La Bolivie, on l’a un peu vite oublié, a aussi été une terre d’accueil de l’extrême droite et des nazis.
Des réminiscences surgissent régulièrement de cette période. Celle où tout était en place, déjà, sous Banzer, à la fois contrebande et trafic de drogue, car à l’évidence Roberto Suarez avait des liens avec les nazis réfugiés après guerre dans le pays.
Des liens qui provoqueront, semble-t-il, des dissensions inattendues entre la DEA et la CIA; la première désirant intervenir dans ce qui était la chasse gardée de la seconde, une attitude que l’on retrouvera à la fin de cette longue étude vis à vis d’un trafiquant notoire, et l’un des principaux fournisseurs d’avions des narcos…
Selon un memo de la CIA du 8 février 2007, après Banzer, le trafic aurait continué et se serait agrandi, mélangeant constamment contrebande et coke : « une partie intégrante de ce fléau est la contrebande. Le trafiquant de drogue est indissolublement lié à la contrebande, c’est une de ses branches. Les Brésiliens savent parfaitement qu’une douzaine d’avions quittent chaque semaine leur territoire pour Santa Cruz de la Sierra, transportant d’importantes quantités d’éther et d’acétone, deux produits nécessaires pour transformer les feuilles de coca en pâte de cocaïne, en plus des appareils électriques et aliments ou produits manufacturés, dont le prix est beaucoup plus bas qu’en Bolivie. Le colonel au nom de famille prédestiné, Ariel Coca, était le chef du Département de contrôle des stupéfiants et des substances dangereuses à l’époque de Banzer. Il était également commandant de l’école d’aviation de la province de German Busch à Santa Cruz. Comme c’était le front parfait pour la contrebande du whisky, des appareils électriques, de la nourriture et surtout des armes légères du Paraguay, ces dernières étaient utilisées pour payer les bandes de trafiquants de stupéfiants et les hommes armés du FSB pour leur travail de soutien au trafic illégal et encore plus pour leur travail qualifié de « paramilitaire, » que Luis Arce Gomez a déclenché à partir de novembre 1979. Qu’il ait été nommé ministre de l’éducation semble être une blague, bien que la blague qui tourne en ce moment est qu’ils l’ont nommé parce qu’ils l’avaient vu un jour avec un livre à la main et qu’il portait des lunettes, ce qui lui avait donné un air d’intellectuel »…
Les amis peu recommandables de Suarez, et Banzer, le dictateur narco-trafiquant
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Avec l’argent du trafic de drogue, Roberto Suarez (1) se permettait aussi toutes les largesses : il faisait bâtir des écoles et fournissait et offrait des soins médicaux aux boliviens les plus démunis comme on l’a vu. Tout l’art d’un populiste, à l’évidence. Chez eux, il passera même pour un sorte de héros régional ou un patriarche, leur célèbre bienfaiteur. Banzer ayant choisi résolument de s’accommoder le trafic de coke, il aurait pu espérer un jour devenir ministre, qui sait. Ce ne sont pas les amitiés politiques qui lui manquaient en tout cas ; ceux avec García Meza comme attaché militaire et chargé d’affaires à Caracas, ceux avec le colonel Solomon Norberto ( alias « Bubi »), ou le général Alfredo Ovando Candia et ceux surtout avec son partenaire Ariel Coca Ramirez, le fameux ministre de l’éducation et leur entreprise commune de taxis aériens Ariel-Coca, liés à la contrebande 100 kilogrammes de pâte de cocaïne à Panama en 1979. En 1984, voici ce qu’en avait dit le Monde Diplomatique
« Le colonel Arce Gomez est en première ligne des trafiquants de drogue, de ceux qui répandent la drogue à travers le monde (…).
La cocaïne arrive aux Etats-Unis à bord d’avions-taxis. Un de ces petits avions s’est récemment écrasé près de Trinidad ; il avait à bord plus de 300 kilos de cocaïne pure. On a pu prouver que l’avion appartenait à la compagnie de taxis aériens d’Arce Gomez. Un autre de ses avions eut des problèmes mécaniques au-dessus du Venezuela… Il transportait quelque 800 kilos de cocaïne… Voici Santa-Cruz, la ville d’où sont originaires deux des hommes les plus compromis dans le trafic : le général Echeverria et le colonel Coca (2). C’est la capitale mondiale de la cocaïne. Il y a des villas de 1 million de dollars, dont le luxe est choquant dans un pays qui a, peut-être, le revenu par tête le plus faible d’Amérique latine. » Il y avait aussi le général Hugo Echeverria, commandant de la 2e division de l’armée à Santa Cruz, qui, quelques jours avant le « Cuartelazo de cocadólares », la prise de la ville par des éléments de la Phalange socialiste bolivienne, s’était empressé d’aller embarquer les dossiers sur les drogues à la Préfecture et le Bureau du Maire pour courir les incinérer. «
Banzer est arrivé au pouvoir en renversant le général Juan Jose Torres.
Torres était un homme fort réformateur qui avait refusé d’accorder la protection du gouvernement aux caïds de la cocaïne. Ils ont réagi en offrant à Banzer, en exil au Paraguay voisin, le financement de son éventuelle prise de contrôle. L’un des financiers du coup, Edwin Gasser, un citoyen bolivien d’origine suisse, s’est ensuite vanté à la télévision allemande que les Allemands-Boliviens avaient créé le gouvernement Banzer et que «l’armée était bon marché» avait expliqué ici
dès 1989 le New-York Times (ci-contre un extrait d’un rapport sur lui émanant de la CIA).
Toute la famille Banzer impliquée
Un NYT qui continuait plus loin sur sa lancée en impliquant le dictateur et même sa famille : «
la famille de Banzer a également été impliquée dans le trafic de drogue. Selon un professeur de l’American Cooperative School à La Paz, où ont été envoyé ses enfants, la fille de Banzer a ouvertement vendu de la cocaïne sur le campus pendant le règne de son père. Un beau-fils, à La Paz, a été arrêté au Canada avec une valise pleine de cocaïne à la fin de la présidence de Banzer. Au cours de la campagne présidentielle de 1979, des agents de la drogue boliviens ont fait une descente dans un grand ranch de bétail sur le côté est des Andes qui s’est avéré être la propriété de Banzer.
Alors qu’un accrochage à l’arme à feu était en cours, un officier militaire de haut rang est arrivé et a ordonné aux agents de quitter la zone. Les agents l’ont ignoré, arrêtant finalement les hommes à l’intérieur et confisquant plus de 600 livres de pâte de coca crue ». Selon Marka encore
, « le colonel Arce Gomez avait aussi un pied dans cette mafia (Arce Gomez a été lié au groupe Jorge Nallar, la « mafia syro-libanaise », qui a grandi à l’ombre du ministre de l’Intérieur général Juan Pereda, dans la première étape de Bánzer, et dont les chefs opérationnels sont les frères Widen et Miguel Razuk et celui qui intégrait aussi le colonel Natusch). García Meza et Arce Gomez ont dit aussi que le coup d’Etat contre Lydia Gueiler a été organisé avec la collaboration des gangs paramilitaires, dirigée par exnazis ou néo-nazis européens et par des agents des services de renseignement des Forces armées de l’Argentine ». Parmi les amis de Suarez, « Cutuchi » Gutierrez, richissime producteur de canne à sucre de Santa Cruz mais aussi le propriétaire du journal El Mundo, qui ainsi pouvait formater la population selon les idées du dictateur, car c’était aussi le chef des phalanges boliviennes, calquées sur celles de Mussolini (à gauche le résumé au vitriol qu’en avait fait la CIA dans son rapport déjà cité).
L’avion du record du monde de 1995
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Et cela avait continué, et s’était accentué : le 15 septembre 1995, la police anti-drogue péruvienne (la Dinandro) de Lima arrête un avion de la société bolivienne Aerobol (ici à droite) : «
on en était déjà à plus de 4 tonnes de coke par vol : « le 15 septembre 1995, les agents des narcotiques prouvaient le lien entre la ville de La Paz, en Bolivie et Mexicali (en Basse Californie), et à Lima, au Pérou, où ce DC-6 d’Aerobol a été capturé transportant 4,1 tonnes de cocaïne dissimulés dans des bijoux d’artisanat et des meubles. Il y avait à ma connaissance, au moins quatre vols qui avaient traversé la moitié de la Bolivie et le continent précédent pour rejoindre les aéroports de La Paz et de Mexicali. Les vols charters de la compagnie aérienne nationale Lloyd Aereo Boliviano (en 727), transportent également de la cocaïne sur le marché américain« . Dans tous ces opérations identifiées comme étant signées d’Amado Carrillo, plus connu comme « Le Seigneur du Ciel », dont le surnom vient, à l’ origine, de sa flotte aérienne et de ses compagnies d’aviation. «
La drogue avait été saisie sous la pression de la DEA. L’avion saisi par les autorités péruviennes a êté identifié provisoirement comme étant le PNP-236. En février 1996, l’avion a été transféré à la Force aérienne du Pérou, au Groupe 8, qui l’ enregistré comme FAP-381, mais elle n’avait ni la technicité et ni les équipages formés pour répondre aux besoins de la machine. L’un des leaders de l’unité ci-dessus, a décidé, à une date non précisée vers 2003 d’orner les jardins de la base avec quelques avions, dont ce fameux DC-6. » Aerobol était pionnière d’un autre genre : elle utilisait aussi des Antonov-2… » vous avais-je déjà dit. Le précédent FAP-381, était un bon vieux
Curtiss C-46 qui s’était écrasé le 21 janvier 1971 près de Palca tuant ses 35 personnes à bord. Aerobol utilisait en effet le vieux DC6 d’United Airlines N37501 puis N375ED alors largement soupçonné d’être un avion de la CIA, sous l’immatriculation CP-2250, devenu Policia Nacional del Peru sous le N° 236 puis le N°381… il a été scrappé en 1997. Le volume de la cocaïne qu’il transporte (un peu plus de 4 tonnes) le propulse aussitôt comme recordman mondial des saisies aériennes de drogue. La presse remarque que
« les autorités mettent l’accent sur l’arrestation comme « un coup dur pour le trafic de drogue », mais de nombreuses contradictions dans les émissions officielles soulèvent des questions qui n’ont jusqu’à présent pas été clarifiées. L’un des problèmes encore dans l’ombre se réfère à l’existence d’agents de renseignement de la police hors du contrôle de l’État ».
Le recrutement
L’un des enfants d’une des personnes mise en cause ce jour-là, donne quelques précieuses indications :
« Luis Amado Pacheco alias Abraham Barbaschocas (fils des époux Pacheco), a dit à ses interrogateurs force spéciale contre le trafic de drogues (FELCN ) comment son père a été introduit dans l’entreprise de collecte de base de la cocaïne péruvienne pour le transport en Colombie depuis 1975. Alejandro (ou Alex) Pacheco Sotomayor, de Copacabana, un beau village blanc sur la rive du lac Titicaca, était un tremplin qui lui a permis de gagner une appréciation du CNEL. Luis Arce Gomez qui, en 1980, était crédité comme inspecteur général du ministère de l’Intérieur de la Dictature de la cocaïne sous les ordres du Général Luis García Meza Tejada (bref dictateur du pays après le coup d’ État du 17 juillet 1980).
Selon un rapport secret de l’époque de Garcia Meza, le Service spécial d’Etat de sécurité (SES), la relation étroite entre Arce Gómez et Pacheco Sotomayor est considéré avec inquiétude par d’autres exportateurs de cocaïne bolivienne depuis qu’année après année, car il exerce des positions de pouvoir de plus en plus élevées. Alejandro Pacheco a été arrêté avec des stupéfiants, et a affirmé être endetté envers le trafiquant colombien Lico Chavez, qui a réclamé le paiement à son fils, Luis Amado Pacheco. Luís s’est alors reposé alors sur les amis de son père, y compris Fernando Jaimes Viaña, qui possède des connexions au Mexique et aux États-Unis, et en association avec lui il a établi des contacts pour obtenir des fonds, la collecte de la coke et la couverture pour le transport, et les exportations vers l’Europe, le Mexique et les États-Unis, principalement. » Tout était déjà en place : liaison avec le Mexique et exportation vers l’Europe ! Dans son livre, l’ex-femme du narcotrafiquant explique que les boliviens étaient déjà en contacts étroits avec les mexicains : d’après sa narration, en mai 1981, Gonzalo Rodriguez Gacha, la main droite d’Escobar, avait obtenu un permis des autorités de l’Etat de Quintana Roo pour permettre à leurs trafiquants au départ du port de
Barranquilla d’aller faire le plein de leurs
avions et d
e leurs bateaux sur l’île de Cozumel. Le mois d’avant, le 5 avril 1981 Pedro Joaquin Coldwell, est devenu gouverneur de l’état de Quintana Roo, et actuellement,
Pedro Joaquin Coldwell est le leader national du PRI…. la famille de Coldwell, aujourd’hui sénateur étant d’origine… libanaise, ça ne s’invente pas !!!!
Les liens du narcotrafiquant avec les nazis
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Le problème ne s’arrête pas là, hélas. Roberto Suarez, l
e « Scarface bolivien », fondateur du premier maroc-état, avait de drôles d’amis (3), comme le raconte ici son épouse
Ayda Levy (ici à gauche) dans son livre. «
Lorsqu’en octobre 1979 elle a assisté à La Paz avec son mari à un dîner au Cercle des Officiers de l’Armée (COE), Ayda Levy n’imaginait pas que cette heure était le début de la fin. L’homme d’affaires Roberto Suarez avait commencé dangereusement à côtoyer le pouvoir politique. Cette nuit-là, le couple était l’invité du colonel Alberto Natusch Busch, le célèbre auteur du coup d’état de Todos Santos …
Elle raconte dans son livre « Le Roi de la Cocaïne. « Ma vie avec Roberto Suárez Gómez » la naissance du premier État narco »,
publié en décembre 2012 que lors du dîner quelqu’un d’inconnu s’était assis à côté d’elle. C’était Klaus Altmann (Klaus Barbie (4), avec qui elle avait discuté de la situation grave que le pays vivait, comme tout le monde dans la salle lors d’un repas présidé par Walter Guevara ». Et c’était bien Barbie, effectivement :
« Au fil des années, Santa Cruz a été, étrangement, une terre d’accueil pour le nazisme. Dans cette ville sont nés des groupes néofascistes comme « Los novios de la muerte » (les fiancés de la mort), actif durant la dictature de García Meza.
Quelques années auparavant, sous la dictature du colonel Hugo Bánzer, né à Santa Cruz, on avait même réussi à cacher et protéger un criminel de guerre nazi, Klaus Barbie, le « boucher de Lyon » (à gauche sa carte d’indentité bolivienne)
et à lui offrir la citoyenneté bolivienne; celui-ci organisera plus tard les attaques paramilitaires du 17 juillet 1980 contre la Central Obrera Boliviana à La Paz ». Le Narco-Etat avait en fait débuté «
en 1980 quand les trafiquants, dont Suarez, avait donné quatre millions de dollars au putschiste García Meza. L’un des autres pourvoyeurs d’argent étant Edwin Gasser, propriétaire de la plus grande raffinerie de sucre du pays (la Belgica, ici à gauche)
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e
t dirigeant de la Ligue anti-communiste mondiale, auquel il fallait ajouter Pedro Bleyer, président de la Chambre de commerce de Santa Cruz ». Ensemble, ils pilleront les ressources de l’État, Santa Cruz tombant avec eux entre les mains des grands propriétaires.
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La revanche de ces derniers, plutôt installés dans l’Est, sur l’ouest du pays. Comme le note ici un essayiste,
« le discours populaire s’avère le plus révélateur en matière de mentalités. Gabriela Oviedo, miss Bolivia 2004, est passée aux annales lorsque, avec toute la candeur qui révèle un état des choses qui n’a pas changé jusqu’à aujourd’hui, elle a déclaré que « les gens qui ne connaissent pas bien la Bolivie pensent que nous sommes tous des indiens dans l’ouest du pays… C’est La Paz qui donne cette image du pays, ces gens pauvres, de petite taille et indiens. Je viens de la région opposée du pays, de l’est… Nous sommes grands, blancs et nous parlons l’anglais. » Et puis le sucre, c’est fou ce que ça ressemble a de la coke !!!
Un groupe de fascistes qui mène bien plus loin, en Europe, avec le Gladio :
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Mais l’implantation reconnue des nazis en Bolivie va plus loin encore. Outre le cas de Barbie, un autre personnage sera révélé.
« Une opération organisée par la police italienne et la DEA des États-Unis pour l’enlèvement à Santa Cruz de Pier Luigi Pagliai, alias le (Puttino « (« Chérubin » en italien), le 10 octobre, 1982, a révélé l’importance au niveau international qu’avait ce groupe dans la la politique et le trafic de drogue en Bolivie. Pagliai a été l’un des terroristes d’extrême droite accusés d’avoir déposé une bombe à la gare de Bologne, dont l’explosion a tué 85 personnes et en a blessé 200. « El narco » avait bénéficié en Bolivie de la protection militaire du régime, comme attaché au service de renseignement des Forces armées (…).
Mais au moment de son arrestation il était le coordonnateur principal du Conseil national de lutte contre le trafic de drogue, sous le nom de Alberto Costas Bruno, « né » en Bolivie. Selon le magazine Panorama, d’Italie, le groupe a effectué des tâches politiques dans le service gouvernemental « et a éliminé les gangs mineurs dans le trafic de drogue, travaillant sous les ordres de Roberto Suárez Gómez » . Une sorte d’exterminateur, possédant l’étiquette d’anti-narco et qui en réalité éliminait tous les petits malfrats pas décidés à rentrer dans le rang des narcos à la tête du pays !! On croît rêver, mais c’est bien cela dont il s’agit !!!
« Apparemment, tous les chemins mènent au même nom: Roberto Suarez Gomez. Quant à la fin de 1981, le département d’Etat américain a exigé comme condition préalable à la reprise des relations au niveau des ambassadeurs, de livrer au moins trois des cinq trafiquants de drogue en Bolivie la justice réclamée par les autorités américaines à la Paz a commencé une campagne publicitaire avec des annonces de télévision et l’impression de photos, offrant une récompense d’un million de pesos boliviens (40 000 dollars) à ceux qui fourniraient des informations qui conduiraient à l’arrestation de celui recherché. Crédible ou non, a aussi été distribuée la version Roberto Suarez, le principal fugitif qui « voulait » par la même méthode à l’américaine, promettre le « double » que proposé par le Conseil national de lutte contre le trafic des drogues, pour l’informateur »… Il n’était décidément pas à une esclandre ou provocation près !
Les nazis en Bolivie, une vieille histoire
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Irma Lorini (ici à droite) est la descendante du pharmacien italien Doménico Lorini, le découvreur du la coca tonique à la base de Coca Cola. Mais c’est aussi une historienne, qui a écrit un livre fondamental paru en 2016 («
Les nazis en Bolivie; ses militants et partisans 1929-1945 ») sur les nazis boliviens. Selon elle, le national-socialisme était bel et bien une réalité en Bolivie en 1933 et 1945 parmi les instructeurs militaires, les commerçants, les professeurs, les professionnels et les autres allemands qui vivaient dans le pays. Selon le journal Paginasiete, qui décrit l’ouvrage «
en Bolivie, les protestations sociales de la fin des années 1920 et la réaction du fil minier féodal ont précipité la guerre du Chaco. L es tranchées ont été des semences fertiles pour la naissance des partis politiques qui ont influencé au cours du XXe siècle. La Phalange, le PS, le MNR et les loges militaires (Raison de Patria, RADEPA, Estrella de Hierro) furent les espaces les plus fructueux pour écouter et adhérer à la pensée nazie allemande, surtout dans sa phase de nationalisme autoritaire. Lorini explore le rôle de l’ambassade d’Allemagne en Bolivie pour gagner des partisans du parti national-socialiste allemand des travailleurs (NSDAP, pour son acronyme en allemand); outre les papiers remplis par les écoles allemandes, les centres culturels, le Club allemand qui agglutinait l’importante colonie de commerçants et de professionnels qui vivaient à La Paz, Oruro, Cochabamba, Santa Cruz (certains mariés avec des Boliviens et de deuxième génération).
Bien que sur les 2000 résidents allemands en Bolivie, seulement environ 200 sont devenus des propagandistes du nazisme, ils ont réussi à occuper des espaces stratégiques, à la fois civils et militaires et politiques. Il n’y en avait pas beaucoup, mais ils étaient influents. Les gouvernements du soi-disant socialisme militaire de David Toro et Germán Busch (1936-1939) n’étaient qu’un préambule, brièvement interrompu pendant les gouvernements de Carlos Quintanilla et Enrique Peñaranda (1939-1943), puis le mouvement a grandi comme une force centrale sous le régime de Gualberto. Villarroel (1943-1946). La tendance nationale-socialiste, même avec des caractéristiques antisémites nazies comme le démontre le premier programme du MRN, a donné le coup d’État militaire réussi en 1943 (…) Villarroel a été vu par Washington comme un allié de l’Axe, une tendance qui s’est également développée dans l’Argentine péroniste et le Brésil. Ce gouvernement était déchiré entre sa cruauté extrême contre l’opposition et une politique favorable aux travailleurs et aux peuples autochtones. I l a fini par être ensanglanté le 21 juillet 1946. La pendaison du président et de ses aides de camp était une imitation de ce qui s’était passé peu de temps auparavant avec Benito Mussolini en Italie ». On ne peut être plus clair, et cela explique amplement la venue de Barbie sur place, il me semble. Le terreau était toujours fertile, malgré l’éviction de Villarroel. Un seul regret, concernant l’ouvrage, il ne parle pas de la suite et des années 80, de l’arrivée au pouvoir d’Hugo Banzer (en 1971), ni de l’arrivée de Klaus Barbie et « de son influence dans les forces armées boliviennes ou la conspiration des « Novios de la Muerte » en tant qu’alliés sinistres de Luis García Mesa » comme le dit le journal.
Selon Levine, la CIA s’était opposée à la CIA
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Derrière tout ce remue-ménage, il y avait donc la CIA.. mais aussi la DEA, qui ne s’entendaient absolument pas, semble-t-il, les trafiquants soutenant ouvertement le pouvoir mis en place avec l’aide de la CIA, au nom de son anticommunisme viscéral pour lequel elle était prête à tout abandonner
, y compris en Bolivie la lettre contre les trafiquants !!!. La créature de la CIA installée au pouvoir devenait un monstre de Frankeinstein incontrôlable, et la DEA ne pouvait pas la freiner !!! «
A l’aube du 17 juillet 1980, a commencé le putsch de Luis García Meza contre le gouvernement de Lidia Geiler. On sait maintenant que cette initiative a été soutenue par la CIA (Central Intelligence Agency) et qu’elle a été financée par un puissant groupe de trafiquants de drogue boliviens qui se sont sentis menacés par la décision du gouvernement bolivien de lutter plus vigoureusement contre le trafic de drogue. Mais tandis que Geiler a approché la DEA, la CIA a cru que le communisme prenait le contrôle des sphères de l’Etat. Par l’intermédiaire de la Ligue anti-communiste mondiale, la CIA a contacté Edwin Gasser (membre de cette organisation, père de José Gasser et industriel de Santa Cruz qui avait soutenu le coup d’état de Hugo Banzer des années plus tôt) pour lutter contre la menace gauchiste.
Tous ces faits ont été documentés par l’ancien agent de la DEA Michael Levine et se sont produits dans les années 90, décrits dans son livre « Le grand mensonge blanc » (la Guerra Falsa, la « Fausse guerre », en espagnol). Le livre, qui a fait sensation aux Etats-Unis en déclarant que les organisations gouvernementales ont torpillé la lutte contre le trafic de drogue, est revenu dans l’agenda médiatique en 2008 lorsque le président Evo Morales a montré l’un des exemplaires lors du discours d’expulsion de la DEA de la Bolivie »… J’ai interviewé Levine par e-mail l’année dernière. L’ancien agent était mécontent de cette mesure du gouvernement bolivien. « Je suis sûr que ni le président (Morales) ni ses conseillers n’ont pas lu le livre, car s’ils l’avaient fait, ils auraient expulsé la CIA pour avoir soutenu le coup de l’armée et conspiré contre la démocratie bolivienne elle-même. La DEA, d’autre part, était après la capture de ces criminels sans savoir qu’il s’agissait de pièces clés de la CIA en Bolivie. ». Ce qui reste malgré tout difficile à croire : Levine, parfois, à un peu trop tendance à parer de vertu un organisme qui n’en est pas à son premier coup tordu… quoique. Une autre affaire pourrait lui donner raison, nous allons l’examiner un peu plus loin.. si vous le voulez bien, mais il va nous falloir aussi jeter auparavant un regard historique sur le Brésil….
(1) « Avant de travailler avec son oncle, Suarez dirigeait une entreprise de voitures d’occasion à Los Angeles. Suarez a commencé à être impliqué dans le trafic de drogue en fournissant de la cocaïne à Los Pepes et en blanchissant l’argent de la drogue de la Bolivie vers les États-Unis. À son apogée, la valeur nette de Suarez était estimée entre 50 et 60 millions de dollars et possédait des élevages de bétail dans le Beni, un club hippique, une chaîne de supermarchés et une maison de luxe à Santa Cruz de la Sierra. Suarez a mené des opérations de drogue massives en Bolivie et est rapidement devenu le fugitif le plus recherché en Bolivie après l’arrestation de son oncle. Alors que le revenu familial en 1985 s’élevait à 75 536,92 dollars, Suarez échappa au revenu d’impôt, ce qui aurait fait passer la valeur monétaire à 2 121 053 dollars… »
(2) Extrait d’El Pais du 23 avril 1981 :
« On estime que la commercialisation de la pâte de cocaïne a laissé en Bolivie illégalement, en 1979, un milliard de dollars. Le nombre de trafiquants, leur ampleur et les liens de chacun d’entre eux avec les militaires de haut rang, qui rendent l’affaire possible, permettent l’établissement de trois groupes fondamentaux qui contrôlent le commerce illégal de la drogue en Bolivie aujourd’hui.
1. Cutuchi Alfredo Gutierrez clan lié à et protégé par le colonel Ariel Ramirez Coca, ancien ministre de l’éducation avec Garcia Meza, connu dans le Bureau des stupéfiants Etats-Unis et dénoncé par le sénateur de l’Arizona Gus Deconcini, la Sous-comité de l’aide étrangère. Ce groupe s’est développé sous l’égide du régime du général Bánzer, et sa zone de production – environ 20 000 kilos de pâte de cocaïne par an – est la bande Rio Grande et San Javier, au nord de Santa Cruz. La famille Gasser, qui contrôle virtuellement l’industrie sucrière bolivienne, et l’homme de main droitier Mosca Monroy font partie du clan. Cutuchi Gutiérrez possède, à neuf kilomètres de la ville de Santa Cruz, le meilleur aéroport civil bolivien, avec une piste de plus de 2.000 mètres, capable de recevoir des avions à réacteurs.
2. Le clan du colonel Luis Arce Gómez, l’homme le plus puissant de Bolivie depuis le coup d’État de juillet jusqu’à il y a deux mois, et Jorge Nallar. également appelé la mafia syro-libanaise (ah tiens !), parce que le groupe comprend Razuk, Omar Cassib, frères Pereda Asbún, ministre de l’Intérieur dans la première étape de Banzer, et d’autres membres de cette origine, y compris le général est inclus Natush Busch, qui il a joué le rôle de colonel dans le coup d’Etat militaire de novembre 1979. La production de ce clan est estimée à 30 000 kilos par an de pâte de cocaïne de base, et sa zone de transformation et de culture est située au nord de la province de Santa Cruz, à Monte Verde et à Perseverancia. Le colonel Faustino Rico Toro, aujourd’hui chef des services de renseignements militaires, est lié au groupe et, jusqu’à récemment, un homme fort de la province de Cochabamba, où il a protégé certains trafiquants. Rico Toro, ministre de l’Intérieur du gouvernement Pereda, est étroitement lié à Arce Gómez.
3. Le groupe de Roberto Suárez, dont le lien militaire est le général Hugo Echeverría. Comme les colonels Arce Gómez et Coca Ramírez, le général Echeverría a un dossier au bureau des stupéfiants. Un autre militaire qui soutient le clan, qui est celui qui a la plus grande initiative, est le colonel Lara, des rangers de Santa Cruz, un régiment de choc. La production du groupe est estimée à 20 000 kilos de pâte de coca, fabriqués à Yapacaní et Puerto Villarroel, et dans la région de Montero, à côté de Santa Cruz. »
(3) Plusieurs de ses associés ont purgé quelques années à la prison de La Paz grâce au décret de repentance, approuvé par le président d’alors Jaime Paz Zamora. Parmi eux il y avait :
– Óscar Roca, frère de Jorge Roca, qui a supervisé l’achat de cocaïne.
– Winston Rodríguez, partenaire et leader du cartel Santa Ana.
-Hugo Rivero Villavicencio, partenaire et membre du cartel Santa Ana.
Pendant ce temps, la liste des non-repentants est:
– Miguel Aukel, membre du réseau de Techo 000 il a reçu des bateaux pleins d’argent des Etats-Unis.
– Chuleta Rosales. Accusé avec son père Mauricio Rosales d’appartenance au réseau.
– Efrén Méndez Dumes, un Mexicain, vivait en Bolivie, en tant que trafiquant américain dans la corporation ou le cartel de Santa Ana.
– Pablo Girón. Il a prétendu être le chef de la police judiciaire du Mexique, a avait promis une protection officielle et un million de dollars pour chaque 1 000 kilos de cocaïne qui entrait aux États-Unis.
– Hector Brumel. Un mexicain, lié à Pablo Girón, qui a promis lui aussi une protection officielle pour faire entrer des tonnes de cocaïne aux États-Unis.
– Rolando Ayala. Pilote du cartel de Santa Ana, qui volait entre les Etats-Unis et la Bolivie. Il est cité dans « Deep Cover: The Inside Story of How DEA Infighting, Incompetence and Subterfuge Lost Us the Biggest Battle of the Drug War… de Michael Levine » et dans « Eclipse of the Assassins: The CIA, Imperial Politics, and the Slaying of Mexican Journalist Manuel Buendia de Russell H. Bartley et Sylvia Erickson Bartley.
– Jorge Carranza. Un ancien officier militaire mexicain accusé avec Pablo Girón et Héctor Brumel d’avoir facilité l’entrée de la cocaïne aux États-Unis.
Il en existe un autre d’Adrian : Adrián Velarde Huamaní, alais « El chato Adrián » un péruvien et un des plus importants producteur de coca dana les Vallées de los Ríos Apurímac, Ene et Mantaro (Vraem). Il a été capturé récemment… au Brésil. Selon La Republica, « El Chato Adrian » travaillait avec Hernán Flores Villar, à qui la police a confisqué 1 300 kilos de pâte de base dans quatre camions à benne basculante interceptés à Lima et à Moquegua, en route pour la Bolivie, en février et mars 2007. Adrián Velarde avait son centre d’opérations à Llochegua, dans la jungle de Huanta et envoyait en Bolivie et au Brésil ds stupéfiants produits dans le Vraem. En 2011, la police antidrogue avait capturé 264 kilos de pâte de cocaïne de base appartenant au trafiquant de drogue. Adrián Velarde a préparé le départ des laboratoires du Vraem d’une tonne de pâte de cocaïne de base destinée à Santa Cruz, en Bolivie. Pour éviter de perdre la totalité de la cache dans le cas d’une opération policière, les trafiquants de drogue avaient choisi de déplacer la marchandise par éléments séparés. C’est ainsi que 264 kilos étaient cachés dans le ruisseau au bord de l’autoroute Churcampa-Mayocc ».
(4) comme l’indique ici Wikipedia : « Klaus Barbie (sous le pseudonyme d’Altman), criminel de guerre, ancien chef de la Gestapo de Lyon, Stefano Delle Chiaie, membre de Gladio, qui participa à la stratégie de la tension pendant les années de plomb, ont pris part au Cocaine Coup (en) de Meza Tejada, soutenu à Buenos Aires par la junte de Jorge Rafael Videla (voir Opération Charly) ainsi que par le parrain de la drogue Roberto Suárez Goméz. Une partie de la bourgeoisie soutient le putsch, en particulier dans la province orientale de Santa Cruz, fief des trafiquants, des paramilitaires et des phalangistes. La Centrale ouvrière bolivienne, qui tentait d’opposer une résistance, est violemment réprimée. Des rafles massives se succèdent et plus d’un millier de personnes sont tuées en moins d’un an. Officiellement président, Meza Tejada est rapidement isolé sur la scène internationale : son régime se finance par le trafic de stupéfiants, en particulier de cocaïne. Le régime est néanmoins soutenu par le Brésil, l’Uruguay et surtout par l’Argentine qui dispose sur place de plusieurs centaines de conseilleurs militaires qui aident à éliminer l’opposition. L’Argentine obtient en échange des contrats commerciaux très favorables : le contrat de fourniture de gaz de gaz de la Bolivie à l’Argentine est renégocié à 2,50 dollars le mètre cube au lieu des 5 dollars pratiqués au cours international. Luis García Meza Tejada quitte le pouvoir le 4 aout 1981, après un cinquième coup d’État déclenché conte lui. Avec l’appui des États-Unis, le général Celsio Torrelio devient président. Luis Arce Gomez, son ministre de l’Intérieur, est extradé aux États-Unis sous le gouvernement de Jaime Paz Zamora pour ses responsabilités dans le trafic de drogue.
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