujours d’envoyer des drogues en Afrique, pour mille kilos. » « Dans un autre billet, Beira-Mar guide l’échange d’un avion pour un hydravion cette fois. Selon la police, l’objectif était d’apporter de l’argent et des produits chimiques à la Bolivie ». Beira-Mar, en prison ou pas, demeure le caïd qui contrôle tout. Demain, nous irons voir comment il avait réussi à se débarrasser de celui qui l’avait hébergé. Des loups pour les loups, c’est cela en effet… mais avant, nous ferons un dernier tour sur les petits aérodromes brésiliens, dans les années 90 et allons aussi revenir sur un général bien particulier…
(1) lors du procès des quatre gardes, on apprendra aussi de la part de Leonino Tenório Carvalho, qui était responsable du nettoyage de la pièce où les deux amants étaient morts. « En plus de nettoyer la scène du crime, le jardinier avait mis le feu au matelas du lit où avaient été retrouvés morts PC Farias et sa petite amie. « C’était mon idée parce que je pensais que cela ne me dérangerait plus », a déclaré le jardinier devant les jurés. « Nous jetons tous les déchets qui ne sont plus utiles », avait-il dit. Or le même Léonino dira aussi qu’il avait reçu des ordres de l’ex-sergent et ancien chef de la sécurité de PC Farias, Flavio Almeida, pour détruire le matelas. Plus de matelas de disponible, et plus possible d’évaluer les trajectoires des balles… vitale, surtout pour le cas de Suzana Marcolino, la tireuse principale de la thèse officielle… cela s’appelle aussi destruction de preuves matérielles, tout simplement !!! Au même procès, Augusto affirmera que son frère avait engagé des détectives en votre nom pour enquêter sur une trahison présumée de Suzana Marcolino… sans en apporter la moindre preuve.
Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.
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