Brésil, Bolivie, Paraguay, Argentine, mais il ne faudrait pas non plus oublier le Venezuela, nous rappelle récemment et fort à propos un journal de Miami. Le Venezuela et ses trafiquants venus acheter des avions à un broker de Floride bien précis.
L’affaire date de quelques années déjà, et c’est bien elle qui est à l’origine de la découverte du trafic et des procédés mis en place pour se munir des avions indispensables, comme vient tout juste de le rappeler ici le Miami New Times sous la signature de Penn Bullock (1). Un journaliste qui, il y a quatre ans, avait écrit un remarquable article sur les sulfureux frères Whittington, coureurs au Mans en 1986 à bord de leur Porsche alors qu’ils traficotaient déjà (l’un des frères créera plus tard World Jet (2). Ceux-là même impliqués dans l’opération Mayan Jaguar dans laquelle s’était illustré notre fameux vendeur « Joao » Malago (voir ici notre épisode 15 et les suivants). Décidément, tout se tient (3) !!!
L’article du jour – orné d’une belle illustration, celle ci-contre à droite) évoque en effet comme point de départ un avion particulier. Un avion de taille conséquente (il fait plus de 12 mètres de long et pas moins de 15 mètres d’envergure), puisqu’il s’agît d’un Cessna Grand Caravan saisi le 2 novembre 2010 par les autorités honduriennes dans la zone de Las Marías, près de Brus Laguna, région de La Mosquitia, à 650 kilomètres au nord de Tegucigalpa, un fief narco comme on le sait (voir ici les épisodes sur le Honduras). Dans l’appareil, forcé à atterrir après avoir été poursuivi par deux chasseurs honduriens, avaient été retrouvées 25 balles de cocaïne et 75 kilos à part, au total pour 500 kilos de drogue. Lors de l’arrestation de l’appareil, le copilote guatémaltèque avait été tué durant un échange de tirs au sol, et le pilote arrêté, le colombien Mario Fernando Sánchez Cardona. On avait retrouvé à bords trois armes à feu, deux pistolets et un fusil calibre 5,56 mm. La presse évoquait alors un « bimoteur » et non le grand Cessna (la confusion pouvant provenir de sa taille inhabituelle).
Celui-ci, datant de 2002 était immatriculé HK-4669G, dont on retrouve assez vite l’origine américaine (c’était le N665DL) : son certificat de vol US a été radié le 14 octobre 2009 parce que l’avion a été exporté vers cette date-là en Colombie. En somme, cela faisait une année environ qu’il volait dans le pays !!! L’avion avait été vendu aux trafiquants par la société américaine Skyline Enterprises Corp, installée au 8040 NW 156th ter à Miami Lakes. En réalité, Skyline Enterprises avait servi de prête-nom à une autre société Eagle Support Corporation, dirigée par Hector Alfonso Schneider, qui l’avait vendue à une firme d’origine vénézuélienne dont Skyline était le représentant à Miami. L’avion a depuis repris du service, après sa saisie, transféré en 2013 sur l’aéroport général Gustavo Rojas Pinilla de la ville de Tunja.
L’avion posé sur une route de Belize
Des avions vendus à des compagnies fantômes vénézuéliennes, par des brokers de Miami et ayant servi à transporter de la drogue, les exemples abondent en effet. L’exemple le plus retentissant étant celui de novembre 2010 encore, avec le Beechcraft retrouvé posé en pleine nuit sur une route à deux voies au Belize. Une cargaison de 2,6 tonnes de cocaïne, évaluées à environ 70 millions de dollars, devait y être déchargée.
L’appareil (N467JB,le Beechcraft FA-137, ici à gauche dans son hangar avant la vente) avait lui aussi été vendu par Eagle Corp, deux ans auparavant, à une société vénézuélienne appelée Inversiones Fer-Nel qui ne possédait qu’une obscure boite postale à Caracas.
L’appareil sera l’objet de tout un mic-mac au Venezuela, le ministre de l’intérieur venant présenter à la presse une saisie d’avion siglé YV-2531 en le présentant comme celui posé à Belize, sur lequel avait été accolée l’immatriculation factice en auto-collant N786B, l’originale sur la queue ayant été repeinte (visible ici à droite). J’avais raconté ailleurs le 4 avril 2015 ce qui s’était passé : « deux ans plus tard, le 7 novembre 2010, un gang inconnu investissait la base de l’Armando Escalon à San Pedro Sula, où on l’avait parqué, assommait deux gardes et décollait aux commandes du Beech au nez et à la barbe des militaires. Le 13 novembre suivant voilà le même avion qui atterrissait carrément sur une route à Belize… lors d’une opération rondement menée, avec feux de signalisation déposés sur le bitume à endroits réguliers et camionnettes pour embarquer la coke. Du vrai travail de pro !!!
L’avion laissait plus a désirer : il avait été repeint et ré-immatriculé grossièrement N786B avec des numéros auto-collants mal découpés, et vidé de ses sièges ; pour laisser la place à l’imposant chargement de cocaïne. Mais son registre indiquait bien le modèle Beech 300 Super King Air Fa-137, ex N467JB, ex C-FTLB. L’avion, intact (mais vide de ses sièges !)
avait ensuite été rapidement revendu par Belize huit mois après à un broker américain, Hector Schneider, d’Eagle Support Corp, installé à Doral, en Floride (fief on le sait de la CIA, ce qui rendait l’histoire encore plus savoureuse, qui l’avait donc ré-exporté au Venezuela, où il avait pris le numéro YV2531) !! Lors de son véritable show, devant les plaquettes de coke étalées devant l’appareil, El Aissami avait oublié de parler de plusieurs choses : en un premier temps, aucune identité de trafiquants n’avait été révélée et pas davantage le pilote et le co-pilote ou de l’aéronef.
Et surtout, il n’avait pas expliqué comment l’appareil avait à nouveau pu s’échapper de l’aérodrome de la Carlota où il était revenu : c’est aussi un aérodrome militaire, pourtant, ce qui avait intrigué pas mal d’internautes ! L’appareil ayant fait plusieurs vols entretemps, dont El Aissami ne donnait pas non plus le détail. Les aéroports militaires vénézuéliens seraient-ils devenus des passoires ? « – A noter qu’à Belize, ça continue, le trafic, et ça empire même plutôt, j’en reparlerai ici bientôt : ce sont même des jets maintenant qui se posent sur les chemins (photo de l’atterrissage d’un Hawker 700 prise fin avril dernier – 2018- à Belize, dans l’Orange Walk District, déjà cité ici)...
D’autres avions
L’entreprise « Skyline » a essentiellement acheté des avions pour les dispatcher ensuite vers la Colombie, ou bien le Venezuela, où tous ne sont pas devenus des avions de narcos, bien entendu. Fort heureusement ! Elle possédait par exemple un Cessna 402 immatriculé N138MK (402B0320), vendu en Colombie un peu avant avril 2013, racheté à un pasteur appelé Todd Bell de la Calvary Baptist Church of Sanford Maine. Une autre forme de business juteux et d’intoxication; on va dire, pour simplifier en ce qui le concerne.
L’homme, ici remerciait Dieu pour l’arrivée (du ciel ?) de la nouvelle pelleteuse à neige de sa contrée lors de l’hiver 2015… en juin 2010 le pasteur avait plané pour de vrai, en panne de moteur pour se poser dans un champ avec son Piper PA 32-260. D’autres avions ont été vendus par la même firme. Un Beechraft 200 N79RR (BB-356, par exemple, vu ici à droite en Georgie le 25 mars 2012) ou là en train de faire le 17 septembre 2013 un voyage Miami – Montego Bay en Jamaïque.
Ou encore le N763AJ un jet bimoteur, un Beech 400A, aperçu ici effectuant son vol Miami-Bogota du 18 décembre 2017. Ou encore le N188RU un Beech B300 (FL-973) de 2014. Celui-là s’est planté le 15 août 2015 à l’atterrissage sur l’Aeropuerto de Paipa, en Colombie toujours (c’est le Juan José Rondón Airport) blessant ses 9 occupants à bord, sa roulette avant s’étant manifestement repliée comme on peut le voir ici à gauche. Ou encore le N980GM, un vieux Rockwell 695 (95034) de 1980 exporté au Venezuela vers le mois d’août 2007 et devenu là-bas le YV1532.
La firme voisine, « Eagle « possédant elle le N721CC, un Cessna 550 Citation II (550-0721) de 1993 exporté… au Venezuela vers janvier 2014 et devenu là-bas YV3023. Ou le N143BP un autre Cessna 550 de 2003 (550-1072), devenu le YV2877 au Venezuela. Je vous en ai déjà parlé en vous le montrant décollant de Ciudad Guyana, lieu de trafic comme on le sait, ou aperçu ici sur la piste de l’Aéroport “José Francisco Bermudez” de Carupano.
Mais aussi le N4UY; un Piper PA-31-350 Chieftain à hélas à 4 pales et winglets, à savoir une modification Panther II (N°317952048) exporté en Colombie vers le mois d’avril 2009. Sa rapidité en avait fait à l’époque l’avion préféré de Pablo Escobar. Pour lui pas de trafic, en tout cas, puisqu’il était entré dans la flotte de TAC, délaissant sa livrée un peu trop « américaine » (ici à droite) pour le rouge et le blanc bien connus de la société aérienne colombienne et adoptant l’immatriculation HK-464. Mais encore aussi le N118ST (560-5287) un Cessna 560XL ou le N623VP un Beechcraft 200 (BB-769) de 1981, vendu en février 2011 au colombien Jaime Alberto Gonzalez.
C’est peut-être le « narco » bien connu : un ancien membre du gang de Wílber Varela (alias Jabón) du Cartel de Norte del Valle, accusé ici de voler des terres aux indiens. A moins d’une homonymie bien entendu, un nom identique étant présenté sur Linked’in avec en arrière fond un jet. L’appareil a toujours son immatriculation colombienne en attente. A noter que l’avion le 14 décembre 2002 avait connu un incident très sérieux à Jacksonville, son train mal rentré au décollage, il avait tenté de se poser ainsi, mais lorsqu’il a tenté de déployer le train d’atterrissage principal droit, il s’est effondré, suivi du train d’atterrissage principal gauche. Le train avant étant resté étendu. Le train droit arrachant au passage lors de la glissade une partie du longeron de l’aile, qu’il avait donc fallu intégralement changer !
Après le vieux Rockwell 695 N980GM de Skyline n’est pas le seul Rockwell 695 vendu puisque Eagle Support Corp a aussi exporté le N980GZ (ici à droite), mais cette fois au… Panama, en juin 2010 semble-t-il, ou un peu auparavant, racheté à lken Ziegler Inc de Kalkaska, dans le Michigan, une entreprise de revente d’appareils de chantiers Caterpillar. C’était l’ex N4712W, ZS-KZN, N331NF, et N980GM. L’avion n’a pas reçu depuis d’immatriculation officielle, là-bas… Sans oublier toujours pour « Eagle » le N943RM, un Learjet 60 de 2007 (N°333) exporté lui aussi vers avril 2014 au Venezuela. Le jeudi 20 novembre 2014, il effectuait un vol Fort Lauderdale – La Maiquetia au Venezuela : 2284 km, presqu’en ligne droite à 804 km/h (cf ci-dessous).
… et même, allons-y, un appareil plus gros tel un Beech 1900D, le N69549 (UE-194), vendu lui aussi à TAC Colombia et aperçu ici le 3 septembre 2015 en Floride au Lakeland Regional Airport, ; privé de ses deux moteurs... remontés ici en 2018 (photo prise à Medellin.
Il arbore à l’occasion sa nouvelle immatriculation colombienne, HK-4634. Sans oublier non plus le N302NC; un Beechraft 300 (FA-9) exporté lui aussi au Venezuela mais disparu dans les limbes de l’immatriculation du pays. On peut le voir ici extrait d’une publicité pour sa mise en vente dans AeroTrader de 2008. Un avion qui n’est pas sans rappeler le fameux Beechcraft découvert au Nicaragua en 2008, justement, lesté de 1,1 tonne de coke… l’un des piliers de l’affaire de Mayan Express !!!
A noter aussi, pour en revenir aux incroyables Whittington, « qu’en 2012, la DEA de Miami avait saisi un Beech King Air 300, au nombre de queue N711VN (ici à droite). Don Whittington avait prétendument négocié la vente de l’avion de John Murphy à une société basée en Floride appartenant à Elyahu Smadja, la cible d’une enquête DEA de blanchiment d’argent, de trafic de stupéfiants et de ventes d’armes illégales (1). » « Selon une déposition de de 35 pages (affidavit), qui cite sept informateurs confidentiels différents, la DEA accuse Whittington d’oganiser un réseau qui a vendu au moins 12 avions pour les trafiquants de drogue en provenance du Venezuela, la Colombie, le Mexique, l’Afrique et même lundi. L’histoire d’un seul de ces avions un Hawker 700 (N49RJ) -qui selon le document de la DEA appartiendrait à Wold Jet – finalement vendu à des trafiquants de drogue, offre ainsi un regard intérieur sur 30 années de trafic de drogue en Floride du Sud ».
Un broker ou une machine à laver l’argent sale ?
Le 12 juillet 2016, Jerry Iannelli, un autre journaliste de Miami News, avait été plus indiscret encore sur le rôle extrêmement trouble du broker d’Eagle Support Corporation, en l’accusant nommément d’avoir servi à blanchir l’argent destiné à acheter les appareils des trafiquants, notamment pour « El Loco » Barrera, arrêté, rappelons-le, en 2012, au Venezuela (ici à droite, on peut voir ici la saisie de ses biens). « Dans le cadre de l’enquête dite, les autorités fédérales ont déposé des documents au tribunal la semaine dernière pour saisir formellement ce qu’ils disent être l’un des avions de Barrera. Selon les documents judiciaires, le cartel de Barrera utilisait encore apparemment des techniques de contrebande et de blanchiment d’argent digne des « cowboys » de l’époque de Scarface et du trafic de cocaïne classique. L’entente aurait déposé d’énormes sommes d’argent dans un compte séquestré depuis. Le courtier, Hector Alfonso Schneider-Lindo, qui dirige une société appelée Eagle Support Corporation, avait ensuite acheté avec les avions du gang, selon la plainte fédérale. Des documents saisis par la DEA disent que Schneider-Lindo désenregistrait les avions à la Federal Aviation Administration et prenait des dispositions pour les avions envoyés en douce au groupe au Venezuela.
Un représentant de Eagle soutien que l’entreprise a nié toute connaissance de de l’envoi aux cartels de la drogue et que les nouveaux propriétaires ont eux-mêmes organisé généralement leurs propres « vols ferry » pour les avions destinés à être exportés hors du pays. Les documents DEA font référence à de multiples « appareils ». Barrera (ici à droite son passeport « d’homme respectable ») était apparemment friands de l’utilisation du Beechcraft King Air 200, l’un des avions les plus populaires sur le marché. Selon l’endroit où vous regardez, des non-trafiquants de drogue peuvent mettre la main sur un nouveau King Air entre 1 million $ à 2,5 millions de dollars, mais il est écrit que Barrera semblait payer un peu moins que cela. (Mise à jour: Eagle Support Corp dit que l’avion était un modèle utilisé à partir des années 1980, et que les criminels qui auraient acheté l’avion payaient pour sa valeur standard.) En 2011, deux taupes du cartel ont commencé à travailler comme informateurs confidentiels pour la Drug Enforcement Administration. Les informateurs ont passé leur temps à transférer de l’argent à la Eagle Support Corporation; en travaillant discrètement pour les autorités fédérales, les informateurs, agissant de New York, envoyaient de l’argent à la DEA au lieu des agents à Miami, qui utilisait l’argent pour acheter les Beechcraft. Dans ce cas, la DEA a dit, avoir reçu 600 000 dollars exactement en divers versements du cartel.
La semaine dernière, le gouvernement fédéral dit qu’il a finalement été en mesure de déposer une plainte civile pour saisir l’avion sous le régime de la confiscation des biens, selon la procédure classique. En règle générale les policiers et la Justice peuvent saisir l’argent et des biens qui ont été utilisés dans un crime de drogue présumé. « En outre, » le gouvernement a écrit, qu’« une déclaration des opérations internationales a été soumise à la FAA qui reflète que [l’avion] était destiné à être transporté à Panama. ». On finit par retrouver quel appareil était concerné par cet épisode : c’était le Beechcraft N52C (Beech FA-40), indiqué effectivement comme exporté au Venezuela par Eagle Support Corp un peu avant que ne soit révoqué son autorisation de vol US, le 5 mars 2008. L’avion, était devenu l’YV2513 au Venezuela. Une décision de justice vénézuélienne indique que l’appareil avait été l’objet auparavant de vérifications au Venezuela même, le 27 mai 2009 exactement, à l’Aéroclub la Chinita Aéroport International de Maracaibo, dans un « atelier aéronautique dont le nom est « Taller Aeronautico » dans lequel avaient été trouvés des avions présumés suspects, tels que les YV1286, YV1246 (4) et YV1410; le fameux Beechcraft YV2513 étant lui dans le hangar « B3 « avec deux autres, les N310DR (un PA-31-325 (31-7912097), et l’YV1217.
La coke cachée dans les réservoirs
Les accusations de Iannelli, étaient étayées par un document assez édifiant et sidérant en date du 20 août 2012, signé du juge Robin. S. Rosenbaum, dans lequel avait été révélée la technique fort particulière de livraison de la coke utilisée par les trafiquants. « Au moment de son implication dans le complot de trafic de drogue, (Ramon) Acosta était un mécanicien certifié par la Federal Aviation Authority. Il effectuait des travaux d’entretien général et de réparation pour des aéronefs privés. Le travail d’Acosta en tant que mécanicien d’avion l’a finalement rapproché de Paul Cordoba, pilote et trafiquant de drogue (Cordoba était en même temps propriétaire de la compagnie charter One Way Jet). Cordoba était à la tête d’une opération de trafic de drogue qui introduisait en contrebande des drogues du Venezuela en Floride à bord de ses avions. La première rencontre d’Acosta avec les activités de trafic de drogue de Cordoba a eu lieu en 2007, lorsque Cordoba et Jefferson Castillo, un des associés de Cordoba, avaient fait passer de la marijuana d’Arizona en Floride à bord d’un petit avion à hélice. Alors qu’ils volaient de l’Arizona à la Floride, les deux hommes s’arrêtèrent à Dallas pour se ravitailler au hangar où Acosta était employé. Ils ont décidé d’y passer la nuit et ont stocké l’avion, qui contenait encore la marijuana clandestine dans le hangar, avec la permission d’Acosta. Lorsque Castillo exprima son inquiétude de laisser l’avion dans le hangar, Cordoba lui assura qu’Acosta était un ami et qu’il n’y aurait pas de problèmes; cependant, le dossier ne précise pas si Acosta savait que l’avion contenait de la marijuana. Par la suite, Acosta est devenu plus directement impliqué dans le trafic de drogue de Cordoue. Quelque temps après la visite de Cordoba et Castillo, Acosta a aidé Cordoba à modifier la boîte noire dans l’un des avions de Cordoue afin que des drogues puissent être cachées à l’intérieur. Cordoba a utilisé la boîte noire modifiée pour faire passer clandestinement de la drogue aux États-Unis à deux reprises. De là, Cordoba et Acosta ont continué à expérimenter des méthodes de contrebande. Acosta a proposé la contrebande de drogues dans les réservoirs de réserve des avions de Cordoba. Lorsque Cordoba a finalement décidé de mettre en œuvre cette proposition, il a recruté Acosta pour enlever la drogue des réservoirs de carburant à l’arrivée des avions aux États-Unis. Le programme a également impliqué un certain nombre d’autres participants au-delà de Cordoba et Acosta, y compris Francisco Gamero Medina (« Gamero »), un mécanicien de ligne aérienne au Venezuela; Le fils de Cordoba, Marlon Cordoba (« Marlon »); et Rediel Rodriguez, un distributeur de drogue en Floride (Rodriguez vendait aussi des bateaux volés au Venezuela, au Mexique et en Equateur). Cordoba a envoyé un avion au Venezuela, où Gamero a chargé une cargaison de cocaïne dans le réservoir de réserve de l’avion, en mai 2008. Cordoba a rapatrié l’avion aux États-Unis et, après plusieurs arrêts, a amené l’avion pour Acosta à Dallas. Là, Acosta a retiré la cocaïne de l’avion, placé la drogue dans des sacs et les a chargés dans l’avion pour les transporter vers la Floride, où Rodriguez revendait la drogue. Cordoba a organisé une opération de contrebande similaire en novembre de la même année. Cette fois, Marlon s’est envolé avec un pilote au Venezuela, où Gamero a chargé une cargaison de cocaïne dans le réservoir de réserve de l’avion. Marlon a ensuite pris l’avion pour les Bahamas, où il a rencontré Cordoba. Là, les deux ont changé d’avion et ils ont volé cette fois vers Fort Lauderdale, en Floride. Le jour suivant, Cordoba, Marlon, Gamero et quelques autres ont repris l’avion transportant les drogues de contrebande au hangar d’Acosta au Texas. Une fois l’avion arrivé dans le hangar, Acosta et Gamero ont retiré la cocaïne du réservoir de réserve de l’avion. Cordoba et les autres conspirateurs ont ensuite remballé la cocaïne dans des valises, les ont chargées à bord de l’avion et ont pris l’avion pour la Floride. Cordoba a organisé une dernière opération de contrebande en août 2009. Contrairement au rôle joué par Acosta dans les deux opérations de contrebande précédentes, son rôle dans ce projet final a été limité. Même si Acosta était au courant que Cordoba avait l’intention d’apporter une cargaison de cocaïne aux États-Unis, il a été exclu de l’opération à la suggestion de Rodriguez de facturer des frais trop élevés. Bien qu’Acosta n’ait pas participé directement au dernier voyage, Rodriguez a offert de lui verser 50 000 dollars en «argent caché». Rodriguez a prévu de payer Acosta en vendant l’un des avions utilisés dans la conspiration. L’avion appartenait nommément, à la petite amie de Rodriguez, Kimberly Rosselle. Mais Rodriguez a finalement décidé de ne pas vendre l’avion après que la police eut entamé une enquête sur l’organisation du trafic. La police a finalement arrêté Rodriguez, au moment où Cordoba essayait de convaincre Rosselle de lui transférer la propriété de l’avion. Quand Rosselle a refusé, Acosta a placé un droit de préemption dû au mécanicien sur l’avion, vraisemblablement pour encourager Rosselle à vendre l’avion à Cordoue et pour assurer pour lui-même le paiement promis par Rodriguez. Lorsque Cordoba a finalement acquis la propriété de l’avion, Acosta a annulé le la préemption ».
Opa-Locka comme fief historique
L’opération avait en fait commencé à Opa-Locka (abondamment cité ici à plusieurs reprises comme fief narco « histoire » de Floride), par une opération médiatique concernant le citoyen vénézuélien Jefferson Castillo, arrêté à l’aéroport d’Opa-Locka, une arrestation filmée en direct par les équipes TV de CBS4, comme adorent en voir les américains au petit matin dans leurs « Breaking News », procédé qu’à depuis imité BFM-TV ici en France. La vidéo de l’arrestation, prise d’un hélicoptère, avait en effet été diffusée en « exclu » le 5 mars 2012. A ce moment-là, le pilote Paul Córdoba et son fils Marlon qui se trouvaient dans un avion avaient fui quand ils avaient vu fondre les agents fédéraux sur Castillo. Enfuis au Venezuela, ils avaient été emprisonnés dès leur arrivée. A signaler que le père de Paul, Oswaldo Córdoba, appartenait à l’armée de l’air vénézuélienne. Il avait terminé sa carrière avec le grade de colonel. Or c’est aussi lui qui avait acheté l’avion !!! En août 2012, Castillo avait plaidé coupable de faire des dépôts bancaires «structurés» (les fameux versements espacés pour ne pas laisser de traces: ils avaient été déposés dans une succursale de la… Wachovia Bank !!!), des dépôts espacés liés à l’affaire donc, et il avait accepté de servir de témoin du gouvernement contre les autres accusés (en plaidant lui-même coupable, histoire de faire baisser au maximum sa sentence). L’informateur infiltré dans le réseau ayant alors déclaré que l’argent provenant des dépôts bancaires provenait bien des ventes de la cocaïne que Cordoba amenait du Venezuela.
Une tentative à part
Il y a bien sûr les cartels derrière ces achats groupés d’avion, mais cela n’empêche pas les initiatives individuelles bien sûr, ou plus exactement celle d’un autre cartel plus rare sur les lieux. Celle, par exemple de trois personnages qui avaient maladroitement tenté de dissimuler pour 6,5 millions de dollars de cocaïne dans un jet à Fort Lauderdale. Un vieux Gulfstream II de 1976 immatriculé N117LB (sérial 193), dépourvu de réducteurs de bruits (des « stage 3 hush kits ») désormais obligatoires sur ce modèle aux USA, ce qui l’avait déjà désigné du doigt dans les environs (il était vraiment bien trop bruyant !).
L’avion, déjà suivi semble-t-il par le FBI, s’était envolé vers le Venezuela, en passant par Cayman Islands et Trinidad et Tobago, avant de revenir 9 jours plus tard à Fort Lauderdale lesté de 485 livres de cocaine. Les apprentis-trafiquants pensaient n’avoir pas été suivis, car la DEA et le FBI les avaient laissé faire un vol d’essai vers Las Vegas sans intervenir en quoi que ce soit sur leur vieil appareil. Et pour cause.
Lors de leur absence, les agents fédéraux avaient en fait eu tout le loisir de truffer leur hangar de caméras, ce qui avait permis de filmer toute l’opération de chargement prévu, à savoir de dissimuler la coke sous le plancher de l’appareil, sous les sièges et la moquette, entre deux câbles de gouvernes (cf ici à gauche). Une opération fastidieuse qui ne pouvait se faire qu’à l’abri des regards, au départ comme à l’arrivée. Cela expliquait aussi en partie les 9 jours d’absence de l’avion à Miami. Les instigateurs étaient trois équatoriens, dont deux trentenaires, Christian Arroba et Marco Gaona, et un plus âgé, Manuel Weisson, tous membres d’un cartel de leur pays d’origine. Saisi, l’avion a été mis en vente aux enchères en juillet 2016 chez CWS Asset Management & Sales (CWSAMS). Sans grand succès : il n’a guère monté au-delà de 52 500 dollars. Le gag étant que l’offre l’ayant emporté provenait d’un enchérisseur de… Belize, où on risque fort de le retrouver bientôt chargé comme une mule… posé sur une route là-bas, comme c’est devenu l’habitude (ci-dessous le document « preuve » de la DEA du contenu du Gulfstream, réparti dans une dizaine de valisettes !!!
Retour en arrière avec le Cessna acheté… par la DEA
En 2017, la situation, devenait inquiétante en Floride raconte le Sun Sentinel : « Il y a une montagne de cocaïne, dont une grande partie est susceptible d’être dirigée vers nous », a déclaré Justin Miller, chef des services de renseignement de la division de Miami de la DEA. « Mais nous voyons déjà ces combinaisons de drogue, et les décès de la cocaïne sont déjà en hausse significative. » Le journal évoquant un mélange récurrent fatal dans les overdoses : « les décès par surdose liés à la poudre blanche sont à leur plus haut niveau depuis 2007 en Floride, selon la Commission médicale d’État. Les décès par surdose de cocaïne ont grimpé d’année en année de 2012 à 2015, les derniers chiffres disponibles passant de 1 318 à 1 834 décès. Et le sud de la Floride a enregistré 614 décès par surdose dans les comtés de Broward, Miami-Dade et Palm Beach en 2015 – une augmentation de 29% par rapport à l’année précédente. La cocaïne était en deuxième place après le fentanyl – un analgésique de synthèse peu coûteux – en contribuant aux décès par overdose en Floride au cours de la première moitié de l’année dernière, selon les dossiers du médecin légiste ». Des overdoses qui se sont répandues ailleurs, depuis, touchant toutes les catégories de la population, la plus médiatisée étant celle du chanteur Prince le 21 avril 2016 (via le fentanyl). Le Miami Herald, lui, a une autre affaire à raconter, celle qui a précédé le blocage du Beechcraft N52C : on y apprend que pour piéger les trafiquants, la DEA n’avait pas hésité à acheter un (autre) avion bimoteur pour assurer le transport de la coke !!! Et même à leur fournir un pilote… américain ! « Dans un parking du tentaculaire Miami International Mall, un homme avec 87 900 dollars dans une boîte a remis l’argent à deux agents fédéraux infiltrés comme un paiement partiel pour une livraison de cocaïne à venir du Venezuela. L’information, contenue dans un document des tribunaux fédéraux de Miami, donne des détails sur le deuxième cas important de trafic de cocaïne lié au Venezuela qui sera poursuivi dans le sud de la Floride au cours des deux dernières années. L’affaire, qui découle d’un achat sous couverture effectué en septembre 2010, est similaire à celle d’un autre cas fédéral beaucoup plus petit » (on vient de voir que ce n’est pas tout à fait le cas !!), « deux ans plus tard, concernant l’arrestation d’un ressortissant vénézuélien à l’aéroport d’Opa-Locka. Roberto Mendez Hurtado, le principal suspect, a comparu devant les États-Unis. Marcia G. Cooke, juge de district, le 20 novembre. Il devrait être condamné le 12 février. L’affaire avait été déposée devant le tribunal fédéral de Miami en juillet 2011. L’acte d’accusation du grand jury contenait des accusations contre un total de 13 accusés et a fourni des informations détaillées sur la manière dont l’affaire s’est déroulée: des centaines de kilos de cocaïne ont été expédiés d’une piste d’atterrissage illégale à 280 milles au sud de Caracas, puis transportés en Amérique centrale ou largués par avion depuis les eaux des îles Vierges britanniques, selon les archives de la Cour fédérale à Miami. Ensuite, la drogue a été transportée aux États-Unis. des Îles Vierges, via Porto Rico et enfin sur le continent américain. À partir de mars 2009, les témoins ont contacté les États-Unis. Un pilote, non identifié dans le dossier de la cour, leur a demandé d’acheter un avion, de ramasser des charges de cocaïne, puis de les larguer près des îles Vierges britanniques où les équipages de bateaux rapides seraient en attente (en photo à droite des policiers mexicains à la pêche aux paquets largués en mer) ».
« Le pilote devrait également transporter des cargaisons vers des pistes d’atterrissage au Guatemala et au Honduras ». Jusqu’ici une affaire bien classique, me direz-vous. Certes, mais tout change avec ce qui va suivre : « le pilote travaillait sous couverture avec des agents de la Drug Enforcement Administration. Les dossiers judiciaires montrent que la cocaïne était chargée par des membres de l’organisation de guérilla colombienne des FARC ou Forces armées révolutionnaires de Colombie, qui ont apporté les drogues de la Colombie voisine. Les trafiquants de drogue ont fourni au pilote un faux passeport vénézuélien et des pièces d’identité, selon l’acte d’accusation. Un complice aux Iles Vierges américaines devait coordonner la livraison des chargements de médicaments en utilisant un équipement radio. Des pots-de-vin ont été versés à un douanier des îles Vierges britanniques pour collecter les recettes de la vente de la cocaïne à Porto Rico et ailleurs, selon l’acte d’accusation. L’agent des douanes a également autorisé les trafiquants de drogue à entrer dans les îles Vierges britanniques pour la distribution et la vente de la cocaïne. Selon les dossiers judiciaires, l’organisation de trafic de drogue a commencé à envoyer de l’argent au pilote par des virements en provenance de la République Dominicaine en avril 2010. Puis, en juin 2010, le pilote s’est rendu à Aberdeen, dans le Dakota du Sud, pour acheter un Cessna 404 Titan bimoteur pour 380 000 dollars. Les dossiers de la Cour montrent que la DEA a effectivement acheté l’avion. Trois mois plus tard, le pilote a fait un vol avec les premières charges de cocaïne, selon l’acte d’accusation. Le 13 février 2010, un suspect dans le sud de la Floride a livré les milliers de dollars dans une boîte en carton à deux agents infiltrés à l’International Mall près de Northwest 107e Avenue et 14e rue à Doral, comme le montre un document judiciaire. Deux autres suspects, dont Mendez, « ont coordonné la livraison de cet argent en guise de paiement pour la prochaine opération de contrebande de drogue », selon le document judiciaire. À la mi-2011, les agents fédéraux ont commencé à procéder à des arrestations et à démanteler l’organisation. » Au final, Hurtado avait été extradé de Colombie aux Etats-Unis en 2013, jugé et condamné en septembre 2014 à 19 ans de prison, alors qu’il risquait la peine à perpétuité au départ: sa stratégie de tout révéler avait payé. Mais auparavant, il avait parlé.
Le Venezuela, un narco-Etat : une confirmation
Il avait beaucoup parlé, même, ce fameux Hurtado. Et indiqué par exemple, selon les journalistes Sebastiana Barráez et Maibort Petit, qu’il était en cheville avec le trafiquant colombien Loreno Lozano, arrêté et emprisonné depuis mai 2014 au Venezuela, originaire de Cundinamarca et étroitement lié au narco Daniel Barrera Barrera alias « Loco Barrera. Lozano avait déjà été cité dans l’affaire Flores, celui des neveux de l’épouse de Maduro, Efraín Campo Flores et Franqui Francisco Flores de Freitas. Le 14 décembre 2017, les deux neveux héritaient de 18 ans chacun. Les deux pilotes de l’affaire Pablo Rafael Urbano Pérez et Pedro Miguel Rodríguez González s’étant portés lors du procès comme « témoins protégés », à savoir eux aussi prêts à tout raconter. Comme l’avait fait Hurtado. Lozano, selon eux, dans ses contacts, s’était dissimulé sous les alias « d’Alexis Antonio Rodríguez Rodríguez », de « Juan Carlos » et de « Luis Carlos Vélez López » car il continuait à travailler directement depuis le siège de la Sebin à Caracas (?). De là il traitait des affaires de transferts de coke de Puerto Rico, par exemple, ce que des documents d’écoutes portoricaines révèlent. Il est d’ailleurs toujours recherché à Puerto Rico pour avoir importé une centaine de kilos de coke de là-bas. Car selon les deux journalistes, c’était aussi l’organisateur du réseau de drogue vénézuélien, malgré le fait d’être emprisonné dans les locaux de la Sebin (ici à droite son bâtiment appelé el Helicoide (5)) !!! Selon le journal InfoBae, « la plus explosive de ses déclarations est que le baron de la drogue maintiendrait ses opérations « normalement ». A savoir depuis sa cellule même !!! Des cellules dans lesquelles des vidéos récentes montraient des détenus déchaînés dénonçant la situation incontrôlable à l’intérieur même de l’Hélicoïde...
La chute du confident du régime Maduro, héritier de Chavez
L’homme bénéficiant selon eux jusqu’ici de la protection de protection du tout puissant « salsa taquera« (« sauce piquante », ou le « saupoudreur »), le général Miguel Rodríguez Torres (l’ancien responsable de la Dirección Nacional de los Servicios de Inteligencia y Prevención (DISIP) !!! L’homme qui avait accompagné Chavez lors de son coup d’Etat et avait même porté son cercueil le jour de son enterrement, celui au milieu des arènes du pouvoir (il était devenu ministre sous Mauro) et celui qui a tout vu du système et de sa corruption fondamentale jusqu’à ce jour funeste du mardi 13 mars dernier (2018) où il a été emprisonné par le Sebin… qu’il avait lui-même fondée, après un revirement de dernière minute de Maduro qui l’a accusé de travailler pour la CIA, après en fait l’avoir trouvé bien encombrant à le critiquer ouvertement (lui évitant ainsi aussi un coup d’Etat, tant Rodriguez Torres avait l’écoute encore des généraux, il semble bien). A moins que ce ne soit plutôt de lui avoir reproché une embrassade…. ,celle du 6 août 2017, avec une personne pas vraiment appréciée par Maduro (comme on peut le lire ici). L’habituel retournement des pouvoirs aux abois. Depuis quelque temps en effet, Rodriguez était passé dans l’opposition à Maduro et à son clan. Enfermer le détenteur de secrets inavouables n’étant peut-être pas un gage d’éclaircissements futur pour la population (mais cela fait longtemps que le gang de Maduro ne pense plus qu’à lui seul ou a sauver les meubles). Surtout si celui-ci sait comment on dirige un narco-trafic du fond d’une cellule… ce qu’on n’aimerait pas trop découvrir officiellement, sans aucun doute.
Pour étayer leur propos, dans un article bien documenté, les deux journalistes cités étaient revenus sur un événement qui avait laissé beaucoup de traces (autant que s’il s’agissait d’un énième Beechcraft ou d’un Hawker tombé bourré de coke en Apure, au Venezuela), celui, relativement récent, de la découverte en décembre 2017 en pleine nature d’une camionnette noire, de la Sebin, remplie de coke (plus d’une demie-tonne au total, ici à gauche pour la camionnette et à droite pour une partie de son chargement,
il y avait trois véhicules dont un a été renversé, image plus bas à gauche). Voici leur texte : « ce n’est pas par hasard si en décembre dernier, un groupe de fonctionnaires de Sebin a été détecté, portant, dans trois fourgonnettes portant les emblèmes de la Sebin, 588 mille 393 kilos de drogue. Ils ont été capturés au kilomètre 25 de la route de Perijá, dans l’État de Zulia. L’un des capturés s’est avéré être l’inspecteur en chef Daniel Villegas, précisément celui qui a participé à l’arrestation de Mario Moreno Lozano. L’un des fonctionnaires de la Sebin, le premier inspecteur Angel Eduardo Barrios est décédé dans l’événement. L’un des détenus, outre Villegas Herrera, est le premier inspecteur Orlando Santeliz Díaz.
Les deux autres personnes impliquées, et qui ont réussi à s’échapper, seraient l’inspecteur principal Emilio Adales et le détective John Rojas. Dans les locaux de Sebin, lorsque l’arrestation des officiers a été apprise, Moreno Lozano a immédiatement été lié à elle, car il dirigerait son réseau de trafic de drogue depuis la cellule de la Sebin.
En dépit de l’affaire embarrassante, le chef de Sebin, est resté silencieux, et aucune enquête n’a été ouverte envers les hauts placés de la Sebin, se hâtant de dire que ça avait été une action individuelle des détenus et que leur chef était mort ».
Les hangars à coke de Walid
« Dans la tourmente de la Sebin il y avait un autre trafiquant de drogue, Walid Mackled (extradé rappelons-le par la Colombie au Venezuela en 2011), qui contrôlait une partie importante des actions entreprises pour libérer les détenus, qui ont obtenu une carte de libération. Personne ne sort de la Sebin mais on paie le droit de le faire en dollars imposés par Mackled. C’est un secret de polichinelle que le réseau Sebin tient des relations qui sont gérées et commercialisées dans ces installations, alors que le vice-président, Tarek El Aissami, haut dirigeant de la Sebin dit ne pas être au courant ». Mackled, il faut le rappeler, avait été vu remettre de l’argent en personne à Luis Felipe Acosta Carlez, ex-gouverneur de l’état de Carabobo (ici à droite en compagnie de Makled), une grande gueule proche au départ de Chavez mais qui avait expulsé du PSUV le 27 juin 2008 pour « actes d’indiscipline« .
Mackled alias « El Turco » ou « El Árabe » avait affirmé à plusieurs reprise avoir versé de grosses sommes d’argent au Brigadier Général, durant les quatre années qu’il a passées en tant que gouverneur, pour avoir utilisé le port de Puerto Cabello, pour y dissimuler la cocaïne. Tous deux partageant en effet la gestion de la compagnie de stockage Almacenadora Conacentro, à l’épicentre des envois par containers vers l’Europe, notamment. Son éviction du parti coïncidant aux débuts des soupçons sur Walid Makled (à gauche une publicité achetée par Makled parue dans Notitarde, journal tirant à plus de 75 000 exemplaires est réglée par lui… 6 millions de dollars, ventant ses entrepôts !). En 2017, le propre frère d’Acosta Carlez a reçu trois balles lors d’un vol qualifié dans l’État de Guárico, à la suite d’un règlement de comptes entre gangs criminels…
L’avion mal repeint de Carlos
Et notre fameuse société Eagle Support Corporation, dans tout ça ? Or, pas d’inquiétude, elle fonctionne toujours… de manière aussi surprenante. Pour preuve, son site internet, fabriqué par son (jeune) responsable média (depuis 2015), celui qui interviewé par Penn Bullock affirme qu’il est « difficile de savoir à qui l’on vend », histoire d’ignorer l’usage final de certaines ventes de son entreprise.
Un site présenté à son nom et non à celui de l’entreprise, ce qui surprend, pour le moins… car le dénommé Carlos Vasquez, formé à la Escuela de Aviation del Pacifico qui vante sur le net son premier saut en parachute (en duo), ou fait visiter un jet Cessna Citation ou nous monter la mise en marche des moteurs d’un Embraer 120 « Brasilia » retapé par son entreprise, ou son train d’atterrissage, en fait un peu trop, sans s’en rendre compte. L’avion datant de 1995 étant annoncé comme étant à vendre par Eagle Support Corp. Il nous montre par exemple au hasard de sa montée dans le jet une photo de Cessna 401 prise par son hublot qui intrigue sérieusement en effet. L’avion révélé est bien connu, c’est le Cessna YV1753 (le Cessna N° de série 441-0067, photographié ici en 2009 à Lakeland (en Floride) ou ici vu au décollage lors de sa visite du festival aérien du Sun&Fun de la même année). Or cet appareil, datant de 1978, qu’il nous révèle par hasard, a été manifestement repeint depuis à la louche.
On peut en voir les dégâts ici que un cliché pris par un spotter à …Puerto Rico le 29 septembre 2017. Les courbes (notamment le trait noir sur le gouvernail de queue et son raccord avec le fuselage) sont ratées, celles des fuseaux moteurs peints désormais en noir en dessous (ils étaient blancs avant) semblent surtout avoir été faites pour masquer des imperfections de l’intrados (traces d’un accident resté ignoré ?). Renseignement pris, on retrouve une proposition de vente de l’avion faite en novembre 2015 et ainsi libellée : « www.bitacoradigital.net 02/11/2015 09h: 02m: 33s – Page 1/2 YV1753 fuselaje Fabricante Modelo Tipo T.C. Matricula CESSNA 441 BIMOTOR TURBOHELICE A28CE YV1753 série 441 Propietario Aeropuerto Hangar 441-0067 1978 SERVICES AVIONS – J-123456 Oscar Machado Zuolaga » .
A savoir disponible sur l’aéroport de Miranda, installé comme on le sait à Charallave, à 20 km au sud de Caracas. Celui où sévissent les militaires impliqués dans le réseau de coke, comme on le sait aussi. La revue citée, « BITÁCORA DIGITAL » étant celle de la Faculté des Sciences Chimiques de l’Université Nationale de Córdoba… Décidément le flou demeure, à propos d’Eagle Support Corp et peut-être davantage encore sur son patron, Alfonso Schneider (qui aurait tant à nous dire sur sa compagnie charter Albatros Connection, ou sur Inversiones Macven Corp (dissoute depuis) voire Global Turbine Aviation & Leasing LLC ou Has Export Corp ou encore International Via Lactea, Corp… en septembre 2016, cerise sur le gâteau, on pouvait visiter les locaux à vendre d’Eagle Support Corp à Doral (on pouvait même y entrevoir sur place au passage l’ineffable Carlos Vasquez !), pour y découvrir une unité minuscule, prête à expédier deux jambes principales à diabolo de train d’atterrissage d’un appareil indéterminé (photo ici à droite).
(1) l’auteur est aussi celui qui avait écrit au sujet de l’impayable et jeune trafiquant d’armes Ephraïm Diveroli, dont j’ai moult fois raconté l’histoire (ici, il y a 10 épisodes). C’est devenu un film depuis, d’ailleurs, War Dogs, complètement loufoque, mais pas si éloigné que ça de la réalité.
(2) Les impayables Whittington qui trichaient tout le temps comme le raconte ici le magazine The Motorhood : « comment ont-ils réussi à financer ces exploits, cependant, est devenu un intérêt croissant parmi les autres coureurs et éventuellement l’IRS (nota : les impôts), aux côtés de la DEA. Nous voulons dire qu’ils étaient clairement riches, mais on ne savait pas d’où venait l’argent et au rythme où ils le dépensaient, il yen avait beaucoup à venir. On savait encore moins que les Whittington avaient acheté une compagnie d’avions pour compte d’autrui et, selon l’ancien historien John Ficarra de Canepa, que deux avions volaient en pleine nuit à l’unisson, que la ligne droite de la route d’Atlanta servait à l’un de piste tandis que l’autre atterrissait dans un aéroport régulier pour couvrir leurs traces. Qu’est-ce qu’ils transportaient? Du hasch, beaucoup, beaucoup de haschich. Ficarra allègue qu’il y avait des zones du circuit on l’on n’avait pas le droit de s’aventurer et où était stocké d’énormes quantités de marijuana – expliquant d’où venait tout ce flux de trésorerie. » Les Whitgtington trichaient sur tout en fait : Les Whittingtons vivaient clairement en dehors des règles, et cette attitude ils l’appliquaient aussi à leurs voitures de course qui courraient sans aucun ou ceux qui ont été trouvés sur les voitures, étaient complètement faux – comme l’a été le remarquable CW. Cobb, distributeur de lotions de bronzage qui se révélera être sera plus tard une coquille vide à 300 millions de dollars. Ils iront même plus loin encore pour embaucher des modèles pour vaporiser des parfums sur des ventilateurs, en prétendant être l’un de leurs sponsors de nouveaux produits, pour une entreprise qui n’existait pas, et en utilisant des étiquettes de marques authentiques. CW Cobb, un distributeur de lotion solaire de Fort Lauderdale qui a été condamné par la suite pour l’organisation d’un gang de contrebande de hasch de 300 millions de dollars, découvert Au cours d’une enquête fédérale baptisée « Opération coup de soleil. » Ils étaient connus pour contourner les règles, comme on l’a appris après qu’une équipe de restauration ayant pris en main la voiture la Kremer 935 КЗ, victorieuse du Mans, et qui a trouvé une grande cavité vide dans le rebord du côté du conducteur. En consultant des mécanos et les membres d’équipage qui ont travaillé sur la voiture après l’avoir déplacée aux États-Unis, il a été révélé qu’un kit d’oxyde d’azote avait été ajouté pour pousser la puissance du moteur, déjà à 750 hp vers les 1000 hp, un système qui aurait détruit complètement le moteur de 40 000 $ avant de franchir la ligne d’arrivée s’il avait été utilisé tout le temps – utilisable pendant un temps court, mais, pas pendant longtemps ». Le procédé du gonflage pari injection à l’azote des moteurs provenant des courses de dragsters.
(3) le procédé n’était pas neuf : en juin 2000 déjà, un grand Cessna Caravan avait servi à transporter de la coke dans les Caraïbes. L’avion venait alors de Haîti, c’était celui de « Air d’Ayiti », société aérienne qui en possédait alors deux, les deux servant à transporter de la coke !!! A l’époque la DEA avait saisi quatre valises de cocaïne d’une valeur de 2,3 millions de dollars. Le verdict du responsable des douanes du moment avait été sans appel : « les événements du week-end sont très importants. Il s’agit d’une preuve concrète que les cartels de la drogue utilisent les Caraïbes pour les opérations de contrebande par air en plus des bateaux et cargos arrivant des Bahamas et d’Haïti « , a déclaré Frank Figueroa, l’agent en chef des douanes à Miami. » Il ne croyait pas si bien dire en effectuant ce qui est devenu depuis une prophétie (en ce qui le concerne, il finira mal lui-même). A gauche le N813MA (ex N880MA) de Air d’Ayiti, prise à Fort Lauderdale. L’avion (208B0505) a fini en Afrique, devenu namibien, car immatriculé V5-TGR (ici à droite en mai 2017 au Windhoek International Airport) après avoir été ZP-PFL, N1129H, YV-734C et N813MA. J’avais évoqué ailleurs son cas : « Parfois, les lâchages ratés d’avions ou le chavirage de chaloupes font le bonheur des plus démunis : « beaucoup de gens dorment le jour le long des 1771 kilomètres de côtes que compte Haïti, particulièrement dans le Sud et le Nord-Ouest. « La nuit, tous les véhicules de luxe qui franchissent les petites villes côtières sont suspects et passibles de fouilles ou d’attaques de paysans », confie un étudiant, qui prend régulièrement part à ces veillées. Tous rêvent de tomber sur un gros arrivage. Dans ces régions, la drogue est larguée de petits avions venant habituellement de Colombie et récupérée par des chaloupes qui abordent sur quelque plage tranquille au nez et à la barbe des autorités. Rien n’est plus facile. Le corps policier, miné par des scandales à répétition, compte moins de 6000 agents répartis pour l’essentiel dans les villes et dépourvus de moyens de locomotion ». « En juin 2000, plusieurs habitants de Grand-Goâve ont profité allègrement de ce mariage tordu. Pendant la nuit, les dealers avaient laissé tomber 2500 kilos de cocaïne sur une plage privée près de cette petite ville de l’ouest de la capitale. Une frénésie incontrôlable s’empara alors des habitants, qui se disputèrent pour mettre la main sur les précieux ballots de poudre blanche. Paysans, pêcheurs et même policiers s’enfuirent à toutes jambes, les bras chargés de sacs de cocaïne. Les autorités n’en confisquèrent finalement que 147 kilos… » En 2000, les autorités US arrêtaient les occupants d’un Cessna 208 d’ Air d’Ayiti qui venait de se poser à Opa Locka : à bord, quatre valises pleines à ras bord de coke. Il y en avait pour 2,3 millions de dollars. Dans deux saisies d’avions du week-end, il y avait pour près de 115 kilos de cocaïne… »
(4) en 2015, un Embraer EMB-820 Navajo 820-121 chargé de 616 paquets de cocaïne s’était écrasé au Venezuela dans l’Etat de Cojedes dans un pâturage situé dans la région de Ricaurte et avait été totalement détruit.
Il était faussement immatriculé YV1246, un autocollant ayant été apposé au-dessus de l’immatriculation brésilienne d’origine en PT-RCN. Sa présentation avait été l’objet de toute une mise en scène par les militaires vénézuéliens, qui clamaient l’avoir abattu, comme à leur habitude.
(5) c’est là aussi où a été enfermé Joshua Holt, missionnaire mormon américain fan d’armes à feu (comme tout américain…) libéré récemment et reçu en grande pompe par l’ineffable Trump, pour s’en attirer toute la gloire bien sûr. La « preuve » montrée par les vénézuéliens ressemblant plus à un jouet qu’à autre chose, d’après ses proportions bizarres… (ici à droite).
Ici un bon résumé du cas Makled :
(1)
Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.
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Coke en stock (CCXXXIII) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (59)