Au Brésil, les sujets de préoccupation de la presse son invariables : il y a le football, sujet inévitable (un peu moins depuis la magistrale défaite de l’équipe nationale en 2014), et la corruption des élites (celle-là dure depuis des décennies (1). Les deux pouvant se télescoper, comme va le démontrer l’enquête qui va suivre, qui va nous faire redécouvrir un épisode bien connu, survenu il y a cinq ans maintenant. L’arrivée sur un terrain appartenant à un sénateur bien en vue d’un hélicoptère appartenant à son fils député, un engin bourré de cocaïne (pas loin de la demi-tonne). Une histoire qui a rebondi l’année dernière (direction le Portugal) pour remonter jusqu’au plus haut de l’Etat comme on va le découvrir.
Un sénateur et son fils dans la tourmente ? Même pas !
Gustavo Perrella avait été mis dans la tourmente en 2013 avec la découverte de l’hélicoptère Robinson R44, filmé par la police en train de déposer 445 kg de cocaïne dans sa propriété d’Espírito Santo, comme on le sait (cf l’épisose précédent mais aussi l’article de CP de février 2016 relatant ici les faits et l’image ici à droite). L’hélicoptère immatriculé PR-GZP, était en effet la (co) propriété de Limeira Agropecuária, une entreprise qui appartenait au jeune député Gustavo Perrella (de Solidarité-MG), représentant le Minas Oeiras, ainsi qu’à sa sœur et à un cousin.
Or le fameux Gustavo n’est autre que le fils du sénateur Zeze Perrella (PDT-MG) ancien président du Cruzeiro, club de football brésilien de renom (là-bas, tout passe par le foot… on le voit ici à gauche chez lui célébrer la victoire de son club du Cruzeiro, deuxième équipe brésilienne la plus titrée; club qui possède un stade de 75 783 places qui a même réussi à en contenir 132 834 spectateurs lors d’une finale de coupe en 1997). Bref, avec le foot, la deuxième drogue du pays, on touchait alors directement au pouvoir politique et la corruption endémique dans le pays (à droite le stade du Estádio Governador Magalhães Pinto où joue le club).
Gustavo et son père, le sénateur Zezé Perrella, ancien directeur de la Fédération des industries de l’État de Minas Gerais (de 1998 à 2001) avaient donc logiquement fait l’objet d’une enquête de police dans le cadre de cette livraison de coke, mais, étrangement, celle-ci n’avait pas retenu la thèse de leur responsabilité, ne retenant que celle du pilote comme seul organisateur du transport de drogue. Corruption, vous ai-je dit, qui permet aux hommes politiques de traverser toutes les perturbations les atteignant… les espoirs de la CPI de 1998 d’avoir un pays propre sont envolés, et sont déjà bien loin !!!
Une histoire aussi de famille…
Avaient été arrêtés ce jour-là le (jeune) pilote et son copilote plus âgé, à savoir pour ce dernier Rogério Almeida Antunes, un employé de la société de Perella qui avait avoué avoir reçu 60 000 dollars pour transporter la drogue, et Alexandre José de Oliveira accusé par le premier d’avoir tout manigancé. « Alexandre José de Oliveira Junior, pilote du fameux « helipó » de la Perrela (ici à gauche), travaillait depuis longtemps, avant d’être arrêté, pour de grands trafiquants internationaux » affirme la police (et notamment pour le sinistre PCC, selon cette même police). Seul condamné et emprisonné de l’affaire, il s’était mollement et maladroitement défendu en déclarant à la presse « j »ai été embauché pour apporter de l’électronique et des médicaments vétérinaires du Paraguay. Pour moi, c’était de la contrebande de marchandises, pas du trafic de drogue », avait-il dit. Une version contredite par la police « Cependant, les messages trouvés par la police fédérale (PF) sur les téléphones mobiles utilisés par le copilote montrent une autre histoire. Dans l’un des entretiens, Oliveira Júnior a déclaré à Rogério Almeida Antunes (le pilote de l’hélicoptère, ici à droite lors de son arrestation en 2013) qu’il facturerait 250 000 reals pour le transport. Il a assuré que le pilote disposerait d’environ 150 000 reals pour couvrir les dépenses liées aux heures de vol, plus 50 000 par jour de travail ».
Bref, pris la main dans le sac et sur les commande du Robinson chargé à craquer de coke, ces deux-là avaient menti en déclarant ne pas savoir exactement ce qu’ils avaient transporté… Dans l’effervescence de l’affaire. on avait semble-t-il mis de côté le fait que le petit Robinson lourdement chargé, avait ravitaillé et était parti d’une fazenda appartenant à un oncle de Lula, originaire de Belo Horizonte, Aécio Neves (le petit-fils de l’ancien président brésilien Tancredo Neves et lui-même sénateur PSDB-MG, c’est le premier gouverneur de l’histoire de Minas Gerias). Neves, il faut le noter est aussi celui qui a fait construire la première prison du pays par un partenariat public-privé, et il traîne une belle paire de casseroles derrière lui (2).
L’hélicoptère s’était envolé pas loin du village de Sabarazinho. Pour beaucoup, le secteur dissimulait aussi un labo clandestin d’élaboration de cocaïne… mais cela personne n’avait pu le prouver (un tel laboratoire se monte et se démonte très rapidement). Les informations publiées par le portail G1 en novembre 2013 avaient pourtant révélé que la police avait bien identifié et fermé un laboratoire de raffinage de la cocaïne dans la ville de Cláudio dans le Minas Geiras. Le site avait été rapidement démonté suite à une dénonciation anonyme, et rien n’y avait effectivement été trouvé. Personne n’avait non plus été arrêté. Or à Claudio avait également été construite une piste d’atterrissage… aux frais du contribuable (sans qu’on les interroge sur la question de son bien-fondé, autre que les déplacements personnels du sénateur ou de son fils). Selon un rapport du journal Folha de S. Paulo, le sénateur Aécio Neves (PSDB-MG) « possédait les clés de l’aéroport de Claudio « . L’aéroport avait en effet été, construit en 2010 sur des terrains qui appartenaient à des proches du sénateur Aécio Neves (PSDB), et Aécio avait effectivement dirigé l’état de 2003 à 2010….
Bref, on ne semblait pas avoir fait beaucoup d’efforts côté police et pas davantage côté justice, écrasés par le poids du personnage politique et véritable seigneur de la contrée : l’hélicoptère Robinson en cause n’avait même pas été saisi et donc bien vite rendu à Gustavo !!! On le retrouvera, cet hélicoptère dans un autre épisode dantesque de son histoire. Le 16 septembre 2016, il sera en effet aperçu sur la plage du lac de Furnas, dans la région de Capitol Capitólio, en train de voler au ras des baigneurs et même de larguer une personne dans l’eau, « mettant en danger la sécurité et l’intégrité physique des personnes impliquées » selon l’ANAC, qui avait alors suspendu ses vols. Perella avait aussitôt réagi par un communiqué : « ce vendredi, le bureau de presse de Zeze Perrella a déclaré au G1 que l’hélicoptère n’appartient plus à sa famille.
« L’hélicoptère n’appartient plus à la société Limeira agricole e Participações Ltda, depuis le 20 Juin, 2016, ayant été vendu à Lar & Construção Empreendimentos Ltda.», ajoutant que le nouveau propriétaire de l’hélicoptère à la responsabilité civile et pénale utilisation et fonctionnement de l’équipement ». Le coin était régulièrement l’objet de vols dangereux. Le 23 janvier 2017, un autre hélicoptère finira même par s’y planter… le Robinson PP-MAM (N°0467) , ex N7025E, vendu en 2000 par Ecuator Leasing Inc. Les quatre occupants n’avaient été que blessés, cette fois-là, et l’appareil… perdu (« written of ») ». En 2014 déjà, un pilote de Robinson 44, Bruno Abitbol de Andrade Nogueira avait provoqué un accident similaire et s’était ensuite enfui à Elói Mendes. Deux de ses clients étaient morts noyés dans l’accident ce jour-là : un policier militaire, Marcos Antônio Alves, âgé de 44 ans, et sa compagne Lívia Reis Carvalho, 27 ans. La machine était le PR-CIG, le Robinson R44 II N°13226 enregistré le 26 avril 2012 au Brésil, qui avait été complètement détruit.
Le coup de théâtre du 17 décembre 2017
Quatre années après le faits, on allait reparler de l’épisode du Robinson. Avec une photo impressionnante : il avait fallu un caddie plein et un petit chariot en effet pour transporter les 253 kilos de cocaïne trouvés chez un dirigeant de club de football appelé Edney Costa, le président de l’Associação Desportiva Ferroviária. Les sacs s’apprêtaient à partir au Portugal dans un conteneur chargé de maïs (photo ici un peu plus bas à gauche). Avec lui viennent d’être arrêtées cinq autres personnes dont le propriétaire du site où l’hélicoptère du sénateur Zezé Perrella avait atterri en 2013, le manager de football Elio Rodrigues indique Gerson Nogueira. La surprise était de taille, car l’enquête de police à son encontre était retombée sur les liens jusqu’ici inavoués avec le sénateur Perella !!! Quatre ans après les faits, on retombait en effet sur les mêmes !!! « selon l’enquête de PF qui a rejoint le processus 0012299-92.2013.4.02.5001 – qui traite le cas de l’hélicoptère famille Perrella – il a dit qu’il était entraîneur de football et aurait connu Robson Ferreira Dias, (…) qui avait pris pour le former à Desportiva un joueur de l’équipe d’Audax Rio de Janeiro, nommé David, qui est resté trois mois dans l’équipe du Desportiva Ferroviária.
L’avocat d’Edney, Raphael Vargas Calmon, a déclaré que son client et Elio se connaissaient depuis longtemps pour travailler dans la zone portuaire. En plus de leurs attributions sportives, Edney (ici à droite) est un agent de port (répartiteur), et Elio a un service de taxi extérieur. Raphael a déclaré que bien que le MPF ait inclus dans la plainte qu’Edney fait l’objet d’une enquête par le PF depuis 2013 dans le cas d’un hélicoptère qui transportait de la drogue en août, il n’a jamais été appelé à témoigner. « Il n’y a jamais eu aucune preuve contre lui. » L’avocat a également nié l’existence de toute relation entre Elio et Edney dans le Desportiva Ferroviária. Raphaël a également déclaré que le président élu du club de football ne savait pas qu’il y avait de la drogue dans le conteneur chargé de maïs. Selon le procès qui a abouti à son arrestation, Edney a déclaré à PF qu’il avait reçu un appel de Jincley pour aller dans un hangar à Vila Velha pour régler un problème et se retrouver en prison.
Depuis vingt-deux ans, au Desportiva Ferroviária, Edney (photo ci-dessus) en était à son quatrième mandat en tant que conseiller et le deuxième en tant que directeur de la logistique et des finances. En août 2017, il a été élu président de l’équipe, également connu sous le nom de Tiva et Locomotiva Grená, pour la période triennale 2018-2020, mais a démissionné en décembre après son arrestation. Il était le bras droit du président Wilson de Jesus, qui était à la tête du club depuis cinq ans. Le drapeau d’Edney aux élections de Tiva était la transparence. Bien que Edney, Robson et Elio font partie des affaires de football et que l’hélicoptère saisi avec 445 kilogrammes de cocaïne appartenait au responsable de l’une des plus grandes équipes au Brésil, et le sénateur de la République, et son fils, ancien député fédéral, la possibilité de connexion entre le football, le trafic de drogue et la politique n’a pas été et ne fait pas l’objet d’une enquête.
« Il n’y a aucune indication d’implication d’un club de football dans cette affaire », a déclaré Leonardo Damasceno, chef du Bureau de répression des drogues de PF, lors d’une conférence de presse tenue un mois après la saisie de la drogue en décembre passé (à gauche le container à maïs du port d’expédition). « Pour nous, ce dossier Perrellas est clos », avait déclaré Damasceno deux semaines après avoir saisi 445 kilos de cocaïne en 2013 ». Une chape de plomb sciemment entretenue selon le blog : « au cours de l’enquête a également été soulevée la suspicion que la drogue provient du propriétaire d’une propriété à Jarinu, à São Paulo, l’un des points d’atterrissage de l’hélicoptère. « Un autre moment digne d’être mentionné est celui où Alexander explique à Rogério l’itinéraire qui va suivre, en se référant spécifiquement aux points de ravitaillement, en mentionnant la propriété de Jarinu / SP comme » le site du propriétaire « , a déclaré le juge Marcus Vinícius, dans la décision rendue le 19 décembre 2017. Les données GPS de l’hélicoptère ont montré que l’endroit aurait été le luxueux Parque D’Anape Restaurante Hotel e Pesqueiro, l’un des points d’atterrissage de l’hélicoptère ( cf à droite le site de l’hôtel à voir aussi ici).
Malgré les soupçons, il n’y a pas eu d’enquête sur le site. Les propriétaires de l’hôtel, par exemple, n’ont pas été recherchés par la police ou appelés à témoigner dans l’affaire. Les propriétaires sont Christiane Daud Pereira et Celso Antônio Daud Pereira. Christiane dirige l’hôtel. Affilié au PRB de Jarinu, Celso possède une autre société, un élevage pour la viande. Selon les rapports d’Alexandre et Rogério, la drogue a été déchargée à Jarinu le 23 novembre et enlevée le jour suivant. Christiane a dit que cela n’avait rien à voir avec cette histoire (à gauche ici l’extrait de l’enquête citant pourtant le lieu comme lieu d’atterrissage).
« Je suis une personne respectable. » Son avocat a renforcé la demande et a présenté un document demandé par la justice de São Paulo, à la demande de la défense, qui dit que Christiane et Celso le délégué Leonardo Damasceno n’« apparaissent pas comme accusés » et qu’« après les enquêtes complémentaires exhaustives menées pour identifier d’autres participants, il n’y a eu aucune preuve d’implication. » Interrogé par le public sur les raisons pour lesquelles les propriétaires de l’hôtel n’avaient pas été convoqués, le délégué Leonardo Damasceno avait déclaré: « Nous ne pouvons pas vous informer des enquêtes en cours, compte tenu des dispositions de l’article 20 du CPP. « . Cet article stipule que « l’autorité doit assurer dans l’enquête la confidentialité nécessaire à l’élucidation du fait ou exigée par l’intérêt de la société ». Bref, on a bien étouffé toute l’affaire pendant quatre années !!!
L’hélico et son pilote
« Le pivot du scandale, l’hélicoptère de la famille Perrella, était piloté par Rogério Almeida Antunes, le greffier de l’Assemblée législative de Minas, un fonctionnaire, le troisième secrétaire de la Chambre, choisi sur la recommandation du député Gustavo Perrella. Il a été nommé le 12 mars 2013 à titre d’agent de service du cabinet. Le premier contact de Rogério et Gustavo s’est toutefois produit en 2012. À l’époque, Rogério était l’un des rares pilotes au Brésil à posséder une licence de la marque de l’hélicoptère acquis par le parlementaire, le modèle Robinson R66, acheté à Los Angeles. C’était un ami portugais, qu’il avait en commun avec Gustavo, qui l’avait appelé en lui citant l’offre d’emploi. Le sous-ministre a alors convenu avec Rogério qu’il lui montrerait l’hélicoptère à Goiânia et l’emmènerait à Belo Horizonte. Ce serait un test, sans « aucun engagement », convenu avec le pilote. Il a passé près d’un an à travailler pour la famille jusqu’à ce qu’il soit arrêté avec 445 kilos de cocaïne à Espírito Santo. Rogério était venu habiter dans la maison du sénateur à Belo Horizonte, un manoir à Pampulha, jusqu’à ce qu’il puisse louer un appartement dans le quartier de Buritis, à l’ouest de la capitale du Minas Gerais. Les chanteurs Latino et Zézé di Camargo et Luciano étaient quelques-unes des célébrités qui été appelés pour faire des apparitions dans l’hélicoptère du sénateur à Escarpas do Lago une station située dans la municipalité de Capitólio, à l’intérieur du Minas Geiras , fréquenté par les détenteurs du pouvoir d’achat élevé, où les Perrellas allaient souvent se reposer et faire la fête ». Mais tout ça aussi on l’avait oublié il semble…
La belle planque de Gustavo : s’occuper du foot !
Au Brésil, on oublie tout, très facilement, trop facilement, c’est bien connu : Rogério Almeida Antunes avait échappé on ne sait comment à l’enfermement, et avait vite repris une activité de pilote avec même une entreprise de trois hélicoptères à son nom (?) et son copilote n’était resté que 6 mois derrière les barreaux, malgré ses aveux (étonnante décision de justice !). Et Gustavo, lui avait quitté tranquillement le ministère des Sports du gouvernement Temer, début 2018, pour se trouver une superbe planque en étant nommé directeur du développement et des projets de la très riche Confédération brésilienne de football (CBF). Un poste en or comme on le sait, tant le football brasse d’argent dans le pays. Panem et Circenses devrait plutôt être la devise du Brésil à la place de Ordem e Progresso figurant sur son drapeau ! Son père avait pourtant entre-temps été embarqué dans une autre affaire touchant aussi au football.
Selon une enquête de la police fédérale, de l’argent détourné du club de Cruzeiro de Belo Horizonte avait en effet discrètement été apporté un soir chez Zezé Perrella par son propre attaché parlementaire, Mendherson Souza Lima (ici à droite), et déposé ensuite tout aussi discrètement dans le compte de la société Tapera Participações Empreendimentos Agropecuários LTDA. Une société détenue par… Gustavo Perrella, qui était également, on le précise, membre du conseil d’administration du club de Cruzeiro et était même devenu depuis son vice-président !!! Tout avait été découvert lors de l’opération « propre » de Lava Jato commencée en mars 2014, et censée s’attaquer à la corruption dans la vie politique (et donc aussi dans le foot brésilien !), les clubs des Corinthians et du Flamengo apparaissant également dans l’enquête avec le fameux Cruzeiro Esporte Clube. Rappelons que Zezé avait été président du club de 1995 à 2002, remplacé à la tête du club par son propre frère en 2003 : chez eux c’est en effet un peu dynastique la prévarication !
Zézé, un abonné de la magouille
Zezé, il faut le rappeler, durant son mandat, avait déjà attiré les foudres de la justice pour des pots de vin lors de son départ du Cruzeiro du défenseur Ânderson Luís da Silva, alias Luisão (joueur, défenseur passé au club portugais du Benfica, où il effectue aujourd’hui sa 14 eme saison, avec 47 sélections pour trois buts inscrits au compteur en équipe du Brésil. Le procès de son transfert n’a pas encore eu lieu !). Un transfert record et juteux, pour l’époque, de 2 millions de d’euros. La dernière fois qu’il s’était fait remarquer, le Zézé, c’est en octobre 2017 votant le maintien du mandat de son ami Aécio Neves dans l’assemblée malgré l’affaire de Neves, qui avait carrément tenté de soudoyer deux millions de reals à Joesley Batista, (4)
l’homme d’affaires de JBS. L’échange d’argent avec Mendherson Souza Lima et Ricardo Saud – le cousin d’Aécio-, qui était le directeur des relations institutionnelles de JBS, avait été filmé par la police ! Et comme tout est imbriqué là-bas et mélangé au football, le vice-président du club de Flamengo, Flavio Godinho (autre club mythique) avait lui même été arrêté lors de l’opération Efficiency, une branche de Lava Jato, pour avoir offert lui aussi des pots-de-vin à l’ancien gouverneur de Rio, Sérgio Cabral (PMDB (3) ). Godinho, étant aussi le bras droit de… Joesley Batista !!! Au final, Godinho et l’industriel de l’acier Eike Batista ont été finalement inculpés par la police fédérale pour corruption active, blanchiment d’argent et organisation criminelle.
Eike, milliardaire et évangéliste, mais aussi le généreux donateur des campagnes de l’ex président Lula da Silva et de l’ex présidente Dilma Rousseff du PT (Parti des Travailleurs) avait offert pas moins de 16,5 millions de reals à l’ancien gouverneur Sérgio Cabral… la fortune d’Eike Batista étant estimée à à 6,6 milliards de dollars, c’était la septième fortune mondiale (selon classement Forbes).
Auparavant il avait fui aux USA, avant de se raviser et revenir au pays où l’attendait la prison : « la police fédérale brésilienne a déclaré fugitif, l’ancien magnat de l’exploration minière et du pétrole à la suite de la perquisition menée à son domicile de Jardim Botanico, quartier chic de Rio de Janeiro noyé de verdeur tropicale. Les forces de l’ordre y ont trouvé une voiture de course italienne, 30 000 dollars en liquide cachés dans un coffre mais pas Eike Batista qui avait fui aux Etats-Unis, profitant de sa double nationalité (allemande, par sa mère) ». Eike avait en fait trompé tout le monde depuis des années, y compris sur ses diplômes, tant vantés : » dans sa biographie, le riche extraverti, tout en signes extérieurs de richesse (collection de voitures de courses rutilantes, intérieurs “bling bling”…) avait pourtant toujours prétendu être diplômé d’ingénierie de l’université d’Aachen en Allemagne où il a étudié sans brio » écrit le 6 février 2017 Valeurs Acruelles.
(1) on peut lire ici une étude et une analyse sur la corruption brésilienne.
https://www.academia.edu/8126010/Corruption_and_Entrepreneurship_in_Brazil
(2) Les voici, résumées par Wilkipedia : « en mai 2016, la justice brésilienne ouvre une enquête à l’encontre de Neves portant sur des soupçons de pots-de-vin perçus dans le cadre de l’affaire Petrobras et sur la possession d’un compte bancaire secret au Liechtenstein. En avril 2017, il est impliqué dans le scandale politico-financier Odebrecht (pour financer illégalement des campagnes électorales ou enrichissement personnel) qui touche un grand nombre de personnalités de droite et de gauche au Brésil. Il est accusé d’avoir détourné 10 millions d’euros. Il est également accusé de tentatives d’entrave au déroulement d’enquêtes sur des détournements de fonds. En mai 2017, Neves est destitué après la parution d’un enregistrement où il réclamait plusieurs centaines de milliers de dollars à une entreprise pour couvrir ses frais de justice ». Bref, une belle brouettée de corruption !
(3) « L’ex-gouverneur de l’État de Rio de Janeiro Sergio Cabral, du parti de centre-droit PMDB, est condamné à 14 ans de prison en juin 2017 suite à l’une des plus retentissantes affaires de corruption. Le réseau de corruption qu’il dirigeait prévoyait le détournement « d’un pourcentage sur tous les travaux publics » effectués dans l’État de Rio, et dix de ses collaborateurs ont aussi été condamnés. En mars, une partie de cet argent rapatrié de comptes à l’étranger avait permis de payer près de 150 000 retraités de la fonction publique. Le , le Folha de S. Paulo révèle qu’il aurait fait rénover avec des pots-de-vin la maison de sa fille, par l’intermédiaire d’un ex-colonel présenté comme son « homme de paille » pour la réception des pots-de-vin de la multinationale JBS. Le patron de cette dernière, Joesley Mendonça Batista l’accuse d’être à la tête de la « plus dangereuse organisation criminelle du pays ». Le , on apprenait que le juge , membre de la Cour suprême et du Tribunal électoral, serait l’actionnaire d’un groupe ayant touché des pots-de-vin de JBS »…
(4) « Entre 2007 et 2009, le groupe a obtenu des investissements et des prêts d’un milliard de dollars de la Banque nationale pour le développement économique et social (BNDES), de l’ordre de 8,1 milliards de reais en achats et 3,9 milliards de reais en prêts, jamais investis dans une autre entreprise privée brésilienne. J & F Investimentos , holding de la famille Batista, possède, outre JBS, Eldorado Brasil (pâte) et Alpargatas (chaussure). En 2009, il a acquis American Pilgrim’s Pride (viande de poulet) et rejoint le groupe brésilien Bertin (alimentation, hôtellerie et autres), investissant également dans les produits laitiers, l’alimentation animale et le biodiesel. En 2012, JBS était déjà le plus grand producteur de poulet au monde, fournissant de la viande à de grandes chaînes, comme McDonald’s . Son chiffre d’affaires en 2016 était de 170 milliards de reais, avec des filiales dans vingt pays et 237 mille salariés. »
On peut relire ceci :
Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.
Article précédent:
Coke en stock (CCVI) : la découverte et la chute des fournisseurs d’avions (41)