Cette implication des iraniens dans la dissĂ©mination directe des armes notamment au Yemen, en direction des rebelles Houthis, combattus par⊠lâArabie Saoudite aidĂ©e par les USA, on la trouve plus effective encore par mer.
Câest un document implacable qui le dĂ©montre sans ambages. Il sâintitule « Dispatch From The Field, Martime Interdictions of Weapons To Somalia and Yemen ».  Il est accablant pour lâIran en effet, car on peut y voir ce qui  a Ă©tĂ© dĂ©couvert en mars 2016 par le navire australien HMAS :  une frĂ©gate lance-missile de la classe Adelaide lors de lâarraisonnement dâun petit boutre, appelĂ© le Al Mansoor, Ă 170 miles nautiques de la cĂŽte dâOman.  Il nâest pas le seul navire de guerre Ă avoir fait la dĂ©couverte : des soldats de lâUAE avaient dĂ©couvert, dans une cache des rebelles Houthis dans la province de Taiz en novembre 2015, des missiles russes caractĂ©ristiques Kornet, des missiles anti-tank qui Ă©taient le frĂšre siamois de ceux que dĂ©couvrira la frĂ©gate française FS Provence en mars 2016,  avec des numĂ©ros de sĂ©rie qui continuaient mĂȘme les prĂ©cĂ©dents ! A bord du petit bateau de bois,Â
« Il y avait Ă©galement 2 000 nouveaux fusils dâassaut AKM (nota : des Kalachnikov) avec des numĂ©ros de sĂ©rie sĂ©quentiels, « ce qui suggĂšre que les fusils proviennent dâun stock national, plutĂŽt que de sources non Ă©tatiques disparates. » Il y avait aussi des copies de Dragunov, le fusil de calibre .50 des tireurs dâĂ©lites, fabriquĂ©s aussi en Iran, avec des originaux russes Ă cĂŽté⊠(ici photo Ă droite):  âŠont trouvĂ© que le mĂȘme numĂ©ro de sĂ©rie se sĂ©quençait, « ce qui suggĂšre que le matĂ©riel provient du mĂȘme envoi », ajoute le rapport.
 LâAustralien HMAS Darwin a saisi plus de 2 000 armes, dont des fusils dâassaut et 100 lance-roquettes de fabrication iranienne (ici Ă gauche). La saisie française comprenait plus de 2 000 fusils dâassaut, 64 nouveaux fusils de prĂ©cision de fabrication iranienne Hoshdar-M et neuf missiles antichars de fabrication russe. »  Bien quâil nây ait pas de lien direct entre le constructeur de navires et le CGR, Jonah Leff, directeur des opĂ©rations chez CAR, a dĂ©clarĂ©:
« Nous avons trouvĂ© quelques anciens employĂ©s dâAl Mansoor et ils ont donnĂ© quelques informations, qui ont en quelque sorte gelĂ© et disparu. « A noter que parmi les fusils dâassaut saisis figuraient des engins fabriquĂ©s aussi en Chine, estampillĂ©s de lâĂ©toile caractĂ©ristique (ici Ă droite). Des armes lĂ©gĂšres venues de Chine, de Roumanie, de Bulgarie et de CorĂ©e du Nord ont Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es dans certains des boutres, en effet.
Certains engins Ă©taient trĂšs rĂ©cents : à  gauche ici des tubes de Dehllavieh ATGW, un missile fabriquĂ© en 2015 selon ses inscriptions. Un missile dont les iraniens sont trĂšs fiers : ils en ont mĂȘme fait en 2012 une vidĂ©o de propagande, avec dans le rĂŽle principal lâineffable ministre de la dĂ©fense, le Brigadier General Ahmad Vahidi. Câest celui qui sâĂ©tait rendu cĂ©lĂšbre en prĂ©sentant le chasseur invisible en carton qui avait fait rire toute la planĂšteâŠÂ Le Dehllavieh est en fait la copie iranienne du missile russe 9M133 Kornet ! «Â
Le « pipeline dâarmes » dĂ©crit dans le rapport circule depuis lâIran vers un petit port de transbordement dans la rĂ©gion semi-autonome de la cĂŽte somalienne, Ă la pointe de la corne de lâAfrique. La rĂ©gion cĂŽtiĂšre est en grande partie non gouvernĂ©e par les autoritĂ©s somaliennes, et un ancien ministre des Ports de Puntland a dĂ©clarĂ© Ă Reuters que lâannĂ©e derniĂšre, 160 bateaux iraniens ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s illĂ©galement dans les eaux somaliennes.
 M. Leff a dĂ©clarĂ© que dans les ports somaliens, il a Ă©tĂ© rapportĂ© que les armes venaient dâIran qui arrivent Ă quai ou sont ancrĂ©es au large de la cĂŽte oĂč de plus petits navires les amĂšnent vers des ports somaliens. Les armes entrent alors dans le commerce de la rĂ©gion ou se rendent au YĂ©men, camouflĂ©es dans le lourd trafic maritime qui sillonne la rĂ©gion ».
Ci-dessous la carte des arrivĂ©es des boutres dessinĂ©e par CAR : on voit que les bateaux arrivent dâabord en Somalie (des porte-containers iraniens), et que leur chargement est ensuite dispatchĂ© par les fameux boutres vers le Yemen:
« Le port le plus visitĂ©s Ă©tant celui dâAsh Shihr au YĂ©men, Ă lâest de Mukalla, selon un enquĂȘteur en Somalie de CAR (le « Conflict Armament Research », dâorigine anglaise qui faisait un excellent travail). Un autre navire, amĂ©ricain celui-lĂ , le Sirocco, dĂ©couvrira 1 500 Kalashnikov, 200 lance-roquettes RPG, et 21 fusils de calibre .50 Ă bord dâun second boutre. Lâimage des Kalachnikovs empilĂ©es dans une cale du Sirocco Ă©tait en effet trĂšs impressionnante. Ci-dessous, la saisie toute aussi impressionnante des RPG dĂ©couvertes le 28 mars 2016 par le petit « coastal patrol ship », lâUSS Sirocco  lancĂ© en 1992 (PC 6), et transfĂ©rĂ©es au destroyer USS Gravely (DDG 107). Un autre clichĂ© montre les Kalachnikovs Ă©talĂ©es Ă bord de la frĂ©gate Provence (ci-dessous). Les français aussi ont pu constater de visu lâimplication iranienne dans le conflit au Yemen !
Et comme ça ne semble jamais avoir de fin, on peut ajouter la dĂ©couverte le 30 aoĂ»t dernier de «  plus de 1000 Kalachnikovs », selon les premiĂšres informations apparues, une saisie dâarmĂ©es effectuĂ©e, dans le Golfe dâAden, dissimulĂ©es encore une fois dans un petit bateau Ă voiles, appelĂ© lĂ -bas un « dhow », encore un boutre en fait. La prise a Ă©tĂ© faite lorsque les marins du destroyer Ă missiles guidĂ©s USS Jason Dunham (du nom dâun jeune Marines qui sâest sacrifiĂ© en Irak en 2004 en se jetant sur une grenade pour sauver ses camarades) ont observĂ© au loin, Ă la jumelle, le boutre se dĂ©lester discrĂštement de colis dans un skiff plus petit, Ă moteur.
 Un hĂ©licoptĂšre Ă©tait allĂ© filmer la scĂšne (ici Ă gauche, on peut la voir ici en action). AprĂšs recomptage, les marins du Dunham ont comptabilisĂ©  2521 armesâŠÂ dissimulĂ©es dans des sachets plastiques verts (ici Ă droite). Il en serait restĂ© 500 dans lâesquif qui commençait Ă couler, et a donc Ă©tĂ© mitraillĂ©. Il semble que les modĂšles trouvĂ©s soient des AKMS, Ă crosse rabattable, en 7,62x39mm. Sortie en 1959, à  boĂźtier de culasse embouti et fabriquĂ©s Ă©galement en Hongrie (la disposition des rivets visible ici faisant pencher pour une type 56 chinoise (de Norinco avec une type 56-1, celle avec une crosse mĂ©tallique se pliant sous lâarme comme on peut le voir ici). En tout cas, des armes provenant dâun lot ancien du temps de lâĂšre soviĂ©tique !!! On distingue trĂšs bien le sĂ©lecteur de tir en tĂŽle emboutie, qui permet le fonctionnement en automatique. Selon NBCNews, les armes « provenaient dâIran« . Dans lâarticle on prĂ©cise bien quâen mĂȘme temps, dans le mĂȘme secteur, le trafic de drogue a explosĂ© : 32 300 livres dâhĂ©roĂŻne (14,6 tonnes !) et 175 917 de haschich (79 tonnes) avaient Ă©tĂ© saisi(e) s depuis 2012, mais dĂ©but 2018 ce sont 6 600 livres dâhĂ©roĂŻne (prĂšs de 3 tonnes) et 66 000 de marijuana (30 tonnes) qui lâont dĂ©jĂ Ă©tĂ© ! Ci -dessous les Kalachnikovs empilĂ©es extraites de leurs sachets :
Des pirates aussi armés par un loup ?
Ce nâĂ©tait pas la premiĂšre  fois pourtant : on sâĂ©tait aperçu dĂ©jĂ de ces arrivĂ©s dâarmes, mais dâune autre maniĂšre. Ăa tenait en une seule photo.
 Celle dâun bĂȘte sac plastique montré par les marins de lâUSS Kid, et saisi Ă des pirates somaliens quâils avaient arrĂȘtĂ© dans le golfe dâOman. Dedans, des chargeurs de Kalachnikovs, mais aussi et surtout des balles sĂ©parĂ©es, encore pour certaines dans leurs boĂźtes dâorigineâŠÂ
Et lĂ surprise : en photo, en grand (ici Ă droite) , une marque de visible : Wolf. Un distributeur de munitions amĂ©ricain trĂšs connu sur le marchĂ©, la marque commerciale grand public de Sporting Supplies International (SSI), dont les balles proviennent pour la plupart de⊠la Tula Cartridge Plant installĂ©e Ă âŠÂ  Tula, dans le District du mĂȘme nom, câest Ă dire enâŠÂ Russie !!! (la sociĂ©tĂ© produit aussi Ă lâUlyanovsk Machinery Plant).
Pas vraiment une inconnue, qui nous ramĂšne Ă toute une sĂ©rie dâarticles sur la circulation des armes dĂ©couvertes en Afghanistan, dans lesquels Wolf avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© citĂ© : ses balles avaient Ă©tĂ© dĂ©couvertes cĂŽtĂ© taliban aprĂšs un accrochage avec lâarmĂ©e amĂ©ricaine. Le New-York Times avait fait un trĂšs bon article Ă ce sujet.  Son enquĂȘte aboutira plus tard Ă la dĂ©couverte du jeune fournisseur de Floride appelĂ© EphraĂŻm Diveroli.  Les mĂȘmes Ă©taient de retour, donc ⊠car en prime, lors de lâinspection du bateau des assaillants, une autre dĂ©couverte Ă©trange avait eu lieu : celle dâun SAR-80 dĂ©muni de sa crosse comme pistolet-mitrailleur,
Ă la place des fameuses Kalachnikovs, dont une chinoise similaire Ă celles retrouvĂ©es à Marhah, en Afghanistan, et des yougoslaves, une arme datant des annĂ©es 80 et produite Ă SingapourâŠ






« Mais le colonel de lâUS Air Force semble avoir Ă©chouĂ© Ă tirer des leçons de cette expĂ©rience. Cette fois, la source que lui et Miller ont essayĂ© dâenrĂŽler pour transporter les AK-47s en Somalie Ă©tait en fait un informateur de lâagence des douanes et de lâimmigration, qui a dĂ©noncĂ© les deux. Laura Rozen a contactĂ© la femme dâOâToole, qui a refusĂ© de commenter lâacte dâaccusation de son mari. Mais lâaffaire a incitĂ© Yossi Melman, correspondant de la presse israĂ©lienne pour le journal israĂ©lien Haaretz, Ă se demander pourquoi tant dâIsraĂ©liens sont arrĂȘtĂ©s au sujet des transactions dâarmes illĂ©gales dans le monde »⊠Selon Haaretz, « Miller Ă©tait impliquĂ© dans un contrat de 10 millions de dollars et Radom avec la RĂ©publique du Tchad, qui consistait Ă remettre en service les hĂ©licoptĂšres soviĂ©tiques Mi-17, ainsi que les avions suisses Pilatus, fabriquĂ©s pour la formation et combattre les rebelles de ce pays ».  Miller, aprĂšs voir quittĂ© Radom, a fondĂ© ensuite Yehud, en IsraĂ«l, une autre sociĂ©tĂ© indĂ©pendante spĂ©cialisĂ©e dans la guerre Ă©lectronique et les Ă©quipements de vision nocturne, avait ajoutĂ© le journal. Pour le Tchad, le travail qui lâattendait a pris une autre tournure le 15 aoĂ»t 2017, avec une trĂšs violente tornade qui avait dĂ©truit le hangar du Pilatus et des hĂ©licoptĂšres. Trois des six AS350/AS550C Fennec avaient Ă©tĂ© trĂšs gravement endommagĂ©s  (voir ici le dĂ©sastre) ainsi que deux Sukkhoi Su-25 et le Pilatus PC-12. Le Tchad avait Ă©tĂ© abondamment fourni par lâUkraine, auparavant :  « bien que le Tchad nâa pas Ă©tĂ© lâun des principaux bĂ©nĂ©ficiaires dâarmes de lâUkraine dans la pĂ©riode 2005-2009, lâUkraine semble avoir Ă©tĂ© le principal fournisseur dâarmes du Tchad au cours de cette pĂ©riode. Selon les rapports annuels du Service dâEtat sur le contrĂŽle des exportations, le Tchad a reçu une sĂ©rie dâarticles militaires pendant cette pĂ©riode, y compris 119 vĂ©hicules de combats dâinfanterieBMP, 12 vĂ©hicules de combat dâinfanterie BTR-3U, au moins 4 avions dâattaque au sol Su-25 (dont 1 Su-25UB), 6 hĂ©licoptĂšres de combat Mi-24, 31 000 fusils et carabines, 350 mitrailleuses lĂ©gĂšres, 500 lance-grenades portables, 1000 canons antichars portables et une quantitĂ© de munitions inconnue. Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que lâunitĂ© dâexploitation tchadienne des Su-25 et Mi-24 et les Mi-17 hĂ©licoptĂšres a Ă©tĂ© mise sous le contrĂŽle de lâUkraine sous forme de personnels sous contrat. Il a Ă©galement Ă©tĂ© dit que les pilotes Ukrainiens ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans une attaque impliquant des avions de combat Su-25  et un Mi-24, hĂ©licoptĂšre de combat, contre des insurgĂ©s tchadiens Ă la frontiĂšre entre le Tchad et la rĂ©gion du Darfour au Soudan en mai Ă 2009. Et enfin quâun Su-25 a Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ© lors dâune attaque en dĂ©cembre 2009 contre des insurgĂ©s qui avaient attaquĂ© une unitĂ© de lâarmĂ©e tchadienne. » note le SIPRI.  Dâautres Pilatus PC-9 tchadiens semblent plutĂŽt ceux dont devait sâoccuper OâToole. Â
Les avions avaient Ă©tĂ© apportĂ©s par Habib Boukharoubaâ, un franco-algĂ©rien, de chez Griffon Aerospace. Jâavais expliquĂ© cette armĂ©e type « SystĂšme D » ici. Et lĂ Ă©galement. Et lĂ pour conclure. Trois Ă©pisodes pour trouver au milieu le dĂ©nommé Abakar Manany, retrouvĂ© par le Canard EnchaĂźnĂ© : « Manany faisait partie, avec GuĂ©ant et J.D. Levitte de la dĂ©lĂ©gation française qui a pris langue avec Bachir Saleh, en 2007 Ă Syrte. Sans doute pour parler des vertus du palmier-dattier. Depuis des annĂ©es, le gentil coursier a multipliĂ© les allers-retours en jet privĂ© entre le Bourget et Tripoli »⊠Aujourdâhui, Boukharoubaâ vole sur le magnifique Magister F-AZXV/479/2-HB. Ici au RIATT 201. Lâavion appartient Ă Â Sandrine Zandotti la liquidatrice de Griffon ! On la retrouve chez n Hawker Hunter T.68 biplace immatriculĂ© en Afrique du Sud !!).Â
 Lorsque Joseph OâToole dĂ©cĂšde, le 4 septembre 2017,  le Washington Post titre Ă son propos sans hĂ©siter « Joseph P. OâToole, Air Force colonel and CIA employee »⊠Ah et bien voilĂ Â câest dit, ils auront mis le temps ! Le colonel travaillait bien pour la CIA⊠main dans la main avec un ancien du mossad israĂ©lien !!! Il dĂ©cĂšde le 13 octobre 2017 Ă 86 ans. On ne trouve pas de photos de son procĂšs, Ă part une trĂšs floue. : il voulait, on le suppose, garder ses habitudes de discrĂ©tion. Mais on a nĂ©anmoins pu le voir sâactiver en 2013 dans une manifestation anti-immigrants, comme responsable rĂ©publicain local (du » Mt. View Republican Club« , ou sur une page Facebook dĂ©diĂ©e par ce club lors de sa disparition). Dans son faire part de dĂ©cĂšs, aucune allusion Ă ce quâil a rĂ©ellement fait pendant des annĂ©es.
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Le journal citoyen est une tribune. Les opinions quâon y retrouve sont propres Ă leurs auteurs.
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