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Le kidnapping du Phocea (2) : l’installation au Vanuatu, le trafic de passeports

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Avant de parler Ă  nouveau du gigantesque voilier, nous voici Ă  parler
 vaches.  DerriĂšre celui qui s’est brusquement dĂ©clarĂ© propriĂ©taire du yacht de luxe se cache en effet une personne intrigante, et le mot est faible quand on va lire ce qui va suivre.  L’homme, via son beau-frĂšre, traĂźne dĂ©jĂ  derriĂšre lui (en 2012) une Ă©trange histoire, liĂ©e Ă  la gestion pour le moins cavaliĂšre des terres au Vanuatu, oĂč les vestiges d’un pouvoir tribal permettent tout et n’importe quoi, ce dont des petits malins de la finance se sont bien sĂ»r aperçus
 en mĂȘme temps que des petits malins russes
 venus solliciter auprĂšs des autoritĂ©s une bien Ă©trange revendication : celle de la reconnaissance d’une rĂ©gion « captĂ©e » non reconnue ailleurs dans le monde, l’Abkhazie; ce pays fictif au mĂȘme titre que la Transnitrie, tous deux si chers Ă  Moscou.  Les vrais-faux passeports Vanuatais Ă©tant donc l’objet d’un profond intĂ©rĂȘt politique et
 financier.

Des vaches ou les Hedge Funds ?

Le CV du beau-frĂšre du nouveau dĂ©tenteur du yacht gĂ©ant d’origine française Ă©tant particulier, car fort Ă©loignĂ© du monde de l’agriculture selon le trĂšs renseignĂ© Vanuatu Daily Digest, dont je recommande la lecture (en photo une de ses unes sur l’affaire du bateau Ă©chouĂ© au Tonga !) ;  il ne semble pas beaucoup apprĂ©cier la prĂ©sence de ces messieurs, « Queguineur, qui est arrivĂ© au Vanuatu Ă  la fin 2010, avec son Ă©pouse et sa famille, a obtenu sa citoyennetĂ© en moins d’un mois.  Il a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©ficiĂ© des rĂšgles constitutionnelles frauduleuses de la Commission de la citoyennetĂ© du Vanuatu.  Peu de temps aprĂšs, il s’est installĂ©, et a commencĂ© Ă  diriger son entreprise quelque peu en sommeil, Agari Capital Management Ltd, créée en 2006 comme un fonds d’investissement Ă  l’étranger pour certaines opĂ©rations.  La sociĂ©tĂ© ressemble Ă  une arnaque classique dirigĂ©e par les deux hommes » avait-on pu lire « Elle est situĂ©e au centre commercial de Vila, et des installations sont partagĂ©es avec un autre prĂ©sumĂ© « investisseur ». happycows-3d17e
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Quegineur, lui, pendant ce temps, il est vrai, il le dit lui-mĂȘme, « focalise ses investissements sur les dĂ©fis Ă©nergĂ©tiques et environnementaux du 21eme siĂšcle ». 

 

Pas de taxes ni d’impîts

k-logoLeurs publicitĂ©s, Ă  tous ces investisseurs, l’affirmaient en tout cas sans ambages : « le Vanuatu est un paradis fiscal, et des activitĂ©s commerciales dans le pays ont Ă©tĂ© fortement influencĂ©es par ce statut. Un centre financier trĂšs actif est affectĂ© Ă  l’administration et Ă  la gestion de sociĂ©tĂ©s offshore, trusts et des banques. Le « Finance Center Association » comprend les activitĂ©s financiĂšres et autres Ă©quipements disponibles au Vanuatu rĂ©sultant de son « pur » statut de paradis fiscal ; pur, parce que pour les rĂ©sidents et non-rĂ©sidents, il n’y a pas d’impĂŽt personnel ou d’entreprise, pas de droits de succession ou de donation, pas de plus-values , pas de contrĂŽle des changes. L’absence de ces impĂŽts, droits et contrĂŽles, couplĂ© avec l’état de l’art et de la communication trĂšs dĂ©veloppĂ©s des services professionnels, fait du Vanuatu un centre idĂ©al pour les investisseurs Ă©trangers Ă  y dĂ©poser leurs fonds excĂ©dentaires pour investir ou pour fonder des sociĂ©tĂ©s off-shore faisant partie d’un systĂšme international plus vaste ou d’un rĂ©seau financier. Le Gouvernement de Vanuatu est trĂšs actif dans son soutien au « Finance Center Association » en raison de son importance pour l’économie du Vanuatu, et il s’est engagĂ© Ă  faire du pays un havre de paix d’imposition avant tout dans le Pacifique ».  VoilĂ  qui doit attirer une certaine faune de milliardaires, en effet
 de ne jamais rien payer comme taxes ou impĂŽts !

Le trafic de passeports et l’invention de la « dette abkhaze »

carte_abkhazieAvec ces financiers boursicoteurs Ă  l’affĂ»t, le Vanuatu avait de quoi se faire du mouron, en effet, car des journaux locaux, pendant l’affaire du Phocea, ressortiront un autre serpent de mer local:  « la rumeur locale chez les francophones allĂšgue maintenant une participation de Phocea dans une question des dettes rĂ©sultant de la reconnaissance de l’an dernier de l’Abkhazie«  (territoire entre la Georgie et la Russie, prĂšs de Sotchi).  Ce dont la presse locale s’était aperçue en taxant l’intriguant personnage d’emblĂ©e :  « Il s’agissait d’une question purement commerciale, supposĂ©e par ses auteurs d’en faire bĂ©nĂ©ficier le Vanuatu. Le renĂ©gat et cerveau de la visite du Phocea, M. Pascal Anh Quan Saken, a dit ĂȘtre impliquĂ© dans la nĂ©gociation d’un accord selon lequel ces dettes Ă  intĂ©rĂȘts russes et abkhazes seraient payĂ©es par les citoyens du Vanuatu et les passeports ».  En rĂ©alitĂ©, cette reconnaissance n’aurait Ă©tĂ© elle-mĂȘme qu’une rumeur
 l’origine de la rumeur ? L’argent, encore l’argent  : « Quatre nations ont dĂ©jĂ  accepté : Russie, Nicaragua, Venezuela, et l’archipel Nauru dans le Pacifique. Et une cinquiĂšme Ă©tait rĂ©cemment annoncĂ©e par Soukhoumi (nota : la capitale de l’Abkhazie) : le Vanuatu, toujours dans le Pacifique. Mais la joie a Ă©tĂ© de courte durĂ©e, puisque le gouvernement de Vanuatu a fermement dĂ©menti cette reconnaissance, qualifiant mĂȘme l’annonce de « diffamation » et d’ « irrespect ». CĂŽtĂ© abkhaze, on assure avoir reçu un document signĂ© du premier ministre de Vanuatu Sato Kilman, concluant trois mois de nĂ©gociations. Soukhoumi a nĂ©anmoins acceptĂ© ce refus, avec une pointe d’amertume, en soulignant le rĂŽle nĂ©gatif, des diplomates amĂ©ricains. Pourquoi aller chercher si loin des soutiens diplomatiques ? Les Ăźles du Pacifique ont en fait une longue tradition de monnayage de leur reconnaissance diplomatique ».  Le 11 septembre 2012, c’était le Koweit qui signait des accords diplomatiques avec le Vanuatu : une question d’argent ? Le Vanuatu possĂšde des banques, certes.  Mais selon un rapport ravageur de 2006, elles servaient avant tout de machine Ă  laver l’argent
. cachant tous les trafics, notamment d’armes.  Quant Ă  l’Abkhazie elle-mĂȘme, il ne faut pas l’oublier, c’est en quelque sorte un clone de la Transnitrie
 un pays dont je vous ai aussi dĂ©jĂ  parlĂ©, oĂč, rĂ©sume l’Express, on trouve « des nouveaux riches, du business et de la spĂ©culation fonciĂšre », tous en quĂȘte d’une Ăźle discrĂšte pour y entasser leurs fonds. Y compris les cĂ©lĂšbres mafias russes !

Une véritable mafia avait en fait sauté sur le Vanuatu

pattersonEt pour ceux qui n’y croient pas, qu’ils regardent d’un peu plus prĂšs les mĂ©thodes employĂ©es par cette mafia vĂ©ritable :  » (
) dans une lettre Ă  l’éditeur du Daily Post, Marie-NoĂ«lle Ferrieux -Patterson, prĂ©sidente de Transparency Vanuatu (ici Ă  droite en 2013) rĂ©vĂšle que son critique constant, l’ambassadeur plĂ©nipotentiaire d’Abkhazie, le dĂ©tenteur d’un passeport illĂ©gal du Vanuatu, Juris Gulbis, est encore un autre Saken. Il est nommĂ© en effet dans la mĂȘme sociĂ©tĂ© que celle oĂč l’on trouve Te Moli Vanaos Mol Saken Thi Tham Goiset (nous verrons plus loin qui c’est), et l’auto-proclamĂ© propriĂ©taire du mĂ©ga-yacht Phocea, Pascal Anh Quan Saken, qui a dĂ©sertĂ© son Ă©quipage et le navire Ă  la premiĂšre vue de la loi et de l’ordre. M. Gulbis voit l’Australie et la Nouvelle-ZĂ©lande comme une menace pour notre indĂ©pendance. Ciel soit louĂ© que l’Abkhazie distribue de l’argent juste par doses de 50 millions de dollars. Avons-nous nous vu dĂ©jĂ  notre premier versement abkhaze de 50 millions ? ». Ferrieux-Patterson avait ce jour-lĂ  pointĂ© du doigt l’endroit de toutes les compromissions au Vanuatu, avec tous ceux qui gravitaient autour de Te Moli Vanaos Mol Saken Thi Tham Goiset
 vers qui tout convergeait. Patterson Ă©tant de loin la voix la plus raisonnable du pays, a dĂ©noncĂ© sans arrĂȘt ces criants abus.

Une manipulation évidente 

emandleyDans le genre, Pascal Saken se montrera parfois procĂ©durier, comme ce courrier dĂ©livrĂ© par la Police du Vanuatu qu’il a fait paraĂźtre sur son site (un site disparu maintenant) affirmant que rien de rĂ©prĂ©hensible n’avait Ă©tĂ© trouvĂ© Ă  bord du voilier, contrairement aux premiĂšres constatations
 un courrier tardif, en date du 7 fĂ©vrier 2013, qui avait comme signataires le commissaire adjoint de la police Arthur Caulton Edmanley et Ben Leeshi. Or ce dernier n’était autre que l’ancien directeur de la banque nationale, objet de nombreux litiges comme on le sait aujourd’hui. Le premier ayant Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en septembre 2012 avec deux autres responsables, Pierre Carlot (commandant du Sud) et Tony Ata (l’ancien prĂ©sident de la Commission du Service de police) pour « mutinerie » envers leur supĂ©rieur, Ron TamTam ! Être soutenu par un mutin de la Police locale, quelle classe !!! Pensez donc d’un viatique !

L’ambassadeur d’un pays qui n’existe pas !

Juris Gulbis, l’autre soutien de Pascal Saken, Ă©tait aussi aux Fidji avec des fortunes diverses
 en y amenant ses amis
 russes.  BombardĂ© « avocat » par son ami Saken, c’est lui qui avait menacĂ© Agoravox de poursuites si mon texte, pourtant paru, restait en ligne. Agoravox s’était (hĂ©las) exĂ©cutĂ©, sans pour autant dĂ©nigrer le contenu de ce qui Ă©tait paru. Mais depuis, au Vanuatu, bien des intrigues ont Ă©tĂ© percĂ©es Ă  jour et sont connues.

Aujourd’hui, l’homme tient toujours une page Twitter, oĂč il se prĂ©sente comme « Letton par le sang mais Kazakh de naissance et anglo-eurasien par l’éducation et par nature ».  Au dĂ©tour de ses twittos, on trouve la phrase » la Lettonie Ă  tout ce qu’il faut pour devenir l’équivalente de Hong-Kong ou Singapour pour la Russie, et devenir une nation prospĂšre »  et au dĂ©tour d’un autre twitt « L’avion de Rogozin (le prĂ©sident nationaliste du parti politique Rodina -La Patrie- et du groupe parlementaire de Rodina Ă  la Douma d’État de la FĂ©dĂ©ration de Russie et Ă©galement vice-Premier ministre de la fĂ©dĂ©ration de Russie) avait les signatures pour la rĂ©unification de la Transnistrie avec la Russie Ă  bord.  la Moldavie a tentĂ© de le bloquer. »  Il ressortait alors la vieille antienne de la Moldavie saboteuse de rĂ©unification avec la Russie ! Poutine, on le sait, a des vues depuis toujours sur la Transnitrie
 et surtout il en a eu aprĂšs le rattachement de la CrimĂ©e. Mieux encore : sur diffĂ©rents blogs, Gulbis se dĂ©clarait de façon surrĂ©aliste « ambassadeur plĂ©nipotentiaire itinĂ©rant du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres de la RĂ©publique d’Abkhazie dans la rĂ©gion Asie-Pacifique ». L’homme Ă©tait donc l’ambassadeur d’un pays qui n’existe pas officiellement ! Une Abkhazie bien rĂ©sumĂ©e ici par Paris-Match... en « paradis de la contrebande » !!! 

Nous étions bien tombés sur un drÎle de nid, avec cette affaire du Phocéa aux bien étranges ramifications.

Tout aurait donc été pourri au royaume du Vanuatu ?

ti-tam-goisetDes pots de vins avaient donc Ă©té versĂ©s Ă  des ministres corrompus, Ă  l’évidence, depuis des annĂ©es, au Vanuatu. Et ce jusqu’au plus haut rang gouvernemental, Ă©crit le vigilant VanuatuDaily : « Le «smoking gun» revient au journal  l’IndĂ©pendant (« The Vanuatu Independent » en fait) pour son histoire la semaine derniĂšre Ă  propos du premier ministre Kilman qui a reçu 200 000 dollars de Pascal Anh Quan Saken; il y a un email joint Ă  ce papier de Saken disant « Bro! Jamais! J’ai envoyĂ© beaucoup d’argent Ă  Mme Goiset pour payer les factures juridiques de Sato Kilman, lors de son combat contre la motion de «non-confiance» en avril 2011 !! Meilleurs voeux ». Le courriel contient des fautes de frappe et des erreurs grammaticales similaires Ă  celles trouvĂ©es dans d’autres documents de Pascal Anh Quan Saken. The Independent se rĂ©fĂšre Ă©galement Ă  une sĂ©rie de courriels qui auraient Ă©tĂ© envoyĂ©s de Bruxelles, oĂč Anh Quan prĂ©tend avoir financĂ© la restructuration de l’ambassade de Vanuatu. Ailleurs, il prĂ©tend avoir effectuĂ© ce travail aprĂšs avoir obtenu son diplĂŽme de l’UniversitĂ© Charles Henry Saken Ă  Pango. Il souhaite restructurer la mission Vanuatu des Nations Unies. Il dit qu’il y travaille comme bĂ©nĂ©vole. On s’attend Ă  davantage d’affabulations dans l’avenir sur le Phocea, car le gouvernement actuel continue Ă  dissimuler une affaire qui a dĂ©truit toute sa crĂ©dibilitĂ© – en faisant des diplomates des personnes douteuses, avec des agendas cachĂ©s ». Les accusations, jugĂ©es fiables, avaient Ă©tĂ© reprises par Radio New Zealand  (RNZ) et d’autres mĂ©dias. On notera au passage que Ti Tam Goisetd (ci-dessus lors de sa cĂ©rĂ©monie d’investiture de chefferie) était aussi « ambassadrice itinĂ©rante du Vanuatu en Russie » et que son nom complet était « Te Moli Venaos Mol Saken Goiset » (Ti Tam Ă©tant un raccourci). Le ton commençait sĂ©rieusement Ă  monter dans le pays, oĂč l’on Ă©voquait (enfin) la corruption dans les endroits les plus haut placĂ©s !!!! Alors que ce dernier menaçait d’intenter un procĂšs en diffamation (et que l’ineffable Saken menaçait le site oĂč j’avais mis en ligne ce texte !) les choses tournaient vite en sa dĂ©faveur
 au point de le voir menacĂ© d’ĂȘtre lui-mĂȘme menĂ© en procĂšs avec les autres politiciens emportĂ©s dans une vaste purge anti-corruption. Le Vanuatu Independent pouvait Ă©crire en dĂ©cembre 2012 les craintes qu’il pouvait en effet avoir : « DerniĂšre reproche de l’opposition : «À titre de Premier ministre. Sato Kilman a amenĂ© le discrĂ©dit au sein de la RĂ©publique et rĂ©duit la crĂ©dibilitĂ© et a souverainetĂ© du Vanuatu au sein de la communautĂ© internationale par la façon dont il conduit la diplomatie vanuataise. Par la vente continue des passeports vanuatais aux ressortissants Ă©trangers, par la nomination nĂ©potique continue de ses copains Ă  des postes diplomatiques, en continuant Ă  Ă©tablir des relations plus Ă©troites avec l’IndonĂ©sie dans l’acceptation unilatĂ©rale de son statut d’observateur dans le Groupe MĂ©lanĂ©sien de Fer de Lance et par la signature des accords de coopĂ©ration au dĂ©veloppement contre la volontĂ© du Parlement et du peuple du Vanuatu». C’était bien un trafic de passeports. Les principaux bĂ©nĂ©ficiaire Ă©tant les chinois : « en 2011, un rapport sur la gestion de l’ambassade vanuataise en Chine pointait dĂ©jĂ  les pratiques corrompues des fonctionnaires en poste. Mais le gouvernement de l’époque n’avait rien fait ».

Un laxisme à tous les Ă©tages : l’exemple de la banque et du bateau pirate

Au Vanuatu, tout Ă©tait permis semble-t-il. Un français s’en est rendu compte, mais un peu tardivement. Ayant choisi de dĂ©poser ses Ă©conomies dans une banque du Vanuatu, la « PPB ( pour Pacific Private Bank) », pour des raisons qui lui sont propres, l’homme prĂ©parait ainsi tranquillement sa retraite en allant s’installer Ă  Phuket.  DĂ©sireux d’y faire venir son pĂ©cule, il tĂ©lĂ©phone Ă  sa banque pour lui demander des nouvelles de son compte dormant.  On lui rĂ©pond alors que “vous avez achetĂ© un bateau en janvier, nous avons toute la correspondance liĂ©e Ă  cette transaction
” explique ici non sans malice « radio cocotier‘ (de NoumĂ©a, en fait Maxiweb) .  En demandant plus de dĂ©tails, il s’aperçoit en effet que 103 580 € ont Ă©tĂ© effectivement virĂ©s sur un compte Ă  Singapour, destinĂ©s Ă  l’achat d’un bateau baptisĂ© ironiquement “Pirate Hock” et non pas Hook (hock signifie aussi « endetté » !!!). La banque internet, créée en 1997, dirigĂ©e par Mantas Staliunas, venu de Vilnius, en Lituanie, existe toujours (mais Staliunas semble ĂȘtre rentrĂ© depuis au pays).

La décision qui secoue le pays en 2015

pipite-arrestIl faudra attendre encore un peu (trois annĂ©es) pour que le bouleversement anti-corruption tant attendu se produise au Vanuatu
  avec un Kilman qui sauvera nĂ©anmoins sa tĂȘte, en acceptant seulement de dĂ©missionner d’office ses ministres corrompus (dĂ©missionnaire lui-mĂȘme dĂšs le 21 mars 2013, remplacĂ© par Moana Carcasses Kalosil, il avait repris la tĂȘte du gouvernement le 11 juin 2015 : le pays est en effet une vraie girouette politique, avec toujours les mĂȘmes qui « tournent » !). « Le mercredi 21 octobre 2015 (Flash d’OcĂ©anie) – La Cour SuprĂȘme de Vanuatu a condamnĂ© jeudi 14 dĂ©putĂ©s et anciens ministres Ă  des peines de prison ferme, dans une affaire de corruption perçue comme sans prĂ©cĂ©dent dans cet archipel mĂ©lanĂ©sien ». « Dans cette sĂ©rie de sentences, d’une ampleur jamais connue dans la jeune histoire de cet ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-HĂ©brides, l’ancien Premier ministre francophone et jusqu’à rĂ©cemment Vice-premier ministre Moana Carcasses, au centre de cette affaire de pots-de-vin et de corruption, a Ă©copĂ© d’une peine de quatre ans de prison fermes avec effet immĂ©diat.  Le PrĂ©sident du Parlement, Marcelino Pipite (ici à gauche lors de son arrestation) qui avait profitĂ© de la rĂ©cente absence du PrĂ©sident de la RĂ©publique pour proclamer une grĂące pour lui-mĂȘme et les treize autres Ă©lus, Ă©cope quant Ă  lui d’une peine de trois ans de prison. La mĂȘme sentence a Ă©tĂ© prononcĂ©e pour un autre ancien Premier ministre francophone, Serge Johor » (
.). Ces condamnations sont considĂ©rĂ©es comme faisant date dans l’histoire de Vanuatu, devenu indĂ©pendant en 1980, aprĂšs des annĂ©es de pratiques douteuses de la part des politiques » ajoute sobrement Tahiti-infos, alors que sur place c’est un sĂ©isme vĂ©ritable qui vient de se produire. Un phĂ©nomĂšne inĂ©dit en effet dans un pays oĂč la corruption des Ă©lites politiques a Ă©tĂ© reine pendant des dizaines d’annĂ©es.. Mais alors que Kilman restait en place, en ayant rĂ©ussi Ă  traverser l’orage de l’affaire du PhocĂ©a
 dĂ©cidĂ©ment bateau maudit ! En place
 jusqu’à la dissolution du Parlement le 24 novembre 2015
 oĂč il a Ă©tĂ© remplacĂ© par Charlot Salwai, le 11 fĂ©vrier 2016. Alors ministre des finances, lui avait Ă©tĂ© d’emblĂ©e beaucoup plus clair sur le cas du PhocĂ©a : « l’ancien ministre des Finances, Charlot Salwai, qui s’est opposĂ© aux prĂ©cĂ©dentes tentatives d’enregistrement, affirme que le bureau qui a accordĂ© la derniĂšre inscription n’est qu’une affaire et ne reprĂ©sente pas l’autoritĂ© du Vanuatu. Il affirme qu’il reste que le Phocea est entrĂ© illĂ©galement au Vanuatu et que les problĂšmes restent en suspens ». RĂ©solu, il avait brandi l’ultime menace : « dans ce cas, nous devrions saisir le bateau et ce devrait ĂȘtre aussi simple que cela. Mais comment cela a Ă©tĂ© traitĂ©, on a collĂ© presque tout le monde dans l’histoire du Phocea. Pour moi, il semblait que nos lois Ă©taient faibles et je peux comprendre que certains ministĂšres comme celui des Ports & Marine et des Douanes ne sont pas 
 ne s’estiment pas vraiment heureux. «  Quant aux sort de la fameuse Ti Tam Goiset, on l’étudiera ici un peu plus tard si vous le voulez bien (je vous ai prĂ©venu, ce sera long
). En rĂ©sumĂ©, certains, en 2012, avaient Ă©tĂ© tentĂ©s de saisir le navire, pas moins. D’oĂč la peur de ses propriĂ©taires
 du moins, on le suppose. Ces mĂȘmes propriĂ©taires qui vont se faire en fait berner
 en beautĂ© !

Une seule voix pour dénoncer ses pratiques douteuses

ferrieuxPeu de gens avaient jusqu’ici dĂ©noncĂ© cette corruption rĂ©pandue partout dans le pays. Sauf Marie-NoĂ«lle Ferrieux Patterson, l’une des plus belles voix politiques du pays, qui n’a jamais cessĂ© de dĂ©noncer les abus du pays : « la fin du mandat de la premiĂšre mĂ©diatrice du Vanuatu permet de faire le bilan de ces travaux. Et ce bilan est impressionnant : d’abord par des enquĂȘtes et actions qui ont certainement sauvĂ© le pays de la faillite, notamment en 1995 l’affaire des « Lettres de crĂ©dit » de 10 millions de dollars , des bons de caisse de 10 milliards Fcfp garantis par l’Etat et remis Ă  un escroc international par le Premier ministre Maxime Carlot et son ministre des Finances Jimmy Willie. MalgrĂ© les obstructions de la part des leaders politiques, Madame Patterson rĂ©ussit Ă  rĂ©cupĂ©rer ces lettres de crĂ©dit avec l’aide de Scotland Yard et Interpol. Ensuite, pendant 5 ans, une interminable sĂ©rie d’enquĂȘtes et publication rĂ©vĂ©la comment, pour son compte personnel et celui de ses « copains », une grande partie de la classe dirigeante mena un vĂ©ritable pillage des ressources et des caisses du pays : l’octroi de prĂȘts par le fonds de retraite aux familles des ministres, prĂȘts jamais remboursĂ©s et qui mirent la caisse au bord de la faillite (ce qui dĂ©clencha des Ă©meutes en 1998) ; la distribution de maisons sociales Ă  leurs familles et « copains », le pillage de la caisse agricole, du centre d’élevage, de la sociĂ©tĂ© nationale de navigation ; la nomination d’escrocs asiatiques en tant que consuls Ă  qui l’on confia la vente de passeports du Vanuatu ; la nomination Ă  des postes clĂ©s de l’administration de « copains » escrocs fraĂźchement sortis de prison, etc. Mais il y a pire, tel la divulgation de la preuve que les fonds de l’aide française au Vanuatu pour la reconstruction des dĂ©gĂąts du cyclone de 1994 avaient Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s sur un compte privĂ© du Premier-ministre Maxime Carlot Korman pour son usage personnel ; le viol d’une femme par un ministre dans les locaux gouvernementaux, etc, etc ». On aura notĂ© le terme « escroc asiatique » qualifiant sans hĂ©siter notre hĂ©ros du jour. Bref, elle avait dĂ©crit avant l’heure l’intĂ©gralitĂ© de ces individus !

Est ce que cela a cessé aprÚs ? 

arrestationLe Vanuatu Daily Digest, le 27 octobre 2012, avait ainsi relatĂ© la dĂ©rive du trafic : « le Daily Post peut affirmer que 683 visas de rĂ©sidence permanente ont Ă©tĂ© approuvĂ©s Ă  Hong Kong pour les personnes «d’origine principalement asiatiques ». Le gouvernement devrait recevoir 154 millions de VUV pour l’octroi de ce statut (1,2 million d’euros). George Bogiri, DG de l’IntĂ©rieur, et l’agent principal des passeports Henry Tamashiro Ă©ludent la question en la prĂ©sentant comme un simple cas de fournir une adresse rĂ©sidentielle pour permettre aux asiatiques de rĂ©sider dans la Zone Ă©conomique spĂ©ciale de Hong Kong. « Plus de 600 cas ont Ă©tĂ© approuvĂ©s, mais Ă  ce jour, pas un seul candidat n’a atterri Ă  Vanuatu. Cela montre que les cas ne sont intĂ©ressĂ©s que par vouloir entrer Ă  Hong Kong « . On s’attendait Ă  ce que le trafic cesse, une fois Kilman remplacĂ© par Moana Carcasses. Il n’en avait rien Ă©tĂ©, comme l’indique sĂšchement Radio Australia le 10 fĂ©vrier 2014, puisqu’on a retrouvĂ© le phĂ©nomĂšne perdurant en Chine : « le chargĂ© d’affaires du consulat vanuatais en Chine nie toute implication dans le trafic de passeports diplomatiques. Willie Toama affirme que tous les passeports vanuatais, qu’ils soient ou non diplomatiques, sont faits au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres Ă  Port-Vila. C’est un nouvel Ă©pisode d’un scandale qui s’éternise depuis des annĂ©es. En octobre dernier, l’opposition rĂ©clamait la dĂ©mission du Premier ministre, Moana Carcasses, accusĂ© d’ĂȘtre Ă  la tĂȘte du trafic de passeports diplomatiques. L’opposition affirme que ces sĂ©sames qui offrent l’immunitĂ© Ă  leur porteur, Ă©taient vendus jusqu’à 69 000 dollars piĂšce, par le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Edward Natapei et son directeur gĂ©nĂ©ral, Johnny Koanapu. Accusations niĂ©es par les intĂ©ressĂ©s ».  Joe Natuman, nouveau premier ministre qui avait succĂ©dĂ© à Moana Carcasses n’avait rien fait cesser : au contraire, mĂȘme, car il avait simplement relevĂ© les tarifs :(ici Ă  droite son arrestation, le 24 octobre 2015) « Tout Ă©tranger peut acheter la citoyennetĂ© vanuataise pour la modique somme de 310 000 dollars amĂ©ricains. Il ne devient pas citoyen de plein droit, il n’a pas le droit de vote, ne peut pas se prĂ©senter Ă  des Ă©lections, acheter des terres et ses droits peuvent ĂȘtre rĂ©visĂ©s par une simple loi.  Le passeport est en vente pour tous les Ă©trangers, mais ce systĂšme vise particuliĂšrement les ressortissants chinois. Pour le moment, la vente des passeports vanuatais n’a pas rencontrĂ© beaucoup de succĂšs. Seulement deux Chinois auraient investi dans la citoyennetĂ©, un chiffre difficile Ă  vĂ©rifier car le gouvernement vanuatais ne publie pas de statistiques » pouvait-on lire le 20 mai 2014.

Les faux passeports, une plaie qui ne touche pas que le Vanuatu

passport-vanuLa distribution moyennant finances de passeports n’est plus un phĂ©nomĂšne propre au Vanuatu. « Plusieurs Ă©tats insulaires des CaraĂŻbes vendent des passeports offrant de nombreux avantages aux ressortissants de certains Ă©tats. Un business lucratif mais qui pose des questions en matiĂšre de sĂ©curité » pouvait-on lire rĂ©cemment. De sĂ©curitĂ©, oui, car des trafiquants de drogue ou d’armes ont vite compris l’intĂ©rĂȘt pour eux, qui lui permettent de voyager en jet sans encombre, notamment. Pour certains petits pays, c’est mĂȘme devenu une source d’argent d’appoint, Ă  la place du tourisme, quand celui-ci dĂ©cline en particulier (et au Vanuatu, ravagĂ© par le cyclone Pam en 2015, les ressources touristiques se sont effondrĂ©es, hĂ©las !) « Cependant, ces mĂ©saventures ne semblent pas avoir dĂ©couragĂ© les dirigeants politiques de nombreux Ă©tats de s’intĂ©resser Ă  cette pratique. Fin 2013, Malte a instaurĂ© une formule similaire tandis que l’Espagne, le Portugal et la Lettonie lançaient des programmes proches de ceux mis en oeuvre dans les CaraĂŻbes, mais uniquement basĂ©s sur l’achat de biens immobiliers d’une certaine valeur (respectivement 160 000, 600 000 et 140 000 € pour les trois pays ». On aura notĂ© le nom de la Lettonie, encore une fois apparu
 Mais ces Etats qui avaient Ă©coutĂ© ses sirĂšnes financiĂšres commencent dĂ©jĂ  Ă  dĂ©chanter : « En Europe, la «hype» n’aura pas durĂ© trĂšs longtemps: le Portugal vient de voter le 1er juillet le gel de l’octroi des documents contre investissements aprĂšs un vaste scandale politico-financier qui a coĂ»tĂ© sa place au ministre de l’intĂ©rieur. Et des mesures similaires sont envisagĂ©es dans les autres pays ayant optĂ© pour cette solution, alors que des soupçons de corruption se font jour ». La Centrafrique, aussi
 a aussi donnĂ© dans le genre.

Dernier épisode en date : la fausse ambassade au Ghana

usapassport-e1463356409607On peut toujours trouver pire encore. Et dans cette affaire devenue mondiale Ă  base de trafic de passeports, une affaire tout aussi incroyable : ça s’est passĂ© au Ghana
à Accra (la capitale), et ce pendant 10 annĂ©es de suite : devant un bĂątiment bien miteux une plaque apposĂ©e et un drapeau amĂ©ricain dĂ©ployĂ© sur l’immeuble annonçait une ambassade qui Ă©tait
 complĂštement fausse.  Et le manĂšge a durĂ© 10 annĂ©es, pendant laquelle un gang de ghanĂ©ens et de turcs qui dĂ©livraient de faux passeports contre force billets.  A 6000 dollars le faux document, pendant 10 ans; le matelas confectionné devait s’avĂ©rer bien épais... Lors de l’enquĂȘte, une deuxiĂšme fausse ambassade, hollandaise celle-lĂ  aurait Ă©tĂ© dĂ©couverte
 dĂ©cidĂ©ment, l’affaire du PhocĂ©a avait levĂ© un beau liĂšvre, dont les ravages perdurent toujours
 d’oĂč l’envie bien sĂ»r d’aller voir un peu plus loin encore ce qu’il en a Ă©tĂ© exactement en 2012 et oĂč on en est aujourd’hui
 et les surprises seront nombreuses, Ă  coup sĂ»r !

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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