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Coke en stock (CCCXVI) : l’implication française et ses conséquences

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Le Boeing oublié de Tarkint, dix ans après, c’était la révélation du nouveau chemin choisi par les producteurs colombiens pour envahir le marché européen si prometteur. Leur allié sur place, la ‘Ndrangheta était là pour les accueillir et assouvir tous leurs souhaits. Les deux partis y avaient tout à gagner. Le chemin du Sahel, c’était le palliatif aux efforts européens pour tenter de juguler les arrivages directs par container, dont Anvers était devenu la plaque tournante. Pour y arriver il avait fallu bâtir toute une structure capable de s’occuper d’au moins deux très gros porteurs, un éclaireur et son doublon de secours, selon un scénario qui a été reconstitué après coup.  Un système qui a dû négocier avec les terroristes sahéliens, ravis d’augmenter ainsi plus que sensiblement leurs revenus pour se procurer de nouvelles armes et des Toyota neuves. La ‘Ndrangheta, de cette manière, restait fidèle à elle-même, celle d’être un groupe lui-même terroriste, opposé à toute idée d’Etat démocratique.

Confirmation du trajet

En novembre 2015, nouvelle info : la sûreté mauritanienne arrête un trafiquant vénézuélien du nom de Zabta Ariki Garcia. Selon lui, le fameux Boeing avait fait d’abord le voyage en partant bien… du Sénégal.  « Le Boeing arrivé dans le Nord du Mali en 2009 et chargé de cocaïne appartenait à la compagnie aérienne Portocargo dont j’étais le représentant, a-t-il avoué, affirmant que cette société avait un différend judiciaire avec le fils du Président sénégalais, finalement dénoué au terme de 3 mois de négociation. L’avion s’est dirigé, après le règlement du malentendu, vers la Guinée-Bissau, avant de prendre le cap vers le Panama, où il a changé de nom (cf d’immatriculation) avant de s’envoler pour la Colombie, pour embarquer de la drogue et se diriger par la suite vers le Nord du Mali », a-t-il ajouté. Le suspect a avoué en outre avoir de nombreux partenaires dans la sous-région et en particulier en Mauritanie. Le hic, c’est que les complices qu’il a nommément cités ont bénéficié de la grâce présidentielle de Mohamed Ould Abdel Aziz dans d’autres affaires de trafic de drogue. Zabta Ariki Garcia a également fait cas de l’existence, à l’heure actuelle en Mauritanie, d’un autre Boeing transportant de la cocaïne » (en 2016 encore, un autre 727 faisait toujours la noria Amérique du Sud- Afrique de l’ouest ?).  Précisons que Portocargo existe bel et bien, qu’elle est effectivement portugaise, et que c’est une société de fret aérien, naval et sur route.  Et que le conflit avec le fils du président Wade portait bien sur un hangar, celui d’ Africa Air Assistance !

L’engin et ses acolytes de hangar

Le Boeing 727-230F ex Swiftair S.A, EC-JHC 21619-1407 devenu par complaisance saoudienne HZ-SNE était resté quelque temps stocké à Dakar par «Africa Air Assistance» en juin 2009, en vue d’envoyer l’avion au Brésil en juillet. Or cette société a été stoppée en juillet à Dakar car son autorisation de vol globale lui avait été retirée ou plutôt ne lui avait jamais été délivrée. L’envoi du Boeing correspondait donc en quelque sorte à une urgence (il n’a plus de hangar non plus pour l’héberger, comme on va le voir !) . Lors de la découverte de l’épave, on avait vite répandu la rumeur comme quoi c’était le devenu le J5-CGU (N°19372/655 ou J5-GGU),  ex 9G-JET : or celui-là était un Boeing 707, pas un 727 !!! Un Boeing de chez Safari Airlines, lui aussi hors service depuis une sortie de piste à Mombasa, le 13 octobre 2009, après avoir heurté des phares de piste (ici à droite).

C’est l’historique de la société qui est intéressante à décortiquer. En 2007, Africa Air Assistance, une subdivision de West African Aviation, une société installée à Malaga en Espagne, qui se présente comme sachant réparer plusieurs types d’avions et de moteurs, via un site complètement plutôt indigent, est créée, et elle prend sous sa coupe (sans en être propriétaire) en Guinée Bissau plusieurs appareils (alors que les ateliers de réparations d’AAA se situent à Bamako, au Mali, et à Dakar, au Sénégal) : un hélicoptère Ecureuil A350 B2 de 1992, N° 2616, immatriculé J5 – GHA (ici à gauche), appartenant à un sénégalais, Bou El Moctar Doukouré qui n’est autre qu’un ancien commandant de bord d’Air Afrique, fort actif sur le net, c’est un hélicoptère venu du grand nord (de chez HelikopterService AB à Helsingborg en Suède, l’ex OY-HEL et LN-OPI YR-COS LN-OPI, !), un vieux Fokker F-27 de 1960 (10156 ), immatriculé J5-GIA, arrivé dès 2006 à Dakar, attribué à un obscur canadien (Serge Ouimet, qui sent fort le prête-nom) deux Beech 90 J5-GTB (LW – 326), celui-ci appartenant à Claude Alezra, le PDG de Jet-Azur, c’est l’ex TN-AFG de la Congolaise Industrielle des Bois, le J5-GFT (LJ – 456), appartenant à Aerostock, société de pièces détachées venue s’installer à Cannes, dirigée par Eric Boulanger (c’est le fils du fondateur, un ancien de Transair), et en 2009 un Cessna 208B  J5-GAS (appartenant à Mariama Diuouf, visiblement la compagne d’Anders Nielsen, un danois qui est à la tête de Globe Air Service Ltd, de Newton Air, Ltd., et d’International Aviation College Ilorin Nigeria,
Eric Vernet ne possède donc officiellement que deux avions en nom propre seulement, un Beech 200 Super King J5 – GTQ (BB-366, ex D-IBHK et EC-IUV – ici à droite), et le fameux B727-200F, J5 – GCU (21619). Le J-5 GCU n’est autre que le Boeing EC-JHC, ayant appartenu à Swiftair Espagne, devenu ensuite HZ-SNE chez SNAS Aviation avant de finir chez la société d’Eric Vernet. Une photo sous les couleurs de l’EC-JHC (ci-dessous) donne la certitude que c’est bien le Boeing que l’on retrouvera en 2009 incendié en plein désert. Dès 2009, la Civil Aviation Agency de Guinea-Bissau informe le Mali que le dernier appareil effectue des rotations entre la Colombie et le Mali alors que son certificat de vol est dépassé et qu’il serait souhaitable de le voir maintenir au sol, par sécurité, ce que révèle un télégramme de Wikileaks en date du 1er février 2010.

« En l’occurrence,Afrique Air Assistance opérait une petite flotte d’avions opérant dans et hors de la Guinée-Bissau. Éric Vernet, 41 ans, se présente sur place comme étant la troisième génération de la famille installée au Mali. Après être allé en France faire ses études à Montpellier, il a en effet repris l’établissement de son père, une entreprise de menuiserie alu, cédée il y a quelques années pour se consacrer à sa passion, l’aviation, avait-on appris par la presse. En plus du 727 trouvé au Mali, Afrique Air Assistance avait donc 6 aéronefs immatriculés en Guinée-Bissau, plus ceux provenant de la société précédente de Vernet : son Piper Chieftain N202HF; l’avion taxi d’Aero Services Mali (devenu TZ-ASM). En novembre 2008, il avait été ramené des USA via l’Atlantique, muni de réservoirs supplémentaires à bord), et son vieux Twin Commanche F-BUVZ  de 1966 (ex  N8253Y and TR-LKX) rapatrié lui de l’aérodrome de Lognes, et repeint lui aussi.

Le Boeing de secours

Certains de ces avions ont été repérés plusieurs fois au Portugal et en Espagne, où est installée une société appelée West Africa Aviation Services, la filiale de l’espagnole, dirigée par Gueye. « Iba » Gueye, comme il est parfois appelé, a été ainsi enregistré, et exploite un certain nombre d’avions au Sénégal. Il y a bien un bâtiment avec un signe « Aero Club d’Iba Gueye » peint à travers les murs adjacents au terminal international de l’aéroport principal de Dakar où ses avions sont stockés. » Le nom de l’aéroport n’a rien à voir avec le Gueye concerné : Iba, le « véritable » Iba, le premier pilote sénégalais, est mort jeune le 23 septembre 1962 . Le J5-GTQ a été acheté à Wondair, Wondair On Demand Aviation), une société espagnole filiale du groupe Grefusa installée à Valence, dirigée par Javier Diez, nommé en 2006 vice-président de la « Asociación Europea de Aerotaxis ». La société en possédait un second de Boeing 727 : le EC-HJU (21442), le « Boeing 727/230 d’Africa Air Assistance destiné au fret » venait d’être « acheté au Bahreïn » apprenait-on lors de l’avancée de l’enquête : en fait c’est un avion appartenant lui aussi à Swift Air, installé en Espagne, pour son bureau de Barhein. C’est très certainement le modèle photographié ici en Espagne, à Saragosse en juillet 2007. L’appareil avait bénéficié semble-t-il d’une remise à jour des moteurs faite par une société turque, installée à Istanbul, MNG Technic (voir la photo ci-contre).  Ex N302FV, TC-AFP et D-ABKM, il est devenu plus tard A9C-SWA et a été photographié en  2013 à Mogadiscio, en Somalie, venant de Fujairah en août 2013, devenu le N727BM. Il volait alors au nom de Jubba Airways, qui l’avait alors loué à Link Air Charter. On peut s’apercevoir que c’était le vrai « sister-ship » (?) du précédent avec lequel il pouvait être interchangeable par une simple bascule d’immatriculations autocollantes… Ils avaient tout prévu !!! Il vole toujours : le 6 septembre 2019, il est devenu Payaka Airways, une société inconnue (celle d’un DJ ?).

L’atelier de peinture et la signature colorée particulière

Le très vieux Fokker (46 ans lors de son rachat) avait été acheté à Equatorial Airlines, une société de Guinée Equatoriale interdite de vol en Europe pour insécurité manifeste. L’avion avait servi dans l’armée hollandaise au milieu des années 80 (ici sous d’autres couleurs) ex C-GWXD et ex J5-GBU d’Air Bissau, avant de se retrouver au Canada chez West-Ex Airlines comme avion cargo. Le Cessna 208B J5-GAS, avion cargo monomoteur (ici abandonné un temps à Bamako-Sénou), avait été acheté à Lanzarote Aerocargo, compagnie basée à Las Palmas Gran Canaria International dont il a gardé une bonne partie de la décoration extérieure.  Il n’appartient donc pas non plus à Eric Vernet. Les hangars de Bamako sont partagés avec IbiGroup, d’Ibrahim Diawara, une division aéronautique de ses activités de BTP : la société fait voler un B1900D de 18 places, deux Beechcraft 200 de 8 places, dont un spécialisé dans l’ensemencement de nuages, un B C90 de 6 places et un PA32 de 4 places. Ce dernier a été photographié en réparations dans le hangar de Vernet, qui peint tous ses appareils avec le même motif, emprunté visiblement à un avion particulier : le Piper Navajo N6463L qui s’est écrasé à Catia La Mar, un quartier de Vargas au Venezuela, le 28 avril 2008. Un avion fortement soupçonné d’appartenir à un cartel de colombiens et en même temps à « Four Aces Aviation LLC« , une société écran de la CIA. On avait découvert ce jour-là avec surprise que le pilote décédé, le pilote, Mario Donadi Gafaro, n’aurait pas dû être à bord. Il était logiquement encore en train de purger une peine de prison de huit ans pour trafic de drogue dans une prison vénézuélienne !!! Pourquoi ce choix délibéré de couleurs pour ses appareils, lui seul le sait. Le vieux Fokker F-27 J5-GIA avait lui aussi subi le même schéma, se limitant à deux nuances de bleu encore une fois. Le Beech 200 qui était à filets verts est devenu lui aussi à deux tons de bleu, peints au-dessus des existants !!!

Idem encore pour son vieux Piper Twin Commanche ramené de Lognes, devenu TY-ATB au Bénin ! Etonnamment, à Bamako-Sénou on a pu voir longtemps une épave de Britten-Norman Islander immatriculé TZ-389, attribuée à l’armée malienne et portant le même style de décoration, comme le F-27 ou le Chieftain ! AAA s’était-elle attribuée l’engin ? Sans oublier dans la liste le J5-GCU le fameux Boeing « 21619 » attribué officiellement de façon étonnante à Gabara B.V. à Amstelveen en Hollande, alias Hudson’s Bay une chaîne de magasins de mode canadien, mis en faillite récemment, en 2020 !!! Une piste hollandaise qui n’a pas été semble-t-il explorée. Comme celle-ci aussi, danoise) . On notera aussi après la découverte du Boeing et les heurts au Sénégal avec l’ambitieux fils de Wade qui voulait récupérer les hangars, plus l’arrivée de l’opération Serval au Mali pour voir tout le petit monde bien installé d’Eric Vernet s’expatrier au Bénin, avec réinscription des mêmes appareils en TY au lieu de AJ (Guinée-Bissau) chez Air Taxi Bénin ou en TZ au Mali. Un Phoenix, ou un Caméléon ? Mais comment a-t-il fait pour traverser tout ça avec de telles casseroles derrière lui  (à part bosser pour la DGSE, dont le logo affiche les mêmes couleurs que ses avions, ce qu’on n’ose imaginer !) ?

Terrorisme et drogue

Amadou Toumani Touré , alias ATT, a-t-il lutté efficacement contre le terrorisme ? Certainement pas, et pour cause : en plus du trio Devesa-Hacko-Vernet, il a en effet fait libérer deux responsables maures du trafic de la drogue (Mohamed Ould Owainat et un Malien originaire de Lâayoune, au Sahara Occidental) qui avaient été arrêtés tardivement  dans l’affaire « d’Air Cocaïne »du Boeing 727 de Tarkint, à 150 km de Gao. En échange, la communauté Maure formera des milices pour combattre le MNLA, mais sans aucuns succès : mal entraînées et mal armées, elles seront vite décimées dès les premiers combats sous la direction du Colonel-Major Abderahmane Ould Meydou. Ne sachant comment faire, ATT a alors tendu la main au diable raconte ici parfaitement Toumast Press le 22 février 2012 dans un article saisissant  : « c’est ainsi que rentre en scène Ben Maouloud, bras droit du Président Malien Amadou Toumani Touré. Ce dernier contacte l’homme de terrain Baba Ould Achouekh, maire de la commune de Tarkint, et véritable cerveau des relations privilégiées entre la présidence Malienne et le milieu des crimes organisés. Pour rappel, Baba Ould Achouekh est l’auteur de l’enlèvements des 4 otages européens dans le Sahel précisément à la frontière entre le Mali et le Niger le 22 Janvier 2009. Après les avoir enlevés, Baba Ould Achouekh passera de l’autre côté de la table en devenant le négociateur en chef pour leur libération des mains d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Il ne réussira cependant pas à faire libérer l’Anglais Edwin Dyer qui sera assassiné en Juin 2009 par Abou Zeid -un chef radical d’AQMI- après le refus du gouvernement britannique de payer une rançon à l’organisation terroriste ». Le maire de Tarkint, organisateur de l’arrivée du Boeing, devenu négociateur gouvernemental on croit rêver !!! L’homme, habile, en contactera un autre tout autant impliqué dans le trafic : « Après avoir été contacté par le bras droit du Président Malien, Baba Ould Achouekh contactera à son tour le baron de la drogue récemment libéré Mohamed Ould Awainat. De son vrai nom Mohamed Ould Sidahmed, il affirmera à son interlocuteur que la condition sine qua non à toute coopération de sa part sera l’obtention d’une garantie de ne plus être inquiété par les justices occidentales qui l’ont dans leur ligne de mire dans le cadre des dizaines de vols d’Air Cocaïne. » En gros, ATT a fabriqué une immunité à Mohamed Ould Awainat !!! En faisant le roi du trafic désormais protégé par le pouvoir en place qui ne pourra donc que traîner des pieds si l’on découvre des éléments accablants de son trafic, genre avion en morceaux encore fumants !!! Les maires de Ber (Mohamed Ould Sidati) du Front de libération nationale de l’Azawad (FLNA) et d’Aguelhoc (Abinadji Ag Abdallah) sont eux aussi dénoncés dans le lot comme narcotrafiquants notoires.

Les fausses batailles stratégiques d’ATT

Un journaliste, Rémi Carayol, a très bien expliqué la situation : celles d’un chef d’Etat dépassé par les événements, et au courant de tous les trafics courant dans le pays sans chercher aucunement à les restreindre, puisqu’il en bénéficiait, y compris politiquement. Quand les français débarquent en 2013, ça se calme un court temps. « Avec l’aide de l’armée française, l’État reprend le contrôle des territoires abandonnés durant plusieurs mois. À défaut d’être « débranchées », les milices sont marginalisées » écrit-il.
Deux milices communautaires ont été créées pour l’aider : une arabe, dirigée par Abderrahmane Ould Meydou, l’autre touarègue, commandée par El Hadj Ag Gamou (ici à gauche) C’est lui en fait le maître de l’échiquier. En 2014 son groupe devient le « Groupe autodéfense touareg imghad et alliés » (ou Gatia). Ses miliciens se font bêtement repérer comme étant d’anciens rebelles contre l’Etat, un jour : « en 2015, la Minusma constate que plusieurs membres du Gatia blessés dans des combats (notamment à Tabankort) contre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), issue de l’ancienne rébellion et soignés à  l’hôpital de Gao sont des FAMA (Forces Armées Maliennes) qui avaient suivi quelques mois plus tôt la formation prodiguée par l’Union européenne à Koulikoro dans le cadre de la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (European Mission Training Mission Mali, EUTM) !!! Le but de Gamou ? Instaurer le pouvoir des Imghad, et non aider l’Etat, constate amèrement Carayol. Or il règne justement dans les environs de Bourem et dans les localités de Tarkint (on y est !) et Tabankort, près d’Anéfis.

« Il ne participe en rien au retour de l’autorité de l’État, au contraire, il a tendance à la saper », note un expert onusien en poste au Mali. « (…) Quand ses troupes se battent, c’est pour garder le contrôle des passages de drogue en fait et rien d’autre !!! « La milice poursuit en outre sa collaboration avec les trafiquants, comme par le passé. Selon une source diplomatique, nombre de batailles que les hommes du Gatia ont menées contre la CMA (les autres rebelles de la « Coordination des mouvements de l’Azawad »ou CMA) l’ont été pour prendre le contrôle de localités considérées comme des carrefours stratégiques pour les trafics. Un rapport de l’ONU daté d’août 2018 (1) relève que des membres du Gatia escortent les convois de drogue ». Avec au passage des exactions ethniques terribles, visant surtout les Peuls (mais l’autre aussi fait de même !) :  « par ailleurs, à l’instar des autres groupes armés actifs dans le nord, le Gatia a commis de nombreuses exactions contre des civils. En juin 2018, la Minusma a indiquéqu’elle soupçonnait le Gatia et une autre milice, le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), d’avoir tué au moins 143 civils dans la région de Menaka ».  Résultat, dans cette poudrière, les rois sont les trafiquants : ce sont eux qui ont l’argent et les meilleures armes !!!  Les USA, eux, qui observent la situation avec leurs moyens de surveillance aérienne, en ont un jour assez de la duplicité d’ATT : « le , Paul Folmsbee, l’ambassadeur des États-Unis au Mali, demande officiellement au gouvernement malien de rompre avec le GATIA : « le gouvernement malien doit mettre fin à tous les liens à la fois publics et privés avec le GATIA, un groupe de milices armées qui ne contribue pas à ramener la paix dans le nord du Mali » (selon Wikipédia). Ils savent très bien aussi que Tarkint est un nid de transit et d’arrivée de drogue venue de Colombie… par avions ! L’intensité du trafic n’a pas pu leur échapper !!

Le pacte avec le diable, et la mort de deux jeunes français

« Ne reculant devant rien, la présidence Malienne a donné l’assurance à Mohamed Ould Awainat qu’il sera élu lors des échéances de mars 2012 à Bourem comme Haut Conseiller aux Collectivités Territoriales, l’équivalent du Senat dans le système administratif Français. L’élection à ce poste lui permettra d’obtenir une immunité parlementaire qui le protègera de toute poursuite judiciaire nationale et internationale. En échange, le baron de la drogue permettra le recrutement d’autres milices Maures pour combattre le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, touareg) en lieu et place de l’armée Malienne. Cette immunité parlementaire permettra à Mohamed Ould Awainat d’accroitre encore plus son trafic de drogue, et de favoriser le terrorisme dans la région. » . Tout ceci étant scandaleux, mais va verser dans l’horreur en France peu de temps après : « outre son proche Baba Ould Achouekh impliqué dans l’enlèvement des 4 touristes occidentaux, il est à noter que Mohamed Ould Awainat est le cousin germain d’Ahmed Boufalja, qui est l’auteur de l’enlèvement à Niamey pour le compte d’AQMI d’Antoine de Léocour et Vincent Delory, deux ressortissants français qui perdront la vie lors d’une opération militaire conjointe du Niger et de la France (un fiasco total, les deux jeunes ayant manifestement été l’objet de ce qu’on peut appeler une bavure de l’armée française !). « Si ce baron de la drogue obtient une immunité parlementaire, ceci n’entrainera qu’encore plus de chaos dans la région étant donné que l’homme est une pièce incontournable du crime organisé au Mali et dans le Sahel. » La destruction de l’Etat malien est alors en marche… vers un narco-Etat. Le rêve des colombiens et des calabrais, en quelque sorte, peut s’exaucer !

Une rencontre sulfureuse

La suite de l’enquête de nos deux journalistes, pour y revenir après ce long aparté, paraît plus intéressante, et lève un volet supplémentaire à l’affaire : les prises d’otages rapportent, la drogue aussi, l’immobilier de blanchiment pareil, mais il y encore un moyen tout aussi lucratif de s’en mettre plein les poches : « c’est le deuxième jour de nos recherches à Abidjan. « Devant nous se trouve un Français, la soixantaine. Il était le conseiller personnel de l’ex-président (qui est donc Laurent Gbagbo !), est toujours haut placé dans le monde politique et – on ne l’apprendra que plus tard – travaille pour les services secrets français. « La Guinée est devenue un État narcotrafiquant à part entière. Tout le budget de l’État, les salaires des ministres, de la police, de l’enseignement ; tout a été payé par les chefs de la mafia colombienne, qui ont construit des villas de luxe les unes après les autres sur toute la côte guinéenne », explique-t-il. On se donne rendez-vous à Marcory, la banlieue libanaise d’Abidjan, dans un bar au style colonial. Il y a des palmiers en plastique, des serveurs portent des arcs blancs tandis que des serveuses aux décolletés plongeants s’agrippent autour du cou de notre contact et l’embrassent de temps à autre sur la bouche. « La Guinée (nota : la Guinée-Bissau, toujours) est devenue un État narcotrafiquant à part entière. Tout le budget de l’État, les salaires des ministres, de la police, de l’enseignement, tout est payé par les chefs de la mafia colombienne » Rien ne semble le déstabiliser. Il poursuit : « Après la chute de l’amiral Bubo Na Tchuto, tout a changé. La cocaïne est arrivée dans plusieurs ports de la côte ouest africaine, mais surtout à Dakar et à Abidjan. » L’homme qui a fait cet aveu, on le connait bien ici : c’est Bernard Houdin, auteur de « Les Ouattara. Une imposture ivoirienne», preuve écrite des préférences pas dissimulées de celui, ancien du GUD, ici taxé « d’agité du bocal «  et fan de Léon Degrelle depuis toujours par @bidj@n.net. Les deux journalistes auraient pu trouver témoin moins impartial. En France, l’extrême-droite lui déroulera sans hésiter le tapis rouge…

Le trafic de passeports, autre clé du trafic ?

Mais malgré cela, ce qu’il raconte après est plus intéressant encore : « il n’a pas de preuve directe de l’infiltration de la mafia au sein des plus hauts échelons politiques ivoiriens, à une exception près. Il ouvre son portefeuille et sort son permis de conduire. « Jetez un coup d’oeil. Il n’est pas incroyablement bien fait ce permis de conduire ? » Il brandit la carte plastifiée, pas plus grande qu’une carte de visite. « Il est fabriqué par une société spécialisée dans les permis de conduire. Notre ministre des transports est allé jusqu’à Medellin pour trouver une entreprise capable de faire d’aussi bons permis de conduire. Apparemment, on ne peut imprimer et plastifier aussi bien nulle part ailleurs qu’à Medellin. »« En tant qu’agent du gouvernement, j’ai enquêté sur les raisons pour lesquelles nos permis de conduire doivent être fabriqués en Colombie. Notre rapport a montré que personne n’avait aucune raison valable. Il a été rejeté sept fois par le Conseil des ministres. » En haut, à gauche, les passeports (falsifiés) saisis dans le Gulfstream N351SE atterri en Guinée-Bissau avec 600 kilos de coke à bord. Le conseiller se trompe peut-être : on trouve ailleurs des passeports parfaits, et pas si loin : en Centrafrique, notamment !!! Pourquoi avoir cité Meddelin ? Ça me semble un peu trop forcer la main pour relier le tout directement aux colombiens. Pour moi, les deux pilotes du Boeing de Tarkint suffisent largement , comme « Jonny », l’associé de Devesa qui a fini sous sa tronçonneuse !!!

Les vrais-faux passeports de Guinée-Bissau

Cette histoire de passeports imprimés en rappelle en effet une autre. Lors de l’affaire du Phocea on était tombé sur un cas similaire au Vanuatu, avec des papiers imprimés… par un chinois. A la manœuvre,  le fameux ambassadeur Emmanuel Touaboy du Vanuatu, nommé ensuite ambassadeur de Centrafrique en République populaire de Chine (mais viré depuis, il avait même tenté de se sucrer sur la vente d’un Hercules)  et Pascal Saken, et comme invité Zhixin Sheng, un chinois, de la société Emperor Technology Development Co, fournisseuse d’imprimantes modèles « JC-8000 »spécialisées pour imprimer et personnaliser des… passeports !!! Parmi ces invités ce jour-là, il y avait… Jose Marques Vieira, de Guinée-Bissau !!! Un pays qui est devenu l’un des plus gros consommateurs de faux passeports ou de passeports de complaisance, comme le Vanuatu !!! .

Un Saken qui faisait aussi dans la mine d’or, qui était située… au Mali !!! Le passage éclair de Pascal Saken au Mali, le 17 janvier 2013, au début de l’opération militaire Serval décidée par la France, à bord de l’énorme Boeing VIP décrit, dont le vol coûte une fortune, a été noté dans les innombrables photos laissées sur le net par l’ineffable Pascal Saken lui-même (depuis ses 28 sites différents ont disparu, comme sa page Facebook !) et l’une d’entre elles est peut-être bien la clé de sa visite éclair au Mali. Celle où il y rencontrait un malien connu, appelé Cheickna Keita. Or celui-ci n’est autre en effet que l’ambassadeur du Mali… au Brésil (photo ici à gauche de la rencontre). La femme de Pascal Saken étant d’origine brésilienne, rappelons-le. L’ambassadeur lui aurait-il facilité la tâche au Mali ? Pourquoi donc cette visite ??? A quoi rimait-elle donc ??? Est-ce parce que le propriétaire précédent s’appelait Mamadou Keita ? Et pourquoi donc un ambassadeur malien résidant au Brésil aurait-il fait le voyage au pays pour poser « en tenue civile » (il est ici à l’extrême droite en polo rayé) avec lui devant les fouilles de la minuscule mine d’or de Nara Gold, celle dont Pascal Saken serait devenu le propriétaire, selon ses dires ??? Aurait-on oublié depuis que Cheickna Keita était aussi le conseiller diplomatique de l’ancien chef de l’Etat, à savoir Amadou Toumani Touré (« ATT »), noyé jusqu’au coup dans l’affaire du Boeing 727 incendié en plein désert, ayant fait escale… au Brésil, avant sa traversée de l’Atlantique ?

En Centrafrique, même combat en effet : à Bangui, le problème est le même, il existe toujours, et cela fait des années qu’il perdure… note Le Point le 5 novembre 2015, à propos de Laurent Foucher, un homme d’affaires, très occupé : « Toutefois, cette braderie de passeports, y compris de passeports diplomatiques, serait bien antérieure à l’actuel pouvoir intérimaire à Bangui. Elle remonterait à l’ancien président François Bozizé, au pouvoir de 2003 à 2013. Une plainte a été déposée à Paris en octobre 2014 par l’avocat William Bourdon au nom de l’État centrafricain, dans un dossier portant sur des biens mal acquis. Ces documents seraient vendus à des opposants kazakhs (2) mais aussi à des hommes d’affaires et à des proches de l’ancien guide libyen Muammar Kadhafi (Baba Kajali Jobe). Selon Jeune Afrique, cette fraude porterait sur 8 000 passeports ordinaires et 900 passeports diplomatiques !  » Ils se revendent encore 10 000 euros sur le marché informel à Paris », écrit la publication. En effet, il s’agit de vrais-faux, en d’autres termes de vrais passeports vierges, fabriqués à Bangui, distribués contre des sommes d’argent. Ils permettent ensuite aux heureux bénéficiaires de ne pas payer d’impôts et d’échapper éventuellement à des poursuites judiciaires »

Dans cette optique, le voyage express de Pascal Saken et de son frère dans un avion VIP énorme, assez incompréhensible, en pleine opération Serval au Mali aurait pu être déterminé non seulement par la récupération d’or, mais aussi par un besoin de passeports diplomatiques destinés à ceux voulant quitter rapidement le pays, munis d’une cargaison embarrassante. On songe bien sûr à la fine équipe de… Vernet que l’on retrouvera transféré au Bénin avec ses appareils préférés dont le J5-GAS  !

 « Connecting  the dots »l’étrange récit du tunisien Mohsen Dridi 

Un homme, 10 ans après la mauvaise aventure qui lui est arrivée, apporte un élément d’éclairage sur l’affaire qui peut expliquer un peu plus encore les choses. C’est un commerçant tunisien totalement ruiné, qui s’appelle Mohsen Dridi.  Mais avant d’écouter son histoire, remontons un peu le temps et visitons l’entreprise qui a précédé la création d’Africa Air Assistance :  celle d’Eric Vernet, qui s’appelait alors Aéro Service Mali. A l’époque, Vernet tenait un blog plein de malice où il s’était surnommé « Gedeon en vadrouille », aujourd’hui, hélas effacé du net. On y lisait son travail de pilote, tous les jours, à Gao, Tombouctou ou Mopti, et on avait pu y voir aussi, par exemple, un atterrissage à l’aveuglette à Gao en plein brouillard de sable : voler là-bas n’était pas toujours aisé ! L’entreprise, outre le Chieftain Navajo PA-31-350 connu (ayant conservé de façon surprenante son appellation américaine N202HF), possédait bien un Piper PA-32, qui, avec le Chieftain, lui servait à aller chercher du « minerai » au Nord du pays, l’auteur nous gratifiant au passage d’un superbe cliché de « piste de mine » (ici à gauche), une de celles utilisées, ça semble évident, par les trafiquants de tous poils. Ce fameux minerai on apprend un peu plus tard ce que c’était exactement.  Dans son blog, notre « Gédéon » évoquait au passage le chargement de son Chieftain : des passagers à caser mais aussi des bagages, dont des cantines vertes contenant « du minerai » (des sacs de 30 kg de minerai transportés par avion : à moins d’être de l’or, on ne comprend pas très bien le but du jeu de ce transport onéreux(3) : » Quand on voyage en Afrique tout l’espace est optimisé, il y en a : devant dans le nez, derrière dans la cabine, entre les sieges, dans les ailes. Bref, régulièrement faut dire stop, sinon faudrait scotcher les passagers autour de l’avion ou les assoir sur les valises, je sais que certain d’ailleurs le font, mais c’est pas notre genre .Ça arrive aussi que les bagages se transforment en gros sacs de minerai d’environ 30 kg. Quand le chargement est fini, la chemise blanche et le pantalon bleu n’ont plus vraiment les bonnes couleurs avec la poussière de terre rouge qui se colle à nous, surtout que dès le moindre effort avec une température moyenne de 35°c on est tout humide . »

Le récit affligeant du commerçant

En fait c’était bien de l’or qui était transporté par « Gédéeon » ! Or notre pauvre malheureux tunisien, un vendeur de dates ayant fait fortune, en a une à raconter d’histoire d’or, justement, Et vous allez voir, on a eu tort durant toutes ces années, de la laisser de côté.  Ça commence ainsi : « commerçant en Arabie Saoudite depuis 1975, et effectuant depuis peu des allers-retours entre l’Europe et le Sénégal où il convoie des conteneurs de marchandises, Mohsen Dridi avait, au début des années 2010, décidé d’investir toutes ses économies dans le commerce de pierres précieuses : de l’or et du diamant. C’est dans ce cadre-là qu’il a fait la connaissance d’un certain Youssou Guèye, présumé propriétaire d’une « compagnie d’aviation: Air Assistance Afrique, au Sénégal. » (on note le nom, celui de « Youssou » en fait Youssoupha, et non Ibrahima Gueye !). A en croire le témoignage de Mohsen, il avait signé «un accord de partenariat avec cette compagnie sénégalaise et payé la somme de 350 millions de Francs CFA à Youssou Guèye qui devait convoyer la marchandise pour amoindrir les coûts. » Ce que propose le contrat signé au Sénégal, donc, c’est de transporter ses sacs d’or et de pierres précieuses, du commerçant, qui lui sont donc remis. Accord conclu ! (au passage Mohnsen nous a indiqué que « AAA avait 8 avions » à elle. Ce qui fait le tour du hangar en effet !. Tout ça se tient toujours, il n’invente rien !!! Il précise aussi que ses caisses étaient au nombre de 10, pesant chacune 65 kilos.

Mais quand le tunisien souhaite retrouver son bien, quelques semaines plus tard (deux ou trois mois selon lui), il a une surprise : sa marchandise aurait été envoyée au Mali, apprend-t-il avec surprise « pour la mettre à l’abri. Parce que des frais de douanes risquaient de s’appliquer si la marchandise était restée plus de deux mois à l’aéroport de Dakar. » Tout cela se tient, jusqu’ici, car on sait que AAA est installé à la fois à Dakar et à Bamako. Mais ça sent l’excuse grossière, ce transfert inopiné !   » C’est à Bamako qu’il a compris le traquenard dans lequel il s’était engagé. « A l’entrepôt indiqué, j’ai retrouvé mes cargaisons. Mais, alors que je m’attendais à recevoir de l’or, les gardiens m’ont dit que les sacs ne contenaient que du sable. Et qu’il est destiné à la construction d’une mosquée. » Révolté par cette découverte, le tunisien est revenu au Sénégal et, par l’entremise de son avocat, Me Ibrahima Guèye (homonyme de l’autre et en photo ici à droite !), il a porté plainte pour escroquerie et abus de confiance. Et s’attendait à quitter le Sénégal, le cœur lourd. Mais, alors qu’il croyait avoir tout vu de ce fameux Youssou Guèye, Mohsen Dridi aura la surprise de sa vie : arrêté par des gendarmes en civil venus spécialement le cueillir à l’aéroport de Dakar (…). C’est à la suite d’un mandat délivré par le doyen des juges. Parce que j’ai été accusé de trafic d’or et de diamants. » A déclaré Mohsen Dridi dans une vidéo que (le journal) Kewoulo a visionnée. » En somme c’était bien joué : l’escroqué présenté comme escroc par le voleur ! Imparable !

L’entourloupeur de Dakar, ou comment se payer des avions

Evidemment, à force de se plaindre, les langues se délient, et même le policier qui l’a arrêté va l’aider, car il est alors ruiné ! « Avant cette affaire, Youssou Guèye avait, en de nombreuses reprises, fait l’objet d’arrestations à cause de ses activités illicites. Mais, aussitôt arrêté, il s’est toujours arrangé pour sortir de prisons et reprendre ses activités délictuelles. « Son mode opératoire était de remplir des sacs ou des mallettes avec du sable marin. Ensuite, il mettait des couches d’or pur sur ce sable pour les remettre aux clients. Comme ces derniers ne s’arrêtaient que sur la surface de la marchandise, c’est une fois chez eux qu’ils découvraient l’escroquerie. » Se rappelle un magistrat qui ne veut pour rien au monde être cité dans notre enquête. Par peur de représailles ou pour ne pas gêner des amis. Parce que l’homme que la Section de recherches est allé cueillir, pour le mettre en prison, est, en plus d’être un as de l’escroquerie, un malfaiteur qui a le bras aussi long que Al-Capone » (…) « Mais, comme l’a découvert Kewoulo, ce que ignore Mohsen, c’est que l’homme avec lequel il est entré en affaires est un escroc très bien connu de la haute administration sénégalaise. Et protégé, depuis très longtemps, par des magistrats (tel Mandiogou Ndiaye, depuis devenu juge au Conseil constitutionnel !) comme par de hautes personnalités proches du régime d’Abdoulaye Wade. Pour rappel, c’est cet homme-là qui avait fait l’objet dans les années 2000 de ce que la Douane, sous le règne de Jean Jacques Armand Nanga (ici à droite), croyait être la prise du siècle. Cette année-là, les douaniers avaient découvert une fosse septique contenant des lingots que Youssou Guèye présentait, à ses victimes, comme de l’or. « En réalité, c’était du bronze maquillé pour tromper ses clients« , se souvient un enquêteur de la gendarmerie ayant travaillé sur l’affaire. »  Voilà qui nous rappelle une autre escroquerie similaire qui s’était baladée en Gulfstream  (le NF111A de Marc Didier, décidément partout) !!

Mais finalement on se ravise question justice, et c’est Youssou Geye qui est envoyé en prison où il va rester 2 ans… et perdre un premier procès.  Condamné en novembre 2012 à 6 ans ferme et à rembourser le tunisien, qui, s’étant plaint à Ben Ali de l’indolence de son ambassadeur, il avait vu celui-ci démis de ses fonctions, créant au passage un incident diplomatique entre les deux pays ! En appel, en 2014 à Dakar, c’est l’inverse… il gagne cette fois-là (son avocat Me Kane est ravi et précise quand même candidement que son client a deux autres affaires sur le dos)! « la plainte de Dridi Mohsen est jugé irrecevable et, au fond, Youssoupha Gueye est relaxé des chefs d’escroquerie et d’association de malfaiteurs » note le juge, le Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly (nommé depuis à la Cour Suprême du pays) !!! Le jugement, surprenant et inverse du premier, affirme que rien ne prouve que l’or a bien été remis, qu’il n’y a pas de papier l’attestant, etc, etc…On croit l’affaire réglée, et que Youssou a vraiment le bras long…   Un deuxième appel est néanmoins tenté, ça dure des années, bien sûr, grâce à ses amis restés en place et, en 2019, Mohsen tente sa dernière chance, 10 ans après les faits. Je n’ai pas su déterminer ce qu’a été le résultat de ce dernier combat ; négatif, je pense, d’après le peu d’échos qui ont suivi. Est-ce que ce texte en date du 4 septembre 2019, pour sa mise à jour le stipule ?  Il le semble bien, hélas !

Au-delà de cette épisode, ce qui intrigue c’est bien le nom du personnage mis en cause : nulle part dans les statut de Air Africa Assistance n’apparaît le nom de « Youssoupha » : c’est celui d’Ibrahima Gueye, qui demeure depuis 2009 introuvable, lui !!! Un Air Africa Assistance qui aurait en tout cas aussi, et avec le même avion que celui d’Aéro Service Mali, transporté de l’or !!! Sur qui exactement était donc tombé le commerçant ? Où sont passés les 350 millions de  francs CFAde la transaction (533 570 euros, un demi-million !) ? Combien de vieux Boeing peut-on acheter avec ça (euh, un tiers de 727 (4) ou un Cessna 208B d’occase comme celui venu de Lanzarote ? Or Dans un blog, on a révélé que Youssoupha était tout simplement le frère de « Ibou » !!! Dans le même blog, on tombe sur une bonne comparaison, car les fameux Gueye sont TROIS, en réalité : « A partir de certains éléments comfortants, je me rends compte, d’une part, que la majorité de ces éléments sont issus de Kaolack, comme bon nombre de personnalités importantes évoluant dans les institutions à Dakar ». « Le père Gueye évolua comme cultivateur et vendeur de foin et faisait marabout. Ces fils, « Les Daltons » ont escroqué le monde entier sans grandes inquiétudes. Nommons par gravité; Ibrahima GUEYE dit IBOU, Youssoupha GUEYE faisant la une de la presse depuis des années, et Cherif GUEYE, le petit frère, suivant son frère IBOU comme son ombre… » Les Daltons étaient à la tête de l’entreprise Air Africa Assistance, dont, en ce cas Averell, le quatrième Dalton, n’était autre que … Eric Vernet !!!

Ultime résurgence 

A la surprise générale, tel un Phénix, Africa Air Assistance, toujours avec le même logo, a ressurgi dix ans après des limbes, de façon totalement surréaliste, avec un site ancien repris tel quel, des fautes d’orthographes à la pelle (« LOCATION DAVION« ) et des montages vite faits de photos n’ayant rien à voir (la plus belle page étant ici avec un 727 montré comme étant un 737,  un 737 au logo fait sous Photoshop et mal déformé, ou une évacuation médicale sur Cessna 208B prise à un autre site, celui de la MAF), plus un scoop étonnant,… C’est très, très étonnant en effet cet amateurisme total !!!

Le scoop étant la photo d’un Gulfstream, aperçu stationné à Dakar-Yoff, juste derrière le mur du concurrent Arc en Ciel Aviation (ci-dessus à gauche) et proposé comme leur appartenant. Mieux encore avec un autre cliché du même avion, pris… tous inverseurs déployés après son atterrissage sur l’aéroport de Fortaleza au Brésil le 22 janvier 2018 (ici à droite). Ah tiens, à nouveau un voyage pour traverser l’Atlantique, comme il y dix ans !! Un avion attribué à Air Afrique Assistance la revenante, qui n’est autre qu’un Gulfstream bien connu; le N88LN celui de Marc Didier (ciel, le revoilà, lui aussi !) !!! Une de ses dernières apparitions en vol peut-être bien: le 18 novembre de la même année, on le retrouvera en piteux état, avec un moteur gauche abîmé, capots enlevés (surchauffe ou pré-démantèlent ?), à Fort Lauderdale !!!

On avait auparavant retrouvé l’engin, bizarrement parqué juste à côté du N335VB, un des deux Westwind appartenant à Khamraj Lall, condamné pour trafic de drogue… au Guyana !!!  Un voisinage qui semble en dire long sur sa présence à cet endroit …
On avait bien tenté de le vendre mais un temps sur eBay à 44 900 dollars, mais il n’est pas parti (une seule offre, qui a été refusée par le propriétaire !), et il a été proposé ailleurs à… 15 000 seulement sur CWSAMS (Asset Management and Sales),  le « prime contractor for U.S. Treasury Seized Real Estate program » à savoir les offres de vente de produits saisis pour impayés fonciers…. (mais aussi en vertu« de l’application de la législation sur l’immigration et les douanes, et les services secrets américains« ). Le second exemplaire de Didier, le modèle N721CN, lui aussi stocké à Fort Lauderdale, arborant le sticker bien visible des US Marshall de ses avions saisis ! Connaissant l’usage que fait le mormon Marc Didier de ses appareils, on peut tout craindre en effet….  Mais pourquoi donc retombe-t-on toujours sur les mêmes ???

La réapparition d’Africa Air Assistance !

On croit à nouveau rêver, mais non. On a bien lu, c’est bien le nom d’Africa Air Assistance, au Sénégal toujours, qui a été cité on l’a vu dans l’arrivée du Gulfstream à Yoff. Au Sénégal, avec l’autre pendant de la société qui avait affrété en 2009 le Boeing du désert malien !!! Elle est donc à nouveau réapparue ! Comme par magie ! Et avec les mêmes grosses ficelles sur le site web la présentant, fait de façon aussi grossière que le précédent…

… ou bien celui d’Air Bénin Taxi ! Comme on vient de le dire, c’est purement de façon logicielle qu’Air Africa Assistance tente de faire croire qu’elle possède un Boeing 737-400 de type Combi (moitié cargo-moitié passager) alors qu’elle n’en possède aucun !!! Démonstration par l’exemple ici à droite avec la superposition des deux clichés. Pour ce faire, elle colle grâce à Photoshop une partie du logo traditionnel d’AAA sur l’empennage d’un avion tout blanc, ce qui facilite la chose à vrai dire aussi, et en lui ajoutant pour le rendre crédible une immatriculation qui est en réalité fantaisiste : N6100S (c’est celle d’un autogyre US modèle 18A Flymobil !). Pour être plus incohérent encore, ce même avion est taxé de Boeing 737-400 6V-AHH dans le même site ! L’avion d’origine étant vite retrouvé : c’est le ZS-SMJ, un avion de chez Safair volant depuis 1986, aux 11 immatriculations successives !!! A la décharge d’AAA, il faut savoir que la compagnie Bulgare, toute aussi floue, Aviostart, dotée de Piaggios P180 Avanti a aussi utilisé la même photo pour faire croire à un 737 Cargo dans son inventaire (c’est la deuxième de cette page), alors qu’elle n’en avait aucun !

Sur le site d’AAA aussi est affiché le fameux Gulfstream N111FA qui ne lui appartient pas non plus (ici à gauche, c’est celui de… Marc Didier, encore lui !). Voilà qui fait déjà beaucoup !!! Mais il y a pire encore, dans le sabir de la page d’explication du site : on y parle en effet (dans un français approximatif) d’un avion cargo, maintenant : « Boeing 727-200 6v-GB est le plus important cargo couvre l’Afrique. Le plus important cargo couvre l’Afrique de l’Ouest , parce que 727-200 6v-GB, est donc un CARGO en plus est un 6V-GB. Notre rayon d’action couvre l’Afrique de l’Ouest en attendant de desservir très prochainement le reste du continent et l’Europe. Africa air est installé à Dakar et Bissau comme bases. Global Air est une Compagnie privée de transports aériens de « passagers et frets » spécialisée en Maintenance technique »  « Boeing 727 est un avion de ligne triréacteur à fuselage étroit conçu et construit par Boeing Commercial Airplanes entre le début des années 1960 et 1984« . « Pour la raison que ces versions «  (???). Il peut emporter de 149 à 189 passagers et les derniers modèles peuvent voler sur une distance de 5 000 km »(..) « les successeurs du 727 comptent certaines versions du 737 ainsi que le 757-200 probablement »… Dans ce fatras digne d’un enfant de 4 ans, on évoque donc aussi une obscure compagnie détentrice d’un appareil cargo, dont la photo a subi les mêmes retouches à la louche, en faisant appel il semble bien cette fois au talent d’un architecte (?) manipulant les logiciels 3D (alias  « Synoreyni Concept » du nom de son responsable. Ça donne ceci comme images (cf les deux exemples ci-dessus).

Outre le fait que d’un exemple à l’autre le lettrage de Global Air change, on est intrigué par l’appareil, qui n’est visiblement pas un appareil cargo… et qui surtout nous en rappelle un fort connu. C’est en effet, à peine maquillé, que le célèbre « Pointe de Sangomar » 6V-AEF, le Boeing attitré du président sénégalais Abdoulaye Wade (annoncé en vente en 2013 pour 2 495 000 dollars qui a été retapé chez EAS à Perpignan) est retourné à Dakar en 2017, (rejeté par Macky Sall, et invendable en définitive,  il est reparti aux USA depuis ! Un avion dont on retrouve vite les photos d’origine comme celle ci-dessous (j’avais cité son cas d’avion rafistolé, déjà, dès 2012 ici).

Il y en a un qui un jour avait tenté de vendre la Tour Eiffel : au Sénégal, on essaie de vendre aujourd’hui l’avion présidentiel en le présentant comme un vulgaire avion cargo ! Comme dirait Audiard, ça ose tout…. cette fois le site de Global Air a été fabriqué chez Wix, logiciel pour débutants du web. Le texte intitulé « appros de nous (sic) indique ceci : « Global Air est une Compagnie privée  de transports aériens de « passagers et frets » spécialisée en Maintenance technique. Africa Air assure toutes les formes de locations et transferts ; notamment les évacuations sanitaires avec un avion « médicalisable » à tout moment. Son rayon d’action couvre l’Afrique de l’Ouest en attendant de desservir très prochainement le reste du continent et l’Europe. Africa air est installé à Dakar et Bissau comme bases principales ». L’avion est présenté comme étant le « 727-200 6V-GB ». Aucun appareil ne porte cette immatriculation sénégalaise. En revanche, la Pointe de Sagomar est aujourd’hui aux USA, mise en vente comme on l’a déjà dit ici à 1,5million de dollars.

Mais qu’est ce donc que ce site et que cette équipe qui se pavane également en Learjet (ci-dessus à droite) ?  Avec la même mise en scène d’un avion mis en vente par N31hk Inc. de Coral Springs en Floride, et qui a été photographié au même endroit au décollage que le Gulfstream (à Fortaleza, au Brésil, encore une fois, c’est visible ici à gauche). L’avion décrit étant le N31HK, un Learjet 35, de 1975; (le N°16) bien reconnaissable lui aussi, proposé à la vente ici !!!

Non, vraiment, cette résurgence, même grotesque, n’augure rien de bon… Le Sénégal s’apprêterait à recommencer la même chose, dix ans après ?

Dans le site indigent d’AAA new style, il y a également une vieille photo. Un Fokker présenté (rubrique « notre flotte »), modèle F-28 biréacteur, d’une décoration fort reconnaissable en effet, c’est celui d’Air Leasing Cameroon. La photo de Dakar semblant plutôt avoir été faite à Ouagadougou, au Burkina Faso, en octobre 2009 comme le montre le cliché ici à droite.
L’engin reconnaissable à sa livrée extérieure est le F20-4000 immatriculé TJ-ALF, un avion resté bloqué en Guinée Equatoriale depuis son accident le dimanche 26 juin 2011. Depuis, l’avion, qui avait été repeint en mars 2009 à Lanseria (où on refait de tout !!!),
a été vu fort dégradé en mars 2011 et en novembre toujours dans le même état à Lanseria même, où on lui avait enlevé les moteurs (ici à gauche), signe d’une destruction à venir (à droite ici en 2012). A Lanseria, on sait retaper des appareils, mais on ne fait pas de tels miracles. A moins d’une vraie résurrection ! Qui a bien pu tenter de ressusciter ainsi et aussi mal Africa Air Assistance ? Que signifie de mettre dans sa rubrique « notre flotte » des avions moribonds ou déjà même broyés ? Qui se dissimule derrière cette tentative si maladroite ? Pourquoi donc des avions photographiés… au Brésil ?

La mise en cause de « Hambak » 

Si le pays (la Côte d’Ivoire je le rappelle, on y atterri à nouveau), se réveille sévèrement secoué par les trois premiers épisodes de l’enquête parues (les deux dernières sont en stand-by depuis, elles portent sur le milieu musical comme endroit principal de blanchiment (5) ce n’est pas uniquement pour avoir révélé l’ampleur du trafic et son aboutissement qui est à chaque fois l’Europe. Ni montré le fléau envahissant du commerce juteux des passeports, sur le modèle devenu grotesque du Vanuatu. C’est que leur longue enquête démarrée à Anvers en Belgique a vu un nom régulièrement apparaître sur les lêvres des interviewés selon les deux auteurs : or c’est celle d’Hamed Bakayoko, qui est aussi devenu le ministre de Ouattara. Evidement, à l’annonce du nom de « Hambak » , son surnom, un homme très en vue, c’est le tollé général ou l’incrédulité qui prévaut. Et un sacré coup dur semble-t-il d’emblée pour Ouattara (déjà plombé par son usage de l’avion du vendeur d’armes David Tokoph, mais avec lui il faut mieux être méfiant (6) ! Et pourtant, raconte ici Kyria Doukouré dans dwww.yeclo.com, tout a été fait dans les règles : « début d’année 2019, une grande quantité de cocaïne est saisie en Belgique. Les enquêteurs découvrent qu’elle a transité par Abidjan. Les journalistes Nicholas Ibekwe et Daan Bauwens décident donc de se rendre en Côte d’Ivoire pour enquêter. Les journalistes sollicitent une accréditation auprès du ministre de la communication de notre pays. Celle-ci leur est accordée le 1 aout 2019 et ils débarquent dans notre capitale. Une fois sur place, ils rencontrent plusieurs informateurs dont certains travaillent pour les renseignements généraux américains et français. Ils ont des séances de travail avec les policiers français qui ont participé à une opération ouest-africaine tendant à arrêter des trafiquants assez importants de la sous-région. Selon eux, tous leurs interlocuteurs leur signalent M. Hamed Bakayoko comme le parrain de la pègre locale. Nicholas Ibekwe est formel : « Plusieurs personnes haut placées (gouvernement et diplomates) à qui nous avons parlé l’ont nommé (Bakayoko, ndlr). En fait, ce nom était sur leurs lèvres. Nous avons également confirmé les grandes fêtes à sa résidence d’Abidjan ».

En fait la situation a empiré, depuis juin, mais du fait du pouvoir qui semble avoir décidé de lever le bouclier pour protéger coûte que coûte la peau de son ministre, qui nie fermement en bloc depuis, et porte plainte officiellement : « une fois leur enquête bouclée, et comme l’exige la déontologie journalistique, ils essaient d’entrer en contact avec des officiels ivoiriens pour confronter leurs informations à la version officielle. Ils écrivent à Mme. Touré Mabonga, commissaire divisionnaire, directrice de la police de stupéfiants et la drogue et meilleur policier de l’année 2019. Elle décide de ne pas répondre. Idem avec le commissaire divisionnaire de police Bonaventure Adomo qui est directeur opérationnel de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale qui ne donne pas suite à leur sollicitation. Ils écrivent aussi à M. Hamed Bakayoko, le principal accusé qui ne jugera pas non plus nécessaire de répondre à leurs préoccupations ». Bref, ils n’ont certes pas agi en kamikazes, mais peut-être aussi que leur fameux titre a d’emblée exacerbé les tensions en se présentant comme bien trop accrocheur !!! Dans la presse du pays, en tout cas, désormais c’est « Hambak le nouvel Escobar », le voilà en tout cas rhabillé pour un long hiver (7) !!!

Maintenant que l’on sait que la coke passée par le Brésil arrive régulièrement en Afrique de l’Ouest et davantage désormais en Côte d’Ivoire, il est temps d’y retourner, au Brésil, voir ce qui s’y passe… et de reparler avions !

 

(1) Tout part de là en fait : « en plus de leurs contributions financières, les trafiquants soutiennent matériellement une partie des opérations militaires, en fournissant ou en prêtant du carburant, des munitions et surtout des véhicules. Ils le font d’autant plus volontiers qu’ils y ont un intérêt personnel, dont la nature varie. Ainsi, lorsque les tensions entre les deux ailes du Mouvement arabe de l’Azawad étaient à leur paroxysme entre 2013 et 2015, un important commerçant arabe du Tilemsi aurait soutenu l’effort de guerre de la CMA contre les narcotrafiquants lamhar du MAA avec lesquels il était en conflit. Plusieurs sources indiquent qu’un autre acteur important du narcotrafic, sans affiliation initiale, aurait rejoint le Groupe autodéfense Imghad et alliés (Gatia), membre de la Plateforme, après la mort de son frère dans des combats contre la CMA à Ménaka, à l’Est, en 2015″.

« Mais les trafiquants constituent aussi une contrainte pour les groupes armés, car leurs intérêts ne coïncident pas toujours. Ils peuvent rechigner à cotiser ou à fournir une aide pour une opération précise. Un cadre de la CMA explique : « parfois vous avez besoin de mobiliser des véhicules pour faire la guerre, alors qu’ils appartiennent à un trafiquant qui les utilise pour sécuriser un convoi, c’est problématique ».

« Les combattants de groupes comme le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), le Gatia et le MNLA, généralement non rémunérés, cherchent parfois à trafiquer ou à intercepter les convois des trafiquants de drogue. Lorsqu’ils réussissent, ils peuvent fournir plus de ressources à leur mouvement mais sont aussi tentés de s’en émanciper pour faire passer leurs intérêts commerciaux au premier plan. Certains désertent même le champ de bataille pour se réfugier en Algérie ou en Mauritanie. A la veille de combats avec la Plateforme en 2017, la CMA a dû remobiliser des trafiquants désengagés du mouvement en soulignant qu’en cas de défaite, tous perdraient accès à la ville de Kidal où vit une partie de leurs familles ».

(2) lire ici le lien entre les kazakhs (dont Iliyas Khrapunov, promoteur immobilier genevois opposé au régime) et la Centrafrique.  Moukhtar Ablyazov, emprisonné en France puis extradé vers Moscou en novembre 2015, possédait lui aussi un passeport centrafricain falsifié. Lire ici aussi . Il est proche de Laurent Foucher, qui est également ambassadeur de la République centrafricaine à Genève (épinglé ici à droite) et qui gère Niel Finances et Services, Niel Petroleum, Niel Telecom, Niel Consulting, lui-même proche de… Claude Guéant. Ablyazov était accusé d’avoir détourné six milliards de dollars de la BTA Bank. Son dossier avait été suivi de près par… Bernard Squarcini.

(3) une autre histoire d’or encore ici : en 2016 une plainte a été déposée contre l’homme d’affaires franco-malien Aliou Boubacar Diallo et sa société Wassoul’or, qui contrôle la mine d’or de Kodiéran, au sud du Mali. Celui-ci s’était présenté à l’élection présidentielle de 2018  ! Sa société, n’a en fait quasiment jamais rien produit. Mais lui a soutiré de l’argent à des investisseurs, dont… Airbus ! L’affaire a lieu sur fond de bisbilles entre lui et Jacques- Philippe Marson l’ancien directeur de l’activité de titres de BNP Paribas viré pour avoir reçu des pourboires de Diallo. Le  17 juillet 2019 il a cédé ses parts dans Wassou l’Or à de nouveaux actionnaires  le groupe émirati Al Rahma). La transaction a été estimée à plus de 200 millions de dollars, (environ 130 milliards de francs CFA).

(4) on peut tenter celui-là…  Regardez bien son intérieur VIP : il va vous rappeler des choses… car ce n’est autre que l’ancien Lolita Expess d’Epstein reconnaissable à sa déco intérieure : si vous avez un doute, téléphonez donc à Bill Clinton, qui devrait pouvoir vous le confirmer…   un 727 se vend au plus bas vers 1,3 million de dollars encore, mais pas sûr que celui-là se vende. Aux enchères des saisies c’est le prix plancher même si ça démarre plus bas. Celui-là, c’est le 6V-AEF présidentiel du Sénégal (alias « la Pointe de Sangomar ») refait à Perpignan !!!

(5) C’est ce que contient la suite non encore parue de l’enquête. On y parle notamment du sort d’un DJ disparu dans un bête accident de la route, le « Roi du Coupé-décalé« : » comme dans d’autres pays africains, l’industrie de la musique servirait à blanchir les profits du trafic de drogue. En Côte d’Ivoire, les stars de la pop vivent comme des millionnaires, mais on ne sait pas d’où vient leur argent puisque seul un petit pourcentage de leurs fans a les moyens d’acheter des disques ou des places de concert »Le nom de DJ Arafat (de son vrai nomAnge Didier Houon) est le premier à sortir. DJ Arafat était chanteur, la plus grande star du très populaire style de musique ivoirienne : le Coupé-décalé. Décédé l’an dernier, il cultivait une certaine image de bad boy des ghettos d’Abidjan, là où les gangs de jeunes font souvent la loi. Il entretenait aussi de très bonnes relations avec le ministre de la Défense Hamed Bakayoko, qui serait encore plus puissant dans ce pays que le président Alassane Ouattara. « C’était un bon vivant, il était propriétaire d’une boîte de nuit à Paris et a une discothèque dans le sous-sol de sa villa à Riviera », précise notre source »…

La disparition de DJ Arafat est ainsi rédigée sur Wikipedia : « dans la nuit du , à 22h35 à Abidjan, DJ Arafat est impliqué dans un accident de la route : sa moto percute violemment une voiture conduite par une journaliste de Radio Côte d’Ivoire, Denise Delaphafiet. Inconscient, il est admis aux urgences à la polyclinique des Deux Plateaux. Il souffre, notamment, d’une fracture du crâne et d’un œdème lié au non-port d’un casque de sécurité. Les médecins ne parviendront pas à le réanimer et il décédera des suites de ses blessures le 12 août 2019 aux environs de 8 heures GMT. » Preuve de la folie régnant sur place, à peine inhumé, son corps a été déterré par des fans déchaînés, venus faire des selfies ou tenter de lui arracher sa cravate ! Sidérant ! A l’origine des faits, une rumeur complotiste classique comme quoi ce n’était pas son corps dans le cercueil, relayée et entretenue par une jeune bloggeuse, Diane Blé, 24 ans ! Elle n’était pas sur place ce jour-là.  Condamnée à 12 mois de prison elle a été libérée bout d’un mois.

(6) ce n’est pas simple que ça, car Ouattara a dû choisir Hamed Bakayoko contraint et forcé par la disparition subite de d’Amadou Gon Coulibaly, brutalement décédé le 8 juillet 2020 (il rentrait d’observation en France, deux mois passés à la Salpétrière). Or Adama Bictogo, maire d’Abobo, au sein du RHDP a été un fervent opposant à sa nomination, et c’est lui qui a l’écoute de Ouattara, car il gère sa campagne présidentielle. Ouattara écoutant aussi son frère cadet, Tene Ibrahim Ouattara (surnommé « Photocopie ») et Patrick Achi. Si bien que l’on peut même imaginer que la violente attaque subie par Hamed Bakayoko via l’article au vitriol de Vice pourrait même provenir de là. Pour l’instant ce même Bakayoko a bien porté plainte pour diffamation contre Vice et les deux journalistes, mais aussi au passage, et c’est à noter, contre « la Guêpe », autrement di, une bloggueuse très virulente à son égard (et envers Ouattara). Récemment, des membres du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie, pro Alassane Ouattara) l’on prise à partie en la traitant de « sénégalo-guinéenne« , faisant ressortir de vieilles dissensions ethniques entendues lors de l’affrontement Gbagbo-Ouattara. Rien n’est simple, en fait, là-bas ! A noter que le directeur de Vice-France concerné par la plainte s’appelle Ariel Wizman, qui avait défini sa « ligne » de presse sans mauvais jeu de mots en affirmant qu’il voulait en faire le  « leader de l’info à destination des jeunes« . Si parler à la jeunesse consiste à dire que par principe elle prend de la coke (le titre de l’enquête) on est là dans le syndrome de cet autre cas de la TV qu’est Thierry Ardisson !

(7) Une situation dans laquelle la France vient de s’embarrasser toute seule via son ambassadeur Gilles Huberson, rappelé récemment à Paris sur plaintes de harcèlement ... or c’est l’ancien directeur des affaires générales du groupe de luxe français LVMH (de 2007 à 2009)

 

documents

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/mali-la-guerre-de-la-cocaine_1233028.html

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