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Coke en stock (CCXCVI) : de gros porteurs retrouvés incendiés pendant le Covid-19

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Pour ceux qui s’attendaient à du changement durant cette période troublée de pandémie, c’est raté : on a retrouvé des avions incendiés, une fois venus livrer leur chargement de coke, comme précédemment ces derniers temps. Aux endroits les plus courus ces derniers mois, dont le Mexique, comme on l’a vu, et au Venezuela, où l’on continue toujours à tromper la populace en la gargarisant d’exploits aériens imaginaires de la défense, ce qui dure depuis des années maintenant. Et quand des pilotes déboulent masqués, sur une île « sensible », ils se font pourtant arrêter, comme on va le voir aujourd’hui…

Quand les narcos font leur cinéma

 

Le 3 juillet, on est au Mexique quelque temps encore, après l’avoir visité hier, avec une photo bien classique dans cette longue série (bientôt le 300 ème épisode en dix ans !) qui nous rattrape. Celle d’un gros avion biréacteur au fuselage calciné. Il vient d’être découvert dans le Chiapas, à Mapastepec, sur la côte sud du Mexique, pas très loin de la frontière du Guatemala et de Retahuleu où a été trouvé le 19 juin dernier encore un collègue encore en train de brûler. C’est un vieux Gulfstream II G-1159A, lui aussi (ils se vendent une bouchée de pain, moins de 300 000 dollars pour ce N500EF, ancien des forces vénézuéliennes !), toujours doté de ses vieux réacteurs bruyants.  On avait détecté son intrusion dans l’espace aérien le mercredi 1er juillet, alors que le contact a été perdu le long de la frontière avec le Guatemala, et il a été découvert le lendemain calciné par la Sedena sur une piste clandestine. Celle-ci, visible sur Google Earth (ici à gauche) fait environ 750 mètres de long, ce qui signifie qu’il n’aurait jamais plus redécoller. Encore une mission kamikaze sans retour, consistant à amener sur place une tonne ou deux de coke, dont rien n’a été retrouvé bien sûr. Double surprise avec l’engin : ce n’est pas du tout un inconnu. Immatriculé XB-NRX, il a en effet déjà fait la une des journaux deux reprises. La première en juin 2108; où on nom avait été cité… en Equateur, lors de l’opération Megavalanche de Guayaquil qui avait vu l’arrestation d’un gang dirigé par les frères Larrea Cruz,  dont Eduardo Javier, ancien fonctionnaire de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), et un membre de la police et deux de la Force aérienne équatorienne (FAE), opération déjà décrite ici dans notre épisode Coke en stock CCLXXXVI. Elle menait jusqu’au président Correa et à la coke des Farcs !!! Rappelez-vous le fameux Duardo Larrea Cruz, et leur société Sky Jet Elite (lire ici), ainsi que huit autres Équatoriens qui faisaient partie d’une organisation qui envoyait de la drogue au Mexique. Trois mois plus tard à peine, le jeune frère, Juan Pablo Larrea Cruz , pilote équatorien, avait été capturé au Belize, le 10 septembre 2019, après avoir atterri dans un King Air Aircraft 200 (le N40RA ), transportant 1 347 kilos de cocaïne (ici à droite).  L’enquête nous avait conduit bien plus en arrière encore, le 20 octobre 2007, avec la capture de sept trafiquants et de pas moins de 3,7 tonnes de cocaïne dans la province septentrionale d’Esmeraldas, en Equateur, lors de l’opération appelée Huracán Verde, Il utilisaient déjà un Gulfstream type G-1159, de la compagnie « Empresarios del Calzado S.A« , immatriculé N378MB cette fois (ici à gauche). Un appareil enregistré depuis le 5 décembre 2019 chez TWA International LLC, de Carlos Villaurrutia, à Cheyenne, Wyoming, dont on connait les affinités avec le marché des narcos.

On avait découvert alors qu’ils avaient créé une société aérienne autre que Sky Jet Elite, appelée Airmaster, constituée le 17 septembre 2004 à Guayaquil avec 1 000 dollars de capital. Selon le registre de la Superintendency of Companies, elle fournissait des services de réparation et d’entretien d’aéronefs (un FBO donc, ici à droite). Son principal actionnaire s’appelait Flavio A. La société avait tenté de couvrir ses activités illicites par des vols intérieurs réguliers; et même en voyageant parfois à vide (ou avec un seul passager,, dont le pésident équatorien), et à cette fin, deux faux noms présentés comme «Mono» et «Chuy» étaient arrivés du Mexique; et une personne identifiée comme « Daniel », en août 2018, à bord d’un avion de type Gulfstream II blanc doré et rouge (ici à gauche), pour effectuer des vols charters entre Manta, Cuenca et Salinas, leur activité ayant à peine duré trois mois. En octobre 2018, ils avaient rapidement décollé de Guayaquil vers le Belize, après l’arrestation d’une tonne et de 144 kilos de coca à l’aéroport de Manta, dans le cadre de l’opération Impact 348 menée le 12 septembre 2018 (ici à droite). L’avion devait décoller vers Manta le jour même de la confiscation à la base, mais il n’avait  pas obtenu d’autorisation et il était resté un temps à Santa Elena, selon l’enquête. Celle sur la coke découverte en pleine base militaire, dont je vous ai parlé également dans l’épisode CCLXXXVI. Si pour balader le président Correa le duo de frangins utilisait le N378MB, c’est le Gulfstream XB-NRX, l’ex N227BA de Starwood Management (au lourd passé de trafiquants déjà) de 2010 exporté au Mexique dès le  29 juin 2013,  qui leur avait servi en effet pour transporter la drogue. L’avion était arrivé pour la première fois à Guayaquil d’Acapulco le 14 juillet 2018, un avion enregistré discrètement au nom de Mirian Patricia Moscoso Loyola, visiblement un prête-nom, la représentante légale de l’appareil pour l’Equateur. Un avion qui avait en fait réalisé fort peu de vols avant jusqu’au 23 octobre 2018, note un document interne de l’aviation  équatorienne après la découverte du trafic. On notera que les trafiquants avaient cette fois simplement changé les couleurs de bandeaux de l’avion, les faisant passer du rouge au bleu mais en gardant les mêmes tracés (à droite le même sous l’immatriculation ancienne N227BA).

L’avion avait en fait été vendu par Agro Servicios Ejecutios RM, SA de CV sous ce vocable. Et sous l’appellation se dissimule Rico Moreno, qui a largement enrichi ses propres sœurs Sylvia Jesús et María de los Ángeles au sein de la Sylma Construction Company, alors qu’il était sous-secrétaire aux Travaux publics, dans le gouvernement de l’Etat d’Hidalgo, du PRI de José Francisco Olvera Ruiz depuis 2011 (et maire de Pachuca). Les maisons construites par Sylma l’avaient été dans des zones inondables pour ne rien arranger..

« Au moins sept membres de la famille Rico Moreno sont actionnaires de neuf autres sociétés: Operadora Brilho, Concretos Doema, Construcciones Rihema, Construcciones y Desarrollos Inmobiliarios Rico, Inmobiliaria Edoma, Aero Servicios Ejecutivos RM, Promotora de Espacios Residencial Hidalgo, Operator Event Nikkia, Constructora Rial del Valle y Veviher. L’information a été divulguée après que l’entreprise de construction a été dénoncée par Leonardo García Vázquez pour des irrégularités dans le lotissement où il a acheté une propriété et qui a été construite par Sylma, ainsi que par le citoyen qui a signalé un éventuel conflit d’intérêts avec des responsables gouvernementaux«  explique ici Milenio.

Ceci pour la première surprise,
la seconde étant que le même avion était devenu entre temps une star du petit écran en ayant effectivement tourné dans l’épisode N°5 de la série « Le Seigneur des cieux »  sur le célèbre narcotrafiquant au surnom éponyme, Amado Carrillo Fuentes.

Cela avait été tourné sur l’aéroport Juan Guillermo Villasana dans la ville de Pachuca, Hidalgo, où était basé le XB-NRX.

A noter que le 17 juin l’avion avait effectué un petit saut de puce entre Monterrey et Saltillo, un des fiefs narco du pays (ou avait été tué le jeune journaliste anti-narco Valentín Valdés Espinosa le 8 janvier 2010; on avait retrouvé un mot des trafiquants accroché à son cadavre). A noter que la région où est atterri le Gulfstream a vu de nombreux autres avions s’y poser, tel ce Cessna Centurion, le 7 juin 2019 avec à son bord 18 gros paquets de cocaïne totalisant 480 kilos

Le Hawker de l’autoroute

Le 5 juillet (c’est tout récent !), nouvelle arrivée d’un biréacteur de type bien connu… au Mexique toujours, dans le Quintana Roo, région « sensible » comme on le sait, mais cette fois sur un endroit inhabituel pour un jet de cette taille. C’est carrément en effet sur la route fédérale Mérida-Chetumal (deux villes-clés du trafic, comme on le sait), au kilomètre 158, sur le tronçon Morelos-Polyuc appartenant à la commune voisine de Felipe Carrillo Puerto. distante de 10 kilomètros de José Maria Morelos.

C’est bien un Hawker, de type 700A; découvert en train de brûler, encore une fois, par des témoins et la police, le temps qu’elle ne se rende sur les lieux, appelés par des riverains  surpris de voir un tel engin à un tel endroit. Encore aussi une prouesse de pilote que cet atterrissage, quoique réalisé en plein jour. L’avion est immatriculé  XB-RCM,  comme le montre un de ses intrados une fois le fuselage fondu... (ici à gauche) et son empennage. Mais cette fois ce ne seraient pas les  trafiquants qui ont mis le feu à l’avion pense-t-on. Selon des versions de témoins sur place, en effet, l’avion a bel et bien été attaqué en vol par un hélicoptère des Forces fédérales mexicaines, et contraint de se poser avec déjà un incendie déclaré sur une partie du fuselage. La séquence, étonnante a été filmée vers 7h40 du matin  par deux témoins à bord d’un voiture. Leurs commentaires sont savoureux. On peut y entendre les tirs de l’hélicoptère en il semble bien.

« Des suspects se sont enfuis dans une camionnette qui les attendait déjà; on suppose qu’ils ont fui avec une cargaison de drogue » relève la presse. Selon d’autres témoins, ce sont bien les trafiquants qui auraient mise le feu à l’avion après l’avoir vidé : le scénario habituel en fait !!! En tout cas ils ont fait vite et c’est bien la preuve surtout que l’incendie n’a pas  été la résultante des tirs de l’hélicoptère mais que le scénario avait été écrit tel quel bien avant par les trafiquants qui avaient effectivement prévu de se poser à cet endroit précis pour y décharger leur cargaison !!! Un chargement retrouvé le 8 juillet dans un gros pick-up rouge, avec à bord 13 paquets de 30 kilogrammes chacun, soit 390 kilos au total. Le 9 juillet, on apprend dans le Mexico News Daily  comment ça s’est passé côté traque des militaires : « des responsables de l’armée de l’air ont déclaré dimanche au journal Milenio qu’il avait commencé à suivre la route de l’avion Hawker 700 peu après son décollage, vers 5 heures du matin, scanné depuis une piste d’atterrissage au sud de Maracaibo, Venezuela. L’avion, selon les autorités, n’avait pas de plan de vol et n’utilisait pas de transpondeur, ce qui correspondait au profil d’un «avion clandestin» utilisé pour la contrebande. Une fois que l’avion est entré dans l’espace aérien mexicain via la péninsule du Yucatan, les forces militaires ont envoyé des avions texans T-6C pour intercepter le Hawker et lui ont ordonné par radio à trois reprises de les suivre jusqu’à une base aérienne militaire à Cozumel. L’équipage du Hawker n’a pas répondu et a finalement atterri sur la route où un camion les attendait, ont indiqué les autorités. Les militaires ont envoyé du personnel des forces spéciales par hélicoptère (à droite des Bell 412 mexicains) pour intercepter l’avion qui avait atterri, mais au moment de leur arrivée, il était en feu et l’équipage avait été aperçu abandonnant la fuite dans la forêt ».

Le fameux XB-RCM n’est autre que l’ancien N943CE, ex N700SA, un HS-125-700A de 1981, ex ARA Aviation de 2014 installé à Dover dans le Delaware. Il n’a pass été repeint et est resté tel quel depuis des années. L’avion a été acheté le 26 septembre 2014 par Carlo Fabio Alvarez Ferreira, un entrepreneur propriétaire de plusieurs entreprises. Sur le site de la FFA, ce Hawker est indiqué comme ayant été « exporté au Mexique » a une date fort récente, avec comme fin de son inscription aux USA:  le 22 mai 2020 (ci-dessous) !!! Avec cet atterrissage, on se dit que la prochain étape est que les jets vont bientôt se poser dans l’arrière-cour des villas de narco de Mérida ou de Chetumal, à ce rythme !!! Livraison directe ! le Deliveroo de la coke !!! A la carte et à domicile !

On notera qu’à 10 km à peine de l’endroit où il s’est posé existe une superbe piste en béton marquée 10/28, répertoriée LCL: FCQ  (19-36-36.468N (19.61013), 088-04-27.4476W (-88.074291, destinée semble-t-il au tourisme et semi-abandonnée, ou désormais fort peu fréquentée. Elle fait 1200 mètres de long, ce qui fait un peu court pour rédécoller. Un gros Cessna 208B Grand Caravan à touristes, le XA-TWK de Servicios Aereos Milenio, société de ancien gouverneur Joaquín Hendricks Díaz (du PRI), s’y était écrasé au décollage le 14 juin 2010 à 2 km de là. Sous Diaz, la dette de l’Etat du Quintana Roo est passée de 761 millions de pesos à mille 928 millions de pesos dans sa gestion, avec une augmentation de 153% en six ans. L’avion avait plongé au sol nez en avant (ici à droite). Tous à bord étaient les employés du candidat politique au poste de gouverneur Roberto Borge Angulo, actuel gouverneur de l’État mexicain du Quintana Roo, notamment le chef de la sécurité du candidat, Fernando Marchán. Borge avait eu la vie sauve en prenant le vol de Felipe Carrillo Puerto à Cancun dans un autre avion léger, un King Air F90 immatriculé XA-JMO (LA-186). Il a été  arrêté depuis sur ordre d’Interpol le au Panama et inculpé pour corruption. Il en va ainsi dans le Quintana Roo…

Au Venezuela, on ment toujours autant

Au Venezuela, comme je vous l’ai déjà dit, on mentait avant le Covid19; on ne voit pas pourquoi on aurait cessé de le faire après. Exemple flagrant début mai cette fois encore avec l’annonce habituelle là-bas d’un avion « neutralisé » par l’armée de l’air, sinon même « abattu » par l’armée, le Ceofan, encore un gros mensonge. Ça commence par l’habituelle annonce « le Commandement opérationnel stratégique des Forces armées nationales a rapporté qu’il avait abattu dimanche un présumé avion transportant de la drogue dans le sud de l’État de Zulia« .

C’est l’ineffable général Padrino, fan de Twitter,  qui vient de nous présenter la chose… à sa façon, d’où le doute immédiat sur sa véracité. Cela fait belle lurette que Padrino n’inspire plus confiance  à quiconque, quoiqu’il puisse annoncer. Cela s’est produit le 7 mai, près du lac de Maracaïbo, aux alentours truffés de pistes clandestines comme on sait, et les premiers clichés révélés nous font vite comprendre ce qui s’est passé. Et on découvre après les clichés de Pardrino que ce qui paraît blanc au bord de la piste ce n’est pas que du sable ou des graviers : c’est une zone complètement inondée en réalité !

L’appareil, venu de Chetumal, s’est posé de nuit sur une énorme piste visible de loin (de jour), il a tenté de charger sa cargaison mais a été bloqué par la pluie, il s’est retrouvé quasi noyé et a été de fait considéré comme perdu, puis incendié par les trafiquants eux-mêmes. Il n’a pas été « abattu » encore une fois, mais avait été sagement rangé sur le côté de la piste en attendant certainement qu’on le ravitaille et qu’on le charge. Les précipitations abondantes ont ruiné les plans de ses utilisateurs. Il se peut aussi qu’il ait été abîmé en se posant, car ses volets sur l’aile droite étaient en mauvais état après l’atterrissage sur certains clichés (cf ici à droite). Tel qu’il est positionné, garé sagement dos à la forêt, il ne peut en tout cas en aucun cas avoir été « abattu » comme prétendu !

L’avion, un Hawker 700, arbore bien visiblement l’immatriculation XB-RBF sur son empennage et l’extrados de aile droite;  On découvre vite qu’en fait c’est le XA-ERM, qui date de 1981. Cela fait longtemps qu’il visite le Mexique : il a été exporté le 18 décembre 2013 par de Las Vegas, Nevada, une entreprise au lourd passé de… trafic de drogue, déjà comme j’ai déjà pu vous le dire ici avec Christian Eduardo Esquino-Nunez et le Hawker LXB-RYP loué pour tenter d’extraire le fils Kadhafi de Libye. Il portait alors l’immatriculation N53GH. Plus intriguant encore quand on découvre qu’en septembre 2019 il a amené en visite à Chetumal le président du Guatemala (ici à gauche) !!!

Le 1er juin, c’est un bimoteur à hélices qui est retrouvé incendié dans un endroit indéterminé au Venezuela (et encore une fois présenté comme « neutralisé » par les autorités !).

Encore un qui s’est posé tranquillement pourtant, et que les trafiquants ont eux-mêmes incendié. Tranquillement car la piste derrière lui est longue, bien dégagée et elle est nickel nous montre un des clichés (ici à gauche). C’est un Beechcraft type 200, à voir ses dimensions imposantes. Sa livrée particulière, peu courante, (moteurs et empennage vertical entièrement noirs ou soulignés de filets blancs et dorés) nous laissent envisager une identification possible.

Et en effet, après moult recherches, un appareil semble particulièrement répondre aux critères de décoration aperçus sur les vestiges découverts. L’engin est… mexicain, ce qui n’est pas vraiment une surprise, c’est un Super King Air 200, le BB-1137, à la longue carrière depuis 1983, qui a débuté N113KA, c’est un ancien  Stevens Aviation Inc, Jamestown Metal Marine Sales, Leo Jackson Motorsports Inc (comme N6654Q), Andy Petree Racing Inc sous l’appellation N133LJ, Andy Petree Racing Inc, Gantt Aviation Inc (déjà cité ici), Dexter Airways LLC, LWood Aviation Inc, Carrefour Air LLC, JetBlack Aviation Inc, et Pollard Aircraft Sales Inc, un broker bien connu déjà cité ici également, devenu chez lui N333AP avant de s’envoler au Mexique pour Boca del Río, à Veracruz, et adopter l’immatriculation XB-TGO le 27 juin 2013. Il a été photographié ici à droite au Toluca Licenciado Adolfo Lopez Mateos Airport, le 29 juin 2015. Sept ans de présence au Mexique, appareil de 37 ans d’âge, voila de quoi satisfaire les critères du candidat moyen à finir sa carrière dans un ultime voyage bourré de coke. Ce que l’on ignore c’est pourquoi ne pas avoir redécollé. Car selon les lois du marché, le Venezuela est un lieu de chargement et non le contraire… Défaillance technique de dernière minute ?

Le 30 avril, près de Torres, vers 14h, heure locale, un ouvrier de l’hacienda Frontera entend un bruit sourd pas loin, alors que le temps est exécrable dans toute la région. Un Cessna T210N Turbo Centurion vient de s’écraser le nez en avant pas loin dans le secteur de Tuqueque, dans la paroisse d’El Blanco au sud de l’Etat de Falcon. Des habitants de des hameaux de Palmichal et Las Flores ont aussi entendu l’avion tourner au dessus de leurs têtes avant le crash. Il faudra 5 heures aux autorités parties de Quebrada Arriba pour arriver par route sur le lieu de l’accident. Sur place, il y a un Cessna type Centurion complètement broyé, encore rempli de huit bidons blancs de carburant (vides) et deux personnes décédées qui semblent être des mexicains. L’avion est immatriculé (faussement) N548JD. Ce denier selon la FAA a certes été exporté au Mexique le 2 août 2013, mais l’avion était alors rouge, or et blanc, tandis que l’épave découverte est elle bleu, noir, gris et blanc. Sur Twitter, une remarque sarcastique visant Padrino : « un avion s’écrase et personne ne sait rien ? Et nos radars superperformants alors ??? » A noter qu’encore une fois la presse met en ligne les photos d’un autre crash, au pilote alors décapité, pour ajouter à la confusion habituelle...

Toujours la même équipe…

Et comme c’est sans fin, cette histoire, nouveau réveil en fanfare le 8 juillet, avec un énième appareil retrouvé incendié annoncé par la FAB vénézuélienne avec fort peu de précisions sur l’endroit exact où il a été trouvé, un appareil prétendu  « mexicain » qui serait venu de Cozumel où il s’était posé dans la nuit. Un compte Instagram précise qu’il a été découvert du côté de la communauté de San Félix, au sud-est de Casigua… dans le Falcon, qui est à peine à 10 km de la côte dans la baie de Maracaïbo, un secteur truffé de pistes clandestines. On a droit à une vantardise de plus, mais cette fois de grande dimension : « Juan Teixeira Días, commandant de la Défense aérospatiale globale, a indiqué que 193 avions abattus avaient été comptés depuis que les accords avec la DEA et leur expulsion du Venezuela avaient été désactivés »; indique le communiqué officiel (pour la propagande complète c’est ici et c’est… risible). En réalité, pas un seul n’a subi ce sort : tous ont été trouvés au sol incendiés par les trafiquants ou l’armée bolivarienne qui ne savait pas comment les récupérer. Comment peut-on mentir autant à son peuple ? Derrière ce énième mensonge, se cache un superbe Hawer 800 XP, de couleur noire et blanche, datant de 1994, N°258255 de construction, doté de winglets, qui n’as pas été repeint, donc. Son avant-dernier vol a été suivi sur AirNav, il venait effectivement d’effectuer le trajet Toluca-Cozumel, deux lieux qui ne cessent d’apparaître ici depuis des mois comme impliqués dans ce trafic sans fin. L’avion est immatriculé N339AV, comme on a pu le distinguer sur ces débris fumants. Et le plus étonnant, ou ce qui ne l’est pas pour ceux qui nous suivent ici depuis des mois, ce sont ses propriétaires. Car encore une fois on retrouve les mêmes individus, ces brokers que l’on ne cesse ici de dénoncer sans que personne ne veuille suspendre leur commerce florissant. A en devenir lassant, à voire cette FAA qui ne fait rien pour que ça change !!!

Un acte de vente récent (ici à droite) en fait en effet la société KMWFlight LLC, une énième fiducie, avec comme propriétaire un dénommé Alex Morales, propriéraire également du Gulfstram GII N227LA (N°103), déjà cité ici comme futur prétendant à un trajet chargé de coke, un ex Three Hundred Sixty Degrees LLC, et de  deux autres Hawker 800A, le N671MM (N°258014), ex N484AR et  N298AG, et le N800WA acheté lui aussi fort récemment, le 18 avril 2020, ce qui le rend… douteux. Le vendeur du premier étant… Three Hundred Sixty Degrees LLC, déjà dénoncé moult fois ici, l’appareil ayant été annoncé auparavant en vente le 7 mars 2019 chez Projets, Three Hundred Sixty Degrees LLC l’ayant acheté le 12 avril … pour le refourguer l’année suivante, le 15 avril 2020 !!! A gauche l’intérieur encore parfait de l’avion incendié : quel dommage encore une fois ! L’adresse de sa fiducie de KMWFlight donne sur une tour de bureau de Wilmington.. dans le Delaware. Il gère pas moins de 250 adresses de sociétés… Des avions inquiétants, car si l’on observe de près par exemple le N298AG on s’aperçoit que tout en ayant gardé son immatriculation américaine en N, il arbore sur les côtés avant de son fuselage, près du cockpit, un petit drapeau mexicain, celui lié aux XA et XB. Et lui aussi a été proposé à la vente chez Projets (c’est aussi l’ex appareil de Francisco Mendoza Arellano d’Irving, Texas).

L’examen attentif des derniers vols du N339AV (à gauche sont cockpit, en excellent état) montre qu’il n’a volé qu’au Mexique dans les mois qui ont précédé et parfois pour pour des vols très courts d’un demi-heure et 120 miles nautiques, entre l’aéroport Adolfo Lopez Mateos, à Toluca donc et celui de General Jauna N Alvarez par exemple, qui est situé à Acapulco. Le plus long vol étant entre Acapulco et.. Cancun (893 miles nautiques). Les trois derniers pour KMWFlight, tous les précédents pour… Technical Aviation LLC (cité ici), le troisième nom de notre liste de brokers indélicats, après Three Hundred Sixty Degrees et Projets.

Des trafiquants qui avancent masqués…

Voler à longue distance est tout un art. Celui de la consommation d’essence en particulier. Le 17 mars, à Aruba, on a eu affaire à une photo insolite pendant cette période de pandémie : deux pilotes, portant bien un masque anti-coronavirus, mais placés pourtant en détention dans une camionnette de la police locale ! La scène d’avant (ici à gauche), ils avaient été photographiés menottés au pied du train avant de leur Hawker 800, venu se poser de nuit sans autorisation sur l’aéroport Reina Beatrix. Autour d’eux, toute une floppée de véhicules gyrophares tournant (ici à droite)… parmi eux, des véhicules conduits par des gens de la DEA avait-on appris. L’appareil s’était en effet posé en express sans en avoir le droit et ils étaient logiquement accourus, suspectant un possible trafic de drogue ! La presse évoquant de « mystérieuses valises » à bord. Le communiqué qui avait suivi était plutôt succinct : « les autorités de l’île ont déclaré que l’avion était en route vers Caracas et a atterri à Aruba sans autorisation. L’aéroport a répondu conformément aux protocoles et les autorités ont été avisées de prendre en charge l’enquête. L’avion a été déplacé pour préparer l’aéroport à ouvrir ses opérations normales à 19 h. L’aéroport est actuellement ouvert et opérationnel. Selon des informations officielles, l’avion volait du Mexique à Caracas, au Venezuela ». Si l’acte en lui-même est un grand classique (l’avion s’est retrouvé à court de carburant et a dû se poser en catastrophe, en fait !) c’est son matricule qui retient toute notre attention : c’est en effet le N834MM (ici à droite encore N3QG chez ProJets avant d’être repeint), sans trop de surprise (hélas !) encore un avion de OnePoint Avionics LLC de Mario Munguia,  le Hawker 800 N°258127 comme exemplaire précis !!! Acheté le 19 février précédent à peine !!! Il est ici à gauche sur l’aéroport de Reina Beatrix le 21 mars dernier, toujours bloqué par la police. On constate que l’atelier de peinture de OnePoint Avionics (ou de ProJets, plutôt) est au point, avec une finition soignée (exemple avec le N700NW, qui a pourtant fini écrasé). OnPoint Avionics LLC , un grand habitué désormais de la refourgue de jets à des narcotrafiquants ! Le 4 février dernier, le N834MM s’était rapproché déjà de l’endroit où il s’est fait prendre, en effectuant un vol direct d’un peu plus de trois heures Las Vegas- Toluca (la veille il était parti de Tucson, Arizona) :

 

Aruba, cité depuis longtemps ici (notamment avec le fameux « poulet » Hugo Carvajal, « El Pollo), n’est qu’un maillon d’une longue chaîne connue, parfaitement résumée ici par le site Infobae : « le trafic de cocaïne comprend l’utilisation d’avions ultra-légers chargés de marchandises colombiennes. Un récent rapport de la chaîne de télévision colombienne Noticias Caracol rapporte que les avions sont achetés par le cartel de Jalisco Nueva Generación (CJNG). Du Mexique, le transport aérien part pour le Venezuela, en passant par l’île d’Aruba. Les émissaires mexicains passent par le contrôle de l’espace aérien vénézuélien, où un complice de l’armée de l’air de ce pays empêche les narcojets d’être abattus. Une fois autorisés, ils se rendent dans la partie supérieure du Venezuela et atterrissent dans l’État de Zulia, à la frontière de la Colombie. 

À ce stade, les avions descendent sur des pistes clandestines et sont chargés d’au moins une ou deux tonnes de coca, du département de Santander, en Colombie. Avec la cargaison à bord de l’avion, les assassins du CJNG retournent au premier point d’entrée: l’île d’Aruba. Là, ils se dirigent vers le Guatemala et le Honduras. Dans les pays d’Amérique centrale, les avions sont détruits en quelques minutes, car les assassins n’utilisent pas le même avion pour trafiquer des drogues vers les États-Unis. Une fois que la cocaïne est sur le territoire aztèque, elle est introduite aux États-Unis par voie maritime, aérienne, des voitures particulières ou des camions. L’argent récolté par la vente de drogue aux États-Unis est blanchi par les bureaux de change opérant en Colombie. En amont, les billets passent par le Panama, entrent à Cúcuta, en Colombie et sont investis dans les récoltes, la production et les expéditions de nouvelles drogues. Pour légaliser l’argent, des appartements, des maisons et des véhicules sont achetés ».

(1) des analystes parlent de désastre pour le trafic, ce que je ne pense pas. Une baisse de la consommation semble bien avoir été constatée, mais sans plus. Si l’ONU clame que les routes aériennes officielles ont été perturbées, c’est exact. Mais tout le monde sait que l’essentiel du trafic n’est justement PAS officiel, la preuve ici depuis des années ! Dans certains pays comme le Venezuela c’est plus le manque d’essence nécessaire à la fabrication de la cocaïne qui a eu une influence sur la production !

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.


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