Il existe un triple volet historique de l’affaire, comme cela concerne surtout la Bolivie, le Paraguay et le Brésil essentiellement. Pour le premier, le rôle de la dictature de Banzer est primordial comme on va le voir durant les épisodes suivants, car il nous faut aujourd’hui décortiquer les origines de tout ce fléau. Une étude historique qui ne sera pas sans surprises comme vous allez le voir… les liens de la dictature étant fort sombres, sinon vert-de-gris…
On l’a observé, ici dès l’épisode 17, l’historique des vols pour apporter les armes aux Farcs en échange de cocaïne explique beaucoup de choses déjà. Mais la propension de la Bolivie à s’être munie d’avions Cessna pour le transport de drogue demeure difficile à expliquer… à moins de revenir quelques décennies en arrière et d’en revenir au temps de la dictature d’Hugo Banzer, formé ne l’oublions pas à Fort Hood (à la sinistre et célèbre « Escuela de las Américas » , lire ici les liens entre la CIA et l’Amérique du Sud), car s’il y en a bien un qui avait facilité l’achat d’appareils de la marque américaine c’était bien lui, avec à la clé, on s’en doute de copieux dessous de table. Un texte fondamental nous montre ses liens évidents ; celui d’une délibération de conseil de ministres de l’époque, portant sur l’achat d’avions… exclusivement de marque Cessna (à droite le FAB 355, un Cessna T210 Centurion, dont on remarquera le Venturi fixé à l’avant de sa porte gauche) :
Considérant :
-1) Que la Force aérienne bolivienne, est engagée dans un plan de renouvellement de matériel aérien pour lequel l’étude précédente a fait rapport à l’autorité compétente sur la qualité, le prix et les caractéristiques nécessaires pour que l’offre soit soumise, a jugé bon d’acquérir huit avions « Cessna » 185 et deux avions « Cessna » Centurion 11-210 Turbo Factory à la « Cessna Aircraft Company » des Etats-Unis, par l’intermédiaire de son représentant dans le pays « Oasis Air Aviation » (« Oasis of the Air.) » avec des fonds de votre budget:
-2) Que, selon le rapport susmentionné, il a été décidé d’acquérir des avions monomarques pour des raisons de maintenance et pour faciliter la fourniture de pièces de rechange;
Le conseil des ministres, décrète :
Article 1. il autorise l’acquisition de la Force aérienne bolivienne de huit avions « Cessna » 185 et deux avions « Cessna Centurion 11-210 Turbo Signature » de la « Cessna Aircraft Company » des Etats-Unis, par son représentant Bolivien «Air Oasis Aviation » pour la somme de deux cent quatre cent onze mille soixante-six et trente-cinq cents(dollars US. 411.266.35), cette dépense doit être appliquée aux prévisions budgétaires de l’administration actuelle de la force aérienne, selon le plan de paiement à établir dans le contrat qui sera signé à cette fin (à droite ici le FAB-301 en fin de vie). Ci dessous, les premiers Cessna de la FAB finalement scrappés. A gauche on distingue le FAB-202.
Article 2.- Libre acquisition des droits de douane et d’importation.
Les ministres d’État aux Finances et à la Défense nationale sont chargés de l’exécution et de l’exécution de ce décret.
Il est donné dans le palais du gouvernement dans la ville de La Paz le vingt-sixième jour de juin de l’année 1973 »… et ce ne sera pas le seul , car par un autre « décret suprême » No 11791 du 12 de setpembre 1974, la FAB fera l’acquisition supplémentaire d’un « Cessna 414 Prezurised » cette fois, amené directement de Wichita Kansas, où se trouve l’usine Cessna, représentée en Bolivie par la firme »Urdini Motors Ltda. » Idem avec celui No 13567 du 14 mai 1976, qui « autorise le Commandement Gral. de la Fuerza Aérea Boliviana, à acquérir de la société “Cessna Aircraft Company”, de Wichita-Kansas, à travers son représentant en Bolivie “Reico Ltda” à acheter un avion Cessna pour . 350 805 dollars ». Le premier avril 200, un Cessna C- 421, immatriculé FAB – 014 de la TAM s’écrasait sur l’aéroport d’El Trompillo, faisant 4 morts, tous des forces aériennes boliviennes.
Directement venus de Wichita
A voir comme seul interlocuteur « la firme de Wichita Kansas », on imagine très vite les transactions et les versements occultes au staff du dictateur.
A ces Cessna s’ajouteront par le décret No 11790 du 12 septembre 1974 cinq appareils du type “Convair CV 580 » achetés à la société “Aviación Sanford” de Torrance, en Californie pour 2 700 000 dollars (à gauche le FAB-72 stationné à la Paz fin novembre 2009. C’était le CN-132, construit en 1953. Il a fini au Museo Aeroespacial de le Fuerza Aérea Boliviana. A droite, il est photographié à une date indéterminée à Santa Cruz – El Trompillo avec devant lui un CP-1631, un PA–32 avec qui avait débuté la société Elorza Servicios Aéreos S.R.L, en 1995. Le Cessna 207-00593 d’Elorza, immatriculé CP-2543 vient de loin, lui aussi, car c’est en fait l’ancien N73463, exploité par Wright Air Service, Fairbanks… en Alaska.
Il est devenu bolivien le 15 août 2008 seulement. Comme pour beaucoup d’autres avions, il avait été sérieusement accidenté, victime d’une fuite d’huile moteur, il s’était posé en catastrophe sur une route et était « entré en collision avec un fossé, ce qui a causé des dommages considérables aux ailes et au fuselage » avait indiqué le NTSB. Une alerte préalable n’avait pas été prise en compte : ‘l’un des facteurs ayant contribué à l’accident a été la décision inappropriée du pilote en vol de poursuivre le vol après avoir noté la perte de pression d’huile ».
Outre cela, qui déjà nous avait mis la puce à l’oreille, c’est la découverte de l’adresse de son propriétaire qui avait interpellé: au 1560 Club Dr à Tarpon Springs, en Floride. La banlieue où était installée toute la famille de Martín Rapozo Villavicencio !!! Etrangement, l’avion arborait en 2009 (ici à gauche) une décoration d’un style plus récent qu’en janvier 2016 (ici à droite), et là le 23 décembre 2014) … ci-dessous un autre 207, celui de la FAB, abandonné dans un coin de l’aéroport de Trinidad – Jorge Henrich Arauz (photo de 2008 de Trevor Bartlett).
Banzer et son narco-pays
Banzer, un dictateur ayant clairement visiblement choisi le camp des… trafiquants, dont il favorisera l’essor dans le pays. Si l’on cherche à établir une hiérarchie chez les pires dictateurs d’Amérique du Sud, Pinochet est souvent cité en tête. Mais la dictature de Banzer a peut-être bien été pire, car elle s’est appuyée sur un système pourri jusqu’à la moelle dans laquelle la cocaïne est l’élément le plus déterminant. Les trafiquants ont tellement été les rois sous Banzer que trente ans après on en sent encore les ravages à tous les niveaux : en somme, en Bolivie, rien ne changera jamais tant qu’on leur déroulera le tapis rouge, ce qu’à fait comme ses prédécesseurs Evo Morales, déguisant habilement ce soutien en défense de la communauté indigène.
Oasis of the Air, l’entreprise d’aviation qui avait reçu les Cessna avait été répertorié par la CIA dans un document qui avait révélé une autre découverte : celui de l’implication de la Bank of America dans le régime dictatorial et le trafic de coke (rien n’a changé, je vous dit) ! Au passage on notera aussi que certains avions plus récents dévolus aux forces aériennes n’ont pas été achetés, mais proviennent… des narco-trafiquants, des avions qui ont été saisis. Selon le spotter Trevor Bratlett, déjà cité, celui-ci, un Piper PA-28-235 Cherokee devenu FAB-246 en ferait partie (la photo a été prise en 2008 dans le hangar de l’armée de Trinidad – Jorge Henrich Arauz.
Mais il n’y a pas eu que Banzer, il y a eu aussi le rôle des mafieux liés à la droite extrême
Hugo Banzer n’est en effet pas le seul responsable de cette dissémination. Les gangs de trafiquants lui ont emboîté bien vite le pas, et le régime n’a rien fait pour les freiner, bien au contraire. Un régime de terreur se nourrissant de la terreur, on peut parler d’intérêts communs en ce qui les concerne (à droite le FAB 021 de la FAB, le Cessna 402C, le N°402C0614, qui aura toujours appartenu à la FAB : c’est donc aussi l’un des premiers commandés au temps de Banzer puisqu’il n’a eu que brièvement l’immatriculation N68790 chez Cessna. Il volait toujours en 2015, muni de ce qui semble bien être une ouverture pour caméra comme en réalise la division « modification » de Sierra Nevada ; visible ici (1). « L’Observatoire Liberande menée par la Croix-Rouge nationale antimafia Libera (Italie) en 2009 a propagé un reportage important d’un journaliste bolivien Wilson García Mérida, qui démontre que le trafic de drogue continue d’alimenter les crimes contre l’humanité (…) » L’homme, directeur en chef et responsable du journal Sol de Pando a dû depuis quitter le pays en 2016, pour se réfugier au Brésil, poursuivi par les accusations de « sédition » tenues par le Ministre de la Présidence de Bolivia, Juan Ramón Quintana. Il devait, vous vous en doutez, avoir mis l’accent sur ce qui pouvait fâcher ce même gouvernement, à savoir sa cruelle inertie vis-à-vis du trafic de cocaïne. Son analyse du problème est pourtant très claire : des mafieux liés aux mafias italiennes étaient devenus les maîtres du trafic, il y a près de 30 ans maintenant, grâce à un sérieux coup de pouce de la CIA pour propulser au pouvoir Hugo Banzer.
Le récit du journaliste
Le récit de son installation démarre par ce qu’on appellerait aujourd’hui une « fake news : la fausse annonce du décès d’un chef des narcos, selon lui protégé par la DEA américaine. « En 1992, dans la section nécrologique de Los Tiempos un avis religieux est apparu annonçant la mort aux États-Unis, un trafiquant de drogue connu, « Adrian » (ZZZ), lié à la bande de Jorge Roca Suarez (alias Techo de Paja, « Tête en paille » car il se teignait un temps les cheveux en blond), le successeur du « drug lord » Roberto Suárez Goméz. L’annonce a provoqué le rire à Cochabamba car tout le monde savait que ce pichicatero qui a lavé ses dollars dans cette ville dans ses chaînes de restaurants, motels et maisons closes, était bel et bien vivant à San Diego, en Californie, avec une nouvelle identité et bien protégé par la DEA ( l’agence nord-américaine de lutte contre les stupéfiants); mais, avant « sa mort », il a été libéré des charges pour divers crimes qu »Adrián » avait commis en Bolivie. Quelques années plus tôt, en 1989, on avait parlé de la mort, dans le département de Beni, du mafioso Yayo Rodríguez Román, accusé d’avoir organisé l’enlèvement et d’avoir assassiné 36 brésiliens dont les corps avaient été retrouvés dans une fosse commune découverte au ranch du narcotrafiquant. Yayo Rodriguez avait volé ses avions à la frontière avec le Brésil, tuant leurs propriétaires, pour effectuer des vols au dessus du golfe du Mexique (une voie libérée par la DEA pour la drogue en Bolivie « après Roberto Suarez »), aux endroits où il avait déchargé la drogue, après quoi les avions « jetables » avaient été jetés dans la mer. Yayo Rodríguez a été « enterré » avec les pompes funèbres solennelles mais son corps n’a jamais été revu. Lorsque l’accusation a voulu exhumer le corps, on a trouvé des pierres dans le cercueil. « Quoi qu’il en soit, dans son édition du 13 avril, El Deber de Santa Cruz a annoncé des nouvelles au sujet de la « mort » de Marco Marino Diodato (ici à gauche), l’italien paramilitaire et trafiquant qui est arrivé en Bolivie avec les mercenaires de Klaus Barbie avec un plan pour soutenir le coup d’état de Luis García Meza (2) en 1980 (selon le journal il se serait pendu à un arbre de la propriété de Luis Fernando Finetti Justiniano, un homme « d’origine italienne, qui « avait travaillé pour Diodato dans les activités de jeu et a été l’un de ses rares amis. »). « Diodato, qui avait épousé une nièce de l’ancien dictateur Hugo Bánzer Suárez, avait fui Santa Cruz en 2004 après avoir assassiné avec une bombe de forte puissance le procureur Mónica von Borries (ici à droite les restes de sa Jeep volatilisée, façon mafia italienne avec le juge Giovanni Falcone).
« La nouvelle inhabituelle de la mort du meurtrier, non confirmée du tout, est encore ce vieux truc si courant chez les gangsters de même acabit » écrit sans hésiter Wilson García Mérida, qui explique que celui qui devait lui montrer l’endroit où il était mort et où il avait été enterré, lui aussi était subitement disparu alors qu’il avait obtenu un rendez-vous avec lui… « Malgré plusieurs mois passés depuis la publication de cette « révélation », la police et les autorités judiciaires qui recherchent Diodato pour l’assassinat de Monica von Borries fiscale n’ont pas trouvé le cadavre supposé. Au contraire, ces derniers jours on a entendu des versions insistantes comme quoi le dangereux mafioso aurait été vu à plusieurs reprises dans les territoires du « croissant » où il y a eu un massacre impitoyable, celui de Pando le 11 septembre, en plus d’autres actes d’escalades criminelles menant vers un coup d’État. Entre mai et juin de cette année (2009), le département de Pando, une zone qui est sous l’orbite de Santa Cruz sur le terri
toire du « croissant » qui cherche à séparer le gouvernement indigène d’Evo Morales, est devenu la scène d’une vague de crimes et de meurtres commis par des tueurs à gages des trafiquants de drogue qui sont, en toute impunité et sous la protection du « gouverneur » séparatiste Leopoldo Fernández, installés sur le territoire amazonien de la Bolivie. «
Marco Marino Diodato, selon »Datos & Análisis » écrit aussi Wilson García Mérida, « était retourné à ses activités de conseil à la « Unión Juvenil Cruceñista” néfasciste (ici à droite) dont il est « membre honoraire » depuis 2001. Cette organisation paramilitaire qui suit les ordres du président du Comité civique Pro Santa Cruz, le propriétaire croate Branco Marinkovic, a étendu son influence et ses activités à d’autres régions de l’orbite de rupture, y compris Cochabamba et Chuquisaca, en plus de Santa Cruz, Beni, Tarija et Pando ». En 2010, face aux accusations de complot, Marinkovic était allé se réfugier … aux USA !!! Le poids de sa famille en Bolivie est énorme : avec son entreprise spécialisée dans les oléagineux (tournesol et maïs), créé en 1967 par Silvio Marinkovic, son père, il produit aussi du soja et du riz dans d’énormes propriétés (pas moins de 10 000 hectares chacune) et possède aussi 15 000 têtes de bétail, une entreprise qui était aussi actionnaire de Banco Económico, avant son départ aux USA. A gauche, la photo d’un jeep du mouvement fasciste arborant un signe sans ambiguïté… de drôles de chrétiens en effet !
La Bolivie qui mène à… la Hongrie via une très étrange affaire
Ses sombres années boliviennes nous ont été rappelées avec l’affaire présenté le 27 avril 2015… en réalité l’épilogue d’une affaire compliquée et bien tortueuse remontant à 2009 expliquée ici par La Razon : « le Hongrois Elöd Tóásó (ici à droite avec un énorme fusil de sniper) et le croato-bolivien Mario Tadic, condamnés à cinq ans et dix mois de prison pour soulèvement armé en 2009 contre la sécurité de l’État, ont été évacués de Bolivie dans une opération secrète avec l’aide du gouvernement hongrois. L’opération, qui impliquait également une organisation caritative baptisée La Caridad, s’est déroulée vendredi après-midi dans la ville chilienne de Chungará, près de la frontière avec la Bolivie, après que les autorités locales n’aient restitué leur passeport qu’en mars, ils ont été libérés en purgeant leur peine. La Caridad a souligné que Tóásó et Tadic (ici sur la photo à gauche les deux à leur procès Mario Tadic à gauche, et Elod Toaso à droite ) « ne se sentaient pas en sécurité en Bolivie et ont demandé l’aide de la Hongrie ».
L’opération a été réalisée « en évitant l’attention des services de sécurité boliviens ». Les deux arriveront en Hongrie dans les prochains jours, du Chili, où ils sont maintenant, a déclaré l’agence MTI. Tóásó et Tadic ont été condamnés le 20 février pour insurrection armée en 2009 contre la sécurité de l’Etat à des fins sécessionnistes. Auparavant, ils avaient admis leur complicité dans ce crime et se soumettaient à un processus judiciaire abrégé. Tóásó, 35 ans, et Tadic, 61 ans, ont été capturés en avril 2009 lors d’une opération de police contre un groupe armé dans lequel étaient morts Eduardo Rózsa Flores, croato-hongrois, Aryak, un roumain et l’irlandais Dwayer Michael Martin ». Selon les boliviens, les deux loustics « préparaient un plan « séparatiste » financé par les dirigeants de l’opposition de Santa Cruz… » s’apprêtant même à s’en prendre personnellement à Evo Morales et vice-président Alvaro Garcia Linera… comprenez par là les narco-trafiquants, liés au mafias européennes croates !!! Or les corps rapatriés dans leur pays avaient révélé une version différente de l’officielle : il n’y avait pas eu « d’assaut » et ils avaient tous les trois été froidement exécutés !
Selon Desde Hungri, tout tournait en fait autour du chef de l’expédition, Eduardo Rózsa Flores (ici à droite, affichant son goût immodéré pour les armes), fils d’un juif hongrois György Obermayer-Rózsa, qui avait émigré en Bolivie et s’était converti à l’Islam en 2003 en même temps qu’il se liait à l’extrême droite hongroise (???). Qu’était-il donc venu faire en Bolivie ? Le site en a trouvé la raison : « Selon Rózsa lui-même, qui a accordé une interview au journaliste hongrois Andras Kepes peu avant son dernier voyage en Bolivie, il avait reçu une offre du gouvernement de Santa Cruz comme chef de la police pour former une force de légitime défense contre une opération militaire imminente du gouvernement Bolivien dans le département. Rózsa, bien qu’il ait vécu longtemps en Hongrie, a déclaré qu’il aimait sa patrie et qu’il était prêt à donner sa vie pour la défendre, sans rien imposer. Il a dit que le gouvernement bolivien était probablement au courant, et qu’il volerait à l’état de frontière avec le Brésil du Mato Grosso, où vous venez à Santa Cruz par voie terrestre à travers un transport facilité par les contrebandiers locaux (il est ici présenté à gauche sur une chaîne de TV en habit de militaire).
Dans l’interview il a déclaré que son but n’était en aucun cas de mettre fin au gouvernement d’Evo Morales, mais seulement de créer des forces d’autodéfense à Santa Cruz. Il a mis comme condition que son nom ne soit pas été livré avant son retour du voyage ou sa mort, pour des raisons de sécurité ». « D’autres versions suggèrent qu’en réalité l’objectif était pour Rózsa de créer une force paramilitaire locale pour commencer une guerre civile et réaliser la sécession de Santa Cruz de la Bolivie. C’est peut-être ce pourquoi le gouvernement bolivien a cru donner le feu vert à l’opération policière. Le journaliste espagnol Guerre Jules César Alonso a déclaré que plusieurs programmes de télévision bolivienne ont suivi Rózsa pendant des années dans les guerres des Balkans, et dit que c’était un mercenaire qui s’est spécialisé dans l’initiation et la préparation de guerres, avec son groupe sélectionné d’hommes, une tâche qu’il serait allé mener à bien en Bolivie avec ses amis des groupes d’extrême droite, en soutenant avec sa déclaration la version officielle du gouvernement bolivien.
Selon Alonso, Rózsa et ses hommes ont été délibérément exécutés (ici à droite son cadavre, affiché sur le site hongrois de Kuruc) par les forces d’élite (plus tard fait bâclé une tentative de la faire ressembler à un échange de tirs) pour annuler la possibilité de la guerre civile et la sécession (il est venu à comparer le cas à celui du Kosovo) ». La connexion entre Toaso, Magyarosi et Rózsa, était, selon les médias hongrois, « avait comme origine la Szekely Legio (Légion Székely), un groupe fondé en 2002 par les Hongrois ethniques en Transylvanie unis par leur désir d’indépendance de la région, et qui selon eux, pratiquaient différents sports tels que l’escalade, la survie en montagne ou l’airsoft ».
L’autre version des faits : la bonne ?
Tout cela aurait pu se tenir en effet. Mais à cela s’ajoute une autre version, bien plus complotiste encore et signée… des USA : celle de Wikileaks, qui vaut elle aussi le détour : » cependant, les services de renseignement de documents des États-Unis publiés par Wikileaks, complique encore l’histoire alambiquée, affirmant que ce n »était en fait pas le gouvernement d’opposition de Santa Cruz qui a embauché Eduardo Rózsa pour commencer une guerre civile ou de créer une police de la défense, mais que c’étaient les services secrets du gouvernement de la Bolivie eux-mêmes, pour monter un faux complot terroriste et justifier la persécution subséquente des opposants de Santa Cruz, le principal bastion de l’opposition contre Morales et des indépendantistes, en raison de leur situation économique privilégiée . La source semble fiable selon le rapport, et est renforcée par la version sombre de l’opération de police à l’hôtel Las Americas, qui, à en juger par les rapports des autopsies, a conclu a des éxécutions sommaires par la police d’élite bolivienne. L’ancien procureur de l’affaire (appelé Terrorism Case) Marcelo Soza, exilé au Brésil, confirme cette version. » Le gouvernement bolivien aurait su attirer cette sorte de milice d’extrême droite ? Oui, et c’est l’étude de l’histoire mouvementé du pays qui explique comment... « Ce groupe de personnes avait-il vraiment un côté sombre? Ont-ils embauché des mercenaires qui allaient déclencher une guerre civile en Bolivie contre le gouvernement d’Evo Morales? Son but était-il de former une police à Santa Cruz, protégée par le gouvernement régional ? Sont-ils tombés dans un piège organisé par les services secrets boliviens pour avoir une excuse et attaquer les opposants de Santa Cruz, les neutralisant en tant que dirigeants politiques? Il existe des versions et des opinions pour et contre toutes les théories. » conclut l’excellent article de Desde Hungria. Le pays aurait-il contenu réellement des forces susceptibles de faire un coup d’Etat ? L’histoire aussi, va nous servir à étayer la thèse… habilement menée par Morales (nous verrons ça dans le prochain épisode) !
Autre révélation très troublante
Tout cela ne s’arrange pas vraiment pour la Bolivie, en tout cas avec une autre révélation explosive de Wikileaks, révélée plus tardivement en 2016 qui démontre que le spectre de Banzer plane encore beaucoup sur le pays : « des câbles secrets de l’ambassade des États-Unis, qui ont été publiés par le site WikiLeaks confirment que le ministre de la présidence, Juan Ramon Quintana (ici à droite avec le président Morales), a été formé à l’École des Amériques et a travaillé dans le gouvernement de Hugo Banzer jusqu’en 2000. Les câbles, publiés en 2010, ont encore circulé sur les réseaux sociaux hier. La semaine dernière, le vice-président Alvaro Garcia Linera a présenté le livre « BoliviaLeaks: US L’ingérence politique contre le processus de changement » en fonction des câbles de WikiLeaks, avec qui il a dénoncé les noms des présumés « informateurs » Boliviens des Etats-Unis. L’un de ces câbles, du 24 janvier 2006 et sous le code 06LAPAZ180 indique que « Quintana a servi en tant qu’officier de l’armée bolivienne et comme analyste politique au ministère de la Défense (…) et qu’il a reçu une formation d’infanterie à Fort Benning, Géorgie (École des Amériques) « . L’École des Amériques (située à Fort Benning) est un centre d’entraînement militaire et idéologique américain pour le personnel militaire latino-américain, dont certains sont impliqués dans des coups d’État militaires des années 70 et 80, accusés de violations des droits humains. L’autre télégramme, daté du 31 mars 2006 et du code 06LAPAZ906, dit que Quintana est «un ancien militaire en colère qui a été démis de ses fonctions au ministère de la Défense en 2000 sous le régime de Banzer. Quintana a toujours soupçonné que les États-Unis étaient derrière son renvoi, ou par quelqu’un qui avait leur soutien, et c’est à la suite de cela qu’il est devenu un fervent anti-américain. « Ce câble indique également que les États-Unis lui ont prêté assistance, ce qui avait permis de cacher Morales ». Le texte dit: « Le mépris de Quintana pour les Etats-Unis est si profond qu’il n’a même pas livré à (Evo) Morales des informations sensibles fournies par les agences de renseignement américaines pour empêcher le président de savoir que les Américains l’aidaient. »
Pour éclaircir tout cela, il va falloir aussi nous plonger dans un peu de littérature, dans le prochain épisode… très bientôt ici-même.
(1) par ricochet, on tombe sur de belles perles sur le net, par pur hasard, parfois. Je viens de vous parler des ateliers de Sierra Nevada, cette société qui est cul et chemise avec l’armée US pour des opérations spéciales, avec des avions bourrés d’électronique et de caméras. En observant bien l’image de l’installation de la trappe sur un Cessna 402, dans l’atelier vous pouvez apercevoir au fond un autre Cessna à aile haute celui-là.
Un Cessna U206G Soloy Stationair, à savoir à moteur à turbine, de couleur rouge, gris et blanc, immatriculé N9957R (U20606999). Chez Sierra il était en réparations, car il s’était posé en express le 22 janvier 2015 dans un champ de Westminster, dans le Colorado, en y cassant son train avant, labourant au passage les cultures locales (photo ici à gauche). L’avion était inscrit au nom de la société « Silver Creek Aviation Services de North Worth au Texas. Le premier travail des policiers venus sur place avait été de…. dissimuler son immatriculation car c’est tout bonnement aussi un des avions -discrets- de la DEA, inscrit jusqu’en 2011 sous ce rôle…! il serait intéressant de savoir où il avait volé auparavant… c’est un des 30 avions « discrets » qui sillonnent le pays avec des caméras embarquées !!! Je vous parlerai bientôt ici de ces engins….
(2) Mort fort récemment, pendant la rédaction de cette série :
Extraits de l’article du Monde relatant sa carrière mortifère : « Connu sous le surnom de « narcodictateur » pour ses liens notoires avec des trafiquants de drogue de Bolivie, le général avait pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat sanglant pour renverser la présidente par intérim Lidia Gueiler. Férocement anticommuniste, le dictateur était resté au pouvoir du 17 juillet 1980 au 4 août 1981, avant d’être à son tour déposé. Il avait dirigé le pays d’une main de fer, recrutant même l’ancien nazi Klaus Barbie pour mettre sur pied un groupe paramilitaire, surnommé « les fiancés de la mort », pour assassiner des opposants. L’Association bolivienne des prisonniers et proches de disparus de la dictature (Asofamd) a déploré sur Facebook que sa mort prive le peuple bolivien de justice pour les assassinats, les tortures et les disparitions survenus durant les treize mois qu’il a passé au pouvoir. Pour l’association, « il est mort protégé par l’armée »dans l’hôpital militaire Cossmil. Accusé du « massacre de la rue Harrington » et de l’assassinat d’un dirigeant socialiste… Le général avait été condamné en avril 1993 à trente ans de prison, aux côtés de l’ancien ministre de l’intérieur Luis Arce Gómez, mais s’était enfui avant d’être capturé au Brésil en mars 1995 et extradé en Bolivie. Parmi les crimes qui lui étaient reprochés figure le « massacre de la rue Harrington », le 15 janvier 1981, lors duquel 22 dirigeants du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) avaient été tués par des paramilitaires, ainsi que l’assassinat du dirigeant socialiste Marcelo Quiroga Santa Cruz ». Avec Hugo Banzer, dictateur (1971-1978) puis président (1997-2001), García Meza est considéré comme le plus sanguinaire des dictateurs militaires boliviens au XXe siècle ».
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