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MH-370 (24) : fastidieux détricotage d’un envoi de cargaison d’armes

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Nota : à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic.  La série a débuté ici

Aujourd’hui où l’on redécouvre des implications de la CIA d’envoi d’armes en Syrie via un approvisionnement ukrainien, l’histoire d’un événement particulier résonne étrangement à nos oreilles.  Le samedi 12 décembre 2009, les autorités thaïlandaises saisissent un avion à l’aéroport de Don Mueang de Bangkok. C’est un Ilyushin-76 blanc au réacteurs bleus immatriculé 4L-AWA (en Georgie donc !) s’était posé la veille apparemment pour se ravitailler en carburant, alors qu’il se rendait de Pyongyang Sunan (Corée du Nord) à Gostomel (en Ukraine).  L’appareil devait se rendre d’abord à l’aéroport de Téhéran après une modification de le cargaison à faire à Gostomel, en revenant sur ses pas, donc, pour terminer logiquement ensuite son voyage à Podgorica (capitale du Monténégro), après être passé par Téhéran. Il faudra attendre le rapport de Sergio Finardi, Peter Danssaert, Brian Johnson-Thomas d’octobre 2013 pour avoir une analyse plus poussée de l’événement.  Il est lisible ici.  Un autre document est à consulter également ici (on peut aussi consulter celui-ci).  Le point de départ de son voyage aller était Gostomel, puis Nasosnaya et Al Fujairah avant de passer par Bangkok pour rejoindre Pyongyang, c’est au retour donc qu’il a été arrêté :

 

En réalité, l’avion était aussi passé à l’aller par Bakou… en Azerbaïdjan, après Fujiarah et avant de rejoindre Kiev.  Sur son chemin il avait dû faire une halte au Shri Lanka.  Si on regarde son trajet, on demeure un peu surpris de la route du retour qui le fait passer de Bangkok à Colombo avant de remonter vers l’Arabie Saoudite :  voilà un trajet qui pourrait bien en rappeler un autre…

Le 21 décembre, la police thaïlandaise affirme qu’elle a été incapable de trouver quelque chose à bord impliquant Viktor Bout dans l’envoi de cette cargaison massive d’armes (il y en a 35 tonnes à bord !). Etonnant, car dès le  25 décembre 2009 j’avais déjà découvert ceci (1) :  « mieux encore : peu d’observateurs ont repéré un détail saisissant dans le cas de l’Il-76 stoppé en Thaïlande depuis le 12 décembre.  Son ingénieur de vol, Mikhail Petukhov, au chômage depuis 6 mois,qui affirme ne pas savoir ce que l’avion transportait (à d’autres !) n’est autre que l’ancien copain de chambrée de Victor Bout, au temps où ils étaient tous deux militaires au 339 eme bataillon du régiment de transport soviétique de Vitebsk où ils avaient été incorporés !  Difficile de faire moins impliqué ! »  En février, les charges sont portant toutes abandonnées contre l’équipage, qui risquait la peine de mort au départ, composé de biélorusses et de kazakhs, tous des pilotes ou mécaniciens chevronnés :  il y avait là Ilyas Issakov, 56 ans, Alexandr Zrybnev, 53 ans, Viktor Abdukkayev, 58, Vitaliy Shumkov, 54, tous du Kazakhstan, et Mikhail Petukhou, 54 ans qui est luide Biélorussie :  c’est lui le commandant de bord. « En comparaissant lundi matin devant les juges thaïlandais, ils n’ont pu les convaincre de la véracité de leurs premières déclarations selon lesquelles, affirme leNew York Times , ils transportaient du matériel de forage.  Devant le tribunal, ils ont prétendu qu’ils ignoraient la nature de la cargaison transportée » écrit ici Le Point, qui ajoute que « de nombreuses zones d’ombre demeurent autour de cette mystérieuse affaire.  Tous les passagers ont la cinquantaine, possèdent la qualification de pilote, et personne ne comprend très bien pourquoi ils seraient allés se poser sur un aéroport utilisé par les militaires pour faire le plein d’un avion trafiquant des armes ?  Alors même que la Birmanie voisine les aurait accueillis sans problème ! » ; 

La carrière de l’avion s’avère intéressante, elle est résumée ici dans l’enquête. I l a commencé sa carrière par 15 vols en Libye, pour Buraq Air, premier opérateur privé du pays, puis est devenu GST Aero et East Wing.  Or ces deux sociétés sont nommées dans le rapport du Sipri comme impliqués dans le commerce des armes en Afrique: « dans un rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies, un avion de la GST Aero / East Wing livrait à plusieurs reprises des armes et des munitions dans une zone du Tchad utilisée par des groupes rebelles opérant au Soudan en 2009.  Les entrepreneurs et les entreprises de défense fournissant des armes et du matériel militaire à l’Iraq et à la Géorgie, ainsi qu’aux Nations Unies et aux ONG humanitaires ». A Djamena, c’est le bon vieil Antonov 12 UP-AN206 d’East Wing (ici à droite) qui sert plutôt à les apporter. Il a fini ses jours en épave à Entebbe en Ouganda, il devait trop aimer l’Afrique !!!

 

L’avion s’avère être géorgien alors qu’il porte des couleurs a utilisées par les compagnies aériennes ukrainiennes, à savoir un fuselage blanc avec les capots de moteur peints en bleu.  Le montage de l’opération va se révéler inextricable tout ayant été fait pour que les responsables véritables, trois ukrainiens, n’apparaissent pas ou le moins possible.  Il est bien en tout cas immatriculé chez Air West, une compagnie aérienne créée en Géorgie en 2008, dont le patron est un… ukrainien.  Il s’appelle Yuriy Lunov, et c’est celui qui détient la licence de vol et d’exploitation et cela aussi qui a embauché l’équipage.  Mais l’Ill-76 n’appartient pas à East Wing qui le loue à son vrai propriétaire, qui s’appelle Overseas Cargo.  East Wing en utilisant d’autres tel le UP-I7621 ou le UP-I7623, ici à droite ou encore le UN-76010 ou UN-76006 vu ici en 2008 à Fujairah.  Ici à droite l’avion incriminé posé en 2009 à Sharjah, d’où il ravitaillait les américains sur leurs bases afghanes. A droite encore ci-contre le hangar de East Wing-GST. On peut y dénombrer 9 Ill-76.  En fait un autre ukrainien, Igor Karev-Popov a créé une société  écran appelée SP Trading Ltd, avec l’aide des agents de GT Group Ltd en Nouvelle-Zélande et de GT Capital Ltd Hong Kong Ltd, liés eux-mêmes à Unitrust Ltd en Nouvelle-Zélande, des coquilles vides toutes contrôlées par des expatriés ukrainiens basés à Toronto au Canada.  L’avion choisi à un lourd passé de trafiquant ; il avait été enregistré auparavant auprès d’un trafiquant d’armes international, le ressortissant kazakh Aleksandr Viktorovich Zykov, par l’intermédiaire d’une société enregistrée aux Émirats Arabes Unis.  L’enquête remonte vite jusqu’à l’obscur promoteur néo-zélandais Geoff Taylor de GT Croup Ltd et de GT Capital (Hong Kong) Ltd.  Taylor est un spécialiste du voyage de comptes offshores : en Nouvelle-Zélande il a créé pas moins de 2496 entreprises différentes, dont toutes présentent exactement la même adresse !

Celui-là, je l’avais repéré dès janvier 2011 : Dès le premier jour de l’enquête, des journalistes avaient flairé le montage très complexe de l’opération, en remontant le donneur d’ordre de l’affrètement de l’avion.  « À l’étranger Trading FZE, une société de leasing basée à Sharjah (Emirats Arabes Unis) et appartenant à Svetlana Zykova, a loué les Il- 76 à une société géorgienne, Air West, détenue par Levan Kakabadze. Air West, à son tour loué l’avion à SP Trading, une société qui a été créée par Yury Lunyov a été mise en service une semaine seulement avant la transaction . SP Trading a commandé l’avion à Union Top Management (UTM), -enregistré à Hong Kong . UTM a été également créé seulement un mois auparavant.  Le fondateur d’UTM – Dario Cabreros Garmendia, un espagnol est inconnu, on ne sait pas où il se trouve, de même qu’on ne connaît pas l’entreprise de Corée du Nord d’où proviennent les armes ». « Lunyov prétend qu’une autre société – d’Ukraine, Aerotrack – avait la responsabilité de chaperonner l’envoi de la Corée du Nord à l’Iran et qu’ Aerotrack avait à l’origine falsifié le contrat d’accord et liste de colisage pour suggérer que le fret était des pièces de rechange. Aucun Aerotrack n’a jamais existé à l’adresse indiquée et son contact principal Victoria Doneckaya donne comme numéro de téléphone celui d’une résidence privée qui n’a jamais entendu parler d’elle ou Aerotrack. En fait, toutes les propriétaires de sociétés (du moins, ceux qui qui ont pu être trouvées) Zykova, Kakabadze et Lunyov se refusent à re connaître ce que l’envoi a été réellement. Toutefois, ils partagent tous une connexion : Alexander Zykov, mari de Zykova associé connu de Lunyov. Zykov possède East Wind, une société de fret aérien au Kazakhstan. L’équipage arrêté lui appartient. Les entreprises et les aéronefs appartenant à Zykov sont connus pour avoir été impliqués dans le trafic d’armes en Afrique subsaharienne. Toutefois, Zykov affirme que l’équipage était en congé temporaire quand ils a été capturé ».  La première déclaration niant les faits est faite par Zykov d’Almaty, le 21 janvier 2010, au Kazakhstan.  Un Zykov assez excédé qui finissait l’entretien par un « allez chercher les gens qui ont ordonné ce vol« , a dit Zykov à un journaliste de l’AP et a raccroché le téléphone ».  Et pourtant : Aerotrack (ou Antonov Aerotrack, son nom complet) n’était pas une totale inconnue : dans les années 1990, la CIA l’avait accusée d’avoir acheminé des pièces de lanceurs de missiles Scud depuis la Corée du Nord vers l’Iran via Kiev, et ce en 1995 exactement.
Mafia, extrême droite… la complète
« Antonov Aerotrack avait également des liens avec des structures présumées du crime organisé: le registre des sociétés ukrainien montre qu’une part importante de l’entreprise était détenue par une entreprise viennoise notoire, Nordex GmbH, dirigée par Grigory Loutchansky, une figure légendaire de les années 1990. « La CIA a rapporté qu’elle [Nordex] négocie divers systèmes allant du commerce illégal d’armes au blanchiment d’argent pour la mafia russe », écrit l’ambassade américaine à Kiev dans une circulaire d’avril 1999. Bien que basé à Vienne et souvent associé dans les médias avec la Russie, Nordex avait de solides liens avec l’Ukraine: le partenaire de Loutchansky dans Nordex était l’oligarque israélo-ukrainien Vadim Rabinovich, selon le propre témoignage de Rabinovich dans une biographie autorisée. Kaplyunenko, de GST Ukraine, a déclaré que son entreprise n’avait aucun lien avec Nordex ou Rabinovich. En 1996, des sources de la CIA ont déclaré au magazine Time qu’en 1995, Nordex avait acheminé des pièces de lanceurs de missiles Scud depuis la Corée du Nord vers l’Iran, via un avion Antonov Aerotrack immatriculé en Ukraine, via Kyiv. Des sources de la CIA auraient également déclaré que Nordex avait transféré des matières nucléaires en Iran en 1993-1994.  Loutchansky a admis avoir visité la Corée du Nord et posséder l’avion, mais a déclaré qu’il n’avait rien à voir avec la cargaison, car l’avion avait été loué à l’époque à une entreprise bulgare. Interrogé sur l’incident dans sa biographie, Rabinovich a ajouté que Nordex n’était plus propriétaire de l’avion à l’époque, après l’avoir vendu à Aerotrack » Rabinovitch, surnommé ici « le Trump de l’Ukraine «  !!!  L’homme aux relations… d’extrême droite, comme on peut le voir ici…
Une poupée russe dont sort au final… Bill Clinton !
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Lorsque Bill Clinton quitte le pouvoir, il prend bien soin juste avant de pardonner Marc Rich (qui est né à Anvers, en Belgique !), qui aurait logiquement dû aller en prison.  C’est aujourd’hui encore une de ses décisions les plus controversées.  Or quand il le fait, il sait pertinemment les liens qu’a entretenus Rich avec des investisseurs douteux.  Et parmi eux…Loutchansky : « en  raison de sa nationalité suisse, M. Rich ne peut être extradé du pays qu’il a utilisé comme base depuis les années 1970, mais les récentes modifications apportées à la législation suisse ont fait du blanchiment d’argent une infraction grave assortie de lourdes sanctions pénales. M. Giovagnoli a dit vouloir d’abord interroger Grigori Loutchansky, dont la société Nordex a été liée à M. Rich. M. Loutchansky, qui a la citoyenneté israélienne, est considéré par les autorités chargées de l’application des lois comme une figure majeure du réseau de criminalité organisé russe, a déclaré M. Giovagnoli. « J’ai un rapport d’Interpol qui indique que Marc Rich était l’un des partenaires fondateurs de Nordex », a-t-il déclaré.  Selon les procureurs, Nordex, une société basée à Vienne, en Autriche, ayant des bureaux en Allemagne, en Irlande, en Lituanie, en Russie, en Suisse et en Ukraine, est accusée d’avoir joué un rôle central dans l’opération de blanchiment mise au jour par l’opération « Spiderweb » . Dans les documents judiciaires en Grande-Bretagne, les autorités maintiennent que M. Rich était un partenaire fondateur de Nordex. Ils disent que Nordex a été « créée par la vieille garde du régime communiste pour permettre l’exode des fonds du Parti communiste américain avant l’effondrement de l’Union soviétique ». M. Loutchansky a été expulsé de Grande-Bretagne en 1994 ».
 
L’homme dont on avait saisi l’avion à Bangkok n’avait pas totalement tort :  il était le propriétaire de l’avion, certes, mais rien de plus.  La commande provenait de Nouvelle-Zélande.  Un autre individu en effet clame aussi son innocence et c’est Geoffrey Taylor, alors que des documents mènent à lui.  « Mais la Nouvelle-Zélande lui a montré des dossiers attestant qu’il est bien l’actionnaire qui contrôle Vicam Ltd au 8 septembre 2009. Un mois et demi après que le fils de Geoffroy, Michael, ait déclaré une société néo-zélandaise appelée SP Trading, en tant que filiale en propriété exclusive de Vicam. SP Trading est devenu connue le 12 décembre dernier, lorsque les agences de renseignements de la police thaïlandaise ont inspecté l’Ill-76, l’ avion qui s’est arrêté pour faire le plein de Bangkok en provenance de Pyongyang vers Téhéran. Le certificat de transport aérien a décrit les marchandises comme « du matériel pour champ de pétrole » mais à l’intérieur des 147 cartons ont été trouvé des explosifs, des grenades propulsées par fusée et des lanceurs de missiles informatisés. L’équipage était Kazakh et Biélorusse, et était dans l’ignorance du contenu de la cargaison. Comme le disait aussi le GT Group,jusqu’à ce que des documents ont révélé que l’avion avait été loué à la SP Trading ».
Evidemment, Taylor, qui se présente lui-même sur ses sites comme un « innovateur au top du classement des gestionnaires de fonds de pensions » nie toute implication et rejette la faute sur d’autres.  Après les enquêtes de journaux, GT Group a publié un déclaration du Vanuatu disant qu’il avait formé SP Trading à la demande d’un client « professionnel » situé au Royaume-Uni, et utilisant Vicam comme nom, en la personne d’une femme nommée Zhang Lu, responsable d’une mise en scène, selon lui.  SP Trading a déclaré qu’il ne savait rien pour les armes.  S’exprimant au nom de ses employés, associés et ses sociétés, le groupe GT a dit qu’aucun n’avait connaissance des activités de SP Trading, « et n’était en aucune façon impliqué dans le transfert d’éléments de toute genre, en tout lieu et par tous les moyens. » En poussant un peu plus loin leurs recherches, les journalistes découvraient entre temps d’autres liens intéressants.  « L’actionnaire et membre de GT Goup, Vicam Ltd, est apparue comme étant la gagnante récemment d’une enchère portant sur des millions de barils de pétrole, octroyé par le gouvernement azerbaïdjanais. Il a remporté des contrats lucratifs de travaux publics en Roumanie et a créé un certain émoi quand les journaux ont suggéré que des membres du gouvernement recevaient des actions en échange, ce qu’ils ont effectivement nié ».
Le 3 septembre 2010, neuf mois après les faits, on découvre enfin qui se cachait derrière le nom de Lu Zhang, la directrice de SP Trading Ltd, la firme ayant conclu le contrat de livraison.  Elle est âgé de 28 ans et c’est… une ancienne employée d’un Burger King d’Auckland !  Comme adresse personnelle, elle possédait en effet la même que les 2496 entreprises citées !  L’histoire qu’elle raconte aujourd’hui est assez incroyable et dénote du cynisme et des pratiques de Geoffret Taylor et de son entourage : elle avait été recrutée en 2008 par Taylor et ses deux fils dans sa société Global Fin Net, pour y effectuer des tâches administratives seulement.  « C’était un travail de base très administrative. Je venais déposer tous les documents, vérifier les e-mails et m’occuper de l’entretien quotidien du bureau. » La lampiste parfaite, visiblement, qui s’est fait piéger en beauté : « elle a déclaré que M. Taylor lui avait expliqué, à elle et à son mari Paul Gao, 27 ans, que son rôle dans l’affaire sera d’intégrer les entreprises avant les vendre à des personnes basées à l’étranger. « La première fois que Geoffrey nous a parlé de « direction » nous ne sentions pas sûrs de nous, parce que nous savions que l’administrateur de sociétés avait des responsabilité. » dit-elle… « Mais nous avons pensé que ça serait OK parce que pour nous, il suffisait d’ouvrir le compte et que cela n’avait rien à voir avec le fonctionnement de l’entreprise ». « Nous avons pensé que c’était peu de chose, ne voulant pas nuire à qui que ce soit. « 
On poursuit sur la même lancée.  Le pire, c’est ce qu’avait découvert en 2008 un trader plus curieux que les autres.  D’une espèce assez particulière :  c’était en réalité le directeur de l’unité anti-blanchiment de sa banque, à Londres.  L’histoire démarre cette fois avec Stella Port-Louis, 30 ans seulement, autre employée de GT Group aux Seychelles, avec le titre de directrice, entre autre, de Lotus Holding Company Limited .  A cet endroit, GT Group dispose aussi de plusieurs adresses : 338 exactement, avec une seule et unique directrice :  Stella.  Echaudée par ce qui est arrivée à sa consœur, elle prend les devants… et révèle le principe mis en place aussi là-bas, où les adresses se perdent à nouveau au milieu de centaines d’autres.  Ses sociétés s’appellent par exemple Petro Tex Ltd, El Mondo Ltd, London Group ou Nelson Trading Lt et sont toutes domiciliées au Level 5, 369 Queen St, Auckland. L’adresse de ST Trading :  or ce bâtiment, autre particularité étonnante, appartient en fait à l’armée du salut !  A côté réside Danite Corporate, une autre société de prêtes-noms.  La seule rivale possible de Stella étant une autre employée de GT Group, Nesita Manceau, de Port Vila (la capitale du Vanuatu), qui en dirige autant ou presque. C’est la directrice, elle, de SP Trading, la firme mise en cause dans le transfert d’armes de Thaïlande, appartenant à Vicam (Auckland) Ltd.  Bien entendu le nom de Nesita Manceau fait rebondir sur toutes les autres firmes virtuelles, telle ici BMI Consulting ltd.  Son adresse étant alors 72 New Bond Street, Mayfair, London.  La liste où elle figure comme directrice est assez sidérante…. elle tient sur 13 pages consécutives….
Elle aussi, est donc « directrice » de plusieurs sociétés !   USA Today, le 23 février 2007, révélait que la pratique était déjà courante depuis longtemps, mais au Nevada :  « l’analyse de USA TODAY a révélé que plus de 1 000 sociétés au Nevada avaient comme seul dirigeant William Reed, un cadre de 56 ans identifié tel quel dans le procès de la Federal Trade Commission Protection Chaque société avait comme siège de l’entreprise la même adresse ».  En 5 minutes et en réglant 95 dollars, vous en créez une, raconte le journal !  Pour Stella, même principe : tout est au rabais.  Le site de Lotus Holding Company Limited est la copie conforme de celui de sa firme mère…

La presse évoque plutôt un un « Européen basé au Royaume-Uni» comme responsable du vol, travaillant pour Igor Karev-Popov et Iurii Lunov, dont les bureaux sont en effet installés en Ukraine, au 19-21 rue Frunze, à Kiev.  Pour compliquer encore la chose, SP Trading  a signé un accord avec une société-écran créée exprès à Hong Kong, et appelée Union Top Management (UTM), pour affréter l’avion.  Selon Air Way Bills le destinataire final de la cargaison s’appelait Aerotrack Ltd, « censée être situé à la même adresse à Kiev que SP Trading, mais introuvable par les autorités ukrainiennes dans leurs registres officiels »,  l’expéditeur de coréen étant l’obscure Korean General Trading Corporation.

En novembre, la firme Sky Georgia, rebaptisée East Wings, censée n’avoir que deux DC-9-50 dans sa flotte, louait un deuxième Il-76 à la société ukrainienne SP Transport Limited, dont le siège est au Vanuatu, on l’a vu dans l’épisode précédent (pas d’impôts !).  C’est celui qui a été saisi en Thaïlande… avec à bord les missiles décrits.  L’appareil n’est autre que l’ancien Air Pass/Air Cess du Swaziland, enregistré 3D-RTA, le Centrafricain Airlines siglé TL-ACY, et le GST Aero enregistré UN-76007, visiteur parfois de Vatry, lui aussi : du Victor Bout, de A à Z, bénéficiant de la protection bienveillante, à Sharjah, d’Abdullah bin Zayed Al Nahyan… l’avion aux missiles saisi en Thaïlande, qui avait refait de l’essence à Gostomel en Ukraine (près de Kiev, et où avaient dû être chargés les missiles) le 8 décembre, avait décollé initialement de… Sharjah.

 

Le 19 janvier 2012, World Airways (Atlanta) et Silk Way Airlines (Baku) annonçant ce jour-là « avoir conclu un accord de collaboration pour fournir un service de fret aérien hors normes à l’armée américaine. L’accord prévoit des services de fret à partir de janvier 2012 en utilisant les avions Il-76 de Silk Way ». World Airways, c’est l’entreprise de Benjamin Pepper qui a fait toute sa carrière dans le transport de l’armée américaine (et s’est arrêtée le 27 mars 2014… on pouvait lire ceci à son propos en mars 2005 : « les opérations militaires en cours en Afghanistan et en Irak peuvent être éprouvantes sur l’armée américaine, mais ils sont une aubaine positive pour World Airways, qui est devenu un seul plus important fournisseur du Pentagone de transport de troupes.  « Heureusement, nous avons localisé la société pour en tirer parti », a déclaré le PDG Randy Martinez dans une interview avec Atlanta Business Chronicle. « L’armée devient de plus en plus dépendante des transporteurs commerciaux pour déplacer ses habitants en paix et en temps de guerre.  Par conséquent, World Airways tire environ les trois quarts de ses revenus annuels de 503 millions de dollars de l’armée.  Ironiquement, cela fait peut-être de World Airways l’une des compagnies aériennes les plus rentables d’Amérique. comme d’autres transporteurs traditionnels ». A droite son 747 N743WA devenu depuis ER-JAI chez Aerotrans Cargo, sans avoir été repeint, visiblement.  Une firme… Moldave !  Il se fait vieux : en décollant de Frankfort Hahn (Germany) vers Baku (Azerbaijan), le 26 février dernier, le pilote a senti des vibrations et s’est reposé après 80 minutes de vol.  A l’atterrissage, il a constaté que le carter arrière du moteur 1 (à gauche vers l’extérieur) avait perdu une partie.  C’est un avion d’Aérotrains que l’on a retrouvé à Ostende transportant des milliers de munitions vers la Libye en 2015…

 

Sur le site Web de Taylor, geoffreytaylor.net (fermé depuis), il se présentait comme le responsable de la « Southern Pacific University », basée en Malaisie et qui vend des diplômes Internet… elle, on peut toujours la voir… !

 

(1) « L’ingénieur en chef sur le vol était Mikhaïl Petoukhov, 54 ans, un biélorusse au chômage avec près de deux décennies d’expérience dans l’armée de l’air soviétique. Son épouse Vera a dit par téléphone à TIME, au Bélarus, que le vol était le premier de Petukhov pour une entreprise dont il ne lui avait jamais dit le nom. Avant cela, il avait attendu plus de six mois pour un travail. “C’est comme ça,” dit-elle. «De temps en temps, il arrive qu’ils reçoivent un appel concernant un travail ponctuel. Et ils prennent ce qu’ils peuvent obtenir. Une fois il est parti depuis trois mois et est revenu avec seulement 50 dollars; d’autres fois c’est plus. Puis il attend à nouveau. »Elle a dit qu’il n’avait jamais eu les autres membres de l’équipage, tous des Kazakhs, avant de partir début décembre pour Kiev, où le serait l’origine du vol. »

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH-370 (23) : des veaux aux véhicules blindés


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