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MH370 (16) : roumanie et bulgarie

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La Malaisie ayant choisi comme hub Bakou, pour faire circuler des armes, et le pays n’était pas le seul à le faire.  Les avions de Silk Way y étaient très présents (nous reviendrons sur eux très bientôt) mais aussi d’autres, qui vont nous emmener en Bulgarie maintenant : ce pays est un approvisionneur connu en armes légères, en qualité de producteur d’armement, un système florissant qu’il a hérité de l’ère soviétique.  Un commerce se faisant aujourd’hui sous le manteau et que l’on a découvert il y a quelque années grâce à des gens tels que Constantin Vasilescu.  Et un autre trafic florissant…
Nota : à ceux qui pourraient penser récupérateur l’association de la catastrophe du vol MH-370 dans le titre de cette longue série, je rappelle qu’à l’origine il y a la forte suspicion émise par l’un des parents de victimes françaises sur la possibilité que le Boeing 777 incriminé ait pu avoir eu affaire à un trafic de ce genre, ou à une bavure militaire liée à ce trafic. La série a débuté ici
Direction la Roumanie, tout d’abord !

Commençons par un détour historique par la Roumanie, tout d’abord (à droite un Antonov bulgare et non roumain, celui d’Air Sofia, le LZ-SFA). Valentin Vasilescu nous a raconté un peu partout qu’en 1998, déjà, les autorités roumaines avaient inventé une affaire de contrebande de cigarettes contre lui.  Arrêté à l’âge de 37 ans et emprisonné trois mois, il avait ensuite perdu son poste de commandant adjoint de l’aéroport international d’Otopeni.  Il avait auparavant été pilote de chasse et instructeur sur MIG 21 à Bacau (cf ici à droite).  Plus tard, un juge l’avait innocenté, la CPIJ admis son erreur judiciaire, et a même ordonné à l’État de payer des dommages et intérêts de 358 000 lei, mais il n’a jamais reçu cet argent. Après cela, il est entré en politique… côté droite, très droite même, à Alba, dans le Parti de la Grande Roumanie, un parti nationaliste, dans lequel il est devenu député de 2000 à 2004. En 2007 ce parti s’était joint au Front National lors de l’accession de la Roumanie à L’Europe… Le Parti avait été créé par Tudor Vianu, celui qui passait pour le « poète » à la cour des Ceaucescu, impressionné lui même par Eugen Barbu, et lui même un nostalgique de Ion Antonescu ! Un parti d’extrême droite à part, car en 2003 Tudor se déclarait philo-sémite, une exception dans la région…  Revenons à l’avion, un An-12 (et non pas un Ill-76 comme on avait pu le lire à une époque) : en fait, il n’y avait pas de cigarettes à bord:  l’appareil appartenait à Viktor Bout, opérant sous le nom d’Air Sofia, qui avait été chargé en pleine nuit à l’aéroport de Bucarest-Otopeni.  Ci-contre, l’avion tel qu’il devait se présenter à l’époque, mais c’est ici le LZ-SFA, photographié au Luxembourg le 27 août 1993 par Tony Decker.  Officiellement, Air Sofia appartenait à Georgi Ivanov et Lilian Todorov.  Pas de cigarettes, en effet, mais… des armes.  Vasilescu n’aurait jamais dû voir cet avion passer…  Ici à droite le LZ-SFR d’Air Sofia en train de décoller de Maastricht-Aachen en 2005. Et là l’UR-11765 ,ex LZ-SFM ayant plié son train à Kiev le 5 septembre 2004.  L’avion sera scrappé.  Au bout du trafic, il y avait en effet Shimon Naor (Shimon Naor-Hershkovitz), déjà décrit ici, l’ami de l’ex président roumain Emil Constantinescu. Selon Valentin, l’intelligence militaire roumaine était au courant et protégeait ce trafic, qui n’était pas seulement qu’un trafic de cigarettes, donc.  Un trafic qui avait lieu sur l’aéroport de Bucarest et en même temps dans la zone de libre-échange d’Agigea, dans le port de Constanta (ici à gauche). Un trafic dont les revenus servaient aussi à soutenir selon lui des organisations islamistes.  A la tête du réseau on trouvait George Dumitrescu, un des officiers de haut rang de la brigade anti-terroriste du SRI (Service de renseignement intérieure roumaine), « qui coordonnait les activités de citoyens arabes et de leurs frères musulmans en Roumanie » selon Valentin.  A noter qu’ici en janvier 2005 le bulgare LZ-SFR servira de support aérien au Paris-Dakar : il est photographié à Ostende, portant le logo de l’épreuve et celui de Elf (ici à droite)… les avions de Viktor Bout, impliqués dans le trafic, venant non seulement de Roumanie mais aussi de la République de Moldavie voisine. Tel l’Antonov 12 LZ-SFK d’Air Sofia qui deviendra un temps Air Afrique (pour 8 mois en 1994) avant de retourner chez Air Sofia (1). Il passera ensuite au Sri Lanka, ira chez DHL Air puis deviendra United International Airlines (YU-UIC, en 2007) pour finir en 2008 stocké par S Group Aviation sous l’immatriculation EX-153.  S Group, société aérienne bannie de l’entrée en Europe pour manquements à la sécurité…  A noter qu’Air Sofia faisait aussi dans les grandes largeurs, car elle possédait un Antonov 22, immatriculé LZ-SFD (en fait il  était loué à l’Antonov Bureau auquel il reviendra en 1993. Il est aujourd’hui au musée Speyer en Allemagne) :

Des vols suivis par la CIA !
J’ai décrit tout ça… il y a huit ans déjà en précisant qu’ils étaient l’objet d’une certaine attention : « tous ces vols sont suivis de près par… la CIA.« Un journaliste de la télévision polonaise, M. Witold Gadowski, a rapporté dans son article, publié en mars 2008, que de juillet 1997 à octobre 1998 seulement , des officiers de la CIA ont répertorié 37 vols d’avions de Victor Bout de la Mer Noire, à l’aérodrome de Bourgas vers les pays africains. Seulement pour l’Angola, les compagnies aériennes de Victor Bout ont livré pour 15 millions de dollars de dollars d’obus d’artillerie, 20 mille obus de mortier ainsi que 20 lanceurs de missiles et 6 300 missiles. En Afrique, Bout a coopéré avec un autre fameux marchand d’armes, Ranjivan Ruprah, du Kenya ».  Ensemble ils dirigeaient en effet West Africa Air Services (ici son Boeing 727 YU-AKK, emprunté en 2003 en leasing à JAT Yugoslav Airlines qui lui reviendra en 2004) qui s’associera avec la société Renan basée à Moldova, qui effectuait des transports d’armes vers les pays à embargo sous d’autres noms.  Burgas était le nœud central du trafic de cigarettes organisé au profit de Milosevic, auquel a aussi amplement participé Victor Bout (à droite  l’Antonov 12 ER-ADD de Renan en train d’être retapé à Chisinau, en 2010 :  il y était depuis 2007. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas de première jeunesse !).  La Roumanie n’a pas arrêté d’en vendre depuis, des armes, loin de là.  Au 1er septembre 2010, un rapport indiquait que la Roumanie avait accordé 432 permis en 2009 pour des ventes d’armes, dont 294 « d’importation et de transfert » pour une liste de clients dont la tête était tenue par l’Algérie, l’Afghanistan, les USA et l’Iraq, pour 145 millions de dollars au total. Les importations représentant 72 millions de dollars, notamment de la France (!), des USA et d’Iraq (?).
Le 19 juin 2010, Amnesty dénonçait ce trafic en termes très nets.  « Le rapport cite en tant que vendeur bulgare provenant de Sofia les armes livrées par Armico Ltd, qui avait l’autorisation du gouvernement bulgare de les exporter au Rwanda. La Bulgarie, les gouvernements français et kenyans qui ont permis l’exportation et le transit de la cargaison d’armes à travers leurs territoires ont omis d’arrêter ces transferts, selon le rapport ».  Aujourd’hui encore, la page d’accueil de l’adresse du site d’Armico annonce clairement la couleur (ici à droite).  On retrouve aujourd’hui en Syrie, le pays faisant partie de la pléthore de pays fournisseurs d’armes dont la BBC avait dressé une très bonne liste le 14 juin 2013, déjà.  Arsenal, firme également bulgare, est aussi fort présente sur place, avec notamment son fort reconnaissable lanceur de grenades MSGL retrouvé partout, comme ici à gauche  chez les islamistes anti-Assad, et présenté avec ce commentaire : « on ne sait toujours pas comment ces armes ont pénétré en Syrie et en Irak. Des positions en Irak, par les Etats-Unis et soutenues par les forces de la FSA en Irak, puis transportées vers l’EI. Des cartouches tirées à 40 x 46 s Arsenal – marquées pour indiquer la production en 2014 – ont été documentées par ARES en février 2016, ce qui pourrait indiquer que les lance-grenades MSGL observés en Irak sont originaires de Syrie ».
Les circuits habituels et le rôle déterminant de l’Ukraine
Bucarest-Otopeni a été visité par d’autres avions.  Dans le rapport indispensable « The arms flyers. commercial aviation, human rights, and the business of war and arms » de  et  sorti en juin 2011 il est écrit que « l’avion AN-12 (numéro d’immatriculation UR-CAK, fabriqué en 1966) avait quitté Zagreb, en Croatie le 15 juin (comme vol MEM4060), et en théorie aurait pu voler directement à Malabo« . « Avec une cargaison de 10/15 tonnes, cependant, l’aéroport de Kano était juste à la limite de sa capacité de vol ».  Le rapport suit la découverte, le 17 juin 2009 au Malam Aminu Kano International Airport, de l’avion bourré d’armes destinées à la Guinée Equatoriale, venu se poser en express pour ravitailler. « Dans les mois qui ont précédé Zagreb, l’avion a fréquemment circulé entre plusieurs aéroports, dont Ljubljana (14 juin); Le Caire (13 et 6 juin); Tel Aviv (6 juin); Maastricht-Benghazi (3 juin); Francfort (29 mai); Larnaca (28 mai); Glasgow-Prestwick (25 mai); Luxembourg (5 mai); Varsovie (5 mai, 28 et 29 avril), Bucarest-Otopeni (24 avril); Izmir (23 avril); Malte-Luga (4,5 avril et 6) et Nice (le 3 avril). Depuis juin 2007, l’avion appartenait à une société appelée «Meridian Aviation Enterprise of Special Purpose», basée à Poltava, dans le nord-ouest de l’Ukraine. Meridian a été fondée en 1999 sous le nom de Poltava Universal Avia (OACI: POV alias Air Poltavia que l’on trouve dans cette longue liste ukrainienne.  Poltavia hébergeant une base militaire) mais son nom a été changé en Meridian en 2007 et était la propriété de l’ Ukrainian State Property Fund. Selon la station de radio nationale ukrainienne NCRU, la société devait être vendue à des particuliers. Le 18 juin 2009, le gouvernement ukrainien et Ukrspetsexport, l’entreprise en charge des exportations d’armes ukrainiennes, a nié que l’Ukraine avait un lien avec l’expédition d’armes, et que l’opération avait été gérée par une société basée à Chypre appelé Infora Ltdsco (son domicile à Nicosie). Velimin Chavdarov, directeur d’Infora, et Nikolay Minyajlo, directeur du Meridian, ont tous deux déclaré qu’il était responsable des autorités nigérianes. Des recherches plus approfondies effectuées par Amnesty montrent que Infora Ltd avait été enregistrée à Chypre par un avocat spécialisé dans la fourniture de services de constitution en société, dont l’adresse est à « Stasinou 1, Mitsi bâtiment 1, 1er étage, plat / Offtce 4, Plateia Eleftheria, PO Box 21294 , PC 1505, Nicosie, « où de nombreuses autres entreprises sont » domiciliées «. Cependant, Infora (un courtier spécialisé dans l’équipement militaire et des fournitures) présente une autre adresse à » 24 Turovskaya St., bâtiment 4, PO Box 112, 04080 « à Kiev, Ukraine.  Les tentatives visant à atteindre les propriétaires ont échoué. Le SIPRI dans son Background Paper de Février 2011 avait également cité l’exemple, accusant alors l’Ukraine d’inonder d’armes l’Afrique sub-saharienne.  Meridian (Aero Charter Ukraine) se rebaptisera (Ukraine Air Alliance), l’un de ses appareils, l’UR-DWF, un Antonov An-12BK sera aperçu ainsi de passage à Châteauroux comme ici le 13 juillet 2013 (photo Zaninger Jonathan).  On filme ici en juin 2017  l’Antonov An-12 UR-CAJ passant au dessus de Vatry où « 49vols  d’Ukraine Air Alliance/Meridian ont été aperçus de puis 2007 » (ici le même au décollage à Eindhoven, faisant toujous autant de fumée, l’une des caractéristiques de l’An 12)…  Devenu Air Scorpio, il s’écrasera le 30 août 2014trois minutes après son décollage de Tamanrasset en Algérie (ici à droite).  L’appareil venait de Glasgow-Prestwick Airport le 29 août par le vol UKL4012, amenant de « l’équipement pétrolier »  à Malabo en Guinée Equatoriale.  Selon les constatations, il volait largement surchargé.  Un vol Ukraine Air Alliance a récemment transité par Malte, en février 2018 auparavant, en traversant toute la France en travers. Direction très certainement… la Libye.  En 2016, un autre Ukraine Air Alliance fort reconnaissable (l’UR-CGV, ici à Copenhague) avait été filmé au départ de Belgrade. Ex Meridian et ex Ruby Star, (et aussi Vega Air) deux sociétés marquées par des vols remplis d’armes. Et donc certainement pas chargés de timbres-poste…

 

L’histoire édifiante de l’Antonov destiné à… Teodoro Objang

Sergio Finardi, Peter Danssaert, spécialistes de la traque du commerce des armes, racontent ici en détail l’histoire de l’Antonov au service de….Teodoro Objang : « le 16 juin, à deux heures du matin, un Antonov 12, un avion cargo transportant environ 20 tonnes de matériel, effectue un arrêt d’urgence pour des problèmes techniques à l’aéroport international « Mallam Aminu Kano », dans le nord du Nigéria. utilisé pour le ravitaillement des avions en provenance d’Europe et se dirigeant vers l’Afrique centrale. Quelque chose ne va pas dans la relation entre l’équipage de l’avion et les autorités aéroportuaires, ou peut-être que les services de sécurité nigérians (SSS) sont alertés par certaines informations et procèdent à l’inspection de la cargaison. À bord, 18 caisses contiennent des quantités importantes de munitions, en particulier de 60 à 80 millimètres par mortier, ainsi que des mitraillettes et des lance-roquettes. La cargaison et l’avion sont saisis et les enquêtes commencent. Les médias nigérians rapportent que les armes viendraient d’Ukraine et seraient destinées aux « rebelles » du « Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger ». Une photographie montre que l’Antonov 12 était à Zagreb, en Croatie, le 14, la veille de son départ pour Malabo, sur l’île de Bioko, où se trouve la capitale de la Guinée équatoriale, à 250 km au nord-ouest du territoire continental (voici la photo décrite ici à gauche).  L’appareil, portant le numéro d’immatriculation Ur-Cak (« Ur«  signifie Ukraine), appartient à la compagnie aérienne « Meridian Aviation Enterprise of Special Purpose », basée à Poltava, dans le nord-est de l’Ukraine. Le 18, le gouvernement ukrainien et Ukrspetsexport, la société qui contrôle les exportations d’armes ukrainiennes, nient avoir à faire face à cette charge (selon Izvestia et Kommersant).  L’enquête entre-temps passe aux services de renseignements militaires nigérians (Mdi) et à Kommersant que le MDI aurait établi des armes (le ministère croate de la Défense) et la destination (le ministère de la Défense de la Guinée équatoriale) ». Ici à droite le cockpit de l’Ukraine Air Alliance An-12BK UR-CZZ  (photo SjPhotoworld.  A noter le GPS installé façon voiture par ventouse sur la planche de bord et les ventilateurs « domestiques » :  on n’est pas dans le récent matériel en effet.. !!! ) « Les armes ont effectivement été chargées à Zagreb et une entreprise de Nicosie (Chypre), Infora Limited, organisait le marché.  Selon le directeur d’Infora, Velimin Chavdarov, et le directeur du méridien, Nikolay Minyajlo, tous les documents seraient en règle et la saisie de l’avion ne serait pas justifiée. Donc tout est régulier ? Cela dépend du type de régularité auquel on se réfère, en commençant par le destinataire et le fournisseur. (…) Si l’information est correcte, la Croatie aurait, semble-t-il, autorisé l’exportation de 10/15 tonnes d’armes à l’une des pires dictatures de facto, si ce n’est du nom, du continent africain. Et on dit que ces tonnes étaient les seules, car il n’y a toujours pas de données sur les exportations d’armes pour 2009.  La Croatie devrait devenir membre à part entière de l’Union européenne depuis 2010 (…) L’avion et le transporteur: L’appareil – le numéro d’usine 6343707, entré en service dans l’aviation militaire ukrainienne en 1966 – passe à l’Ukrainien Meridian en juin 2007 (qui change son immatriculation d’Er-Aci, Moldova, à Ur-Cak, Ukraine), après avoir été sous différents opérateurs (l’Ukrainien Icar, les Moldovans Jet Line International, le Groupe Aero-Nord et Aerocom, ce dernier étant impliqué dans le trafic d’armes pour la Sierra Leone et, en 2004, dans les envois « couverts » de armes de l’aéroport musulman-bosniaque de Tuzla). Très actif dans certains aéroports européens (Ostende, Maastricht, Budapest, Varsovie, Glasgow-Prestwick, Luga-Malte) et en Afghanistan, le 28 mai dernier, il se trouve à Larnaca, à Chypre et à Francfort, avant de prendre l’avion pour Zagreb ».  Avant d’être Meridain, l’Antonov était Aerocom et Jet Line International , toutes deux accusées de trafics d’armes (cf UNODOC « The Globalization of Crime : A Transnational Organized …2010).  Surprise, l’appareil est devenu depuis Ukraine Air Alliance (UAA), il vole toujours, la preuve ici en photo à l’aéroport de Munich le 6 août 2018.  Les vieux An-12 fument toujours autant… que faisait-il là Honolulu le 20 septembre dernier, c’est une autre histoire encore je suppose.  Ici on peut l’admirer en janvier dernier en train de se battre contre des vents cisaillants à l’atterrissage (difficile) au Portugal sur le Manises Valencia Airport (VLC) piste 30.  Il est bon pour un changement de pneus !
Un exemple type 
Dans le livre The Washing Machine, de Nick Kochan, spécialiste incontesté du blanchiment d’argent, qui dénonce le peu d’empressement des Etats à arrêter les trafics d’armes, on peut lire un exemple probant des méthodes de livraison des armes ukrainiennes.  Selon The Guardian, ces monnayeurs sont aussi liés à la mafia, et à la drogue, et l’ensemble génère une violence inouïe, et fabriquent ce que le journal appelle des « gouvernements fantômes » (encore du Ross et Wise !) :  « Les mafieux qui ont eu accès aux industries d’État nouvellement privatisées dans les pays en mutation politique sont poursuivis par l’Occident. La manipulation financière peut être institutionnalisée, comme en témoigne la rapidité et l’efficacité avec lesquelles l’Occident a absorbé le capital libéré de la faillite de l’ex-Union soviétique. Les banques établies de l’Ouest ont collaboré avec des opérateurs douteux en Russie sous le nez de politiciens à la fois en Russie et aux États-Unis. Les agences de renseignement, telles que la CIA, qui manipulent et distribuent de l’argent noir aux gouvernements, ont une influence sur les régimes instables. Ces groupes fantômes sont sans doute parmi les plus actifs de tous les blanchisseurs d’argent. Les ressources financières possédées par Oliver North, l’architecte de l’affaire Iran-Contra dans les années 1980, l’ont placé au premier rang des blanchisseurs d’argent. Les produits du commerce de la drogue ou d’autres produits de contrebande financent des groupes criminels organisés. Les groupes les plus établis de gangs criminels organisés cherchent à investir dans l’économie «légitime» en achetant des entreprises ou de l’immobilier. Les parties moins établies sont susceptibles de faire le commerce d’armes illégales pour lesquelles les commissions et les profits sont énormes. L’économie monétaire est toujours le rempart du criminel. Parler de « dématérialisation » c’est-à-dire transformer de l’argent en chiffres et en octets, n’a pas empêché le mouvement des billets d’un dollar à travers les frontières du monde entier. Les messagers opérant pour des trafiquants de drogue ou des terroristes sont régulièrement pris avec des billets en dollars ou des billets de grande valeur libellés en euros attachés autour de leur torse ».  La similitude avec le trafic de drogue est flagrante en effet : « Les blanchisseurs ont pris exemple sur le livre des trafiquants de drogue en concevant des systèmes de transfert d’argent. Les groupes qui se livrent à des actes de violence politique sont les principaux clients des trafiquants d’armes. Les signaux d’argent des malfaiteurs diffèrent de ceux signalés par des terroristes, car le premier montre l’exploitation du système financier à des fins d’acquisition. La majeure partie de l’argent des terroristes, par contre, est dépensée sur le marché noir pour acheter des armes.
Des armes par milliers 
Et il y a de quoi s’inquiéter en effet. Selon le Sipri, l’Ukraine en avait en effet à revendre des armes.  A profusion : « après l’effondrement de l’Union soviétique, l’Ukraine a hérité d’environ 18 000 pièces d’artillerie, 11 000 véhicules blindés, 9 000 chars, 4 000 avions de combat et de transport, des millions d’armes légères et de petit calibre et des tonnes de munitions. estime la valeur des avoirs et des excédents ukrainiens à environ 90-100 milliards de dollars. Le SIPRI estime à 72% du volume les exportations ukrainiennes des principales armes conventionnelles vers l’Afrique subsaharienne. L’Afrique au cours de la période 2005-2009 est venue de l’excédent. Pendant la période 2005-2009 l’Ukraine a fourni des avions de combat d’occasion et des hélicoptères au Tchad, la République du Congo, à la Guinée Equatoriale et à l’Ouganda. Ses véhicules blindés et son artillerie excédentaires ont été fournis au Tchad, à la RDC, au Kenya et à l’Ouganda. » (…) « En 2002, le gouvernement ukrainien a demandé une aide internationale pour disposer de 1,5 millions d’unités de petit calibre et des armes légères (ALPC) et 133 000 tonnes de munitions classiques de plus de 12 ans. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), avec les États-Unis comme chef de file, a accepté de soutenir quatre phases d’ALPC et la destruction des munitions en Ukraine (en photo les trois types d’appareils utilisées  par Renan : l’Antonov 12, l’Illiouchine 18 et l’Antonov 32).  Un accord a été conclu en Novembre 2005 avec la première phase de destruction de 400 000 unités ALPC , 15 000 tonnes de munitions conventionnelles et 1000 systèmes de défense aérienne portable (MANPADS) en janvier 2006 – décembre 2008.  En raison d’un certain nombre de politiques et des problèmes techniques, la première phase est en cours d’exécution en retard avec moins de la moitié des unités d’ALPC et un peu plus de la moitié des munitions détruites en avril 2010. La première phase est maintenant devrait être achevé en avril 2011.  Des discussions sont en cours sur la seconde phase du projet, une proposition visant à détruire 366 000 unités d’ALPC, 76 000 tonnes de munitions conventionnelles et environ 3 millions de mines antipersonnel PFM-1. Cependant, il est probable que l’Ukraine devra inclure les MANPAD dans les plans de destruction afin d’obtenir des fonds des États-Unis. Comme l’Ukraine a signalé l’exportation de plusieurs centaines de milliers d’unités d’ALPC excédentaires au cours des dernières années, les retards dans la mise en œuvre de la première phase sont probablement liés au fait que l’Ukraine pourrait générer des revenus par l’exportation des ALPC excédentaires et de leurs munitions. L’Ukraine, à l’instar d’autres États d’Europe centrale et orientale, a répondu positivement aux discussions engagées par les États-Unis et d’autres États membres de l’OTAN sur la destruction des ALPC et des munitions excédentaires.  Cependant, les demandes ultérieures des États-Unis visant à fournir des ALPC et des munitions excédentaires aux forces de sécurité afghanes et irakiennes ont été compromises par la destruction. Tant que des revenus peuvent être gagnés de la vente d’ALPC et de munitions excédentaires, il sera difficile de persuader  l’Ukraine et d’autres pays d’Europe centrale et orientale de mettre à disposition leurs excédents pour leur destruction ».  C’est le serpent qui se mord la queue en fait :  les Etats-Unis paient pour que l’arsenal des anciens pays de l’Est.. mais s’ils éprouvent la tentation d’en racheter.  Cela met à mal le système car de les vendre rapporte bien plus en effet !

Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.

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MH-370 (15) : de la Bosnie aux cartels mexicains, en passant par… Roubaix


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