Dans notre longue recherche, nous sommes aussi tombés sur un pays bien étrange. Le Kazakhstan, objet de tout l’intérêt de gens aussi disparates que Claude Guéant, Nicolas Sarkozy, Vladimir Poutine et Donald Trump, mais aussi notre fameux Moukhtar Abliazov qui a eu le tort, il semble bien, de se heurter un peu trop à l’inamovible rocher en place appelé Noursoultan Nazarbaïev, l’homme qui ne pardonne rien à ceux qui s’opposent à lui. Au milieu, on trouve trois milliardaires fort influents : Patokh Chodiev, Alexandre Machkevitch et Alijan Ibragimov, tous trois courtisés par ceux déjà cités. Mais il nous faudra aussi faire un tour en Ukraine, gros fournisseur d’armes comme on le sait aussi. Et pour au final retomber sur celui déjà rencontré à l’épisode précédent… le fameux Felix Sater, récemment flingué par les révélations explosives de l’avocat Michael Cohen sur les projets financiers de Donal Trump qui ont continué à être élaborés durant toute sa campagne électorale, au contraire de ce qu’il avait dit jusqu’ici…
Nota : à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic. La série a débuté ici.
Un drôle de poisson hébergé en France
Arrêté, menacé d’être extradé (il a failli l’être sous le gouvernement d’Emmanuel Valls), le vendeur d’armes par intérim resté encombrant pour son pays hébergeur, à savoir la France, comme le rappelle ici Libération en 2016 dans un article disons particulier : « après avoir passé plus de trois ans en prison en France, Moukhtar Abliazov, dissident et oligarque kazakh déchu, a été libéré vendredi soir. Le Conseil d’Etat a en effet annulé un acte d’extradition vers la Russie signé en septembre par l’ex-Premier ministre Manuel Valls. L’homme d’affaires, âgé de 53 ans, avait été arrêté en juillet 2013 dans une villa cossue de la Côte d’Azur où il se cachait, après avoir fui l’Angleterre l’année précédente. Il s’était installé à Londres à la suite de son départ précipité du Kazakhstan, en 2009, quand sa banque, la florissante BTA, avait été nationalisée de force par les autorités kazakhes. Ministre de l’Energie, de l’Industrie et du Commerce en 1998 – 1999, Abliazov commence à la même époque à s’opposer au régime corrompu de l’inamovible et autoritaire président Noursoultan Nazarbaïev. Durant toutes les années 2000, il finance et organise l’opposition. En 2002, il est emprisonné au Kazakhstan. » On notera ici le fait que l’on minimise pas mal les malversations financières au Kazakhstan de Moukhtar Abliazov… « Pour poursuivre l’oligarque tombé en disgrâce, l’accusant d’avoir détourné 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros)- ce que nie Abliazov -, le Kazakhstan a mis en œuvre des moyens considérables en embauchant une myriade d’avocats, de communicants et de détectives privés qui l’ont surveillé et traqué, en Angleterre puis en France. En l’absence d’une convention d’extradition entre la France et le Kazakhstan, la Russie et l’Ukraine en ont fait la demande, accordée par la France, en dépit des avertissements des défenseurs des droits de l’homme sur la partialité de la justice et la brutalité des prisons russes ». On oubliait quelque peu ses activités délictueuses sur place. Mukhtar Ablayzov a tendance à modifier la réalité quand ça l’arrange : dans Libération il affirme n’avoir jamais rien possédé en Angleterre, or on a retrouvé deux appartements lui appartenant à St. John’s Wood, une propriété dans le Surrey, à Oaklands Park, comportant 4 cottages, deux chalets, des écuries et un terrain de polo… !!! En France, il a surtout posé un autre problème avec l’avocate générale du parquet d’Aix-en-Provence, Solange Legras: « la magistrate d’Aix est dans la ligne de mire du camp du banquier. Car c’est aussi elle qui, en décembre dernier, a plaidé en faveur de son extradition. Comme par hasard, sa boîte mail a été hackée. Un obscur site ukrainien, Trust.ua, a publié ses échanges avec les acteurs du dossier. Du jamais-vu, qui a conduit Solange Legras à déposer plainte pour violation du secret des correspondances. Le conseil d’Abliazov, Jean-Pierre Mignard, qui a tant dénoncé les écoutes subies par Nicolas Sarkozy, ne s’émeut pas, cette fois, de ce piratage contre un magistrat français : Ce que je trouve choquant, c’est ce qu’on apprend dans ses écoutes. On a demandé une enquête – en cours – au garde des Sceaux concernant les graves dysfonctionnements de la justice dans ce dossier.
Qui se dissimulait derrière ces attaques incroyables ? Les partisans de d’Ablayzov, ou bien les scrutateurs du net du gouvernement Kazakh curieux d’apprendre où en était le dossier ? Un Kazakhstan qui, hier encore, a serré un peu plus la vis du réseau intérieur du pays ??? A ce stade, personne n’a la réponse (mais Trust-Ua est bien ukrainien, « hébergé en ukraine » et non kazakh…).
Pourquoi Moukhtar Abliazov est quand même dangereux, politiquement
L’enquêteur anglais qui a fini par coincer Ablyazov avait terminé son histoire par une phrase lapidaire : pour l’avoir suivi plusieurs années de suite et l’avoir traqué, il s’était aperçu d’une chose : il ne l’avait jamais vu tenir une seule réunion politique, ou contacter des opposants kazakhs : son excuse de mise à l’écart politique ne tient donc pas. Aucune opposition politique ne l’a contacté durant sa cavale. Le Conseil d’Etat français à été leurré : c’est là toute la dimension phénoménale de l’affaire !!! C’est pourtant cela qui lui permet de ne pas être expulsé, encore aujourd’hui. Il exerce néanmoins une influence politique, mais indirecte (pas celle dont il se targue en tout cas) qui n’a qu’un seul dénominateur commun : elle est profondément d’extrême droite, explique ici Silk Road Gazette (c’est un site chinois) : « La piste politique de M. Ablyazov est également retracée en Russie. L’année dernière, le tribunal de Moscou a condamné à une peine de 7,5 ans M. Alexander Potkin (Belov), célèbre nationaliste et ancien dirigeant du mouvement contre l’immigration clandestine (DPNI), l’un des dirigeants du mouvement nationaliste interdit «les Russes». M. Potkin était un complice de M. Mukhtar Ablyazov et l’a aidé à blanchir de l’argent des déposants de la banque «BTA». Il a publiquement appelé à l’activité extrémiste et a propagé la haine des Russes envers les Kazakhs. M.Ablyazov a également financé les skinheads russes » (c’est le site qui l’affirme, je le précise). « Pour être plus précis, l’activité de M. Dmitriy Demushkin, un nationaliste russe connu a récemment été condamné à une peine de deux ans et demi. Il est à la tête du conseil national suprême de l’association Russkie, le président du comité organisateur du parti nationaliste, le président des organisations actuellement interdites «Union slave» et « Pouvoir Slave » des organisations extrémistes. L’organisateur des marches russes, un participant actif dans les actions de protestation et les rassemblements ». De l’argent à foison versé à l ‘extrême droite, donc, pour déstabiliser un pays, et dont il a fait aussi « bénéficier » un autre pays : au Kirghizistan là où les américains avaient installé leur « porte-avions terrestre » de 2001 à 2014, celle de Manas (redevenu Bichkek). Après une entrevue en 2009 avec le président russe du moment, Dmitri Medvedev, la Russie avait en effet promis de prendre le relais en investissant 2 milliards de dollars d’ investissement, ce qui avait poussé à la roue pour le départ des américains. Depuis, ça ne semble pas s’être réalisé… Ce pays est à part, car il a longtemps été vu comme un pays stable, dans lequel la circulation des armes a toujours été contrôlée, comme l’expliquait déjà ce rapport de 2004 qui parlait « exception » pour ce pays (cf la phrase « le Kirghizstan possède une culture des armes non permissive », dans ce rapport très rassurant). Mais c’est justement pourquoi le rôle d’Ablyazov est néfaste à cet endroit, notent les chinois : « Mais cet oligarque criminel n’en est pas resté là. Ses traces sont également visibles dans les émeutes qui ont eu lieu au Kirghizistan en 2010. Il a financé des affrontements interethniques dans le sud de la république, alors qu’en l’espace de deux jours, environ un demi-million d’Ouzbeks de souche sont devenus des réfugiés. C’est de M. Ablyazov que les liquidités provenaient pour ceux qui exhortaient les Kirghizes à tuer leurs voisins de nationalité différente. L’oligarque est devenu le principal donateur financier de l’opposition politique. Il a transféré des dizaines de milliers de dollars américains pour rallier des participants au rassemblement contre le président d’alors, M. Kurmanbek Bakiyev« (qui a dû quitter le pays en 2010 sous les huées de l’opposition). « De plus, son argent a servi à acheter des armes à ceux qui ont pris d’assaut le palais présidentiel et le bâtiment du gouvernement. La trace financière de M. Ablyazov est également visible dans les troubles survenus dans la vallée d’Issyk-Kull au Kirghizistan en 2013. Ensuite, pendant presque toute la saison, les hommes d’affaires du tourisme dans les perles du pays – comme le lac Issyk-Koul ont été laissés sans argent, les touristes ne venaient tout simplement pas. Aujourd’hui, les experts qui s’occupent des problèmes de l’Asie centrale n’écartent pas la participation possible de M. Mukhtar Ablyazov et aux événements survenus en 2005 en Ouzbékistan dans la vallée de Ferghana. Là, un groupe important d’extrémistes a attaqué la ville militaire d’Andijan et a capturé de nombreuses armes de petit calibre. Le rassemblement de milliers de manifestants à cette époque a également appelé au renversement du président Islam Karimov (le président de l’Ouzbékistan mort le , ce qui a entraîné des affrontements avec les autorités et des victimes parmi les civils ». Un agitateur, en quelque sorte. Ou un fournisseur d’armes, pour déstabiliser un pays. Ce ne serait pas le premier dans ce cas, comme on l’a vu ici tout au long de cette enquête !
La Kazakh connection
Derrière lui se profile aussi une haine viscérale personnelle envers d’autres kazakhs aussi encombrants sinon plus encore (eux ne se disant pas faire partie de l’opposition comme lui, bien au contraire) : Patokh Chodiev, Alexandre Machkevitch et Alijan Ibragimov, tous les trois au cœur du « Kazakhgate », celui de la vente de 45 hélicoptères du groupe Eurocopter… dans lequel Nicolas Sarkozy a joué un rôle, appuyant un peu trop fortement des demandes auprès des belges pour faire libérer Patokh Chodiev.
Le Kazakhgate en accéléré
L’affaire a débuté par la découverte des mouvements de fans suspect chez un ancien préfet, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Jean-François Etienne des Rosaies. Tracfin y avait trouvé plus de 300 000 euros baladeurs. Des juges saisis de l’affaire, remontent très vite au versement d’un rétro-commission, à partir de la colossale commande de 2 milliards d’Euros de commandes passées par le Kazakhstan pour 45 hélicoptères Airbus. L’affaire avait provoqué des remous dès 2015, avec la mise en examen d’un deuxième larron, Aymeri de Montesquiou, ex-sénateur (et ex-représentant de Nicolas Sarkozy en Asie centrale), pour « corruption passive par personne exerçant une fonction publique » et « complicité de blanchiment en bande organisée ». On a perquisitionné son beau château de Marsan, le pauvre.
Bref, des détournements de contrats pour alimenter un parti politique comme on avait eu le cas au Pakistan lors de la vente de sous-marins, avec la fin tragique que l’on sait. Une affaire qui implique aussi Sarkozy, via la lutte intestine du moment avec Jacques Chirac. En 2017, c’est au tour de Claude Guéant de se faire pincer. Et devoir aller s’expliquer devant une commission d’enquête parlementaire belge, dans ce qu’on appelle déjà le « Kazakhgate ». En Belgique, car un autre ex-sénateur, belge celui-là, président du Sénat belge en 2011, Armand De Decker, a empoché plus de 700 000 euros dans la même affaire. On cite un pot de vin de 12 millions d’euros offerts au premier ministre Kazakh par Airbus pour favoriser les contrats…. ce qui n ‘est pas rien ! « C’est le plus grand scandale financier depuis l’affaire Elf il y a 20 ans », annonçait Mediapart, dans une enquête publiée sur l’avionneur Airbus, vendredi 28 juillet 2017. Mais pourquoi la Belgique ? Parce que Armand De Decker, est aussi avocat, c’est celui de l’Ouzbek Patokh Chodiev, mais aussi de deux autres oligarques, Alijan Ibragimov qui est kazakh, et Alexander Machkevitch, qui est à la fois kazakh et israélien (ça recommence, dès que l’on parle de vente d’armes : Machkevitch est aussi président de l’Euro-Asian Jewish Congress (EAJC) !!!). A trois, ils ont constitué une myriade de sociétés en Europe : « le quotidien belge Le Soir parle de 50 sociétés et holdings luxembourgeois créées par les trois hommes et derrière lesquelles on retrouve des membres de leur famille ».
« Un ensemble d’activités qui pèse quelque 13,5 milliards d’euros, dont le géant minier kazakh ERG SARL (Eurasian Resources Group) qui vaut à lui seul 10,3 milliards d’euros. Particularité du groupe: l’État du Kazakhstan en est l’actionnaire principal avec 40%. Selon son site internet, ERG vaut 4% du PIB du Kazakhstan. » De quoi largement acheter un jet, par exemple, un Bombardier BD-700-1A10 Global Express XRS, le M-UNIS pour Chodiev, qui gagne facilement le prix du plus mal décoré : on peut être riche et ne pas avoir de goût. Or, à ce moment-là, les trois larrons sont alors en procès en Belgique en 2009, ce qui n’a pas du tout l’heur de plaire au président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, qui lors de la signature du contrat de vente des hélicos, avait instamment prié Sarkozy d’intervenir en Belgique pour arrêter le procès en cours contre ses trois protégés. Ce qu’il avait fait avec les gros sabots qu’on lui connait ! Son intermédiaire préféré, Claude Guéant se sucrant au passage (et laissant planer le doute sur un versement aussi vers son mentor). Un vrai cadeau, en tout cas, acté le 17 juin 2011. Le contrat des hélicos qui traînait pas mal est alors signé par miracle, dix jours plus tard, le 27 juin 2011 !
Le plus étonnant de l’affaire, c’est qu’en grattant le dossier des trois, on est retombé sur la date d’arrivée commune en Europe de deux d’entre eux : 1991, date à laquelle a été constituée en Belgique l’obscure société Seabeco Belgium qui est, selon le quotidien Le Soir, une société écran dédiée aux opérations financières de l’ex-KGB !!! Trois ministres belges avaient été mis au courant : Stefaan De Clerck (CD&V), Didier Reynders (MR) et, Steven Vanackere (CD&V)… on évoque aussi un petit versement de remerciement de Chodiev, qui était encore en 2018 fort remonté par l’affaire, au Fonds d’Entraide Prince et Princesse Alexandre de Belgique » géré par la princesse Léa, belle-sœur d’Albert II… Qui a dit au-dessus des lois ? Chodiev a toujours un plan B : c’est d’ailleurs le nom de son yacht ! (ici sa salle à manger d’un goût discutable). Les deux autres lascars en possédant aussi un : Alexander Machkevitch, le Lady Lara (91 m de long !) mais aussi un Gulfstream G650, le M-
Le coup de main de l’extrême droite à Claude Guéant
Signalons, pour boucler un peu la boucle et revenir à l’épisode précédent, qu’un membre de la Chambre des députés et président de la commission sur le Kazachgate, Dirk Van der Maelen, aurait eu une conversation avec Mukhtar Ablyazov… avait-on pu lire quelque part, ce qui est manifestement faux. L’origine de l’info était en effet Open Source Investigations (OSI). Mais là encore c’est un site relativement récent (2015)… qui sous le déguisement d’un site « ouvert » accueille par exemple des gens du Saker Francophone, autrement dit de l’extrême droite fort tortueuse. On y trouve des gens qui écrivent par exemple que « même dans le pire des cas, Trump sera un président bien meilleur que la néocon Hillary Clinton » (Eric Zuesse). Parmi ces journalistes, Pepe Escobar, brésilien, très prolixe, et ami des extrémistes de droite français, apparaissant au Grand Soir. C’est aussi un grand admirateur de… Poutine (comme Zuesse, qui pérore sur RT ou sur Russia Insider ou chez Sputnik. Comme exemple de la désinformation on a ce texte signé Eric Zuesse que Wikipédia et le cas du vol MH17, un sommet de mauvaise foi, dans le genre. Au détour, l’homme scie tout seul la branche de l’arbre sur lequel il s’était assis en écrivant « J’ai modifié certains articles de Wikipédia »… le coup de l’attaque par un avion du MH17 est ridicule, tout simplement, mais il s’y tient. Et va allègrement traficoter Wikipédia, et s’en vanter même ! Quelle honte ! De beaux manipulateurs en fait, ces fameux « rouges-bruns » (Zuesse se réclamait au départ de Sanders et il encense aujourd’hui Poutine !!!). En venant mettre la zizanie, ces extrémistes font le jeu d’un Claude Guéant, comme l’a bien perçu celui qu’ils ont tenté de salir : « Dirk Van Der Maelen refuse d’anticiper sur les futures réponses que donnera Claude Guéant aux parlementaires de la commission. Mais il a joué un rôle principal dans cette saga: « J’en étais convaincu et les documents qui sont maintenant fournis par le magazine le Vif viennent encore le montrer. Claude Guéant était le maître d’œuvre en France, tandis que les acteurs en Belgique étaient Armand De Decker, et l’avocate Catherine Degoul ». Pour le président de la commission, le cerveau était donc bien français. « J’ai toujours dit que c’était une affaire d’Etat. Une note apporte la preuve que la France a organisé des manipulations en Belgique. Ces manipulations ont amené à voter en Belgique une loi prise sur mesures pour régler les problèmes de trois Kazakhs, de trois criminels. » Pour Dirk Van Der Maelen, c’est donc bien une affaire d’Etat, une position qu’il va tenter de montrer ce mercredi, notamment avec l’éclairage des fuites publiées dans le Vif et le Standaard. « Il y avait une ingérence inacceptable de la France dans des prises de décisions du parlement belge. » Et derrière ce dossier se cache un contrat de de vente d’hélicoptères entre la France et le Kazakhstan ».
Des marchands d’armes très proches du pouvoir ukrainien
Après ce (long) détour par Kazakhstan, retour à l‘Ukraine, le pays qui fabrique et fournit essentiellement les armes. Alperin, on y revient, est l’homme clé du Faina, on la vu. C’est aussi un proche du pouvoir ukrainien. Il est milliardaire, et détient d’autres navires, dont certains servent aussi de Casino dans le Golfe, pour ses riches clients arabes, Alperin ayant participé à des actions « discrètes » via ses entreprises de vente de viande à l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Selon l’ONG Ecoterra International, Alperin, citoyen israélien, serait surnommé « Mossad Brother », pour ses nombreuses opérations secrètes. L’entreprise affrétante s’appelait Kaalbye Shipping Ukraine, le bateau appartenant à Alperin sous le nom des sociétés Waterlux AG, Tomax Team Inc, aux statuts déposés au Panama, et elle avait traité la cargaison directement avec Ukrspetzexport, la filiale d’Urkinmash.
On retombait sur le même expéditeur de départ. Alperin affrétait aussi le Beluga Endurance (ici à gauche), placé sous bannière d’Antigua et Barbuda, géré par une compagnie de l’Ile de Man, et le Radomyshl, battant pavillon ukrainien mais inscrit dans les Iles Vierges, tous deux utilisés dans le même contrat d’envoi d’armes que le Faina. Le Beluga avait ainsi emporté 42 tanks T–72 plus, 138 caisses de pièces détachées, 15 affûts de DCA ZU–23–2 et 90 caisses de pièces pour eux, 26 caisses deRPG–7 2 lance-roquettes BM–21 de 122 sur camion Ural wheelbase, 10,000 Kalachnikovs. Le matériel militaire était expédié à un businessman Syrien, Harith al-Yusuf (alias Hares Youssef), qui possède la nationalité ukrainienne et qui est aussi un proche conseiller de Viktor Yushchenko. Le deal s’était conclu au nom de l’Harith Group, situé en plein Kiev, et la Tomax d’Aleppin. Hares Youssef a lui même alors comme proche ami, l’oligarque ukrainien en exil Dmytro Firtash, les deux selon l’Espagne étant liés au crime organisé et impliqués dans le blanchiment d’argent, Firtash étant accusé de corruption à grande échelle. Les deux hommes seront arrêtés à Vienne, à la demande des autorités espagnoles, à la fin du mois de février 2014 seulement. « La demande espagnole d’extradition de Firtash adressée à l’Autriche décrit Youssef comme l’associé de confiance de Firtash et faisant partie d’un réseau de personnes présumées avoir blanchi des dizaines de millions d’euros ».
Dmytro Firtash, l’un des plus riches d’Ukraine est l’homme fort sur place de… Vladimir Poutine (et farouche opposant à Ioulia Timochenko) : c’est l’homme du titane, du gaz et de l’azote, en qualité de copropriétaire de RosUkrEnergo. Depuis 2014, Firtash (à droite ici avec Viktor Yanukovych, élu président d’Ukraine en février 2010 et partisan du gaz… pour les russes : on découvrira après son éviction de 2014 sa fortune personnelle évaluée à 12 milliards de dollars). Il avait comme conseiller politique Paul Manafort, mais pas que cela : il s’’est aussi offert les services de deux cadors du barreau US , Dan Webb, l’ancien procureur de Bill Clinton à la Maison Blanche, et Lanny Davis ancien secrétaire américain à la Sécurité intérieure chez Michael Chertoff pour éviter d’être extradé aux USA pour avoir mis au point un racket international sur le titane, dont on connaît l’importance en matière d’aviation.
Car Firtash, pour assurer ce racket jusqu’aux USA, avait on l’a dit créé des liens avec Paul Manafort, ex-conseiller de Donald Trump…
Un trafic difficile à discerner : extérieurement, impossible bien entendu de distinguer que les bateaux contenaient des chars. Encore davantage pour le Beluga Endurance, où ils étaient à fond de cale, se déchargeant uniquement par grues géantes. Logiquement, ce n’était pas la première fois qu’il effectuait un voyage de ce genre. Image révélatrice s’il en est : le 13 février 2009, le président Ukrainien Viktor Yushchenko (1), le successeur de Ianoukovytch, qui était en bas de l’escalier pour saluer l’équipage du MV Faina au Boryspil International Airport de Kiev. La mission était si officielle que cela pour recevoir un tel hommage ? Une piste supplémentaire apparaît : la femme de Yushchenko est citoyenne américaine et c’est une ancienne fonctionnaire du Département d’État des États-Unis, rappelons-le aussi, car elle a souvent été accusée d’appartenir à la CIA (4). La France, on l’a vu, a aussi été impactée par ces vendeurs d’armes sans foi ni loi. (BNP, Société générale et Crédit agricole. ont travaillé avec la BTA de Ablyazov !!!). Mais ce n’est pas le seul pays touché…
Pas de simples vendeurs d’armes
Vendeurs d’armes et escrocs financiers, ils sont en fait les deux à la fois : « Ils sont également présents dans le cyberespace, en particulier dans les escroqueries pyramidales telles que les plans d’investissement à haut rendement (HYIP). En décembre 2009, la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine a réprimé un stratagème letton de type Ponzi appelé Rockford Funding, dirigé par Genadi Yagodayev, 32 ans, né en Lettonie. La SEC a affirmé qu’elle avait fraudé des investisseurs de plus de 11 millions de dollars américains en neuf mois ». Pour les autres cargos russes, ayant alimenté la Syrie, s’en référer à cet article. Des cargos étroitement suivis par l’Etat ukrainien, donc, on va y revenir.
A droite, Valery Alperin en compagnie de Mykola Malomuzh, le chef des services secrets ukrainiens... car le pouvoir ukrainien en personne veillait de près à ces envois. Dans la biographie, de ce dernier on indique en effet « qu’en 2008/2009, l’opération réussie consistant à libérer le navire «Faina» avec 17 marins ukrainiens à bord détournés par des pirates somaliens a été menée avec la participation directe de Mykola Malomuzh. Cette opération était la première de l’histoire de l’Ukraine. À la demande du président ukrainien, le service de renseignement extérieur ukrainien assumait presque complètement l’autorité pour l’organisation et la coordination des mesures visant à libérer l’équipage et le navire. » Ceci pour les ventes « discrètes ». Pour les ventes… directes, de matériel au Kazakhstan, par exemple, c’est plus simple… en apparence, mais tout aussi compliqué comme on va le voir !!!
Et ça continue
A noter que l’on retrouve les mêmes, des années plus tard, toujours à livrer des armes dans des endroits dangereux du monde. Le spotteur Stefan Watkins retrouve ainsi le cargo Ocean Fortune, (MMSI 636013841) le 10 septembre 2017, accompagné semble-t-il de l’Ocean Dream (MMSI 636016448) au bord des côtes de Libye, pour finir à Port-Saïd, après un passage à Alger, alors que la destination annoncée était au départ Kochi (Cochin) en Inde avec à bord une cargaison labellisée « Azard A », à savoir dangereuse.
Les deux avaient arrêté pendant plusieurs heures (3 et 14 respectivement) de donner leur position. Tous deux étaient partis du terminal d’Ust-Luga, à Leningrad, en Russie. C’est à 110 kilometres à peine à l’ouest de St. Petersburg !!! En janvier le Nikifot Begichev (ici à gauche) de Vega Leasing Co LCC, à Krasnoyarsk, avait fait des frayeurs à tout le monde, parti d’Ust-Luga, lui aussi, mais avec à bord le premier chargement de S-400 destiné à la Chine, correspondant à un contrat signé en 2014. Abîmé dans la tempête, le cargo avait fait demi-tour vers son port de départ. Le même Watkins retrouvait son remplaçant dès le 20 avec l’Ocean Lord, (MMSI 16011) 6360 un RoRo, plus facile à charger, et appartenant à… Kaalbye Shiping déjà cité ici par C4ADS (comme propriétaire du MV Faina), qui partait pour Tanjin en Chine.
Selon Watkins, au milieu du trajet le cargo s’était déclaré comme tanker avant d’éteindre sa balise en Mer de Chine. En février toujours, un autre cargo de la flotte Kaalbye, l’Ocean Energy (un autre RoRo) transportait tout ce qu’il y a de plus officiellement cette fois des tanks T-90S toujours en partant d’Ust-Luga jusqu’à Umm Qasr en Irak. Une vente contrôlée… par les USA, qui préféraient que des T-90 russes remplacent les Abrams américains prévus, de peur qu’ils ne tombent un jour aux mains de possibles insurgés talibans !!! Les irakiens devraient recevoir 73 T-90 S et des SK d’Uralvagonzavod, selon l’accord signé en 2016. En février 36 tanks étaient déjà arrivés. Ici la vidéo de la sortie du premier des cales de l’Ocean Energy. On le voit, le mélange des genres est à son paroxysme, avec ces chars ukrainiens destinés aux afghans et commandés avec l’aval des USA ! A moins qu’il y ait derrière ce deal une énième entourloupe !!!
Trump en relation avec Ablyazov via sa belle famille
Car cela va très loin encore, et touche aux plus hautes sphères du pouvoir, et de l’argent facile. Selon The Diplomat, « Un autre sujet à l’étude est le Bayrock Group (créé par le Kazakh Tevfik Arif) avec lequel la Trump Organization s’est associée pour des projets en Arizona, en Floride et à New York. Les beaux-parents d’Ablyazov, l’ancien maire d’Almaty, Viktor Khrapunov, son épouse, Leila (ici à droite et à gauche), et leur fils, Ilyas, ont collaboré avec Bayrock lors du développement par la société du projet Trump Soho à Manhattan. Les documents de la cour associent Felix Sater (nota : il est né en Russie), associé de Trump, qui a poignardé un homme lors d’une bagarre dans un bar et d’une fraude liée à la mafia, aux Khrapunov, qui possèdent trois villas dans le lotissement ».
« Les Khrapunov font actuellement l’objet de poursuites civiles à New York et à Los Angeles. En 2016, Nicolas Bourg, ancien directeur de la société d’investissement luxembourgeoise Triadou SPV S.A., a témoigné que l’entreprise appartenait aux Khrapunov, qui lui avaient ordonné de siphonner des fonds aux États-Unis après le dépôt de la plainte. Bourg a ensuite confirmé que les investissements entre Khrapunov et Ablyazov avaient été confondus, faisant appel à des sociétés écrans pour masquer la nature de leurs transactions immobilières aux États-Unis et au-delà.
En 2005, Donald Trump avait concédé à Bayrock les droits exclusifs de construction d’un hôtel et d’une tour Trump International à Moscou, une entreprise dans laquelle il détiendrait une participation importante. En contradiction directe avec les affirmations récentes de Trump, les e-mails découverts par les enquêteurs montrent que Michael Cohen, avocat de Sater et de l’organisation Trump, recherchait activement un contrat d’hôtel à Moscou pendant la campagne électorale. Sans surprise, Trump a tenté de se démarquer de tout acte répréhensible. « S’il était assis dans cette pièce maintenant, je ne saurais vraiment pas à quoi il ressemble« , a déclaré Trump à propos de Sater en 2013, en dépit d’une pléthore de photographies montrant le duo (ici une à gauche et une autre à droite avec Melania).
« Notre homme peut devenir président des États-Unis et nous pouvons le concevoir », a déclaré Sater avec enthousiasme dans ses courriels à Michael Cohen. «Je demanderai à toute l’équipe de Poutine de s’engager dans ce dossier, je gérerai ce processus. Je ferai participer Poutine à ce programme et nous ferons élire Donald’. On ne pouvait être plus clair : il s’agit bien d’une ingérence extérieure, souhaitée et … favorisée. Ce qui est aussi un trahison d’Etat ! Aujourd’hui, pour sa défense, Sater clame avoir été un « espion », au service des Etats-Unis !! Pas sûr qu’on le suive sur ce terrain… A noter que le procureur Mueller cherche aussi du côté de Chypre, vers Prevezon Holdings Ltd, où l’on trouve aussi nos deux lascars, et dans laquelle Sergei Magnitsky était aussi apparu.
Lui mange désormais les pissenlits par la racine, comme j’ai pu vous l’expliquer, déjà, ici-même. Il ne fait pas bon se mettre en travers de Poutine et de la mafia russe des vendeurs d’armes ! A Chypre, des enquêteurs kazakhs envoyés par SBA constateront chez une filiale appelée Euroguard et un comptable comptable chypriote, Paul Kythreotis, que tous les dossiers ont été archivés avant leur passage par une société spécialisée appelée Iron Mountain, déjà citée ici (elle a fait plusieurs fois la une des journaux pour des pertes de données !). Les imbéciles venus tout emporter avaient passé plusieurs jours à tout photocopier sur place avant de tout embarquer. Un enquêteur plus curieux que les autres, ou doté de bons réflexes, avait eu l’idée d’aller fouiner dans les disques durs des fichiers archivés mais pas supprimés : tout y était !!!
La piste du nucléaire algérien
Il reste encore une dernière piste à suivre. Le contenu « lourd » du cargo qui a sombré au large de l’Angleterre aurait pu être tout autre chose. La solution est peut-être aussi dans le livre de Bruno Tertrais. « Le marché noir de la bombe », qui décrit les efforts nucléaires de l’Algérie, que l’on a eu tendance à complètement oublier. Le chargement suspect de l’Ice Prince aurait en effet pu être du… combustible nucléaire, particulièrement lourd, comme on le sait. « En 1991, l’Agence internationale pour l’énergie atomique savait que l’Algérie s’était dotée d’un petit réacteur de fabrication argentine, et qui était entré en service deux ans auparavant. Ce réacteur à eau légère dénommé « Nour » (lumière) de faible puissance (un mégawatt thermique), était surveillé et ne comportait pas de risque de prolifération. Mais ce que l’Agence ne savait pas, c’est que l’armée algérienne avait signé, en 1983, un accord avec la Chine pour la fourniture d’une installation beaucoup plus importante.
Un réacteur de quinze mégawatts thermiques, dénommé es-Salam (paix) avait été construit à la fin des années 1980, dans le secret le plus total, sur le site d’Aïn Oussera, dans le désert du Sahara, à deux cent cinquante kilomètres au sud de la capitale. Il n’a été découvert qu’en 1991 par les satellites américains ». Depuis les années 90, l’Algérie a eu le temps d’élaborer ses recherches : il a fallu 15 ans au Pakistan pour fabriquer sa bombe avec le même point de départ. « Mais les caractéristiques de son programme, son soutien ouvert à l’Iran, et son refus de souscrire au Protocole additionnel de vérification de l’AIEA, attisent les soupçons et ne peuvent que conduire à la conclusion que l’Algérie doit être classée dans les pays « à risque » du point de vue de la prolifération. (Le texte du protocole additionnel concernant ce pays a été approuvé par l’AIEA en 2004, mais, cinq ans plus tard, ce texte n’avait toujours pas été ratifié par les autorités locales.
Le moins que l’on puisse dire est qu’Alger ne semble pas pressé de voir les inspecteurs de l’Agence mettre leur nez dans ses installations nucléaires.) Pour des raisons de statut, elle pourrait ne pas vouloir laisser l’Arabie Saoudite, et surtout l’Égypte, devenir la première puissance nucléaire arabe. Un éventuel programme nucléaire militaire pourrait aussi contribuer, comme cela a été le cas au Pakistan par le passé, à garantir la pérennité du contrôle de l’armée sur le régime… « . Les russes n’auraient-ils pas vendu de la matière fissile au départ de StPetersburg et non pas des missiles, voire des éléments de centrale, voilà la question restée depuis en suspens. La CIA observe l’implantation depuis ses débuts…
Le double circuit du réseau Odessa
En tout cas, nucléaire ou pas, le circuit de transport des cargos était bien établi, comme on peut le voir ici sur cette carte à deux entrées : le flux provenant de StPetersburg, vers la Méditerranée et l’Océan Indien, puis vers le Viet-Nam et celui d’Olvia (Oktyabrsk), près de Samara, en Ukraine, vers la Syrie. « La majeure partie des exportations massives d’armes de la Russie a été acheminée par le port ukrainien d’Oktyabrsk, situé à environ 100 km à l’est de Odessa. Oktyabrsk a été spécialement construit par l’Union soviétique pour expédier des armes et possède un certain nombre de qualités qui le rendent bien adapté à l’exportation d’armes: géographie avantageuse, équipement spécialisé, infrastructure de transport pour les principales installations industrielles de défense de l’ex-URSS, etc. Au moins jusqu’en 2014, Oktyabrsk, le «port maritime spécialisé» hautement sécurisé et très russe à partir duquel le Kremlin a exporté des missiles de croisière Kh-55 vers l’Iran, des missiles sol-air Pechora-2 vers l’Érythrée et des chars T-72 vers le Venezuela et le Sud. Soudan, encore plus de chars et de roquettes au Myanmar (Birmanie)… et tout ce qui précède en Syrie ».
Une enclave russe en Ukraine : le port mafieux d’Oktyabrsk
Après St Petersbourg, et son « extension »récente et moderne, un deuxième port de trafic est né en Mer Noire, présentant l’intérêt d’une navigation moins difficile l’hiver (plus de problème de chargement de bois glissant, car pas de tempêtes mémorables) et plus courte pour desservir le Proche et Moyen-Orient ; un port très particulier, juste situé en Ukraine, mais aux mains des russes : »Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs indépendants en conflit décrit un volume de trafic important ces deux dernières années depuis le port ukrainien d’Oktyabrsk, jusqu’à la côte de la mer Noire depuis Odessa, jusqu’aux principaux ports syriens au bord de la Méditerranée. Fin 2012, Farley Mesko et Tom Wallace – analystes de la sécurité chez C4ADS – ont commencé à enquêter sur un réseau complexe d’individus basés en Ukraine et d’entreprises logistiques responsables du transport d’armes en dehors de la Russie et de l’Ukraine pour le compte de vendeurs gouvernementaux. Leur rapport
« The Odessa Network: Mapping Facilitators of Russian and Ukrainian Arms Transfers » – « Cartographie des facilitateurs des transferts d’armes russe et ukrainien » donne un aperçu d’un système très opaque, en l’occurrence le système de transferts d’armes maritimes lié au gouvernement russe et à l’ancien gouvernement ukrainien (…).
En Ukraine, Oktyabrsk « est contrôlé de manière fonctionnelle par la Russie », le port est dirigé par un ancien capitaine de la marine russe et appartient à un magnat des affaires étroitement lié au Kremlin, a indiqué le rapport. Les principaux exportateurs d’armes russes y ont des bureaux, ainsi que des sociétés de transport et de logistique ukrainiennes et russes que le rapport qualifie de «réseau Odessa». Oktyabrsk a été spécialement construit par l’Union soviétique pour expédier des armes et possède un certain nombre de qualités qui le rendent bien adapté à l’exportation d’armes: géographie avantageuse, équipement spécialisé, infrastructure de transport pour les principales installations industrielles de défense de l’ex-URSS, etc. »
Un système à deux Etats principaux
Le rapport démontre avec brio qu’il n’y a aucune politique autre dans le fonctionnement du groupe Odessa que celle de l’argent à réaliser et à se partager entre « happy fews » au plus haut de l’Etat, comme peut l’être le réseau de distribution de cocaïne mêlant des hommes politiques, avec lequel il a beaucoup de similitudes : « Le réseau Odessa est une collection informelle de sous-traitants en logistique destinée aux gouvernements de Russie et d’Ukraine, et non à des marchands d’armes indépendants. Les entreprises clés et les chiffres à Odessa comprennent Kaalbye Group, Phoenix Trans-Servis. Des entreprises de transport maritime européennes et russes affiliées, telles que Briese Schiffahrts (et sa filiale BBC Chartering) et Balchart jouent un rôle spécialisé important dans le transport de cargaisons particulièrement volumineuses ou sensibles ». Tout a été prévu, y compris la sécurisation des transferts par des équipes de mercenaires : « pour protéger leurs expéditions d’armes, certaines sociétés ukrainiennes et russes sont propriétaires ou sous-traitants de plusieurs sociétés de sécurité maritime privées, telles que Moran Security Group, Muse Professional Group, Helicon Security, Changsuk Security Group et Al Mina Security Group, également actives dans les secteurs suivants: les zones de conflit en Afrique. Le modèle commercial de ces sociétés s’articule autour de la dotation en personnel des navires transitant par des zones dangereuses (notamment le golfe d’Aden et le golfe de Guinée) avec des vétérans de l’armée et du FSU (ex-Union soviétique) fortement armés, qui assurent une protection contre les pirates. Les sociétés travaillent avec des agences d’exportation d’armes d’État telles que Rosoboronexport (l’agence russe chargée des exportations du complexe militaro-industriel russe créé par décret par Vladimir Poutine, le et Ukrspetsexport » (son pendant exact ukrainien). Ce sont bien les deux Etats qui sont à la tête du système qui est avant tout un système mafieux ! Disposant d’une infrastructure imposante, puisque l’on a compté (voir épisode précédent) pas moins de 120 cargos différents y participant !!!
(1) il a été lourdement empoisonné et défiguré en 2004 par de la dioxine cf ici droite), qui lui aurait été administrée à haute dose par un membre des services secrets russes, ce que le pays visé à toujours démenti, bien entendu.
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