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Coke en stock (CCXCIV) : un gouverneur en ligne de mire

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Dans le Campeche ou le Quintana Roo, dans le Yucatan, au Mexique,  la facilité avec laquelle les appareils atterrissent et leurs pilotes s’échappent, ou les enquêtes qui suivent tombent à l’eau laissent entendre des interventions politiques favorisant le trafic. Ce n’est donc pas vraiment une surprise quand on tombe sur l’un d’entre eux, de politicien, détenteur en prime d’une compagnie aérienne d’avions privés comprenant des petits jets. Une homme riche, à voir l’étendue de son énorme villa gardée jour et nuit par un véritable escadron d’hommes en armes. Un homme mis en cause nommément par la presse et qui réfute toujours les accusations portées contre lui. L’arrestation de tout un réseau tendra à prouver que la presse avait pourtant raison, en détectant comme nouvel épicentre du trafic la ville de Merida, en proie à une frénésie touristique et immobilière hors du commun…

La mise en cause du milieu politique

Au milieu de ce remue-ménage d’avion qui ne cessent d’atterrir, des rumeurs commencent à bruisser un peu de partout, tant la situation au Quintana Roo est devenue anormale. Un événement va mettre le feu aux poudres, en septembre 2017, avec cette annonce un peu étrange ; celle de l’octroi gouvernemental du droit de se poser accordée à pleurs aérodromes mis au nom d’une seule entreprise, qui les récupérait ainsi, même si certains étaient depuis un bout de temps à l’abandon : tout le monde se posait alors la question de savoir quelle mouche avait piqué son responsable, car leur rentabilité future semblait en effet bien lointaine : « La société VIP Servicios Aéreos Ejecutivos S. A. de C. V. a obtenu des permis pour l’exploitation de trois aérodromes dans la partie sud de l’État, qui commenceront leurs opérations dans les prochains jours. Juan José Fernández Carrillo, directeur général de la société, dont les actionnaires sont le gouvernement de l’État et Apiqroo, a expliqué qu’il s’agit de Mahahual, Pulticub et Kohunlich dans le sud de l’État. Les permis, autorisés par la Direction générale de l’aviation civile, permettront de réactiver la circulation des personnes par voie aérienne, après l’abandon, pendant des années, de ces infrastructures ». Vous l’avez reconnu, le premier cité, qui possède bien une longue piste en dur, est celui où était venu se poser le gros Gulfstream N18ZL rempli de sacs de toiles débordants de pains de coke. Celui décrit dans note épisode « Coke en Stock (CCLXIII-263) : Jet de brousse et détour par l’Argentine » (car l’avion était passé par là pour faire diversion !) Il avait été contraint de s »y poser par l’armée mexicaine qui l’avait pris en chasse !


L’affaire de la prise de contrôle des trois aérodromes semblait anodine mais surtout incompréhensible, économiquement parlant. « L’entreprise travaille à la recherche de fonds économiques proches de 10 millions de pesos pour compléter certains ajustements des installations afin qu’elles soient à 100%. «Nous avons déjà obtenu les trois premiers permis et nous espérons avoir bientôt ceux correspondant à Felipe Carrillo Puerto et Isla Mujeres. Dans le cas de Majahual, cela fonctionne déjà et au cours des deux premières semaines, nous avons eu quelques opérations qui, nous l’espérons, augmenteront « , a déclaré la personne interrogée…. Bref, pourquoi donc Servicios Aéreos Ejecutivos S. A. de C. V s’était-il soudainement intéressé à ces aéroports dont certains carrément vacants depuis des années ? Et qui ne rapportaient rien sinon que des ennuis ? Même si certains étaient situés comme on l’a vu près de sites archéologiques touristiques non encore pleinement développés ?

Pour se rendre à Pulticup, qui est en bord de mer, par exemple,  il faut en effet se poser sur l’aérodrome de Sian Ka’an à cinq heures de Cancun par voiture. Pour y aller, il faut prendre… un Cessna 208B, par exemple, comme ce XA-AXT de Taxi Aero Cancun (ici à droite). Sur l’île de Cozumel, on a aussi l’aérodrome de Capitán Eduardo Toledo situé à part (à 12 km)  de l’aérodrome pour les jets. L’endroit est connu, c’est là où s’est tué le pilote acrobatique Fred Cabanas (ici sur P-51) le 15 janvier 2013 non pas à bord de son T-6 Texan mais d’un Decatlón immatriculé YS-175-P (ici à gauche) avec comme passager le présentateur de télé Jorge “Chori” López Vives., décédé également.

Pourquoi cet intérêt subit pour les petits aérodromes ? L’explication, on l’aura plus tard. Revenons quelques années en arrière, en attendant, avec une autre proposition gouvernementale. Elle date de 2005 et aura des répercutions des années plus tard comme va le voir. C’est celle à propos d’un bête terrain, dont le prix de vente va faire en quelques temps une étonnante culbute : « l’IPAE a attribué au terrain de plus de 15 hectares (154 000 709 mètres carrés,) une valeur d’un peso au mètre carré, soit 154 000 709 pesos. Le 8 décembre 2005, l’IPAE, avec comme propriétaire Francisco Evadio Garibay Osorio, l’a vendu à Servicios Aéreos Milenio, à Ricardo Urzúa Rivera, pour 3 millions 094 milles pesos; le 8 juin 2007, Servicios Aéreos Milenio l’a transmis à la Corporación GEO SA de CV, représentée par Víctor Segura Gómez et Luis Ignacio Abdeljalek Martín, pour 22 millions 517 milles pesos, ce qui signifie qu’en un an et demi la propriété est passée de 3 millions de pesos à 22,5 millions de pesos. Cette vente a rapporté à Ricardo Urzúa un bénéfice de 19,5 millions de pesos. Trois mois plus tard, le 21 septembre 2007, GEO Corporation a vendu le terrain à Bacalar Bienes y Raíces S.A. de C. V., représenté par Elías Reyes Castellanos, pour 33 millions 988 milliers de pesos; c’est-à-dire qu’en deux mois, le terrain a augmenté sa plus-value de près de 11 millions de pesos. » 

Etonnante culbute financière dans laqelle était apparu pour la première fois le nom de Ricardo Urzúa Rivera. On va entendre à nouveau parler de lui en effet: « Servicios Aéreos Milenio appartient au sénateur Ricardo Urzúa Rivera et compte parmi ses partenaires fondateurs Servicio Gobernadores SA de CV, représenté par Gabriel et William Jorge Karam Kassab, des personnages liés à l’industrie des stations-service et à plusieurs noms de politiciens PRI de haut niveau tels que Roberto Madrazo et des hommes d’affaires de première ligne comme Carlos Hank Rohn (…) Servicios Aéreos Milenio a connu une croissance particulière dans l’administration de l’ancien gouverneur de Puebla, Mario Marín, qui était le principal utilisateur de son avion. » On sent pointer la corruption là, et en effet, et en quelques années elle va prendre des dimensions incroyables…

Mais laissons la presse du cru nous l’expliquer : »L’ancien gouverneur Mario Marín Torres a favorisé Servicios Aéreos Milenio (SAM) avec des contrats allant jusqu’à 132 millions 485 mille pesos pour la location d’avions, dans le même temps, Ricardo Urzúa a également reçu des faveurs politiques du gouverneur, car il a d’abord été nommé substitut d’Ardelio Vargas Fosado, en tant que député fédéral et à la fin de son mandat de six ans, l’a récompensé par une députation locale ». Bref un échange de bons procédés : « tu me balades en jet et en échange je te fais élire quelque part » ! De la corruption pure et simple !!! « Des informations publiées en août 2017 ont révélé que dans l’administration de Roberto Borge Angulo, la société Servicios Aéreos Milenio SA de CV a reçu du para-public de Quintana Roo VIP Servicios Aéreos Ejecutivos SA de CV (VIP Saesa), plus de 101 millions 200 mille pesos dans les contrats. ». A droite ici le relevé des cadeaux de vols faits aux politiciens par l’entreprise, qui semble en avoir pas mal arrosés !!! Toutes les photos d’appareils qui vont suivre dans ce chapitre sont celles de la flotte de Servicios Aéreos Ejecutivos SA de CV…

Un autre magazine d’enquêtes, Expansión,  précisant encore : « Expansión indique qu’à travers le consortium parapublic `` VIP Servicios Aéreos Ejecutivos SA de CV  » (VIP Saesa), elle a sous-loué 22 compagnies pour fournir des services de taxi aérien: pour cela, elle a payé plus d’un milliard de pesos, selon l’enquête. Expansión affirme que parmi les entreprises autorisées à fournir des services de taxi aérien figure «Servicios Aéreos Milenio SA de CV», une société liée au sénateur PRI Ricardo Urzúa Rivera, partenaire majoritaire et président du conseil d’administration de ladite société. Borge et son gouvernement, à travers cette entreprise paraétatique, « ont favorisé cette entreprise avec des paiements de 101,2 millions de pesos, selon les informations fournies par l’agence à la Commission du Trésor du Congrès de l’Etat », explique le magazine.

Et celui-ci d’expliquer en détail la méthode mise en place, qui a été digne de procédés mafieux : « et voici un peu d’histoire: le sénateur Urzúa Rivera a remplacé en 2014 l’actuel chef du Bureau du procureur général de la République (PGR), Raúl Cervantes, qui a un dossier d’enquête ouvert contre Roberto Borge, détenu au Panama pour des opérations présumées avec des ressources d’origine illicite. Au Sénat, Urzúa Rivera est un collègue de l’ancien gouverneur Félix González Canto, membre de la Commission de lutte contre la corruption et la participation des citoyens. Quelle coïncidence! » Bref une véritable manipulation de la justice mexicaine destinée à protéger les profiteurs de l’Etat !!! Et pire encore avec ceci, avec cette accusation beaucoup plus grave, énoncée le 24 septembre 2019 : « sous le gouvernement d’Alejandro Moreno Cárdenas, «Alito», actuel dirigeant national des PRI,  le Campeche a de nouveau occupé un espace dans l’atlas du trafic de drogue, de telle sorte que les municipalités de Calakmul et Hopelchén sont devenues un narco-aérodrome où des tonnes de drogues, principalement de la cocaïne, ont été déchargées d’Amérique du Sud. Le fléau du trafic de drogue a également suscité du ressentiment, en ce qui concerne le transfert et le stockage de drogues dans les municipalités susmentionnées, en plus de Carmen »…

Proche des trafiquants, dont les rivalités entre eux sont bien connues, notre fameux « Alito » Cardenas a donc mis en scène tout un cirque de représentation extérieur entouré d’hommes armés, ne se déplaçant désormais plus qu’en voitures blindées, en criant haut et fort que les Cartels voulaient sa mort, bien sûr. « Pour se faire une idée du renforcement de la carrosserie et du verre des véhicules dans lesquels «Alito» était transporté, il suffit de se référer à l’accident que l’un de ces véhicules a eu le 8 juin 2018, lorsqu’un de ses gardes a été heurté par un train. Malgré le fait que l’engin roulait à vitesse régulière il a été traîné sur sur plusieurs mètres par la locomotive, et ses fenêtres n’ont même pas été brisées » note le journaliste. Un déploiement de sécurité énorme, payé par la région, par les impôts des électeurs, donc, pour un homme qui s’est aussi occupé en priorité de son immense villa un véritable palais en réalité.

« Un autre aspect à souligner est la disposition abusive du personnel de la sécurité publique par Alejandro Moreno Cárdenas. La police elle-même était chargée de signaler – en octobre de l’année dernière – que l’ancien chef de l’exécutif de l’État avait à sa disposition au moins 50 éléments pour garder le manoir de Lomas del Castillo. En fait, à l’exception de certaines familles de la classe supérieure qui vivent également dans le lieu, personne ne peut entrer ou sortir du lotissement luxueux, accessible par l’Avenida ». « La « Maison Blanche » a un coût estimé à 46 millions de pesos et se compose de 1 900 mètres carrés. «Alito» a acquis un terrain à Lomas del Castillo entre 2012 et 2015, alors qu’il était député fédéral pour le PRI. Ainsi, pendant cette même période, avant d’assumer la fonction de gouverneur, Moreno Cárdenas a repris 13 propriétés totalisant 7 000 mètres carrés dans la même zone résidentielle, qui est une zone haute valeur ajoutée. Dans cette subdivision, le mètre carré de terrain a une valeur de 3 500 pesos, donc seul le terrain de « Alito »Il  coûte aujourd’hui  24,5 millions de pesos. « En outre, les constructeurs et les experts immobiliers ont signalé un coût minimum de 12 mille pesos par mètre carré de construction, de sorte que le bâtiment à lui seul est évalué à environ 22,8 millions de pesos ». Bref, pour résumer, de la prévarication pure et simple !!!

Une grave accusation

Et pendant ce temps, la drogue entrait comme elle voulait dans l’Etat : « de 2000 à 2011, environ la cocaïne sud-américaine est entrée et a été transférée dans des ranchs et des zones inhabitées des municipalités d’Escárcega, Calakmul, Candelaria et Carmen, mais au cours des trois dernières années, pendant l’administration de Moreno Cárdenas, l’entrée de drogues du Centre et Sud Amérique, a été facilité par des trafiquants de drogue dans les municipalités de Hopelchén et Calakmul, où même les lit secs d’une lagune « . « En ce qui concerne l’intensité avec laquelle le sol de Campeche a été utilisé par les narcoaviateurs, il convient de mentionner l’une des dernières déclarations du général de brigade DEM, Vicente Antonio Contreras Gómez, commandant de la 33e zone militaire, qui a déclaré que depuis son arrivée le poste – dont il a pris possession en décembre 2018 – a appris que 8 à 9 narco-avions avaient opéré à Campeche. (…) 

Et le journal de continuer : « avec l’occupation du spectre aérien de Campeche par des trafiquants de drogue, à l’époque d’Enrique Peña Nieto et Alejandro Moreno Cárdenas, les vastes zones agricoles de Hopelchén et Champotón ont été transformées en grands aérodromes pour le trafic de drogue, a-il été révélé à POR ESTO! par des sources policières et des chefs paysans qui, pour des raisons évidentes, ont demandé l’anonymat ». « Personne ne veut parler de l’épineuse question du trafic de drogue. Aucun acteur politique n’est intéressé à aborder la question de front, mais ils n’hésitent pas à affirmer que si oui, « le Campeche est aujourd’hui un marchand et un entrepôt de narco-narco-drogue », c’est parce que l’autorité a été complice et a créé les conditions nécessaires pour qu’il en soit ainsi ». Sidérant accusation !

Selon une étude réalisée par le journal, « depuis 2005, sur le territoire de Campechano, un phénomène assez grave a commencé à se produire: Les trafiquants de drogues qui distribuaient dans la région sud de Campeche, ont commencé à payer avec de la drogue ceux qui fournissaient des « services », sur terre, de telle sorte qu’il est resté plusieurs dizaines de kilos de cocaïne dans le sud-est du pays et qui étaient en cours de distribution. En juin dernier, le secrétaire à la Santé lui-même, Rafael Rodríguez Cabrera, a assuré qu’à Campeche, le pourcentage de jeunes qui consomment un certain type de drogue a augmenté de 11,2%, ce qui signifie qu’un peu plus de 33 000 jeunes sont dépendants. à des substances comme la cocaïne, qui est considérée comme une drogue dure, ainsi que la marijuana, la plus courante ». Bref, que la gangrène s’était installée car les politiciens du cru n’avaient strictement rien fait pour l’endiguer et au contraire même… Conclusion sans mettre de gants du journal : « depuis longtemps, le trafic de drogue s’est installé à Campeche, avec la complicité des dirigeants du PRI; d’abord, afin de ne pas avoir de problèmes avec la violence, puis, déjà avec une tendance à partager les bénéfices. » Retour donc à ce endroit à l’époque des années 90, pour la région cette fois, là où l’Etat Mexicain tout entier était devenu un pays trafiquant (cf l’épisode 2 de la série « Histoire du trafic de drogue » de Julie Lerat et Christophe Bouquet, sur lequel j’émets cependant de forts réserves (1)) ! Je reviendrai un peu plus tard sur la période, marquée par la présidence De Gortari, un véritable Machiavel qui a pourri les institutions du pays pour des années…

Chez les trafiquants, un sérieux revers qui révèle toute l’organisation

Le 28 octobre 2019 on arrête (enfin) un des protagonistes de ces envois ; l’un des responsables surtout !!! Et c’est un… bélizien, qui est aux ordres d’un baron mexicain !!!  « Dans la ville de Mérida, au Yucatán, la police du ministère de la Sécurité publique (SSP) a arrêté le Bélizien Dioney Rolando Trujillo,alias «El Nene» (ici à gauche), membre présumé de la cellule du cartel de Sinaloa, qui opère à Chetumal et dans le sud de Quintana Roo, avec José Antonio Ongay Gonzalez, membre de Quintana Roo du même groupe criminel » (ici à droite). Rolando est en réalité au service de Zurisaday Villaseñor Mendez, l’homme du cartel de Sinaloa à Chetumal et pour tout le sud du Quintana Roo !!!

Voilà pourquoi donc on retrouve tous ces avions dans le même secteur frontalier, celui tournant autour de Chetumal, nœud gordien du trafic de coke !!! Les béliziens ne peuvent alors que s’en prendre à eux, et à leur sytsème judiciaire à trous béants, car une photo montre le même Villaseñor Mendez menottes au mains (ci-dessous à droite), en train de sortir d’un commissariat de Corozal (situé à 13 km seulement de la frontière mexicaine !). Pincé à l’hôtel Las Vegas, installé sur la zone franche de Corozal, la police ayant trouvé des armes à feu et de la drogue dans sa chambre. Après le versement d’une caution de soixante-quinze mille dollars décidée par la Cour Suprême, on lui avait accordé le le 10 février 2014 le droit de quitter le pays, libérant ce jour-là un des cerveaux de tout le trafic !!!

C’était en octobre 2012; et il venait de se faire Le vrai chef étant le « supérieur » de Mendez, à avoir celui que l’on surnomme « La Galina », un des adjoins d’El Chapo  : « L’arrestation de ces présumés opérateurs du cartel de Sinaloa à Quintana Roo, qui est liée à l’augmentation de la fréquence des atterrissages et des déchargements de narco-avions à la frontière entre le Mexique et le Belize, confirme qu’ils ont étendu leurs activités de trafic de drogue et ont présence à l’intérieur de la péninsule du Yucatan, atteignant même la capitale du Yucatan. »El Nene », détenu dans la subdivision Altabrisa, avec près de 3 kilos de marijuana et des armes à feu, se serait trouvé à Mérida pour se réfugier, après avoir été détenu avec une arme à feu à Chetumal en juillet dernier, pendant deux jours après sa libération. Dioney Rolando fait partie de la cellule qu’il dirige à Chetumal et dans le sud de l’État de Zurisaday Villaseñor Mendez alias «El Zury», qui est l’opérateur de Roberto Nájera Gutiérrez , alias «La Gallina», chef du cartel de Sinaloa dans le sud-est du pays. (ici à gauche). Avec ses autres collègues il fait partie du réseau qui fournit un soutien logistique et des fournitures pour les avions légers d’Amérique du Sud, qui déchargent des drogues dans le nord du Belize, à la frontière de la rivière Hondo, la municipalité de Bacalar et maintenant jusqu’aux limites de Quintana Roo et Campeche, à l’intérieur de la péninsule du Yucatan ».  Voilà, on y est, on a les trosi noms qui s’affichent en même temps !!! « Les avions Cessna, comme celui qui a été détruit près de Río Verde, le 25 octobre (2018, ici en trois clichés) et celui qui a été incendié le 30 août près de la ville de Payo Obispo, également dans la municipalité de Bacalar, sont les favoris des trafiquants de drogue du cartel de Sinaloa opérant dans le sud de Quintana Roo et du Belize, pour leur autonomie de vol, leur capacité à se perdre dans les zones de montagne et à voler à basse altitude, ainsi que pour atterrir même dans les champs, les routes voisines et les chemins des récoltes, ou dans toute zone de poussière ou d’asphalte. Apparemment pour cette raison, ce type d’avion est utilisé pour exploiter la route de transfert de drogue dans le sud de Quintana Roo, bien qu’elle soit maintenant détournée, l’éloignant de la frontière avec le Belize et le transportant vers la partie centrale de la péninsule du Yucatan, ce qui témoigne également de l’étendue du contrôle exercé par le cartel de Sinaloa dans le sud de l’État. Pour ces opérations, le cartel de Sinaloa est chargé de fournir tout le nécessaire aux pilotes et aux aéronefs qui, selon les assurances données des deux côtés de la frontière, peuvent être des King Air Jets ou des avions de type Cessna »… tout ce que l’on vient de décrire pour Belize, par exemple !

Reste la rémunération de ceux qui transfèrent : « l’arrestation au Yucatan de ces présumés opérateurs du cartel de Sinaloa, Rolando M.C., alias «El Nene», et de José Antonio, confirme seulement que leurs activités s’étendent à l’intérieur de la péninsule du Yucatan, pas seulement à Quintana Roo; et que pour recevoir leurs envois de stupéfiants dans la zone sud de l’entité, notamment dans les communes d’Othón P. Blanco et Bacalar, ils sont fournis en nature et en argent avec le soutien qu’ils obtiennent sur le terrain pour la logistique du débarquement, du déchargement et fourniture des « narcoavionetas » (à gauche ici c’est le Cessna immatriculé  YV-2887 retrouvé sur un chemin de Bacalar, dans la zone archéologique d’Oxtankah à  Calderitas, dans le Quintana Roo, le 16 septembre 2019; à gauche son empennage.

 « Autrement dit, ils sont payés pour transférer l’essence d’avion et d’autres fournitures avec de la cocaïne pure, qui après avoir été stocké et traitée à Othón P. Blanco et Bacalar, en particulier dans la communauté de Limones, dans la deuxième municipalité, est transférée dans différentes villes de la zone sud-sud-est du pays pour sa bonne commercialisation dans les zones chères et de grande valeur, comme en témoigne l’arrestation de « El Nene », dans la subdivision d’Altrabisa » (2 vues ici des villas agglomérées du secteur , une urbanisation catastrophique pour nouveaux riches !), « l’une des zones les plus chères et luxueuses de la capitale du Yucatan. Appartenant à la cellule dirigée par Roberto N.G., alias «La Gallina», ces hommes dirigent une partie des narco-cellules chargées d’approvisionner le vaste marché péninsulaire, démontrant le contrôle et toute la puissance que ce groupe criminel exerce à Quintana Roo. «El Nene» a été arrêté en juillet dernier, par les autorités militaires et policières de l’État, sur le pont d’accès aux douanes de Subteniente López, à 20 minutes de Chetumal, avec 4 autres sujets, en plein jour ».

Mérida, épicentre narco

« La Gallina » est alors déjà en prison, en réalité : le 26 avril 2018 il a été condamné à plus de six ans de prison (six ans, huit mois de prison et 166 jours) pour port d’armes à feu prohibées. Il avait été appréhendé en janvier de l’année précédente (2017) avec deux autres personnes dans un poste de contrôle de la police du ministère de la Sécurité publique (SSP) sur la route de Tizimín, dans l’est du Yucatan. Dans sa voiture, un gros pick-kup rouge ; la police de l’État avait saisi une arme de calibre 7,62 x 39 millimètres; deux pistolets de 9 millimètres (dont un Glock 19, cf l’image à droite) ; une carabine de calibre .223; et un pistolet de calibre .45 millimètres, ainsi que 65 cartouches neuves de différents calibres, deux gilets tactiques et une cagoule. Des armes provenant semble-t-il de l’armée mexicaine !!! Mais quelques jours plus tard, hélas, il avait été libéré par un juge et s’en était sorti avec une simple amende, mais d’un demi-million de pesos, quand même !!!

Arrêté à nouveau quelque temps plus tard à Mérida, dans le quartier résidentiel de Santa Fe, pour cette fois le meurtre de deux femmes, effectué en 2004 dans le Chiapas, il avait alors été jeté de nouveau en prison. Et condamné, cette fois ! A gauche la villa de Merida, située au nord du Yucation vers le golfe du Mexique, où il avait été arrêté. En octobre 2014, les autorités fédérales avaient déjà arrêté Lázaro Rivadeneyra González, alias «Greñas», chef présumé de «Los Zetas» sur la Plaza del Playa del Carmen, dans elle Quintana Roo, à Pedregales de Tanlum, à l’ouest de Mérida. Sa capture a été réalisée lors d’un match de football ! Le trafiquant avait lui aussi sa résidence à Mérida. Le Le 27 février 2015, c’était au tour de Flavio Gómez Martínez, le financier de « Los Caballeros Templarios » et le frère de Servando, alias « La Tuta », le chef de ce célèbre gang. Flavio et sa mère vivaient à Merida depuis neuf mois, dans le quartier de Paraíso Maya…

La découverte d’armes appartenant à l’armée mexicaine nous reporte à un épisode sinistre, celui de l’échec total de l’opération Fast&Furious US, projet idiot de distribuer des armes traçables pour remonter jusqu’à ceux qui les négocient au Mexique. Un très bon article l’évoquait : il semble déjà ne plus être disponible qu’en cache, le gouvernement US passant son temps à effacer du net ce qui l’ennuie. Mais malgré cela, ils demeurent prêts à tout, ces trafiquants : le 6 avril dernier encore, par exemple, le maire de Mahahual, dans le Quintana Roo, Durón Gómez, voyageait dans un mini-bus avec d’autres personnes, il se rendait à  Xcalak pour vérifier comment là-bas on avait mis en place des moyens pour lutter contre le Covid-19. Très impliqué, semble-t-il, il venait alors d’interdir l’accès aux plages pour lutter contre la pandémie. Ce qui avait alors fortement gêné les trafiquants pour aller à la pêche aux ballots de coke que les avions continuent à balancer. Résultat, il a été froidement abattu de 5 balles par, on le suppose, des trafiquants ! Mais il avait aussi sur le dos une histoire des liens, justement, avec ces mêmes trafiquants !!! C’était en fait un ancien chef de la police, dont les autorités avaient relevé plusieurs « imprécisions » dans sa carrière, avant qu’il ne devienne maire…

Sans fin

Le 13 janvier on apprend c’est dans un autre secteur que l’on retrouve deux Cessna 206 mexicains près de Costa Azul, Angostura en plein dans l’Etat de Sinaloa sur la côte Ouest; on quitte le Yucatan uniquement pour signifier que tout le pays reçoit ce genre d’appareils. En fait la découverte a été faite le 12 octobre (dans un coin appelé localement « La Sonrisa » ou « El Ejidito »). Les deux avions étaient vides mais contenant des sacs, eux aussi vides faits de fibres de canne à sucre : ceux utilisés pour mettre les pains de coke ! Une version existe comme quoi les deux ou l’un des deux Cessna aurai(en)t été poursuivi(s) par un hélicoptère de l’armée au-dessus de Pericos, Mocorito et avai(en)t réussi à lui échapper en volant très bas et en se posant rapidement, ce que la situation des appareils laisse en effet entrevoir (ils se sont garés ensemble en bout de piste clandestine). On serait alors venu à leur aide pour en vider le contenu. Sur un reportage, on a oublié de flouter un des deux avions, qui affiche le XB-PRB comme immatriculation (ici à droite).

Des avions parfois rachetés à l ‘Etat après avoir été saisis pour trafic de drogue ! « Les autorités mexicaines ont confisqué 599 avions entre 2006 et 2014, avec lesquels le cartel avait l’habitude d’envoyer des drogues aux États-Unis et dans tout le Mexique, selon le ministère mexicain de la Défense nationale. Parmi les avions saisis à Culiacán, Navolato et Ahome, municipalités de l’État de Sinaloa, 60 étaient précisément le Cessna 206, l’avion préféré de « El Chapo » Guzmán » écrit ici le 10 avril 2020 le  Mexicanist. Avec en appui l’image d’un Cessna sur une piste clandestine (ici droite). C’est celle d’un avion stoppé dans l’État de Sinaloa le 18 avril 2019  chargé de 429 kilogrammes de marijuana et non de coke (le trafic continuant aussi dans le domaine !). Un article qui explique qu’après eux on est passé aux Beechcraft 90, puis aux modèles 200, pour en arriver aujourd’hui aux biréacteurs Hawker et Gulfstream ; rien que l’on ne sache déjà ici, depuis le début de cette série. Ci-dessous l’un des parcs où l’on stocke les avions saisis aux trafiquants (c’est sur l’aéroport de Culiacan) : il regorge effectivement de Cessnas (sur Google Earth on en dénombre toujours plus de cinquante, malgré le fait que pas mal sont revendus régulièrement par l’équivalent des domaines mexicains, ceux présentés sur les aéroports de Ciudad de México, Jalisco et Morelos).

Tous ne proviennent pas de la drogue : le Cessna Citation immmatriculé XA-UEF, ici à gauche est celui de l’ex responsable du Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación (SNTE) et ancienne secrétaire générale du PRI,  Elba Esther Gordillo, qui a été arrêtée à l’aéroport de Toluca en 2013 pour corruption massive : elle avait détourné deux milliards de pesos !

L’avion posé sur la route

Le 27 janvier 2020, dans le Quintana Roo, comme je vous l’ai déjà expliqué ici, un Beechcraft C-90 s’était posé sur une route qui avait au préalable été coupée àl a circulation par les trafiquants, qui l’avait balisée avec des lampes portables comme à leur habitude. Ils s’étaient heurtés à la police et il y avait eu un sévère échange de tirs, à l’arme lourde (du calibre.50 !). Je n’y reviens pas et je vous reporte à l’épisode « Coke en Stock (CCLXIV) : de la coke, des pistes partout et des armes de guerre« , lisible ici. A droite, l’avion, arrêté au bord d’une glissière de la route.

 

(1) Le documentaire d’Arte en 3 épisodes est un rappel qui se veut historique d’ensemble (avec de belles lacunes sur les liens entre la CIA et la cocaïne, ou le Plan Colombia présenté abusivement comme une réussite : même Wikipédia le reconnaît). Le pire étant l’absence totale de reconnaissance véritable de la mort en 1985 horrible d’Enrique  « Kiki » Camarena, dont je vous ai pourtant tout expliqué ici. En invitant l’ex directeur de la DEA Robert C. Bonner, venir à nouveau accuser Quintero seul de l’assassinat de Camarena, le réalisateur s’est laissé embobiner par un histoire fabriquée de toutes pièces pour disculper la CIA !!! A ce stade c’est de la pure propagande américaine pure et simple !!! Comment a-t-on pu laisser passer ça à l’antenne ? Comment Christophe Bouquet, le réalisateur, a-t-il pu laisser dire ça sans aller vérifier son contenu exact ? Le magazine les Inrocks, qui n’en rate décidément pas une, présente ainsi la chose « Après le succès énorme de séries comme Breaking Bad ou Narcos, il fallait bien que le documentaire se penche avec une rigueur scientifique sur le trafic de drogue… » Tu parles d’une « rigueur » !!! Comment la réalisatriee, pourtant ancienne formatrice à l’ESJ de Lille a-t-elle pu laisser dire ce genre de choses dénoncées partout depuis 2013 ? Y compris par la série américaine de Netflix Narcos : Mexico !!! Voici l’avis de Thierry Noël, historien et spécialiste de l’Amérique du sud à ce sujet : « C’est un sujet extrêmement délicat et sensible, car il implique les Etats-Unis ! Le fait est qu’à l’époque, comme on l’établira plus tard, l’administration Reagan se trouve en train de financer et d’armer illégalement la rébellion anti-communiste nicaraguayenne, en faisant appel à des moyens contestables et notamment en mobilisant les réseaux de narcotrafic latino-américains. Ce qui inclut notamment les Mexicains et en particulier Miguel Angel Félix Gallardo, même si leur rôle est resté limité. Or, investi dans la lutte contre le Cartel de Guadalajara, l’agent Camarena aurait, a priori sans mesurer le danger, mis les pieds où il ne fallait pas… Sans aller jusqu’à affirmer que c’est la CIA (ou toute autre agence américaine) qui aurait décidé de sa mort, le fait que l’ombre des services américains plane au-dessus de cet assassinat, commis ou couvert, sans succès d’ailleurs, par certains de leurs contacts mexicains et autres… Le gouvernement américain aurait sa part de responsabilité dans l’affaire. Il faut bien sûr rester prudent, mais le fait est que c’est la conviction de plusieurs agents de la DEA et non des moindres, qui ont enquêté en profondeur sur l’affaire. Ils se sont vu interdire de pousser plus mais ont fini par lancer des accusations publiques en ce sens, une fois à la retraite. Le tout, sur la base de témoignages légaux et d’éléments à charge confondants. Bien sûr, les autorités américaines nient fermement toute implication !« … comme chez Lerat et Bouquet, qui les ont de nouveau relayées !!! Lire ici aussi ceci : C’est le récit de Charles Bowden qu’il a mis 16 ans à écrire, avant de mourir.

voir cet article ici :

Netflix-Arte : quand une fiction est plus proche de la réalité qu’un documentaire !

 

les trois épisodes :

**https://www.arte.tv/fr/videos/078196-000-A/histoire-du-trafic-de-drogue-1-3/

**https://www.arte.tv/fr/videos/078197-000-A/histoire-du-trafic-de-drogue-2-3/

**https://www.arte.tv/fr/videos/078198-000-A/histoire-du-trafic-de-drogue-3-3/

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

 


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