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MH370 (31) : Ostende, le retour

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Silk Way, on l’a vu, mais aussi d’autres entreprises de livraison d’armes, avaient fait d’Ostende, dans les années 2000, sa base européenne.  Depuis, on s’était dit qu’avec la fin de l’ère Viktor Bout, emprisonné le 6 mars 2008 à Bangkok et emprisonné pour 25 ans depuis 2012 aux USA, l’aéroport qui avait été la plaque tournante pendant des lustres du commerce illicite d’armes en avait terminé avec ce trafic.  Que nenni :  devant les yeux effarés des riverains, un énorme 747 s’est posé à plusieurs reprises sur l’aéroport, repartant bourré d’armes et de munitions pour alimenter un énième confit en cours, cette fois en Libye, délivrant des armes à foison, sans top de contrôle il semble bien, au point de les voir tomber rapidement et un peu trop facilement aux mains des gens de L’Etat Islamique…
 Ostende, le retour !!!
Le mercredi 15 avril 2015 la RTBF met en ligne un texte évoquant la découverte en Libye de matériel de guerre venu de Belgique. Comme on pouvait s’y attendre, c’est venu d’avion. Et d’un aéroport bien connu: le grand classique de puis des décennies;  « Les sources libyennes qui témoignent du trafic appartiennent au camp du gouvernement reconnu par la communauté internationale. Selon celles-ci, les armes sont destinées à la coalition d’islamistes opposée au gouvernement. Le Boeing 747 parti la semaine dernière d’Ostende pour la Libye aurait ainsi transporté différentes sortes de munitions et de l’artillerie antiaérienne légère. Les mêmes sources ne sont en revanche pas en mesure de préciser l’origine des armes prises à bord Elles pointent toutefois le fait que les avions ostendais atterrissent, en-dehors de la Libye, également régulièrement aux Emirats arabes unis, un pays dont il a récemment été montré qu’il est le point de départ d’armes destinées au territoire libyen. Les Nations Unies ont également déjà émis des suspicions à propos d’Ostende. Des inspecteurs ont découvert, en fin d’année dernière, des « objets suspects » sur des bons de chargement. Ils ont demandé des explications aux autorités belges, qui leur ont rétorqué qu’elles avaient inspecté un avion pour la Libye, dans lequel aucun produit interdit n’avait été trouvé ». L’appareil aurait été le 747-409BDSF de 1992, l’ER-BAM d’Aerotrans (24312 LN:954) qui opère effectivement à Misrata.  Ci-dessous sa fiche de remplissage en date du 6 août 2015 : l’avion est alors plein de caisses de munitions de 7,62 mmm à l’intérieur et le manifeste en contient 6 pages !!! Le manifeste porte comme indication d’endroit du chargement « RUH », à savoir l’aéroport de Riyadh… et comme lieu de déchargement… Ankara en Turquie (ESB, pour « l’Ankara Esenboğa Havalimani » à savoir L’aéroport international Esenboğ turc )  !!!

Le retour d’une époque que l’on pensait révolue

« Selon Het Laatste Nieuws, des armes transitant par l’aéroport d’Ostende sont destinées à la coalition d’islamistes opposée au gouvernement libyen. Le Boeing 747 parti la semaine dernière d’Ostende pour la Libye aurait ainsi transporté différentes sortes de munitions et de l’artillerie antiaérienne légère. Les mêmes sources ne sont en revanche pas en mesure de préciser l’origine des armes prises à bord. Elles pointent toutefois le fait que les avions ostendais atterrissent, en-dehors de la Libye, régulièrement aux Émirats arabes unis, un pays dont il a récemment été montré qu’il est le point de départ d’armes destinées au territoire libyen. » Ici un texte un peu dépité d’un flamand qui a de la mémoire  « 23-sep-2016. Il n’arrive plus souvent, tous les trois ou quatre jours, de revoir un avion cargo à Ostende. Il s’agit généralement d’un bac à grains d’Egyptair Cargo du Caire. Hier nous avons encore été choqués ».

« Après un mois d’absence, notre transporteur de perruches et de camions a atterri en Libye (1) (2) (3), le Moldave B747 ER-BAM (QG Sharjah-Emirats Arabes Unis). Remarquable, parce qu’aujourd’hui, l’appareil (après son accréditation TCO UE?) Opère principalement à partir de l’aéroport de Hahn, bien qu’avec certaines nouvelles destinations (y compris l’Irak). C’est bien de savoir que nos amis moldaves (il est en effet du pays) ont apparemment transporté quelque 250 tonnes de munitions au profit de certains rebelles en Syrie, voir … Tout cela au nom de nos bons amis d’Arabie Saoudite où la Belgique aime aussi vendre des armes. Triste de déterminer, après 25 ans, que peu de choses ont changé. » Ci-dessous le même en Libye photographié par Mohammad Attaleb, loadmaster à Misrata semble-t-il (1) :

Une époque qui perpétue les (sales) habitudes 

Le grand oiseau blanc qui nous ramène à Ostende au temps de David Tokoph et de Viktor Bout n’est est pas à sa première apparition sur scène. Là, il fait dans le sobre, avec sa robe virginale sans aucune décoration apparente.  Ça n’a pas toujours été son cas, à croire qu’on l’a repeint ainsi pour se faire oublier.  Avant d’être l’ER-BAM, chez ATC AeroTrans Cargo, il s’appelait le D-ACGB chez Air Cargo Germany et avait alors la queue rouge comme signe distinctif (en gros pour devenir comme aujourd’hui il n’a fallu repeindre que cette partie et effacer trois mots le long de sa carlingue avant).  Auparavant encore, c’était le N482AT ici vu à la sortie de sa mue en cargo après avoir été passager chez China Airlines (ce qui nous permet de voir sur quoi ont porté les modifications :  à savoir l’ajout d’une énorme porte cargo sur le flanc gauche).  Le 13 novembre 2016, l’ER-BAM (ici à gauche) se faisait bêtement filmer à Misrata, en Libye, en train de décoller… direction Ostende, pour ceux qui auraient pu douter de ce que l’on raconte à son sujet…. le même de passage (obligé !) à Shannon, le 9 septembre 2016 :  sur l’original on distingue bien son origine commerciale d’avion de passagers, la trace des hublots étant encore bien visible sur l’avant…  Si ses trajets actuels inquiètent, il n’est pas le seul dans ce cas.  Un autre avion du même acabit, un 747 modèle 281F (SCD), a suscité chez un observateur attentif qui a aussi rédigé sur le cas du MH370 un papier fort intéressant

Dissimulation évidente

C’est un vol du 11 décembre 2014 qui l’a intrigué.  Celui du fort reconnaissable Boeing 4L-MRK parti de l’aéroport d’Arbil « (la plus ancienne ville habitée d’Irak depuis 9000 av. J.-C.), une zone profondément perturbée du Kurdistan irakien », qui a ensuite traversé la Turquie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la mer Caspienne, le Turkménistan pour arriver en Afghanistan avant de se rendre.. au Pakistan.  Drôle de trajet en effet.  « Cela semble normal, mais ce qui semble anormal, c’est d’éviter de survoler l’espace aérien iranien pour atterrir à Lahore » note notre fin observateur qui a relevé aussi que l’avion était… vide, selon son manifeste officiel. « Quand un tel Jumbo vole à 41 000 pieds, il le fait avec seulement du carburant et quelques rares membres d’équipage.  Pourquoi volait-il sans cargaison depuis Arbil ?  Pourquoi cet avion «privé» a-t-il emprunté ce long itinéraire ? il devait quand même transporter quelque chose ».  A droite l’avion en train de charger à Brno le 28 février 2015 (en République tchèque, les tchèques étant aussi des fournisseurs importants d’armes).

« Mais qu’en était-il exactement:  courrier diplomatique, fruits secs, siri-paya de Phujja (un plat typique du Pakistan) ou poisson frit de Sardar ? Portaient-ils des hommes «spéciaux», des «esprits supérieurs», des sacs d’une variété non divulguée de «chose» poudrée et blanche dont «l’agence» américaine excelle dans la manipulation ou dans des actes d’agression meurtriers ? » moque-t-il. « Dans tous les cas, les opérations de nuit, le chargement, le chargement, les choses suspectes », sont des inquiétudes légitimes en effet concernant cet avion.  Car en prime, on semble bien avoir cherché à masquer qui l’utilisait : « si vous recherchez l’indicatif de queue de ce Jumbo, 4L-MRK, le message intéressant suivant apparaît: « Nous n’avons pas d’informations sur cet opérateur.  Soit c’est un opérateur privé ou l’opérateur. Vous pouvez utiliser notre moteur de recherche si nécessaire ».  Or la compagnie affréteuse était Kam Air, ce qui rend l’affaire encore plus suspecte. « Kam Air, une compagnie aérienne appartenant à un homme d’affaires afghan politiquement connecté, qui a été mise sur la liste noire par l’armée américaine en Afghanistan pour contrebande d’opium (le 25 janvier 2013, à la suite des révélations explosives du Wall Steet Journal, la compagnie avait vivement protesté). Ensuite, le gouvernement afghan s’est plaint. « 

La porte de sortie de l’opium afghan 

Selon le Wall Street Journal en effet, la porte de sortie de l’opium est vers le….Tadjikistan, avec  Douchanbé comme plaque tournante du trafic : « Kam Air exploite une flotte de 16 avions, dont des avions Boeing 767 et 747 et des avions cargo Antonov.  Selon une équipe américaine, le groupe de travail estime que les itinéraires de passagers intérieurs ont été utilisés pour transporter l’opium à travers le pays. officiel à Kaboul.  Mais l’enquête se concentre sur l’Asie centrale, a déclaré un responsable. « Kam Air fait voler de grandes quantités d’opium », at-il ajouté.  Kam Air transporte des cargaisons vers de nombreuses destinations.  Mais sa seule ligne de passager et centrale se situe entre Kaboul et Douchanbé, la capitale du Tadjikistan ».  Un problème que devait régler le tout nouveau responsable du ministère de la défense, le général Mattis, qui ne semble pas vouloir toujours marcher dans les pas de son président, ce qui est plutôt… bien.  Depuis les vols ont repris, mais les contrats avec l’armée US semblent au point mort.

Le crash révélateur de 2005, et celui de 2008
Si le Wall Street Journal avait alarmé autant, c’est qu’il avait des biscuits pour le faire.  C’est lui qui avait en effet parfaitement couvert un crash suspect de la KAM Air en 2005, qui avait tué des passagers américains et des italiens.  Après deux ans d’enquête, le journal avait découvert des choses fort dérangeantes. « Le vol Air Kam 904 s’approchait de Kaboul le 3 février 2005, quand il a percuté un sommet de montagne.  Le crash a tué les 104 personnes à bord du Boeing 737, y compris des travailleurs humanitaires américains et italiens.  « L’accident reste toujours un mystère.  Kam Air, un petit transporteur privé afghan, a loué l’appareil et son équipage à une société enregistrée au Kirghizstan, Phoenix Aviation, et aucun équipement ne pouvait offrir d’indices.  L’enregistreur vocal de l’avion n’a pas été trouvé dans le champ de débris enneigé et un enregistreur de données a eu une défaillance technique.  Si bien que l’enquête n’ait pas abouti à une conclusion concluante (voir le rapport), l’Union européenne a décidé de mettre en place l’interdiction de vol de Phoenix Aviation, comme centième transporteur étranger trop dangereux pour voler dans l’UE. (Voir la liste.) Le journal parlant alors de  » flags of convenience » (de pavillons de complaisance) comme pour les bateaux avec ses enregistrements étrangers.  « En s’inscrivant dans un pays et en opérant depuis plusieurs années d’un autre pays, Phoenix a échappé à la surveillance qui aurait pu empêcher le crash afghan, selon des responsables de l’aviation occidentale. L’année dernière, Phoenix a cessé ses activités.  Les anciens propriétaires de la société n’ont pas pu être contactés au Kirghizstan ou aux États-Unis, et les anciens dirigeants ont refusé de commenter ».  Etrangement, pas un mot sur le cas d’un autre Phoenix Aviation, société close en 1995, et la condamnation en 2002 à 20 ans de prison pour son patron Christopher Barrett-Jolley pour trafic de cocaïne.  Un Barrett-Jolley qui n’avait eu de cesse de crier qu’il travaillait pour la CIA depuis des années !!!  Le nouveau Phoenix Aviation, avait débuté au lendemain du précédent à… Sharjah, dans les Emirats (et utilisait comme base arrière Manas International Airport ancienne base militaire US au Kyrgyzstan, située à 25 km ce Bishkek.  Bannie, elle est devenue AVE.com en octobre 2005, qui a cessé ses vols en 2012.  Ses deux patrons s’appelant alors Evgeny Khaprov et Vladimir Goncharov. Aujourd’hui, on trouve un Vladimir Goncharov comme responsable du marketing chez Rosoboronexport.  En 2006, AVE est rebaptisé une nouvelle fois, devenant Itek, lui aussi banni de l’Europe.  Et Itek va nous offrir un lien inattendu sur ses activités réelles avec un énième crash survenu le le 24 août 2008.  Celui du Boeing 737-219Adv, immatriculé EX-009 (le N°22088/676 de 1980) lui appartenant. C’était l’ex  COPA, la compagnie nationale du Panama (lors de son crash on apercevra à nouveau le logo de la société sous la peinture brûlée) et ex… Phœnix Aviation, celle basée aux Emirats Arabes Unis.  C’est le vieux Air New Zealand immatriculé ZK-NAS dont les photos de fin de service n’étaient pas vraiment rassurantes (ici à droite).  L’avion est alors prêté à la compagnie Aseman Airlines, qui est… iranienne.  Lors de ce vol de nuit, constatant une panne de dépressurisation à bord, le commandant de bord avait fait demi-tour pour revenir à Bishkek.  Les deux moteurs tombant en panne en même temps lors de ce retour, l’avion s’était écrasé dans un champ, à 10 km de l’aéroport, la vidange de kérosène non effectuée (le 737 n’en possédant pas) l’embrasant totalement.  Sur les 83 passagers, 2 membres d’équipage et un « représentant du Ministère des Transports «  à bord, il y avait eu 65 morts et 3 disparus. « Si vous en cherchez plus, KAM Air semble être le propriétaire de 4L-MRK, basé en Afghanistan, le pays des talibans.  Cet avion a été livré à KAM Air en août 2012. Il a démarré en août 2012.  Curieusement, cette compagnie ne possède qu’un seul avion (le 4L-MRK) dans sa flotte.  La précédente immatriculation de 4L-MRK était AB-BIJ, qui était exploité par l’une des plus grandes compagnies de fret de Russie: ABC (Air Bridge Cargo Airlines).  Quel type de compagnie aérienne avez-vous donc là ?  Juste un avion de ligne ? Qu’est-ce que KAM / The Cargo Airlines, si ce n’est un entrepreneur militaire «d’agence» ou de «black-ops»? »   Rappelons que Kam Air avait débuté avec un Boeing 727 fourni par le général Abdul Rashid Dostum en remerciement pour avoir nourri et logé ses sanguinaires mercenaires !  Le cargo blanc et bleu sillonnait aussi l’Europe, il est même passé par Lyon Saint Exupéry le 3 avril 2014.  Plus intéressant encore quand on s’apercevra que l’avion quitte KAM pour passer chez South Airlines Armenia (EK74786) le 25 décembre 2015 et aujourd’hui, depuis le 11 janvier 2018, fait partie de la flotte de Fars Air Qeshm (EP-FAB), où il est redevenu tout blanc.

A partir d’une simple grenade, le chemin du Boeing retracé 

Notre curieux avait eu du flair.  Ce sont bien des armes qu’il avait transporté, et notamment des charges pour propulser des grenades anti-personnel.  Le volumineux document de CAR intitulé « Weapons of the Islamic State », lisible ici en PDF est un document précieux, car à partir d’une arme précise, en l’occurrence des charges de 40 mm bulgares retrouvées en mai 2015  près d’Al Hasakah, utilisées par les islamistes et qui portaient toutes des numéros qui se suivaient ((10))-02-12 and ((10))-02-14.  Selon la production Bulgare, ces charges devaient être utilisées sur des RF-7MA de 40 mm, des grenades anti-personnel à fragmentation, lancées par RPG-7 (et produites aussi en Hongrie).  Des projectiles avec des numéros qui se suivent ((10))-04-13 et ((10))- 04-14, provenant du même lot ont été retrouvés dans un convoi de l’Islamic State intercepté près de Fallujah le 29 juin 2016, et sur un combattant de l’IS retrouvé mort dans la faculté de Mosoul le 3février 2017.  « Dans le cadre de son enquête sur les charges de propulsion bulgares CP-71 de 40 mm, CAR a trouvé des destinations de livraison ambiguës. L’analyse de CAR est basée sur les données suivantes: sur le transfert en Arabie Saoudite du 17 août 2014 et sur le transfert susmentionné en Arabie Saoudite.  Est concerné le plan de vol du 4L-MRK le 19 août 2014.  Le seul vol de fret en provenance de Burgas, en Bulgarie, à destination de Bratislava, en Slovaquie, près de la date d’expédition déclarée était le 19 août 2014.  Il a été réalisé par un Boeing 747-200 aircra cargo (MRK-4L) enregistré en Géorgie et exploité par une société géorgienne, Cargo Airline. Les données du plan de vol obtenu par CAR indiquent que l’avion a déposé un plan de vol directement de Bratislava à Amman, en Jordanie, bien qu’il y ait un EUC (une interdiction) pour le Ministère de la défense de l’Arabie saoudite concernant les cargaison d’armes bulgares et slovaques .

« Les rapports internationaux et les médias ont identifié la Jordanie pour les groupes armés syriens, du moins en partie à cause de sa frontière avec la Syrie, qui manque à l’Arabie Saoudite.  Le personnel impliqué dans ce vol est confirmé à CAR qu’il avait voler des munitions de qualité militaire mais a insisté pour que l’avion puisse en fait voler vers Tabuk, Arabie Saoudite, conformément à la EUC. Ils ont indiqué que l’avion, a déposé un plan de vol à Bratislava directement à Amman, qui était la prochaine destination de l’avion pour Tabuk, pour recueillir des cargaisons humanitaires pour les transporter à Erbil, en Irak.  De plus, ils ont prétendu que parce que Tabuk était un aéroport militaire, il était difficile de déposer des plans de vol pour les vols à destination d’Amman.  Ce n’est pas conforme à la planification des vols européens standards.  Le vol le 19 août 2014 a été le dernier de sept de ces vols auraient été entrepris par cet avion entre Bratislava et Amman entre le 27 juillet et 19 août 2014. La compagnie de fret aérien a été incapable de fournir à CAR une preuve directe que l’avion avait bien atterri à Tabuk le 19 août 2014, indiquant que leur copie d’un permis d’atterrissage diplomatique avait été gardé sur un ordinateur portable qui a été endommagé en 2016, et que l’avion n’avait reçu aucun document supplémentaire à Tabuk car il n’a pas ravitaillé là, et le personnel militaire a entrepris le chargement du fret sans coût supplémentaire. Toutefois, Cargo Airline a fait fournir des copies des feuilles de journal de bord pour le 19 août 2014 pour les vols entre Bratislava et Tabuk, et Tabuk et Amman, qui montrent la précision de la consommation de carburant et d’autres détails pour ces vols.  Le Cargo Airline n’a pas encore répondu aux demandes de CAR pour les copies de feuilles de journal de bord pour les vols précédents prévus entre Bratislava et Amman ».  Bref,il va nous falloir aussi aller voir du côté de la Jordanie. Dans quelques épisodes, on le fera, en effet…

Des armes, de l’opium ou les deux ?

Mais continuons plutôt : « à partir d’octobre 2014, des avions cargo de type Boeing 747 Jumbo Jet, appartenant à la compagnie aérienne Saudi Arabian Cargo, ont commencé à atterrir à l’aéroport international de Sofia.  La nouveauté réside dans le fait que, depuis la chute du rideau de fer, aucun avion-cargo n’a atterri à Sofia.  Il a été documenté deux vols de cargo saoudien à la fin octobre 2014, un en novembre 2014, quatre en décembre 2014 et un en mars et en mai 2015. D’après les plans de vol, les avions saoudiens ont décollé à vide de l’aéroport de Djeddah, pour atterrir à Sofia, d’où ils ont chargé du fret sous la haute surveillance d’un dispositif de l’armée bulgare, et ont redécollé à destination de Tabuk, un aéroport d’Arabie, situé à 100 km de la frontière avec la Jordanie ».  Ici en photo le 747 de Saudi Arabia le 4 novembre 2014 à Sofia, pour un chargement… nocturne, bien sûr !  L’avion était le TF-AMP.  Ancien Air Air Atlanta IcelandicCargolux et… même Air France (en ayant démarré All Nippon Airways).  Depuis il est devenu Air Bridge Cargo, qui le loue à Air Atlanta Icelandic !!!  « Fait intéressant, les autorisations de survol et d’atterrissage de ces avions ont été délivrées par le ministère de la Défense, à la différence des avions cargos ordinaires qui reçoivent ces autorisations de l’autorité de l’Aviation civile.  Conformément à l’annexe 18 de la Convention relative à l’aviation civile internationale de Chicago, l’annexe III du règlement du Conseil européen CEE n° 3922 et au manuel de l’Organisation de l’aviation civile internationale, Doc 9284 (Instructions techniques pour la sécurité du transport de marchandises dangereuses par air), ce type d’autorisation donnée aux avions étrangers, enregistrés comme des avions civils, indique qu’ils transportent des marchandises dangereuses. Ces vols sont considérés comme des vols spéciaux et reçoivent la même priorité que les avions présidentiels. C’est ainsi que l’on a observé, sur le tarmac de Sofia, des caisses chargées de type militaire utilisées pour transporter des armes et des munitions.  Chaque avion a transporté environ 80 tonnes de fret. »  Ici à gauche l’avion avec ses couleurs d’Air Bridge Cargo…  qui est russe :  c’est en effet une division de Volga-Dniepr !!!

Il faut se méfier des avions « tout blanc »

A Ostende, c’est le retour en effet de pratiques que l’on croyait révolues.  C’est le retour aussi d’anciennes compagnies dont on sait qu’elle transportent de armes depuis longtemps. C’est le cas de la biélorusse Transavia Export Airlines, basée à Minsk, mais aussi depuis toujours au …. Sharjah International Airport, ou plus exactement aujourd’hui JSC Transavia Export Airlines par exemple, dont le slogan du jour est « the biggest carrier of cargo to or from any regions of Europe, America, Asia and Africa » rien que ça.  Le souvenir que l’on a de la période précédente de Transavia, ce sont deux épaves, celle de l’ Ilyushin Il-76TD (1003499991), immatriculé EW-78826, touché le 9 mars 2007 par une RPG des shebabs lors de son atterrissage à Mogadiscio, et celle deux plus tard du Ilyushin-76TD (1013405192, EW-78849) carrément abattu cette fois par un tir de missile type Strela au même endroit, après avoir été incendié deux jours avant).  Ces avions apportaient des armes ou de l’aide humanitaire, en mêlant largement les genres.  Plus récemment, en 2014, la compagnie aérienne a surtout été débauchée par le marchand d’armes serbe Slobodan Tesic, recherché par Interpol, pour transporter des armes et des munitions serbes et biélorusses vers des bases aériennes en Libye contrôlées par divers groupes militants or des regards des conventions de l’ONU.  Car selon des informations, Tesic possède ou contrôle justement deux sociétés serbes, Partizan Tek Doo Belgrade (Partizan Tech) Karso limitée (Charso Limited) Gravit Limited (Gravit Limited) et Tehnoglobal Systems doo Beograd (Technoglobal Systems).  En Ukraine, Tesic a été souvent accusé de soutenir le bataillon Azov et d’également l’armer, ce groupe de volontaires mercenaires d’extrême droite  ou d’anciens déserteurs de l’armée nationale chargé de chargé de lutter contre l’insurrection armée pro-russe à l’Est du pays.  En fait des hommes ayant des sympathies néonazies avérées ce qui leur a valu de se voir refuser une formation par le Congrès US.  On n’a pas affaire à des enfants de chœur avec eux, grassement rémunérés  : « le mécénat d’Oleg Liachko a permis la création du bataillon Azov, mais le principal financement est assuré par l’oligarque milliardaire ukraino-chyprio-israélien Ihor Kolomoïsky, nommé gouverneur de Dnipropetrovsk en mars 2014; Ihor Kolomoïsky offre des récompenses à ceux qui remettent des armes aux autorités, notamment 1 500 dollars pour un AK-47, l’arrestation d’un rebelle pro-russe vaut 10 000 dollars et la libération d’un bâtiment occupé par les séparatistes, 200 000 dollars ».. Ihor Kolomoïsky offre même un million de dollars à celui qui assassinera le député pro-russe et ancien candidat à la présidentielle ukrainienne du 25 mai 2014, Oleg Tsarev ».  Transavia a récupéré six gros porteurs Ill-76 sur  l’aéroport de Minsk, les EW-76710 (ancien Atlant-Soyouz), EW-76712 ‘ex IL-AIR), EW-76734 (ex Volga-Dniepr) EW-76735 (Ex Il-AVIA), EW-78769 et EW-78792, plus un septième, Ill-76TD EW-480TH et les a ajoutés à ses trois Boeing 747.  Une « puissance de feu » dans le transport, qui lui a permis de négocier un contrat avec les chinois, dur la route Tianjin-Minsk.  Les Ill-76 récupérés ne semblent pas très fringants, comme le montre cette photo du 4 septembre 2013 du modèle EW-78769, qui ne semble pas vraiment au mieux de sa forme, ce qui laisse planer le doute sur leur dangerosité quand ils circulent (avec des armes à bord, imaginez…).  En prime, leurs pilotes semblent peu à même de suivre les consignes de sécurité de leurs confères européens : le B-747 immatriculé EW-460TQ, âgé de 28 ans, a ainsi endommagé un de ses moteurs (l’extérieur gauche deux lichés ici à droite) lors de son atterrissage plutôt « hard » sur la base aérienne d’Abha King Khalid (sud-ouest de l’Arabie saoudite), le 26 décembre 2015 (« joyeux Noël » ?).

L’avion, pourtant endommagé, était reparti deux jours plus tard. Il apportait effectivement plus 100 tonnes de bombes d’une tonne destinées à la guerre au Yémen. En Belgique, le grand oiseau blanc est ben connu, avant de venir sous le nom de Transavia Export Airlines, il était déjà venu sous celui des Saudi Arabian Airlines Cargo sous l’immatriculation N783SA !!! Lors de son achat, avant d’être repeint en blanc, il avait porté de grands rectangles noirs un peu ridicules et laissé le mot « Cargo » bien visible, en dissimulant les inscriptions en arabe de l’appareil précédent… A Ostende, il fait aujourd’hui la paire avec le B-747 ER-BAM, déjà décrit plus haut. Ironie de l’histoire, les saoudiens l’avaient racheté à Southern Air Transport, la compagnie aérienne « civile » de la CIA !!! Incroyable !!! Il est ici « tout blanc » à Ostende, arrivé pour la première fois le 27 octobre 2015. Deux mois plus tard, il emportait ses 100 tonnes de bombes pour que l’Arabie Saoudite aille ensuite les déverser au Yemen…

L’EI a manifestement récupéré des envois américains

Le bien est là, fait par l’association CAR. Cette profusion incroyable d’arrivées d’armes et leur distribution anarchique a provoqué une chose inattendue : beaucoup de ces stocks sont tombés aux mains de ceux que l’on voulait combattre au départ.  Des groupes islamistes « acceptés » car luttant contre Bachar, soutenu par le russes, ont été approvisionnés en quantité, et les nombreux revers que ces derniers ont subi ont fait que ces armes ont aussi été retrouvées en quantité du côté de l’EI.  « Le groupe de recherche sur l’armement des conflits (CAR) a déclaré que la plupart des armes de l’État islamique avaient été pillées des armées irakienne et syrienne.  Mais à l’origine, certains pays, principalement les États-Unis et l’Arabie saoudite, en ont fourni à des groupes d’opposition syriens luttant contre le président Bachar al-Assad.  « Les résultats ont tissé un rappel brutal des contradictions inhérentes à la fourniture d’armes dans les conflits armés de plusieurs concurrents qui se chevauchent et quand ce sont les groupes armés non étatiques qui fonctionnent », a déclaré le groupe dans le rapport de 200 pages. Car ajoute qu’au moins 12 cas d’armes qui, achetées par les Etats-Unis, ont fini dans les mains de l’Etat islamique, que ce soit sur le champ de bataille, capturées ou acquises par alliances changeantes, au sein de l’opposition syrienne. La plupart de ces articles se sont retrouvés en Irak, a indiqué le moniteur. Dans un cas, il n’a fallu que deux mois aux combattants de l’État islamique en Irak pour mettre la main sur un missile antichar guidé vendu à un groupe d’opposition syrien par un pays européen. Tous les articles ont été fabriqués dans les États membres de l’UE et, dans la plupart des cas, les États-Unis ont enfreint les clauses contractuelles interdisant les retransfusions en donnant des armes à des groupes armés en Syrie. « Les éléments de preuve recueillis par CAR indiquent que les Etats-Unis ont à plusieurs reprises détourné des armes et des munitions fabriquées dans l’UE dans le conflit syrien.  Les forces de l’EI ont rapidement capté d’importantes quantités de ce matériel.  «  CAR dit que ce tracé de nombreux articles utilisés par l’Etat islamique se dirige vers les exportations de la Bulgarie vers l’Arabie Saoudite, et qu’ils étaient pourtant soumis à des clauses de non-retransfert ce qui aurait dû les interdire d’être fournies aux parties syriennes en guerre. Environ 90 pour cent des armes et munitions utilisées par l’Etat islamique en Syrie et en Irak sont fabriquées par la Chine, la Russie et les pays d’Europe de l’Est, dit CAR, avec la Chine et la Russie qui représentent à eux seuls plus de 50 pour cent.  « Ces constatations corroborent les suppositions répandues selon lesquelles le groupe avait initialement capturé une grande partie de son matériel militaire auprès des forces gouvernementales irakiennes et syriennes », indique le rapport. Les armes de fabrication russe utilisées par l’Etat islamique en Syrie sont plus nombreuses que les armes chinoises, « reflétant vraisemblablement les fournitures de la Russie au régime syrien », a indiqué la RCA ». A gauche, notre fameux ER-BAM en pause de nuit à Malte, le 11 avril 2015.  Et quand il s’agira d’apporter des billets de banque en Libye, selon un procédé déjà vu ailleurs, notamment en Afghanistan, où une bonne série de palettes de billets verts ont disparu, c’est bien sûr notre fidèle habitué de Misrata qui les apportera (ici à droite).  250 millions de dinars d’un coup,  pas moins, qui seront distribués dans les banques commerciales de Libye, promis, des billets apportés le 14 février 2017 à l’aéroport de Mitiga (à Tripoli, donc).  Le troisième du mois, le premier et le second ayant été de 250 millions de dinars également…

L’armée  US prise en flagrant délit en Serbie !

L’ouvrage cité donne un autre exemple de traque, mais qui semble s’arrêter dans le vide.  Certaines armes bulgares trouvées aux mains des islamistes seraient en effet venues du Burundi … « Le 25 mai 2017, la Serbie a répondu à une demande de trace de CAR confirmant que la compagnie serbe avait importé 960 roquettes PG-7M (ici à droite) le 2 avril 2014 et qu’elles avaient été fabriquées par VMZ en Bulgarie. Le 4 avril 2014, l’entreprise a légalement réexporté les roquettes par avion vers le Burundi, identifiant le ministère de la Défense nationale et les anciens combattant en tant qu’utilisateur final. Le Burundi a fourni un certificat de vérification de livraison daté du 28 janvier 2015 et dressant la liste des 960 fusées PG-7M (…)  Afin de déterminer la possibilité de détournement de la cargaison en route, la CAR a demandé à la compagnie aérienne figurant sur les documents d’exportation serbes des roquettes au Burundi. Cette société n’a pas conservé de documents de cargaison ni de journaux de bord relatifs au vol. Toutefois, des photos non datées, fournies par l’équipage des avions figurant sur le bulletin d’aviation, comme ayant pris le vol, ont confirmé que l’avion en question transportait des munitions à destination de Bujumbura, où des militaires burundais ou les ont chargés. Bien que ces informations ne corroborent pas les quantités de munitions livrées à Bujumbura, elles fournissent des preuves indirectes que les roquettes ont été transférées au Burundi et plaident contre les détournements en route. La CAR continue d’enquêter sur ce cas particulier afin de déterminer l’enchaînement de traque précise des fusées PG-7M de 40 mm récupérées des forces de l’IE ».  Quant à savoir quels sont les avions qui ont exporté ces armes, il peut y en avoir eu d’autres, car on ne peut être que dubitatif avec cette annonce du 16 décembre 2015 plutôt passée inaperçue ici comme ailleurs proclamant l’arrivée de gros porteurs C-17 Globemaster de l’US Army sur l’aérodrome de Konstantin Veliki Airport de Nis, en Serbie du sud, et de les voir repartir lourdement chargés en armes d’infanterie : « l‘article indiquait que les avions transportaient une grande quantité de munitions pour les armes d’infanterie – pistolets et fusils. « Les Américains achètent régulièrement des armes automatiques serbes, qui sont souvent réutilisées comme armes de sport et de chasse », rapportent les quotidiens. Ainsi, des « milliers de tonnes » de munitions, de pistolets et de fusils fabriqués en Serbie ont été vendus au marché américain ces dernières années, la plupart étant fabriqués dans l’usine Zastava Oruzje (Zastava Arms) de Kragujevac. « L’armée américaine recherche et transporte des armes et des munitions non seulement pour elle-même mais aussi pour plusieurs armées dans des pays où les bases américaines, comme l’Afghanistan ou l’Irak, ont des bases militaires », a déclaré une source ». Les trois avions repérés étant partis de leur base de Ramstein en Allemagne, la veille, le 15 décembre !  Un journaliste serbe précise que « ces énormes oiseaux d’acier ne sont pas connus, et leurs atterrissages et les décollages ne sont pas enregistrés dans le calendrier officiel de l’aéroport  Konstantin Veliki «, ajoutant que « les caractéristiques de l’avion C-17 Globemaster sont  une envergure de 53,1 m et une capacité de charge totale de 266 tonnes ». On avait assisté je pense, ce jour-là à ce qui n’est rien de moins qu’un flagrant délit… en février 2016, les mêmes avions dont le 10-0221 du 437th AW et 315th AW seront vus en train de faire dans l’humanitaire à Haïti. Histoire de se redonner bonne conscience ?  Et que penser de l’annonce de cette année, affirmant que Zastava Oruzje « a conclu un autre accord pour l’exportation des armes d’infanterie fabriquées dans l’usine.  Un contrat de 7,5 millions de dollars US aux Émirats arabes unis au cours de la période à venir ».  L’entreprise, faut-il le rappeler, avait été découverte comme celle d’où provenaient les armes équipant les assaillants islamistes en France lors de l’attaque du Bataclan qui avait fait 130 morts.

Les coyotes des émirats

Parmi les armes découvertes, des « coyotes », qui avaient été envoyés eux aussi dans le désert comme on va le voir. Des engins redoutables retrouvés par les deux organismes Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) et l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Fabriqués par la Bulgarian Industrial Engineering and Management (BIEM), et exportés aux Emirats entre 2015 et 2016.  « Portant des chaussures de basket-ball hautes, un jean délavé et un chandail arborant le mot « vie », un jeune soldat rebelle a posé en ligne en février 2016 son dernier jouet – une mitrailleuse lourde sur un trépied. Le pistolet venait d’être livré à son bataillon, qui combattait les forces du président Bachar al-Assad à Alep dans le nord de la Syrie. En quelques semaines de son poste Facebook, des images et des vidéos d’armes identiques ont commencé à apparaître sur Twitter et YouTube dans d’autres champs de bataille syriens, souvent dans leurs caisses d’origine et des manuels d’instruction. Les soldats ont donné à l’arme un surnom – « dushka » – après une arme similaire conçu soviétique connu sous le nom DShK. « elle était légère et efficace et ce c’est la meilleure nouvelle arme que nous ayons jamais reçu, » dira plus tard l’un d’eux. Mais sa forme distinctive son état « nickel » suscitèrent rapidement l’attention des analystes d’armes en ligne. C’était un M02 Coyote – une arme produit environ à 1600 kilomètres dans le Zastava appartenant à l’État usine d’armes deKragujevac en Serbie. Quel route prennent les armes serbes tel et comment ont-ils finissent par en Syrie? » s’interrogeait à juste titre l’OCCCP.  Des coyotes envoyés en plein désert, mais pas syrien au départ : « en juillet 2016, les journalistes de BIRN et de l’OCCRP ont interrogé le ministère serbe de la Défense sur les nouvelles mitrailleuses apparues sur les champs de bataille en Syrie. Un porte-parole du ministère a fourni une déclaration écrite affirmant que Zastava avait vendu un certain nombre de Coyotes au courtier d’armes bulgare BIEM pour l’exportation en Arabie saoudite – et non en Syrie – en 2015 et 2016 ». Car elle avait trouvé des documents compromettants : « en 2015, le BIEM (pour BULGARIAN INDUSTRIAL ENGINEERING AND MANAGEMENT) a passé une commande importante auprès de l’entreprise publique Zastava Arms, qui produit sa propre version de l’AK-47 russe ainsi que la mitrailleuse lourde Coyote. Bien que les détails du contrat restent confidentiels, des fragments d’informations officielles, y compris les comptes 2015 de Zastava, indiquent que le BIEM a versé 2,75 millions d’euros (3 millions de dollars) pour 205 Coyotes. Un expert affirme que le chiffre correspond au prix habituel d’une telle arme – environ 12 000 euros (13 000 dollars) par pièce ». Or derrière BIEM il y a le tycoon bulgare Petar Mandjoukov, 74 ans (ici à gauche), qui est un marchand d’armes depuis toujours et dont le nom figure bien sûr dans les Panama Papers. « Ancien agent des services secrets communistes de l’époque du pays. Mandjoukov est l’un des plus grands magnats de Bulgarie, avec des intérêts financiers dans la construction, les médias et la production de vin. Jusqu’en 2015, il était copropriétaire du deuxième club de football du pays, le CSKA Sofia. Son entreprise, le BIEM, a été liée à d’autres transactions d’armes controversées. »  Un lourd passé en effet :  « une demande officielle datée de juillet 2009 adressée aux ambassades à Sofia et à Tbilissi par le Département d’État, publiée par WikiLeaks, décrivait le BIEM comme étant lié au «crime organisé et au trafic des armes grises».  Des questions ont également été soulevées quant à la raison pour laquelle l’entreprise recevait une commission sur la vente, bien qu’elle ne figure pas sur la licence d’exportation et ne soit pas enregistrée en tant que courtier aux États-Unis « . La société d’électronique Mashinoexport de Mandjoukov a également été nommée dans une enquête menée par la CIA sur les armes de destruction massive en Irak, le rapport Duelfer, de 2004.  Elle a constaté que la société avait participé au programme iraquien «pétrole contre nourriture», contribuant ainsi à acheminer des fonds du régime irakien Saddam Hussein au parti socialiste bulgare dans les années 90. À la suite de la publication du rapport, M. Mandjoukov a insisté sur le fait qu’aucun des fonds provenant du commerce du pétrole ne lui était parvenu. Mais le magnat est étroitement lié aux socialistes, le deuxième plus grand parti au parlement qui a soutenu le président apolitique Rumen Radev, lors de sa campagne électorale réussie en novembre dernier. Mandjoukov était le propriétaire du journal pro-socialiste Duma et a reçu le plus grand honneur de la Bulgarie, le Stara Planina, décernée en 2002 par le président socialiste Georgi Parvanov. En novembre 2016, le comité des sanctions de l’ONU sur le Soudan du Sud a révélé que le BIEM avait vendu 4 000 fusils d’assaut en juillet 2014 à une société ougandaise qui les avait livrés à l’armée ougandaise. Les armes ont ensuite été détournées vers le Soudan du Sud, en violation des sanctions des Nations Unies et ont alimenté le conflit sanglant dans le plus jeune État du monde ».  Cet épisode on le connait bien :  il avait utilisé un Ill-76 de la compagnie bien connue “Volga-Dnepr”pour transporter ses 31 tonnes de Kalashnikovs et ses 12 tonnes de munitions, au départ de Bourgas, envoyées à une société appelée Bosasy Logistics Ltd, enregistrée à Kampala mais dont le responsable était un russe du nom de Valerii Copeichin.  Le trajet de l’appareil avait été suivi sur Flight Radar.  Tout avait été prévu par écrit : les avions RA-76503, RA-76950, RA-76511 et RA-76952 en réserve, la route à suivre Moscou-Bourgas-Entebbe-le Caire et les pilotes : le capitaine Alexey Sobennikov (consacré « best in profession » à Moscou en 2015 au titre « d’Instructor Pilot Il-76TD-90VD, VDA ») et en réserve Ageev et Bogolmolov… sur le Flight Radar, c’est le RA-76503 que l’on avait pu suivre :

 

Les « Coyotes » destinés aux émirs et achetés par eux au prix d’une voiture de ville à un magnat des armes bulgare ont donc fini entre les mains des islamistes anti-bachar.  Par l’entremise, on s’en doute d’un organisme bien connu : « Bulgares, Saoudiens, renseignement turc, et la CIA – tous les acteurs clés dans la formation des rebelles syriens et en leur fournissant des armes, ont également tourné probablement les yeux sur le certificat d’utilisateur final inexact pour que les armes légalement destinées aux forces de sécurité saoudiennes ont fait leur chemin du Golfe jusqu’en Syrie. Les autorités bulgares, saoudiennes et turques n’ont pas répondu aux demandes d’explication, alors que la CIA a déclaré qu’elle ne ferait aucun commentaire ».

 

Et à Ostende, qui a décidément repris du service comme dans les années 80, un autre 747-243F encore a été aperçu :  celui d‘AHS Air (AP-BIO)qui a volé sous le nom de la compagnie libyenne Global Aviation… et celui-là aussi va beaucoup nous intéresser.. demain si vous le voulez bien.  Encore un avion tout blanc, dont on a appris ici à se méfier !

 

(1) qui nous fait visiter également l’ER-BBJ à la queue bleue, d’AerotransCargo également,  ancien 9V-SFG de Singapore Airlines (ici à droite),  un cargo loué à Avolon,énorme société irlandaise de fonds investissements en aviation, l’occasion de voir la soute interne d’un 747-400 de cette taille.  Impressionnant. Le fond Avolon pense ainsi l’avenir : « En septembre 2012, Avolon a publié une analyse de la vie économique des avions commerciaux et de la structure de leur retrait. L’objectif était de vérifier si les hypothèses actuelles des compagnies aériennes, des investisseurs du secteur de l’aviation et des financiers de l’aéronautique sur la durée de vie économique des jets commerciaux – selon laquelle les aéronefs devraient être amortis sur une durée de vie utile d’environ 25 ans – restent valables. La raison pour laquelle cette analyse est si pertinente aujourd’hui est qu’approximativement 8 000 appareils seront retirés au cours des 10 prochaines années. C’est plus que le nombre total d’avions retirés depuis le début de l’aviation commerciale dans les années 1960 »… En prime, s’il y a toujours autant de guerres, l’avenir du transport d’armes par cargo aérien leur fournira du travail… c’est beau les fonds d’investissements, non ?

 

Les documents du BIRN sur le ER-BAM :

http://birnsource.com/en/folder/225

 

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

 


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