L’avion posé cet été au Brésil avec ses 1300 kilos de coke a mis le doigt sur toute une organisation turque de trafs de cocaïne un pays jusqu’ici marqué dans l’histoire par celui de l’opium remontant d’Afghanistan. Tout le monde se souvient du film d’Oliver Stone intitulé Midnight Express, sorti en 1978 et décrivant les conditions abominables d’incarcération de l’époque ce que les européens avaient oublié de voir à ce moment-là. C’était basé sur des faits réels, en fait la mise en images de l’autobiographie de William Hayes, et le délit qui l’avait envoyé dans les infâmes geôles était la consommation.. de haschisch ! Le sujet du jour est l’avion découvert hier, qui garde une part de mystère, mais a participé, c’est certain a un épisode fort particulier de l’histoire récente turque comme on va le voir. Un avion, en résumé, proche du pouvoir…
Confirmation de la vente de 2017… avec une entourloupe à la clé
Voici moment on a expliqué en tout cas dans la presse turque le 27 juillet 2017 l’achat du TC-GVB par exemple (cela confirme les dires qui vont suivre pour une vente faite à faible coût): « un avion de type Gulfstream immatriculé TC-GVB, qui a été retiré de la flotte d’avions VIP et transféré au sous-secrétariat des industries de la défense, a été vendu. Après des années au service des fonctionnaires de l’État, l’avion de type Gulfstream 4 avec l’enregistrement de queue TC-GVB, avec l’ancien enregistrement TC-GAP, qui a été retiré de la flotte d’avions VIP du Premier ministère, a trouvé son nouveau propriétaire. Des sociétés américaines, Ziver İnşaat (c’est une firme turque !), et Zafer Aviation (une autre turque !) ont également aspiré à acheter l’avion, qui a été transféré au sous-secrétariat des industries de la défense. Cependant, après de longues négociations, le propriétaire de l’avion était la société turque Affan Holding. Seyhmus Ozkan, homme d’affaires de Diyarbakir, président d’Affan Investment Holding » (…) »On a appris que l’avion, qui a été acheté pour un million 450 mille dollars, coûtera 5 millions de dollars, y compris l’entretien des moteurs et la re-modification » (le nouveau proprio augmentant ainsi grandement la valeur de son avion d’un coup de baguette magique !!!).
« Les moteurs de l’avion vieux de 30 ans sont à changer. On a appris que l’avion sera désormais utilisé pour le transport aérien. L’avion de type Gulfstream 4 avec enregistrement de queue TC-GVB, anciennement enregistré comme TC-GAP, ainsi que l’ancien avion TC-ATA, qui était enregistré comme TC-GVA, ont été retirés de la flotte d’avions VIP du Premier ministère et transférés à SSM un certain temps depuis. Pendant ce temps, il a été affirmé que l’avion TC-ATA pourrait être donné à Aselsan » (un conglomérat militaire turc).
Dans ce cas de figure on a donc un TC-GVA qui serait devenu APRES coup le TC-ATA (N°1043) ? Ou alors, plus simplement c’est plutôt le TC-ATA dont on parle, le N°5346, un Gulfstream V et non un IV, ici à droite. Car vous l’avez noté, le modèle montré dans la presse (cf l’image ici en haut à droite censée illustrer la transaction du Gulfstream IV) était un modèle V et non l’ancien proposé comme revendu !!!
Alors que le TC-GVB était bien lui le TC-GAP, ex « 001 », précédemment. Celui-là, c’est sûr, c’est bien le N°1027 de construction, un modèle de type IV, sorti en 1987 sous N416GA, à gauche)ici-à St-Petersbiurg en Russe le 22 mai 2021…
La confusion est là, devant nous, mais plus flagrante encore avec l’exemplaire immatriculé TC-GAP. Une immatriculation qui regroupe pas moins de trois Gulfstream des « Turkish Air Force » : le N°4240, ex I-DLGH, arrivé en 2016, le N°1027, ex N416GA d’origine et 001 à son arrivée dans l’armée turque, photographié à Malte le 21 octobre 2014 , ici à gauche, et le N°487, vite reparti chez Gulfstream en 1987, aujourd’hui chez N416WM chez Ken Sale Resource Inc en Californie. Aujourd’hui, c’est bien le N°4240 qui est le bon. Le N°1027, en fait, ex TC-GAP, est ensuite devenu par magie… le TC-GVB comme on l’a déjà dit, toujours Turkish Air Force mais sans le slogan peint sur les flancs (photographié ici à Madère le 15 mai 2021). C’est notre second appareil du jour (et bien un type IV): aurait-on joué avec les deux appellations (A et B) ? Ou est-ce un autre encore ? Une chose est frappante : les avions alors du changement de mains n’ont été que partiellement repeints, à l’économie : on s’est contenté d’effacer l’appartenance gouvernementale étalée au départ !
En représentation officielle ?
Fin octobre 2018, on vantait toujours l’un des deux appareils (cf le « A ») et la proximité avec Erdogan et son rêve enfin réalisé de gigantesque aéroport, dans un texte rédigé tout à la gloire de Şeyhmus par des journalistes complaisants, les seuls accepté par Erdogan comme on le sait (cela fait belle lurette qu’il n’y a plus de liberté de presse en Turquie) ; « un jet d’affaires figurait parmi les avions qui ont atterri à l’aéroport d’Istanbul pour la cérémonie d’ouverture historique.
Avant l’atterrissage de l’avion du président Erdogan, il y a eu d’abord l’avion VIP de type A319, dans lequel se trouvait le président de la Grande Assemblée nationale de Turquie Binali Yıldırım, puis l’avion Affan Investment Holding A.Ş. de type Gulfstream IV immatriculé à la queue TC-GVA transportant Seyhmus Özkan,
le président du conseil d’administration, a atterri. Sous la direction du capitaine pilote Zafer Halidi, (ici à gauche) le Gulfstream IV est entré dans l’histoire en tant que premier avion privé à décoller de l’aéroport d’Istanbul après l’ouverture officielle ».
Comme invités, c’est à signaler aussi, à ce grand raout, on avait surtout remarqué l’émir du Qatar, le « découpeur » Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani ou encore le controversé président du Soudan Omar el-Béchir, alors recherché pour génocide par la Cour pénale internationale…. Erdogan a toujours su s’entourer, il n’y a pas !
En résumé, on un avion qui « a fait l’histoire » auprès d’un président et qui se retrouve aujourd’hui avion de délinquant pris trois ans plus tard en flagrant délit ??? Et qui se présente en TC-VGA en 2018 et TC-ATA en 2021 ? Et que dire de cette continuité, quand le pilote cité, Zafer Halidi, vient sur Tweeter poster ceci le 12 juillet 2020 : « acheté avec le partenariat de Vakıf Katılım Bankası (une banque partcipative) & Zafer Aviation Project, (Zafer Air) notre avion commencera ses vols dans le ciel turc cette semaine. À tous mes amis qui ont soutenu et contribué au projet, ainsi qu’à notre président du conseil d’administration de la banque Vakıf Katılım, Merci !« . L’avion dont il parle étant le N°1224; c’est le Gulfstream G-IV SP2-Gulf , ex 2-TRAV et nouveau TC-MZH le 14 février 2021 donc (voir notre épisode précédent)… Celui-là, on n’a pas le de droit non plus de savoir où il vadrouille… Le patron de la banque citée, Öztürk Oran, étant un proche d’Erdogan !! Et aussi le responsable du labo pharmaceutique VisCoran Ilac Sanayii ; qui vient de signer un accord pour distribuer le vaccin Sputnik V en Turquie !!! On peut retourner le problème dans tous les sens, à chaque fois on croise un proche d’Erdogan, dans cette ténébreuse affaire !!!
Le doute subsiste cependant sur la présence en 2018 sur le tout nouveau tarmac d’Istanbul du Gulstream « offert » à Seyhmus Özkan par Erdogan. Un doute renforcé par une photo plus rare, dénichée chez Reuters et laissée pour compte depuis, d’un appareil vu de la tour de contrôle le jour de l’inauguration de l’aérodrome tout neuf :
C’est bien un modèle V, bien reconnaissable… très certainement le TC-ATA, et non l’ancien Gulfstream IV qu’a décrit complaisamment le journaliste flagorneur sous la dictée de Seyhmus Özkan. Or- cet avion-là n n’amenait pas non plus le président Erdogan . Ce jour-là, Erdogan avait sorti son plus grand avion présidentiel du moment (il possède aussi deux Airbus , l’ A319-115X a enregistré TC-ANA, et un Airbus A330-243 Prestige enregistré TC-TUR .Un engin d’une toute autre taille : un énorme Airbus A-340-500, le quadriréacteur immatriculé TC-CAN, ex VT-VJC et surtout l‘ancien TS-KRT du président tunisien déchu Ben Ali et ses idées de grandeur (aujourd’hui l’avion est redevenu comme en 2011, savoir stocké et… inutilisé !!!).
En réalité, ce TC-ATA là, on s’est est déjà aperçu, est le modèle N°5346, un modèle GV 550, vu à Antalya en Turquie le 14 août 2021 – et bien indiqué 5346 sur JetPhotos:l’ex Hermes Executive Aviation Ltd M-JIGG (et donc à l’île de Man) devenu lui aussi Turkish Air Force en 2016 !! Et qui sur Airport Data est allègrement confondu avec l’autre il suffit de faire « next ») !! Alors certes , le TC-VGA a certainement dû décoller ce jour-là de cet endroit. Mais on n’en possède aucune image le prouvant !
Un avion providentiel et non présidentiel
Autre particularisme saisissant de cet étonnant avion fantasque aux multiples apparences, une révélation fracassante en provenance du procès de la tentative de coup d’Etat de 2016 suivi de la purge exceptionnelle par son ampleur qui avait décimé l’armée turque (elle ne s’en remet pas (1) ). « L’avion qui a finalement emmené Erdoğan en toute sécurité à Istanbul, le TC-ATA, avait reçu secrètement l’indicatif d’appel THY-8451 alors qu’il quittait Izmir Adnan. L’aéroport de Menderes à 0h40 ce soir-là. L’avion s’est envolé pour l’aéroport de Dalaman près de Marmaris.
Erdoğan et son groupe sont montés dans l’avion à Dalaman après avoir quitté Marmaris en hélicoptère. L’avion avait émis un autre indicatif d’appel secret, THY-8456, et a décollé de Dalaman à 01h43, en route pour Istanbul. Les putschistes, dirigés par le général de brigade Gökhan Şahin Sönmezateş, avaient quitté la deuxième base aérienne principale de Çiğli à Izmir à 2h00 à bord de deux hélicoptères Cougar et d’un type Sikorsky. Ils avaient atteint l’hôtel d’Erdoğan à Marmaris à 03h20, en même temps environ qu’Erdoğan arrivait à Istanbul ». Et c’est ainsi donc que le Gulfstream avait sauvé la vie d’Erdogan !
Si c’est bien l’ancien 002 des Turkish Air Force, c’est donc bien le N°1043 (et c’est le cas, d’après la photo montrant les critères vus hier (porte et inverseurs de poussée !). Et donc aussi aujourd’hui notre TC-GVA brésilien qui aurait sauvé la vie à Erdogan ! N’aurait-on pas là l’explication simple du cadeau tarifaire si décrié fait par le gouvernement lors de la vente de l’engin et de son collègue ??? Un président qui l’avait échappé belle ce jour-là, mais pour d’autres raisons encore… (celui expliquerait aussi en partieson inextinguible vengeance). Le journal anglais Independent avait trouvé la bonne formule pour décrire le sauvetage in extremis : « L’avion du président Erdogan s’est déguisé en avion civil pour « disparaître » du radar des jets rebelles turcs »…
Un avion qui a appris aussi facilement et aussi rapidement des radars aurait-il été genre de renouveler aiillleurs l’expérience ? Il faut avouer que c’est…. tentant !!
Des avions en paquets-cadeaux ?
Deux avions vendus à perte par le gouvernement, en tout cas, selon l’analyse qui suit, à partir d’éléments rigoureusement exacts (cf Rzjets par exemple) : « force est de constater que la vente, qui s’est faite en toute discrétion, était assez inhabituelle. Les avions étaient exploités par la compagnie aérienne nationale Turkish Airlines sous les numéros d’immatriculation TC-ATA et TC-GAP. (ici à droite le TC-ATA (le Gulfstream IV) en mars 2013 à Helsinki portant bien les couleurs officielles du gouvernement. « Ils ont été transférés à la présidence des industries de défense, le principal sous-traitant du gouvernement en matière de défense, en 2016 avant d’être vendus à Şeyhmus sous les nouveaux numéros d’enregistrement TC-GVA et TC-GVB. Şeyhmus aurait payé 1,4 million de dollars pour chaque jet, qui avait une valeur marchande de 5 millions de dollars à l’époque » (c’est à peu près exact aujourd’hui ce serait la moitié !).
« Conçus comme des avions VIP, le gouvernement avait dépensé 2,5 millions de dollars juste pour les remettre à neuf ».) Ça a été effectivement refait en 2017 alors qu’ils appartenaient encore à l’armée : exemple de l’intérieur – plutôt sobre et spartiate – refait du TC-GVA ici à gauche.
En comparaison à droite ci-dessous un intérieur de 1987 resté dans son jus, celui du N456AL (de Jordan Aviation) : la refection était bien pour des militaires et non pour le privé, à voir la taille des fauteuils : en dessous c’est la scène de la saisie de coke dans l’avion, on peut remarquer les fameux fauteuils étroits, bien remarquables !
« Ils sont également arrivés avec de nouveaux moteurs de rechange. En fait, lorsque Şeyhmus a déposé une demande de mise en faillite en 2019, il a déclaré que la valeur des jets était de 12,7 millions de dollars.
Autrement dit, le gouvernement avait vendu les avions à une perte de près de 10 millions de dollars ». Ici à droite, on peut s’apercevoir que des valises pleines de coke jonchaient toute la carlingue.
Voilà qui n’est pas commun en effet et qui ressemble plutôt à un énorme cadeau… gouvernemental (avec deux réacteurs Rolls-Royce Tay 811 neufs, gratuits, comme bonus supplémentaire, en sus de la réfection intérieure !).
Erdogan a en tout cas vite senti le danger du voisinage de son propriétaire trop gâté par lui, dès la découverte de l’appareil au Brésil, en faisant tweeter rapidement que « l’avion turc, dont les valises pleines de cocaïne ont été saisies au Brésil, est l’avion TC ATA appartenant à l’ancien très célèbre Premier ministre. Le nom a ensuite été changé en TC GVA et vendu ». Et hop-là, plus aucun lien officiel pour cet avion, qui aurait « récemment » changé de mains, puisque « vendu ».. oubliant sa prestation décrite complaisamment en 2018, lors de l’inauguration de l’aéroport ! Et son achat par un proche… dès octobre 2017 et non récemment !!! Et surtout en gommant d’un trait ses liens avec son sulfureux propriétaire !
La coke en plus haut lieu à Ankara et un cadeau dynastique
Le code de conduite du maître d’Ankara,
au contraire du progressisme d’un Ataturk, ce sont bien les « valeurs islamiques » les plus austères tant prônées par son parti de l’AKP. Sa femme (Emile) presque sous une burka, Erdogan répète que son parti banni en effet l’alcool et la drogue. Sauf qu’en avril dernier, la (trop) belle image se fend et se déchire avec une seule vidéo balancée sur les réseaux sociaux où l’on distingue un jeune loup du parti, Kürsat Ayvatoglu, une étoile montante présentée comme un futur ministrable, déjà, sniffer tranquillement sa ligne de coke, dans une grosse berline. (cf ici à gauche)
Le problème, c’est que ce semble pas être le seul à faire ça, constate le public, mais le seul à s’être fait prendre sur le fait : « à travers le cas de ce personnage aux dents longues, la presse et l’opposition interrogent sur la corruption de la classe dirigeante, les avantages, pots-de-vin et magouilles diverses qui permettent de parader, à 27 ans, au volant de berlines de plus de 100 000 €. Et de souligner, aussi, l’opportunisme et l’hypocrisie d’une partie des serviteurs du pouvoir islamo-nationaliste qui, plus que par la politique, semblent mus par l’intérêt financier..« »Comme le confesse le principal intéressé lui-même dans une lettre d’excuse publique :
C’est pour gagner de la force et de l’influence que je tentais de me présenter au côté du pouvoir
écrit ici Ouest-France. Symbole de ce goût assumé pour les fastes du régime ?
Un étonnant cadeau reçu par le président Erdogan en personne accentue cette idée… car le mauvais exemple vient du plus haut. Celui-là, tout le monde l’a oublié, malgré le fait qu’il soit ultra-visible :
Le gigantesque palais volant d’Erdogan qui ne lui a pas coûté un seul radis ! Un rare Boeing 747-8ZV BBJ (un 747 allongé pour VIPs, attignant 76,30 mètres de long avec 18 personnes d’équipage et 7 chambres à coucher !), le TC-TRK, ex VQ-BSK (ici à droite), offert tout simplement par l’émir du Qatar (le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani) au président turc !!! (La visite guidée est ici, c’est un étalage sidérant de mauvais goût comme le salon principal ici à gauche). « Après notre reportage sur le vol mystérieux de l’avion vers la Turquie, Ankara a été bombardée de questions sur l’état de l’avion.
Le turc a officiellement déclaré à contrecœur qu’il s’agissait d’un cadeau du Qatar. C’est tout à fait l’affirmation étant donné que l’avion coûte près de 400 millions de dollars neufs, et c’est juste pour l’avion lui-même. Son intérieur orné et ses caractéristiques uniques, comme un lit chirurgical gyrostabilisé, coûtant plusieurs millions de plus »
écrit mi-amusé War Zone qui lui consacre un chapitre complet.. Les « doutes » sur le cadeau énoncés par Erdogan semblant un sommet d’hypocrisie, à l’évidence ! Lui qui se veut irréprochable !!! Au passage on comprend pourquoi l’A-340 a été remisé ! Erdogan, en vieux roublard, l’avait sorti la première fois pour impressionner Trump en se rendant avec à Washington en novembre 2019. L’engin est en effet plus grand et plus moderne qu’Air Force One !!
Question moralité, il y aurait à dire en effet, dans le pays, qui se voudrait exemplaire dans le genre. L’hypocrisie y est de règle. La Turquie possède aussi un vieux yacht imposant de 1931, le Savarona, hérité du temps d’Ataturk, qui a encore belle allure et fait toujours ses 132 mètres de long (ici à gauche, et son super look vieillot. Il a vu défiler un nombre important de politiques dont certains l’ont loué à la semaine.
Parce qu’il l’avait entièrement retapé en 1989, on a accordé au milliardaire turc Kahraman Sadıkoğlu le droit de l’utiliser en son nom jusque… 2038. Or en 2010 il est pris d’assaut par un raid de la police qui découvre dedans un vrai lupanar, car il hébergeait à son bor un vaste réseau de prostiution dotée de très jeunes filles, venues pour la plupart de Russie (15 ans à peine chez certaines !), amenées par deux mafieux turcs, Musa Çelik et Gunduz Akdeniz !!! .
L’enquête avait commencé avec la surveillance du Rixos Premium Hotel à Belek, en Turquie, à 50 kilomètres d’Antalya, un hôtel cinq étoiles de la chaîne des hôtels Rixos, dirigé par la famille Arif, Tevfik Arif. et ses fils, Efendi et Refi. Tevfik (ici à droite à côté d’Ivanka Trump et son père) était aussi à la tête un temps du groupe Bayrock, engagé comme on le sait dans l’hôtel du Trump SoHo… Au moment du raid, celui qui l’avait loué était le citoyen belgo-kazak Alexander Mashkevitch, le directeur de l’Eurasian National Resources Corporation (ENRC) et un ami personnel de Nursultan Nazarbayev, président du Kazakstan. J’ai déjà évoqué ici ce personnage douteux, notamment pour le « Kazakhgate » de Sarkozy. »
« Kahraman Sadıkoğlu, (ici à gauche) que l’on a accusé d’avoir tiré de gros profits du navire sans être trop regardant sur l’usage qui en était fait, a reproché aux médias d’avoir grossi l’affaire, en ayant recours à la publication de photos falsifiées des prostituées arrêtées. Il a également laissé entendre que l’incident aurait été provoqué puisque les personnes incriminées étaient sous la surveillance de la police depuis longtemps et qu’on les aurait laissé entrer librement sur le territoire turc, quelques jours avant l’arraisonnement du yacht. En fait, Kahraman Sadıkoğlu a surtout cherché à se dédouaner, de façon peu convaincante,
en expliquant qu’il ne pouvait assurer une surveillance permanente pour éviter de tels débordements et, pour finir, en renvoyant la responsabilité de ce «naufrage» à l’Etat et aux grandes fondations qui n’ont jamais voulu dépenser une livre pour assurer l’entretien ou la reconversion du navire, alors que lui aurait investi lourdement dans sa restauration. » Erdogan, à sa décharge, n’a utilisé en fait le yacht qu’une seule fois, en 2015, cinq ans après, pour recevoir le président de Bosnie Gurbanguly Berdimuhamedow (ici à droite).
Les alertes avaient déjà sonné pourtant…
La Turquie noyée dans sa mafia et impliquée dans le trafic de cocaïne (elle, la « spécialiste » du circuit depuis des lustres de l’héroïne remontant d’Afghanistan, dans un flux inverse) ? Eh bien notre longue enquête (cf nos épisodes précédents) sur les ramifications de la mafia turque à Belize, coin stratégique des arrivages par avion de grosses quantités de cocaïne par avion, nous le laissaient entendre en effet, Elle afflue depuis un bout de temps déjà, malgré un pouvoir qui fait comme s’il ne la voyait pas. Il a bien été forcé en juin dernier, pourtant, de le reconnaître « s’ajoutant à une série de rapports sur les saisies de drogue en Turquie,
les responsables du ministère du Commerce ont déclaré le 23 juin avoir saisi 463 kilogrammes de cocaïne cachés dans des conteneurs de bananes arrivés au port de Mersin après un voyage en provenance d’Équateur. Le ministre turc du Commerce, Mehmet Mus, un homme considéré comme faisant partie du camp « Pélican » de Berat Albayrak – le gendre du président Recep Tayyip Erdogan qui a démissionné en novembre dernier de son poste de ministre des Finances – a annoncé la saisie le 27 juin. lors d’un point de presse. Le trafic de narcos à destination de la Turquie est de plus en plus sous les projecteurs.
Le pays a longtemps fait partie d’un itinéraire majeur de l’héroïne – le démantèlement de la tristement célèbre « French Connection » qui a fonctionné des années 30 aux années 70 n’a certainement pas mis un terme à tout le trafic – et certains prétendent que son importance augmente maintenant. non seulement en termes de consommation de drogues, mais en tant que voie de cocaïne ». le 4 mars 2019, c’est 185 kilos qui avaient été découverts dans un autre chargement de bananes, en provenance du même pays ! Le circuit s’était inversé ! La Turquie n’envoyait plus, mais recevait (pas la même marchandise) !! En réalité, c’est pire, car elle fait aujourd’hui les deux !!
Une forte implantation mafieuse
La mafia turque (2) est en effet bien présente, et elle a essaimé jusqu’en Allemagne en suivant les émigré venus travailler dans les années 60-70 dans l’industrie automobile allemande, notamment. L’un des gangs les plus influents là-bas est celui de motards, des bikers, qui se regroupent sous le nom d‘Osmanen Germania, fondé dans la Hesse en 2014 (ici leur spot de pub ridicule). Un groupe ploutt dangereux : « impliqué dans des tentatives de meurtre, des extorsions, le trafic de drogue et la prostitution, ce gang de motards a été interdit par le ministre allemand de l’Intérieur Horst Seehofer en 2018. Toutes ses ramifications ont également été touchées par l’interdiction.
À l’époque, le groupe était déjà actif en Allemagne avec 16 groupes locaux appelés « chapitres ». Aujourd’hui, il poursuit ses activités sous d’autres noms dans de nombreuses villes en Allemagne, sans entrave majeure ». Lors d’un procès du groupe en 2018, on avait pu entendre des liens étonnants :« des enregistrements de conversations datant de 2017 montrent que Metin Külünk, confident d’Erdoğan et ancien député AKP, a fourni à Osmanen Germania de l’argent pour acheter des armes à plusieurs reprises.
Avec cet argent, l’organisation a acheté des pistolets et des armes à tir rapide pour les utiliser contre les Kurdes. En raison de ces activités, plusieurs dirigeants de l’organisation ont été emprisonnés en 2018″.
Pire encore, ce groupe était plus proche du pouvoir turc d’Erdogan qu’on ne le pensait : « dans une autre conversation téléphonique, Külünk demande à Yilmaz Ilkay Arin, alors président de l’UETD, l’organisation de lobbying de l’AKP basée à Mannheim, de mener une action punitive contre le satiriste Jan Böhmermann dont la célèbre satire d’Erdogan avait fait grand bruit à l’époque.
En conséquence, Arin a appelé le chef de la bande, Mehmet Bagci, le 1er avril 2016, et lui a donné des instructions pour prendre des mesures contre Böhmermann. Arin lui a parlé de Külünk qui voulait que les “Turcs” en Allemagne s’arment et a déclaré qu’il avait un dépôt d’”armes propres” et de munitions. Après des descentes de la police allemande,
Arin a fui en Turquie où il a été nommé au conseil d’administration de la Fédération de boxe ». Ces découvertes, dues à un mafieux (voir plus bas ici), semblaient assez irréelles mais toute une série de photos sur le net de l’un d’entre eux, Taner Ay,
visibles ici, confirment la proximité ministérielle du gus, qui présente une véritable caricature de mafieux à l’ancienne : grosses montre dorée, costard voyant, gilet, pochette assortie à la cravate, ray-bans gigantesques, fusils automatiques (et pas des petits !), grosses bagnoles voyantes (une Ferrari très récente jaune citron !).
La plus inquiétante d’entre elles étant celle en compagnie d’Hakan Fidan (ici à gauche), chef de la National Intelligence Organization (ou MİT, la CIA turque..) et celle avec Hulusi Akar, le ministre de la Défense du pays !!! Même s’il s’agit de selfies vite faits, ça n’explique pas comment un tel mafioso est arrivé aussi facilement à s’approcher de tous ces hommes en place autour du pouvoir dans le pays !!!
Les étranges jets espions d’Erdogan
Une chose pourrait l’expliquer : le recours à des gros bras pour des opérations douteuses. Des liens avec la mafia, mais aussi des actions mafieuses caractérisées, comme des enlèvements prémédités. Mais cette fois d’opposants, par un Etat qui fonctionne donc fondamentalement de façon mafieuse, à savoir dans la vengeance et non par la justice. Deux exemples corroborent cette constatation : en mars 2018; six kosovars sont enlevés à Pristina et embarqués vite fait à Ankara dans un jet, une opération rondement menée. En juillet, même scénario tenté en Mongolie, mais qui échoue cette fois. Etaient visés des opposants à Erdogan dont un enseignant partisan du leader honni Gulen.
« Fin juillet 2018, c’est en Mongolie que le MIT avait tenté d’enlever un directeur d’école, le turc Veysel Akcay (ici à gauche), et d’autres instituteurs en affrétant, à cette fin, un petit avion discret, appartenant à l’armée turque. Le site OPAX 360, spécialisé dans l’actu militaire, donne des détails éclairants cette tentative d’enlèvement : « Selon plusieurs témoins, cités par l’AFP, au moins cinq hommes ont kidnappé Veysel Akcay dans la matinée du 27 juillet, avant de prendre la direction, à bord d’un « mini-bus », de l’aéroport « Gengis Khan » de la capitale mongole, où un avion de type Bombardier CL604 Challenger les attendait. Et OPAX 360 de rajouter : « selon Flight Radar, cet avion, immatriculé TT-4010, appartient à la force aérienne turque. Arrivé quelques heures avant l’enlèvement de l’enseignant turc, la police mongole a donc vite compris les tenants et les aboutissants de cette affaire. » Et au final, l’enlèvement avait donc échoué !
Le premier avion aperçu était le TC-KLE (ici en haut à droite), le second le TT4010 (ici à gauche plus discret encore !). Repéré, le premier appartenant au MIT change le 17 janvier 2019 le nom de sa société d’aviation propriétaire en Mavi Başkent, à partir de celui d’origine qui était Birleşik İnşaat Turizm Ticaret ve Sanayi A.Ş.,
répertorié comme une entreprise de construction, de tourisme et de commerce. L’adresse étant modifiée de Çankaya à un bureau de Yenimahalle. La première appellation provenait ben du MIT, et de sa division du MİPVAK, un service d’espionnage créée dès 1993 en Turquie (pour Milli İstihbarat Teşkilatı Personeli Sosyal ve Güvenlik Ve Dayanışma Vakfı, qui présentait la même adresse que Mavi Başkent ! Le procédé n’était pas plus grossier que ce qu’il fait pendant des années la CIA et ses vols de « rendition » de sinistre mémoire !).
Le TT4010, Ex TC-TAN, en prime, en dehors de toutes les règles les plus élémentaires de circulation aérienne, (celles de l’Aviation Civile Internationale désignée sous l’acronyme OACI (3) n’arbore pas toujours son immatriculation (exemple ici à gauche sur l »aéroport international Atatürk d’Istanbul le 17 octobe 2018) !! C’est le Challenger Cl-600/604 N°5459, le TC-KLE étant un CL-600-2/605 N°5964.
L’entreprise étant au nom de Ayşe Çiğdem Ekinci, de İhsan Sezer Gökgöz et de Necati Baykal. La société possèdeait aussi un Sikorsky S-76C dont je n’ai pas retrouvé tracer. J’ai déjà fait part dans l’épisode précédent de l’utilisation de l’avion Bombardier Challenger 604 TC-MJB de MNG Aerospace pour aller « cueillir » le 5 mai 2021 un autre dissident, Selahaddin Gülen au Kenya. Au total, c’est une bonne centaine d’opposants répartis dans une vingtaine de pays qui ont ainsi été poursuivis et rattrapés par une longue rancune présidentielle personnelle.
A little one more thing …. (comme aurait dit Steve)
Nouvelle annonce le 14 août, tout aussi dévastatrice, qui ressemble plutôt à une fuite dans les médias qu’il a fallu au plus vite colmater: « le ministre du Commerce Mehmet Muş a annoncé lundi que les douaniers avaient saisi 4,3 tonnes d’une « substance utilisée dans la production de drogue » à l’intérieur du fret en transit à l’aéroport d’Istanbul » (la photo ici à droite fournis est pour la frime c’est une inspection canine factice !). « La substance a été découverte dans une cargaison en provenance de Hong Kong, sa prochaine destination étant les Pays-Bas. Les médias ont rapporté que les substances étaient de l’« amphétamine » et de la « méthamphétamine ». Le ministre a tweeté qu’un « réseau de drogue » avait été découvert lors d’opérations ultérieures alors qu’il félicitait les officiers qui ont intercepté la cargaison. Les médias ont indiqué que les substances étaient à l’origine destinées à être acheminées vers les Pays-Bas par voie terrestre après leur arrivée de Hong Kong. La saisie est intervenue après que les douaniers ont examiné plus tôt une arrivée de cargaison suspecte qui s’est avérée être une plus petite quantité de substances.
Après avoir appris qu’un deuxième envoi aurait lieu sur le même itinéraire, les responsables ont également commencé à suivre cet envoi et ont saisi le plus gros transport à l’aéroport. Il n’était pas clair quand les deux expéditions sont arrivées en Turquie ». « Le deuxième envoi intercepté a été remplacé par des médicaments contrefaits tandis que la police turque et ses homologues en Europe ont suivi l’envoi jusqu’à son arrivée aux Pays-Bas. Lors d’une opération à Uden aux Pays-Bas, la police a arrêté 16 suspects, dont des acheteurs de méthamphétamine, tandis que du matériel utilisé dans la production de drogue a également été saisi. Trois suspects ont été placés en garde à vue. » Le 26 aout 2020, c’était 540 kg de coke (pour, 29 millions de dollars minimum ici à gauche) qui avaient été interceptés à Dilovasi, géré par Yilport, dans un container venant… du Brésil.
En 2019, on avait découvert 800 kilos très habilement dissimulés au milieu de minerai métallique, du ferrosilicium utilisé pour la désoxydation de l’acier, dans les industries électriques et chimiques.Le procédé sera répété en copié-collé le 3 novembre 2020 aux Pays-Bas avec un conteneur provenant lui aussi du Brésil, rempli de grands sacs remplis de ferrosilicium, la même matière première pour la sidérurgie(ici à droite). » La cargaison était destinée à une entreprise en France. L’entreprise n’a probablement rien à voir avec la contrebande » indiquait-on..
Un vieux procédé utilisé
En réalité, c’est le 11 août exactement que les Pays-Bas ont sonné l’alerte, soit quelques jours avant, en découvrant non pas du « meth » mais un gigantesque laboratoire à cocaïne dissimulé dans une école d’équitation près de Nijeveen, où avait été arrêté -au moins- un turc « 13 suspects colombiens âgés de 21 à 63 ans, un Turc de 49 ans et le propriétaire néerlandais de l’école d’équitation de 65 ans »)..
Il y avait tout ce qu’il fallait sur place comme produits chimiques pour retrouver notamment la drogue dissimulée dans divers supports, signe d’un trafic très élaboré côté turc : « des dizaines de milliers de litres de produits chimiques ont été saisis, ainsi que des équipements tels que des barils, des jerrycans, des tubes en plastique et cinq bétonnières utilisées pour extraire la cocaïne du soi-disant « matériau porteur »,
comme des vêtements, qui avaient été imprégnés de la drogue. avant d’être exportés aux Pays-Bas« . selon The Gardian. Le labo récupérait donc une coke adroitement dissimulée en Turquie par des gens très organisés. La péruvienne (ou ici la colombienne) venait de loin, cachée dans des vêtements savamment imprégnés !!! Un vieux procédé; mais toujours efficace. Repasser est fastidieux, et là le problème est éliminé : ça reste en effet bien raide. Un peu trop, même ! A Lille, on s’en souvient très bien !!! Ici à gauche en 2018 des maillots de l’équipe de Colombie ayant subi le même sort et découverts…. aux Pays-Bas. Un autre exemple encore ici..
Meth, coke, des fuites délétères concernant la Turquie, des fuites à répétition,, orchestrées à distance par un homme surtout, qui a alerté tout le monde… depuis le début du mois de mai surtout (2021).
L’agitation médiatique entretenue signée Peker le mafieux
Depuis le 2 mai 2021, des Emirats Arabes Unis où il a trouvé refuge, un homme fort particulier à l’allure débonnaire qui ponctue ses interventions d’un rire fracassant distille son fiel sur le gouvernement Erdogan à force de vidéos balancées sur You Tube (ici à droite). Avec un succès assez phénoménal : ses plus récentes vidéos ont été visionnées 15 millions de fois !!! Il a déjà été condamné à la prison, c’est un mafieux turc (qui ne s’en cache pas) et qui s’appelle Sedat Peker (ici à droite), et question trafic de drogue, il s’y connaît en effet !S’il s’en prend beaucoup au ministre de l’intérieur Süleyman Soylu logique, (car c’est lui qui l’avait fait cndamner !),
Peker accuse en premier le fils de l’ancien Premier ministre Binali Yildirim (ici à gauche, il a aussi été président de la Grande Assemblée nationale de Turquie, une représentation-croupion, du au .).
Le fils ventripotent, c’est Erkan (un grand fan de poker, ici à droite, placé à la tête de l’entreprise Derin Denizcilik Taşımacılık Sanayi ve Ticaret Limited Şirketi, qui contrôle avec son père 17 sociétés et 28 navires dont, quel hasard, deux super yachts ! Peker l’accuse surtout d’être d’être le responsable du principal réseau de cocaïne du pays !!! Un événement particulier le laisse entendre : pendant la pandémie, Erkan Yildirim s’est fait pincer en train de mentir ouvertement sur une expédition de masques anti-covid vers le Venezuela.
Or les douanes du pays n’avaient trouvé aucun registre de cet envoi, qui aurait eu lieu par avion, avec à bord de l’appareil…. Erkan Yildirim ! Bien entendu, c’est son retour qu’a pris en compte Peker, en l’accusant ainsi (sans preuve) de « s’être rendu au Venezuela pour établir une nouvelle route de la drogue ».
On définira après coup que la société fabricante de masques n’avait en fait aucun lien avec celle d’Erkan : l’accusation était donc fausse (mais le voyage en jet du 4 décembre 2020 au Venezuela bien réel et toujours suspicieu,x et il n’aurait pas été unique) ! Pour ce qui est des jets de l’entreprise, Yildirim père utilisait lui un avion privé appartenant à la société Simit Sarayı de Abdullah Kavukçu :
» sur la photo partagée par Özkan, on voit Yıldırım descendre de l’avion avec le logo de Simit Sarayı sur le côté droit de la porte » … Ionie du sort, l’entreprise Simit Sarayı, touchée de plein fouet par le covid et ses effets néfastes sur ses ventes a fermé depuis des magasins à Londres, en Arabie Saoudite et à Ankara, puis a mis en vente le jet, un Challenger 300 immatriculé TC-SPL acheté 12,5 millions de dollars en 2013, ex C-WXH ! La famille Yildirim elle pouvant attendre l’avenir sans trop s’inquiéter : les Malta Files ont découvert qu’elle était assise sur un épais matelas de 140 millions de dollars !!!
Par cargos entiers
Selon « A ta Turquie » le trafic avec le Pérou s’est aussi très développé, il cite pour cela en exemple un terminal à containers turc particulier ou plutôt quatre comme nœud du trafic : « ce regain d’intérêt du pouvoir turc pour le Venezuela ferait suite, selon Peker, à l’arraisonnement par la Colombie, en juin 2020, d’un navire chargé de près de cinq tonnes de cocaïne, en route pour Izmir. En mai de cette année, c’est en Équateur qu’un autre chargement de drogue a été découvert, dans des caisses de bananes destinées au port turc de Mersin. Le terminal de Puerto Bolivar, où a été saisie la marchandise, est géré par une compagnie turque Yilport, qui a obtenu un contrat de cinquante ans, à la suite d’une visite du président Recep Tayyip Erdogan en février 2016
» (la même année Yilport s’ouvrait à l’Equateur vers Puero Bolivar t !). « La direction de Yilport a nié tout lien avec les trafiquants. Yilport gère d’autres plateformes de transports maritimes dans la région, comme le port de Paita au Pérou, autre point de transit majeur pour le trafic de cocaïne. Une demi-tonne de drogue a également été saisie en août dernier en provenance du Brésil, dans le port turc de Dilovasi, toujours opéré par Yilport. La présence des entreprises turques en Amérique latine s’est considérablement renforcée ces dernières années, les échanges commerciaux sont en pleine croissance et les trafics illicites aussi. Au point que la Turquie serait devenue un nouveau carrefour de la cocaïne, selon nombre d’observateurs, y compris pour une étude récente des Nations-Unies ».
Binali Yildirim étant en prime un expert maritime, la charge de Peker pèse son poids (en containers ? ) en effet. Par exemple, Derin Denizcilik a vendu cette année trois navires vraquiers de la classe des 57 000 t, les TPL DD Marmara (ici à gauche), DD Ege et DD Karadeniz pour 30 millions de dollars des chinois. Notre mafieux y ajoute également une vindicte à propos de Mehmet Ağar, ancien chef de la police et ex-ministre de l’Intérrieur, qu’il accuse d’avoir fait assassiner des opposants dans les années 90.
Conclusion : la Turquie est noyée jusqu’au cou dans un trafic double
Al Monitor résume ici parfaitement la situation, rappelant que deux trafics se croisent désormais en Turquie : « Le nombre de saisies de drogue en Turquie donne une idée de l’étendue du réseau local. Alors que les pays de l’UE capturent environ cinq tonnes d’héroïne par an, la Turquie en saisit plus de 20 tonnes. L’héroïne saisie sur la route des Balkans représente près de 60% de l’héroïne saisie dans le monde en dehors de l’Afghanistan, selon le rapport 2020, soulignant l' »importance vitale » de la Turquie pour déjouer le trafic d’héroïne » ».
« Quant à la cocaïne, les données officielles montrent que le nombre de saisies est passé à 2 573 en 2020 contre 3 886 en 2017, mais la quantité de cocaïne saisie est passée à 1 961 kilogrammes contre 1 485 kilogrammes au cours de la même période. Selon Soykan, les 4,9 tonnes de cocaïne saisies en Colombie indiquent une énorme expansion du trafic via la Turquie et corroborent les observateurs qui pensent que le pays est désormais une nouvelle route de la cocaïne. L’augmentation du trafic de Captagon (ici à droite la saisie de 1,800 kilos à Hatay en novembre 2015), indique également une nouvelle route liée à la Syrie, a déclaré Soykan, soulignant que la dernière cargaison de Captagon saisie en Turquie avait été introduite en contrebande depuis la Syrie. Selon la police turque, le Golfe et d’autres pays du Moyen-Orient sont les principales destinations du trafic Captagon ».
Le flou demeurant sur l’implication réelle du pouvoir, perceptible dans l’inefficacité flagrante de la police du pays qui ne capture qu’une (très) faible part du trafic : « bien que la police turque se vante d’être très efficace contre le trafic de drogue, les drogues saisies sont largement estimées ne représenter qu’un dixième du trafic illicite. Quoi qu’il en soit, les récents incidents liés à l’Amérique latine et les affirmations de Peker sont difficilement détachables de l’enchevêtrement de la corruption entre les politiciens, la mafia et les membres de la police et de la justice »… A droite les policiers turcs fiers de leur saisie le 16 juin 2021, découverte à Mersin, dans un chargement de bananes en provenance de l’Equateur. Un simple coup d’épée dans l’eau !
(1) les moyens militaires des putschistes avaient été énormes: « le , l’état-major des forces armées déclare que 8 651 militaires turcs, soit 1,5 % environ des effectifs, disposant de 35 avions, dont 24 avions de combat, de 37 hélicoptères, de 37 chars, de 246 véhicules blindés et de trois bâtiments de la marine ont été impliqués dans la tentative de coup d’État ». Pour ce qui est de la purge c’est un gigantesque réglemente comptes déguisé pour écarter une foultitude d’opposants : « au, 25 917 personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la tentative de coup d’État. Par ailleurs, 13 419 personnes ont été mises en détention préventive, et les passeports de 74 562 personnes ont été confisqués. De plus, près de 5000 fonctionnaires de l’Etat turc ont été licenciés de leurs fonctions et 8; 000 suspendus » (..) « Fin octobre, 10 131 fonctionnaires supplémentaires sont limogés. Au total à la fin octobre, environ 85 000 fonctionnaires ont été démis de leur fonction et 35 000 personnes mises en prison en rapport avec le coup d’état. En novembre 2016, une nouvelle série de limogeages est lancée avec près de 15 000 renvois. Dont 7 600 renvois dans la sécurité intérieure, 2 700 renvois au ministère de l’Intérieur et environ 1 200 enseignants ».
Un bilan effrayant en 2020 : « La sentence est tombée jeudi 26 novembre 2020, épilogue de trois ans d’un procès géant qui a vu défiler près de 500 accusés à la barre en Turquie. 337 ont été condamnés à la prison à vie. Parmi eux, des pilotes qui ont participé aux bombardements sur le Parlement turc le 14 juillet 2016 dans une tentative avortée de coup d’État, des officiers et des civils ayant dirigé l’attaque depuis la base militaire d’Akinci. Ils ont été reconnus coupables notamment de « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel », de « tentative d’assassinat du président » et d’« homicides volontaires ».
Sur le coup d’Etat on peu aussi lire ceci.
(2) sur l’historique de la mafia turque lire ceci. On en a extrait cette partie, la plus récente qui nous intéresse davantage :
« Sedat Peker, dont la famille est également originaire de la mer Noire, a grandi à Munich. Il est retourné en Turquie dans les années 1990, où il a été reconnu coupable du meurtre d’un contrebandier en 1997. Il s’est enfui en Roumanie, mais à la suite des efforts de médiation des politiciens conservateurs, il est retourné volontairement en Turquie pour être libéré au début de 1998 de toute façon.
Peker a été de nouveau détenu en 2005 – épousant son avocate alors qu’il purgeait sa peine. Après avoir été libéré, il a de nouveau été arrêté en 2013 lors des procès Ergenekon, une série d’enquêtes sur une organisation clandestine présumée œuvrant pour renverser le gouvernement d’Erdoğan. Peker est de nouveau libre en 2014.
Après le coup d’État de 2016, il a publiquement juré allégeance à Erdoğan et, depuis lorsa aimé cultiver une personnalité publique, en particulier sur Twitter pour menacer les détracteurs du président turc. Mais peut-être que les commentaires de Peker sur ses collègues mafieux sont les plus révélateurs; il a été le premier à commenter négativement la libération de Çakıcı (nota : le mafieux « historique » de Turquie ici le jour de son procès en 2008). Au milieu d’un barrage d’insultes, il a décrit Çakıcı comme quelqu’un dont le temps était écoulé – fort même selon les normes de la mafia turque.
Les efforts du MHP pour libérer Çakıcı ont-ils été vains étant donné qu’Erdoğan a obtenu le soutien de Peker – le jeune prétendant ? Pas tout à fait, semble-t-il. Fin 2019, le bras droit de Çakıcı, Ömer Korkmaz, s’est rendu sur sa chaîne YouTube pour menacer Peker, affirmant que « l’État » le poursuivrait, laissant entendre que le MHP exerçait toujours une influence considérable sur l’appareil de sécurité. Cela pourrait expliquer pourquoi à partir de 2020 Peker a résidé au Monténégro.
Le dernier épisode de la saga de la mafia turque est la réconciliation de Peker et Çakıcı en avril 2020. L’accord a raccourci un conflit purulent au sein des cercles nationalistes de la pègre criminelle et a cimenté le retour de Çakıcı en tant que meilleur candidat au détriment de la jeune génération. Avec les poignards enterrés entre eux, Peker et Çakıcı sont libres d’accroître leurs intérêts commerciaux en Europe et de commencer à empiéter sur le territoire de Baybaşins. La cocaïne est la nouvelle drogue de choix, et les perspectives commerciales s’annoncent bonnes, en particulier compte tenu de la présence croissante de la Turquie en Libye – la destination de la route de la cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe ».
(3) « Selon les règles internationales de l’OACI ayant été signées au moment de la Convention de Chicago en 1944, tout aéronef est dans l’obligation d’être immatriculé. C’est l’article 20 de cette convention qui explicite que « tout aéronef engagé dans le trafic international doit porter des marques de nationalité et d’immatriculation « . Le Challenger d »Erdogan ( TT4010) est donc un avion totalement hors-la-loi !
Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.
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