Au Venezuela, où l’on ment ouvertement sur les arrivées d’avions et leur départ chargés de cocaïne, comme j’ai pu vous le rappeler dans l’épisode précédent, on assiste en mars dernier à l’arrivée d’un énième gros porteur, un bimoteur à hélice dont l’aspect extérieur a laissé pantois. L’avion était impeccable et venait visiblement juste d’être repeint à neuf avant de jouer les Deliveroo à cocaïne des airs. Un type d’appareil qui nous en a rappelé un autre, datant de fin 2017, et resté célèbre pour une belle mise en scène du pouvoir vénézuélien, vers qui tournent tous les regards depuis des années maintenant pour ses facultés à détourner l’attention sur sa propre participation au trafic…
Encore des brésiliens
Le 10 février 2020, la Force armée nationale bolivarienne (FANB), très fière d’elle, nous montre deux jeunes hommes, de dos et menottés, arrêtés à leur descente d’avion de l’aéroport international Jacinto Lara, à Barquisimeto, dans l’État de Lara.
Il s’appellent Jhackes Villeneuve Da Silva Costa (22 ans !) et Matheus Chaves Fernández (27 ans), deux noms brésiliens.
Leur avion est un Piper Seneca littéralement plein à ras bord :
il contient en effet 482 kilogrammes de cocaïne, en plus de 420 litres de carburant pour avion léger (AV-Gas).
A l’intérieur il reste peu de place pour les occupants : le siège du copilote est constitué par des sachets de pains de coke (ici à droite) ! L’intérieur est en effet complètement vide sans le chargement : même les parois internes de la cabine ont été enlevées, la laine de verre isolante est à nue.
On découvre une pompe à manivelle rouge, celle qui répartissait le carburant entre les bidons pour alimenter les moteurs (ici à droite).
Selon les autorités, ils auraient été contraints à se poser par les forces aériennes bolivariennes, l’appareil s’est en tout cas posé de nuit, sur l’aéroport. On le découvre le lendemain matin avec une immatriculation masquée par une large bande d’adhésif noir, dont on ignore qui a pu la poser exactement.
Les trafiquants où les autorités ? Les trafiquants semble-t-il à voir les premiers policiers à monter à bord de l’engin en pleine nuit !!! Une autre image paraîtra plus tard montrant l’avion en vol, de jour, portant effectivement ces bandes adhésives masquant l’immatriculation de l’avion. Il aurait donc bien été intercepté en vol par des avions bolivariens et forcé donc par eux à atterrir à Barquisimeto (par eux, ou par les avions mexicains ou ceux de la DEA ?). D’où le large sourire des autorités à son arrivée !!! C’est une de leurs rares interceptions de la sorte depuis des années !!!
Une fois encore, en tout cas on prend grand soin de mettre en scène la saisie, en étalant bien les paquets et en mettant savamment en place les éléments pour que la photo soit la plus saisissante possible. Effet réussi ! Du grand art ! Effet dont profite le « Comandante de la Zona Operativa de Defensa Integral » (Zodi), José Santiago Moreno Martínez, pour apparaître triomphant devant une forêt de micros. Il venait juste d’être nommé, le 14 juillet 2019 précédent. Ce n’est pas tous les jours qu’ils arrivent à en attraper un encore plein de coke, les vénézuéliens !
Un Cessna à l’ombre
Le 20 février 2020, c’est l’ineffable Vladimir Padrino, encore lui, qui s’enflamme sur Twitter (une habitude chez lui) : « un autre narco-avion essayant de déjouer notre système défensif a été capturé à Edo. Falcon. Ces mafias qui vivent confortablement sous le gouvernement fantoche de la Colombie, ne passeront pas par nos zones géographiques. « Allez la FANB, DES RÉPONSES FORTES À CHAQUE TENTATIVE ! »... sans commentaires.
En fait d’empêcher le trafic, celui-là été découvert par hasard, dissimulé encore une fois sous des branchages. Et nul n’en a su ni vu non plus le contenu !!!
Un camp de base sommaire a été créé pour les trafiquants avec des branchage disposés en cercle, pour dissimuler aux regards (aériens) ce qui pouvait être mené à cet endroit. On a trouvé à proximité une moto (visible sur la photo du dessus),
220 litres de combustible de gasoil, 120 litres de combustible pour avion (Avgas) et deux batteries (ici à droite). Mais pas de drogue… encore une fois ! Immatriculé, N224PK c’est un Cessna Centurion bien classique, dans un état plutôt correct…
A l’intérieur, en revanche, il ne reste que le siège du pilote, hélas. Tout a été vidé, pour laisser la place au transport de drogue. C’était l’immatriculation d’un Cirrus texan en fait, mais aussi celle d’un Cessna 210T (21064016) qui lui vole toujours en Oklahoma.
On montre également à l’occasion une piste clandestine mise « hors d’usage » par l’armée, avec un trou creusé à quelques décimètres de profondeur et rebouché à la pelle en moins de cinq minutes : drôle de façon de faire… La piste était pourtant visible de loin comme les montre cette photo ici à gauche, prise d’hélicoptère.
Padrino annonçant aussi l’appareil N2103S, découvert selon lui à Miranda, dans l’état de Falcón. Le problème c’est que c’est aussi l’immatriculation du Cessna arrêté le 20 novembre 2019 au Nicaragua à El Toro, au sud de Cárdenas (voir ici). Encore un qui a le don d’ubiquité !
Padrino se lâchant d’un commentaire bien dans le style martial : « toutes les actions menées par le gouvernement bolivarien contre le trafic illicite de drogues correspondent au respect de la Mission des quadrants de la paix (Cuadrantes de Paz) et du Plan national anti-drogue 2019-2025 « … Ah bon, y’a même une planification prévue des avions trouvés par hasard ? Formidable organisation ! Formidable pays !
Une ultime mise en scène ?
Et comme cela n’arrête vraiment jamais, nouvelle visite d’un bimoteur, cette fois à hélices au début du mois de mars 2020. Mais c’est chez le « pays fournisseur » cette fois… une fois n’est pas coutume. Au Venezuela dans l’état de Colon. C’est dans le secteur de Casigua dans la municipalité de Mauroa, quasiment en face de Maracaibo qu’il s’est posé, de nuit. C’est l’administration Maduro qui l’a annoncé, à croire qu’elle avait anticipé la prochaine annonce de celle des USA déclarant le président comme narcotrafiquant. Cette fois tout a été réglé comme du papier à musique pour nous convaincre de l’efficacité de sa lutte anti-drogue… inexistante, en fait, on le sait. Une énième mise en scène, comme les précédentes (1). Ça aurait pu presque nous convaincre, à un ou deux détails près.
D’abord le cliché fourni par le Venezuela, qui montre l’intérieur rempli de bidons qui, manifestement sont… vides, retenus entre eux par une maigre ficelle et non associés avec des circuits de transvasement, s’il devait s’agir de bidons de kérosène, un équipement devenu standard chez les contrebandiers de cocaïne. Sur Twitter, le général de division Fabio Zavarce, nouveau responsable de la région occidentale de défense depuis juillet 2018, a précisé que l’avion, prétendument utilisé pour le trafic de drogue, « était chargé de 28 fûts en plastique » sans plus de précisions.
La même impression de bidons vides ne transportant ni carburant ni drogue apparaissant aussi dans leur étalage devant l’avion. Aucune ne semble marquer le sol de son poids et, à l’intérieur, l’un d’entre eux ne pourrait être plein et rester dans la positon instable dans laquelle on l’a photographié (ici à gauche). A quoi cela servirait-il de transporter des bidons vides ? En prime, il se trouve que l’intérieur montré ne correspond pas tout à fait avec ce que nous connaissons de cet avion. Mais cela n’est pas un véritable critère : une moquette est vite changée. Il se trouve qu’on le connait bien, ici en France, en effet. Un bel hasard de circonstance en effet. Ce serait, selon les vénézuéliens, le N54TS. En effet, avant de devenir américain, chez Turbine Solutions Llc à Griffin en Georgie, il avait été… français, immatriculé F-GKII, et pas chez n’importe qui : c’était d’abord chez Chalair et surtout ensuite chez… Trans Helicoptere Service, la société de la fine équipe derrière ce qu’on a appelé Air Cocaïne !
Rappel salutaire : à quoi servait le Beechraft F-GKII de THS
Celui aperçu en Belgique sur le vieil aéroport belge de Saint Trond, où l’on avait soupçonné un trafic d’or !!! Je vous l’avais expliqué ici -même, souvenez-vous : dans le Parisien, même son de cloche avec les étranges atterrissages à St-Trond : (Brustem) : « Jean L. est courtier en aviation d’affaires, il fait l’intermédiaire pour la location de jets privés. A la demande d’un businessman belge, il a organisé, entre novembre 2011 et décembre 2012, quatre vols entre Le Bourget et le petit aérodrome belge de Saint-Trond, en faisant notamment appel à SN-THS. Motif officiel de ces déplacements : convoyer de l’or brut. Mais la juge d’instruction s’interroge sur la nature réelle de la marchandise.
Des soupçons qu’elle assoit sur les déclarations des pilotes qui ont effectué ces vols. « C’était bizarre, car je devais me poser sur un petit terrain militaire désaffecté en Belgique et, en aucun cas, je ne devais me détourner de ma route, explique l’un d’eux. Si je ne pouvais pas me poser sur ce terrain, je devais faire demi-tour et revenir au Bourget. » Toujours selon ce pilote, le passager à embarquer portait « cinq ou six valises énormes et rigides ». « Une fois arrivé en Belgique sur le terrain désaffecté, deux voitures sont arrivées. A peine arrivés que les valises étaient chargées », poursuit le pilote, qui invoquera la météo pour refuser un deuxième voyage après ce transport « douteux ». L’affaire de Saint-Trond est hélas passée à la trappe, durant le procès ! Dommage !!! A gauche ici, c’est l’annonce de la mise en vente du F-GKII, alors équipé en avion ambulance.
Une affaire (trop) brillante ?
Notre oiseau de nuit vénézuélien, ex-français donc, est arrivé en parfait état, avec une peinture qui brille de mille feux sous les phares des voitures de l’armée venues l’entourer. C’est aussi troublant, tant il ressemble en effet bien à son original, le N54TS déjà cité, dont la peinture en 2017 brillait elle aussi encore pas mal, à vrai dire (ci-dessous). Difficile de ne pas croire que c’était lui, en effet… tant il lui ressemblait ! Mais visiblement, notre visiteur vénézuélien faisait plus de reflets : il venait tout juste d’être repeint, sans aucun doute !!!
L’engin en prime avait effectué le 15 février précédent un vol de Houston, Texas, à Tampico au Mexique :
Mais connaissant l’art confirmé de la mise en scène d’un Tareck El Aissami, connu depuis des années ici, on s’est méfié plus que d’habitude. A retrouver quand même ce qui est arrivé à ce N54TS, retrouvé mis en vente sur un site US, celui d’un certain « Michael Hayden », un (petit) broker qui se vente d’avoir vedu pour « un milliard de dollars » (c’est lui le prétend) d’appareils alors que son entreprise (Southern Edge) en propose en réalité fort peu. Il était aussi annoncé à la vente chez « All Out Aviation« , une structure douteuse elle aussi qui partage ses photos d’avions à vendre avec…
Southern Edge ! Tout cela sent plutôt bizarre: on y voit un Beechcraft espagnol, un C-90 sans aucun repère comme un Cessna Citation, un hélicoptère anglais, une photo empruntée à une autre structure douteuse sans adresse autre qu’un téléphone ou un fax (« Islandbound.Llc »)… Or Bryan Deak, le patron de « All Out Aviation » est aussi celui de « First American Jet Services Llc », « Global Air Associates Inc » et « Aeroworld Services Inc « !
L’agent le représentant, chez First American Jet Services Llc et Global Air Associates Inc (à l’adresse d’un galerie commerciale de Palm Beach Gardens, en Floride) s’appelle Mark Daniels, qui est ici une vieille connaissance… des coups tordus, comme j’ai pu l’expliquer à plusieurs reprises :
le directeur du ronflant Royal Air Museum Inc de West Palm, ancien propriétaire du Gulfsrtream qui a fini incinéré à de Chico de Chamorro, Retalhuleu !! On nage avec lui dans la fange floue des brokers prêts à tout pour vendre ! Celui des entourloupeurs !
Daniels, de façon étonnante, proposait par exemple de racheter en 2015 aux anglais de la RAF six exemplaires de TriStar L-1011, plusieurs gros tankers (stockés ici à droite) pour ravitaillement aérien au nom AGD Systems (qui venait d’absorber Aerogroup, déjà mouillé dans plein d’affaires douteuses), une société alors en contrat avec le Pentagone !!! Un véritable David Tokoph bis !!! En 2017, les tankers étaient toujours à Bruntingthorpe … et ils y sont toujours comme on peut le vérifier sur Google Earth (au 52° 29.449’N et 1° 7.381’O ! Un mensonge de plus de l’habitué !
Notre avion nocturne appartenait alors à l’obscure Bonanza Bums LLC, de Todd C. Thacker, inscrite dans le Delaware, bien sûr, mais avec une adresse à Griffin en Georgie. Mais le 5 mars, il a été radié des listes US pour être vendu au Mexique !
Et mieux encore, puisqu’au final on finit par apprendre qui l’a donc refourgué en dernier à des mexicains : c’est l’inévitable TWA International INC, bien entendu, encore lui, ce fameux Carlos Villaurrutia, dirigeant toujours de son fief de Cheyenne, dans le Wyoming !! Encore une fois, on retombe sur lui dans une transaction aboutissant à des trafiquants !!!
Mais ce n’est pas tout. L’engin, chez Southern Edge, était annoncé à 800 000 dollars encore, ce qui rend aussi excessif et suspicieux son usage chez les narcotrafiquants, qui ne dépassent pas en général le demi-million dans leurs « investissements » les plus élevés et souvent beaucoup moins, genre 350 000 maxi pour un biréacteur. Alors on se dit que quelque chose coince, que c’est trop beau,
et que la peinture est vraiment trop fraîche… et en effet. C’est un autre élément qui va renforcer l’idée comme quoi ce n’est pas le N54TS d’origine, même particulièrement bien imité cette fois-ci. C’est un voyage fait par un amateur de Country Music (ça mène à tout, voyez !), un gars invité à partager l’avion de la tournée de Jamey Johnson (il a joué avec Lynyrd Skynyrd pour leur tournée d’adieu) avec Ricky Medlocke, que j’apprécie beaucoup, sachez-le, ayant eu la chance de le rencontrer). C’était lors de la tournée de l’été 2018 (c’est donc récent). Le gars après nous avoir gratifié de très belles photos des ailes de l’avion ou des blocs moteurs, nous à aussi photographié un bout de cockpit, côté pilote. Et comme on possédait aussi celui du Beech de THS, on les a mis côte à côte pour les comparer. Et c’est un effet édifiant : la disposition du bloc central avec le radar n’est pas du tout identique, et celui du N54TS n’est pas non plus récent. Déjà, à l’été 2018, l’appareil avait donc changé ! Renseigné auprès d’un ami connaisseur des us est coutumes outre-Atlantique, il est fréquent que les américains changent en effet selon lui les équipements d’origine européennes pour y installer les leurs. L’avion ayant été entièrement repeint, on peut supposer qu’il a aussi été remis à jour en effet.
Reste un dernier détail troublant de plus : celui de l’immatriculation, ou plutôt de sa représentation graphique sur l’avion vénézuélien. Elle n’a visiblement pas été peinte, c’est un bête autocollant découpé (ici à droite), qui a été apposé sur une peinture entièrement refaite. En oubliant l’ombré d’origine, qui lui avait été peint (ci-dessous à gauche) !!! Idem pour une marque de renfort rivetée ajoutée sur l’avion récent. L’explication de notre spécialiste là aussi se tient : c’est la porte d’accès qui a été changée, celle dont on distingue la charnière à piano sous l’immatriculation.
Cette dernière a vu une plaque ajoutée pour renforcer le fuselage, et comme ces changements ont abîmé pas mal on suppose la peinture d’origine, l’avion a été entièrement repeint, suivant le même schéma de décoration… sauf les lettrages, faits en adhésif pour gagner du temps. Ce serait donc bien le même, mais refait à neuf !!! Il n’empêche, on l’a bien mis en scène, avec l’étalage de ses bidons vides censés montrer un important trafic de drogue ! En somme, cet engin, était décidément trop beau pour être honnête, tout simplement !!!
The Maduro show must go on
On rappellera que le fameux Fabio Zavarce, était le même qui s’était rendu célèbre aux yeux de tout le monde lors de la découverte d’un gros Beechcraft 200 dissimulé sous des filets et des branchages en novembre 2017 dans le secteur de“La Playita”; son d' »El Increíble”( le bien nommé), près de la municipalité de Pao de San Juan Bautista, dans l’état du Cojedes.
Là aussi, rappelez-vous on avait eu droit à une belle exposition de bidons… vides, d’essence comme de chlorydrate de cocaïne (il y en avait 112 paraît-il). Mais surtout à une séquence extraordinaire signée Zavarce : au moment de décoller une fausse immatriculation dissimulant la vraie, il s’était soudain ravisé, interrompant la caméra brusquement…. ayant soudainement pris conscience de son erreur (ici à droite le moment où il se ravise) ! Celle d’avoir failli révéler le pot aux roses d’une mise en scène !
Un grand moment de communication ratée !!! On avait droit aussi le même jour à la photo de trafiquants lampistes; photographiés bizarrement de dos… au cas où on aurait pu les confondre avec des figurants, je suppose ! Et comme on avait vite fait le tour de ce qu’il y avait à voir (des bidons vides, parlez-donc !), on avait transformé la séance en atelier de Bricorama de brousse, démontant ici ou là une pièce de l’engin… avec comme responsable de la clé de douze Zavarce bien sûr, devenu motoriste pour l’occasion (ici à gauche) ! Chez Maduro & Cie on ne recule devant aucun procédé pour leurrer la populace !!! Zavarce était pourtant devenu lyrique ce jour-là :
» l’action opportune de nos responsables a empêché cette opération de trafic illicite de drogues. » avait-il dit devant l’étalage de bidons vides ! A défaut de voir de la cocaïne, ce jour-là, on avait donc assisté à un cours champêtre de mécanique aéronautique… des techniciens en démontant des morceaux ici et là pour occuper leur temps et les écrans !!! Traduit par « ce type d’action démontre concrètement les politiques anti-drogue correctes qui ont été conçues par notre gouvernement national, qui cherchent à créer un environnement où règnent la paix, la tranquillité et la tranquillité, un territoire sans drogue », avait-il déclaré. Sans sourire ! Pas de drogue ? Exact, car c’est fou ce que les avions rencontrés au Venezuela trimbalent en effet comme bidons vides !!! De là à dire que c’est pour fabriquer des infos bidons, il n’y a pas loin en effet !
Pour enfoncer le clou, toujours aussi maladroitement, le pouvoir en place évoquait aussi la « formidable lutte de l’armée contre les pistes clandestines« , sauf celles visibles comme de grandes balafres sur Google Earth et dont j’ai déjà parlé ici (une « bataille héroïque » selon Maduro !).
Quand on est aveugle à ce point, on peut prendre des bidons vides pour des bidons pleins, en effet, tout s’explique !
Avec cette fois comme preuve de l’efficacité de l’armée une grande aire d’atterrissage (ici à droite, elle fait 3 km de long et une trentaine de large) disposant pas loin d’une épave de Cessna qui devait être là depuis des années, en effet (ci-dessous), et la « saisie », affiche revendicatrice déployée devant, d’un engin de chantier censé l’avoir créée (ici à droite) .
Manque de chance, en y regardant de près, on s’apercevait rapidement que le dit engin de chantier avait lui aussi, comme l’avion, perdu son moteur depuis pas mal de temps et que ses pneus avaient rendu l’âme depuis des années, eux aussi !!
L’avion, selon l’armée bolivarienne, aurait été immatriculé XB-NRT, une fausse de toute façon,
et ne respectant aucun critère de taille ou d’emplacement, ou d’alignement, d’ailleurs (ici à droite, mais on ignore si le cliché correspond à l’épave montrée !). « Un modèle Centurion II, blanc avec des rayures noires » comme on l’a dit au tout début de cet article !
Chose étonnante, la piste aplanie par la niveleuse avait été marquée au sol de tubes de PVC de un mètre enfoncés dans le sol, certainement pour y accueillir des éclairages… le béton coulé pour les maintenir portant des inscription manuelles comme MR-01 (ici à droite) . Les restes d’un autre avion calciné et à demi-enterré avaient aussi été trouvés pas loin. Un véritable aéroport clandestin!
La tentative dominicaine avortée
En marge de ces événements, signalons le cas particulier d’un Cessna 414 immatriculé N920VA; l’appareil, le 13 mai 2019 s’est posé la veille sur l’aéroport international Gregorio Luperón de Puerto Plata, en République Dominicaine. L’avion date de 1973, il approche de la cinquantaine donc. Il a gardé sa décoration d’origine et il est enregistré dans un Trustee d’anonymisation connu, Aircraft Guaranty Sort Trustee LLC installé depuis peu de temps en Oklahoma. C’est l’ex N381JR et ex N750FA.
Le lendemain, deux hommes, le vénézuélien Oswaldo Enrique Blislick Weeden et le mexicain Daniel González Moreno, tentent de monter à bord, équipés de faux papiers, mais leur tentative échoue et la police du Corps spécialisé de la sécurité des aéroports et de l’aviation civile (CESAC), qui veillait au grain, les arrête. Il ne semble pas donc que ce soit un vol d’appareil mais simplement une location réalisée sous faux documents. Leur cas est vite réglé :
dans les semaines qui suivent, la juge Jenny Martínez du Bureau des services d’attention permanente de ce département judiciaire les condamne à trois mois de prison préventive, en attendant de voir plus loin, à effectuer dans le Centro Correccional y de Rehabilitación San Felipe. Un troisième individu, dont on ignore tout, aurait échappé à l’arrestation (un possible informateur ?). En dehors du fait c’est la destination inédite que les pilotes avaient avoué aux policiers pour leur escapade illicite qui avait interpellé : ils désiraient en effet se rendre sur la Grenade, cette île située au sud de St-Vincent et Grenadines et à une centaine de km à peine de la côte du Venezuela (restée célèbre historiquement, voir ici (2)). Mais on ne monte pas dans un avion avec des faux papiers pour aller faire du tourisme, alors qu’allaient-ils donc faire là-bas, mystère…
En février de la même année, on avait coincé deux jeunes canadiens sur l’aéroport Maurice Bishop International avec 10, 5 kilos de coke valant 1 million de dollars. dans leurs bagages (ils avaient écopé de 200 000 dollars d’amende ou d’une peine de prison de 4 ans, au choix !). On avait déjà vu le même appareil le 23 novembre 2017 effectuer un trajet Dallas-Monterrey, un type de trajet qu’empruntent on le sait les appareils qui finissent mal, souvent, après. L’avion avait été vendu en 2013 par Dan Howard Aircraft Sales Inc., qui propose toujours des appareils à prix fort intéressants, notamment des Cessna 2010 et en ce moment encore un autre de Type 421B (sorti avant le modèle 414) à 180 00 dollars, qui est dans la « fourchette de prix » des trafiquants… Rappelons au passage que le Hawker N101LT qui s’est écrasé le 24 juin 2019 dans l’Etat de Zulia, au Venezuela (voir ici l’article) de Three Hundred Sixty Degrees LLC, avait été vendu et exporté le 24 janvier précédent en République Dominicaine…
(1) lire ici une de celles pendant le début de la crise sociale qui perdure :
Coke en stock (XCV) : une nouvelle mise en scène au Venezuela
et celui-ci, avec l’approfondissement d’une communication basée sur le mensonge:
Coke en stock (CXXIX): le Venezuela s’enfonce… dans le mensonge (1)
et sa suite :
Coke en stock (CXXX): le Venezuela s’enfonce… dans le mensonge (2)
(2) une intervention destinée manifestement à détourner l’attention des téléspectateurs américains du drame se jouant alors à Beyrouth, dans la lignée de l’excellent film Des hommes d’influence (Wag the Dog), qui lui s’attaque plutôt à Clinton, il est vrai .
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