Les milices armées américaines représentent bel et bien un danger énorme. En 2014, un vieux conflit de terres entre un fermier acariâtre, son fils et le gouvernement a failli tourner au bain de sang : la raison, la présence en masse sur place de la milice des III Percenters, venue jouer les fiers-à-bras. Des membres de cette équipe seront lourdement condamnés… pour être au final libérés en n’ayant même pas fait le quart de leur sentence. Tout cela alors que les revendications de ces milices ne tiennent pas debout, juridiquement, mais que des politiciens, tous issus du Tea Party ou trumpiens, en sont devenus les supporters, le début d’un engrenage anti-démocratique très inquiétant.
En 21o4, c’est l’épisode du ranch de la famille Bundy , dans lequel sont intervenus les Oathkeepers (lire ici) et les Three Percenters et son leader Chris Hill. Je l’ai décrit ici, je n’y reviens pas. Là encore on a évité de peu l’affrontement armé à Bunkerville, 1300 habitants, dans le Nevada, (ici à gauche). C’est un des endroits paumés aux USA qui a été soumis au vent des retombées nucléaires dans les années 50, causant des cancers à répétition.
Le fermier Cliven Bundy, pendant plus de 20 ans, a fait paître ses vaches sur les terres appartenant à l’Etat et non à lui. 145,604 acres (589 km²) objets d’une dispute sans fin dont le States Bureau of Land Management (BLM) en avait eu assez. La dispute remontait à 1993, date des premiers heurts avec des milices comme on l’a vu. La revendication de la famille Bundy (1) était du même ordre anti-fédéral que les revendications de ces milices.
Bundy avait organisé tout une ramdam, dans lequel on avait même aperçu Ron Keel, ex chanteur de Black Sabbath et celui d’un pitoyable groupe « tribute » et l’inévitable, Mike Vanderboegh, chef de milice, créateur des III Percenters, ravi de l’aubaine pour faire parler de lui, qui avait alors accusé le sénateur Harry Reid d’avoir provoqué une « guerre civile » et l’accusait de vouloir « piquer le carcajou (ou glouton, le fameux Wolverine appelé aussi Wolvérène) avec un bâton pointu, Harry, à moins que vous ne vouliez que vos couilles vous soient arrachées. »
En 2019; une photo fera à nouveau polémique, cinq ans après les faits. C’es celle, incroyable de la Lieutenant Gouverneure Janice McGeachin, de l’Idaho, venue en tailleur poser complaisamment comme à la parade avec Todd Engel un des III Percenters du secteur arrêtés lors du conflit et un collègue prisonnier.
Sur le cliché on voit très bien les deux lascars faire le signe suprémaciste (OK). L’ADL avait trouvé la photo pour le moins « perturbante. C’est sans surprise aussi une ardente supporter de… Donald Trump ayant participé à son comité d’élection en 2016 ! Engel a été condamné en 2017 à 14 ans de prison. Il avait menacé les agents fédéraux avec son AR-15 lors de l’affaire Bundy. Il a été libéré au final le 18 septembre dernier après avoir fait à peine 3 ans sur les 14 assignés au départ.
En août 2020, McGeachin a fait à nouveau la une de la presse avec un rassemblement organisé par la société de droite et conspiratrice John Birch Society à Twin Falls, au cours duquel les orateurs ont dénoncé les mesures de santé publique pour lutter contre le coronavirus. Il y en a vraiment qui ne comprennent rien et ce sont hélas des élus !
En 2017, la chaîne PBS les retrouve tous… toujours en train de s’entraîner et toujours déguisés en militaire pour effectuer leurs exercices ridicules. C’est la Georgia Security Force qui est interviewée cette fois en premier, avec un patron qui s’appelle Chris Hill (ah, le revoici !), qui se fait surnommer « Blood Agent« , ce qui doit faire plus viril je suppose que Kiri Le Clown (même chose pour le suivant, Chad Legere, surnommé dans le groupe »Kill Zone »)…
Les Oath Keepers sont aussi passés en revue, comme les III Percents, abondamment aperçus récemment durant les émeutes urbaines de l’été (et décrits aussi ici), et on rappelle dans le reportage la dangerosité des soldats entraînés en Afghanistan ou en Irak qui choisissent
d’intégrer une milice à leur retour, surtout ceux traumatisés, ce qu’explique très bien JJ MacNab, auteur de « The Seditionists, Inside the Explosive World of Anti-Government Extremism in America« . Au hasard du document, on distingue clairement une affichette de l’élection présidentielle de 2016, au nom du candidat… Trump; juste à côté du drapeau libertarien (ici à gauche). Les frontières idéologiques des milices sont floues, on l’a dit et ça se confirme à chaque exemple (ça penche sec à droite quand même)… comme le feu de la sédition qui couve chez eux, toujours prêt à repartir, à la moindre saute de vent.
La dangerosité de Donald, pompier-incendiaire avec l’aide de… Dieu
Un feu c’est fait pour être entretenu. Dans le rôle du remueur de braises chaudes, Trump est excellent. Mais un coup de main venu du ciel va lui apporter le souffle nécessaire pour les faire rougeoyer davantage. Début octobre 2019; il y a un an exactement, le président des Etats-Unis reprend à son compte en Tweet une remarque du Pasteur Robert Jeffress de a First Baptist Church in Dallas faite sur Fox News (ici à gauche). C’est lui qui a fait le sermon à la St. John’s Episcopal Church, au Lafayette Square, le jour de l’inauguration du mandat de Trump.
Et c’est devant cette église que Trump a fait son cirque avec sa Bible lors des émeutes.
Alors qu’il est empêtré dans le processus d’impeachment qui vient de démarrer, processus que la bêtise (et la peur) des républicains ne permettra pas de faire aboutir, Donald a balancé un Tweet reprenant le propos du pasteur, dans lequel il a évoqué une Guerre Civile à venir, s’il était empêché de gouverner. Les milices, à majorité chrétiennes comme on l’a vu, à entendre cet appel, n’ont pu que redoubler de préparatifs et s’apprêter à vraiment combattre en stockant encore plus d’armes et en se montant le bourrichon mutuellement sur cette éventualité. Comme le mouvement QAnon évoque la même chose, Trump selon lui « luttant » de l’intérieur (c’est absurde, je sais) contre cette éviction organisée « par des juifs », bien sûr, issus de « l’Etat Profond », le phénomène a largement empiré, hélas.
La juriste Mary B. McCord dans Lawfare l’a très bien vu, tout cea. Le Tweet de Donald a bel et bien mis le feu aux poudres, selon elle. « Prenons l’exemple du groupe Oath Keepers, une milice armée d’extrême droite » dit-elle. « Appelant ses 24 000 abonnés Twitter à lire l’intégralité du fil de discussion du président, le compte Oath Keepers a publié: « Voici ce que vaut ce fil. C’est la vérité. C’est là que nous en sommes. Nous sommes au bord d’une guerre civile brûlante. Comme en 1859. C’est là que nous en sommes. Et la droite n’a aucune confiance ou respect pour tout ce que fait la gauche. Nous les voyons aussi comme illégitimes. @ StewartRhodes- Oath Keepers (@Oathkeepers) 30 septembre 2019 ». Avant ce tweet, le compte Oath Keepers a tweeté qu’en vertu de la Constitution américaine, «la milice (c’est nous) peut être appelée « pour exécuter les lois de l’Union, réprimer les insurrections et repousser les invasions » …« Tout ce qu’il a à faire est de nous appeler. Nous répondrons à l’appel. » D’autres tweets d’Oath Keeper font également allusion à la violence: l’un d’eux déclare que «leur fusil préféré est l’AR 15.» Pensez d’un viatique !
Les arguments juridiques des milices ne tiennent pas la rampe
Or, précise Mary McCord, l’argument de la milice est totalement faux, juridiquement : « le droit pénal fédéral interdit «la rébellion ou l’insurrection contre l’autorité des États-Unis ou leurs lois», y compris l’incitation ou l’assistance à une telle rébellion ou insurrection. Il interdit également de conspirer pour renverser le gouvernement américain, lui faire la guerre ou s’opposer à son autorité par la force. Sur la base de la mission déclarée de l’organisation, il ne fait guère de doute que les observateurs du serment considéreraient toute action de destitution par le Congrès comme «inconstitutionnelle» et par conséquent ne pas être obéie. Bien que les tweets actuels du groupe soient sur le point d’appeler à la rébellion ou à l’insurrection si cela se produisait, rien n’indique que le ministère américain de la Justice enquête. Les milices élaborent-elles des plans pour une éventuelle guerre civile, par exemple ? S’entraînent-elles ? Stockent-elles des armes ? Ce sont des choses sur lesquelles les forces de l’ordre devraient enquêter, que ce soit en vertu de la loi fédérale ou de la loi de l’État. »
Des milices qui, comme d’autres, selon elle, sont donc aussi tout simplement hors-la-loi : « Les Oath Keepers et d’autres organisations de la milice violent actuellement certaines de ces lois. Leur existence en tant qu’unités paramilitaires privées dans les États avec des clauses de «subordination stricte» est interdite, comme c’est le cas dans les États dont les statuts interdisent de s’associer en tant qu’unité ou société militaire. La formation, l’instruction ou la pratique des techniques paramilitaires à utiliser dans une «guerre civile» ou autre soulèvement sont également actuellement interdites dans de nombreux États. Et dans la mesure où les milices armées se présentent dans les lieux publics pour affirmer une autorité qu’elles n’ont pas, elles violent les lois fédérales et étatiques criminalisant la fausse prise en charge des obligations d’application de la loi. » Cela vise les interventions façon Capitole du Michigan au printemps dernier (voir ici plus loin), où les milices n’avaient strictement rien à faire dans l’enceinte ! Le 16 avril, rappelons-le, les manifestants armés qui avaient envahi le Capitole du Michigan, l’avaient fait juste après que l’un d’entre eux, estampillé QAnon, avait appelé sur Twitter à se rassembler « nous, le peuple, devons ouvrir l’Amérique avec la désobéissance civile et beaucoup de Boogaloo. Qui me suit ? »… »…
En somme, la juriste nous prévenait il y a un an qu’il serait urgent d’agir… contre ces milices et leurs adhérents qualifiés par elles de « voyous », eux et leurs dangereux stocks d’armes accumulés. « Certains observateurs peuvent dire que les tweets du président et des Oath Keepers ne sont que de l’hyperbole. Mais le mouvement des milices a montré qu’il agira sur la base des déclarations du président. Ses commentaires sur la «guerre civile» ont été formulés de manière conditionnelle – en fonction de la tentative des «démocrates» de le démettre de ses fonctions. Les responsables de l’État et les forces de l’ordre, cependant, n’ont pas à attendre que cette condition soit remplie – ou que le président publie de nouveaux tweets que les milices pourraient interpréter comme les appelant aux armes – pour faire face à la menace potentielle posée par les milices. Les gouverneurs peuvent émettre des ordonnances de cesser et de s’abstenir sur la base de leurs constitutions nationales, les forces de l’ordre peuvent ouvrir des enquêtes sur la base des lois pénales fédérales et étatiques, et le public peut signaler des cas d’infraction à la loi actuelle par des membres de la milice. Les autorités ne resteraient pas les bras croisés pendant que les forces étrangères se préparaient à d’éventuelles violences contre d’autres Américains, et elles ne devraient pas rester les bras croisés de la même manière devant des armées privées de voyous . »
L’argument est bon, mais il se heurte à des contraintes locales assez étonnantes : lors de la manifestation d’avril, on a ainsi pu voir le shérif de Barry County, Dar Leaf, le lundi 18 mai 2020, à Grand Rapids, dans le Michigan, prendre fait et cause pour une milice qui manifestait contre le confinement décrété, et en devenir même leur animateur de scène, souvenez-vous…(ici à droite). Une photo qui aujourd’hui a pris un sens tout différent… à bien la regarder à nouveau !
Confusion dans la tête, ou tentative de vouloir nier l’évidence ?
En 2020, le 17 septembre, une grande réunion de milices à lieu dans le Michigan, à Lansing, la capitale de l’Etat : c’est une manifestions anti-confinement en effet. On y croise les principales milices du coin : les Boogaloo Bois, et les Proud Boys (les grands amis de Donald) ; comme les Michigan Liberty Militia (ci-dessous à gauche avec leur bouclier mon-ageux anachronique (?)), le Southeast Michigan Volunteer Militia dirigé par Michael Lackomar, ou les American Patriots of Michigan. Les Michigan Liberty Militia venus de Barry County et leur leader très voyant Phil Robinson, sont accompagnés ce jour-là par deux gros bras, William et Michael Null, deux frères jumeaux. Des militants de poids, très en vue ce jour-là. Un article décrivant la réunion cite aussi Michelle Gregoire, alias « Shelly », présentée comme étant membre des Home Guard, une libertarienne devenue fan de Meetoo,
comme de Ran Paul, et à la fois aujourd’hui candidate républicaine, arborant le drapeau au serpent à sonnette : celle-là semble vraiment tout confondre dans sa tête en effet (elle se dit en même temps partisane de la marijuana) ! A l’extérieur, cette jeune mère de 3 enfants déjà, à 25 ans seulement, chauffeuse de bus scolaire,
sera vue portant un t-shirt promettant un avenir orwellien -ici à gauche- ou avec un panneau attaquant la gouverneure (ici à droite), alors qu’elle n’a jamais demandé l’interdiction des armes à feu contrairement à ce qu’elle clame… sur Facebook, où elle a réclamé le port libre partout des armes, comme le demandent… les milices (à gauche son groupe des Home Guard du Michigan, qui s’est présentée comme une « Michigan branch of III Percenters, a national group of 24k+ ») : « Grégoire dit qu’elle aimerait que le Michigan soit un «État de transport constitutionnel» où si vous avez un pistolet, vous n’avez pas besoin de permis .
Elle dit que la majorité des crimes sont commis avec des armes de poing non enregistrées et que les criminels ne respectent pas la loi » (quel raisonnement, ou plutôt quel absence de raisonnement : un criminel, par définition, se situe en dehors de la loi !!). « Grégoire dit qu’elle a récemment acheté une arme à feu pour la première fois. Elle fréquente le Kellogg Community College, qui est une zone sans armes à feu. Grégoire dit qu’elle ne pense pas que ce soit logique pour elle de devoir laisser verrouillée son arme dans sa voiture, alors que le temps de réponse de la police est d’environ dix minutes en moyenne ».
D’être à la fois candidate à la députation et soutien d’un groupe niant la reconnaissance de l’Etat fédéral n’a pas l’air de la traumatiser un poil (2) !!! Avec elle, le ver est bien dans le fruit du GOP, bouffé de l’intérieur par le Tea-Party, soutien de Trump !!! Ces gens-là vont se retrouver avec des députés qui leur ont toujours craché dessus jusqu’ici, comme l’autre ineffable serveuse de bar (Lauren Boeber) boudée au départ par Trump, mais félicitée par ce dernier une fois élue… (voir ici le cas, aux dernières nouvelles son assistance Sherronna Bishop a applaudi les Proud Boys comme étant des gars sympa !). Grégoire, en tout cas, est une belle menteuse quant à lieu la manifestation au Capitole, on la voit bien sortir dans les pas du leader Phil Robinson de la Michigan Liberty Militia, de Barry County (et non des Home Guard dont elle se réclame) :
La dangerosité évidente de la milice du Michigan Liberty
La réunion, baptisée pompeusement American Patriote Rally, dont on parlait au début de ce chapitre consistait à empêcher ou arrêter le confinement décidé par la gouveneure. Une insurrection Covid-19, en quelque sorte ! S’étaient associés à ce mouvement les anti-avortement, les anti-vaccinations avec leurs pancartes visant Bill Gates,
des avis sur le Covid19 comme quoi c’était un « hoax » (à 210 000 morts ?) ou des slogans bien crétins comme « je préfère que mon père meurt devant mes pieds que de vivre à genoux » (???)… On y avait vu aussi énormément d’armes exposées, dont des bien destructrices, tel ici à gauche ce Herstal FN F2000 bullpup (l’engin se négocie plus de 3000 dollars parfois), et notamment celles affichées par les Boogaloo men.
Mal renseignée, ou désireuse de ne pas montrer trop de sympathie, « Shelly » Grégoire affirmera devant les journalistes, après l’annonce de la participation du groupe évoquant le nom de Wolverine dans la tentative d’enlèvement, que « les Wolverine Watchmen sont un groupe dont personne n’a jamais entendu le nom auparavant », ce qui est certes exact, mais qui oublie que celui des Wolverine est présent depuis plus de trente ans dans le secteur, comme on vient de le voir ici en effet ! «Ce n’est pas nous», dit-elle. «C’est un groupe extérieur. Nous ne savons pas ce qu’ils complotaient.
C’est une nouvelle pour nous, car notre intention n’est pas du tout de renverser le gouvernement. Gregoire a déclaré que sa milice, qui est répartie dans le Michigan, est « non-violente » et que ses membres ne sont « pas ces extrémistes de droite radicalistes que tout le monde dit que nous sommes ». Une belle tentative de nier l’évidence !!! Les III Percenters ont eu parmi leurs membres des assassins, et elle semble bien facilement l’avoir oublié (à droite les Home Guard, issus des III Percenters, à l’entraînement) ! En fait » d’extrémistes extérieurs », la « nouvelle » milice était basée à Munith, bourgade située à peine à 50 km de la capitale Lansing (37 miles, 60 km par la route) !
En avril 2020, aux USA, se déclenche toute une série de protestations attisées par un Donald Trump qui ne souhaite que faire repartir l’économie au mépris du nombre de morts comme on l’a vu. Cela porte le nom de « Gridlock Protests ». Celle décrite ci-dessus en fait partie, il y en a eu deux en fait dans le Michigan une le 15 et une seconde le 30 avril. L’afflux d’armes verra la gouverneure réclamer l’état d’urgence lors de la seconde. Deux organisations de la première manifestation Michiganders Against Excessive Quarantine et Michigan Conservative Coalition, nieront avoir lancé de mot d’ordre pour la seconde. Certains protestataires se sont en effet dirigés ce jour-là vers des hôpitaux, pour les « libérer » eux aussi. Parmi eux… les mêmes individus, portant les mêmes logos bien visibles ; ceux de la Michigan Liberty Militia de Phil Robinson. Imaginez s’ils avaient réussi à pénétrer dans un hôpital…
On y découvre également dans le même article que le fameux Robinson pratique l’Odinisme, « une ancienne religion qui est apparue chez les suprémacistes », et qu’il porte en effet un badge “In Odin We Trust” sur sa veste. Et qu’il s’entraîne toujours ferme aux armes à feu :
Le pseudo grand combat pour le vieux coiffeur
La réouverture anti-confinement a pris des allures grotesques comme tout ce qu’au initié Donald pendant quatre ans. Parmi les hauts faits d’armes des milices armées, il a en effet le coup de pouce donné à un dénommé Karl Manke. C’est un vieux coiffeur-barbier d’Owosso, dans le Michigan, dont la boutique a été réouverte grâce à une haie d’honneur de M-15 et de drapeaux comme décoration d’entrée ; ceux amenés par les miliciens barbus et chevelus du Michigan Home Guard, qui tiennent donc plus à leur allure extérieure qu’on ne le pense, malgré les clichés démontrant l’inverse …
Y était présente bien sûr la chauffeuse de bus qui ne comprend rien à rien mais qui avait apporté ce jour-là son drapeau jaune fétiche, bien sûr ! A côté de l’échoppe, un camion portant un panneau pro-temp avait été amené… pour les télévisions. Plus amusant encore, le barbier avait vu débarquer un avocat étonnant pour défendre sa cause et dire devant les caméras qu’il fallait bien entendu réouvrir sa boutique…
c’est Garrett Soldano, un (faux) chiropracteur, le créateur du groupe Facebook « Michiganders Against Excessive Quarantine« . Il avait tenté quelques semaines avant de vendre des tablettes « JuicePlus » censées soigner et guérir du Covid-19... ses comptes Twitter et Facebook ont été supprimés pour désinformation et une pétition à exigé son retrait de l’usage du titre usurpé de médecin. Une semaine après sa réouverture par le juge de Shiawassee County, la boutique refermait, le Michigan’s Department of Licensing and Regulatory Affairs lui ayant retiré sa licence : mais là il n’y a eu aucune caméra de télévision pour filmer le non-événement. Ni aucune milice non plus pour la prendre d’assaut, remarquez … Une fois les télévisions passées, on a laissé tomber le cas du vieux coiffeur ! Le 17 juin, sa licence lui était à nouveau rendue…
Trump ayant réattaqué en Tweet Whitmer au passage, avec cette réouverture (après un jugement), mais à ses dépens cette fois il semble : « peu de temps avant le début des attaques de Trump, toute la délégation du Congrès du Michigan – y compris six républicains – avait écrit une lettre au vice-président le pressant de donner à l’État plus d’équipement de protection individuelle. Ce que l’État avait reçu, ont-ils écrit, était «insuffisant compte tenu des circonstances». «Nous vous exhortons à approuver immédiatement dans la mesure du possible les demandes de PPE (blouses de protection) et de matériel de test en attente du Michigan», ont-ils écrit dans la lettre du 25 mars, qui a été rapportée pour la première fois par le Michigan Advance », « écrit le Washington Post.
Les effet pervers de la pandémie sur le recrutement des Milices
C’est Wamu 88.5 qui a bien vu la chose arriver dans une analyse parue le 11 juin dernier : « la pandémie COVID-19 et les manifestations nationales contre la violence policière ont mis le pays à la pointe, et les troubles semblent être une opportunité de recrutement pour certains groupes anti-gouvernementaux. Les experts affirment que la dévastation,économique, la peur et l’incertitude causées par le coronavirus –
ainsi que les tactiques musclées du gouvernement – poussent certains Américains vers des groupes comme les milices qui épousent l’autonomie, la résistance armée et une vision sombre du gouvernement. Daryl Johnson dirige DT Analytics, qui suit les groupes d’extrême droite, et a passé 25 ans au gouvernement pour suivre l’extrémisme national. Il a dit que les personnes en crise sont vulnérables. « Certains d’entre eux vont sur Internet pour chercher des réponses ou ils tombent sur une propagande extrémiste qui donne une tournure aux choses ou peut ajouter une théorie du complot à ce qui se passe », a-t-il déclaré. «Et cela ouvre les gens à ces nouvelles idées, c’est donc une opportunité de recrutement pour ces groupes.»
En photo ici à droite, illustrant l’article, un manifestant armé lors d’un rassemblement anti-confinement à Boise, Idaho, le 2 mai 2020 et légendé comme » portant un drapeau qui représente «Le Boogaloo», un surnom utilisé par les mouvements anti-gouvernementaux pour signifier ce qu’ils considèrent comme une seconde guerre civile imminente en Amérique« . « Les chiffres de recrutement sont difficiles à trouver, mais une page Facebook dédiée au «boogaloo», surnom d’une deuxième guerre civile américaine que de nombreux miliciens pensent imminente, a gagné près de 4 000 abonnés en seulement deux semaines.
Près de 35 000 personnes suivent la page. Johnson a écrit un article sur la menace de violence d’extrême droite en 2009 alors qu’il était au département de la Sécurité intérieure, mais le département a rejeté ses conclusions et il a finalement démissionné. Il dit que le gouvernement fédéral ne prend toujours pas la menace assez au sérieux, y compris un président qui semble parfois offrir une branche d’olivier à des groupes anti-gouvernementaux. «Je voudrais voir le président atténuer sa rhétorique et arrêter de dorloter ces types de personnes et de tweeter qu’ils sont de bonnes personnes et qu’ils font un devoir patriotique en organisant ces manifestations anti-lock-out et des choses comme ça, parce que tout cela les enhardit », dit-il. « Et certaines personnes peuvent interpréter cela comme un feu vert pour faire quelque chose d’encore plus nocif. » Ah, si seulement Donald avait su la fermer, en effet… ou se montrer moins violent en envoyant ses troupes tenter de juguler les protestations !!!
Les républicains sympathisants pris au piège
Les liens avec l’extrême droite du mouvement des « Reopen » anti-confinement demeurant flagrants; mais aussi parfois avec la frange de républicains venus du Tea-Party : ainsi avec Tara Brandau, de la Florida III Percenters Security Force,
aperçue lors d’une réunion dans le Kentucky, prise en photo avec la députée Savannah Maddox (de Dry Ridge), ici à gauche avec le signe raciste « OK » à la clé. Or Brandau est membre de la White Nationalist League of the South, un mouvement purement suprémaciste raciste néo-nazi, voisin à la fois du Nationalist Front, du National Socialist Movement (NSM), de l’ancien Traditionalist Workers Party (TWP) et du Vanguard America (VA) devenu le Patriot Front !!! Son groupe avait pris une part active aux événements de Charlottesville en Virginie. Maddox, député républicaine islamophobe notoire,
a récidivé en acceptant un deuxième cliché avec le responsable de milice armée des III Percenters (ici à droite). Sur son site, elle vante.. la NRA (ici à gauche)! Encore une qui a tout pour elle !!! Et qui démontre à quel point, s’il fallait encore le prouver, que le Tea Party a rongé le GOP de l’intérieur !!!
Il ne s’en remettra pas de cette dérive extrême droitière, ce parti !!! Après novembre, ce sera la débâcle chez eux et l’hallali déclenché contre MacConnell !
(1) le 26 août dernier, la police arrêtait et menottait Ammon Bundy pour ne pas avoir respecté la décision de confinement décrété par l’Etat de L’Idaho. Chez lui, c’est devenu une maladie, cette opposition caractérielle. Il avait été sorti d’un bâtiment menotté sur un fauteuil à roulettes !
(2) le fait d’apparaître sur le net sous deux noms différents non plus : l’éternelle post-adolescente sous le vocable de « FreeTheMitten », Shelly Gregoire, qui se permet en Tweete un « mais les milices et Trump sont des terroristes alors »… (ici à droite) ou qui reprend du Rush Limbaugh, ou bien qui parle de » fascisme » quand Twitter supprime un compte !!!
Et la bien bien plus officielle candidate républicaine, appelée alors « Michelle » (Gregoire4House) et non « Shelly », son surnom de jeunesse.. tout en affichant un indécrottable amour pour le drapeau libertarien, ou qui moque le port du masque anti-covid préconisé par les démocrates et la gouverneure. On a affaire à une immature et une irresponsable total, avec trois enfants à charge on le rappelle !!! En photo ici à gauche, celle qui disait, étudiante, « posséder une arme depuis peu » : une belle menteuse, en prime ! Passionnant dédoublement de la personnalité chez elle !
Article précédent:
Les milices au Michigan, une vieille histoire… d’extrême droite (3)
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