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Election 2020 (III) : des machines et des hommes

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Depuis 2004, ça s’est amélioré question machinerie d’élection, aux USA. Le parc a été profondément renouvelé, même s’il reste des comtés ruraux (peu fortunés) à la traîne. Ceux où Trump a fait ses meilleurs scores, avec les pires machines, donc !!! Au final, le pays est morcelé en une infinité de variantes d’installations qui ne facilitent pas une sécurité absolue généralisée. Les plus grosses sociétés ne sont pas les plus fiables, loin de là, et Dominion pas mieux lotie que celle qui domine toujours le marché, ES&S, ignorée de l’ire trumpienne sans qu’on sache toujours pourquoi. L’avenir est aux tablettes et aux logiciels libres, mais ce sera difficile d’éjecter en quelques années les mastodontes de systèmes que sont Windows et Androïd. On vient de s’apercevoir aussi que tout ce qui était informatique était à base de composants chinois… un faux problème complet, mais qui va nous mener à un personnage fort particulier comme vous allez le voir… un autre Donald que celui-là… une sorte de Jean Reno des élections US !

Pas encore tout à fait ça …

Ce dont parle Trump depuis le 2 novembre au soir fait écho à de vieilles histoires en effet. Cela fait en effet des années que plane l’ombre de malversations électorales aux USA, qui ont beaucoup trop cru, ou trop tôt, dans le vote informatisé totalement dématérialisé. En Ohio, c’est la nouvelle responsable des élections, Jennifer Brunner, qui en 2007 avait sacrément secoué le cocotier en découvrant effarée la… fraude signée G.W.Bush, au sujet de laquelle j’avais alerté, décrite ainsi : « trois ans après les faits, on apprend donc que ce ne sont pas les urnes qui ont porté W. Bush au pouvoir, mais les ordinateurs. Brunner propose purement et simplement de remplacer dans 50 des 88 comtés de l’Ohio TOUTES les machines de type Diebold et consorts, et de les remplacer par des modèles à scanner, qui liront le vote effectué sur une feuille remplie à la main par le votant. C’est un gigantesque pas en arrière, au coût exorbitant, mais nécessaire selon elle pour respecter pleinement le droit de vote, floué en Ohio. Comme ailleurs, Brunner a en fait mis trois ans pour amasser toutes les preuves d’une forfaiture manifeste, celle de son prédécesseur, J. Kenneth Blackwell, responsable de la tenue des élections en 2004 pour tout l’Etat alors qu’il était vice-président de la direction de la campagne de W. Bush en Ohio. Il avait été en 2000 en Floride « principal electoral system adviser’’ pour l’équipe Bush durant le recompte en Floride. En 2004, il a vainement tenté de devenir gouverneur de l’Ohio, avant d’être distancé par un démocrate« . Les « modèles à scanner choisis après étant ceux plus fiables, car « lisant » tout simplement une feuille papier noircie au feutre (« sharpie ») ou au stylo, le seul engin aussi capable de lire les votes par correspondance, ceux qui ont tout changé lors de cette élection monumentale et record de 2020. Car l’évolution du parc de machines depuis 2004 a été énorme, et les changements relativement rapides, comme le montre cet excellent graphique du dossier du MIT sur les modifications des techniques de vote us USA :

La seconde carte ci-dessous (visible ici) montre que les remplacements de matériels les plus importants ont eu lieu de 2004 à 2006, la date de 2004 ayant été l’acmé des catastrophes informatiques et des plaintes pour manipulation des votes (à partir de l’Ohio notamment). Toute la Georgie a renouvelé son parc en 2002, le Nevada en 2004, l’Utah en 2006 par exemple. De 2002 à 2008, en 6 ans à peine, près de 115 millions d’électeurs on changé de façon de voter :

Les deux systèmes nouveaux étant les DRE (en violet) et les OSPB, les Optically Scanned Paper Ballots(ici en vert).

On peut y  voir que les célèbres cartes à trous de Floride (rappelez-vous les photos comme celles ici à gauche et à droite !) ont quasi disparu, surtout après 2004 (il y en a encore quelques unes là-bas paraît-il !), avec leur machines à trouer loufoques ou les plus anciennes encore machines à levier (« Lever Machine« , ci-dessous à gauche, assez archaïques, en fait, il servait à tirer le rideau du vote mécanique décrit plus haut !) et que deux types l’emportent désormais, la DRE (pour Direct-Recording Electronic via l’écran sensitif ou Touch Screen) et les modèles à scanner réputés plus fiables qui finiront par s’imposer partout … dans ces machines, les votes deviennent parfois des codes-barres désormais, que les votants ne peuvent déchiffrer immédiatement de l’extérieur, c’est un gage de plus de sécurité.  Les DRE ont fait 27% des votes et les scanners 70% en 2018 dans l’ensemble du pays. En gros aussi, les américains auront donc mis 40 ans pour redécouvrir les vertus de la base papier !!!

En chiffres, en 2009, on en était à cette répartition dans le marché des marques : ES&S occupait 45 % du marché avec 180 000 lieux de votes installés, Premier 23% et Sequoia Voting Systems 18%; Hart InterCivic faisait 9% et; et Dominion Voting Systems, le dernier arrivé, seulement 5%. Mais le petit dernier, fort ambitieux, renversait tout en 2010, dans un marché à bout de souffle déjà, en rachetant à la fois Premier, ex Diebold (en perdition avec ses trop nombreuses casseroles de machines manipulables trop facilement) et Sequoia (via le vénézuélien Smartmatic, racheté aussi au passage), pour talonner ES&S et même le dépasser avec 46% du total (sur le papier). À partir de 2017, la répartition de l’équipement des machines à voter aux États-Unis était plutôt approximativement ainsi ES&S (y compris les actifs de Diebold) : 44% de marché, Dominion (y compris les parts d’actifs de Diebold et de Sequoia récupérés): 37% Hart: 11% Unisyn 2% Autres 6%. En  2010, ES&S est toujours en tête, et les deux principales comme les suivantes ne proposent toujours pas de machines irréprochables, soyons clairs. 

A noter que lors du rachat de Sequoia par Dominion, c’est une démocrate du Congrès, Carolyn Malone, qui avait alerté sur l’opération, car Sequoia venait juste auparavant d’être absorbé par Smartmatic, société vénézuélienne qui avait semble-t-il beaucoup « aidé » Hugo Chavez à être élu (1)… Elle avait alors fait une analyse pleine d’inquiétude, qui est ressortie aujourd’hui par le parti adverse dans une forme de récupération assez incroyable  : «J’écris en raison des investissements possibles du gouvernement vénézuélien dans Smartmatic, une société de vote électronique avec des affaires aux États-Unis, et de son acquisition de Sequoia, une société de vote électronique basée aux États-Unis», lit-on dans la lettre que Maloney a envoyée au Trésor. Secrétaire du département John W. Snow. «Comme vous pouvez l’imaginer, le fait qu’un gouvernement étranger investisse ou achète une entreprise qui dessert les États-Unis, les élections pourraient soulever des inquiétudes quant à l’intégrité des élections menées par ces machines », poursuit la lettre. S’adressant au New York Times, Maloney a déclaré: «Le gouvernement devrait savoir à qui appartiennent nos machines à voter. C’est un problème de sécurité nationale. «  Ironie du sort, lors de l’élection des primaires démocrates en mai 2020, elle avait été contestée par son adversaire Suraj Patel, car 20% des bulletins de vote par correspondance dans le 12e district du Congrès avaient été rejetés pour diverses raisons, notamment l’absence de cachet de la poste ou une signature manquante. Elle n’avait pas pour autant râlé, affirmant que la contestation de son adversaire faisait partie du jeu démocratique. Les électeurs avaient renvoyé près de 66 000 bulletins de vote par correspondance et on en avait invalidé environ 12 000 d’entre eux : pas assez, de toute façon pour que son adversaire puisse gagner ! Parmi ces bulletins, ceux que la Poste US avait acheminé trop tard (déjà, à l’époque) !  Un juge avait accepté les bulletins reçus jusqu’à deux jours après la date d’origine.

Trop de diversité dans les équipements, absence de normes

Car l’ensemble demeure fort disparate au final. Le parc national est complètement hétéroclite, mêlant marques différentes et dates de construction éparses. En Ohio, il existe par exemple 13 systèmes de vote différents répartis dans 88 comtés car il n’y a pas de loi pour en imposer un de spécifique, hélas : le remplacement des vieilles DRE à « glitchs » (erreurs à l’écran, qui fait voter pour autre que celui sélectionné) est lent et coûteux et certaines marques marchent mieux que d’autres, à l’évidence. On a encore droit régulièrement à des erreurs de comptage, mais les machines à sortie papier de contrôle sont un mieux indubitable, depuis la période catastrophique rencontrée avant 2012  : « ici, dans le centre de l’Ohio, il y a des machines à voter ES&S ExpressVote et des tabulateurs DS200. Les machines ExpressVote ont été utilisées lors de la dernière élection générale et ont une option de dispositif de marquage des bulletins de vote (BMD). Après avoir utilisé l’écran tactile pour voter et terminé le processus à l’écran, l’électeur peut imprimer son vote et vérifier l’exactitude de ses résultats » (avec les anciennes Diebold, il ne recevait pas de bilan papier de son vote !). « Ensuite, l’électeur a la possibilité d’introduire son impression dans la tabulatrice. En outre, le conseil des élections du comté de Franklin offrira une option de vote papier qui sera introduite dans la tabulatrice. Les électeurs qui choisissent l’écran tactile ExpressVote seront invités, après avoir soumis leur impression dans la tabulatrice, s’ils le souhaitent à nouveau, à revoir leur bulletin de vote » (c’est ça l’amélioration en fait : de pouvoir soi-même être sûr de ce que l’on a voté). 

Un tableau présenté par les autorités comme idyllique, qui ne dissimule pas pour autant les incidents, mais plus sporadiques désormais : « Un groupe de sécurité électorale en Pennsylvanie poursuit l’État pour qu’il arrête l’utilisation des machines ES&S ExpressVote XL après avoir commis l’une des pires erreurs de l’histoire du Quaker State. En novembre dernier, le système a montré que le candidat démocrate à la justice, Abe Kassis, n’avait reçu que 164 voix sur 55 000 votes exprimés. Les machines avaient mal fonctionné et seul un audit des sauvegardes papier a prouvé que Kassis avait effectivement gagné, a rapporté le New York Times. » D’où l’intérêt d’avoir une sauvegarde papier en effet !!!

En 2018, dans le comté de Johnson County, ça s’était encore terminé récemment par un total fiasco avec les machines d’Election Systems & Software, « Express Vote » (ci-dessus à droite) une firme installée à Omaha, dans le Nebraska.

ES&S, la première sur le marché aujourd’hui, devant Dominion, il faut le savoir, est aussi la société qui fabrique un bidule énormément aperçu durant ces élections, à la Poste US comme dans les centres de tri : un scanner rapide fort reconnaissable (ici à gauche), pouvant traiter 8 000 bulletins par heure : il n’a pas chômé, récemment (ci -dessous c’est le même au centre de Broward County Supervisor à Lauderhill, en Floride en 2018): c’est ce matériel justement, qu’avait fait retirer… sciemment le nouveau directeur de la Poste, nommé en catastrophe par Donald Trump, pour tout saboter (lire ici les dégâts). Du sabotage, en effet, il n’y a pas d’autre nom !

Plus fiables qu’avant quand même (un peu)… grâce au Covid19 !

Le erreurs continuent donc, même si leur nombre est en chute libre, la faute.. pour celles qui subsistent, à la guerre commerciale que se livrent les sociétés concurrentes, dans un système capitaliste type, ou l’Etat ne peut intervenir pour imposer des normes ou fort peu. Désormais il faut renouveler plutôt que vendre, et la mode est aux formats iPad, mais à base de Windows, qui demeure une passoire comme système (certaines sont sous Android, guère mieux), on le sait. Les machines de remplacement à scanner sont largement promues par le trio de vendeurs d’équipements de vote privés qui contrôlent 88% du marché américain et ne sont presque pas réglementés au niveau fédéral : ils font donc ce qu’ils veulent en architecture interne (outre les deux cités il y en a six autres : Clear Ballot Group, Inc. Hart InterCivic, Inc. MicroVote General Corp. Smartmatic USA Corporation, Unisyn Voting Solutions (une division d’International Lottery and Totalizator, Inc) et VotingWorks !

Parmi le trio de tête, Dominion est aujourd’hui le deuxième plus gros fournisseur du pays, derrière Election Systems & Software le troisième étant Hart InterCivic. Ici une carte interactive de la Pennsylvanie et ses différents systèmes de vote. Schuylkill County montre ici son système ES&S et Lancaster, pourtant voisin,  un tout autre…  un système Hart à papier et scanner « eScan ». Expliqué ici. L’engin a été présenté comme une nouveauté.. en 2005 ! Tout ce qu’on a fait depuis c’est de lui mettre une poubelle à bulletins dessous !  Ce n’est pas fort répandu… sauf en  Oklahoma où il a fait un carton (la firme est d’origine texane, à Austin):

On en découvre tous les jours avec le système Hart, et parfois onze ans après avec leur fameuse tablette (ancestrale) à roue déjà décrite ici : « lors du vote pour l’élection générale du Texas de 2018, un avis d’élection a été émis par le directeur des élections, Keith Ingram. Les électeurs utilisant la machine à voter InterCivic eSlate pourraient voir leurs votes ajustés ou retournés sur une page de résumé si les boutons étaient interagis avec si la page n’était pas entièrement rendue. Les machines étaient utilisées dans 82 comtés du Texas lors de l’élection de 2018 et sont certifiées pour une utilisation dans l’État depuis 2009″…

Clear Ballot, c’est l’autre (petit) fabricant du ClearCast, une petit scanner qui se pose sur une table et qui récupère les bulletins comptabilisés dans un simple sac de toile que l’on ferme avec un cadenas. Ça tourne (en 2017) sur un petit PC « Intel Next Unit of Computing »  (un NUC pour les habitués) et sous Windows 10 ou Linux Ubuntu. Il ne fait que scanner. L’engin a été testé à fond, comme ici avec un calcul de… radiations ! Pour préparer son vote, il faut utiliser une tablette géante qui existe aussi chez eux, elle s‘appelle ClearAcess. C’est fabriqué par ELO, ça tourne sur un Qualcomm Snapdragon octa-core à 2 ghz, et ça fait WiFi, Ethernet & Bluetooth et en plus c’est bien fourni en ports : un Micro HDMI, un slot Micro SD slot, unEthernet (Gigabit), un USB 3.0 support, et même un port GPIO !!! Bref, encore une belle passoire potentielle ! C’est encore fort peu répandu à ce jour (il est trop récent) :

La petite dernière, Voting Works fondée par Matt Pasternack, et Ben Adida, cryptographe est soutenue par le Center for Democracy & Technology et semble la plus prometteuse, mais son impact actuel est minuscule encore. « Ce que VotingWorks a construit est assez compétitif. Premièrement, la société a utilisé du matériel existant plutôt que de concevoir du matériel sur mesure qui peut être extrêmement coûteux étant donné que les machines sont rarement utilisées aux États-Unis, qui ont des élections quadriennales pour de nombreux bureaux. Deuxièmement, le logiciel de l’organisation est publié en open source sur GitHub. Cela a rendu les machines plus ouvertes et vérifiables que les concurrents, et également disponibles à un prix inférieur« . Tout est donc « Off The Shelf » étendu à l’OpenSource (pour l’instant, ça reste du Microsoft, mais il est gratuit, une première chez eux (2) !) : ses machines sont des PC existants, ou des tablettes, tenant dans une valise antichoc de transport : ce n’est qu’un logiciel en fait, les imprimantes et les scanners courants (genre Canon), plus une carte d’électeur à lire. Ce que semblent avoir redécouverts Dominion ou HartCivic ! Un système de lecture de vote par correspondance est inclus. Tout a été visiblement simplifié à l’écran, ce qui est un bien !

D’où viennent-ils ? « Pasternack et Adida , deux jeunes développeurs (ici à droite) se sont rencontrés alors qu’ils travaillaient ensemble chez Clever, la plate-forme middleware API qui pourrait aujourd’hui être surnommée le «Plaid of education», conçue pour aider les développeurs d’applications à se connecter aux données stockées dans des centaines de systèmes d’information étudiants ». Pour l’instant ils ont réussi à convaincre le seul comté de Choctaw pour remplacer ses machines, remises en main en août pour les élections de novembre 2019, pour 13 circonscriptions. Les résultats semblent avoir satisfait la population, fort rurale et fort peu habituée à la modernité il semble.  » En mai En mai 2020, la ville de Fulton dans le comté de Rock, dans le Wisconsin, a organisé une élection simulée via VotingWorks à l’aide du scanner VX et de Microsoft ElectionGuard, qui a interprété la carte à puce de l’électeur et créé un bulletin de vote papier. »

Des machines en amélioration mais toujours pas impénétrables 

Globalement, donc, l’arrivée massive des machines à scanner a changé la donne et les résultats sont devenus plus fiables qu’avant. les errements de 2000 et 2004 ont été sensiblement sinon corrigés du moins minimisés par la preuve papier du vote par mail pour qu’on puisse vérifier au cas où (ce qui a duré en Georgie par exemple). De laisser entendre pour autant que le vote aurait pu être volé de manière électronique avec un film ancien et des machines qui n’existent plus… en faisant cela, les soutiens de Trump font plutôt dans l’escroquerie intellectuelle, en présentant surtout aujourd’hui ces films comme étant ceux des « fameuses » machines « Dominion » apparues comme un cheveu sur la soupe chez… QAnon !!! Or ce n’en sont pas, et en prime ES&S est davantage représenté dans le pays par exemple et serait donc davantage à blâmer selon la même « logique » !

Ce n’est pas pour autant, remarquez, que Dominion, société à l’origine canadienne, puisse être exemptée de toute critique : en fait ce n’est pas une société innovante, elle n’a rien inventé du tout, car ce qu’elle vend aujourd’hui n’est autre que la redécoration de machines fort anciennes d’une firme sulfureuse créatrice de distributeurs de billets (ATM) qui a fini revendue.

Une vrai saga ! C’est en effet de vieilles machines de Premier Election Solutions, rachetée en 2010, elle-même société issue de la très controversée Diebold, à laquelle a été joint l’ancien concurrent Sequoia Voting Systems. A l’origine de tout ça, il y a un scan à l’époque (dans les années 90 !) innovant, l’AccuVote OS, qui transfère des points noircis sur du papier en chiffres de votes et qui, si on regarde bien, ressemble déjà beaucoup à la base de la Dominion actuelle. Il est lui-même le développement de l’Accuvote ES-2000 de Macrotrends International Ventures Inc. de Vancouver .. 1989, racheté par Global Election Systems Inc et aussi vendu sous l’étiquette Unisys. L’engin (ici à droite) était devenu ensuite Diebold Election Systems Inc en 2002, rebaptisé Optical Scan, ici à gauche,  lui-même devenu Premier après ses déboires électoraux des années 2000 (lire ici). Premier est passé en 2009 chez Election Systems and Software (ES&S) qui l’a revendu à Dominion Voting à la suite d’un règlement antitrust de 2010 (et un long procès pour droits de propriété, et c’est aussi pourquoi les machines leaders aujourd’hui se ressemblent tant !). L’Accuvote se retrouve alors le concurrent direct de l’ES&S Model 100/AutoMARK, qui lui ressemble beaucoup en effet.  Un écran LCD plus large sera proposé plus tard comme évolution et c’est tout.

Le hic, c’est qu’on y rentrait comme dans du beurre pour modifier les résultats, à ces engins des années 2000; comme ici en vidéo à Leon County, en Floride grâce au hacker Harri Hursti de chez Black Box Voting : sidérant ! En cause à l’époque le langage AccuBasic, langage propriétaire de Diebold, fermé, ingérable par d’autres que lui, aujourd’hui abandonné au profit de Windows, pas plus sûr mais… « vérifiable », au moins. Ici un exemple plus récent de décorticage de machinefaite par un ingénieur de Symantec Brian Varner  (cité dans la fameuse « defcon »). Mais là encore c’est une ancienne… Diebold, une AccuVote TX tournant sous Windows CE. Datant de… 2003. Sa publicité  de l’époque étant « accurate, reliable, secure« … (précis, fiable, sécurisé).  Pas sûr pour autant !

Les vendeurs de machines à voter vantent tous leur « sécurité » matérielle : or il faut se rendre à l’évidence aucun ne l’est encore pleinement. C’est grâce aux contrôles humains avec doubles assesseurs à tous les stades du décompte (comme ici à droite) et surtout lors de celui du transfert de données recueillies vers les tableurs, plus la preuve papier enfin devenu la norme (il aura fallu 20 ans pour ça) pour que certains responsables puissent avancer que les élections, aujourd’hui, qu’elles sont devenues plus sûres. C’est vrai, même si c’est encore loin d’être parfait. De laisser par exemple un port Ethernet sur les machines est une hérésie, de même pour les ports USB. Même si aucune n’est mise en réseau durant le vote, ce qui semble aussi être devenu une norme.

Pire que Dominion, ça existe (et c’est plus répandu) !

Pour ajouter à la crainte, 12 ans après les faits le ciel s’est encore assombri avec une compagnie, la première des ventes, à avouer avoir installé un bidule pas du tout catholique à bord de ses machines selon Vice : « le plus grand fabricant de machines à voter du pays a admis dans une lettre adressée à un législateur fédéral que la société avait installé un logiciel d’accès à distance sur les systèmes de gestion des élections qu’elle a vendus sur une période de six ans, soulevant des questions sur la sécurité de ces systèmes et l’intégrité des élections. qui ont été menées avec eux. Dans une lettre envoyée à Sen. Ron Wyden (D-OR) en avril et obtenu récemment par Motherboard, Election Systems and Software a reconnu avoir « fourni le logiciel de connexion à distance pcAnywhere … à un petit nombre de clients entre 2000 et 2006″, qui a été installé sur la gestion des élections système ES&S les a vendus ». Le logiciel  le plus courant pour piloter à distance un PC avait été installé sur toutes leurs machines !!! Avec un joli score final : en 2006, ES&S équipait en effet 60% du parc du pays !!! La firme aurait été priée de le désinstaller selon les recommandations formulées en 2007, par l’Election Assistance Commission !! Obama l’a échappé belle !!! Pour la société, c’était bien sûr pour faciliter la maintenance, ce qui est aussi vrai, mais quelle légèreté quand même !!! Moins drôle encore : « en 2006, à la même période où ES&S dit qu’il installait toujours pcAnywhere sur les systèmes électoraux, des pirates ont volé le code source du logiciel pcAnyhere, bien que le public ne l’ait appris que des années plus tard en 2012, lorsqu’un pirate informatique a publié une partie de la source code en ligne, obligeant Symantec, le distributeur de pcAnywhere, à admettre qu’il avait été volé des années auparavant. Le code source est inestimable pour les pirates car il leur permet d’examiner le code pour trouver des failles de sécurité qu’ils peuvent exploiter. Lorsque Symantec a admis le vol en 2012, il a pris la mesure sans précédent d’avertir les utilisateurs de désactiver ou de désinstaller le logiciel jusqu’à ce qu’il puisse s’assurer que toutes les failles de sécurité du logiciel avaient été corrigées. «  Les ES&S étaient plus ou moins des auberges espagnoles !!!

Combien de centre de votes ont gardé jusqu’en 2012 leurs modèles ES&S en fonctionnement ? On l’ignore. La nouvelle ExpressVote a été utilisée… en Floride où elle a été certifiée en 2018. C’est un vrai PC tournant sous Window XP, équipé d’un disque dur de 500 gigas, avec des ports USB et un beau port Ethernet bien visible !!! Pourquoi changer les bonnes habitudes !!! En Caroline du Nord, où Trump a gagné, et où il existe trois systèmes : Clear BallotElection Systems and Software (ES&S) et Hart InterCivic, seuls ES&S et Hart ont été retenus pour 2020. Avec interdiction de les brancher sur le net (heureusement !). L’ES&S DS200 a été aussi utilisée, c’est un scan seulement, dotée de ports USB « pour les transferts« . Elle a couvert par exemple la moitié des comptés de Floride, et elle est très, très, répandue aux USA :

Officiellement, ES&S a abandonné les machines type DRE sans preuve papier… en 2019 seulement ! Le directeur n’avait pas apprécié du tout la Defconf décrite et le test catastrophique des (vieilles machines):  « Les chercheurs en sécurité du village de vote de la conférence ont découvert une faille de sécurité dans une machine à voter ancienne mais largement utilisée dans des dizaines d’États. Leurs conclusions ont suscité une réponse de la part des législateurs de haut niveau du Comité sénatorial du renseignement, qui ont déclaré que les tests indépendants «sont l’un des moyens les plus efficaces de comprendre et de traiter les risques potentiels de cybersécurité». Mais ES&S n’était pas d’accord. Dans une lettre de riposte, Burt a déclaré qu’il pensait que « exposer la technologie dans ces types d’environnements rend le piratage des élections plus facile, pas plus difficile, et nous soupçonnons que nos adversaires y prêtent une attention très particulière ». Quelques jours plus tard, le chef de la cybersécurité de la NSA, Rob Joyce, a critiqué la réponse. « L’ignorance de l’insécurité ne vous assure pas la sécurité », ai-je tweeté. « (…) Matt Blaze, professeur de cryptographie et d’informatique à l’Université de Pennsylvanie, a déclaré dans un tweet qu’il était «vraiment heureux» que la société demande des bulletins de vote papier et des tests de sécurité obligatoires. «J’espère qu’ils cesseront également de menacer de poursuivre des gens comme moi et le Defcon Voting Village lorsque nous examinerons et rendrons compte de leur équipement et de leurs logiciels», a-t-il déclaré. Blaze, qui a cofondé le Voting Village, a fait face à la pression juridique d’ES&S à l’époque. Les experts en sécurité électorale ont répondu aux « menaces vagues et insoutenables » en accusant le fabricant de machines à voter de « décourager » les chercheurs d’examiner ses machines « à un moment où il y a une inquiétude importante quant à l’intégrité de notre système électoral« . Comme quoi à ce moment-là ce n’était PAS Dominion le plus visé mais bien le plus gros vendeur du pays !!

Trump a aussi gagné grâce à Dominion !

Notre ami de Louisiane; on l’a vu hier, a équipé son Etat de machines Dominion, en forçant la main des décideurs qui organisaient l’élection (avec à la clé un pot de vin en vue ?). Ailleurs aussi on a fait confiance dans le camp Trump à cette marque que son camp aujourd’hui répudie en masse. En Floride, par exemple, gagnée en 2020 par Trump (51.22% contre 47.86 à Biden), le comité de surveillance électorale de l’Etat avait accordé son blanc seing au système Dominion en mai 2015 « , a paper-based voting system » appelé ImageCast Evolution (ici à droite) : »les résultats des tests de qualification confirment que Democracy Suite Release 4.14.17, Version 3, répondait aux exigences applicables des Florida Voting Systems Standards, des Florida Statutes and Rules et du Help America Vote Act (HAVA) pour la convivialité et l’accessibilité. La Division des élections de Floride, Bureau of Voting Systems Certification, recommande donc la certification du système de vote référencé ». En 2016, avec ces machines Dominion (et des ES&S !), donc, Trump l’avait emporté avec 49% des votes contre 47,8% sans en faire tout un fromage et à crier au loup ou au vol… comme aujourd’hui partout dans le pays ! Ce que semble avoir oublié Giuliani !

Et en plus, il en a oublié une paire de Dominion ce Giuliani : Le Dominion Voting Systems ImageCast Central ballot counter system (quel nom !) par exemple: c’est un autre bazar encore, une gestion des bulletins papiers la plus simple qui soit en fait, car à partir d’un bête Dell OptiPlex 9010 All-in-One (tout en un, genre i-Mac), un commercial-off-the-shelf (ou COTS) Intel Core i3 ou supérieur, 4 Go de RAM, 500 Go de disque dur, Windows 7 Professionnel SP1 64 bits-  datant de 2009 et plus supporté par Microsoft depuis janvier de cette année (un engin à 300 euros d’occase dans le commerce !). Il est reliable a des scanners à défilement de type Canon (genre Canon DR-X10C ou Canon DR-G1130, DR-G2140, DR-M160II et DR-M26 ou le scanner haute capacité InterScan HiPro comme celui ici à droite (pour traiter par lots importants. Comme c’est un PC complet, c’est ouvert à tous les vents… y’a tout ce qu’il fait pour entrer dedans : Ethernet, 5 ports USB (aouah, un vrai rêve de hacker), etc… Mais il n’est pas encore très répandu (mais ça vient vite)  : ce n’est pas lui qui va faire basculer encore un vote dans le pays… (on note que le Colorado s’en est largement équipé. Biden y a fait 55,4% des votes contre 41,9% à Trump, soit une large marge… sans une seule plainte déposée…. sauf celle d’un juge, ayant admonesté les services de la Poste le 13 septembre dernier pour avoir freiné l’acheminement de bulletins anticipés !! L’œuvre de l’envoyé de Donald Trump, déjà !!!

L’engin possède son double chez Hart Intercivic,  appelé Verity Central à partir d’un autre COTS (HP avec des ports classiquesn Ethernet USB, etc…)  et un scanner à défilement similaire. Il est un peu plus répandu, mais sans plus (et aussi peu sécurisé, apparemment !).

De façon amusante, on remarquera que leur collègue ImageCast preccint de Dominion, le scanner à poubelle, est fortement installé aussi en Alaska où Trump a fait des scores d’enfer…  mais il est encore loin de couvrir tout le pays ! Mais pour l’Alaska, la patrie de Sarah Palin, reine du Tea Party, devenue Mask Singer et où la libertarienne à fait 2,5%  et Jesse Ventura (?) 0,7%, Trump n’a pas pipé mot de ses dix points d’avance acquis grâce à Dominion :

Selon AP,  « le président Donald Trump et certains partisans ont cherché à semer le doute sur les résultats de sa course en attaquant Dominion Voting Systems, l’un des plus grands fournisseurs de technologie de vote aux États-Unis, malgré l’absence de preuves de graves irrégularités. L’Alaska utilise l’entreprise depuis des années et a obtenu de nouvelles machines Dominion qu’elle a utilisées pour la première fois lors des élections primaires de cette année, a déclaré Meyer. Son chef de cabinet, Josh Applebee, a déclaré qu’il était « parfaitement raisonnable, compte tenu du fait qu’il s’agit de nouveaux équipements, de faire l’audit, de vérifier l’exactitude de ceux-ci ». Meyer a déclaré que les machines se sont avérées exactes pendant les primaires…Vérité en-deçà de l’Alaska, erreur au-delà ??? Donald pourrait songer à Mask Singer, comme reconversion, non ? Ivanka, plutôt ?

Mais pourquoi donc ces deux-là ?

Ces histoires de port Ethernet comme porte d’entrée autoroutière à logiciel malveillant, ça devient marrant à force : Trump a demandé deux comptages manuels dans le Wisconsin, à Milwaukee et à Dane, ça va lui coûter 7,9 millions de dollars pour le faire au total sur tout l’Etat. A ce jour, il a fourni 3 millions, ce qui laisse entendre qu’il n’a plus trop d’argent et qu’il doit donc se concentrer sur quelques comtés seulement. Or, en 2019 une étude a montré que dans le Wisconsin, justement, des comtés équipés de ES&S étaient vulnérables car constamment branchés sur le net : ceux d’Outagamie, Dodge, Milwaukee, St. Croix, Columbia, Eau Claire County et Waukesha.  Si Milwaukee figure sur la plainte déposée par Trump celui de Dane lui, ne l’est pas. Bizarre : s’il y a eu fraude c’est de l’extérieur… c’est dans les deux cas ! Dans les deux comptés, des fiefs démocrates avec une population à forte majorité noire, Trump s’est pris une claque monumentale : 317 251 votes contre 134 355 à Milwaukee et 260 157 votes contre 78 789 à Dane. Trump, qui condamne partout Dominion, s’en prend donc ici à ES&S mais sans jamais le citer (ou plutôt sans même s’en apercevoir) ! En fait, les bulletins n’y étaient que tout justes comptés : il y avait 13 jours de prévu pour le faire. Biden a distancé Trump de 20 470 bulletins dans l’Etat. Alors pourquoi donc ces des comtés-là, plutôt que d’autres, où les erreurs de décomptes n’ont pas été franchement flagrantes ? Un homme du sérail a la réponse :  « le greffier du comté de Milwaukee, George Christenson, a déclaré aux journalistes qu’il pensait que les comtés de Milwaukee et de Dane avaient été choisis par la campagne parce qu’ils étaient «des bastions démocrates et Milwaukee est une ville à majorité minoritaire» (une ville entourée d’un électorat différent, c’est le cas de tout le pays divisé entre citadins pro-Biden et les ruraux pro-Trump) et pas parce qu’il y avait plus d’irrégularités comme le prétend la campagne Trump. J’appelle l’effort de Trump « juste une autre forme de suppression des électeurs »… 

En tout cas là, il ne pourra pas invoquer Dominion comme responsable, à cet endroit !!! Et le gars a plutôt raison concernant la chasse aux inscriptions d’électeurs menée par le parti républicain : ça fait des années qu’il s’y adonne, comme on va le voir ! Les deux comtés sont les deux plus peuplés : et si tout simplement Trump les avait sélectionnés pour la seule raison que ce serait plus difficile à recompter avant la date tampon ? C’est possible aussi : Dane est un de ceux qui progresse le plus, côté démocrate (cf ici à droite) !!  Résultat ? Pas avant le 1er décembre, pour ce long recomptage (le 8 décembre étant la date tampon pour tous les Etats ) !!! Des opérations rendues peu pratiques en raison de la pandémie : plexiglass, masques, distanciation… des directives que se sont empressé de critiquer les républicains…. « les membres républicains de la commission ont accusé les responsables démocrates des deux comtés d’essayer d’utiliser les directives de sécurité contre les coronavirus comme excuse pour rendre plus difficile l’observation des procédures de recomptage pour la campagne de Trump ». Le ridicule, jusqu’au bout du compte !

Autre problème sur place : la personnalité trouble d’un des délégués républicains, appelé Bob Spindell (ici à gauche). Celui-là n’a rien trouvé de mieux que de chaudement féliciter quelqu’un en ces termes : « merci pour vous être connecté à la réunion de la commission électorale du WIS hier soir. J’apprécie vos paroles aimables et tout le travail que vous faites. Je vous tiendrai au courant de toutes les choses intéressantes qui se passent avec le recomptage du WIS », a tweeté Spindell. jeudi, faisant référence à la réunion de la commission électorale de mercredi pour fixer les paramètres du recomptage partiel. » Un Tweet repéré par le vigilant journal local du Milwaukee Journal Sentinel. La commission biparti est présidée par une démocrate. Elle a dû tancer Spindell en lui demandant d’arrêter de faire croire que les bulletins de vote par correspondance avaient été mal envoyés aux électeurs. Une  « conspiration paranoïaque » selon elle. Elle ne savait pourtant pas à qui il adressait ses remerciements semble-t-il : à Jack Posobiec, l’agitateur moult fois vu ici, l’auteur de la pancarte provocatrice « violez Melania » et de la théorie débile du pizzagate qu’il a lui-même entretenue,  rappelez-vous… « Posobiec a publié à plusieurs reprises des mèmes antisémites et s’est associé à des suprémacistes blancs et des néo-nazis, suscitant des condamnations de la Ligue anti-diffamation et du Southern Poverty Law Center, des organisations à but non lucratif qui traquent les groupes haineux contre les Juifs, les Afro-Américains et les minorités, » rappelle aussi le journal, au cas où cet étrange délégué continuerait à informer Posobiec de l’avancée du recomptage. Ci-dessus à droite, la vidéo d’une discussion lors du recompte à Milwaukee County, prise en mode espionnage : qui donc l’a transmise à Posobiec ? C’est interdit, normalement, de filmer dans l’enceinte… et ça fait près de 10 minutes de durée !!! L’auteur devrait être exclu, et Posobiec condamné !!! Pour savoir qui est ce troll dangereux, c’est ici. A gauche c’est lui, introduit à la Maison Blanche par plein accord avec son administration, venu y faire le signe des suprémacistes… honteux ! Les partisans de Trump auront décidément tout tenté !

Du matériel « chinois » ?

D’autres craintes sont apparues depuis, relayées par les trumpistes prêts à glaner tout ce qui pourrait les aider : celle des matériaux copiés utilisés dans ces machines, qui peuvent les affaiblir. Les fans de Trump sont, depuis l’épidémie de Covd19, devenus obsédés par un pays : la Chine. Aussi se sont-ils précipités sur l’aveu fait par les trois vendeurs majors de machines à voter d’incorporer dans leurs machines des éléments venant de là-bas. « Des préoccupations existent également au sujet des chaînes d’approvisionnement en logiciels et en matériel des entreprises. Un rapport publié le mois dernier par Interos a révélé qu’au moins un grand fournisseur de systèmes de vote s’approvisionnait en pièces et composants en Chine, où les États-Unis. les responsables ont soulevé des préoccupations générales concernant le compromis dans la chaîne d’approvisionnement. Le rapport n’a pas identifié le fournisseur, mais des témoins des trois principaux fabricants ont reconnu qu’ils comptaient sur des équipements fabriqués en Chine. Les législateurs se sont dits préoccupés par le fait que de tels matériels et logiciels pourraient ouvrir la porte au compromis ou au sabotage par de mauvais acteurs. Burt (le PDG d’ES&S, Tom Burt) a déclaré que son entreprise avait un nombre « limité » de composants provenant de Chine, affirmant que beaucoup étaient du plastique ou des métaux qui composent l’appareil, et non de l’informatique. Cependant, il a reconnu que pour au moins une des machines d’ES&S, la DS200, l’un de ses neuf dispositifs logiques programmables provient d’une société californienne qui produit la pièce en Chine. Le PDG de Dominion Voting Systems, John Poulos, et la présidente de Hart InterCivic, Julie Mathis, (ici lors d’une audition au Congrès sur l’élection de 2020 avec John Poulos de Dominion, les deux avaient assuré fournir des élections 2020 fiables) ont déclaré que leurs entreprises utilisent des composants d’écran LCD, des condensateurs et des résistances fabriqués en Chine, arguant que dans certains cas, il n’y a pas d’option pour fabriquer ces pièces aux États-Unis. «Nous apprécierions les lignes directrices et les meilleures pratiques du comité et du gouvernement fédéral», a déclaré M. Poulos. « Ce n’est pas un problème propre à l’industrie électorale. » Et non, puisqu’il touche même l’armée etplus exactement l’aviation… ce qu’on sait au moins depuis 2012. Même le F-35 n’a pu y échapper avec la firme anglaise Exception PCB !!!

Chez ES&S, on n’y a pas plus échappé que chez Dominion comme le note ici NBC News. On l’a oublié aussi depuis, mais en on avait posé la question du propriétaire réel de la société : lisez bien, ça devient passionnant : « la question est devenue plus urgente après que le FBI a révélé en juillet 2018 qu’un oligarque russe avait investi dans une entreprise de services électoraux du Maryland. Les responsables du Maryland et de la Caroline du Nord ont commencé à interroger les fabricants de machines à voter sur une éventuelle propriété étrangère. Parce qu’elle est une propriété privée, ES&S n’est pas légalement obligée de révéler sa propriété ou tout autre détail sur ses finances, bien que Burt ait confirmé que la société avait généré environ 100 millions de dollars de ventes l’année dernière. Mais en réponse aux questions posées cette année par le North Carolina State Board of Elections, ES&S a révélé quels investisseurs détiennent plus de 5% de la société. Ils comprennent Burt, le directeur financier Tom O’Brien et la société de capital-investissement basée à Omaha McCarthy Group, qui détient une participation majoritaire. La lettre identifiait deux investisseurs passifs, Nancy McCarthy et Kenneth Stinson, qui détiennent des participations de plus de 5% dans McCarthy Group« . »ES&S a déclaré que les statuts du groupe McCarthy l’empêchaient de révéler d’autres investisseurs individuels, mais il a affirmé qu’ils étaient tous américains. citoyens ou fiducies ou sociétés appartenant à des Américains. Danger écarté, donc… selon eux!

C’est bien un faux problème que ces éléments chinois ! La liste établie ici en 2018 par Interos Solutions, Inc sur le « supply chain risk management (SCRM) » en dit long sur les fournisseurs chinois toutes catégories… De là à en faire « des machines du Parti Communiste Chinois » comme l’a fait sans hésiter Lin Wood le 13 novembre, avouez que c’est gros…. essayez plutôt de découvrir chez vous un seul matériel actuel domestique qui ne possède pas aujourd’hui de composant d’origine chinoise ! Vous n’en trouverez aucun !! Même dans votre cafetière (cf ci-dessous) :

Palmer, le nettoyeur

On retiendra surtout que lors de la commission du Congrès sur la sécurité de l’élection à venir, on avait pu aussi entendre Donald Palmer, U.S. Election Assistance Commission (EAC) Commissioner, qui selon lui (sur son CV) « a fourni des témoignages aux assemblées législatives des États sur l’administration électorale et les réformes du vote » et « s’est associé aux responsables électoraux des États et aux législateurs des États pour soutenir la modernisation des élections à travers le pays« . Il était venu lui aussi vanter la sécurité de l’élection à venir. Bref, tout était OK pour lui. Et pour Donald donc à ce moment-là !!! Difficile en ce cas de suivre la démarche actuelle de son gouvernement, pour qui on a « volé » l’élection…

Palmer, en tout cas, n’avait pas été choisi au hasard par Trump : « (il) a été directeur des élections en Virginie et en Floride. Selon ThinkProgress, Palmer a utilisé le système d’appariement des électeurs Crosscheck remarquablement défectueux pour purger les électeurs, beaucoup de manière inexacte, en Virginie en 2013. Crosscheck  (3) a privé des milliers d’électeurs, souvent des démocrates et des électeurs de couleur, et a été promu par l’ancien secrétaire extrémiste déclaré du Kansas, Kris Kobach. Un an plus tard, Palmer a renforcé la loi sur l’identité des électeurs de l’État à peine deux semaines avant une élection spéciale. » Bref c’était aussi un homme aux mains sales ! Un exécuteur de basses œuvres électorales ! Palmer, « le nettoyeur » des urnes  de Donald ! Un autre Léon !!! Très professionnel !!!

Celui-là, il va falloir qu’on en reparle, donc. Dans le prochain épisode ! Et voir ce qu’il avait dans ses valises pour dissoudre les listes électorales pleines de noirs, jugées encombrantes par les républicains !

 

(1) Le dénommé Alfredo José Anzola Jaumotte est décédé dans un avion Piper immatriculé N6463L qui servait à des trafiquants de cocaïne. Il est tombé sur toit d’une maison en plein faubourg de Caracas, le 28 avril 2008. Or c‘était justement le responsable de la société Smartmatic, qui était parti prenante des machines à voter Sequoia utilisées aux USA (ce qui a permis à Chavez de parler de vol d’élection en Floride, dès 2000 !). L’avion était en route pour l’île de Curaçao. Au total, l’accident avait fait 7 morts : les trois membres de l’avion et 4 habitants, dont deux petites filles de 7 et 8 ans. Son pilote, Mario José Donadi Gafaro, était un vétéran du trafic de coke, condamné pour 3 ans en 1999 aux USA, puis plus tard pour 8 ans au Venezuela et au moment du crash… il était censé effectuer sa deuxième année de cachot !!! Sidérant !

Smartmatic resté indépendant et n’ayant pas de lien avec Dominion (ce sont au départ des machines à base de caisse enregistreuse Olivetti et fabriquées en fait à Taïwan ! Il y a chinois  et chinois !!!). C’est devenu dans la bouche de Rudy Giuliani et l’avocate Sydney Powell un « complot vénézuélien« (et de Soros !) contre Trump, alors que la société n’a pas de lien autre que celui de la revente de Sequoia ! Smartmatic est une société internationale, constituée en Floride par des fondateurs vénézuéliens, sans plus. Des machines qui ont été précieuses, en effet, pour Chavez à l’époque (et aujourd’hui Maduro : « on comprend mieux à ce stade pourquoi deux personnalités politiques de premier plan s’étaient précipitées à l’hôpital de Caracas pour connaitre le sort des occupants de l’avion qui s’était écrasé : Jesse Chacon, ancien lieutenant de l’armée devenu ministre de l’intérieur de l’époque (et ex-ministre de la Communication et de l’Information du Venezuela), chargé des élections, et Jorge Rodriguez, l’ancien responsable de la commission électorale et ancien vice président du Venezuela !  Chacun qui deviendra président en 2009 de l’institut de sondage Grupo de Investigación Social, autre grand organisme de propagande et de manipulation.  Maduro l’a rappelé de son exil pour en faire son ministre de l’Énergie électrique… mais il a déjà été remplacé en 2015, par le général Luis Alfredo Motta Domínguez.  La mort du responsable des machines à voter, pensez-donc, quelle affaire !« `

Smartmatic a bien acheté la société Sequoia Voting Systems en 2005, mais l’a revendue deux ans plus tard (en 2007 donc). Et ce n’est que trois ans plus tard seulement que Dominion a acquis Sequoia, en 2010 : le lien supposé abusivement par Giuliani n’existe donc pas ! Smartmartic, en prime, a fait une malheureuse intrusion aux USA en Utah, en 2016, de façon… catastrophique et au nom… du Parti républicain, pour son « caucus » du 22 mars 2016, pour un système de vote foireux par Internet développé par Internet Smartmatic-Cybernetica, qui était basé en réalité en Estonie !!!  L’État avait raqué 150 000 pour le bidule, qui n’a pas arrêté de bugger : « selon Joe Kiniry, le principal chercheur de Galois, une entreprise de recherche technologique,  « plusieurs d’entre nous ont fait une analyse légère de celui-ci à distance, pour voir comment il a été construit et déployé et ce genre de chose … nous avons constaté qu’ils utilisaient des technologies que même les programmeurs Web modernes évitent. … C’est comme si les choix les plus stupides possibles étaient faits par certaines de ces entreprises en ce qui concerne la technologie déployée qui devrait être critique! »...

En Californie ça n’a été guère plus reluisant en 2020 selon Vox avec leur « Ballot Marking Devices » :  » le nouveau système Smartmatic déployé à Los Angeles a suscité des critiques. Comme l’Associated Press l’a rapporté en janvier, les testeurs ont constaté que «les scellés, les verrous, les étiquettes et les capteurs peuvent tous être contournés» sur le matériel VSAP, (pour Voting Solutions for All People) ce qui pourrait permettre d’insérer ou de retirer des bulletins de vote. Les testeurs ont également constaté que «l’accès illimité au port USB et la possibilité de démarrer à partir de celui-ci permettent d’accéder aux données». Le secrétaire d’État de Californie, Alex Padilla, a promis de résoudre ces problèmes avant la primaire de l’État le 3 mars. Pendant ce temps, le conseil municipal de Beverly Hills a poursuivi le comté pour d’autres défauts de conception qui, selon lui, pourraient désavantager certains candidats. Et à la suite de la récente débâcle de l’Iowa, on a l’impression que le développement d’une nouvelle technologie électorale est précipité. »

(2) « Dans l’ensemble, la technologie derrière ElectionGuard est relativement simple et se concentre sur quelques principes de base :

  • Les votants reçoivent un code de suivi.
  • Ils peuvent utiliser le code de suivi sur le site de l’élection pour vérifier que leur vote a été comptabilisé et qu’il n’a pas été modifié.
  • Le code de suivi ne révèle pas le vote, il ne permet donc pas à des tiers de voir qui a voté pour qui.
  • ElectionGuard utilise un système de chiffrement dit homomorphe, développé en interne chez Microsoft sous la direction de Josh Benaloh.
  • Le chiffrement homomorphe permet le comptage des votes tout en conservant les votes chiffrés.
  • Le kit de développement logiciel d’ElectionGuard prend également en charge des applications de vérification tierces pour contrôler de manière indépendante si les votes chiffrés ont été correctement comptabilisés et n’ont pas été altérés.
  • Les applications de vérification ont été créées pour les agents électoraux, les médias ou toute tierce partie intéressée par le processus de vote.
  • Les machines ElectionGuard peuvent également produire des bulletins de vote en papier, sous forme d’enregistrement imprimé de leur vote, que les électeurs peuvent placer dans des urnes, comme des votes classiques.
  • ElectionGuard prend également en charge le vote par le biais de matériel d’accessibilité, comme Microsoft Surface ou le contrôleur adaptatif Xbox »

 

(3) « La vérification croisée (Crosscheck) a été fréquemment cité, sans preuves à l’appui, comme un outil essentiel pour prévenir la fraude électorale. Les critiques ont déclaré que l’utilité de Crosscheck était limitée à un type très spécifique de fraude (vote double), dans une situation très spécifique (à travers les frontières de l’État), à des moments très spécifiques (élections générales uniquement). Le double vote dans un état ne peut pas être détecté. Le double vote lors d’une élection primaire ne peut pas être détecté. Le vote sur les dossiers d’une personne décédée ne peut pas être détecté. En plus des problèmes de faux positifs et de portée limitée, Crosscheck a également eu de faux résultats négatifs: le fait de ne pas reconnaître les électeurs inscrits dans deux États s’il y a même une légère variation dans leur nom. Par exemple, Vic Miller enregistré au Kansas ne serait pas reconnu comme étant le même que Victor Miller enregistré au Missouri malgré la même date de naissance complète et les quatre derniers chiffres du numéro de sécurité sociale ».


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